Qu'est-ce que le règne de Louis XIV a apporté à la langue française et que se passe-t-il du côté de la littérature ? Sous le règne de Louis XIV, la littérature française connaît un véritable âge d'or. Comme pour les arts, l'impulsion a été donnée par le cardinal Richelieu avec la fondation de l'Académie française en 1635. L'idée est de sublimer la langue française, de la rendre pure, éloquente et capable de traiter les arts et les sciences.
Notre langue devient un outil d'excellence, si bien que Descartes écrit, non pas en latin, mais en français, son célèbre discours de la méthode. Les académiciens sont chargés de théoriser le français en élaborant un dictionnaire, en fixant les règles d'orthographe et de grammaire, en décernant des prix. La notion de règles est une clé essentielle pour comprendre le classicisme au XVIIe siècle. L'Académie fixe aussi les règles pour le théâtre.
Une tragédie, par exemple, doit respecter la règle des trois unités, unité de temps, unité de lieu et unité d'action. Et il s'agit de les respecter. Car voyez le Cid, écrit par Corneille en 1636. L'histoire du vaillant Rodrigue, pris entre son amour pour Chimène et l'obligation de venger son père, nourrit les critiques de l'Académie. La pièce ne peut être classée tragédie puisque d'une part elle ne respecte pas la règle des trois unités et que d'autre part son issue est heureuse.
Elle aura pourtant un succès retentissant et reste un chef-d'œuvre de la littérature française. Pouvez-vous imaginer que Molière, le plus célèbre des auteurs de l'époque, a dû changer de nom pour ne pas nuire à sa famille ? Il faut bien comprendre que le théâtre est alors mal jugé par l'Église, ce qui n'empêche pas Louis XIV de se prêter lui-même au jeu d'acteur. En 1664, il offre d'ailleurs à la cour une série de divertissements dans les jardins de Versailles, les plaisirs de l'île enchantée.
À cette occasion, Molière et Lully, qui dominent la vie musicale de l'époque, entament une première collaboration et initient les comédies-ballets. Molière y présentera son fameux Tartuffe, cette pièce, qui tourne en dérision un dévot utilisant la religion pour séduire une femme mariée, sera interdite par l'Église. La Fontaine, tout comme Molière, étudie la nature humaine et fait l'éloge de l'honnête homme.
Ces fables sont une leçon de vie. Je me sers d'animaux pour instruire les hommes écrit-il. Et par ce biais, il s'autorise à critiquer la société et parfois même la cour.
Racine est incontestablement l'auteur de la tragédie classique. Il redonne vie aux grandes héroïnes de l'Antiquité et fait vibrer la passion amoureuse tout en s'appropriant les contraintes du genre. Il contribue à l'harmonie et la grandeur voulues par Louis XIV tout en bouleversant le spectateur.
C'est une femme, Madame de Lafayette, qui donnera à notre littérature en 1678 le premier roman psychologique, La princesse de Clèves. Figurez-vous qu'elle gardera l'anonymat pour ne pas compromettre son rang. Une honnête femme, ne saurait être écrivain au siècle de Louis XIV.