Après l'art de la parole, l'autorité de la parole, les séductions de la parole, le programme de la spécialité humanité change un peu d'angle d'attaque et s'intéresse ensuite aux découvertes, découvertes du monde et des autres. Ce sont des thèmes qui sont formulés de la manière suivante, découvertes du monde et rencontres des cultures. Alors pour traiter de cette thématique, il faut d'abord définir les termes qui sont mobilisés par cet intitulé. Tout d'abord, pour ce qui est de la découverte, on peut faire le lien avec la notion de vérité grecque d'alétheia, pour rester dans la philosophie.
C'est un terme qui est utilisé par Parménide et qui va être ensuite repris par Heidegger. Et c'est un terme qui veut dire l'absence de l'oubli, parce que l'été, vous vous rappelez peut-être, c'est le fleuve de l'oubli dans les enfers, et a c'est le préfixe privatif, donc ça inverse. la valeur de ce qui suit. Donc c'est sans l'oubli, ce qu'on peut traduire par dévoilement, le fait de se ressouvenir de quelque chose ou d'arrêter d'oublier quelque chose.
Et donc le fait de découvrir quelque chose, c'est comme le fait d'enlever le voile qui était sur la chose, de faire en sorte qu'elle ne soit plus couverte puisque c'est la même chose là au niveau de la composition du mot. On a aussi un préfixe qui inverse le sens de ce qui suit. Donc couvrir, puis découvrir, c'est enlever la couverture en fait.
Donc quand on dit découvrir le monde, il ne s'agit pas de l'inventer, il ne s'agit pas de le créer, il s'agit juste d'enlever le voile qui nous empêchait de le voir. Pour ce qui est de la rencontre, là aussi on peut problématiser la notion en remarquant qu'avec cette idée de contre, contra, donc on est dans une opposition possible, on a cette idée de contact, de mise en... en présence, et donc même mise en contact, on est tellement en présence qu'on se touche, d'un possible conflit, parce que cette rencontre, on a l'idée, la connotation potentiellement négative de contre, avec le conflit, la confrontation, et tout ça implique une notion d'horizontalité, c'est-à-dire qu'il n'y a pas un au-dessus de l'autre, mais dans la rencontre, on est sur un pied d'égalité.
Alors cette rencontre, elle peut être positive, elle peut mener à des échanges, comme elle peut mener à justement des tentatives de hiérarchie, de rapports de force. Ce monde et ses cultures, qu'est-ce que ça signifie exactement ? Le monde, on peut le définir comme un ensemble de lieux, certes, proprement parlé, au premier sens, mais aussi d'objets et de personnes.
Et cet ensemble de personnes va être ici plus spécifiquement désigné par la notion de culture. La culture étant un ensemble de valeurs, de croyances, d'habitudes. qui sont partagés et véhiculés par un groupe.
Souvent, quand on essaie de sauver une culture, c'est qu'on essaie de sauver aussi la cohésion d'un groupe. Et vous voyez que les valeurs, c'est ce qu'on pense bien ou mal, les croyances, c'est ce qu'on croit vrai ou faux, et puis les habitudes, c'est la manière dont on se comporte, de manière historique et de manière transmise. d'une génération à une autre. Donc voilà pour les définitions préalables philosophiques de ces termes.
En termes d'histoire et de contextualisation, cette thématique a des racines assez anciennes, puisqu'on a commencé à découvrir le monde et à rencontrer des cultures différentes dès l'Antiquité. Bien sûr, là, on se place d'un point de vue d'Européen, et dès l'Antiquité, avec notamment Alexandre le Grand. On ne peut pas parler d'explorateur à l'époque, mais au moins de tentative de conquérir d'autres territoires.
Alexandre le Grand qui était jusqu'en Inde et qui est mort là-bas à une trentaine d'années, qui a ainsi rencontré un certain nombre de cultures. C'est ce qu'on peut voir dans des romans, soit la légende d'Alexandre dès l'Antiquité, mais qui va ensuite se transmettre. dans plein de langues différentes sous la forme de romans d'Alexandre qui sont pour beaucoup écrits au Moyen-Âge. Et puis par ailleurs au Moyen-Âge on continue aussi à découvrir ce monde et à rencontrer les cultures puisque la pratique du voyage et des routes commerciales est encore très très développée au Moyen-Âge et va continuer ensuite.
Notamment avec le texte de Marco Polo, vous savez peut-être que c'est un marchand de Venise, un marchand italien, un marchand de soie notamment, qui va jusqu'en Chine et il va raconter son expérience, son voyage dans le devisement du monde, ça veut dire le détail du monde, le fait de détailler le monde, de décrire le monde. Et c'est un texte qu'il écrit en français. Donc en fait, c'est un texte qui appartient à la littérature française, où là aussi, on découvre le monde et on rencontre des cultures.
Mais la date sans doute clé, la date phare pour la découverte du monde, ce qui a changé notre vision d'Européens sur nous-mêmes, c'est 1492 et la découverte de ce qu'on a appelé le Nouveau Monde. par Christophe Colomb. Ensuite on va dire découverte de l'Amérique à cause d'Amerigo Vespucci qui est un autre italien, un autre explorateur italien.
Je pense à l'Italie par rapport à Marco Polo, Christophe Colomb était portugais. Donc cette date La date, bien sûr, change les choses, puisque c'est tout un continent, cette fois-ci, qui se révèle et qui va amener à des confrontations de cultures. Et puis, peut-être pour indication, pour complément d'information, la dernière terre à avoir été découverte, c'est l'île de Tahiti, au XVIIIe siècle.
Et c'est à ce moment-là qu'on va aussi avoir un regain dans la littérature de récits de voyages et de réflexions sur les confrontations des mondes. Les problématiques qu'on peut... posées en rapport avec cette thématique. Il y en aurait au moins deux qui sont, vous allez le voir, assez proches. La première, c'est en quoi la découverte de nouvelles cultures remettait en question la nôtre, de culture.
Donc cette idée de confrontation dans le sens contact, conflit, mais là, non pas conflit entre les personnes, mais entre les idées, entre les opinions, pour reprendre cette triade, la valeur, croyance, habitude. En quoi est-ce que les valeurs, les croyances, les habitudes... qui sont les nôtres, sont remises en question par la rencontre d'autres valeurs, d'autres croyances, d'autres habitudes. Et puis, autre questionnement possible, qu'apporte le relativisme culturel à la morale ? Alors vous voyez que là c'est tourné de manière un petit peu plus...
abstraites, un peu plus théoriques. Pour rappel, le relativisme culturel, c'est le fait de relativiser le bien-fondé d'une culture par comparaison avec une autre culture. C'est un peu ce qui est exploré dans la première question. Et donc c'est le parti pris de considérer que toutes les cultures se valent et que, en les comparant, on peut aussi ajuster, progresser. enfin faire progresser une culture en se nourrissant des atouts et des bienfaits des autres.
Donc en quoi est-ce que ce parti pris théorique va faire avancer ici la morale en particulier ? Donc autant de manières de commencer votre travail sur la découverte du monde et la rencontre des cultures. Je vous invite ensuite à aller voir ce qu'on peut faire en termes d'exemples dans les autres vidéos attachées à cette thématique.