C'est pour cette raison que nous déclarons aujourd'hui à la faculté de Nanterre... Que nous ferons tout en sorte, tant dans ce meeting qu'à la suite de ce meeting, que pendant toute la semaine prochaine, nous ferons en sorte d'obtenir le droit d'expression politique. Nous lutterons jusqu'au bout contre l'administration pour avoir le droit de nous exprimer politiquement, quand on le veut, où on le veut, dans les locaux de cette faculté.
Je suis né en France, ça monte au banc. J'ai passé une grande partie de ma vie en France. Mes parents ont été expulsés d'Allemagne.
Mais si vous voulez, je ne suis ni français ni allemand parce que je me fous des nationalités. Je ne suis ni Rudy le Rouge, ni qui que ce soit. Je suis un militant politique à Nanterre et c'est tout.
Je ne crois pas que j'ai besoin de me présenter. La seule chose qu'on sait de moi, c'est que j'ai eu des démêlés. avec le pouvoir pour certaines interventions avec M. Missoff, que cela s'est réglé, et que pour le reste, je suis un étudiant de Nanterre et je participe au mouvement qui est en train de se développer à Nanterre.
Je crois qu'effectivement à Nanterre, nous avons créé un courant politique. Si ce courant sera positif... S'il saura se développer, c'est-à-dire se renforcer, surtout non pas en nombre, mais dans sa force de contestation, cela, ce ne sera possible que c'est les étudiants qui deviennent ici des militants, travaillent.
Et ça, nous le saurons si le mouvement, si vous continuerez à entendre parler du mouvement de Nanterre, sait que la journée aura été positive. C'est, si vous voulez, après l'année prochaine que nous saurons si ce mouvement a été une date historique, ou si... Nous sommes, restons dans le cadre de l'université, alors le mouvement aurait été un échec. Nous sommes derrière, nous sommes derrière les gardes immobiles, ça pleut dans tous les sens. C'est épouvantable, ce sont des dizaines, des centaines de cailloux, de pavés qui volent maintenant.
Des voitures sont rouillées. Arrête la vache, pousse-toi. Il y a deux voitures, quatre voitures qui sont retournées.
Des grilles d'arbres, des grilles d'arbres qui jauchent la rue. Les policiers chargent maintenant, les manifestants. Là, sur le boulevard Saint-Germain, il y a un tas de sable, mais je viens de voir juste devant moi un policier qu'on emmenait, qu'on traînait, qui avait la figure en sang.
Je suis au milieu du boulevard Saint-Germain, et il y a une femme qui est allongée, elle est allongée, elle est complètement en sang. Voici les étudiants qui chargent maintenant. Reculez ! Les étudiants chargent ! Les policiers vont reculer, même les CRS se font, vont former un espèce de toit avec leur bouclier.
Eh bien les manifestants, après être restés un quart d'heure, place d'enfer Rochereau, les manifestants maintenant s'engouffrent sur le boulevard Raspail en criant à l'Elysée, à l'Elysée Il est actuellement 17h45. Camarades étudiants, les travailleurs en lutte de chez Renault ont appris avec satisfaction votre mouvement de solidarité de ce soir. Ils attirent votre attention sur les provocations qui pourraient se faire si certains d'entre vous essayaient de pénétrer dans l'usine, ce qui donnerait la possibilité à la direction de la régie, comme au pouvoir, de faire intervenir la police en prétendant que des étrangers sont rentrés dans l'usine. Nous sommes évidemment tous d'accord qu'il faut maintenant que les choses changent.
Mais il faut qu'elle change, non pas dans l'anarchie, mais dans un mouvement puissant, organisé. Je suis à Francfort. Je suis libre de circulation en Allemagne.
Demain je vais à Sarbreuc où il y aura un meeting vers 1h. Et puis après avec les étudiants du SDS, c'est-à-dire de l'Organisation Socialiste Allemande, nous allons réaliser l'entente franco-allemande de la jeunesse. en allant en groupe, ensemble, à la frontière pour rentrer en France. Les allemands ont fait une déclaration en disant que pour eux, il n'était pas question, qu'il soit interdit à qui que ce soit d'aller où que ce soit, et que la solidarité internationale des étudiants les oblige évidemment à me faire passer en France.
Tant que militant révolutionnaire participant à un mouvement, je me dois de rentrer pour continuer la lutte. Dans ce mouvement, au mois de juin, vous vous prononcerez par un vote. Au cas où votre réponse serait non, il va de soi que je n'assumerai pas plus longtemps ma fonction. Si, par un oui massif, vous m'exprimez votre confiance, j'entreprendrai, avec les pouvoirs publics, et je l'espère, le concours de tous ceux qui veulent servir l'intérêt commun, De faire changer partout où il le faut des structures étroites et périmées et ouvrir plus largement la route au sang nouveau de la France.
Vive la République, vive la France ! La bourse est en feu en ce moment même. qui montent à l'intérieur de la bourse car des manifestants ont pénétré, je vous l'ai dit tout à l'heure, à l'intérieur de la bourse, ils ont forcé tout d'abord les grilles, ils ont monté les marches, ensuite ils ont enfoncé les portes, ils ont déposé à l'intérieur de la bourse des cageots qui traînaient...
par là, les détritus aussi qui étaient dans le coin, justement rue du 4 septembre, rue Vivienne, et ils les ont mis à l'intérieur et ils les ont enflammés. Il est 17h34 et un nouveau flash spécial. L'information qui nous est parvenue et qu'on est en train de vérifier est la suivante.
Le général de Gaulle n'est pas à Colombais les deux églises. On ignore donc toujours vers quelle destination le président de la République est parti ce matin, puisqu'il est avéré de toute façon qu'il a quitté effectivement l'Elysée ce matin en voiture à bord de sa DS. Depuis un peu plus d'un an, la majorité qui avait été élue de justesse au mois de mars 1967 a constamment perdu des points. Là-dessus, le général de Gaulle et M. Pompidou ont lancé une opération qui a mes yeux est un trucage politique et psychologique puisque pratiquement il a invité les Français à voter entre les terroristes que nous serions et les braves gens qu'ils seraient.
D'autre part... Il est vrai que tout d'un coup, tout a été effacé, on n'a pu discuter d'aucun problème, ni de l'université, ni de problèmes sociaux, ni de la situation de ceux qui travaillent, ni des grands problèmes psychologiques qui se posent à notre pays à l'heure actuelle dans l'inquiétude. Et on a fixé la bataille sur un point qui nous éloigne beaucoup, beaucoup des méthodes et des moeurs démocratiques.
Enfin, ça fait déjà dix ans que je m'efforce de le répéter, le régime gaulliste est encore très loin d'avoir trouvé les assises démocratiques. dont la France aurait grand besoin. Alors vous me dites qu'est-ce qu'on va faire ? Eh bien, on va se battre.
Nous serons peu nombreux à l'Assemblée Nationale. Et cela implique un devoir, une résolution plus ferme encore. Nous sommes sûrs que notre langage sera entendu.