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Conséquences géopolitiques et sociales de la Shoah

Avec la Shoah, le monde découvre l'horreur antisémite poussée à son extrême. Entreprise de conscience et bouleversement géopolitique, arrive le temps de grands espoirs et de nouvelles inquiétudes. Générique Janvier 1945. En route vers Berlin sur le front de l'Est, la centième division de l'armée rouge découvre par hasard les camps d'Auschwitz-Birkenau, le plus grand complexe concentrationnaire et d'extermination du Troisième Reich. Pour chasser, Déshumanisés, 6 millions de juifs ont été assassinés durant la seconde guerre mondiale par fusillade de masse ou par gaz. De fait, les deux tiers des juifs européens ont été tués. Ils restent des survivants. Ils ont souvent perdu des membres de leur famille, ou leur famille entière a été probablement brisée. Par ailleurs, de nombreux gouvernements sont réticents à reconnaître que la souffrance des Juifs est d'une nature différente de celle du reste de la nation. La plupart des survivants ne gardent pas un souvenir très agréable de ce retour. Ils ne furent pas accueillis à bras ouverts. L'histoire de mon père, par exemple. Il a lui-même été libéré des camps de la mort en mai 1945. Et lorsqu'il est rentré dans sa ville natale, près d'Auschwitz, des Polonais s'étaient approprié sa maison. Et ils ont réagi ainsi. Quoi ? Des Juifs ont donc survécu ? Et ils reviennent maintenant ? Et ce type de témoignage était courant. Au sortir de la guerre, 240 000 survivants de la Shoah reviennent s'installer dans leurs villes et villages polonais. Ils étaient 3 500 000 en 1939. Avant-guerre, qu'ils saient compter 24 000 Juifs. Ils ne sont que 200, moins de 1% à rentrer. Découvrant leur maison occupée par des Polonais, n'ayant nulle part où aller, 160 d'entre eux sont accueillis dans un immeuble mis à leur disposition par une organisation juive. Ils vont y recommencer leur vie. Mais à peine un mois après leur installation, une rumeur parcourt la ville. Des Juifs auraient séquestré un enfant dans cet immeuble. Ils sont accusés d'avoir enlevé le jeune garçon afin de pratiquer des transfusions sanguines prétendument nécessaires à leur survie au sortir des camps de la mort. Les ouvriers ont été informés par la famille de l'enfant. Les parents travaillaient à proximité de l'usine. Et aux alentours de midi, ils se sont rassemblés devant le bâtiment. C'est ainsi qu'a commencé le pogrom de Kielce. Une habitante raconte. J'ai vu une femme tuée à bout portant et tombée par le balcon. Puis ils ont commencé à jeter les gens dans l'eau. Ils les achevaient à coups de bâton dans la rivière. La rumeur qui a parcouru Kilsé porte un nom. C'est le retour des légendes de sang. Durant l'Antiquité, on accusait les Juifs de tuer des enfants pour utiliser leur sang dans des rituels religieux. réapparu sous la forme d'un mythe chrétien au Moyen-Âge, recyclé par la Russie tsariste, réutilisé par les nazis, cette légende a traversé les siècles. En fait, derrière les légendes de sang, il y a aussi des raisons économiques des meurtres. Ces raisons ont existé de tout temps. C'était déjà le cas pour la première accusation de crime rituel en Europe, sur les juifs de Norwich. Et ici, à Kielce, ici... Les motivations économiques sont toutes aussi évidentes. Au cours de ce pogrom, 42 juifs sont tués et 80 blessés. La brutalité du pogrom de Kilsay a mis fin à l'espoir de beaucoup de juifs de se réinstaller en Pologne après la fin de l'occupation nazie. Bien sûr, les Polonais n'étaient pas moins antisémites après la guerre. Beaucoup de gens ont profité des biens juifs. Il y avait très peu à se partager. Ainsi, tous ceux qui reviennent sont vus d'une certaine manière comme des concurrents. La plupart ne voulaient pas rester là-bas, mais aussi parfois parce qu'ils ne voulaient pas vivre dans un régime communiste. Mais où pouvaient-ils aller alors ? En Israël ? Ce pays n'existait pas encore. Les Britanniques avaient verrouillé les portes de la Palestine. Les Américains, quant à eux, avaient des lois d'immigration très strictes. Le résultat fut que tous ces Juifs d'Europe de l'Est arrivaient paradoxalement en Allemagne dans des camps de transit. Ces personnes-là vont avoir un nom, displaced persons, des personnes déplacées. Et il va donc se constituer en Europe, au cœur de l'Europe, un problème humanitaire. Avec ces deux ou trois cent mille juifs qui disent, nous on ne peut pas ou on ne veut pas retourner. En Allemagne ou en Pologne, pour eux, l'Europe est un cimetière. Et parmi eux, beaucoup se souviennent qu'ils ont un cousin, un frère, un neveu, qui a eu la bonne idée, lui, de partir en Palestine dans l'entre-deux-guerres. Qu'est-ce qu'on fait de ces personnes-là, qui ont vécu la pire des expériences humaines ? Et là, à l'ONU, et je dirais dans l'opinion publique internationale, on comprend qu'on ne saurait opposer de veto à leur demande élémentaire de trouver, de se retrouver dans cette patrie. qui va faire d'eux des citoyens. Pour beaucoup de juifs rescapés, la Palestine devient la principale destination possible. Ils veulent rejoindre les 600 000 juifs déjà présents sur ce territoire et qui ont posé les fondations d'un futur État en construisant infrastructures, administrations et universités. La création d'un État-refuge confère une légitimité morale au combat des juifs arrivé depuis la fin du XIXe siècle. Le 29 novembre 1947, l'Assemblée Générale des Nations Unies adopte une résolution prévoyant un partage entre un État arabe et un État juif. L'ONU confie cette mission aux Britanniques encore présents sur le territoire. Le plan de partage est rejeté par le leadership arabe déterminé à l'empêcher par les armes. Les Britanniques décident alors d'abandonner leur mission et précipitent leur départ. Le 14 mai 1948, David Ben-Gurion proclame la naissance de l'État d'Israël. Et là c'est une révolution copernicienne pour le peuple juif et qui a des conséquences sur... à la fois la nature de l'antisémitisme, mais sur la manière dont l'antisémitisme est vécu et perçu. Le traumatisme qui a été infligé aux juifs au cours du XXe siècle fait que les juifs ont le sentiment que quelque part, au moins, les lois ne peuvent pas changer puisque c'est un pays pour les juifs. Le lendemain de l'indépendance d'Israël, les pays arabes voisins déclarent la guerre à l'État juif. et considèrent alors différemment leur propre population juive. Les juifs d'Irak et du Yémen sont les premières victimes d'un antisémitisme prenant prétexte de la création de l'État d'Israël. En l'espace de deux ans, la quasi-totalité d'entre eux quittent leur pays après avoir perdu leur nationalité. Nous avons dû quitter notre propre pays comme des criminels. Les juifs n'osaient pas aller dans les rues. Chacun avait compris que nous ne pourrions plus vivre ici. Pour les juifs qui ont dû fuir les terres arabes, la guerre d'indépendance a été un déclencheur. Mais il y avait déjà eu auparavant d'autres exemples de violence envers les juifs en terres arabes. En fait, c'est une assez longue histoire. En 1948, il reste encore 850 000 juifs en terres arabes. Pendant ce temps-là, sur le continent européen, c'est en Union soviétique que réside désormais la plus importante communauté juive. Ils sont 2 millions. Présents dans toutes les couches de la population, certains font aussi partie des élites culturelles et politiques. Protégés individuellement dans leur engagement au sein du régime soviétique, il leur est difficile, parfois impossible, de préserver leur identité juive. Le 4 octobre 1948, Golda Meir, qui avait quitté l'Empire russe et ses pogroms au début du siècle, est nommé ambassadrice d'Israël à Moscou. L'URSS est le premier État à reconnaître l'État juif. Dans les rues de Moscou, des dizaines de milliers de Juifs accueillent Golda Meir au cri de Le peuple juif est en vie Mais Staline est méfiant. C'est pour lui la manifestation trop criante d'un nationalisme juif. Elle est reçue avec un enthousiasme, avec une émotion, lorsqu'elle se rend à la synagogue de Moscou. C'est vraisemblablement ce qui fait peur aux soviétiques. Ils ont le sentiment que cette communauté juive se reconnaît dans ce nouvel État d'Israël qui vient à peine de naître. C'est là que le tournant antisémite de la politique soviétique va prendre toute son ampleur. Deux mois plus tard, Staline organise la liquidation du comité antifasciste juif après avoir commandité l'assassinat de son président, Solomon Meholz. Soucieux de l'adhésion au communisme, Staline lutte contre toutes les religions et veut renforcer l'identité slave comme point de ralliement à l'URSS. Désormais, les journaux, les maisons d'édition et les théâtres yiddish sont interdits. Et Staline orchestre publiquement l'arrestation de milliers de juifs. Pour la première fois, en Europe, après la Shoah, on a un régime qui mène ouvertement une campagne d'antisémitisme d'État. En 1952, Staline souhaite mettre la République tchécoslovaque au pas et se débarrasser de la direction en place à Prague. Le 20 novembre s'ouvre le procès de 14 membres importants du Parti communiste qui sont accusés de conspiration. 11 des accusés sont juifs. Parmi eux, Rudolf Slansky, secrétaire général du parti. Dans le cas du procès Slansky, du procès de Prague, les Soviétiques font appel à un imaginaire séculaire de l'antisémitisme, le juif est par nécessité un traître par excellence. Slansky va être présenté comme un suppôt du sionisme. Avec ce mot valise de sionisme, on va trouver le subterfuge. Au lieu d'employer on ne peut pas, cet interdit pèse encore, et plus encore après la seconde guerre mondiale. On ne peut pas s'afficher ouvertement antisémite, il suffit de leur plaquer cette étiquette infamante. Et en gros, dans ce vocabulaire-là, sioniste veut dire juif. Qui a fait ces actions ? Les actions ont été faites à l'aide d'organisations sionistes, les députés étaient d'Israël. Le dernier témoin, appelé à la barre, Simon Orenstein invente une histoire. Il raconte que les dirigeants sionistes auraient pour objectif de détruire le bloc de l'Est et de contrôler le monde à partir d'une base militaire secrète. Le mythe du complot juif inventé par la Russie tsariste, réutilisé par les nazis, est à présent recyclé par Staline sous la forme d'un complot sioniste. Six semaines plus tard, Staline met en scène à Moscou un procès spectaculaire appelé Le complot des blouses blanches. Des médecins du Kremlin, presque tous juifs, sont accusés d'avoir tenté d'empoisonner des dirigeants communistes sur ordre d'une organisation juive internationale. Staline meurt trois mois plus tard. L'écrivain Vassily Grossman travaille alors à un roman qui dénonce sans concession la société soviétique pendant et après guerre. L'antisémitisme se rencontre aussi bien sur un marché qu'à l'académie des sciences, dans l'âme d'un vieillard que dans les jeux d'enfants. Il est le miroir des défauts d'un homme pris individuellement, des sociétés civiles et des états. Dis-moi ce dont tu accuses les juifs et je te dirai ce dont tu es toi-même coupable. Le manuscrit et toutes les copies seront saisies par le KGB. L'Union soviétique n'était pas un pays racial, racialisant, raciste, mais un pays qui fonctionnait en permanence avec du racisme. Et donc il faut lire l'antisémitisme dans ce contexte-là. Et par ailleurs, il est très important de rappeler que les Juifs, même s'ils étaient les ennemis par excellence de l'Union soviétique, n'étaient pas les seuls. Il faut penser au destin des Tchétchènes, au destin des Tatars, au destin des Coréens, au destin des Ukrainiens, autant de minorités qui ont été persécutées en masse et à une échelle bien plus grande en termes du nombre de victimes. Le régime soviétique a opéré un tournant antisémite quand il a eu besoin de se renforcer et de mobiliser les foules. Cet outil politique, l'antisémitisme fonctionnel, est à nouveau utilisé longtemps après son apparition, il y a plusieurs siècles. L'adjectif fonctionnel a collé à l'antisémitisme. est une façon de comprendre finalement pourquoi cette doctrine de haine a connu une telle longévité. C'est une façon de signaler que l'antisémitisme sert surtout à des personnes qui soit détestent vraiment les Juifs, soit ont intérêt à détester les Juifs ou à faire croire qu'ils détestent les Juifs ou qu'ils les considèrent de manière... négative. Et comme l'a montré Anna Arendt, Ces régimes totalitaires ont besoin en permanence d'être mobilisés au service de quelque chose ou contre quelque chose, et d'ailleurs plutôt contre quelque chose. Tout comme en URSS, pour asseoir leur autorité, les leaders du monde arabe vont pointer des ennemis intérieurs. L'antisémitisme fonctionnel va devenir l'un des instruments de cette stratégie. Le 14 novembre, Gamal Abdel Nasser devient premier ministre d'Egypte. Après avoir consolidé son pouvoir, il unit le monde arabe sous sa direction et en devient le porte-parole. Dans le monde arabo-musulman, en quelques années, l'antisémitisme moderne va entrer dans une nouvelle dimension. Le nationalisme arabe a sa principale origine en Égypte. Nasser avait une grande admiration pour le nationalisme européen en général et pour le nationalisme allemand en particulier. Et il avait choisi de suivre ce modèle pour restaurer l'identité et la fierté arabe, redonner vie à un destin arabe. Ses discours, ses diatribes et ses politiques contre l'État juif et contre l'entité sioniste sont marqués par des enjeux de lutte de pouvoir. Ils portent bien plus sur un enjeu politique que sur une question de pureté et d'identité. Au cœur de plus en plus de discours, Israël et les Juifs deviennent les responsables de la difficulté à réaliser l'unité du monde arabe. En Égypte, ils sont présentés comme une cinquième colonne et la cause des malheurs du pays. C'est le retour d'une accusation propagée ici 2000 ans plus tôt. À Alexandrie, en 38 après Jésus-Christ, les Juifs étaient considérés comme responsables de la chute de l'Égypte aux mains des Perses, puis des Grecs et enfin des Romains. Il faut expliquer l'échec. Et quand il faut expliquer l'échec, il faut mobiliser des explications. Rationnelles. et irrationnel. On va dire on a échoué parce que les juifs dominent le monde. Parce que les États-Unis sont à la solde d'Israël. Parce que la presse, les médias sont tenus par des Juifs. On a réactualisé l'idée qu'on ne combattait pas les Juifs en tant que tels, mais qu'on combattait une engeance qui était liée, non pas protégée, mais qui était d'essence, en quelque sorte satanique. Et c'est ce qu'on retrouve bien, effectivement, dans la caricature arabe à partir de 1948, où l'on voit effectivement les stéréotypes qui étaient ceux de la caricature nazie. Et donc, il y a encore une fois cet idée. idée très prégnante et qui permet de rassurer. Si on prête aux Juifs le fait d'avoir des liens secrets avec le démon, avec Satan, eh bien on peut effectivement justifier pourquoi on n'est pas capable d'en terminer à cet état-là. Sans savoir lire l'arabe, j'ai pu identifier des exemples de titres en alphabet latin qui apparaissent comme des références bibliographiques d'ouvrages polonais. C'est la Pologne catholique. qui a infecté la Russie avec ses légendes de sang. Et ces accusations voyagent et circulent vers les pays arabes. Peu importe où on vit, on peut toujours y croire pour se rassurer. Pour propager l'existence d'un complot juif, Le frère de Nasser va se servir lui aussi des protocoles des sages de Sion, la propagande antisémite la plus vendue à travers le monde. Il édite une nouvelle version et la diffuse dans le monde arabe. Moi j'ai été saisi en visitant au Caire le bazar dans lequel il y avait en arabe la version actualisée des protocoles des sages de Sion. J'étais stupéfié de voir ce faux fabriqué par la police zariste, remis au goût du jour par Goebbels, à présent dans un bazar au Caire. L'histoire a un impact sur la psychologie des peuples. Si vous prenez les guerres où les pays musulmans attaquent Israël, et Israël sort victorieuse, dans ce cas, ils ne sont plus du côté des faibles, ils deviennent les plus forts. Cela peut conduire à des réactions psychologiques particulières. Comment expliquer que dans la tradition islamique, les juifs sont censés être inférieurs alors que la réalité nous montre que ça ne marche pas ? Donc il est très facile pour certains de se convaincre que cela n'est possible seulement s'il y a un complot. Les islamistes aussi propagent l'idée d'un complot juif. Déjà durant la seconde guerre mondiale, le grand moufti de Jérusalem, allié des nazis, diffusait cette rengaine sur les ondes radio à destination du monde arabe. En 1954, c'est au tour du plus grand mouvement islamiste, les frères musulmans, d'en être le principal promoteur en radicalisant encore son discours. Une radicalisation incarnée par Saïd Koutoub, son idéologue le plus influent. Il est alors connu comme le théoricien du djihad armé et l'auteur du livre Notre combat contre les juifs Pour Saïd Koutoub, les juifs sont contagieux et c'est dans leur sang. Voilà pourquoi ils doivent être exterminés et ne peuvent être sauvés, convertis ou assimilés. Quand il dit que l'essence des juifs est diabolique, il ne veut pas dire que tous les juifs sont diaboliques. Il veut dire que tout ce qui est diabolique est juif. Et les juifs seraient responsables de tous les maux de l'islam, en conspirant contre lui de toutes les manières possibles, en utilisant le christianisme par exemple. Et c'est vraiment un élément fondamental de la pensée islamiste. Qutb a été la référence et a influencé de nombreux leaders islamistes. Osama bin Laden, Al-Qaïda, Hassan al-Turabi au Soudan. Ahmed Hassan, le fondateur du Hassan, Nasrallah, du Hezbollah, Koutoub a eu un impact sur chacun d'entre eux. En 1956, suite à la nationalisation du canal de Suez par l'Egypte, un conflit l'oppose à Israël, l'Angleterre et la France. Les juifs égyptiens sont déclarés officiellement ennemis de l'État. Dans les mosquées, sur ordre du pouvoir, on promet leur expulsion prochaine. Privés de leurs biens et de leur nationalité, ils sont contraints de partir. Dans les 15 ans qui suivent, les populations juives quitteront dans leur grande majorité l'Algérie, la Tunisie et la plupart des pays du monde arabo-musulman où elles vivaient depuis des siècles. La discrimination, les intimidations et les violences, sans être les seuls facteurs, sont déterminantes dans ces départs. Dans ces pays, il n'existe plus vraiment de communauté juive, mais l'antisémitisme continuera à se développer. Quand le juif est diabolisé, quand le juif devient la source de tout le mal, le juif devient aussi invisible que Satan. Le juif n'est pas quelqu'un que l'on peut voir et montrer du doigt. Le juif est un concept, pas une personne. Dans ces pays, un antisémitisme sans juif imprégnera une partie de l'opinion, au point de devenir acceptable et visible dans des programmes grand public à la télévision. On le retrouve même dans des caméras cachées, où l'on s'amuse à faire croire à des personnalités qu'elle participe à une émission avec des juifs israéliens. L'antisémitisme n'est plus tabou, mais assumé. C'est devenu un divertissement. Vous avez des billets ? C'est un pays d'Egypte ou quoi ? L'hostilité à l'égard des juifs sur des territoires dont ils sont absents est un phénomène déjà rencontré à travers les siècles passés. L'anti-judaïsme ne concerne pas seulement les juifs réels. Il ne s'agit pas seulement de juifs, de chair et d'os. Un système de pensée entier a été construit à partir d'une haine spécifique fondée sur le juif comme symbole d'un peuple particulier qui représenterait l'aversion qu'on a pour tout et n'importe quoi. Au milieu des années 50, les juifs représentent 0,005% de la population mondiale. Un tiers d'entre eux vit en Europe. Ils sont 3 500 000. En Israël, leur nombre avoisine 1 600 000 personnes. C'est désormais en Amérique que vivent plus de la moitié des populations juives. Ils sont près de 7 millions. Aux États-Unis, même si les juifs sont libres et égaux, un antisémitisme racial s'est installé dans certaines institutions. La majorité des plus grandes universités américaines, entre les années 1920 et les années 1960, voulaient limiter le nombre d'étudiants juifs. Ils ont imposé des quotas dans l'objectif de maintenir essentiellement l'identité WASP de leurs institutions. Le futur écrivain Philip Roth est un étudiant à l'université Rogers de Newark, au milieu des années 50. Bien que déçu par cette politique de quota, ce numerus clausus, il veut incarner la fierté d'une identité à la fois juive et américaine. Les enfants juifs de ma génération et moi avons grandi avec ce sentiment fabuleux qu'aucun d'entre nous n'avait moins de droits que les autres américains. Nos grands-parents s'étaient arrachés à leur shtetl, et quand j'essayais de reconstituer les détails de notre existence préaméricaine, je me heurtais à une amnésie volontaire, et qui n'était pas propre à ma famille. Un événement va réveiller la mémoire et le souvenir de l'antisémitisme chez de nombreux juifs américains. En 1961, le procès d'Adolf Eichmann a une résonance internationale. Criminel de guerre nazie, il est l'un des responsables de la mise en œuvre de la solution finale durant la Seconde Guerre mondiale. Son procès donne la parole à de nombreux survivants et constitue la première poursuite devant un tribunal pour crimes contre le peuple juif. Avec le procès Eichmann, pour la première fois, beaucoup de juifs aux États-Unis se retrouvent réellement confrontés à l'ampleur de ce qui s'était passé en Europe sous la domination nazie. Cela a produit une forme de judaïsme très militant. De nouveaux groupes très militants apparaissent. Ils scandent plus jamais ça. On se rend compte dans les années 1950, les années 1960, qu'il y a une participation de juifs en tant que personnalité ou en tant que militants au mouvement pour les droits civiques. Il y a quelque chose qui est très fort et qui est la Black Jewish Coalition. Il y a eu cette période où juifs et noirs américains étaient proches et agissaient ensemble pour faire avancer les droits civiques. Et ce ne sont pas seulement des noirs, mais aussi des juifs qui furent assassinés par le Ku Klux Klan et la police dans le sud des États-Unis. Donc il y avait une grande coopération entre juifs et noirs. Les antisémites voient des juifs partout. Moi, j'aimerais bien voir des antisémites, mais je ne les vois pas, car ce n'est pas à la mode aujourd'hui d'être antisémite. Ces années 60 sont un tournant. Aux Etats-Unis comme en France, romans, films et débats télévisés interrogeant l'antisémitisme et son passé se multiplient. Vous serez émus jusqu'aux larmes par ce film qui raconte une histoire vraie, l'histoire d'une bouleversante amitié entre un enfant juif et un vieillard antisémite. 30 000 personnes déjà ont acheté ce livre. C'est pourtant lundi seulement que le prix Goncourt sera décerné officiellement à André Schwarzbart. Un roman choc retrace l'histoire de l'antisémitisme à travers la vie d'une famille depuis le Moyen-Âge. La parole antisémite semble s'éteindre. Il s'était fait une espèce de silence. L'antisémitisme officiel avait disparu. Personne n'aurait osé dire moraux juifs comme avant la guerre, parce que moraux juifs était devenu la mort des juifs. Donc on faisait attention. Et ça a duré comme ça pendant une génération. Les années 60 sont aussi le temps de l'analyse et de l'étude du phénomène dans les universités. De Hannah Arendt à Staline Milgram, sociologues, psychologues et philosophes sont de les mécanismes universels de la haine. Il y a une demande très forte d'essayer d'expliquer le phénomène. Je dirais également avec une certaine... c'est-à-dire en sachant bien qu'on éclaire une part du problème, mais qu'on ne l'épuise pas. À Paris, depuis la fin de la guerre, l'historien Juifs Isaac multiplie les livres faisant la genèse de l'antisémitisme. Au début des années 60, sa parole va avoir un impact mondial sur la perception des juifs. On me dira pourquoi vous tournez du côté de l'antisémitisme religieux chrétien. qui ne joue plus de nos jours qu'un rôle secondaire. Pourquoi ? Parce que je suis historien habitué à considérer de tels problèmes dans toute l'ampleur de leur durée et non pas dans l'instant présent passager, éphémère. L'enquête historique m'a révélé que la racine la plus profonde de l'antisémitisme était un certain enseignement traditionnel chrétien. qui s'est exercée pendant près de 2000 ans, de génération en génération, pendant des siècles, par des milliers de voix. Le 13 juin 1960, Juifs Isaac obtient une audience auprès du pape Jean XXIII. Juifs Isaac va dire à Jean XXIII que ce n'est pas possible pour un chrétien d'être dans ce déni et d'ignorer que sur les terres chrétiennes, des juifs ont été persécutés. Lors de cet entretien, le pape déclare Vous avez le droit à plus que de l'espoir Deux ans plus tard, le 11 octobre 1962, il ouvre à Rome le Concile Vatican II, qui rassemble 2300 évêques venus du monde entier. Ils travaillent à redéfinir la place de l'Église dans le monde. Un de leurs objectifs est d'établir de nouvelles relations entre le christianisme et le judaïsme. J'étais jeune séminariste, je voyageais à Rome pour assister à la dernière session. L'idée était indispensable pour qu'il y ait un regard de nouveau positif sur le peuple juif et sur le judaïsme. La mentalité chrétienne est remplie de diables. Et cette mentalité, il faut l'enlever. C'est le poison qui se trouve dans toute religion. Le pape demande qu'on revoie la liturgie et qu'on revoie le catéchisme, comme le fait de radier dans la liturgie la mention des juifs perfides. En octobre 1965, après trois années de débats, une déclaration est adoptée. Ce qui a été commis durant sa passion ne peut être imputé. Ni indistinctement à tous les Juifs vivant alors, ni aux Juifs de notre temps, les Juifs ne doivent pas être présentés comme réprouvés par Dieu, ni maudits. Comment ne pas célébrer le fait qu'une tradition religieuse aussi ample, aussi installée, aussi puissante, reprenne son passé, le réévalue et cherche à se dire je peux encore exister même en ayant dénoncé cette phase immense de moi-même. Après 2000 ans d'histoire, l'Église a officiellement rompu avec l'anti-judaïsme. 25 ans après la Shoah, En Europe occidentale, beaucoup se mettent à croire à une fin définitive de la haine dont les juifs ont été l'objet. Des années 45 aux années 70, on a eu le sentiment que voilà, tout ceci était en baisse, tout ceci était finalement peut-être quelque chose dont on s'était débarrassé, et on se rend compte que non. En 1970, des organisations terroristes et des mouvements d'extrême gauche commettent une série d'attentats en Allemagne. Comme toujours, l'histoire de l'antisémitisme est faite de continuité et de rupture. L'antisémitisme d'extrême-gauche fit une entrée fracassante. En 1970, il y eut toute une vague d'attentats, souvent oubliés, parmi lesquels un attentat contre une maison de retraite juive à Munich, qui a coûté la vie, entre autres, à des survivants de l'Holocauste. Ces attentats font de tout juif une cible potentielle. afin d'attirer l'attention sur la cause palestinienne. Si l'une des définitions de l'antisémitisme est d'imaginer et d'exagérer le pouvoir des Juifs, il faut considérer ce pouvoir comme le défi primordial à surmonter pour assurer le bien-être de sa communauté et du monde. Israël s'impose alors comme un chapitre très particulier de cette histoire. Dans une partie des mouvements d'extrême droite européenne, mais aussi dans certains mouvements d'extrême gauche, un antisionisme radical se diffuse et estompe ses frontières avec l'antisémitisme. L'antisémitisme de gauche n'a pas totalement disparu. après la Seconde Guerre mondiale, et il va connaître une seconde jeunesse à la faveur du conflit israélo-palestinien qui va reproposer la figure des Juifs en figure d'oppresseur. Mais je crois qu'il est important de dire aussi que toute une partie de l'extrême-gauche n'est pas antisémite, qui trotskiste. qui maoïstes, qui n'ont jamais été antisémites. Le fait de vouloir aussi se donner parfois une dimension anticoloniale peut favoriser ce type de basculement ou des phénomènes de légèreté coupable par rapport à des courants dont il est pourtant manifeste que leur mobilisation politique est une mobilisation... d'hostilité non seulement envers un État en particulier, ce qui déjà en soi pose problème, mais en réalité est une hostilité qui est une hostilité antisémite. Et je pense que c'est peut-être également une des rançons de la réussite de la lutte contre l'antisémitisme, c'est que puisqu'on ne peut plus dire que l'on... détestent les juifs qu'on ne les aime pas, eh bien, on va trouver un véhicule différent pour le dire. L'année 1975 consacre la force de ce mouvement à travers le monde. Le 30 août à Lima au Pérou se tient la conférence des ministres des affaires étrangères des 77 pays non alignés, allant du Yémen au Sri Lanka, de Cuba au Burundi. Malgré les désaccords, ils décident de condamner le sionisme en tant que menace majeure contre la paix et la sécurité dans le monde. Cette rhétorique tiers-mondiste, révolutionnariste, etc. va, dans certains cas, pas systématiquement, mais dans certains cas, ériger Israël comme valet de l'impérialisme, pays fasciste, pays raciste, etc. et créer une représentation entièrement négative. Ça vient d'abord de l'Union soviétique. Ça passe par les gouvernements révolutionnaires qui trouvent là ce dont les sociétés ont besoin en général, ou plutôt ce dont les pouvoirs ont besoin en général pour calmer les critiques, les contestations. C'est un bouc émissaire. Trois mois après la conférence de Lima, le 10 novembre 1975, à l'initiative du Bloc de l'Est et des Pays Arabes, L'Assemblée Générale des Nations Unies, dont le secrétaire général se révèle être alors un ancien nazi, Kurt Waldheim, adopte une résolution décrétant que le sionisme est une forme de racisme. La résolution de l'ONU sera révoquée en 1991, mais l'association Sionisme-Racisme est installée et va durer. Volontairement pour certains au nom de l'antiracisme, involontairement pour d'autres sous la bannière des droits de l'homme, l'antisionisme deviendra l'un des nouveaux visages de l'antisémitisme. Mais pourquoi associer sionisme et racisme ? Vous identifiez le sionisme au racisme, parce que le racisme, c'est le mal. Et quel est notre devoir moral face au racisme ? Nous devons y mettre fin. Je peux critiquer Israël, je peux entreprendre quelque chose contre Israël. Cela n'a rien à voir avec l'antisémitisme. Bien sûr que c'est important. Et bien sûr, tout le monde est tout à fait en droit de critiquer Israël. À partir de cet instant-là, on tombe dans l'antisémitisme. La boucle est bouclée, car on utilise contre des Juifs des images dégradantes que nous connaissons depuis des décennies ou des siècles. Il y a certainement des gens pour qui le pouvoir d'Israël est écrasant. Je pense par exemple à un palestinien vivant en Cisjordanie ou à Gaza. Pour eux, imaginer que la principale menace auxquelles le monde est confronté serait Israël, ou même les Juifs, n'est pas antisémite. Cela paraît à certains égards compréhensible en raison de leurs conditions de vie. Cependant, pour des millions de personnes, imaginez que le principal défi à relever pour le monde entier serait Israël. Ça, c'est différent. Un ignoble attentat raciste a été commis aujourd'hui en fin d'après-midi à Paris. Il s'agit d'une bombe qui a été placée un peu avant 19h devant la synagogue de cette petite rue du 16e arrondissement. Pour la première fois depuis la fin de la guerre, on a assassiné des Français parce qu'ils étaient juifs. Au début des années 80, la série d'attentats déclenchés en Allemagne en 1970 touche le reste de l'Europe. Quel sentiment vous avez aujourd'hui ? J'ai un sentiment de honte, de douleur et de désespoir. Le retour d'actes meurtriers, bien qu'isolés, est une onde de choc. Des centaines de milliers de personnes descendent dans les rues de Paris, Vienne et Anvers. Durant les années 80, les mobilisations de masques contre le racisme se multiplient. La parole antisémite devient un délit dans les lois de nombreux pays. Et l'on se préoccupe avec plus d'intensité du sort des juifs à travers le monde. En Israël, aux Etats-Unis ou en Europe, les opérations de soutien aux juifs discriminés du RSS se multiplient. C'est aussi durant ces années que l'opinion publique européenne mesure avec plus d'intensité l'ampleur du génocide et les conséquences d'un antisémitisme poussé à son extrême. Les négationnistes qui nient l'existence de la Shoah y voient un tremplin pour populariser leur thèse jusque-là confinée dans un petit milieu. Elle va se diffuser au point de devenir un élément central du discours de l'extrême droite. C'est le fantasme antisémite par excellence. Cela correspond parfaitement aux vieilles idées de complot. Parce que comment faire en sorte que des milliers de survivants témoignent de ce qui leur est arrivé dans les camps et dans les ghettos ? Pensez à l'ampleur du complot nécessaire pour réaliser cela. une tromperie à une telle échelle. Curieusement, si vous regardez l'histoire des fantasmes antisémites à l'aune de la conspiration juive, alors la Shoah est en quelque sorte le couronnement de cette entreprise. En réaction, les voyages à Auschwitz et les témoignages de survivants se multiplient. Des procès sont intentés et gagnés en Angleterre et au Canada. Ils démontrent la nature antisémite des négationnistes. En France, l'avocat et ancien ministre de la Justice, Robert Badinter, fait partie de ceux qui les affrontent devant les tribunaux. Tout à l'heure encore, vous a répété, oui, oui, cette entreprise, cette escroquerie. Politico-financière. Alors, ça veut dire quoi ? Si on le traduit dans sa vérité humaine, comme moi je l'ai vécu, ça veut dire que tous ceux qui sont morts, les parents et les autres, tous ceux-là sont devenus des instruments conscients, utilisés. par tous les juifs, pour quoi faire ? Pour arracher des réparations auxquelles ils n'auraient pas eu droit ? Les mots ont un sens, sauf pour ceux qui les utilisent, comme vous. Et pour qu'il n'y ait aucune équivoque, que les choses soient claires. Pour moi, jusqu'à la fin de mes jours, tant que j'aurai un souffle, monsieur Forisson. Vous ne serez jamais, vous et vos pareils, que des faussaires de l'histoire. Des faussaires de l'histoire et de l'histoire la plus tragique qui soit, dont j'espère que l'humanité tirera, elle, la leçon et gardera le souvenir. Il n'a jamais pu, il n'a jamais voulu répondre. Mais je lui ai dit, je lui ai dit mon mépaille pour lui, pour les négationnistes. qui sont rien d'autre que, en effet, je le répète, des faussaires de l'histoire. Deux mille ans après la première apparition documentée d'une violence anti-juive, des politiques de reconnaissance et de réparation sont en marche. Des descendants des juifs expulsés d'Espagne pendant l'Inquisition. Pendant trois ans, Madrid donne la possibilité à ces juifs de demander la nationalité espagnole, un geste très fort dont l'objectif est de réparer une tragédie vieille de cinq siècles. Le report de la Chambre confesse que l'Angleterre a été la place de la mort de Blood Libel en 1144. Si on prend l'histoire de l'antisémitisme, certains ont cherché le système prévisionnel, en se fondant sur des corrélations, en se fondant sur la manière dont ça a fonctionné dans le passé. On n'a pas le système. Nous vivons, nous espérons que tout y revient, et en fait, le mal revient. Il revient parfois de manière bénigne et parfois il revient de manière catastrophique. Lorsqu'on assiste aujourd'hui à une attaque contre une institution juive en Allemagne, On, du moins les membres de la communauté juive, se demande tout de suite, de qui sommes-nous la cible ? Qui nous attaque ? Est-ce que c'est l'extrême droite ? Est-ce que c'est l'extrême gauche ? Ou alors des islamistes ? Cela révèle un réel problème. Les juifs sont redevenus, pour ainsi dire, la cible de groupes et mouvements très hétérogènes différents. Les agressions contre des lieux de culte ou des établissements appartenant à la communauté juive. On va rester avec cette histoire maintenant, car un nouveau survey de londonais juifs dit qu'ils se sentent menacés par l'exécution islamique. 386 actes antisémites ont été recensés, c'est 120 de plus que l'an dernier, sur la même période, je précise. Nous devons confronter la réalité que, autour du monde, l'antisémitisme est sur le reste. Nous ne pouvons pas le dénoncer. Les actes antisémites ont augmenté de 45% en un an, entre janvier et... Un nouvel épisode de l'antisémitisme est en train de s'écrire. Mais sa mise en perspective historique est encore prématurée, car il s'inscrit dans notre actualité. Un nouveau chapitre d'autant plus difficile à lire tant il est nourri à la fois d'espoir et d'inquiétude. Alors que l'antisémitisme n'a jamais été aussi dénoncé, pénalisé, condamné, il redevient parfois décomplexé, parfois ne dit pas son nom. Parfois au nom d'une liberté de haïr ou parfois masqué car trop honteux, il prend des formes nombreuses et nouvelles. Certains le véhiculent sans même en avoir conscience, ni situé dans quelle histoire il s'inscrit. D'autres, au contraire, savent très bien où puiser dans son passé. La résurgence qui se produit aujourd'hui, enfin dans les dernières décennies, c'est un phénomène qu'on ne peut pas expliquer et qui en même temps ne peut absolument pas... Être mis en parallèle avec les montées d'antisémitisme telles que les périodes antérieures en ont connues. Rien ne permet aujourd'hui d'opérer un rapprochement avec l'antisémitisme de la fin du XIXe siècle, ni même d'opérer un rapprochement avec les périodes plus anciennes, médiévales et même des années 30. Le nouvel antisémitisme ne s'inscrit pas dans les lois des pays européens et des Etats-Unis. Mais ces dernières années, son actualité est particulièrement marquée par des assassinats isolés et des attentats meurtriers. Pour la première fois aux Etats-Unis, commis au nom de l'ultra-droite, à Pittsburgh, Jersey City, Monsey. Et à nouveau en Europe, au nom de l'islamisme, dans l'école Oseratora à Toulouse, où trois jeunes enfants sont tués à bout portant. À Paris, Bruxelles, Vienne, ou encore à Halle, en Allemagne. Du côté des antisémites, il y a toujours eu et il y aura toujours des pseudo-arguments pour nourrir leur haine, car le principe de toute leur argumentation n'est pas rationnel. Et c'est sur ce point précisément que repose le grand dilemme de la lutte contre l'antisémitisme. Il est toutefois important, et ça l'était déjà dans le passé, de se battre contre l'antisémitisme avec des moyens rationnels, dans l'esprit des Lumières, par la connaissance. et quand c'est nécessaire, avec des moyens juridiques.