rejoignez-moi sur patreon pour accéder à l'ensemble de mon contenu inédit des épisodes spéciaux des courants vis des apérophilos un moyen simple de soutenir mon travail tout en vous donnant matière à penser je vous attends sur patreon le lien est dans la description bonjour à tous aujourd'hui on va parler de la vérité depuis l'Antiquité la vérité a toujours constitué l'objectif ultime des philosophes leur Graal la vérité pour un philosophe c'est un peu comme l'évereste pour un alpiniste il n'y a rien au-dessus et c'est parce qu'il n'y a rien au-dessus qu'il faut l'atteindre et qu'est-ce que l'histoire de la philosophie sinon l'histoire des tentatives mises en œuvre pour atteindre cette vérité et donc évidemment vouloir faire de la philosophie sans se poser la question de ce qu'on appelle la vérité B c'est un compliqué c'est comme vouloir mener une enquête sans savoir ce qu'on doit trouver or le problème c'est que tous les philosophes n'ont pas la même définition de la vérité et quand bien même ils auraient la même définition les voix qu'il proposent pour y accéder ne sont pas les mêmes donc la question qu'on va se poser aujourd'hui c'est qu'est-ce que la vérité existe-t-elle et si oui comment faire pour y accéder alors pour entrer directement dans la problématique je vous propose de partir d'une question une question qui va permettre de répondre un certain nombre d'erreurs ou un certain nombre de malentendu qu'il y a parfois autour de ce concept de vérité cette question c'est la vérité est-elle propre à chacun en d'autres termes peut-on dire chacun sa vérité parce que c'est quelque chose qu'on entend souvent dès que la ce serait quelque chose de personnel que ce serait quelque chose qui varierait d'une personne à l'autre vous êtes en train de discuter d'un sujet avec quelqu'un vous n'êtes pas d'accord vos points de vue sont littéralement irréconciliable et l'un d'entre vous conclut en disant chacun sa vérité bon ben c'est bien gentil mais est-ce que ça a du sens chacun sa vérité et bien si on s'en tient à la définition du mot vérité non chacun sa vérité c'est pas possible c'est pas possible tout simplement parce que le concept de vérité implique celui d'universalité une vérité est forcément la vérité pour tout le monde sinon c'est pas une vérité sinon c'est un point de vue un avis une opinion mais pas une vérité alors entrons un peu dans les détails classiquement en philosophie on définit la vérité comme l'adéquation entre l'idée et la chose on peut aussi dire la correspondance entre la pensée et la réalité ça c'est une définition qu'on trouve chez descart et avant en lui chez Saint-Thomas d'quin et c'est un peu devenu la définition canonique de la vérité en philosophie l'adéquation entre la pensée et la réalité donc déjà ça veut dire une première chose ça veut dire que le concept de vérité est tributaire de celui de réalité autrement dit pour qu'il y ait une vérité il faut déjà qu'il y ait une réalité sur laquelle porte cette vérité alors attention la vérité et la réalité c'est pas la même chose la réalité c'est ce qui est c'est tout ce qui existe la vérité c'est quand ce que je pense à propos de la réalité lui est conforme donc par exemple on dira que cette voiture est réelle elle est réelle parce qu'elle fait partie de la réalité mais cette voiture n'est ni vraie ni fausse ce qui est vrai ou faux c'est ce que je pense à propos d'elle ou ce que je dis à propos d'elle si je dis c'est une voiture mon affirmation est vraie si je dis c'est une citrouille mon affirmation est fausse donc la vérité c'est le discours conforme à la réalité et donc où est-ce que je veux en venir ben je vais envenir au fait que si la vérité c'est le discours conforme à la réalité il ne peut pas y avoir plusieurs vérités puisqu'il n'y a qu'une seule réalité la raison pour laquelle la vérité n'est pas propre à chacun c'est que nous partageons tous une seule et même réalité donc il peut éventuellement y avoir plusieurs manières d'exprimer la vérité mais il ne peut pas y avoir plusieurs vérités quand les gens disent chacun sa vérité ce qu'ils veulent en fait dire c'est chacun sa conception de la vérité et c'est pas pareil c'est pas pareil du tout chacun sa conception de la vérité autrement dit chacun son point de vue sur la vérité chacun son opinion sur la vérité j'aime bien le mot point de vue parce que ça illustre bien l'accès limité que nous avons à la réalité un point de vue c'est ce qui offre un angle de vue nous sommes tous des points de vue sur le monde ce que lanit'appelait des monades mais cette multiplicité des points de vue porte sur une seule et unique réalité si la vérité est quelque chose d'universel c'est pour une raison simple c'est parce que la réalité ne dépend pas du point de vue qu'on a sur elle on va dire autrement un fait c'est objectif si je dis un cube possède six faces bon ben ça c'est pas juste mon point de vue c'est un fait c'est un fait et c'est d'autant plus un fait que c'est la définition même du cube un solide composé de six phases carré donc dès lors que quelque chose est énoncé dans la définition d'un objet je peux pas le contester je peux pas dire un cube possède quatre faces parce qu'après tout chacun sa vérité parce que ça mène à ça le chacun sa vérité çaamène à dire tout et n'importe quoi au nom du droit à la subjectivité mais la vérité n'est pas une affaire de droit et encore moins une affaire de subjectivité et donc de la même façon si je dis 2 + 2 = 5 je n'exprime pas ma vérité j'exprime une erreur ce que je dis est faux mathématiquement faux à moins de considérer que tout égale tout et inversement si on considère que rien ne se distingue de rien alors là oui on peut tout dire et tout pourra être déclaré vrai puisqu'on aura tout critère de distinction entre le vrai et le faux mais dans les faits chacun sa vérité ça marche pas revenons un instant sur l'exemple du cube on disait tout à l'heure le fait qu'un cube possède six faces ça ne dépend pas de mon point de vue c'est objectif qu'est-ce qui n'est pas objectif ce qui n'est pas objectif c'est ma perception du cube lorsque vous regardez un cube combien de fa au maximum pouvez-vous voir la réponse c'est trois au maximum vous ne pouvez voir que trois faces du cube vous pouvez faire le test qu'est-ce qu'il faut en conclure ce qu'il faut en conclure c'est que notre perception est limitée nos perceptions sont trompeuses et c'est là qu'on en arrive à ce que disait descart descart disait que la perception était un très mauvais outil d'accès à la vérité en clair il disait que nos sens n'étaient pas fiables pourquoi parce que nos sens nous renvoient une image déformée de la réalité il prend l'exemple du bâton qu'on plonge dans l'eau et qui nous apparaît brisé à la surface alors qu'en réalité il est parfaitement droit ce que nous dit Descartes c'est que la vérité on peut seulement l'atteindre par la raison parce que la raison c'est ce qui corrige nos erreur de perception donc je plonge mon bâton dans l'eau je le perçois brisé à la surface je réfléchis et je me dis c'est pas possible c'est pas possible que mon bâton soit réellement brisé parce qu'il n'y a rien dans les propriétés du bois il n'y a rien dans les propriétés de l'eau qui puisse expliquer qu'un tel phénomène se produise ce à quoi nous invite descartte ça s'appelle le doute le doute méthodique le doute comme attitude de prudence à l'égard des données sensorielles et ce doute méthodique c'est ce qui doit nous inciter à vérifier la réalité de nos perceptions avant de les considérer comme des vérités alors c'est pas exactement la même chose que la dendor de Fontenel Fontenel c'est un écrivain français du 17e siècle écrivain classique qui disait qu'avant d'émettre des théories sur un événement il fallait d'abord vérifier que l'événement s'était effectivement produit tel qu'on raconte donc il prend l'exemple d'un enfant à qui il aurait poussé une dent en or et tout le monde s'est mis à développer sa petite théorie sur le pourquoi du comment ce que dit Fontenel c'est qu'aucune de ces théories ne tient debout tout simplement parce que ça n'est jamais arrivé donc la devise de Fontenelle c'est assurons-nous du fait avant de nous inquiéter de la cause ça paraît sensé mais Descartes c'est pas tout à fait la même chose ce que nous dit Descartes c'est qu'on ne peut jamais être sûr de nos perceptions même quand on est témoin de quelque chose il se peut que nos sens nous fasse voir quelque chose qui n'est pas réel il donne comme exemple le fait que quand on rêve la nuit on a le sentiment que c'est bien réel c'est le lendemain quand on se réveille qu'on se dit mais c'était n'importe quoi oui c'était n'importe quoi à postériori mais sur le moment ça paraissait réel donc on ne peut jamais être totalement sûr de ces perceptions il se peut que nous soyons effectivement en train de rêver il se peut que nous soyons dans une programmation informatique qui nous envoie des signaux sensoriels en permanence on peut pas être sûr le seul moyen d'être sûr nous dit Descartes c'est la raison la raison c'est notre meilleur pour ne pas dire notre seul véritable outil de vérification parce que la raison ne ment jamais parce que la raison ne trompe jamais la raison est par définition incapable de faire passer le faux pour le vrai et le vrai pour le faux alors on peut produire des raisonnements qui feront passer le faux pour le vrai et le vrai pour le faux c'est ce qu'on appelle des raisonnements fallacieux ou des paralogismes c'est-à-dire des raisonnements qui ont l'apparence de la rationalité mais qui n'en ont que l'apparence on donne souvent cet exemple pour illustrer ce qu'est un paralogisme socrate est mortel mon chat est mortel donc Socrate est un chat bon ben ça évidemment c'est fallacieux parce que il ne suffit pas que deux choses possèdent une caractéristique commune pour que toutes leurs caractéristiques soi communes c'est la logique de base en rhtorique on l'utilise dans ce qu'on appelle le déshonneur par association on trouve un point commun entre deux choses ou entre deux personnes et à partir de là on induit l'idée que les défauts de l'un ça que aussi à l'autre donc pour en revenir à la raison la raison nous dit des cartes elle est universelle elle est universelle c'est-à-dire que si une chose est vraie pour moi elle est vraie pour vous et si une chose est vraie pour vous elle est vraie pour tout le monde donc vous voyez ici que le chacun sa vérité c'est tout ce que rejette des cartes et pas seulement des cartes d'ailleurs tous ceux qui se revendiquent de ce qu'on appelle le rationalisme ratio raison le rationalisme c'est l'idée que seule la raison peut nous faire accéder à la vérité pas la perception pas la sensibilité la sensibilité c'est ce qui nous sépare les uns des autres on n pas la même sensibilité mais on a la même raison ou en tout cas la la raison fonctionne selon les mêmes règles pour vous et pour moi donc là où la sensibilité nous sépare la raison nous rassemble on peut s'entendre sur des arguments rationnels on peut plus difficilement s'entendre sur des arguments émotionnels en philosophie on distingue deux genres de vérité les vérités matérielles et les vérités formelles les vérités matérielles porte sur les faits elles sont les énoncés conformes à la réalité empirique les vérités formelles portent sur des propositions sur des énoncés logiques si je dis que Pierre est plus grand que Jean et que Jean est plus grand que Jacques ma raison ne peut me conduire qu'à une seule conclusion pierre est plus grand que Jacques forcément nécessairement et quoi que vous pensiez de pierre de Jean ou de Jacques si vous écoutez ce que vous dit votre raison vous ne pourrez pas parvenir à une autre conclusion c'est ça le propre de la raison à savoir que ma raison et votre raison ne peuvent aboutir qu'à une même conclusion parce que ma raison et votre raison c'est la même raison c'est ça l'universalité de la raison le fait que la logique est la même pour tout le monde donc la raison nous dit descart c'est ça le seul outil qui permet d'accéder à la vérité et de la même façon que la raison est universelle tandis que la perception est individuelle la vérité est objective tandis que l'opinion est subjc l'opinion n'est pas la vérité l'opinion est ce qu'on croit être la vérité alors c'est compliqué bien sûr parce qu'une opinion a toujours une apparence de vérité pour celui qui y adhère nos opinions on y croit on y croit comme à des vérité la croyance se présente toujours à la conscience comme une véré la difficulté c'est d'en prendre conscience alors ici j'aimerais parler un peu de Hegle et de ce que Hegle appelle la dialectique de la conscience alors je vous rassure tout de suite on va expliquer tout ça le but étant de vous montrer que derrière la présentation que je viens de vous faire la réalité est encore un petit peu plus complexe si on s'en tient à ce que je viens de vous expliquer à savoir qu'il y a d'un côté l'opinion qui serait subjective et de l'autre la vérité qui serait objective ça risque de donner l'impression que l'humanité se divise en deux camp les sachants et les croyants évidemment c'est très confortable c'est très valorisant pour l'ego de se dire qu'on appartient au camp des sachants de ceux qui ne se laissent pas reglé par leurs croyan de ceux qui savent discerner immédiatement le vrai du faux ce que nous dit Hegle et qu'il développe dans sa Phénoménologie de l'esprit c'est qu'il n'a pas d'un côté le faux et de l'autre le vrai il n'y a pas d'un côté les ignorants et de l'autre côté ce qui détiendrai la vérité il n'y a que des sachants partiels et par conséquent des ignorants partiels qu'est-ce que ça veut dire des sachants partiels et des ignorants partiel ça veut dire que la vérité est un processus un processus permanent et pas un processus quantitatif el ne voit pas les choses en terme de quantité de connaissance il voit les choses en terme de stade de la conscience pour G la conscience passe par des stades elle passe par des étapes qui vont à chaque fois lui faire envisager le monde autrement plus la conscience évolue plus elle intègre à elle des points de vues différents sur le monde des manières différentes de concevoir le monde et c'est le parcours de ces différents points de vue c'est l'évolution de la conscience que lui apporte chaque point de vue qui constitue ce que Hegel appelle la vérité pour Hegle on ne parvient pas à la vérité en passant du faux au vrai on parvient à la vérité en passant du faux au faux alors ça c'est étrange qu'est-ce que ça veut dire qu'on parvient à la vérité en passant du faux au faux comment ne pas y voir une contradiction dans les termes vous allez comprendre le n'avait pas une vision binaire de la vérité il en avait une vision dialectique une vision dialectique ça veut dire que pour la conscience progresse par autonégation elle croit en même temps qu'elle croit elle croit savoir elle se trompe puis elle comprend qu'elle s'est trompée elle admet elle retient la leçon et elle repart c'est ça la mécanique de la conscience erreur intégration surpassement ce que Hegle appelle en allemand aufbung donc pour qu'il y ait aubung pour qu'il y ait progrès de la conscience vers le vrai il faut qu'il y ait expérience du faux et dépassement du faux donc on progresse vers le vrai qu'à condition de passer par le faux un faux déterminé un faux déterminé ça veut dire un faux qui nous renseigne sur le vrai un faux qui nous dit le vrai n'est pas là et voici pourquoi donc quand on passe par le faux on comprend pourquoi le faux était le faux et parce que le faux nous renseigne parce que le faux nous permet de comprendre pourquoi il est le faux il nous rapproche de la vérité voilà pourquoi selon G le faux n'est pas le contraire du vrai le faux est un moment du vrai le nous dit le propre de la conscience c'est qu'à chaque étape elle est convaincue d'être dans le vrai et ele ajoute à chaque fois la conscience se trompe elle se trompe parce que c'est dans la nature même de la conscience de toujours croire dans la vérité de ce qu'elle pense ben oui si vous dites je pense ceci ou je pense cela si vous le pensez vous pensez que c'est vrai on ne pense pas quelque chose en se disant que c'est faux ce que veut dire égu c'est qu'il est illusoire de penser qu'on pourrait évaluer ses propres croyances parce que la croyance ne se manifeste pas à la conscience comme une croyance elle se manifeste à la conscience comme une vérité maintenant il peut nous arriver de douter il peut nous arriver de ne pas savoir et de dire je ne sais pas il peut même nous arriver de changer d'avis et de reconnaître qu'on s'est trompé et ça c'est beaucoup plus difficile parce qu'à la limite quand on dit qu'on ne sait pas on prend pas de risque dire qu'on ne sait pas c'est de la prudence mais quand on prétend savoir qu'on se trompe et qu'on doit reconnaître qu'on s'est trompé là ça fait mal ça fait mal à l'orgueil et c'est là qu'on devient très fort pour trouver des justifications à notre erreur voire pour faire passer notre erreur pour une vérité ça s'appelle le dénis ou la mauvaise foi la malhonnêteté c'est autre chose c'est quand on est conscient de sa mauvaise foi mais que le cûp pour notre ego est trop élevé donc on préfère se défiler mais il peut aussi arriver qu'on reconnaisse avoir fait erreur qu'on avoue s'être trompé et quand on fait ça nous dit gu on passe à un stade supérieur de la conscience parce qu'alors notre erreur nous aura renseigner notre erreur devient une erreur positive il y a toujours le moment négative de l'erreur le dén la mauvaise foi le mensonge et ensuite vient le moment positif de l'erreur la compréhension qui mène au surpassement si la conscience parvient à admettre qu'elle a eu tort elle en ressort grandit elle en ressort enrichi de son expérience du faux et cette expérience du faux lui permettra alors de poursuivre son chemin en sachant pourquoi elle a été dans le faux et pourquoi le faux est effectiv fa mais c'est pas terminé parce qu'une fois que la conscience a admis son erreur et qu'elle a donc franchi une nouvelle étape elle va considérer que c'est cette nouvelle étape qui est la vérité elle pense à chaque fois que ça y est cette fois-ci j'ai compris avant j'étais dans l'erreur mais maintenant je sais je suis dans le vrai et ainsi de suite ainsi de suite parce que la reconnaissance d'une erreur va toujours de pire avec une croyance nouvelle une croyance ne meurt pas elle est remplacée par une autre et à chaque nouvelle étape du processus l'ancienne croyance prend conscience de son caractère faux et elle se métamorphose en une nouvelle croyance qui se croit vrai qui se croit vrai au sens de définitivement vrai mais nous dit c'est provisoire ce n'est qu'une étape il faut en passer par là il faut en passer par la certitude pour ensuite pouvoir comprendre en quoi la certitude n'est pas la vérité et lorsque toutes les étapes auront été parcouru lorsque la conscience aura accompli son grand cycle des erreurs elle atteindra enfin le stade ultime le stade où toutes les contradictions s'annulent et se résolvent le stade où la vérité ne se situe plus dans un camp ou dans un autre mais dans l'unité bien comprise de l'identité et de la différence avoir une vision dialectique de la vérité c'est comprendre deux choses fondamentales premièrement que la vérité n'est pas un état mais un processus deuxièmement que le moteur de ce processus c'est l'erreur ce qui fait que quand on prend conscience qu'on s'est fourvoyé dans une opinion à laquelle on croyait avec ardeur on va épouser l'opinion suivante avec tout autant d'ardeur sans se rendre compte que l'ardeur qu'on plçait dans l'ancienne opinion est exactement la même que celle qu'on place dans la nouvelle ce qui change c'est le contenu de la croyance ce qui ne change pas c'est notre sentiment de vérité jusqu'au jour où c'est ce sentiment de vérité lui-même qui finira par s'autodépasser voir la vérité comme un mouvement dialectique plutôt que comme une alternative binaire entre le vrai et le faux c'est le y le plus sû de ne pas sombrer dans le dogmatisme c'est-à-dire dans l'identification de nos opinions à des vérités absolues on peut croire dans la vérité de ces opinions mais ça ne signifie pas qu'on soit autorisé à les imposer aux autres précisément parce que chaque conscience suit son propre itinéraire ne pas sombrer dans le dogmatisme ça veut simplement dire être conscient que l'itinéraire de la conscience de l'autre n'est pas identique à l'itinéraire de ma conscience ce qu'on vient de voir c'est que la conception habituelle de la vérité conçu comme un absolu ou conçu comme indépendante de tout facteur humain que cette conception là est un petit peu naïve elle est un petit peu naïve déjà parce que la vérité est un concept humain et donc à ce titre on parle de vérité d'un point de vue humain c'est-à-dire limité et aussi parce qu'on a tendance à imaginer la vérité comme quelque chose de pur comme quelque chose qui flotterait dans les airs et qui pourrait presque s'affranchir des contraintes matérielles et donc c'est là qu'on en arrive à la conception pragmatiste de la vérité la conception pragmatiste de la vérité c'est la conception qui nous dit que la vérité c'est ce qui est utile dans la pratique c'est ce qui est efficace alors évidemment dit comme ça c'est un peu gênant parce que dire que la vérité se définit par son utilité ou par son efficacité est-ce que ça ne revient pas à dégrader complètement le concept de vérité ou est-ce qu'on a vu que la vérité devait être efficace et surtout où est-ce qu'on a vu que l'efficacité était un gage de vérité et bien c'est ce qu'on va essayer de comprendre maintenant on l'a dit tout à l'heure la définition classique de la vérité en philosophie c'est la conformité entre idée et la chose ce que nous disent les pragmatistes c'est que ça c'est en théorie c'est sur le papier mais dans les faits c'est pas aussi simple vous connaissez peut-être cette blague quelle est la différence entre la théorie et la pratique ben en théorie il y a pas de différence ce que nous disent les pragmatistes c'est que dans les faits la vérité d'une proposition s'évalue toujours à ses conséquences dans la pratique autrement dit elle s'évalue au fait qu'elle fonctionne prenons un exemple vous allez chez le médecin parce que vous ne vous sentez pas bien le médecin vous culte il fait son diagnostic et il vous donne un traitement vous rentrez chez vous vous commencez le traitement et le lendemain vous êtes guéri qu'est-ce que vous allez vous dire vous allez vous dire que le médecin a trouvé ce que vous aviez que son diagnostic était vrai et que donc il vous a donné le remède approprié mais si ça se trouve le médecin s'est trompé si ça se trouve il vous a donné un traitement qui a fonctionné par hasard ou par effet placebo c'est possible bien sûr que c'est possible mais vous dans la situation quelle est l'hypothèse que vous allez privilégier que le traitement a fonctionné par chance ou que le traitement a fonctionné tout simplement parce que le médecin a trouvé ce que vous aviez vous allez privilégier la seconde hypothèse pourquoi parce que ça a fonctionné et si ça n'avait pas fonctionné vous vous seriez dit il est nul ce médecin il a pas trouvé ce que j'avais il s'est trompé donc c'est bien à l'ône des conséquences pratiques qu'on évalue si un diagnostic est vrai s'il est conforme à la réalité quel autre critère donc ça c'est un exemple qui illustre le fait que dans la vie courante on définit la vérité à partir du critère de l'efficacité à partir de la confirmation pratique parce que si ça marche dans la pratique ça ne peut pas être à chaque fois l'effet du hasard ce qui est vrai dans la pratique est vrai tout court maintenant allons plus loin lorsque vous allez voir que cette conception elle est pas si simple à réfuter prenons le cas de la science la science sa mission c'est de produire de la connaissance et pour ça elle a recours à tout un arsenal de protocole méthodologique le but étant pour elle de formuler des conclusions qui soient le plus proche possible de la vérité bon maintenant que se passe-t-il si une théorie scientifique est contredite par l'expérience deux possibilités soit l'expérience a été mal conduite et dans ce cas-là la théorie n'est pas invalidée soit l'expérience a été bien conduite et dans ce cas-là la théorie est invalidée en autre terme la théorie ne tient que si elle est confirmée par l'experri la théorie ne tient que parce qu'elle est soutenue par la pratique et si l'expérience infirme la théorie et bien la théorie ne peut plus être considérée comme vraie on peut pas considérer comme vrai quelque chose qui est réfuté par l'expérience je vais le dire autrement la vérité ne peut pas avoir raison contre les faits donc le critère de la vérité scientifique c'est bien l'efficacité c'est bien la fonctionnalité il faut que ça fonctionne pour que ça soit vrai et à partir du moment où ça ne fonctionne plus à partir du moment où la théorie ne colle plus à l'expérience on change la théorie on la remplace on la remplace par une autre qui fonctionne qui aura été validée d'ailleurs notez bien ce mot valider en science on dit pas qu'une théorie est vraie on dit qu'elle est valide la validité c'est la vérité en tant qu'elle se vérifie dans la pratique mais si demain la pratique ne valide plus la théorie on la change on s'y accroche pas du moins en théorie aussi donc vous voyez que définir la vérité par l'efficacité définir la vérité par la validité pratique c'est pas si absurde ça a du sens à tel point que c'est sur cette définition qu'on fonde nos connaissances scientifiques c'est-à-dire ce à quoi nous accordons le plus grand coefficient de vérité vérité parce que vériier la science c'est ce qui vérifie est-ce que vous savez comment on s'est rendu compte que l'Univers était en expansion on s'en est rendu compte parce qu'instein a dû trafiquer sa théorie de la relativité générale pour qu'elle colle avec sa croyance selon laquelle l'univers était stationnaire autrement dit Einstein a dû falsifier ses propres équations parce qu'elles invalidaient sa cro cyance c'est quand même fou c'est fou parce que ça veut dire qu'Einstein a eu raison malgré lui il a eu raison contre sa propre croyance mais ce que ça montte surtout c'est que quand une théorie scientifique est juste elle fonctionne elle fonctionne au-delà de nos croyances alors certains diront ok très bien mais tout ça c'est un peu du bricolage on fait des théories elle fonctionne tout va bien et puis un beau jour allez savoir pourquoi elle fonctionne plus et là elles deviennent fausse B oui c'est ça la science le coefficient de certitude n'est jamais égal au coefficient de vérité la science fonctionne toujours par autocorrection on pourrait presque dire par autoreniement là encore c'est dialectique ce qui nous gêne c'est l'idée que quelque chose puisse être considéré comme vrai juste parce que pour l'instant ça marche parce que ça sous-entend qu'on ne parlerait pas d'une vraie vérité une vraie vérité au sens de quelque chose qui resterait tout le temps vrai ok mais que pouvons-nous faire de mieux que pouvons-nous faire de mieux que d'admettre comme provisoirement vrai ce qui fonctionne et de le remplacer quand ça ne fonctionne plus c'est ça la vraie question que pouvons-nous faire de mieux est-ce qu'il faudrait garder une théorie même quand elle ne fonctionne plus sous prétexte que la vérité est éternelle est-ce qu'il faudrait renoncer à toute nouvelle théorie sous prétexte qu'un jour cette nouvelle théorie risque d'être invalidé ce que tout ça nous démontre c'est encore une fois que la vérité est une quête et que cette quête implique qu'on fasse des erreurs et qu'on prenne ces erreurs pour des vérités jusqu'au moment où ce ne sera plus possible de les prendre pour des vérités jusqu'au moment où elles entraîneront des anomalies parce que de la même façon que la pensée ne se met en marche que parce qu'il y a un problème à régler la science ne se met en marche que parce qu'il y a une anomalie à résoudre en science il n'existe donc pas de vérité il n'existe que de la validité et donc tout ça ça nous amène à la conception empiriste de la vérité conception empiriste de la vérité qui consiste à dire purement et simplement que la vérité n'existe pas pourquoi la vérité n'existe pas d'un point de vue empiriste parce que ce que nous appelons la vérité n'est vrai qu'au moment où on en fait l'expérience mais en dehors de l'expérience on ne peut pas savoir si une chose est vraie le feu brûle est-ce que c'est vrai bah oui c'est vrai difficile de dire le contraire le feu brûle comment le sait-on ben on le sait parce que quand on met sa main sur le feu ça brûle ah donc c'est bien l'expérience du feu qui permet de définir les propriétés du feu un point pour les empiristes maintenant la question est est-ce que le feu brûle aussi quand je ne mets pas ma main dessus est-ce que le feu brûle aussi à chaque fois que je n'en fais pas l'expérience et là vous allez me dire ben oui qu'est-ce que c'est c'est que cette histoire le feu n'attend pas que je mette la main au-dessus de lui pour brûler c'est stupide alors est-ce que c'est vraiment si stupide bah pour les empiristes non pourquoi c'est pas stupide c'est pas stupide parce que les empiristes considèrent que toutes nos connaissances proviennent de notre expérience et par expérience il faut entendre le contact de sensoriel toutes nos connaissances toutes nos idées ne sont que la mise en forme ordonné de nos sensations j'ai l'idée du froid parce que j'ai déjà fait l'expérience du froid j'ai l'idée de fatigue parce que j'ai déjà fait l'expérience de la fatigue et ainsi de suite et donc pour les empiristes je ne peux pas avoir d'idée qui ne proviennent pas de l'expérience l'image qu'il donne c'est celle de la toile vierge à la naissance l'être humain est comme une toile vierge il va expérimenter le monde il va entrer en contact avec lui par la sensation et au fur et à mesure il va collecter des informations sensorielles qui vont lui permettre de dégager des connaissances générales je vois un objet qu'on a on appelle voiture je vois cet objet une deuxième fois une troisième une 4è et au bout de 50 ou 100 fois j'ai forgé dans mon esprit l'idée voiture pareil pour le froid pareil pour la fatigue pareil pour le feu donc si je peux affirmer que le feu brûle c'est que j'en ai fait l'expérience suffisamment de fois pour pouvoir anticiper les effets du feu je peux désormais savoir que le feu brûle sans avoir besoin de mettre ma main dessus très bien mais alors du coup est-ce que les empiristes ont raison parce que là on est en train de dire qu'à partir d'un certain nombre de répétition de l'expérience il n'y a plus besoin de la faire pour connaître le résultat de l'expérience et bien c'est là que les empirist nous disent attention attention parce que là vous êtes en train de confondre vérité et habitude or la vérité ce n'est pas l'habitude l'habitude c'est ce qui se répète la vérité c'est ce qui n'a pas besoin de se répéter pour être vrai elle est là la nuance comment savons-nous que le feu brûle nous le savons parce que jusqu'à aujourd'hui le feu nous a brûlé c'est une habitude mais partant du principe que toutes nos connaissances proviennent de notre expérience à chaque fois que je me prononce sur quelque chose dont je ne suis pas en train de faire l'expérience je prends un risque je m'avance je m'avance abusivement parce que je projette sur le futur le résultat de mes expériences passé et je qualifie de vérité ce qui n'est en réalité que le prolongement virtuel de mon habitude nous prolongeons dans les expériences futures dans les expériences non encore réalisées les conclusions de nos expériences c'est ça qu'on fait quand on parle de vérité on généralise on universalise nos expériences passées au-delà de ces expériences passées parce que le problème de cette manière de faire c'est le même problème que celui qui consiste à prendre un segment pour une droite un segment n'est pas une droite un segment est une portion de droite une portion limitée mon expérience c'est ce segment or la vérité c'est la droite et de la même façon que tous les segments du monde n'arriveront jamais à former une droite toutes les expériences du monde ne suffirait pas à atteindre quelque chose qu'on puisse appeler vérité la vérité est un absolu c'est un absolu parce que c'est quelque chose qui dépasse en nature la somme de connaissan que peut acquérir l'être humain la vérité suppose l'universalité mais la vérité suppose aussi l'intemporalité donc quand je dis que le feu brûle est une vérité j'absolutise une proposition qu'il m'est impossible de vérifier au-delà du contexte de mon expérience alors oui c'est pointilleux c'est pointilleux mais ce que je veux vous faire comprendre c'est à quel point le concept de vérité est délicat les empiristes ne croi pas dans la vérité parce qu'il ne croi pas dans les absolus et autant dire que le feu brûle dans un contexte quotidien ça pose pas de problème mais vouloir faire de cette proposition une vérité c'est problématique c'est ça le problème des empiristes avec le concept de vérité son caractère absolu les empiristes ne croient pas dans les absolus c'est même pas qu'ils y croient pas c'est que l'idée même d'absolu est incompatible avec leur représentation du monde avec le représentation de l'être humain à forceorie parce que comme le rediraac nous ne sommes pas équipé sur le plan cognitif pour accéder à quelque chose d'universel et d'intemporel nous sommes trop faibles cognitivement trop faible pour prétendre atteindre quelque chose de si haut et de si prétentieux qu'on puisse l'appeler vérité alors est-ce que pour autant les empiristes n'accordent aucune valeur à la connaissance humaine est-ce que sous prétexte que nous ne serions pas capable d'accéder à des vérités absolues cela voudrait dire que nos croyances sont sans valeur parce que c'est bien ça qu'il s'agit pour les empiristes nos connaissances devrai en réalité être appelé des croyances puisque ça ne peut pas être des vérités et bien non pour les empiristes nos croyances ne sont pas dénué de valeur elles en ont une une valeur pratique une valeur d'usage tout ce qu'ils nous disent c'est qu'une vérité pratique n'est pas une vérité c'est l'exemple que j'ai longtemps donné à mes élèves est-ce que le soleil va se lever demain si tu réponds autre chose que on ne sait pas c'est perdu parce qu'évidemment l'habitude nous pousse à répondre oui parce que pour nous c'est plus qu'une habitude une habitude pour nous ça veut dire depuis longtemps mais là le fait que le soleil se lève tous les matins c'est pas juste une habitude le soleil ne se dit pas tous les matins tiens je vais me lever ce matin parce que j'ai l'habitude non il se lève tous les matins en vertu de lois astronomique qui ne relève à aucun moment de la croyance oui c'est vrai mais ces lois est-ce qu'elles sont intangibles est-ce qu'elles ont un caractère absolu hors du temps hors de l'espace c'est ça d'ailleurs qui rendait les empiristes assez réfractaires au dogmes religieux leur caractère gravé dans le marbre entre autres choses mais philosophiquement les empiristes sont des sceptiques ils sont des sceptiques au sens où ils ne croient pas en la possibilité pour l'être humain d'accéder à des vérités et encore moins à une vérité qui serait la source de toutes les vérités toujours est-il qu'on a là plusieurs conceptions de la vérité qui s'affronte qui pour certaines affirme son existence pour d'autres la ni mais derrière chacune de ces conceptions de la vérité ce cache en réalité une certaine conception du monde une conception du monde qui ne relève pas seulement du raisonnement de la pensée mais du rapport au monde du rapport à l'être et au devenir du rapport à l'immuable et au mouvement à l'esprit et à la matière peut-être que la vérité est inaccessible peut-être même qu'elle n'existe pas peut-être qu'elle n'est rien d'autre que ce qui est constamment en train d'advenir peut-être que nos croyances que nos erreurs que nos échecs ne sont que le chemin emprunté par la vérité pour parvenir jusqu'à nous qu'à force d'airrance et de conscience de nos errances la vérité finira par se frayer un chemin car si la vérité ne dépend pas de nous il dépend de chacun de nous d'incarner la vérité je vous [Musique] remerci [Musique]