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Philosophie et Éducation : Thèmes Essentiels

Si vous êtes en HLP, ne partez pas, vous êtes au bon endroit pour tout déchirer cette année. Allez voir un peu dans les commentaires les notes obtenues par mes abonnés au bac de philo, vous m'en direz des nouvelles. Je vais vous faire les mêmes fiches, mais cette fois-ci pour le programme de philo HLP première et terminale.

Tout d'abord, rapide présentation du programme. Pour chaque semestre, de la première à la terminale, vous avez deux intitulés généraux qui se déclinent en trois entrées. Pour chaque intitulé général, il y aura une courte fiche en vidéo, qui vous présentera rapidement une problématique et de quoi on va parler. Ensuite, il y aura une fiche pour chaque entrée, dans laquelle il y aura à chaque fois au minimum une référence littéraire et une référence philosophique, pour que votre cours soit le plus complet possible et que ces fiches puissent réellement couvrir tout le programme HLP, pas juste la philo.

Quelquefois, vous aurez l'impression qu'il y a un peu plus de philo que de littérature, mais c'est pas grave, c'est juste qu'en philo, il faut toujours poser une problématique avec au moins deux auteurs qui s'opposent. De toute façon, vous allez voir que les deux parties sont liées. Ce sont les mêmes sujets qui sont traités à la fois de manière littéraire et philosophique. Vous aurez peut-être l'impression que mon cours est plus clair que celui que vous avez en classe. Mais c'est surtout parce que vous avez deux profs différents, lettres et philo.

Alors que là, mon cours a une certaine cohérence, vu que je traite à la fois la philo et la littérature. Je mettrai un commentaire épinglé dans lequel je vous dirai quelles sont les références littéraires, quelles sont les références philosophiques, et quelles sont les références mixtes à la fois littéraires et philosophiques. Ce que vous pouvez voir, c'est que chaque intitulé général, dans la deuxième colonne, correspond à une période historique. Par exemple, l'intitulé du premier semestre de Terminal, La Recherche de Soir, s'inscrit dans la période du romantisme au XXe siècle. Attention, ça ne veut pas dire que vous ne pouvez pas citer un auteur d'une autre période.

Mais on va privilégier cette période-là sur les autres. Il y a un gros avantage dans votre spécialité, c'est qu'une partie des thèmes abordés sont déjà en partie traités dans le tronc commun en philo. Donc en révisant votre spécialité HLP, vous prenez déjà de l'avance sur votre épreuve de philo tronc commun. C'est la raison pour laquelle je ferai des liens en permanence qui vous permettront de réviser de manière optimale.

Prenons un exemple. La recherche de soi est au programme HLP terminal, mais la conscience est au programme du tronc commun. Et il est évident que ces deux notions sont très connectées entre elles.

Donc quand vous révisez votre cours sur la conscience, vous prenez déjà de l'avance sur la recherche de soi, et inversement. Donc je vous renverrai régulièrement à mes vidéos TikTok tronc commun. où je résume les 17 notions en 3 minutes à chaque fois.

Dans chaque fiche notion HLP, je vous expose les problématiques principales qui se posent et des références philosophiques, c'est-à-dire des auteurs qui vous permettront de nourrir votre réflexion et briller dans vos copies. Alors sur ce, je vous dis bon travail et abonnez-vous pour suivre la sortie des fiches. Premier semestre, la recherche de soi. Dans l'Antiquité, le monde est pensé comme une totalité bien ordonnée, le cosmos.

Le cosmos, c'est l'harmonie. C'est la raison pour laquelle on retrouve ce terme dans cosmétique. Ce qui est beau. c'est ce qui est harmonieux. L'individu ne doit pas rompre cette belle harmonie, il doit se soumettre à la communauté dans laquelle il vit.

Le fils est soumis à l'autorité du père, la femme à son mari, l'esclave à son maître, et le soldat est heureux de mourir en héros pour le bien de sa patrie. Au Moyen-Âge aussi, l'individu doit se soumettre à une autorité extérieure, l'individu doit se soumettre à Dieu et aux religions instituées. L'individu doit ainsi se soumettre à une parole révélée, la Bible ou le Coran par exemple.

Mais à partir de la Renaissance, vers le XVe siècle en Europe, On assiste à un bouleversement. Le cadre traditionnel craque de partout. La science moderne commence à gagner du terrain, et on remet en question les anciennes croyances. Le soleil ne tourne plus autour de la Terre avec Copernic et Galilée.

On commence à faire des expériences pour démontrer des vérités scientifiques. Et ce n'est plus la religion qui fait autorité, mais la science. Ça ne veut pas dire que plus personne ne croit en Dieu du jour au lendemain.

Mais on se rend compte progressivement du pouvoir infini de la raison humaine. C'est notre raison qui nous guide vers la vérité et non pas une vérité révélée par Dieu. Si c'est notre raison qui gouverne, alors c'est la puissance créative de l'individu qui est au fondement de la société.

Là où les sociétés traditionnelles privilégient le groupe sur l'individu, la modernité va au contraire privilégier l'individu sur le groupe. Auparavant, l'individu devait se soumettre à la vérité des anciens. Mais dans la période moderne, c'est l'inverse, car la vérité scientifique est en progrès constant. Un scientifique comme Copernic ou Galilée est en mesure de briser des systèmes entier de croyances transmises pendant des siècles et des générations entières.

Ce progrès est vrai sur le plan de la connaissance scientifique, mais c'est aussi vrai sur le plan politique, car on voit apparaître progressivement les notions de liberté et d'égalité. Si l'individu est au premier plan, alors il ne peut plus accepter de se soumettre à des systèmes politiques qui lui imposent un mode de vie qu'il n'a pas choisi. C'est la raison pour laquelle ce mouvement amorcé à la Renaissance va culminer au siècle des Lumières dans lequel les peuples vont se révolter contre les systèmes monarchiques qui ne prennent pas en compte la liberté des individus et leur capacité à prendre des décisions politiques. Donc nous allons analyser cette notion sous trois aspects qui représentent les trois prochains chapitres. Éducation, transmission, émancipation.

Comment allons-nous parvenir à construire une société libre ? Par l'éducation et la transmission ? Les expressions de la sensibilité. Nous avons vu précédemment que la modernité se caractérise par une domination de la raison scientifique.

Mais est-ce que cela ne conduit pas finalement à mettre notre sensibilité de côté ? La science peut-elle vraiment tout expliquer ? Y a-t-il pas une part de mystère dans l'univers ? Et enfin, les métamorphoses du moi. Notre esprit possède-t-il un moi bien unifié et délimité qui nous permettrait de nous définir ?

Ne sommes-nous pas au contraire constamment en train de changer, voire de nous métamorphoser ? Voilà, n'oubliez pas maintenant de vous abonner pour suivre ces trois prochains chapitres. Éducation, transmission, émancipation.

Voici la problématique. Dans la conception moderne de la politique, le peuple doit pouvoir décider de son sort. C'est l'idée de démocratie.

Voir ma fiche philo sur l'État. C'est l'idée d'émancipation qui signifie accéder à la liberté. Mais à l'origine, cela désigne l'individu qui se libère de l'autorité paternelle.

D'un point de vue politique, l'autorité paternelle ici, c'est l'aristocratie qui décidait à la place du peuple. Accéder à un régime démocratique, c'est se libérer d'un pouvoir arbitraire qui déciderait à ma place. Mais pour s'émanciper, il faut accéder au savoir.

Car tant que le peuple est maintenu dans l'ignorance, il ne peut pas accéder au pouvoir. Comme le dit Carice, le savoir est une arme. Il est plus facile de contrôler une population inculte et analphabète qu'une population qui a accès au savoir et qui peut ainsi comprendre comment elle est manipulée et exploitée.

Mais le paradoxe est le suivant. Pour s'émanciper, il faut accéder au savoir. Or, pour accéder au savoir, il faut un guide. Donc on voit bien que l'idée d'émancipation ne signifie pas se libérer de toute forme d'autorité. Bien au contraire.

Car pour accéder au savoir, il est indispensable d'être éduqué par quelqu'un. Dans le mot éduquer, il y a en latin educare la notion d'élévation. Un élève, c'est d'abord un individu qui s'élève vers le savoir grâce à un maître.

Il y a donc ici un certain paradoxe. Puisque pour être libre, il faut d'abord avoir un maître. Le philosophe Kant disait L'homme est un animal qui a besoin d'un maître Nature versus culture. En effet, l'animal n'a pas besoin d'être éduqué, car il possède un instinct très développé.

C'est toute la différence qu'on fait entre nature et culture. Voir ma fiche philo sur la nature. Ce qui est naturel est inné. L'iguane sait immédiatement dès la naissance que le serpent est dangereux, et il sait même instinctivement que le serpent ne le voit pas tant qu'il reste immobile.

L'homme, au contraire, a besoin qu'on lui transmette un savoir. A court terme, l'instinct est plus fort, car il ne nécessite aucune transmission. L'iguane sait tout déjà à l'avance. Mais à long terme, il est moins efficace, car il est figé et n'évolue pas. C'est la raison pour laquelle l'homme domine aujourd'hui la nature et tous les autres animaux.

Certes, l'homme était une créature fragile avec peu d'instinct, mais il a accumulé et transmis des milliards d'inventions qui en font aujourd'hui le plus puissant des animaux. C'est un peu comme si vos parents vous laissaient le choix entre deux consoles de jeux. La première possède 1000 jeux intégrés, et la seconde aucun. A court terme, vous vous amusez plus avec la première, parce qu'il y a plein de jeux, mais elle va vite devenir obsolète et dépassée par la seconde, qui peut s'adapter à de nouveaux jeux plus intéressants. Pour le dire encore autrement, quand on vous transmet du savoir, c'est comme si vous téléchargez à chaque fois une nouvelle application dans votre cerveau, qui peut se développer ainsi à l'infini.

Le philosophe Kant dira que l'animal n'a pas cette possibilité, car un animal est par instinct tout ce qu'il peut être. Il est comme cette console de jeux où tout est déjà programmé à l'avance et on ne veut pas télécharger des nouveaux jeux qui évoluent en fonction du temps. Alors certes, il existe des animaux qui peuvent parfois transmettre un savoir.

Les macaques japonais de l'île de Koshima ont transmis la technique du lavage des patates douces dans l'eau salée sur plusieurs générations. Mais le psychologue Michael Tomasello nous explique que c'est jamais un savoir cumulatif. Je m'explique.

Chez l'humain, le savoir s'accumule et progresse à tel point qu'aucun individu au monde ne serait capable de réinventer... le moindre objet technique que nous utilisons chaque jour. Votre smartphone est le résultat de millions d'inventions qui se sont accumulées au fil des générations pour arriver jusqu'à vous.

Vous utilisez chaque jour un savoir qui vous dépasse complètement et que vous ne maîtrisez pas. Aucun ingénieur ne serait capable de réinventer à lui seul un smartphone. Mais le lavage des patates douces n'est pas un savoir cumulé qui dépasse les capacités intellectuelles d'un macaque. N'importe quel macaque a la capacité intellectuelle de réinventer le lavage des patates douces. Autrement dit, le savoir reste figé dans le monde animal.

Il ne se cumule pas et donc il n'évolue pas. Vous pouvez faire un lien ici avec la notion de liberté. L'homme est plus libre que l'animal car il n'est pas figé par un instinct rigide.

Il est libre de créer et d'inventer. Rappelez-vous le titre de cette vidéo qui est aussi le titre du programme officiel. Il y a l'idée d'émancipation, c'est-à-dire de libération.

L'éducation et la transmission permettent à l'homme de se libérer de la nature en la dominant par la culture. Mais si l'homme n'est plus prisonnier de son instinct, il peut également échapper aux rapports de violence et de brutalité qui règnent dans le monde animal. C'est ce qui nous amène à cette nouvelle question. L'éducation est-elle un remède contre la violence ?

Au 19e siècle, l'écrivain Victor Hugo fait de l'instruction la condition de l'élaboration d'une société humaine. Selon lui, le meilleur remède contre la criminalité, c'est l'école. Quand on ouvre une école, on évite 20 ans plus tard d'ouvrir une prison. Cette formule n'est pas de Victor Hugo, mais elle exprime très bien sa pensée. Ainsi, on peut lire dans Les quatre vents de l'esprit Chaque enfant qu'on enseigne est un homme qu'on gagne.

90 voleurs sur 100 qui sont au bagne ne sont jamais allés à l'école une fois, et ne savent pas lire et signent d'une croix. Allez faire un tour dans une prison un jour, et vous verrez que c'est toujours aussi vrai aujourd'hui. Quelques décennies plus tôt, au siècle des Lumières, le philosophe Kant montre que l'éducation permet à l'enfant d'acquérir une certaine discipline, car on lui apprend à ne pas satisfaire immédiatement toutes ses pulsions, et grâce à ça on favorise chez lui la réflexion. Dans la vie adulte, pour parvenir à certains objectifs et à certains savoirs, Il est nécessaire d'apprendre à différer la satisfaction de nos désirs.

Si vous voulez être médecin par exemple, il va falloir faire 10 ans d'études difficiles. L'effort est immense. Mais si on ne vous a pas appris à retarder, c'est-à-dire à différer la satisfaction de vos désirs, vous n'y arriverez jamais.

Le psychanalyste Freud, dans cet ouvrage, dira également que la culture et donc l'éducation agit comme une forme de censure sur nos pulsions. À l'état de nature, l'homme préhistorique assouvit ses pulsions de manière débridée, à la manière un peu d'un animal. Mais plus l'homme s'inscrit dans une culture et dans une société, plus il va devoir réprimer ses pulsions. Prenons un exemple. Si un enfant n'est pas éduqué, il va avoir tendance à assouvir toutes ses pulsions.

Mais l'éducation consiste à lui poser des interdits. Un enfant spontanément ne veut pas s'habiller, il ne veut pas manger proprement, il veut faire ses besoins où il veut, il n'aime pas partager ses affaires, etc. L'éducation consiste à lui interdire certains comportements qui ne sont pas conformes à ce que la société exige de nous. Ces interdits vont réprimer notre animalité, nos pulsions.

Mais c'est là que nous rencontrons un problème philosophique. Et c'est ce problème que vous allez développer dans la plupart des sujets sur l'éducation. D'un côté, l'éducation nous humanise.

Sans elle, nous serions que des animaux asociaux, sans aucune morale. Ce serait la loi de la jungle. Mais d'un autre côté, nous dit Freud, notre esprit est comme une cocotte minute.

À force de mettre un couvercle sur nos pulsions, ça peut finir par exploser. Ce n'est d'ailleurs pas pour rien que les premières et deuxièmes guerres mondiales explosent dans des pays extrêmement civilisés comme l'Allemagne, dans lesquels peut-être les individus sont un peu trop formatés et ils ne laissent peut-être pas assez libre au cours à leur désir. Donc en résumé, l'éducation est essentielle à nos sociétés, mais il faut être vigilant et laisser aussi nos pulsions s'exprimer, car à force de les refouler, nous risquons une explosion de violence.

Si vous voulez en savoir plus sur cette idée, allez voir ma fiche philo sur l'inconscient et la fiche philo sur la nature. Enfin, je terminerai sur un dernier point. L'éducation est-elle à l'origine des inégalités sociales ou permet-elle au contraire de les combattre ?

Le sociologue Pierre Bourdieu affirme que l'éducation n'est pas toujours un remède contre la violence, car elle peut produire aussi des inégalités très fortes entre les classes sociales. Si on observe les statistiques, la majorité des élèves des grandes écoles françaises, comme Polytechnique ou l'ENA, sont issus des classes sociales les plus favorisées. Ça veut dire que tout le monde ne reçoit pas la même éducation, et que cette différence crée des inégalités terribles dans nos sociétés. C'est ce que Bourdieu appelle le capital culturel. C'est l'ensemble des savoirs que les familles les plus favorisées transmettent à leurs enfants et qui leur permettent d'appartenir à la classe dominante.

Par exemple, le niveau de maîtrise de la langue française ou le goût pour la culture, les musées, le théâtre, la lecture. La plupart du temps, un enfant qui grandit dans un quartier défavorisé ne maîtrise pas la langue française aussi bien qu'un enfant né dans le 16ème. Il n'a pas les mêmes chances de réussite sociale. Il n'a pas le même capital culturel. On voit ça très bien dans le film Intouchables.

Le personnage incarné par Omar Sy ne comprend rien aux codes de la bourgeoisie. Il ne possède pas le capital culturel qui lui permettrait de comprendre leurs goûts musicaux par exemple, ou leur goût pour la peinture abstraite. Et le film montre très bien que ce n'est pas une question d'intelligence. Car Omar Sy joue un personnage très intelligent. Non seulement dans le lien qu'il parvient à créer avec l'handicapé dont il doit s'occuper, mais aussi dans l'humour et dans le regard critique qu'il porte sur sa société bourgeoise.

Mais il n'y a aucune chance de s'y intégrer, car il ne possède pas les codes, c'est-à-dire le capital culturel qui lui permettrait d'y accéder. Donc en conclusion, l'éducation est certes un moyen d'émancipation pour l'homme, mais lorsque cette éducation permet à une classe sociale bourgeoise de dominer toutes les autres, elle devient un instrument de domination et d'oppression. Et c'est justement là le rôle que doit jouer l'école, une éducation nationale, qui permet enfin de donner à tout le monde les mêmes chances de réussite, afin de rendre possible une véritable émancipation. de la société entière. Les expressions de la sensibilité.

La sensibilité au cœur du romantisme. Le philosophe Hegel nous explique ce qu'est le romantisme et comment il est apparu. Pour cela, je vais devoir vous présenter une courte histoire de l'art selon Hegel, qui va passer par trois stades, l'art symbolique, l'art classique, puis l'art romantique. Le premier stade, l'art symbolique, se caractérise par les pyramides égyptiennes et le sphinx. On cherche avant tout à impressionner le spectateur par un édifice monumental et presque surnaturel.

C'est ce que Hegel appelle le sublime. Contemplez le sphinx, 73 mètres de long, 20 mètres de haut, et imaginez un peu la frayeur qu'il pouvait inspirer il y a plusieurs millénaires. Mais selon Hegel, il faut dépasser cette phase qui reflète un peu les superstitions de l'époque, où il s'agit d'effrayer les humains avec des monstres pour leur faire croire en toutes sortes de superstitions. Ce dépassement est opéré par l'art classique avec les Grecs.

On recherche alors l'harmonie, les belles proportions, la beauté. Observez un peu l'Achille d'Oreille Fort bodybuildé, il pourrait poser dans n'importe quel magazine aujourd'hui, et tout ça sans aucun produit d'opinion. Ce qui est au centre avec les Grecs, ce n'est plus les monstres de l'art symbolique égyptien, Mais l'homme dans toute sa splendeur, on met l'humain au centre, car on se rend compte que la raison humaine est ce qu'il y a de plus puissant sur Terre. On n'est plus en admiration devant des monstres, comme le sphinx, mais devant l'être humain, dans toute sa perfection.

Mais selon Hegel, il faut dépasser ce stade à nouveau, car cette beauté classique ne permet pas de représenter la subjectivité humaine. La subjectivité humaine, c'est ce qui appartient en propre à l'individu. Mes sentiments, mes émotions, mes passions, ma mélancolie, mes espoirs.

Regardez à nouveau notre Achille d'Oreille Fort de style classique. Certes, il est beau, bien proportionné, les pecs et les abdos bien tracés, mais il nous laisse un peu froid. On dirait qu'il n'exprime rien, aucun sentiment.

C'est la raison pour laquelle, selon Hegel, il faut dépasser l'art classique vers l'art romantique. La première moitié du XIXe siècle va justement mettre l'accent sur l'expression de cette sensibilité du moi qui est soumise à des passions très fortes. On exprime son intériorité.

On est ici à l'opposé du classicisme qui prône plutôt l'ordre, la mesure. et l'harmonie. Dans l'écriture romantique, au contraire, on laisse libre cours à ses sentiments, ses passions, son imagination, mais aussi à la mélancolie qui habite très souvent le héros romantique. On voit ça très bien chez Musset, qui exalte la mélancolie dans ce poème.

Rien ne nous rend si grands qu'une grande douleur. Mais pour en être atteint, ne crois pas, ô poète, que ta voix ici-bas doit rester muette. Les plus désespérés sont les chants les plus beaux, et j'en sais d'immortels qui sont de purs sanglots.

Alfred de Musset, La nuit de mai. La beauté est précisément dans le désespoir. Les plus désespérés sont les champs les plus beaux, nous dit Musset.

Vous ne vous êtes jamais demandé pourquoi les plus beaux films sont toujours les plus tragiques ? Titanic, Bambi, E.T., L'extraterrestre, Requiem for a Dream. Parce que c'est là qu'on est le plus authentique.

Dans le tragique, on est à nu. On ne peut plus tricher. Regardez un peu autour de vous.

Les personnes souvent qui sont les plus intéressantes sont les personnes qui un jour ont rencontré un trauma, une souffrance ou une crise existentielle. Les bisounours avec leur sourire béat sont rarement très intéressants. C'est aussi vrai dans l'amour.

Ce qui nous émeut chez l'autre, c'est souvent... ses failles, ses souffrances, sa sensibilité. Le romantisme nous oblige à faire tomber la carapace qui nous empêche d'exprimer notre sensibilité. C'est d'ailleurs ce qui nous attire autant chez les rock stars comme Kurt Cobain par exemple.

Lorsqu'il chante sa dépression et sa bipolarité dans Smells Like Teen Spirit, il nous donne à voir sa sensibilité comme le poète romantique. Le rythme de la chanson est aussi bipolaire que sa personnalité. On passe d'un rythme très énervé à des passages presque neurasthéniques. Et la voix cassée qui se transforme en cri est là pour nous rappeler la souffrance qui s'exprime.

Les paroles de la chanson viennent renforcer l'expression de cette sensibilité. I'm worse at what I do best, and for this gift, I feel blessed. Je suis le pire dans ce que je fais de mieux, et pour ce cadeau, je me sens béni. Le héros romantique ne cache pas sa mélancolie. Au contraire, c'est le signe de son élection, le signe de sa grandeur.

D'une certaine manière, Kurt Cobain nous donne ici le secret de sa sensibilité. et comment il arrive aussi bien à nous émouvoir par sa musique. Le secret de cette sensibilité réside justement dans la souffrance de son enfance, où après le divorce de ses parents, il se sent rejeté de toutes parts et développe un trouble bipolaire. Cette malédiction devient une bénédiction quand il parvient à la sublimer dans la musique.

Puisque nous sommes dans la musique, examinons à présent ce qui caractérise la musique dite romantique. Et pour cela, j'ai le plaisir de vous présenter le grand pianiste Aïmo Pagin, qui va nous illustrer tout ça. Si vous aimez la musique classique, n'hésitez pas à le suivre sur Insta, Facebook et maintenant TikTok.

Les liens sont dans la description. Je vais vous l'illustrer avec un exemple bien précis, qui est la première balade de Chopin, que vous avez sûrement entendu dans le film Le Pianiste. Voilà, je vais vous jouer la première variante, qui est la variante sans roubato, donc telle qu'il est écrite sur la part de Chauvin.

La deuxième variante est beaucoup plus libre. Elle aura du rubato. C'est-à-dire que l'opato apporte une sorte de subjectivité au morceau, et c'est quelque chose de fascinant, puisqu'il existe déjà à la fin de la période classique. On voit très bien, grâce à cette superbe interprétation d'Aïmopagin, que la musique romantique permet au musicien d'exprimer ses états d'âme, sa sensibilité, un peu comme Kurt Coben qui exprimait sa bipolarité dans les variations de rythme de sa musique.

Donc nous voyons que l'art est un plaisir qui fait appel à notre sensibilité. Mais c'est quoi la sensibilité au juste ? Est-ce que ça inclut tous les plaisirs qui viennent de nos cinq sens ?

N'y a-t-il pas une différence profonde entre le plaisir d'écouter Chopin ou Kurt Cobain et le plaisir de manger un bon tacos ? C'est la raison pour laquelle le philosophe Kant va faire une distinction entre le beau et l'agréable. Dans le langage courant, on peut affirmer qu'on aime les tacos et qu'on aime la musique classique. On peut parler aussi d'un bon tacos ou de la bonne musique. Dans les deux cas, nos sens sont excités.

Le sens du goût pour le tacos, le sens de l'ouïe pour la musique classique. Mais est-ce que c'est vraiment la même chose ? Le philosophe Kant admet effectivement que dans les deux cas, nous ressentons une certaine forme de plaisir.

Mais ce n'est pas le même plaisir. Le plaisir lié au goût, on va l'appeler agréable. C'est un plaisir qui est complètement subjectif, parce qu'il ne se discute pas. Certains aiment les fromages qui puent, d'autres les soupes de chauve-souris. Bref, les goûts et les couleurs, ça ne se discute pas.

Cette forme de plaisir, Kant l'appelle l'agréable. Ce sont les plaisirs liés à notre corps. Un massage peut être agréable ou un tacos est agréable, ce sont des sensations purement corporelles. Mais dans la beauté, nous dit Kant, c'est très différent. Et d'ailleurs spontanément, on se rend bien compte qu'il y a une énorme différence entre le plaisir que nous avons à écouter une musique et le plaisir que nous avons à manger un tacos, par exemple.

Dans le cas de la musique, il y a quelque chose en moins, mais ce qui est intéressant, c'est que cette chose en moins... lui donne quelque chose en plus. Je m'explique.

Quand je contemple une peinture ou que j'écoute un morceau de musique, mon corps n'est pas complètement engagé, il reste à distance. C'est ce que Kant appelle un plaisir désintéressé. Le plaisir que j'ai de voir un tacos, c'est le désir que j'ai de le manger.

En soi, il n'y a rien de beau dans un tacos. Par contre, quand je contemple la Vénus de Milo, et que je la trouve belle, je sais bien qu'il ne se passera rien avec elle. Je me contente de sa représentation.

Bon, à moins d'être sculpturophile, mais on va laisser ça de côté. C'est toute la différence, nous dit Kant, entre le beau et l'agréable. Il n'y a rien d'agréable avec la Vénus de Milo, puisque je n'attends rien d'elle. Je ne peux pas en jouir.

Je peux seulement contempler sa beauté. Donc pour résumer, dans la beauté, il y a quelque chose en moins, c'est la jouissance corporelle, ou la consommation de l'objet, si vous voulez. Mais cette chose en moins nous permet quelque chose en plus. Et c'est la raison pour laquelle les humains valorisent plus la beauté que l'agréable. Dans la beauté, il y a quelque chose de supérieur, de plus intellectuel, de plus spirituel.

Quand j'écoute mon morceau de musique préférée, il y a quelque chose qui se passe au niveau de mon esprit. Quand je contemple la beauté d'une cathédrale, par exemple, mon esprit éprouve un plaisir qui ne se réduit pas à une sensation corporelle, c'est un plaisir plus élevé. C'est toute la différence entre Nikita Bellucci et Monica Bellucci.

Si on regarde Nikita Bellucci, c'est parce qu'on recherche un plaisir agréable, corporel. Mais quand on regarde un film de Monica Bellucci, c'est désintéressé. Car ce qui compte, c'est avant tout son jeu d'actrice, la façon dont elle parvient à nous émouvoir en incarnant un personnage.

On peut dire d'un film de bowling qu'il est agréable, mais est-ce que c'est vraiment beau des organes génitaux en gros plan ? Pas vraiment. Et la preuve, c'est qu'une fois la jouissance passée, on arrête immédiatement de regarder.

C'est la raison pour laquelle on ne mettra jamais sur le même plan une star de cinéma et une star du X. Dans les deux cas, il y a du plaisir, mais un abîme les sépare. Dans un cas, il s'agit de beauté, et dans l'autre simplement d'un plaisir corporel agréable. Les métamorphoses du moi.

La métamorphose, c'est ce qui change de forme, ce qui se transforme. On retrouve ce terme grec pour la première fois dans les poèmes mythologiques d'Ovide. Le moi, c'est notre identité personnelle, c'est-à-dire ce qui reste identique malgré tous les changements. Je peux changer de vêtement, prendre 5 kilos ou en perdre 10, je resterai moi-même. Tout le problème est de savoir s'il existe quelque chose comme un moi bien délimité dans notre esprit.

Dans un premier temps, nous allons voir que le moi est au fondement de nos connaissances. Et dans un second temps, nous allons voir qu'il n'est pas aussi stable que nous pensons. Le moi comme fondement de toute connaissance. Le philosophe Descartes se pose la question de savoir s'il existe une vérité indubitable, c'est-à-dire une vérité dont je ne peux pas douter. Là, vous me voyez en train de vous parler, mais peut-être que vous êtes en train de rêver et que je n'existe pas.

Peut-être que vous êtes dans la matrice. Comment être sûr de la réalité de tout ce qui m'entoure ? Descartes répond que je peux douter de tout, sauf d'une seule chose.

Je peux douter de l'existence du monde, peut-être que nous sommes dans un programme informatique virtuel, mais il y a une seule chose qui est certaine, et cette chose, c'est justement que je suis en train de douter. Car même si je doute que je suis en train de douter, Je suis encore en train de douter. Donc le doute est la seule chose certaine que je ne peux pas remettre en question. Car quand je le remets en question, je suis encore en train de le réaffirmer. Donc je suis certain de douter.

Et douter, c'est une forme de pensée. Donc Descartes va ramasser tout ça dans une formule qu'on appelle le cogito. Je pense, donc je suis.

On pourrait dire aussi je doute, donc je suis, si vous voulez. Ça ne veut pas dire que Descartes doutait vraiment de l'existence du monde, hein. Mais c'est une méthode qui lui permet de découvrir...

que la seule chose dont je suis vraiment certain, c'est d'abord ma propre existence. C'est-à-dire l'existence de mon esprit. Cette idée philosophique peut paraître un peu abstraite, mais elle reflète bien le changement de mentalité qui a lieu après le Moyen-Âge.

Dans l'Antiquité et au Moyen-Âge, l'individu n'existe pas vraiment. Il est toujours soumis soit à la communauté, soit à la tradition, soit à la religion. Cette idée que nous pouvons choisir un métier, de croire en Dieu ou de ne pas y croire, d'obéir à une religion ou de ne pas y obéir, bref, de faire des choix individuels, qui ne sont pas conditionnés par la société dans laquelle nous sommes, c'est une idée qui fait son chemin à partir de la Renaissance jusqu'à aujourd'hui. Quand Descartes découvre cette idée que la connaissance du monde doit être fondée d'abord à partir de moi-même, c'est une idée profondément moderne.

Elle n'aurait pas pu germer dans l'esprit d'un homme de l'Antiquité. Ce changement apparaît aussi dans la littérature avec l'apparition du genre autobiographique chez Rousseau par exemple. On voit ça dans les Confessions, où l'auteur se livre entièrement sans rien cacher de sa vie.

de la manière la plus sincère possible. Dans l'Antiquité, ce qui est digne d'être raconté, ce n'est pas la vie personnelle et intime de l'auteur. Au contraire, l'auteur disparaît souvent derrière le récit, qui doit parler de choses bien plus importantes. L'histoire des guerres entre deux cités, par exemple.

Vous pensez à l'Iliade, chez Homer, où on nous raconte la guerre de Troie. Ça ne viendrait pas à l'idée d'un Athénien ni de raconter sa vie intime, ni même de lire celle de quelqu'un d'autre. Car l'individu n'a pas encore cette importance fondamentale qui caractérise la modernité.

Voici ce que dira Rousseau dans ses Confessions. Je forme une entreprise qui n'eut jamais d'exemple et dont l'exécution n'aura point d'imitateur. Je veux montrer à mes semblables un homme dans toute la vérité de la nature, et cet homme ce sera moi, moi seul. Je me suis montré tel que je fus, méprisable et vil quand je l'ai été, bon, généreux, sublime quand je l'ai été.

J'ai dévoilé mon intérieur tel que tu l'as vu toi-même. Rousseau, Les Confessions. Au siècle des Lumières, où Rousseau écrit L'individu se libère non seulement de l'emprise de la monarchie et de la religion, mais en se libérant, il libère aussi son individualité. Il devient important de commencer à en parler, de parler de ce qui nous est le plus intime, car on prend conscience qu'aucun individu n'est semblable à un autre. Il dira ainsi dans le même passage Je sens mon cœur et je connais les hommes, je ne suis fait comme aucun de ceux que j'ai vus, j'ose croire n'être fait comme aucun de ceux qui existent, si je ne vaux pas mieux, au moins je suis autre.

On voit ici que Rousseau ne pense pas être meilleur qu'un autre, mais il tient à exposer sa différence. Je ne suis pas les autres, crois-moi dira Céline Dion dans la chanson écrite par Jean-Jacques Goldman. Vous pouvez faire le lien ici avec le chapitre précédent où nous avons parlé du romantisme.

Rappelez-vous, le romantisme consiste justement à exprimer notre vie intérieure la plus intime, que ce soit dans la musique, la littérature ou la poésie. Venons-en à présent à la critique du moi. Est-il si sûr que nous possédons un moi bien délimité dans notre esprit, qui contrôle tous nos gestes et nos pensées ? Les frontières du moi ne sont pas stables. Le père de la psychanalyse, Sigmund Freud, nous explique que le nourrisson, lorsqu'il vient de naître, ne possède pas encore un moi bien identifié.

C'est d'ailleurs ce que remarque avant lui le philosophe Kant. Souvent, les petits-enfants parlent d'eux-mêmes à la troisième personne. Ils disent Tommy veut un bonbon Tommy veut du Nutella Tommy veut aller se promener D'ailleurs, au départ, c'est pas très clair, ni pour le bébé, ni pour la maman.

Au départ, le bébé est un organe de la maman. C'est aussi pour ça, d'ailleurs... que l'avortement est légal pendant les premiers mois, car on considère que le bébé ne possède pas encore un mois bien identifié. Il fait partie du corps de la mère, il est même relié à elle par un cordon.

Et d'ailleurs, même lorsque le bébé sort du ventre maternel, il est encore lié au corps de la mère par l'allaitement. Et pas seulement par l'allaitement, car le bébé réclame le corps de la mère pour s'apaiser ou pour s'endormir. Dans Le malaise dans la culture, Freud affirme que la frontière entre le moi du bébé et celui de la maman n'est pas très bien délimitée. Et d'ailleurs, la maman aussi a du mal à poser cette limite. Elle a tendance à croire que le bébé fait partie d'elle-même.

Dans le film Psychose de Hitchcock, le personnage de Norman a subi une mère possessive. Il vivait seul avec sa mère, replié du monde, au point que Norman n'a jamais pu couper ce cordon. Il en est devenu schizophrène au point finalement de tuer sa mère et de se métamorphoser en elle. Il est alors atteint d'un trouble dissociatif de l'identité, comme si sa mère prenait possession de son esprit. Rappelez-vous du titre de ce chapitre, Les métamorphoses du moi Ce film de Hitchcock est une excellente citation sur cette question, puisque le personnage de Norman se métamorphose en sa propre mère.

Vous pouvez aussi dire que ce film est inspiré du livre Psychose de Robert Bloch. Mais ce qui est vrai de la maladie mentale, nous dit Freud, est aussi vrai dans une certaine mesure de la vie normale, car un fou, c'est quelqu'un qui pousse à l'extrême une tendance normale de notre esprit. Je vais prendre un exemple que donne Freud.

Lorsqu'on est amoureux, on a parfois envie de faire un avec l'être aimé. Et d'ailleurs, si un extraterrestre regardait deux personnes en train de faire l'amour, il se demanderait si on n'essaye pas de fusionner en se mélangeant l'un à l'autre par toutes les parties de notre corps. L'amour est un phénomène qui montre bien que les frontières du moi ne sont pas fixes.

On se montre parfois même possessif et jaloux comme si la personne nous appartenait. On a donc vu que la maladie mentale pouvait venir d'un trouble dans l'identité du moi, mais à l'inverse, imaginez quelqu'un qui a une carapace énorme autour de son moi. Il pourrait aussi en devenir malade.

Prenez l'exemple de Danny Boon dans Superchondriaque. Il joue un personnage hypochondriaque, c'est-à-dire qui a une peur panique des maladies. La maladie, c'est un corps étranger qui fait effraction en vous. Même quand Danibou n'est fou amoureux d'une fille, il ne peut pas l'embrasser par peur de se faire contaminer.

Mais vous vous rendez bien compte que la construction d'une carapace trop forte autour de notre moi peut aussi nous conduire à développer des maladies mentales. Si vous avez tout le temps peur de fragiliser votre moi, alors vous ne tomberez jamais amoureux. Car tomber amoureux, c'est précisément prendre le risque de souffrir en ouvrant son cœur à quelqu'un d'autre.

Alors oui, c'est vrai, avec une telle carapace, vous n'aurez jamais de chagrin d'amour. Mais une vie sans amour vaut-elle le coup d'être vécue ? La psychanalyse freudienne consiste à trouver le juste milieu entre un moi inexistant et un moi trop barricadé qui ne laisserait personne rentrer.

Si vous voulez approfondir tout ça, allez voir ma fiche philo sur l'inconscient, et vous verrez notamment que le moi ou la conscience n'est que la partie émergée de notre esprit, et qu'il est loin de pouvoir tout contrôler. Voilà, vous avez maintenant terminé ce premier semestre HLP de Terminal, abonnez-vous pour avoir le deuxième semestre.