Plus de la moitié d'entre nous souffre d'un trouble chronique, comme l'hypertension ou une maladie auto-immune. Les taux d'anxiété, de dépression, de troubles post-traumatiques et d'addiction montent en flèche. Pourquoi ? Ces problèmes trouvent souvent leur origine dans des traumatismes, des expériences négatives d'enfance, le stress chronique et fondamentalement un dérèglement du système nerveux.
Voici votre système nerveux autonome. Nous allons l'appeler système nerveux. Il s'occupe d'un grand nombre de vos fonctions automatiques, comme votre rythme cardiaque, digestion et température corporelle.
Il gère également votre survie et votre réponse de stress et s'occupe de vous maintenir en vie lorsque votre vie est en danger. Il fonctionne comme notre système de détection intégré et scrute constamment notre environnement à la recherche de signaux de sécurité ou de danger. Quand votre système nerveux scrute l'environnement, il a trois réponses générales. La sécurité.
Vous vous sentez calme, détendu et connecté à votre entourage. Mobiliser. Quand votre système détecte un danger, il envoie un ordre et votre rythme cardiaque et respiratoire augmente. Adrénaline et cortisol sont sécrétés et le sang afflue vers vos muscles pour faire face à la menace.
C'est notre réponse de combat ou de fuite. Immobilisation. Quand votre système détecte que le danger est si grand que vous ne pouvez pas vous battre ou fuir, il vous immobilise.
Dans cet état, notre rythme cardiaque... tensions artérielles et températures corporelles diminuent, et des endorphines sont libérées pour réduire la douleur. Notre système nerveux fait tout cela automatiquement, sans que nous y pensions.
Il n'utilise pas seulement ces états pour survivre, il les utilise pour s'orienter dans le monde chaque jour. Quand votre système nerveux fonctionne bien, il passe avec fluidité d'un état à l'autre, un instant mobilisé et prêt à l'action, l'instant d'après au repos et en récupération. Notre système nerveux mélange souvent les états. Quand nous jouons, ils combinent les états mobilisés et en sécurité.
Et quand nous sommes avec nos proches, ils combinent les états immobilisés et en sécurité. Quand notre système nerveux peut rester flexible et fluide, il nous aide à gérer le stress et être résilient face aux événements négatifs. Nous pouvons rebondir et passer à autre chose.
Malheureusement, traumatismes et stress chroniques peuvent empêcher le système nerveux de fonctionner de manière saine, régulée et résiliente et nous maintenir en mode survie. Une rencontre amicale peut devenir effrayante. Une simple réunion au travail peut devenir menaçante.
Pour ceux qui ont un passé de traumatisme et de stress chronique, le système de détection du système nerveux devient souvent défectueux, signalant constamment le danger même lorsque nous sommes en sécurité. C'est comme si c'était un système d'alarme qui signalait constamment un incendie, même lorsqu'il n'y a ni fumée ni flamme. Vivre constamment en mode survie peut être débilitant.
Et nous développons souvent des stratégies d'adaptation en utilisant les médicaments, l'alcool, la nourriture, le travail ou le sexe pour tenter de réguler la situation et d'apporter un soulagement temporaire. Comprendre l'impact du traumatisme sur nous est extrêmement important. Il existe toute une série d'expériences qui peuvent être traumatisantes et avoir un impact négatif sur le système nerveux, comme les accidents, les agressions et les catastrophes naturelles, qu'on appelle souvent chocs traumatiques Il existe également des traumatismes développementaux ou relationnels, lorsque nous sommes confrontés à l'adversité chronique, à la maltraitance, à la négligence et au manque de sécurité pendant notre croissance.
Beaucoup d'autres expériences peuvent être traumatisantes, notamment le stress chronique, les procédures médicales et les environnements défavorables comme la pauvreté, la discrimination et la violence. En outre, de nouvelles recherches en épigénétique montrent que les traumatismes peuvent se transmettre génétiquement sur au moins trois générations. Par le passé, on considérait les traumatismes comme des événements qui nous arrivaient.
Nous savons maintenant que le traumatisme est une expérience et non un événement. C'est ce qui se passe en nous à la suite de ce qui nous arrive. C'est notre réponse à l'événement plutôt que l'événement lui-même.
Il y a plus de 20 ans, Kaiser et le CDC ont lancé une étude révolutionnaire portant sur plus de 17 000 patients qui a montré un lien direct entre les expériences négatives vécues dans l'enfance, ou ACE, et la santé et le bien-être à long terme. Deux tiers des participants ont signalé au moins une expérience d'enfance négative, et plus de 20% en ont signalé trois ou plus. Quand les participants ont signalé quatre ou plus, cela correspondait à un risque accru de maladies cardiaques, de cancers, de toxicomanie, etc. Avec six expériences négatives ou plus, l'espérance de vie diminue de près de 20 ans. Nous commençons à comprendre que de nombreux symptômes physiques et émotionnels peuvent émerger d'un système nerveux chroniquement déréglé.
Lorsque notre système est bloqué en mode survie, notre biologiste détourne des tâches qui nous permettent de rester en bonne santé, heureux et épanouis, pour se concentrer sur la survie à la menace immédiate perçue. Beaucoup de pathologies et de symptômes chroniques et difficiles à diagnostiquer et traiter peuvent être attribués à un dysfonctionnement du système nerveux. Nos expériences d'enfance peuvent également nous empêcher de nous relier aux autres. Ceci est d'une importance vitale, car en tant qu'enfant, notre première priorité pour survivre est de nous attacher aux personnes qui s'occupent de nous.
Lorsque les personnes responsables de notre sécurité ne sont pas sécures et que nous vivons dans un état chronique d'insécurité, notre système nerveux ne se configure pas correctement. La partie du système qui juge ce qui est sûr ou non devient défectueuse. Les adultes pour qui l'intimité et le lien n'étaient pas sécures pendant l'enfance rejetteront souvent inconsciemment les tentatives de connexion de leurs amis et partenaires.
Même si l'intimité et le lien est ce que nous recherchons, notre système nerveux a l'impression que c'est dangereux et ne le permettra pas. Les traumatismes compromettent notre capacité à nous engager avec les autres et remplacent le besoin de connexion par le besoin de protection. Lorsqu'il y a eu traumatisme, notre système nerveux ne peut plus faire la différence entre notre passé dangereux et notre présent sûr. Il n'arrive pas à désactiver le besoin de protection, même si nous sommes maintenant en sécurité. Que pouvons-nous faire lorsque notre système nerveux autonome est déréglé ?
Comment pouvons-nous nous remettre du traumatisme et développer un système sain, régulé et résilient ? Heureusement, nous pouvons réentraîner notre système nerveux pour nous sentir à nouveau en sécurité. Et le mieux est de le faire avec l'aide des autres.
Chacun d'entre nous possède un système nerveux qui communique en permanence avec les états des autres. Nous reflétons de manière autonome les états de ceux qui nous entourent. C'est ce qu'on appelle la co-régulation. Nous voyons cela dans le comportement des troupeaux. Si un animal sent un danger, le groupe entier devient plus alerte, ce qui augmente ses chances de survie.
C'est identique pour nous. Lorsque nous sommes avec d'autres personnes qui sont stressées, en colère ou en douleur, ou déprimés, cela nous fait nous sentir plus mal. Quand nous sommes avec d'autres qui sont calmes et heureux, nous nous sentons mieux.
La meilleure façon de rétablir un système nerveux sain est de se relier à des personnes qui sont en sécurité, en phase et présentes. Pour ceux qui ont de la peine à se remettre des conséquences d'un traumatisme, il y a des thérapies cliniques innovantes qui ont été développées pour rétablir la sécurité et la régulation de notre système. Nous commençons également à comprendre que bon nombre des activités dont nous savons intuitivement qu'elles nous font nous sentir mieux, comme être en nature, faire du yoga, danser, aider les autres, etc., peuvent aider notre système nerveux à devenir plus régulé et plus résilient. Guérir d'un traumatisme et se libérer définitivement d'une vie de survie est possible lorsque notre système nerveux se régule, augmente sa capacité de résilience et retrouve sa flexibilité.
Il ne s'agit pas d'être calme tout le temps ou mobilisé tout le temps. Il s'agit d'avoir un système nerveux souple et résilient, capable d'évaluer avec précision la sécurité et le danger et de réagir de manière appropriée. Nous sommes vraiment résilients lorsque nous pouvons passer avec fluidité d'un état à un autre. Pour ceux qui vivent avec les impacts d'un traumatisme et d'un stress chronique, sortir de ce blocage revient à commencer une nouvelle vie. Pour le reste d'entre nous, comprendre comment les états de notre système nerveux guident notre comportement peut nous aider à devenir des humains plus heureux, plus sains et plus sages.
et plus empathiques. Collectivement, nous sommes face à une épidémie de problèmes sociaux qui trouvent leur origine dans les traumatismes. Si nous pouvons faire le travail de guérison des traumatismes passés et construire des systèmes nerveux sains et régulés, en tant qu'individus, familles et communautés, nous pouvons mettre fin au cycle qui renforce continuellement nos difficultés et créer un monde plus sûr, plus vibrant et plus relié.