Dans cette vidéo, il s'agira de comprendre comment le progrès technique peut engendrer des inégalités de revenus. Le progrès technique a des effets contrastés sur l'emploi. Il en modifie la structure en vertu d'un processus de destruction créatrice.
Ainsi, le progrès technique peut se traduire par un phénomène de substitution du capital au travail. Les machines remplacent le travail humain, l'intensité capitalistique de la production s'accroît. Le progrès technique peut également être complémentaire au travail.
Dans ce cadre, il génère des créations d'emplois nécessaires à son déploiement. Enfin, le progrès technique peut n'avoir aucun effet sur certains emplois. qui ne sont donc pas concernés par son développement. Dans le cas de la substitution du capital au travail, on aura une baisse de l'emploi pour les travailleurs moyennement ou peu qualifiés. Leur chômage va donc s'accroître et leur revenu baisser.
Dans le cas de la complémentarité entre progrès technique et travail, on assistera au contraire à une augmentation des emplois qualifiés et très qualifiés. Les revenus de ces personnes, plus recherchées sur le marché du travail, vont donc s'accroître. Pour les personnes non concernées par le développement du progrès technique, il n'y aura pas d'augmentation de qualification, donc on assistera plutôt à une stagnation de leurs revenus.
Au total, les revenus les plus modestes stagnent, voire diminuent, tandis que les revenus les plus élevés s'accroissent. On en déduira donc une augmentation des inégalités de revenus du travail. Si le progrès technique induit une augmentation des inégalités de revenus du travail, il a aussi des effets sur les revenus du capital. Pour les détenteurs des entreprises qui voient leur efficacité progresser grâce au progrès technique, il y aura une augmentation des bénéfices et donc des dividendes distribués, sans compter la valorisation du capital. Par contre-coup, la demande d'autres biens patrimoniaux par ces personnes qui s'enrichissent va s'accroître et provoquer une augmentation des prix de ces biens.
Il y aura donc une valorisation de ce capital également. On peut penser aux biens immobiliers ou aux actifs financiers notamment. Pour les entreprises qui ne bénéficient pas des gains de productivité liés au progrès technique, soit elles disparaissent si elles sont en concurrence avec d'autres entreprises qui, elles, en profitent.
Soit leur activité n'est pas concernée par le développement du progrès technique, rien ne change pour elle. Par exemple, le salon de coiffure qui ne connaît pas de changement technologique depuis des décennies. Au total, pour certains détenteurs de revenus du capital, il y aura une forte hausse des revenus, tandis que pour d'autres, il y aura un maintien, voire une diminution des revenus.
On assiste donc à une augmentation des inégalités de revenus du capital. Les évolutions précédentes mettent en lumière le fait que les revenus les plus élevés du capital peuvent pour certains augmenter fortement grâce aux progrès techniques, tandis que les revenus du travail les plus faibles peuvent au contraire se réduire. Les inégalités de revenus primaires entre les 10% les plus pauvres et le 1% les plus riches s'accroissent. Les systèmes redistributifs des pays développés ont pour fonction notamment de réduire ces inégalités.
Ils éprouvent. Plus de difficultés toutefois à assumer cette mission, car les revenus les plus élevés sont aujourd'hui en général moins prélevés qu'il y a 30 ou 40 ans, et peuvent échapper au prélèvement grâce à l'évasion, voire à la fraude fiscale. Les prestations sociales destinées aux plus démunis, si elles augmentent globalement, doivent être réparties sur une population pauvre plus importante. L'efficacité redistributive se trouve donc réduite. Et les inégalités de revenus disponibles brutes entre les plus modestes et les plus riches, ça croisse.
Au sein de chaque nation, les dynamiques de développement peuvent être très différentes selon les régions. Certaines régions vont concentrer des activités innovantes à forte croissance, dans lesquelles les revenus vont progresser plus vite, par exemple la Silicon Valley en Californie, l'Île-de-France et les grandes métropoles régionales en France. D'autres régions restent à l'écart de cette dynamique, car peu d'activités innovantes s'y sont développées, ou parce qu'elles sont spécialisées, dans des activités en déclin.
Les revenus n'y progresseraient donc pas ou peu. Exemple, la Rust Belt ou les États du Sud aux États-Unis, les régions rurales ou aux industries traditionnelles en France.