Pour tous, l'affaire Clearstream est une histoire obscure. Pour les journalistes Premier Péan et Van Matignon, cette histoire en cache une autre. Celle des pouvoirs politiques, financiers et militaires ou industriels qui ont fait la France depuis 25 ans.
Au commencement de l'affaire, il y a un homme. Imad de Laoud Ancien trader, il est recruté dans les services secrets par le général Rondeau, le plus haut responsable du renseignement français. Il doit retracer les circuits de l'argent de Ben Laden. Pour cette mission, Imadne Laoud obtient une couverture chez EADS, le mastodonte européen de l'aéronautique et de l'armement. Alors Imadne me fait un grand numéro, je veux me réhabiliter.
La France est mon pays, je veux servir mon pays. Donc me voilà, clandestin à la DGSE, sous contrat de consultant avec EADS. Les missiles sont de plus en plus concentrés, ce qu'on appelle la supériorité aérienne. Jean-Luc Lagardère, le patron du groupe Lagardère, s'est éteint après avoir succombé à une maladie neurologique extrêmement rare. Jean-Louis Gergorin a dû avoir l'impression d'avoir perdu son père.
Cette mort n'est pas habituelle. Il faudra bien quand même qu'on comprenne de quoi il est mort. Gergorin est convaincu que c'est un assassinat.
Cette maladie, je découvre que le KGB est utilisé ça à des fins d'assassinat ponctuels. Et c'est le début d'une incroyable imposture. Je vous demande une chose, Ilnade, est-ce que vous pouvez voir s'il n'y a pas eu des mouvements suspects sur le titre Lagardère ?
Sans la mort de Jean-Luc Lagardère, il n'y a évidemment pas d'affaire Clearstream Stream. Parce qu'en fait, la tête de Gergorin explose. Transport et électronique auto, ensuite en...
Out ! La France est mon pays, je veux servir mon pays ! Depuis son recrutement par les services de renseignement français en janvier 2003, Imadn Laoud rédige des rapports abondants et complexes sur les circuits de l'argent d'Al-Qaïda.
Mais pour la DGSE, sa principale mission consiste dans la récupération de documents bancaires au Liban. Des documents concernant l'argent de Ben Laden que Laoud affirmait avoir caché là-bas. Cependant, toutes ces tentatives de récupération ont échoué.
À l'été 2003, Antoine, son officier traitant, l'homme qui le débriefe régulièrement pour le compte des services de renseignement extérieur, ne lui fait plus confiance. À ses yeux, Imadd Laoud n'est plus crédible, et ses motivations sont, pour le moins, floues. Antoine et la DGSE décident de se séparer de leur informateur. On s'est revus pour un café d'adieu avec Antoine, place de la Madeleine, dans un café.
Il m'a dit, sache que dans n'importe quelle opération de renseignement, le verre est toujours dans le fruit au départ. Et il m'a dit... Il m'a donné l'exemple de la révolution russe. Sur les 7 ou 6 qui l'ont démarré, il y en avait 4 qui travaillaient pour le Tsar, je crois. Donc il m'a dit, voilà, c'est vraiment dès le début qu'une opération est pourrie.
Ben, je pense sans aucun rapport. avec si c'est passé plus tard, mais c'était assez marrant. Et moi, je lui avais dit, écoute, quand tu ne comprends pas un contexte, regarde toujours les circuits financiers et les flux financiers, et là, ça t'aide à comprendre. Si les liens de la Houd avec la DGSE sont consommés, le 30 juin 2003, quelque chose va se produire.
Un événement qui, aux yeux de Jean-Louis Gergorin et du général Rondeau, aurait dû décrédibiliser l'ancien trader définitivement. Cet événement... c'est en fait une fuite c'est un article qui sort dans l'hebdomadaire Marianne et où il révèle l'Dgse utilise un trader pour pénétrer les secrets de Ben Laden et avec des détails très précis et en fait il s'est fait enlever et Il s'avère que, Philippe Rondeau me dira, parce qu'il va tout de suite me faire venir, que c'est la reproduction à l'identique dans Marianne d'une note datant de quelques mois d'Imad de Laoud à la DGSE, sur le système financier de Ben Laden. Donc Philippe Rondeau, il fout de rage. Je suis totalement également furieux.
On se sent, Philippe Rondeau et moi, trahis. Donc nous avons décidé de le voir séparément l'un et l'autre, et ensuite de confronter nos impressions. Et c'est là qu'il va se produire quelque chose d'absolument stupéfiant.
Quand j'y pense rétrospectivement, c'est que, indépendamment de l'un de l'autre, dans deux très longs entretiens, Imadd Laoud va nous convaincre qu'en fait, il n'est pas l'auteur des fuites. Et ce qui est absolument extraordinaire, c'est qu'il va nous convaincre séparément l'un et l'autre. Or, il a franchi ce double obstacle tellement brillamment qu'ensuite s'est posé la question de son statut.
Qu'est-ce qu'il doit trancher dans ces cas-là ? C'est Rondeau. Rondeau qui décide je garde ou je ne garde pas Et il me garde. La fuite du rapport Ben Laden dans la presse confirme tout ce que pensait l'agent Antoine depuis des mois. Mais Imadd Laoud va cependant réussir un exceptionnel tour de passe-passe qui va lui valoir une promotion.
Le 9 juillet 2003, le général Rondeau adresse une note à sa ministre de tutelle, Michel Alliot-Marie, pour reprendre en direct le traitement d'Imadd Laoud Après m'être entretenu de l'opération avec votre directeur de cabinet, le 4 juillet, je vous propose de continuer à traiter directement Imadd Laoud en lui demandant uniquement de me fournir toute information sensible sur certains réseaux financiers transnationaux opaques dans le cadre de la lutte antiterroriste. En complément de la note de Rondeau, Philippe Marianne, le directeur de cabinet de la ministre de la Défense, précise Le directeur de la DGSE certifie que son service est totalement étranger à l'article de Marianne et pense que la fuite est le fait de l'auteur de la note lui-même. C'est invérifiable. Michel Alliot-Marie valide la reprise du traitement d'Imad Delaoud en direct par le général Rondeau.
Et Mme Alliot-Marie met OK à toutes les recommandations de la note. Et cette note, je l'ai vue avec le OK, ou le oui, je ne me souviens plus, je crois que c'est OK, de Mme Alliot-Marie. Donc je ne peux pas ne pas penser, en quelque sorte, je suis obligé de penser que c'est vraiment quelqu'un d'exceptionnel dans son domaine, pour qu'il laisse une telle reconnaissance. Et donc la crédibilité qui rejaillit sur lui va rejaillir sur sa crédibilité dans les informations qu'il me donne. C'est complètement dingue ce qui se passe, c'est-à-dire que jamais une source n'est traitée en direct par un homme de cette importance-là.
Jamais. La DGSE avait appliqué les règles puisque c'était seulement un agent et lequel agent devait passer. sûrement par son supérieur, son supérieur devait encore passer pour arriver au directeur, il y avait sûrement plein d'étages et donc ça respectait totalement les règles, le fait que ça passe à une seule personne.
C'est une rupture totale de tous les grands principes qui ont cours dans les services secrets. Laoud vient donc de sauver sa peau auprès de Gergorin et du général Rondeau. Il doit maintenant satisfaire leurs attentes et Laoud qui a toujours un coup d'avance a une idée en tête.
Une idée qu'il a dû envisager dès sa première rencontre avec Denis Robert lorsqu'il récupère les listings de la chambre de compensation Clearstream. Rappelez-vous c'était cinq mois plus tôt. Il nous fallait l'annuaire des comptes chez Clearstream. Et Denis Robert l'avait.
D'où l'opération Denis Robert. À un moment donné, il a une question, il me dit est-ce que tu as retrouvé un nom qui est Gomez dans tes listings ? Je dis mais je ne sais rien. On fait défiler le listing et il retrouve un compte avec le nom de Gomez. Il me dit le patron de Thomson.
Et le patron de Thomson a des comptes chez Clearstream. J'ai dû lui dire, écoute il y a un Gomez, c'est effectivement troublant, mais ce n'est pas Alain Gomez. Il n'y a pas écrit Alain, il y a écrit Hugo Caceres Gomez. Cette idée de la haute... devient encore plus pertinente 15 jours après cette rencontre avec Denis Robert, quand la mort brutale de Jean-Luc Lagardère surprend tout le monde, quand Gergorin commence à imaginer que son mentor, le grand patron de l'armement français, a été assassiné.
Mon inquiétude ne m'avait pas quitté. Mon inquiétude, c'était quand même, si responsabilité il y a de la mort de Jean-Luc Lagardère, et deux, est-ce qu'il y a un danger pour le groupe ? J'avais demandé, fin avril, à Imadd Laoud, de vérifier s'il y avait des anomalies dans les mouvements de titre Lagardère.
De fil en aiguille, très progressivement, il m'avait annoncé avoir pénétré Clearstream. Et à l'été 2003, Imadd Laoud commence à construire son incroyable piège. Au centre du piège, les listings de comptes de Clearstream.
est le nom de l'ennemi historique du groupe Lagardère, propre à nourrir toutes les paranoïas de Jean-Louis Gergorin. Il m'explique en détail le système Clearstream. Il a toute une logorée dont je sais maintenant qu'elle correspond en partie, mais en partie seulement, à des choses réelles, soit qu'il connaissait, parce qu'il a été un utilisateur du système Clearstream en tant que trader, soit à des vulgarisations ou au contraire développement des thèses de Denis Robert, soit carrément à des choses réelles.
des choses purement inventées ou mal interprétées par lui. Et donc il aboutit à une espèce de compendium complexe sur le système Clearstream Stream. Et au cœur de ce système, il dit qu'il y a un homme, que c'est Alain Gomez. Il faut visualiser la scène. Vous avez un écran.
Un fichier Excel ouvert sur l'écran et puis on descend comme ça. Il y a 33 000 noms. Et donc quand il descendait comme ça, on tombe sur Hugo Caceres Gomez. Là, alors je ne vais pas mimer la scène parce que c'est...
Mais bon, vous savez... les personnes qui le connaissent très très bien peuvent vous dire, il se braque comme ça, vous voyez, il se braque comme ça, et puis il commence à avoir des mouvements saccadés et extrêmement irréguliers. Et donc je vois ça, je me dis, mais c'est...
Et oui, c'est vrai, c'est comme dans Sherlock Holmes, mais oui, c'est évident. Et il fait le tour du bureau, il tourne autour d'une chaise, et on ne peut pas l'arrêter, il faut vraiment le calmer. Quand on a une obsession, quand on a une idée fixe, on a parlé, je crois que c'est un de mes conseils, on a parlé d'effet tunnel, on est dans un tunnel, on a l'impression que tout s'emboîte dans le même sens. Donc je suis complètement dans cet univers.
C'est une incroyable entreprise pour vous capter, pour vous être complètement ferré. Merci. Tout ceci était prodigieusement cohérent et cette cohérence constante a été un facteur très important de crédibilité.
Le 1er octobre 2003, Gergorin alerte Rondeau et lui remet des premiers documents. Des documents fournis par la HOUDE. Mais le premier faux listing Clearstream, c'est Laoud qui l'apporte au général, le 6 novembre 2003. Un document que Laoud a toujours démenti avoir falsifié. Un mélange de comptes réels et de noms ajoutés.
Dans ce document, des politiques, des industriels de l'armement, Des gens des services secrets, des oligarques russes, des mafieux, des hommes d'affaires. Parmi eux, Jean-Premier Chevènement, Dominique Stroskan, Georges Kijman, Alain Minc. Alain Laden, Dominique Baudis, Jean-Charles Marianne.
Des hommes de gauche comme de droite, dont les vocations doivent interpeller Gergorin et le ramener à la fin des années 80, lorsqu'au sommet des partis politiques français, la question des financements occultes était centrale. François Mitterrand a été réélu président en mai 88. Quelques mois plus tard, éclate une série de scandales. L'affaire du carrefour du développement prouve que les anciennes colonies africaines servent de pompe à fil. pour le Paris Société. L'affaire Urba-Gracco révèle que grâce aux lois de décentralisation, l'implantation des hypermarchés donne lieu au versement de pots de vin à des élus locaux, collectés nationalement par le PS.
C'est vrai que vous voulez tout savoir. Alors écoutez ! Et tous les grands partis fonctionnent ainsi et sont éclabroussés par les affaires.
Contre-vérité pour ne pas dire mensonge. Pour faire cesser les scandales, plusieurs lois sur le financement des partis sont votées, qui rendent très compliquées les systèmes de corruption façon années 80. Certains argentiers d'écuries présidentielles cherchent alors un autre moyen, plus sécurisé, plus moderne. plus efficace. Et cet autre moyen, c'est un contrat de vente d'armes avec Taïwan qui va permettre de l'élaborer. Taïwan, une île de 23 millions d'habitants.
Pendant la guerre froide, elle a servi avec la Corée du Sud et le Japon d'avant-poste aux troupes américaines. Face aux deux géants communistes, la Chine et l'URSS. Mais la guerre froide touche à sa fin.
Pékin jure que tôt ou tard, l'île sera rattachée au continent. Une menace réelle pour les Taïwan. À la fin des années 80, Taïwan possède alors la plus grosse réserve de devises au monde.
200 milliards de dollars. Il leur faut bâtir leur propre force. Premier gros coup, des négociations avec la Corée du Sud pour la vente de frégates de combat, des navires capables de protéger l'île d'une invasion maritime.
Pour les industriels de l'armement français, troisième exportateur d'armes au monde, c'est le signe que Taïwan n'est plus un marché réservé aux Américains. Une évidence s'impose, il faut de toute urgence doubler la Corée. En 1989, la France invite le ministre de la Défense, le maréchal Aupêchou, à venir faire le tour des arsenaux. C'est le début d'un immense scandale, qui vu de France, ne fut qu'un parmi tant d'autres. Mais qui, vu de Taïwan, est devenu l'affaire du siècle.
Sur place, l'ancien vice-ministre de la Défense, M. Wang, a participé à la commission d'enquête chargée d'établir la vérité sur toute l'affaire. Après avoir fini l'enquête, je n'ai jamais parlé à personne. On m'a dit que vous vouliez que je témoigne, je vous l'ai refusé.
Puis en réfléchissant, je me suis dit que c'était le moment que je parle. Cela fait dix ans maintenant, c'est la première fois que j'évoque cette enquête. Alors voilà, étrangement, le Premier ministre, Opechun, s'est rendu en France le 8 mai 1989. Donc, ce 8 mai 1989, il envoie de Paris un télégramme à Taïwan.
Personne ne savait le but de ce voyage, mais à ce moment-là, ici, à Taïwan, les négociations pour l'achat des frégates à la Corée étaient terminées et le budget validé. Pourquoi le ministre est-il allé en France ? Pourquoi ? Pourquoi a-t-il envoyé un télégramme en disant stop, on arrête avec la Corée ?
Vous ne trouvez pas ça étrange ? Comment la marine va-t-elle faire avec la Corée ? Tout était en cours, comment va-t-elle faire ?
Et les Français qui veulent nous vendre leur frégate, elle n'existe même pas encore. C'est une modélisation, des plans, c'est tout. Elle n'existe même pas encore cette frégate furtive. Effectivement, ce que voit le maréchal Hao Peichun en France n'existe qu'à l'état de maquette. Mais quelle maquette ?
Les premières frégates furtives au monde. Les frégates Lafayette, 125 mètres, 3600 tonnes, ne sont censées laisser qu'un signal de bateau de pêche sur les meilleurs radars. Paris Changpu, membre du Conseil national de défense à Taïwan, participera également aux enquêtes.
Hao Peichun était Premier ministre, et il a longtemps été ministre de la Défense. Alors, avec un groupe de gens autour de lui, des gens avec lesquels il travaillait, Ils ont essayé de toucher des commissions, de l'argent, de l'argent en provenance des entreprises et des industriels et de ceux qui sont impliqués dans cette affaire. Tout ça est parfaitement légal et part du principe qu'aucun grand contrat ne peut se signer si on n'a pas corrompu l'acheteur.
C'est aussi simple que ça. Et donc, toutes les grandes entreprises... corrompent les pays acheteurs, corrompent l'establishment des pays acheteurs.
C'est-à-dire qu'on est obligé de payer le pays acheteur pour qu'il nous achète, lui, des armes derrière. Absolument. Ce n'est pas de contrat d'armement où il n'y a pas eu des commissions.
Donc il n'y a pas eu de la corruption dans le pays acheteur. Je n'en connais pas. À Lorient, on a déjà appris à ne pas s'enthousiasmer trop vite. Pourtant, la semaine dernière, l'annonce du projet de construction de frégates pour Taïwan a réveillé quelques espoirs.
Mais le massacre de la place Tiananmen, le 3 juin 1989, va tout changer. Le monde bouleversé assiste à la mise à mort du mouvement démocratique. ...chinois après des semaines de révolution pacifique.
Dans la nuit de samedi à dimanche, c'est l'engrenage. Les soldats de l'APL foncent vers Tiananmen. Mais cette fois, ils sont armés et ils tirent sur la foule qui bat en retraite.
Arctique le premier. Les hommes naissent, ils demeurent, libres et égaux en droit. François Mitterrand, en pleine célébration du bicentenaire de la Révolution française, décide de représailles diplomatiques et gèle les relations avec Pékin.
En tête du défilé du 14 juillet, un millier de jeunes Chinois viennent rappeler que la France est la patrie des droits de l'homme. Le contrat avec Taïwan prend alors un tout autre relief. Pékin, humilié, fait comprendre à la France que la vente des frégates s'apparente à une quasi-déclaration de guerre. Roland Dumas, alors ministre des Affaires étrangères, décide de calmer le jeu et oppose son veto à la vente des frégates. Benjour à tous, la France ne vendra pas de frégate à Taïwan.
Matignon l'a fait savoir hier soir. Cette marche arrière du gouvernement Rocard ne s'est pas fait de gaieté de cœur. On s'en doute. Le marché pesait, je vous le rappelle, 11 milliards de francs.
Cette obéissance, entre guillemets, à la Chine, qui était opposée, je vous le rappelle, au projet français, coûte également très cher à Lorient. Lorient aurait dû normalement construire 6 bâtiments sur le modèle de la frégate Lafayette. Pour les 4000 employés de l'arsenal, la déception est grande. Ce sont près de 7 millions d'heures de travail qui prennent ainsi le large.
C'est un peu difficile à encaisser. Ceci dit, les raisons qui sont invoquées nous échappent. Quand on se heurte à la raison d'état, on ne peut pas dire grand chose. Sinon, notre profond regret, car il est certain que cette commande, s'il avait été concrétisée, car ce n'était pas encore fait, aurait apporté un ballon d'oxygène considérable dans l'économie locale.
Pour la DCN, la direction des constructions navales, c'est un revers commercial. Mais pour Thomson, qui pilote l'opération, c'est un échec stratégique majeur. Alain Gomez décide de tenter le tout pour le tout, afin de renverser la tendance. Une incroyable opération se met alors en place, qui consiste à verser des commissions, c'est-à-dire à corrompre partout où il le faut pour relancer le contrat. Et à l'époque, les commissions sont légales.
Trois grandes cibles sont à atteindre. Taïwan, d'abord, qui ne doit surtout pas reprendre les négociations avec la Corée. Il faut inonder de dollars pour rendre le pouvoir patient. La Chine, ensuite, il faut obtenir que Pékin ferme les yeux et lui garantir que les frégates ne seront pas une menace.
La France, enfin. où le Quai d'Orsay doit coûte que coûte revenir sur son véto. L'existence de trois réseaux dans l'affaire des frégates de Taïwan montre clairement que ce n'est pas des opérations simples. C'est-à-dire que savoir qu'il faut corrompre est une chose, savoir comment corrompre en est une autre.
Et ça, ce sont des... Il faut, effectivement, c'est très casse-gueule, il faut faire extraordinairement attention, et il y a beaucoup de contrats. dans tous les pays qui ont été cassés parce que la corruption a été une corruption qui était mal mal faite.
Donc pas de grand contrat d'armement sans corruption et pas de corruption sans intermédiaire. On peut le dire, on peut le dire. Il y a dans chaque grande entreprise qui vend à l'étranger, notamment dans l'armement, des spécialistes, des gens qui savent où on doit corrompre, combien, comment. et combien l'un par rapport à l'autre, si on va avoir une chance d'obtenir le contrat. Dans leur enquête sur le contrat des frégates, les Taïwan découvrent l'impressionnant réseau d'Alain Gomez.
Pour la Chine populaire, le groupe Thomson dispose d'un agent, Madame Li Li Li. Cette chinoise d'une cinquantaine d'années a ses entrées dans la cité interdite. Elle prétend convaincre le premier ministre de l'époque, Li Peng, et le président de la République, le général Yin Changpu Kuo.
Thomson verse à Li Li Li l'équivalent de 12 millions d'euros. Il résulte de l'enquête taïwanaise qu'en plus de l'argent distribué aux dirigeants communistes chinois, Thomson aurait promis les codes secrets permettant d'identifier sur leur radar les frégates furtives. En bonus, les Français apportent aux dirigeants chinois la garantie que les frégates ne seront que des coques vides.
Aucun armement ne sera livré. Pour le réseau de Taïwan, Thomson peut compter sur un intermédiaire de haut vol, très introduit dans les cercles du parti au pouvoir, M. Wang Le fameux Wang Changpu-pu.
L'homme qui va bientôt se retrouver au centre du scandale. Thomson le dote d'une valise faramineuse à distribuer sur place. Plus de 500 millions de dollars. Avec cet argent, il a de quoi faire patienter les militaires deux années de plus et les convaincre de fermer les yeux sur l'absence d'armement.
Monsieur Wang est très efficace. Sa mission sera un succès. Reste la France. Le Quai d'Orsay doit autoriser le contrat.
Mais les réseaux habituels de Thomson sont incapables de débloquer cette situation. La direction du groupe se tourne alors vers l'entreprise française, chargée par le général de Gaulle au début des années 60, de veiller aux intérêts stratégiques de la France à l'étranger. Le pétrolier, Elf. Un des pans importants de la nouvelle politique française, c'est de ne plus être dépendant de l'essence, enfin disons de l'énergie produite par les compagnies anglo-saxonnes, et donc d'essayer d'avoir une compagnie spécifiquement française. Dans quelques instants, nous allons assister à un événement important, c'est le lancement d'une nouvelle marque d'essence française.
Elle s'appelle cette essence française Elf. C'est un des points essentiels du retour à l'indépendance française. L'indépendance énergétique.
L'indépendance énergétique. Et donc, il faut revoir toute la géopolitique, c'est-à-dire que la France va perdre l'Algérie, l'essentiel du pétrole français était dans le Sahara, le Sahara c'est fini, et donc il va falloir trouver d'autres solutions. de sources pétrolières et donc ça va être l'Afrique. Premier producteur du Gabon, Elf tire 15% de sa production mondiale de ses gisements et notamment de ses quelques 66 plateformes en mer. L'Afrique nouvellement indépendante s'installe un système qu'on va appeler le système néocolonial et ça consiste à arranger les choses, c'est-à-dire faire en sorte que les pays, surtout les pays pétroliers d'Afrique, ne posent pas trop de problèmes.
et elle va être aussi le bras armé de la politique africaine de la France. Et donc ça, ça va être complètement essentiel. Mais aussi, comme elle travaille à l'abri du secret d'État, ça va être aussi une des autres fonctions, c'est de mettre de l'huile dans les rouages de la politique française aussi.
Et tout ça à l'abri des regards, puisqu'on est à l'époque au cœur de l'État et donc protégé par le secret d'État. À la fin des années 80, deux hommes dirigent les réseaux de corruption au sein du groupe Elf. André Tarallo et Alfred Sirven, lequel Alfred Sirven détient un atout majeur.
Un agent d'influence très proche de Roland Dumas, le ministre qui bloque la signature du contrat. Cet agent, c'est Christine de Viejoncourt. J'ai fait mon travail, j'ai travaillé pendant un an, j'ai été payée pour ça.
J'ai rendu l'argent et j'ai réussi à vendre les frégates de Taïwan et à faire lever le veto. Le veto qui était celui de Roland Dumas. Le veto qui était celui de Roland Dumas. La preuve c'est qu'il a levé.
Je suis rentrée chez Elf en 89 et en 90, début 90, fin 89, je fais un voyage à Genève avec Alfred Sirven. Et dans l'avion d'Elf, il y a un monsieur qui se trouve là. Et dans la journée, en l'absence d'Alfred, cet homme me glisse sa carte de visite et me dit, Voilà, vous savez, moi je suis Thomson.
On a un gros problème. Il m'explique le marché des frégates à Taïwan. Il me dit que Roland Dumas bloque. Moi, j'écoute ça, je ne comprends pas bien. Je prends sa carte de visite.
Voilà, Alfred revient et on change de conversation. Cet homme que j'ai rencontré à Genève... Un jour après, il m'appelle et me dit je voudrais qu'on déjeune Moi, je l'avais vu tellement bien avec Alfred et tellement en bonne compagnie avec lui. Je voyais qu'il s'entendait. Ben, j'ai accepté.
On s'est donné rendez-vous à la porte-maillot. Il m'a fait monter dans sa voiture. et je ne comprenais pas où on allait, je ne déjeunais pas là, il m'a dit non, non. Et je me suis retrouvée au restaurant du président, Gomez, au dernier étage de la tour Thomson à la Défense.
Devant, je ne sais pas, il y avait huit messieurs qui étaient là, sauf Gomez. Je ne dis rien, je ne comprends pas bien ce qui m'arrive. Et pendant tout le déjeuner, tout le déjeuner, ils ne parlent que des frégates à Taïwan.
Je ne me souviens plus bien, mais je comprends qu'ils ont vraiment un problème. Et là, ils insistent sur le fait que... que c'est un énorme marché pour la France, que les chantiers navals de l'Orient sont en train de mettre la clé sous la porte, qu'il y a du chômage partout. Et puis j'écoute et je dis rien. Comment réagit-il après ça ?
Alors il réagit très mal, il est furieux que ces gens m'aient fait venir. Il me dit tu travailles pour elle, qu'est-ce que c'est que ça ? Tu ne réponds plus à ces gens, je m'en occupe. Au bout de 8-10 jours, il revient et il me dit voilà, on a décidé de... Nous allons collaborer, ELF va aider Thomson.
On a signé un contrat de collaboration et le réseau ELF va participer, va aider Thomson à réaliser ce marché. Tout le travail était d'essayer de convaincre Roland Dumas qu'il fallait faire vite parce que Taïwan, qui en avait assez d'attendre ses frégates, menaçait de passer à la concurrence. Donc moi, j'étais sans arrêt au ministère des Affaires étrangères à faire le forcing pour essayer de lui expliquer qu'il fallait absolument calmer Pékin pour signer ce contrat des frégates avec Taïwan. Et ensuite, il y a eu ce voyage à Pékin, j'ai accompagné, et il y a eu des négociations à l'époque, j'ai compris que ça allait, que ça se calmait, on donnait des contreparties à Pékin. Et on ne parlait pas de la place Tiananmen.
En serrant tout à l'heure les mains du Premier ministre Li Peng, le principal responsable de la tuerie de la place Tiananmen, M. Roland Dumas a scellé la normalisation des relations entre Paris et Pékin. À l'été 91, la machine à corrompre triomphe. Les contrats sont à la signature.
Le montant des commissions est exorbitant et validé par le ministre du budget de l'époque, Michel Charras. Les commissions du contrat des frégates s'élèvent donc à 750 millions de dollars. Plus de 4 milliards de francs. Un niveau jamais atteint jusque-là. J'ai entendu la première fois le mot de rétrocommission, je crois à propos des frégates de Taïwan.
La rétrocommission est, disons, encore plus terrible et plus difficile encore à accepter que la... mission elle-même, puisque ça veut dire que celui qui vend est au fond le plus corrompu, puisque non seulement il corrompt, ce qui est déjà un geste terrible de corrompre, mais il estime que le corrompu doit à son tour accepter de lui reverser l'argent, lui le corrupteur. L'ampleur et la complexité des tractations avec la Chine et Taïwan alertent les services secrets français.
La DGSE, Direction Générale de la Sécurité Extérieure, envoie à Taïwan un de ses agents, Thierry Imbeau. Il doit surveiller les ventes d'armes et tout particulièrement le contrat des frégates. Le 31 août 1991, Taïwan achète officiellement six frégates Lafayette pour plus de 14 milliards de francs.
La machine à corrompre est si juteuse que le montant du contrat va encore augmenter pour atteindre au final plus de 16 milliards de francs, dont près de 30% de commission. L'avenant qui formalise cette dernière augmentation est validé sous baladure par le ministre du Budget, Nicolas Sarkozy. A chacune des négociations de ce contrat, le prix a augmenté.
Et il y a eu quatre négociations. La raison pour laquelle le prix des frégates Lafayette a augmenté à plusieurs reprises, c'était pour avoir l'argent nécessaire afin de payer, de sous-doyer des responsables ici à Taïwan, en Chine, mais aussi en France. Ça a servi à corrompre, à distribuer de l'argent. En septembre 1993, une délégation d'officiers se rend à l'Orient pour suivre l'avancement des travaux. Le capitaine Yin, responsable des achats d'armement pour la marine taïwanaise, et Robert Siey, parlementaire, sont du voyage.
J'ai fait partie de ceux qui ont fait le voyage au chantier naval de Lorient pour observer la construction des frégates Lafayette. Dans notre groupe, Il y avait cet officier qui observait. Il était toujours un peu en retrait.
C'était Yin Chang Peng, le capitaine Yin. Il posait beaucoup de questions aux ingénieurs et aux ouvriers. Il prenait des notes.
Le responsable du groupe l'a remarqué. Il le regardait de travers. Il était en colère.
Mon mari était un homme sérieux. Il a donc noté tout ce qu'il a constaté à Lorient, en France. Il était spécialiste en armement et il est revenu soucieux. Il m'a parlé d'un de ses collaborateurs qui participait avec lui à ce voyage à l'Orient. Le capitaine Kuo.
Avec ce capitaine, il semblait y avoir un problème. Mais il ne m'a pas précisé quel problème. Il s'est mis à surveiller Kuo.
Il était très anxieux. Il devait se douter de quelque chose. Probablement qu'il y avait des histoires de corruption.
Mais il ne m'a rien dit. Il était vraiment préoccupé par ce qu'il avait découvert à Lorient. Yin et la délégation rentrent à Taipei.
Le capitaine Yin rédige un rapport pour sa hiérarchie et prend soin pour sa sécurité de réaliser des enregistrements audios qu'il cache dans son bureau. Enregistrements qui seront retrouvés démagnétisés. Les rapports, eux, ont tout simplement disparu.
On l'a retrouvé là, il était déjà mort. Là où il y a le pêcheur avec sa voiture, c'est l'endroit où on a jeté le corps en mer. Une fois le corps abandonné, il a flotté avec le courant jusqu'à l'autre côté de la baie. Il a flotté comme ça, de là-bas, jusqu'à l'autre côté.
Le lendemain matin, le 10 décembre 1993, à 8h, un pêcheur a découvert le corps. Mon mari ne m'a pas téléphoné pendant deux jours, alors je l'ai appelé à son bureau. Et là, j'ai entendu la secrétaire dire à son chef, Est-ce qu'on doit lui dire ?
Quand j'ai entendu ça... Je n'ai pas compris. Alors j'ai demandé, dites-moi ce qui se passe.
J'ai exigé qu'on me dise quel était le problème. La secrétaire m'a répondu, votre mari est mort, on a trouvé son corps. Décembre 93, la mort du capitaine de vaisseau Yin scandalise Taïwan. L'officier a été assassiné alors qu'il venait de rendre un avis négatif sur l'achat de frégates Thomson par la marine taïwanaise.
Les frégates étaient en construction. Et là, tout d'un coup, un mort. Le capitaine Yin, retrouvé dans la baie de Suao.
Et là, à Taïwan, tout le monde se dit Pourquoi il est mort ? C'est à ce moment-là qu'on a commencé à parler des commissions et que le décès était lié à un énorme système de corruption. La mort du capitaine Yin déstabilise l'agent que la DGSE avait envoyé à Taïwan pour surveiller les ventes d'armes et les négociations des frégates. Thierry Imbeau se sent-il menacé ? Il quitte Taïwan, s'installe à Washington et démissionne de la DGSE.
À Taïwan même, l'enquête remonte très vite à l'un des commanditaires du meurtre, le collègue et supérieur de Yin, le capitaine Kuo. Arrêté, il est jeté en prison pour corruption. Queau pouvait sortir de prison il y a 5 ans, mais il n'a pas osé.
Il pouvait, mais il n'a pas voulu, et il y est encore. Je lui ai rendu visite et je lui ai dit que dans sa condamnation, Il y a des choses que je n'avais pas comprises, qu'il y avait peut-être des éléments injustes. Je lui ai proposé mon aide. Je lui ai dit, si vous voulez, je peux vous aider. Je lui ai rendu visite trois fois et il m'a répondu, non, non, non.
Voyez comme il a peur. S'il décide de sortir, quelque chose lui arrivera. On peut comprendre la peur du capitaine Kuo. L'enquête a prouvé ses liens avec Wang Changpupu, l'intermédiaire de Thomson sur l'île.
C'est par Wang Changpupu que sont passées les commissions. C'était un peu le Père Joël. Il distribuait les commissions aux officiers. Et il est devenu très influent parce qu'il avait l'argent.
Et l'argent parle. Trois jours après l'arrestation de Koh, Wang quitte Taïwan. Il se réfugie d'abord aux Etats-Unis.
Mais recherché par Interpol, Wang redoute d'être extradé. Et décide donc de s'installer en Grande-Bretagne. Ben d'accord. Wang Changpupu s'est enfui. Tout le monde le sait.
Mais de votre côté, en France, qui a trempé dans cette affaire ? Depuis des années maintenant, cette même question est lancée depuis Taïwan. S'il y eut commission, Il y eut aussi rétrocommission, de l'argent qui serait revenu en France. Mais qui aurait envie de porter plainte ? Qui, en France, aurait intérêt à ce qu'une instruction se penche sur ce dossier sulfureux ?
Il faudra attendre 1994 et les règlements de comptes entre dirigeants du groupe Elf pour que la juge Eva Jolie découvre l'existence du réseau de corruption d'Alfred Sirven. C'est ainsi que Christine de Viejoncourt est apparue dans l'actualité et qu'a commencé le feuilleton de l'affaire Dumas. Mais l'enquête n'ira pas plus loin. Eva Jolie mobilisera la juge Wisniewski, puis le juge Van Rynbeek pour l'aider. Mais le dossier des frégates ne remontera pas plus haut.
Et malheur à celui qui veut parler. À l'automne 2000, justement, un homme veut parler. C'est l'ex-agent de la DGSE à Taïwan, Thierry Imbeau. Il rentre en France et veut y installer sa famille.
On lui conseille d'être discret, mais ça n'est pas comme cela qu'il voit les choses. Il prend contact avec un journaliste. Il a rendez-vous le 11 octobre, mais dans la nuit du 10, Thierry Imbeau tombe de chez lui par la fenêtre du quatrième étage et s'écrase à plus de 4,50 mètres du mur.
L'enquête conclut un accident. Alors qu'ils fermaient les volets, à deux heures du matin, toutes lumières éteintes, un grand coup de vent leur est emporté. Et ce n'est pas le seul décès suspect.
Deux anciens collaborateurs de Thomson à Taïwan sont morts brutalement depuis un an. Jean-Claude Albesar est mort à Tokyo en mars 2000 d'un cancer que certains ont jugé foudroyant. Peu de temps après, un autre cadre de Thomson, Jacques Morrison, trouvait à son tour la mort. Comme Thierry Imbeau, il a fait une chute de quatre étages. A l'époque, la police avait conclu au suicide de cet homme-clé de la vente des frégates.
Au printemps 2001, On croit qu'enfin l'enquête va pouvoir s'ouvrir. Le journaliste Denis Robert vient de publier son livre Révélation sur la chambre de compensation Clearstream. Une mission d'information parlementaire sur la lutte contre le blanchiment auditionne le journaliste. Là-dessus, évidemment, s'ouvre un abîme d'interrogations pour nous tous, mais comme vous avez plus réfléchi que nous à ces questions, quelle peut être l'utilité de ces comptes non publiés, non rattachés à des comptes publiés ?
En mars 2001, Un ancien banquier en poste à Taïwan au début des années 90 demande à être entendu par la mission parlementaire. Il s'appelle Joël Boucher. Il a participé pour la Société Générale au montage financier du contrat des frégates.
Devant les députés, il décortique le montage financier du paiement des commissions des frégates de Taïwan. Dans le rapport de la mission, son témoignage fait l'effet d'une bombe. A la signature du contrat, des documents bancaires sont émis et Taïwan verse 4 milliards de francs.
Sur cette somme, 2,5 milliards de francs de commission devaient normalement être retournés aux Taïwan, conformément à la déclaration faite aux douanes. Or, il n'y a jamais eu 2,5 milliards de francs versés aux Taïwan. Pourquoi ?
Les Taïwan ont calculé que l'argent revenu à Taïwan ne dépassait pas 800 millions de francs. La différence constituant ce que l'on appelle les rétro-commissions. Trois mois après ce témoignage capital à Genève, le juge Perraudin est alerté par plusieurs banques de très importants mouvements financiers. Le juge bloque les comptes d'un certain Wang Changpupu. Au total, plus de 920 millions de dollars, dont 520 proviendraient des commissions liées au contrat des frégates.
Le juge suisse prévient à Paris Rondeau Van Rynbeek, qui peut enfin lancer l'enquête sur les frégates de Taïwan. Rondeau Van Rynbeek n'a pas dû apprécier la surprise. Ce juge d'instruction attend depuis deux mois que l'État lui fournisse certains documents. Une première fois, le juge était venu les saisir, on lui avait répondu secret défense.
Il y a deux jours, nouvelle tentative et toujours la même réponse, l'État refuse de coopérer. Il devrait dans les prochaines semaines demander au gouvernement la levée du secret défense pour la quatrième fois en trois ans. Enfin, sachez que le ministre de l'économie et des finances, François Marianne, a rejeté comme son prédécesseur d'ailleurs la levée du secret défense dans l'affaire des ventes de frégates à taïwan à l'automne 2003 on en est là de l'affaire des frégates et de l'enquête du juge van rimbeek Quand Imadd Laoud commence à fabriquer ses faux listings Clearstream, ce qu'il dément, rappelons-le. Son but est de prouver à Jean-Louis Gergorin qu'il est parvenu à identifier un compte soi-disant attribué à Alain Gomez dans ses recherches de mouvements suspects sur le titre Lagardère.
Une enquête demandée par Gergorin, convaincu que Jean-Luc Lagardère, son patron, a été assassiné. Et comme les seules morts suspectes connues dans les ventes d'armes françaises concernent l'affaire des frégates, Laoud va nourrir la paranoïa de son nouveau patron en accolant le nom de Gomez à celui de Wang Changpu-Pu. Philippe Rondeau m'a dit moi j'y comprends rien, qui sont ces gens-là ? Et donc mon idée c'était, il faut le faire vérifier par la seule structure ayant les moyens techniques de le vérifier, c'est la direction technique de la DGSE. C'est-à-dire vérifier si, oui ou non, l'algorithme ne peut pas...
de la houle était réelle et permettait effectivement d'aller voir dans Clearstream Street. Ce qui est terrible avec ces listings c'est que ils peuvent pas être à moitié faux ou tout était bidon et on n'arrivait pas à l'imaginer et ça veut dire que la houle se payait de notre tête mais ça c'est... ou alors si la houle ne se payait pas de notre tête on voit pas pourquoi ils auraient été faux.
Là c'est difficile parce que je sais que c'est faux. Mais je confirme. Et je confirme à Rondeau.
Je dis oui, oui, c'est vrai. Oui, oui, bien sûr, c'est vrai. C'est-à-dire là on se situe quand après la première alerte faite par Jean-Louis Gergorin à Philippe Rondeau, donc à l'automne 2003, où ce que vous me dites c'est que le général Rondeau se tourne vers vous pour que vous confirmiez les informations que lui transmet Jean-Louis Gergorin.
Qu'est-ce que c'est que ce truc ? truc qu'est ce que c'est que ce truc j'ai dit oui oui bien plus tard je dirai à philippe rondeau il faut se méfier de l'interprétation paranoïaque en fait jean louis et c'est mais à ce moment là je suis de mauvaise foi totale et oui bien sûr pourquoi je sais pas c'est un je sais pas C'est comme ça, je pense la faiblesse de l'être humain, à ce moment là, c'est compliqué à expliquer. Je veux bien comprendre que sur le coup vous lui confirmiez toutes ces informations sans trop savoir pourquoi vous le faites, tout en sachant fort bien que les informations seraient fausses, mais en sortant de là, sont fausses.
Quand vous sortez de là, vous vous dites... mais pourquoi je lui ai pas dit ce que je sais ? Pourquoi je lui ai pas dit que je trouve qu'il y a quelque chose qui fonctionne pas, que c'est pas vrai, que moi je le sens pas comme ça ?
Parce que si vous le dites, finalement, il y a tout qui s'arrête. Si vous le dites, avec Jean-Louis Gergorin, quelque chose se brise. Ah ben si je dis à Jean-Louis Gergorin que c'est bidonné, et que je dis à Jean-Louis Gergorin, j'ai dit à Rondeau que c'est bidonné, oui, c'est fini.
Là, il coupe tout. Il passe à un autre consultant. Vous savez, je pense qu'on va la refaire. Jean-Louis Gergorin croit dur comme fer détenir la preuve que tant de juges en France et à Taïwan cherchent depuis dix ans.
La preuve de l'existence d'un tentaculaire réseau de corruption impliquant l'élite française. Mais le général Rondeau refuse de mêler la DGSE à cette affaire. Jean-Louis Gergorin n'a plus qu'une issue, aller en parler à son grand ami, Dominique de Villepin. Musique de générique