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Bouddhisme et Écologie Interconnectées

Donc voilà, je pense qu'il y a une chose qui est très importante dans le bouddhisme, il y a une notion fondamentale qui rejoint les préoccupations écologiques, c'est la notion qui est centrale dans l'enseignement du Bouddha, c'est la notion la plus centrale, s'il y a une chose qu'il faut retenir de l'enseignement du Bouddha. comme une particularité qui n'a jamais été enseignée ailleurs, c'est la coproduction conditionnée. Alors qu'est-ce que c'est la coproduction conditionnée ?

C'est le fait que les phénomènes qui constituent notre existence et notre vie, monde sont tous co-produits par des conditions antérieures. C'est-à-dire qu'il n'y a pas de phénomène qui existe en soi-même et par soi-même, il n'y a que des phénomènes qui s'engendrent mutuellement dans une espèce de convergence momentanée, dans lequel aucun phénomène d'ailleurs ne peut jamais être attrapé en tant que tel, saisi et mis dans une vitrine, car en fait tout est dans le processus. Jamais rien ne s'arrête dans ce processus. Et donc si on prend effectivement un instantané, on va peut-être voir des phénomènes particuliers, mais en réalité ces phénomènes sont tout le temps en cours de transformation parce qu'ils sont conditionnés et conditionnants, et que ce qui converge comme condition pour créer un phénomène, une fois les conditions convergées, le phénomène nouveau se produit, les conditions cessent, mais ce nouveau phénomène est une même condition de nouveau phénomène avec d'autres conditions.

Et ainsi s'engendrent les phénomènes du monde. Donc, dans ce système, effectivement, bouddhiste, effectivement, on n'est pas dans un système de création, à partir d'un élément transcendant. extérieure à l'homme qui aurait des créatures. Non, tout se passe d'une manière naturelle, comme une loi universelle, en quelque sorte, de coproduction conditionnée des phénomènes.

Alors, cette coproduction ne obéit à des critères. Par exemple, les phénomènes, je vois bien qu'ils ne sont pas n'importe quoi. Un lapin n'est pas fabriqué à partir d'un chapeau.

Un être humain n'engendre pas un éléphant. On voit bien que ce n'est pas du n'importe quoi. Les conditions précises pour la fabrication d'un phénomène ne peuvent pas être d'autres conditions que celles-là. Donc quelque part, il y a une sorte d'organisation cosmique de cette coproduction conditionnelle, mais cette organisation cosmique ne nécessite pas un ordonnateur de tout ça. C'est donc ça qui est très particulier au bouddhisme, c'est que c'est une vision quasiment scientifique, je dirais, d'une forme de causalité, mais je préfère parler de conditionnalité pour éviter justement le côté déterministe de la cause.

Parce qu'en réalité, il y a de multiples conditions pour chaque phénomène, et un phénomène est lui-même possiblement... la condition de un ou plusieurs phénomènes. Donc c'est beaucoup plus complexe qu'on imagine. Ce n'est pas une cause unique, vous voyez, qui va donner un effet unique.

Ce n'est pas ça. Ça, ce n'est pas bouddhiste. Donc, cette coproduction conditionnelle est extrêmement importante parce qu'elle est applicable à l'ensemble du monde phénoménal, tant aux êtres doués d'esprit, aux choses naturelles, et aux choses également produites par l'homme. Car dans ce cas-là, nous rentrons dans le courant des conditions.

qui sont concomitants pour produire des produits culturels, au lieu de produits naturels. Mais tout ça est soumis à la coproduction conditionnelle, ou conditionnée. J'aime bien le mot conditionnel, d'ailleurs, parce que, dans ce cas-là, il faut comprendre que c'est une coproduction conditionnée par les conditions antérieures, mais conditionnante pour le phénomène futur.

Vous voyez ? Donc c'est à la fois conditionné et conditionné. Donc, ça veut dire qu'on voit ça plutôt comme une loi naturelle que comme un acte de foi.

Et on peut rapprocher ça, évidemment, avec la notion d'interdépendance qui est chère à l'écologie. Sauf que l'interdépendance va... beaucoup moins loin que la coproduction conditionnelle au niveau philosophique. Dans le sens où on peut avoir une notion d'interdépendance entre des organismes vivants sans pour autant que l'on mette en question la substance de ces organismes. C'est-à-dire qu'on peut avoir des organismes qui échangent entre eux sans qu'ils changent de nature.

Dans le biblisme, on dira qu'ils changent de nature. En se conditionnant mutuellement, ils ne rencontrent pas quelque chose d'essentiel. Ils ne rencontrent que des processus. Donc il n'y a pas d'essence dans les phénomènes.

Il n'y a pas de substance, il n'y a pas d'oucien. Donc il faut tordre le cou, une bonne fois pour toutes. à Aristote pour comprendre le bouddhisme. Si vous entrez dans un séminaire sur le bouddhisme avec Aristote en tête, vous n'arriverez pas à comprendre le bouddhisme.

On est dans un processus, on n'est jamais dans des êtres substantiels. Donc par exemple, quand on a un grain de riz qui donne un germe de riz, lequel donne une pousse de riz, puis ensuite un plan de riz, ce n'est pas le même phénomène qui se transforme, ce n'est pas une riséité. qui se transforment.

Ce n'est pas une substantialité de riz qui se transforme et qui se rééternelle. Non, ce sont des phénomènes distincts, séparés, parce que le grain de riz, il a une forme particulière, il a des qualités particulières qui ne sont pas séparées. celles du germe de riz, qui sont complètement différentes, qui ne sont pas celles de la pousse de riz, qui ne sont pas celles du plant de riz.

Donc un phénomène est déterminé par ses caractéristiques. Or les caractéristiques de chacun de ces phénomènes sont radicalement différentes, par conséquent ce ne sont pas les mêmes. phénomène.

Et si on cherche l'essence de ce phénomène, on ne la trouve pas. Car l'idée d'une essence d'un phénomène n'est qu'une idée mentale, n'est qu'une fabrication de notre esprit. Personne n'a jamais montré l'essence du riz.

Montrez-moi l'essence du riz. C'est un jeu mental. C'est une conception aristotélicienne des choses.

Ce n'est pas la réalité. Je vois monsieur, petite dose de l'hymne de la tête. Tout à l'heure, on comprend des maths. Vous préférez Spinoza ou Aristote ? Pardon ?

Je... je... Je crois qu'à la bonne amie de la... Moi je préfère tout à fait Spinoza à Aristote, évidemment. Mais...

Je ne connais pas assez Spinoza pour vraiment... Voilà, donc je ne le connais pas assez, honnêtement. Mais par contre, c'est important de voir qu'il y a une différence entre la coproduction conditionnelle, effectivement, et l'interdépendance environnementale. des phénomènes qui existeraient malgré tout réellement eux-mêmes. Parce que là, on a vraiment une transformation constante de virtualité dans laquelle un processus n'est jamais arrêtable.

On est vraiment dans un écoulement phénoménal. C'est liquide. C'est pas solide.

Héroclite. Héroclite. Voilà.

C'est beaucoup plus héroclitéen, en effet. Quel dommage que nous n'ayons pas choisi cette option. Héroclitéen.

C'est vrai, il y a eu des choix qui ont été faits au niveau philosophique en Occident et qui ont déterminé toute l'histoire de l'Occident. Donc, au cœur du bouddhisme, il y a cette coproduction conditionnée, ou conditionnelle, et à la fois, elle va évidemment avoir un écho dans l'interdépendance, mais elle ne va pas se superposer. complètement parce que il y a aussi d'autres choses qui sont différentes. Par exemple, si on parle des êtres doués d'esprit, la différence entre les phénomènes en général qui sont en coproduction conditionnelle et les êtres doués d'esprit, c'est que les c'est que l'esprit intervient.

Et quand l'esprit intervient, c'est une condition majeure dans la transformation des phénomènes. On va dire comment l'homme est capable de transformer son monde à partir de son esprit. Ce n'est pas avec nos mains qu'on transforme le monde, c'est à travers notre esprit.

Et nos mains suivent notre esprit. Donc c'est notre esprit qui modifie les choses dans l'existence. Donc l'esprit a une grande importance.

Et évidemment, l'être humain a un esprit doué d'une intelligence. particulière par rapport à d'autres êtres vivants, doués d'esprit également. Donc ces capacités lui donnent également une responsabilité beaucoup plus lourde, puisqu'il a beaucoup plus de capacités de conceptualisation et d'imagination.

Mais la notion du vivant, vous voyez, elle est différente dans le bouddhisme et en Occident, dans le sens où nous, la notion du vivant, ça va englober les animaux, les plantes et les prokaryotes, c'est-à-dire les bactéries. que pour les bouddhistes, ce qui compte comme catégorie, c'est des êtres doués d'esprit et ceux qui ne le sont pas. Et par exemple, on ne met pas les plantes dans les êtres doués d'esprit. Par contre, on met les êtres même du domaine invisible comme étant des êtres doués d'esprit, et donc d'une sensibilité, et capable d'une certaine réflexivité qui n'est pas le propre de l'homme. Pour le bouddhisme, les animaux peuvent avoir une forme de réversibilité.

C'est pas parce qu'on a décidé qu'il n'en avait pas qu'il en empoigne. Même si elle est primitive. Donc, on fait aussi reculer les limites ou les frontières, en quelque sorte, entre le sacré humain, n'est-ce pas, roi de la création, quelque part, et puis...

Pourquoi y aurait-il une telle différence ? Ça arrange bien les êtres humains, bien sûr. Ça arrange les êtres humains, c'est sûr. Mais il n'y a que nous qui décidons ça. Donc, si on demandait à d'autres êtres, peut-être qu'ils ne seraient pas d'accord avec notre vision.

Peut-être que si on se mettait dans un autre point de vue, vous voyez, en faisant un peu d'ethnologie extra-humaine, ça serait intéressant si c'était possible de le faire. Demandez à des nouveaux fans ce qu'ils pensent de l'autre humain. C'est intéressant, puisqu'ils ont un langage.

C'est pas de l'égrité, mais c'est intéressant. Voilà, donc s'il y a du langage ailleurs, s'il y a des communications différentes ailleurs, c'est intéressant de les explorer. Ça fait partie de l'écologie au sens général, parce que d'une certaine manière, c'est en rapprochant les différentes espèces aussi qu'on peut aussi avoir un respect des autres espèces.

Je dirais aussi qu'il y a une chose, c'est qu'elle aboutit, cette coproduction conditionnelle, à ce qu'on appelle la vacuité universelle de tous les phénomènes. C'est-à-dire à considérer que l'existence relative des choses est entièrement dépendante de conditions qui la produisent, et qu'on ne peut pas prétendre à ce que les phénomènes aient une existence intrinsèque et indépendante. Nous ne sommes pas indépendants de notre milieu.

Or nous vivons, à l'heure actuelle, l'homme moderne se vit comme indépendant de son milieu, capable de modifier son milieu comme il le veut, comme si le milieu était extérieur à lui, alors que nous sommes un produit de ce milieu et que nous sommes indépendants de ce milieu. Donc c'est important de le comprendre, nous n'avons pas d'existence intrinsèque. Nous sommes une production, une coproduction. Même en tant qu'être humain individuel, nous sommes une coproduction. Nous sommes une coproduction de nos parents, d'un esprit, de nourriture qui vient du monde, qui vient de l'environnement.

Si nous ne nourrissons pas, nous nous nourrons. Donc nous sommes en coproduction permanente. Nous n'avons pas l'indépendance par un bon milieu.

Donc l'esprit, là-dedans, joue un rôle extrêmement important, un rôle crucial, à tel point que pour le bouddhisme, c'est l'esprit qui est responsable de notre perception du monde et de notre représentation du monde, qui d'autre, sinon notre esprit, se représente le monde. Et on se représente le monde, mais se représente-t-on le monde tel qu'il est, ou selon nos désirs ? Et selon nos croyances.

C'est un grand problème. Donc l'idée dans le bouddhisme, ça va aller dans une position raisonnablement réaliste. De penser que l'esprit est capable de produire un état d'illusionnement qui travestit la réalité et qui la menace.

qui manipule la réalité qui nous entoure. Donc déjà, c'est un point important. Nous sommes capables de manipuler notre environnement à travers les conceptualisations que nous faisons de cet environnement. Et puis d'autre part, ça peut aller plus loin, parce que ça, évidemment, ça nous explique déjà la vision égocentrique que l'être humain a de son environnement, mais quand on dit égocentrique, on pourrait dire aussi ethnocentrique et anthropocentrique, bien entendu, parce que tout ça c'est du centrisme, et c'est du centrisme fondé sur une illusion, du point de vue du bouddhisme. Car c'est une vision qui est décidée à partir de préjugés humains.

Et d'autre part, il y a des écoles qui vont aller jusqu'à dire que le monde tel qu'il se présente est la projection de notre esprit. Donc là, nous sommes dans la matrix. On va jusque là. La Matrix n'est pas fabriquée par des machines, elle est fabriquée par nous-mêmes.

C'est nous qui nous forgeons la manière dont nous percevons le monde, et il n'y a pas forcément un monde extrinsèque à l'esprit. Et là, ça veut dire que l'esprit est premier avant la matière. Ça exige de penser un idéalisme radical. Mais c'est intéressant d'aller jusqu'au bout des choses et de regarder ce que ça peut bien représenter pour nous. Parce qu'effectivement, si notre esprit est empoisonné, il ne faut pas s'étonner que nous empoisonnions notre environnement.

Et par là même que nous nous empoisonnions en retour. Ce qu'il faut changer, c'est maintenant. C'est pas l'environnement.

Radicalement, nous ne changerons jamais notre façon d'être prédateurs de l'environnement si nous ne sommes pas capables de déraciner en nous la vivité, le désir de domination. C'est impossible. On ne peut pas désirer la paix à l'extérieur de nous si on est plein de colère.

C'est absurde. Donc, c'est ça la position bouddhiste, c'est que nous sommes véritablement aussi au centre de tout ça, dans le sens où nous avons une idée de nous-mêmes et du monde qui est complètement faussée par une forme d'illusionnement de notre esprit. Et l'être doué d'esprit dans le bouddhisme, on l'explique comme étant un phénomène composé.

Ah oui, je vous injurie beaucoup, moi. Vous êtes qu'une espèce de phénomène composé. Ah oui, moi aussi.

Vous voyez, je m'accueille dans le... C'est-à-dire que je suis un phénomène conditionné, déjà c'est pas très drôle, et en plus je suis composé. je suis composé parce que je suis issu de toutes sortes de conditionnements et ça c'est ce qu'on appelle les 5 agrégats de la personnalité dans le bouddhisme les 5 agrégats de la personnalité je ne suis pas là pour vous faire un cours de bouddhisme mais quand même je vais vous donner quelques éléments, c'est ce qui nous constitue, c'est les éléments de composition qui nous constituent en tant qu'individu.

C'est-à-dire par exemple l'agrégat des formes. L'agrégat des formes, évidemment, c'est ce qui constitue notre présence corporelle. Mais pas seulement notre présence corporelle, car notre corps est en relation avec le monde extérieur, à travers les objets, les organes d'essence.

Et il perçoit quoi ? Des objets d'essence. les organes d'essence. Donc le corps considéré comme étant équipé des organes d'essence et en relation avec les objets d'essence, c'est ça qu'on appelle le premier agrégat. Autrement dit, dans le bouddhisme, quand on considère un individu, on ne le considère jamais sans le mettre en relation avec son environnement total.

Car l'individu n'existe pas sans son environnement. D'autre part, ça c'est le premier agrégat. Le deuxième agrégat, c'est qu'à travers la perception que nous avons à travers nos sens, nous avons des sensations qui se développent. Sensations que le monde, ou que les phénomènes que nous rencontrons sont... agréable, désagréable ou neutre.

Et nous classifions donc les éléments du réel comme étant agréable, désagréable ou neutre. Fondamentalement, si vous regardez bien, c'est la sélection que nous faisons constamment. Il y a des choses qui nous plaisent, il y a des choses qui nous déplaisent, il y a des choses qu'on ignore, parce qu'elles nous interfèrent.

Et ça, ce sont les trois poisons de l'esprit. C'est ce qu'on appelle le désir-attachement pour ce qui nous plaît, la colère-aversion pour ce qui nous déplait et ce qui nous menace, et l'ignorance de tout ce qui nous indiffère. Et ça c'est ce qu'on appelle les trois poisons de l'esprit.

C'est le moteur de nos actes. Donc, ça c'est les sensations qui amènent à la presse. Je vais un peu vite là. Donc les sensations c'est simplement de constater qu'un phénomène est agréable, désagréable ou neutre, et ensuite on s'en fait une représentation mentale. Troisième agrégat.

Ce phénomène-là, il a telle et telle caractéristique, par conséquent, je l'étiquette de telle ou telle manière. Le feu brûle, danse, éclaire, crépite, ce sont ces caractéristiques. J'ai rencontré le feu une première fois, j'ai mis le doigt dans le feu, j'ai mis le doigt dans le feu, j'ai mis le doigt dans le feu, j'ai mis le doigt dans le feu, j'ai mis le doigt dans le feu, j'ai mis le doigt dans le feu, j'ai mis le doigt dans le feu, j'ai mis le doigt dans le feu, j'ai mis le doigt dans le feu, j'ai mis le doigt dans le feu, j'ai mis le doigt dans le feu, j'ai mis le doigt dans le feu, j'ai mis le doigt dans le feu, j'ai parce que je ne savais pas que ça brûlait, je sais que ça brûle. La fois suivante, je reconnais un phénomène similaire, je dis c'est du feu. Je me fais une représentation mentale, j'étiquette ce phénomène comme étant du feu.

Et si je ne suis pas trop stupide, je ne mettrai pas le doigt dedans la deuxième fois. C'est ma manière de me relier au monde. Mais les représentations mentales peuvent évoluer au cours du temps. On peut avoir des expériences variées du même phénomène. Mais on se fait des étiquettes des phénomènes systématiquement, et on est en classe.

intérieure de nous-mêmes. Et puis, il y a tout ce qui est nos conditionnements antérieurs, c'est-à-dire tout ce que nous avons vécu antérieurement, ça laisse des traces en nous, ça formate nos représentations mentales. C'est-à-dire que quand nous avons une représentation mentale d'une fleur, par exemple, qu'on se dit Oh, la jolie fleur !

c'est pas spontané. Ça veut dire que nous avons déjà l'idée que c'est une fleur, donc par l'éducation, mais peut-être aussi... aussi par des choses plus antérieures, plus anciennes. Et surtout, le fait qu'on aime ou qu'on n'aime pas cette fleur, ça vient certainement de conditionnement. Je me suis dit, pourquoi j'aime cette fleur et pourquoi je déteste l'autre ?

Ce n'est pas spontané. C'est quelque chose qui est lié à des conditionnements antérieurs. Et ça, ça va quoi ?

Ça va conditionner mon acte. Si cette fleur me plaît, je vais peut-être commander à mon corps, par mon esprit, d'aller l'accueillir. Et là, qu'est-ce que je fais ? Un acte de saisie, de possession. La peau fleur, elle n'a rien demandé.

Elle va finir dans un pot de fleurs et elle va se dessécher en très peu de temps. Ça, c'est la saisie. Vous voyez ?

Et ça vient de quoi ? Ça vient de mes conditionnements. Et c'est comme ça que j'agis.

La saisie, elle doit être... Je m'accapare, je rejette ou j'ai de l'indifférence. C'est toujours une saisie.

Et qu'est-ce qui permet en quelque sorte de globaliser tout ça et de comprendre tout ça et de connaître tout ça, c'est le système des consciences, qui est le dernier système, le cinquième agrégat. Donc le quatrième c'est les conditionnements karmiques, comme on les appelle, c'est-à-dire les conditionnements... sont liées à toutes nos expériences passées. Et enfin, il y a les consciences. Les consciences, c'est le système des actes de connaissance, tout simplement, qui sont des actes de connaissance discrets, mais qui se succèdent à grande vitesse et qui nous donnent...

l'impression d'une continuité de conscience. Mais qui sont aussi un processus. La conscience n'est pas identique à elle-même d'un instant à l'autre.

La preuve, c'est que le contenu de notre esprit n'est jamais identique à celui qu'il était quelques instants avant. Donc la conscience, c'est le phénomène par excellence qui change le plus vite. Malgré tout, on a aussi des idées récurrentes. On a des entêtements, etc. On a des préjugés que nous cultivons.

Mais nous ne faisons que les renouveler. par le biais d'un certain nombre d'événements mentaux que nous avons tout à fait avancés pour décider que telle chose est à croire, telle chose n'est pas à croire, etc. Donc voilà comment nous fonctionnons. Mais dans tout ça, il n'y a que des phénomènes conditionnés, il n'y a que des phénomènes composés, et aucun de ces phénomènes n'est durable, surtout.

Aucun de ces phénomènes n'est capable de perdurer. Par conséquent, comment peut-on... Peut-on construire l'idée d'un moi qui serait stable, qui serait durable, à partir d'éléments qui le constituent et qui ne sont pas durables ?

C'est là que se situe notre illusionnement, notre étiquetage, qui est erroné, en quelque sorte, sur un ensemble de phénomènes qui nous constituent et qui ne sont jamais stables ni solides. C'est comme si nous construisions une espèce de maison avec des murs en sable. un mur en mouillant le sable et qu'on construit le mur suivant, le premier mur s'effrite.

Alors on est obligé de s'agiter pour continuer à croire dans cette maison. Et c'est ça l'ego. C'est l'égocentrisme qui se constitue comme ça.

Mais le problème de l'égocentrisme, c'est que c'est une idée fausse de nous-mêmes, c'est une fabrication mentale, une construction mentale, mais que cette construction mentale, elle nous fait nous croire comme étant le centre du monde. Égocentrisme. Et quand on le fait d'une manière collective, ça peut devenir de l'ethnocentrisme, ou du racisme, ou alors encore de l'anthropocentrisme, quand on parle de tous les êtres humains. Donc quelque part, c'est dans cette saisie des phénomènes qui est liée à une construction mentale erronée que l'homme, en quelque sorte, se prend tout permis.

Parce qu'une fois qu'on a construit cet ego, on le défend comme un bête et roule. Et c'est tellement devenu instinctif qu'on ne s'en aperçoit même pas. Donc ça veut dire que pour le bouddhisme, le problème de l'écologie c'est un éguit phénomène du problème général de l'être humain qui n'a pas forcément compris qu'est-ce qu'il faisait véritablement de son existence, qui n'avait pas forcément compris le sens...

de sa vie, le sens de son existence, son identité profonde qui n'a rien à voir avec ça, mais qui est une identité spirituelle beaucoup plus profonde, et que cette identité spirituelle beaucoup plus profonde, elle, au contraire, a des effets. à l'effet d'amour, à l'effet de compassion, à l'effet d'ouverture à l'égard de tous les actes. Et que ça, tant que ça ne n'effleure pas en nous parce que nous avons peur de voir cette espèce d'ouverture, parce que ça fait peur, parce qu'on n'a pas l'impression d'être consistant dans cette ouverture, tant qu'on ne lâche pas de prise par rapport à cette saisie des phénomènes, pour essayer d'exister à tout prix plutôt que de n'être rien, puisqu'on ne sait pas ce qu'on est, donc on a peur du néant.

Mais le néant, c'est juste une idée. Le néant n'existe pas. Mais par peur du néant, nous construisons un être qui est une sorte de Frankenstein. Et tout le monde le construit.

Moi-même, je construis mon Frankenstein. Nous sommes tous à construire notre Frankenstein. Alors, on n'est pas d'accord. Et donc, on va les uns et les autres interagir les uns avec les autres, etc.

Et on va se heurter. Et parfois, on va aller jusqu'à se tuer les uns les autres. Et tout ça, si vous regardez bien, c'est que des constructions mentales. L'ennemi intrinsèque n'existe pas. L'idée que quelqu'un puisse être mon ennemi, c'est une projection de mon esprit.

C'est parce que je m'accroche à l'idée qu'il m'a blessé. Pourtant, si je regarde la personne qui m'a blessé, et si j'analyse précisément le phénomène de ce qui s'est produit, quelqu'un que j'ai considéré comme un ami jusque-là, ce jour-là, me blesse. Et à partir de ce moment-là, je le considère comme un ennemi. C'est bien une vue de l'esprit. Parce que cette personne, elle est juste sous l'emprise d'une colère, d'une irritation.

C'est pour ça qu'elle nous fait violence. C'est parce que nous-mêmes, nous sommes son objet d'irritation. Mais c'est momentané. C'est pas depuis tout le temps qu'il le fait, puisqu'il était notre ami.

C'est pas pour tout le temps qu'il le fait. Peut-être qu'il reviendra un jour notre ami. Mais si on lui laisse pas l'occasion de l'être parce que nous avons étiqueté cette personne désormais comme un ennemi, le dialogue n'est plus possible. Chantilly-Léval explique cet aspect-là, et ça c'est très important, même par rapport à l'écologie, même si ça paraît un peu éloigné. Il dit que quand quelqu'un vous frappe avec colère, est-ce que vous incriminez le bâton qui vous frappe ou la personne ?

Vous incriminez évidemment la personne qui est derrière le bâton et non pas le bâton. Mais que cette personne, elle est le jouet de quoi ? Elle est le jouet de la passion qu'on appelle la colère.

C'est donc la colère qui est votre ennemi et non pas la personne. Si on réfléchissait de cette manière-là, vous n'imaginez pas ce qu'on pourrait désamorcer comme conflit. Que ce soit dans le couple, que ce soit dans la collectivité, que ce soit entre les pays, tout est possible si on réalise ça.

C'est extrêmement fort comme parole. Mais ça veut dire qu'on ne regarde pas les choses au premier degré. Ça veut dire qu'on ne croit pas à la solidité des sentiments, à la solidité d'un caractère, à la solidité d'une passion, qui de toute façon est passagère. Si nous entretenons une passion, ça c'est encore autre chose. Mais nous sommes obligés de l'entretenir, de l'alimenter.

Alors pourquoi l'alimenter ? Autant la laisser tomber, autant la laisser se dissoudre. Car une passion, il n'y a rien de plus la ville dans l'esprit qu'une passion ou qu'une pensée.

Si vous regardez votre pensée, si vous regardez la pensée plutôt que de l'alimenter, vous allez vous apercevoir qu'une pensée, c'est rien. C'est juste un mouvement dans l'esprit. Ça se dissout. Si vous accrochez pas la pensée par une autre pensée, votre pensée se dissout, naturellement.

Elle retombe dans l'espace naturel de l'esprit. Donc, si on arrive à faire ça avec nos émotions, avec nos habitudes, avec nos concepts de soi-même séparé des autres, soi-même devant dominer son environnement, devant dominer la nature, etc., c'est... évident qu'on va complètement transformer notre vision du monde. En transformant notre vision de nous-mêmes, on peut changer la vision du monde. Mais c'est de ça dont il s'agit.

Si on veut vraiment aller loin, l'écologie, c'est comprendre que l'écologie, c'est de quelle manière nous sommes au monde avec le monde et de comprendre les autres êtres, de comprendre la souffrance des autres êtres, de comprendre qu'eux-mêmes sont pris par les mêmes fonctionnements que nous. Car en fait, il n'y a pas de différence de fonctionnement entre un animal qui va vous agresser et vous mordre et puis un humain qui prend son fusil et qui tue l'animal. Tout ça, c'est toujours de l'agression.

Et c'est toujours la défense d'une certaine compréhension de soi-même comme un ego. Vous croyez que les animaux n'ont pas d'ego ? De même, un bébé, vous croyez qu'un bébé n'a pas d'ego ?

L'innocence de l'enfance, ça me fait bien marrer. On n'est pas innocent. On arrive avec notre bagage.

Et donc, nous sommes tous en même pain, avec un esprit englué, dans un ensemble de conditionnements qui fait qu'on n'y voit pas clair. Alors, c'était très important... On va avoir une grande difficulté à se relier avec empathie et avec amour à tout ce qui nous entoure. On n'est pas obligé d'avoir un esprit de prédation. Ce n'est pas une obligation.

On peut se détendre. Je ne dis pas que les choses, c'est le paradis terrestre. Ce n'est pas ça. Évidemment que tout le monde étant dans cette conception égocentrique, y compris les animaux, y compris les autres êtres, c'est évident. évident que le monde n'est pas toujours très drôle.

Et qu'il faut parfois savoir se défendre, etc. Et de là à maîtriser son environnement, contrôler, envoyer les animaux dans les fermes infâmes, où les animaux sont serrés tellement qu'il faut leur enlever les crocs, les ongles, etc. parce que sinon ils vont s'entredéchirer, et qu'on mange cette viande après, qui est faite industriellement, etc. Comment peut-on... jusque là. Il y a vraiment quelque chose qui cloche complètement dans le fonctionnement de l'esprit humain.

Il faut arrêter de se croire les rois du monde. Il y a vraiment quelque chose qui ne va pas. C'est aussi l'interprétation malheureusement faussée, si vous voulez, qui nous vient aussi d'une mauvaise interprétation, par exemple, du message biblique en Occident. Parce que quand même c'est en Occident que nous sommes les leaders de cette mise en coupe.

systématique du monde et de ses ressources. C'est quand même l'Occident qui a donné le feu vert. Ça ne vient pas d'ailleurs.

Même si, localement, des hommes, partout, ont été capables de détruire leur milieu. Il n'y a pas que les occidentaux. Ce n'est pas notre spécificité.

Mais comme nous avons eu le pouvoir et la puissance de colonisation, bien entendu, nous l'avons largement répandu sur la planète. Donc, ce qu'il faut voir, c'est que, qu'est-ce qu'il y a derrière ? Une mauvaise interprétation du christianisme, une mauvaise interprétation des religions abrahamiques avec la jeunesse. Quand on nous dit que l'homme est fait à l'image ou à la ressemblance de Dieu, et qu'on dit qu'il est jardinier Dieu, ça ne veut pas dire que le jardinier doit tout détruire.

Ça veut dire qu'il doit prendre soin, qu'il doit respecter, qu'il doit être un être parmi les autres êtres. Ça ne veut pas dire qu'il doit tout utiliser à son propre profit d'une manière totalement égotique et anthropocentrique. La planète ne nous appartient pas, bon sang.

Qui a décidé que la planète nous appartenait ? Qui ? Donc, rien n'est plus faux ou dangereux pour l'homme que cette attitude anthropocentrique qui le met au centre de tout en lui donnant l'illusion qu'il peut s'isoler de son milieu pour mieux le maîtriser. Ça peut aller jusqu'au transhumanisme, qui est une aberration totale. Parce que le transhumanisme nous dit que même on va remplacer toutes nos pièces, puis on va devenir des espèces de robots, et on imagine qu'on aura encore un esprit humain derrière ça.

C'est parce qu'on croit que le cerveau est humain, et que c'est le cerveau qui est producteur de notre esprit. La bonne blague. Si notre esprit était issu d'une masse gélatineuse et graisseuse qu'on appelle le cerveau, je donne pas cher de l'homme. Parce que de toute façon, dans ce cas-là, ça veut dire qu'on peut faire ce qu'on veut de l'homme, parce que l'homme est une machine dans ce cas-là. Et s'il est une machine, il est marchandisable à volonté.

Et c'est bien le projet néolibéral. Donc le projet matérialiste, il a justement cette force qui consiste à nous convaincre que l'homme n'est finalement qu'un automatisme de son cerveau. Mais ça a des implications politiques terribles, totalitaires. Donc les religions elles sont là aussi pour nous rappeler qu'il y a autre chose, qu'il y a un frein à tout ça, qu'il y a d'autres façons d'envisager les choses, qu'une éthique est possible qui permet de revoir les choses différemment.

et ça c'est extrêmement important que les religions rentrent en dialogue alors il faut qu'elles rentrent en dialogue entre elles et ça commence à se faire de mieux en mieux je veux dire que là j'étais aux journées sociales aux semaines sociales de France c'est des cathos qui sont qu'à taux progressiste on peut dire, mais il y avait beaucoup de monde et puis surtout il y avait une espèce de synergie qu'on ne voit pas souvent. Et ça commence à venir. Et les gens étaient extrêmement contents de cette synergie entre plusieurs religions idéologues entre elles.

Donc on sent bien qu'il y a ce besoin-là. Mais évidemment, il faut aussi que d'autres domaines commencent un petit peu à être moins compartimentés et commencent à s'ouvrir. Mais il ne faut évidemment pas mélanger les niveaux de compréhension ni les niveaux de compétence.

Les religions ont une compétence au niveau éducatif. qui faut qu'elle soit... et entendu cette éthique au niveau des sciences, etc. Mais évidemment le domaine scientifique reste l'apanage des scientifiques, le domaine spirituel reste l'apanage des religions. Dans un homme, il y a peut-être du scientifique, du religieux, du philosophe, et dans ce cas-là, on ne peut pas compartimenter l'homme qui est, avec trois casquettes, ces trois casquettes qui le constituent.

Donc, je veux dire, il faut pouvoir aussi faire dialoguer tout ça. Car nous ne sommes pas que quelque chose. Donc, ça c'est très important de se rendre compte que nous sommes multiples. Aussi dans notre représentation sociale, nous appartenons à de multiples communautés chacun d'entre nous. Nous ne sommes pas une seule chose.

Peut-être que je fais partie d'un club de Taiji avec quelqu'un d'autre d'ici, et puis... un autre qui va être bouddhiste comme moi, et puis voilà, et puis il va y avoir des tas de communautés, et puis parmi vous, il y en a qui sont philosophes, d'autres sont... Voilà, mais on est un ensemble de cercles en quelque sorte communautaires, mais qui, chez l'un de ces cercles, on est un ensemble de cercles communautaires, et puis il y a constituent une espèce de composition tout à fait unique.

Et ça, il faut en prendre conscience si on veut commencer à décompartimenter les savoirs. Décompartimenter les savoirs, c'est éviter de se retrouver comme des autistes, chacun dans notre domaine, des philosophes parlant un langage que personne ne comprend, surtout les phénoménologues, ou quelque chose de particulièrement, parce que ce sont des gens qui sont soit des emprunts des phénomènes, mais qui sont capables de nous lâcher en l'espace de cinq ans, cinq minutes et que plus personne ne comprenne rien à ce qu'ils disent. Et puis un informaticien, c'est pareil, s'il fait de l'informatique, il sera incompréhensible de tout le monde.

Donc il y a quelque chose qui va vous transformer là-dedans. Il nous faut des bons. Il faut commencer à dialoguer. C'est extrêmement important et il faut le faire vite en plus. Parce que maintenant on n'a plus le temps.

Voilà. Donc je pense que c'est avant de s'identifier, parce que, attention, on s'identifie à des collectivités aussi. Et ce sont des sortes de super-égos qu'on se constitue.

Par exemple, si moi je m'identifie en tant que bouddhiste, que je me ferme dans une communauté bouddhiste, je ne servirai pour rien. Parce que je vais devenir dogmatique, sectaire, je n'aurai que mon point de vue. Je ne vais pas l'échanger avec d'autres parce que je considère que c'est des cons, puisqu'ils ne sont pas bouddhistes. Et puis qu'est-ce que je vais faire avec ça ? Rien.

Je vais me rétrécir. Ça s'appelle l'intégrisme. Mais l'intégrisme n'existe pas que dans les religions. Il existe partout dans les sociétés.

Donc voilà, c'est extrêmement important de voir que la constitution de l'ego, comme je vous l'ai expliqué, qui est une sorte d'illusion individuelle de construction à partir d'éléments divers dans notre existence, ça se fait aussi dans l'ego. Ça se fait aussi dans une nation. Ça se fait aussi dans le groupe humain, dans son entier.

Et à chaque fois, c'est une illusion. Ce sont des identifications. Ce sont des étiquetages.

Et malheureusement, à partir de ces étiquetages, on ne peut plus comprendre les autres. On ne peut plus comprendre l'environnement. On ne peut plus comprendre les autres êtres. On voit tout de notre point de vue, de notre tour d'ivoire.

C'est l'histoire de la tour de Bâle. Donc voilà, c'est... Avant de s'identifier à une collectivité générale, il faut aussi se voir en tant qu'être humain comme être singulier, qui s'identifie trompeusement à la somme de ses propres composants, comme étant unitaire et durable.

et par la même qui se pense indépendant de la nature environnante et se déclare capable de l'améliorer ou de la détruire sans avoir conscience qu'il faut ainsi à leur perte. On peut dire quelque part qu'il y a une espèce d'orgueil qui nous mène à notre perte. Et c'est ça l'aspect dramatiquement promethéen de l'être humain.

C'est le mythe de Promethée. Et il s'agit de renverser complètement cette vision anthropo-égocentrique, je dirais pratiquement, qui est liée à l'esprit humain. Et qui a ses... certes il a des capacités exceptionnelles cet esprit humain, mais on peut penser que nous n'avons pas la maîtrise de ses capacités exceptionnelles à l'heure actuelle. Nous sommes encore quelque part...

Un être assez primitif, je dirais un peu reptilien, et qui ne sait pas trop comment effiliser son niveau cortex. Et c'est bien ça le drame. Les gens qui nous dirigent ont des instincts reptiliens très forts. Et ils utilisent leur intelligence, leur néocortex, au service de cette prédation et non pas au service de l'être humain et au service de la planète.

Et donc il faudrait pour ça regarder son propre esprit avant tout. travailler sur soi-même, effectuer une forme de révolution de cette vision centrée sur nous-mêmes, pour voir qu'en fait, notre esprit doit s'ouvrir sur l'ensemble de la manifestation. Et il y a quand souvent, de cette manière-là, sur la manifestation phénoménale entière de l'univers, qu'on peut commencer à changer son regard.

Mais pour ça, il faut déjà regarder soi-même, au fond de soi-même, et éradiquer en quelque sorte cette illusion. Alors je ne dis pas qu'il faut d'abord le faire... c'est-à-dire se retirer pendant 50 ans pour faire le ménage chez soi avant de commencer à agir avec le petit doigt. Non, il faut agir dès maintenant, bien sûr, mais il faut aussi savoir se retirer par rapport à ce besoin compulsif d'action que nous avons.

en Occident, on en parlait à table tout à l'heure, en fait en Occident, notre habitude c'est pas d'agir, c'est de réagir. Si nous agissions, nous ne serions pas motivés par nos passions. Or, nous sommes en général motivés par nos passions.

Par exemple, beaucoup d'ONG sont fondés sur des indignations. L'indignation c'est une forme d'aversion pour une situation. Ça veut dire que quelque part, ce sont toujours les passions qui nous mobilisent. C'est pas la sagesse. Donc c'est des vues à court terme.

Et voilà pourquoi notre action, finalement, n'est pas si efficace que ça. Si par contre nous parlons à partir d'une profonde sagesse qui est à l'intérieur de nous, et qui est vraiment là, mais il faut simplement aller la chercher, aller la trouver, se familiariser avec, et bien évidemment, notre rapport... aux autres va être différente. Parce que nous savons aussi qu'ils ont cette sagesse. Mais qu'il faut la faire et fleurir.

Les aider simplement à essayer de commencer à regarder eux-mêmes, parce qu'on ne peut pas le faire pour eux. Donc il faut respecter les autres. Et il sait faire. Mais en même temps, la chose qu'on peut faire, c'est montrer l'exemple.

C'est tout. Et puis travailler sur les niveaux à la fois, effectivement, extérieurs, parce qu'on ne peut pas attendre, mais continuer à travailler à l'intérieur pour pouvoir justement provoquer cette révolution des consciences. Parce que sinon, changer le monde, depuis combien de temps l'homme cherche à changer le monde ? Depuis combien de temps il construit des systèmes politiques qui font des millions de morts ? Parce que tous les systèmes politiques ont fait des millions de morts.

Tous. Et à l'heure actuelle, il n'y a plus d'idéologie politique en tant que telle, mais il y a une idéologie économique extrêmement insidieuse, qui glisse vers un totalitarisme extrêmement mou, doux, contre-contraire. ne sent pas, d'une certaine manière, ce qu'on appelle l'ultralibéralisme, qui est en train de nous bouffer tranquillement, et de continuer à débouiller la planète de ses ressources et d'augmenter les problèmes climatiques, etc., jusqu'au bout. C'est le produit de l'avidité. Voilà, voilà ce que je peux dire d'une réflexion bouddhiste qui est la mienne, ce n'est pas celle de tous les bouddhistes forcément.

Maintenant, les bouddhistes, il y a quand même des bouddhistes engagés très nettement dans... le combat écologique à l'heure actuelle. Bien sûr, on pourrait citer Sassantel Daryanaman, mais il y a aussi d'autres comme Sulak, en Thaïlande, comme un certain nombre de personnes en Asie qui militent énormément, et aussi des...

Il vous dit, c'est engagé en Occident, il commence à vraiment monter au créneau, comme David Lloyd, par exemple, qui est un Anglais. On a eu, par exemple, son dialogue, selon comment son slogan, je veux dire, c'est par rapport à l'économie actuelle, si vous voulez, qui n'est pas une économie. C'est juste une économie de prédation, on s'entend bien.

Il dit, pourquoi toujours plus, alors que plus ne sera jamais assez ? Question indiscrète. Est-ce que selon vous, il pourrait exister un humanisme et une éthique athée ? Et est-ce que le bouddhisme pourrait en être une forme ou pas ? Quels seraient les rapports entre eux ?

Alors, le bouddhisme, ce n'est pas un athéisme. C'est un non-théisme. C'est-à-dire qu'on ne repose pas sur un présupposé thémiste, mais les dieux sont acceptés dans le bouddhisme, ils sont des bienvenus, ce sont des êtres comme les autres.

Seulement, évidemment, ils descendent un peu de statut. Parce que ce sont des êtres conditionnels. aussi. Donc le bouddhisme ne se raccroche pas effectivement à une déité suprême ou je ne sais quoi, c'est la compréhension, la sagesse.

Et la connaissance de l'absolu, c'est-à-dire de la réalité des choses telles qu'elles sont, c'est quelque chose qui est en chacun de nous, qui est possible de se révéler. C'est ce que le bouddhisme appelle la nature du Bouddha. La nature du Bouddha, le Bouddha, ça veut dire réveiller.

Donc la nature réveillée, si vous croyez. Notre principe transcendant, c'est la nature réveillée. Et cette nature réveillée n'est pas un dieu extérieur. Elle est un intérieur.

Tout simplement, nous l'avons tous en nous, mais elle est recouverte. Dans nos conditions. Donc le travail à faire, c'est de déconditionner. Donc le bouddhisme, c'est surtout, avant tout, une spiritualité de déconditionnement.