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Conférence sur Louis IX et son héritage

Générique ... ... ...

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... ... Je suis très heureux de vous retrouver devant les remparts de cette superbe ville d'Egbort pour vous faire partager le destin extraordinaire d'un des rois de France les plus célèbres de notre histoire, Louis IX, né le 25 avril 1214, il y a 800 ans.

Souvenez-vous, les croisades blanches de Castille, le bon roi Louis rendant la justice sous son chêne. Tous les écoliers ont gardé en mémoire les faits marquants de son règne de 44 ans en plein XIIIe siècle. Et cette cité d'Aigues-Mortes, le roi Louis IX la fonde précisément pour partir en croisade afin de protéger les lieux saints de la chrétienté à Jérusalem.

A cette époque, tous les chevaliers qui l'accompagnent vont prendre la mer à Aigues-Mortes, devenu le premier port de la chrétienté. port du royaume. La foi de Louis IX, qui deviendra très vite Saint Louis, est la grande affaire de sa vie.

Sa mère, l'autoritaire Blanche de Cassis, l'élève dans la crainte de la justice divine. Bien sûr, il éprouve une grande passion pour son épouse, Marguerite de Provence. Il se consacre aussi avec enthousiasme à la politique et à la nation, en brisant notamment le système féodal lorsqu'il consulte directement le peuple.

Mais c'est Dieu et la religion qui vont l'occuper presque entièrement. Vous allez découvrir maintenant un personnage hors du commun, au point que de nombreuses villes à travers le monde, du Québec au Sénégal, portent fièrement son nom. Saint-Louis, c'est d'abord l'histoire d'un...

d'un jeune monarque couronné à 12 ans qui doit se battre pour asseoir son autorité. Et il peut compter sur l'appui d'une alliée redoutable, sa mère, Blanche de Castille. Elle a un corps de femme, mais un cœur d'homme, c'est-à-dire du courage, de la volonté. Sa mère, un jour lui a dit « je préférerais vous voir mort à mes pieds plutôt que de vous voir commettre un seul péché mortel » .

La profonde dévotion héritée de sa mère conduit ce roi très chrétien à acheter les saintes reliques pour lesquelles il fait construire un écrin de lumière. Véritable joyau de l'art gothique rayonnant, la Sainte-Chapelle demeure le plus somptueux héritage architectural de ce roi bâtisseur. Mais nous verrons aussi comment cet ultra de Dieu s'en prend violemment à ce qu'il considère comme une épreuve de la vie.

des impurs pour ceux qui ne sont pas chrétiens le saint devient aisément un persécuteur guidé par une foi inébranlable lors des croisades louis 9 se jette à corps perdu à l'assaut de jérusalem c'est à ce moment là que il apparaît comme étant un guerrier hors du commun mais la septième croisade s'avère un échec retentissant Et c'est auprès de son épouse, Marguerite de Provence, que Louis IX trouve le réconfort. Profondément attachés l'un à l'autre, ils forment le couple royal le plus puissant de l'Europe médiévale. Attentifs au sort de son peuple, nous découvrirons comment Louis IX modernise les institutions judiciaires de son royaume.

C'est le premier registre, je dirais que c'est le socle de l'état de droit. Et c'est à travers l'exercice de ce pouvoir judiciaire... que c'est composer, forger le royaume de France.

Par-delà la justice, le mythe du Saint-Roi fascine à toutes les époques. On a donné le prénom de Louis à tous les rois bourbons. Secrets d'Histoire vous entraîne sur les pas de Louis IX, le plus illustre des rois capétiens. Nous sommes à l'abbaye de Royaumont, dans l'Oise, à une quarantaine de kilomètres de Paris.

Elle doit sa fondation au jeune roi Louis IX. Cette impressionnante abbaye demeure l'un des plus beaux vestiges de la grande architecture gothique du XIIIe siècle. En ordonnant sa construction, Louis IX exhauste le vœu de son père, le roi Louis VIII, mort en 1226 au retour de sa bataille contre les albigeois.

Et dans son testament, il avait demandé que soit vendue sa couronne et ses bijoux pour fonder un... un monastère dédié à la Vierge. Mais c'est sans compter sur le pouvoir de Blanche de Castille, la veuve de Louis VIII et la très influente mère du jeune Louis IX, qui décide finalement de confier l'abbaye au moine cistercien, un ordre très attaché à la famille royale.

Éléments centrales, le cloître est un lieu de circulation donnant accès aux différents bâtiments de l'abbaye. C'est ici que l'on ressent peut-être le mieux l'atmosphère de méditation et de sérénité qu'appréciait tant Louis IX. Prends à la prière et au recueillement, on sait que le bon roi Louis, comme l'appelle son peuple, aime vivre à la manière des moines.

On raconte que dans cette galerie, Louis IX aurait voulu laver les pieds des moines à l'image du Christ le Jeudi Saint, mais que l'abbé de Roi Louis, royaume, l'en empêcha in extremis. Que dirait-on en effet d'un roi s'abaissant ainsi devant de simples moines ? Virtueux, intègre et charismatique, vous allez voir comment Louis IX a forgé sa légende de son vivant pour devenir Saint Louis, le seul roi de France canonisé.

C'est un homme grand, blond, majestueux, souriant, on dit qu'il a des yeux de colombe. Il est sans doute bel homme, blond, aux yeux bleus, mais je dis sans doute, mais on n'est pas sûr car on n'a pas véritablement de portrait de Saint-Louis. Nous sommes à une époque où il n'y a pas de photographie bien sûr, mais même la peinture n'est pas réaliste.

Cependant, on a écrit sur lui énormément de son vivant, ce qui fait que son aura, sa légende si vous voulez, en quelque sorte, s'est poursuivie tout au long des siècles. Les récits glorieux de la vie de Saint Louis ont immortalisé les grands épisodes de son existence. Il s'est lui-même conduit comme un chevalier à de nombreuses reprises.

Par conséquent, c'est quelqu'un qui d'un point de vue physique avait une grande valeur, une grande bravoure. Mais c'est comme ça que je... Je l'imagine, grand, droit.

Et puis, le cheval carapacené avec les fleurs de lys. Tout ça devait être magnifique. Je pense que c'était un homme qui, comme on dirait peut-être un peu familièrement, qui en impose à ses contemporains.

Grâce aux nombreuses anecdotes relatées par son entourage, nous connaissons aussi Louis IX dans l'intimité. Un personnage très vivant, je crois qu'il ne faut pas le statifier avant l'heure, qui savait rire, plaisanter, qui avait le sens de l'humour. Il savait faire des imitations notamment, et il semble parfois avoir fait rire au dépend de quelques prélats de son entourage.

Mais ce qui est unique chez ce roi de France, c'est la sincérité de sa foi. Louis IX a choisi de placer toute sa vie sous le regard de Dieu. C'est d'abord un homme d'une piété extraordinaire.

Vous savez, c'est un personnage qui prie huit heures par jour autant que les moines. La spiritualité monastique et les chants cisterciens font profondément vibrer l'âme du roi. On l'a même accusé, c'est peut-être une bonne ou une mauvaise accusation, mais de fait, il a un moment pensé de devenir moine.

Pour ça, oui, la musique est au cœur de sa pratique religieuse, parce que c'est un prince qui est très proche de la liturgie. Les jours de bataille, les chantres sont toujours derrière le roi. Donc c'est vraiment les personnes qui sont présentes au moment les plus profonds, les plus solennels de la fonction royale. Pour comprendre la puissance de cette ferveur religieuse, il faut remonter à la source de l'enfance du prince.

C'est sa mère, Blanche de Castille, qui lui impose dans ses jeunes années le chemin aride de la sainteté. Il est élevé dans l'ombre de Dieu, on le sait, parce que rien n'existe sans Dieu pour Blanche de Castille, et naturellement pour le futur Saint-Louis aussi. Il tient de sa mère cette angoisse de ne pas pouvoir se présenter devant Dieu. L'idée du péché lui est certainement constamment présente. Héritage de...

En l'enfance, il y a chez Louis IX une volonté d'introspection et une vraie quête de pureté. Donc Saint Louis est un homme qui se confesse beaucoup. Or, à chaque fois qu'il se confesse, évidemment, il trouve des fautes à avouer à son confesseur. Et Saint Louis lui demande de lui administrer la pénitence, c'est-à-dire tout simplement de le fouetter pour le punir. Il va donc être le premier à obtenir du pape l'autorisation d'avoir un confesseur particulier.

Il en avait même, dit-on, un de jour, un de nuit. Ces souffrances que Louis IX s'inflige pour expier ses fautes, l'Église en a précieusement conservé le souvenir au trésor de Notre-Dame de Paris. La chemise est un objet très rare, puisque un objet quotidien, c'était au fond la chemise que portait le roi lui-même.

Et puis, on voit des traces de sang qui ont été analysées, qui sont bien des traces de sang humain, qui pourraient correspondre au sang du roi, et qui sont peut-être dues aux pratiques de mortification, de pénitence que le roi exerçait sur son corps. Pour preuve, l'instrument que Louis IX donnait à son confesseur pour se faire flageller est conservé juste à côté. Cette discipline est constituée d'une petite boîte en ivoire à laquelle sont rattachées les petites chaînettes en fer.

Cet objet discret, le roi le porte toujours sur lui, dissimulé dans les plis de sa ceinture. Il s'agissait évidemment donc d'une manifestation suprême d'humilité, puisqu'il cachait au monde extérieur le fait qu'il s'administrait cette pénitence. Il faut bien comprendre que ces pratiques s'inscrivent dans un contexte, c'est celui de l'intérêt pour la passion du Christ.

Cette pénitence rend une force beaucoup plus grande à ce moment-là, puisqu'on imite le Christ dans toutes ses souffrances. Meurtrir sa chair pour partager les souffrances des derniers jours du Christ, telle est l'épreuve que s'impose Louis IX. Pour parachever le tout, parce que c'est un raffiné, il porte généralement une ceinture de silice qui achève de lui gratter les chairs et de les décomposer. Mais c'est surtout le message du Christ qui guide Louis IX au quotidien. Le roi se dépouille progressivement des richesses du pouvoir pour se tourner vers les plus démunis.

a été le défenseur des pauvres. D'abord, il avait, de manière très ostentatoire, il avait des pauvres à table tous les jours. Il leur lavait même les pieds avant qu'ils déjeunent. Et puis après, il leur offrait une obole. On dit d'ailleurs qu'il préférait nourrir les aveugles parce que comme ça, il ne se rendait pas compte que c'était le roi qui leur faisait la charité.

Il fait construire, lui, le premier des hôpitaux pour les pauvres, et notamment les aveugles. Son métier de roi aussi, Louis IX l'envisage d'abord en chrétien. L'obsession de son règne, instaurer une justice équitable pour tous dans son royaume. La quête de la justice est un service de Dieu sur cette terre. Et ça explique pourquoi Saint Louis va y consacrer tant de temps, j'évoquais, ces milliers d'affaires jugées.

C'est l'image d'Epinal qui a traversé les siècles. Saint Louis, le chrétien au cœur pur, rendant lui-même la justice sous son chêne. L'idée du roi sous son chêne est devenue au fond un symbole de la royauté juste.

Cette image du roi justicier, la République aussi se l'est appropriée pour en faire l'un des grands symboles de la justice française. À Paris, à la cour de cassation, Saint Louis est partout. Au cœur de la plus haute instance judiciaire française, le roi sous son chêne trône en majesté.

Les portes de la Galerie Saint-Louis, désormais fermées au public, nous sont ouvertes par Vincent Lamanda, le premier magistrat de France. Pendant longtemps, cette statue a été l'objet de vénérations. Les gens, lorsqu'ils devaient être jugés, venaient prier Saint Louis et lui toucher le pied. Mais pendant des années, je me souviens quand j'étais...

et jeunes magistrats, la peinture du pied était totalement effacée tant des gens avec ferveur étaient venus frotter le pied de la statue de Saint-Louis pour essayer d'obtenir une bonne justice. Je suis très sensible à la beauté de cette image du chêne et du roi dessous. C'est ce dont rêvent ceux qui sont victimes d'injustice.

Peler leur cause en mots simples, directement devant le souverain, quel qu'il soit, juge ou roi, peu importe, qui vous écoute. C'est pas étonnant que c'est traversé des siècles. Mais la médaille a son revers, et Louis IX, dans sa vie d'homme, doit aussi affronter ses propres démons. C'est un personnage très humain, au sens où il est bourré de contradictions, au sens où il est double. On sait qu'il lui arrivait d'être colérique, il le dit lui-même, et d'ailleurs il disait « je suis colérique comme était mon grand-père Philippe Auguste » .

Le monarque voit rouge dès que l'on bafoue la parole de Dieu. Il est d'une dureté incroyable par rapport au blasphémateur. Au premier blasphème, en général, on est placé sur un pilori pendant quelques heures, éventuellement avec des boyaux de porc autour du cou pour faire plus drôle.

Et puis au deuxième blasphème, on risque d'avoir la langue tranchée ou les lèvres brûlées au fer rouge. quand même beaucoup moins amusant. Cruel envers les blasphémateurs. Face aux Juifs, aux cathares et aux musulmans, Louis IX se montre impitoyable.

Pour ceux qui ne sont pas chrétiens, le saint devient aisément un persécuteur, sinon un bourreau. Au fil des années, la foi de Louis IX se radicalise et ses pratiques pénitentielles s'intensifient. Comme il se meurtrit pas mal, il va devenir extrêmement maigre. Au point que quand il partira pour la deuxième croisade, Joinville devra le porter dans ses bras car il n'a plus la force d'aller jusqu'à son charroi.

Réputé juste et diplomate, le roi est un des personnages les plus charismatiques de la chrétienté au XIIIe siècle. Il est régulièrement sollicité comme arbitre par les autres monarchies européennes. Saint Louis a été très réputé pour sa capacité à apaiser les conflits, d'où le surnom éventuellement d'apaiseur.

C'est vrai parce qu'il a réussi de façon assez remarquable à mettre fin par exemple à de très longs conflits entre la France et l'Angleterre. Il était à la tête du plus grand et plus riche royaume de toute la chrétienté. C'est le premier des rois à ce moment-là.

Sous le règne de Louis IX, la France connaît une longue période de paix et de prospérité. Le XIIIe siècle, et surtout ce milieu du XIIIe siècle, peut être envisagé du coup comme un siècle d'or. Véritable apogée, c'est un moment d'épanouissement artistique et intellectuel sans précédent.

C'est le temps des cathédrales. Tous nos grands trésors gothiques sont venus à maturité, en quelque sorte, au temps de Saint-Louis. Notre-Dame de Paris, Saint-Denis, Reims, le lancement d'Amiens, l'achèvement de Chartres. Et on peut effectivement parler de siècle de Saint-Louis. Avec Louis IX, la France fait un bond vers la modernité.

Mais c'est la canonisation du roi, seulement 30 ans après sa mort, qui laisse à ses successeurs un trésor inestimable. Le prestige de cette ascendance sacrée va rejaillir pendant 5 siècles sur toute la monarchie française. Louis IX est âgé d'une quinzaine d'années au moment de la construction de sa chère abbaye de Royaumont. Le jeune roi s'investit même physiquement avec sa famille, allant jusqu'à porter des pierres sur le chantier et harcelant ses petits frères pour qu'ils travaillent durement. en silence et sans repos.

À Royaumont, c'est dans ces cuisines que les moines converts préparent les repas. Les moines, eux, récupèrent leur pittance directement à ce guichet depuis le grand réfectoire dans lequel j'aimerais vous emmener maintenant. Comme un simple moine, Louis IX prend ses repas ici, au milieu des frères cisterciens. Ce réfectoire évoque la magnificence royale mêlée à la sobriété de l'art cistercien.

Là encore, le roi des monts... montre sa très grande humilité en servant à boire et à manger aux moines et en se déplaçant de table en table sous l'œil inquiet de l'abbé de Royaumont qui ne comprend pas comment ce grand roi de France peut agir en simple serviteur. Mais pire, aux yeux de ce pauvre abbé, le roi se rend chaque jour dans un bâtiment à l'écart de l'abbaye et dans lequel vit le frère Léger. C'est un moine lépreux à qui il apporte à manger comme il a l'habitude de le faire régulièrement avec... que les pauvres.

Cette sincère charité étonne jusqu'aux plus religieux de son entourage. Cette éducation fondée sur le respect des valeurs chrétiennes, Louis IX la doit à sa mère, Blanche de Castille, une femme au tempérament bien trempé et qui a d'immenses ambitions pour son fils, qu'il devienne un grand roi de France et pourquoi pas un saint. C'est à Poissy, ville royale située sur les bords de la Seine, que Louis IX voit le jour. Nous arrivons à l'emplacement où se trouvait un château royal, château royal dans lequel, le 25 avril 1214, est né un petit prince qui deviendra Saint Louis.

L'enfant a été porté extrêmement rapidement dans la collégiale pour être baptisé. La mère n'assistait pas au baptême. Au Moyen-Âge, la mortalité infantile est telle que le sacrement du baptême est la première urgence.

À quelques mètres de l'emplacement du château, la collégiale de Poissy conserve le souvenir des toutes premières heures de vie de Louis IX. Voilà donc les fonds baptismaux où Saint Louis a été baptisé le 25 avril 1214, le jour même de sa naissance. Il serait impossible aujourd'hui de réaliser un baptême ici parce que la partie de la cuve a disparu. Victime de son succès, au fil des siècles, le baptistère a été mutilé par les fidèles. Les gens prenaient comme un peu de poussière, pour mettre ça dans un récipient d'eau, en boire eux-mêmes ou faire boire leurs animaux, en se disant que si ça avait produit un fruit de sainteté chez Saint-Louis, peut-être ça ne pourrait faire que du bien.

Fils de Blanche de Castille et de Louis VIII, nous connaissons peu de choses des premières années de Louis IX, car ce n'est pas l'aîné de la fratrie. Il naît donc tout simplement comme le fils puiné, c'est-à-dire qu'il n'était pas destiné à régner en réalité, d'un futur roi et lui-même aurait dû être simplement probablement un prince quelconque. Et c'est seulement le fait que son frère sera décédé qui va décider de son destin et faire de lui le nouveau roi de France. Louis IX a 4 ans lorsqu'il devient l'héritier de la couronne. Comme tout futur chevalier, il apprend le maniement des armes mais il est également instruit par un précepteur.

En ce début du XIIIe siècle, l'éducation des princes est devenue une priorité, comme en témoigne une célèbre maxime de l'époque. Un roi illettré n'est qu'un âne couronné. Et ça montre bien qu'en fait la force ne suffit plus. Il ne suffit plus de savoir s'imposer pour être un bon gouvernant, mais qu'il faut savoir également prendre en compte le droit, d'autres matières que simplement la seule force.

Mais c'est surtout sa mère, l'intransigeante Blanche de Castille, qui forge le caractère du jeune Louis. Blanche de Castille a dû certainement viser à faire de son fils un homme parfait. C'est évidemment le but de toute mère. Et elle lui a imposé une indication très sévère. Et donc Blanche de Castille va être, disons, le tuteur religieux de Louis.

Catholique fervente, cet Espagnol au fort tempérament se montre intraitable en ce qui concerne le respect des préceptes de l'Église. On a une phrase qui a été rapportée par le biographe de Saint Louis, Jean de Joinville, qui dit que sa mère un jour lui a dit « Mon fils, je vous aime extrêmement, je vous aime énormément, mais je préférerais vous voir mort à mes pieds plutôt que de vous voir commettre un seul péché mortel. » Ça nous paraît absolument étonnant dans notre vision à nous, mais pour une mère comme l'ange de Cassie, un peu absolue et très religieuse en tout cas, cet aspect de l'éducation de son fils primait tout.

Alors je pense qu'il n'y a pas beaucoup de mamans qui disent ça, ni aujourd'hui, ni à l'époque. Donc une éducation très très forte, très vigoureuse. L'autre influence déterminante qui va marquer son enfance, c'est celle de son grand-père, Philippe Auguste. Cet immense monarque...

et toujours roi de France pendant les jeunes années de Louis. Les faits se sont penchés sur lui au bon moment. Il y a eu Philippe Auguste, qui était sur la fin de sa vie et qui un jour aperçoit cet enfant faisant du cheval et qui s'étonne, qui dit qu'est-ce que c'est que ce garçon qui monte à cru, qui a l'air d'être bien intrépide, et frère Guérin, qui est son principal conseiller, lui dit mais c'est votre petit-fils, et alors à ce moment-là, Philippe Auguste dit oh, il faut que je m'occupe de lui. En 40 ans de règne, Philippe Auguste a multiplié par 4 la surface du domaine royal en repoussant notamment le roi d'Angleterre. Grâce à lui, la France est devenue une puissance de premier plan en Europe.

À 55 ans, ce conquérant est une légende vivante. Louis IX va bénéficier des conseils de cet extraordinaire grand-père. Philippe Auguste, tu apprends les éléments du gouvernement d'un royaume.

Il consacre les deux dernières années de sa vie à l'éducation de son petit-fils. Philippe Auguste meurt en 1223. C'est son fils, Louis VIII, qui devient roi de France. Le jeune Louis IX a 9 ans lorsque son père monte sur le trône.

Le père de Louis est un roi très pieux, très vaillant, très chevaleresque, très amoureux de sa femme. Et de mon point de vue, ça a été un modèle d'homme pour Louis. Les prouesses militaires contre les Anglais de ce roi prometteur lui ont valu le surnom de Louis VIII, le Lion. En janvier 1226, à la demande du pape, il part en croisade contre l'hérésie cathare dans le Languedoc.

Mais sur la route du retour, il est atteint par l'épidémie de dysenterie qui décime son armée. Il s'éteint brutalement le 8 novembre 1226, après seulement trois ans de règne. C'est le chaos. A 12 ans, le petit Louis IX est l'héritier légitime, mais il est trop jeune pour gouverner seul.

Et Louis VIII n'a pas désigné de régent. Blanche de Castille intrigue auprès des conseillers de son défunt mari pour conserver sa couronne et devenir la gardienne du royaume. Et à ce moment-là, mené par Gauthier Cornu, qui est l'archevêque de Sens et le primat des Gaules, qui est l'un des 25 conseillers qui sont là autour du roi, trois évêques rédigent un faux dans lequel Louis demande que ça soit Blanche de Cassis qui devienne la régente.

Ce qui montre bien quand même que les conseillers du roi avaient confiance dans l'énergie de cette femme, dans son bon sens, et dans le fait qu'elle, qui était d'origine étrangère, avait vraiment adopté les intérêts de la France. Blanche de Castille veut imposer coûte que coûte le jeune Louis IX comme roi de France pour éviter toute contestation. La date du couronnement est fixée dans l'urgence au 29 novembre, soit trois semaines à peine après la mort de Louis VIII. La régente est désignée, il faut aller très vite, parce que les barons sont prêts à fomenter un coup d'État pour écarter la régente.

Ces barons qui veulent évincer Blanche de Castille, ce sont les plus puissants seigneurs du royaume. Au Moyen-Âge, dans le système féodal, les seigneurs sont maîtres dans leur fief, mais ils sont soumis au roi par le serment d'allégeance. En réalité, ces nobles de haute ligne accepte mal l'autorité royale surtout dans les mains d'une femme le principal récalcitrant c'est le puissant duc de bretagne pierre mauclair pierre mauclair est un étrange personnage mauclair parce que ça veut dire mauvais clair c'est un personnage félon c'est le félon à l'état type L'autre menace, c'est Hugues X de Lusignan, le comte de la marche.

Pour ces grands seigneurs, écarter Blanche de Castille serait l'occasion de s'accaparer le pouvoir. À Reims, le jour du sacre, l'assistance est clairsemée. Blanche de Castille mesure toute l'importance du mécontentement aristocratique. Plusieurs nobles de haut rang sont absents. Pierre Mocler et Hugues X de Lusignan, entre autres, n'ont pas pris la peine de se déplacer.

Dans cette ambiance peu réjouissante, Louis IX devient le nouveau roi de France, le 29 novembre 1226. Il manque le faste, mais il y a l'adhésion populaire. Ce sera un signe précurseur. Malgré l'officialisation du sacre, les grands barons ne supportent pas de voir cette femme, qui plus est d'origine étrangère, occuper le trône à côté du jeune roi.

Les confrontations avec les barons sont des confrontations, j'allais dire, d'homme à homme. Elle le dit elle-même, elle a un corps de femme, mais un cœur d'homme, c'est-à-dire du courage, de la volonté. C'est une guerrière, et donc l'année qui suit le sacre, les barons veulent s'emparer de Louis. Averti à la dernière minute, le jeune souverain se réfugie à la tour de Montlhéry.

Louis lance un appel au secours à sa mère, qui convoque toutes les communes, le peuple de Paris, avec des fourches. Et les parisiens descendent. Depuis Paris jusqu'à Montlhéry, pour aller chercher leur petit roi, il leur accompagnait dans sa capitale. Et Saint-Louis a toujours eu la conscience qu'il y avait une forme d'alliance directe entre le peuple et lui, et qu'il devait gouverner pour le bien de ce peuple, qu'il l'avait en quelque sorte sauvé.

Mais les barons s'acharnent. Le duc de Bretagne, Pierre Mocler, rallie à sa cause de nombreux seigneurs. En janvier 1229, Blanche de Castille convoque l'armée royale pour prendre la place forte de Bélème dans le Perche. Il fallait imaginer l'où...

Louis en armure à 14 ans, vous imaginez ça. Cet enfant qui est quand même assez frêle et qui porte une armure et qui veut être à la tête de son armée. Et Blanche de Castille elle-même est en armure. Contre Pierre Mocler, elle est directement sur les champs de bataille avec son fils, à ses côtés, de concert avec lui et elle n'est pas du tout effacée, en retrait.

Après un siège de deux mois, le tout jeune roi de France et sa mère s'emparent de la terrible forteresse de Bélème. Cette victoire du jeune Louis sur le théâtre des opérations grandit le prestige de la monarchie. Cette bataille de Bélème n'est pas la dernière, évidemment, car Pierre Mocler, comme Ude Lusignan, comme Thibaut de Champagne sont ce qu'on pourrait appeler aujourd'hui des foireux, c'est-à-dire des gens qui n'ont aucune parole. Et Blanche de Castille va utiliser... au maximum toutes les rues, je dirais, pour éviter l'affrontement.

Et très souvent, il y aura des trêves et très souvent, elle va obtenir des compromis. Diplomate de talent, Blanche de Castille s'avère également une stratégie redoutable. Pour organiser la défense du royaume face à la Bretagne de Mocler, la régente Héloïne 9 entame l'édification d'une gigantesque forteresse dans la très stratégique ville d'Angers.

La menace en 1230 est tout à fait réelle. Il y a même une alliance entre le duc de Bretagne, Pierre Mauclair, et le roi d'Angleterre. Il est vraiment important pour la Couronne de France de disposer à Angers d'un lieu à la fois pour se défendre en cas d'attaque et également pour rassembler l'armée royale pour mener d'éventuelles attaques, soit vers la Bretagne, soit vers le Poitou au sud.

Face au danger, le roi répond avec ce projet colossal. La forteresse s'étend sur plus de 2 hectares. C'est la plus grande réalisation militaire du règne de Louis IX.

On sait qu'en 1234, il y a une somme de 4400 livres qui est affectée aux travaux du château, ce qui est une somme considérable. La couronne voit les choses en grand et investit dans des matériaux nobles. La porte des champs, entrée d'honneur du château, est entièrement réalisée en pierre de taille.

Les 17 tours qui flanquent l'édifice sont elles aussi rythmées par ces luxueuses lignes de pierre. Avec cette formidable citadelle, la Régente et le jeune Louis veulent surtout symboliser la puissance de la Couronne de France. On voit une des archères du château d'Angers, donc c'est une ouverture de tir qui permettait de tirer soit avec un arc ou avec une arbalète.

C'est-à-dire que la personne qui arrive devant le château, elle fait face à toute une série d'archères et elle ne sait pas d'où la menace peut venir. Donc il y a effectivement une dimension dissuasive qui est assez forte. La citadelle ne sera jamais attaquée au cours du règne de Louis IX. En décourageant les initiatives guerrières, le château a profondément servi les intérêts de la couronne.

À partir des années 1231, les grands seigneurs rentrent peu à peu dans le rang. La féroce régente a réussi à mater les barons. Et en 1234, lorsque Louis IX atteint sa majorité, Blanche de Castille laissa son fils un royaume pacifié. À Royaumont, l'abbatial a malheureusement disparu à la Révolution, mais les vestiges des piliers et des colonnes permettent de mesurer l'impressionnante taille de cette église.

Grâce à l'unique tourelle qui subsiste de la construction d'origine et au mur du cloître, les historiens de l'architecture sont capables de restituer des plans aux trois dimensions de cette abbatial royale grandiose. La musique sacrée du XIIIe siècle sublime l'atmosphère spirituelle du lieu. Aujourd'hui encore, on peut entendre résonner les chants cisterciens dans l'abbaye, au détour d'une visite grâce à l'action de la Fondation Royaumont, qui œuvre depuis 50 ans à la préservation du site et au rayonnement de la musique et de la danse.

L'épouse du roi, Marguerite de Provence, ne séjourne pas dans l'abbaye lorsque son mari y effectue des retraites. Toutefois, Royaumont devient progressivement un lieu singulier et cher au couple royal. Puisqu'ils choisissent de déposer autour du maître-hôtel de l'église, les corps de trois de leurs enfants morts prématurément.

Leurs somptueux gisants se trouvent aujourd'hui à la basilique de Saint-Denis, au milieu des sépultures des rois de France. Devenue une nécropole des enfants princiers, Royaumont se trouve à jamais marqué du profond attachement de Louis IX pour cette abbaye où repose pour l'éternité les fruits de son amour pour Marguerite de Provence qui est sans doute, comme vous allez le voir, la reine la plus aimée par son roi dans toute l'histoire de France. En cette belle journée du printemps 1234 dans la ville de Sens, les cloches de la première cathédrale gothique au monde carillonnent sous les ouras du peuple de France, en liesse. Nous sommes le samedi 27 mai 1234. C'est le jour du mariage de Louis IX et de Marguerite de Provence. Du sud arrive l'archevêque de Sens qui est accompagné de Marguerite de Provence.

Tandis que du côté nord, sur la rivière, arrive Blanche de Castille qui accompagne elle son jeune fils Louis. Et pour la première fois sur cette place vont se rencontrer Louis et Marguerite. A cette époque, il y a d'abord une partie, si j'ose dire, publique sur la place devant la porte de l'église.

L'archevêque va bénir un anneau qu'il a donné au roi. Cet anneau, il y a marqué, hors de cet anneau... Je n'ai point d'amour.

Et le roi va le passer d'abord au pouce droit de la jeune Marguerite, au nom du père. Puis à l'index, au nom du fils. Et au médius, au nom du Saint-Esprit. Et ainsi, le roi et la jeune Marguerite. Marguerite sont déjà unis.

Et une fois que c'est fait, l'archevêque va dire, eh bien maintenant, ouvrons les portes, rentrons dans la cathédrale, pour célébrer par une messe ce mariage. Donc l'archevêque accueille Louis et Marguerite, tout le monde arrive ici à l'entrée du chœur, et l'archevêque va couvrir Louis et Marguerite d'un voile pour les unir encore plus. La messe se continue et on arrive au baiser de paix. Ils s'embrassent pour de bon, c'est pour sceller leur mariage devant tout le monde, devant Dieu et devant les hommes. Le tout jeune couple sort de la cathédrale de Sens acclamé par la foule.

Ce mariage éminemment politique arrangé par Blanche de Castille pour s'affilier au comté de Provence se transforme pourtant rapidement en une véritable histoire d'amour. Mais la reine-mère voit d'un très mauvais oeil cette idylle royale. Les relations entre Blanche de Castille et Marguerite de Provence sont très difficiles, surtout à partir des années 1240, où Blanche de Castille devient vraiment une mère autoritaire, possessive et assez jalouse de sa mère.

sa belle-fille Marguerite de Provence. Elle a peur que la nouvelle reine Marguerite prenne l'ascendance sur le roi et devienne vraiment maîtresse du pouvoir. Blanche de Castille apparemment ne supportait pas que le couple royal se voie en dehors quand même de la nuit où ils pouvaient coucher ensemble. Mais dans la journée, il fallait éviter qu'ils aient des relations. Et donc ils se rejoignaient dans la chambre de l'un ou de l'autre.

Et si de manière intempestive, Blanche de Castille arrivait, Les huissiers étaient chargés de les prévenir par des coups frappés à la porte et aussitôt l'un ou l'autre remontait. Louis IX et sa femme s'aimaient énormément. Pour autant, on ne fait pas l'amour tout le temps. Il y a des interdits, les jours de carême, les jours où on a ses règles, on a ses fleurs au Moyen-Âge, ça c'est interdit.

On est impur, donc on ne nous touche pas. Les jours où on est enceinte, alors ça fait quand même neuf mois. Et si on en mettait le jour bout à bout, on ne ferait hélas l'amour qu'entre deux et quatre jours par mois, ce qui est fort peu. Il arrivait à Saint-Louis d'avoir, évidemment, comme à chacun, une envie folle d'aller rouler-bouler dans les bras de son épouse, dans l'alcove. Mais que faire ?

pour mettre un peu d'ordre dans les chers tourmentés, eh bien, il se déshabillait, surtout, il se mettait pieds nus sur le dallage, il faisait le tour de sa chambre, pieds nus, il prenait froid, jusqu'à ce que, enfin, tout s'apaise. Pourtant, Louis IX et Marguerite forment un couple harmonieux. Ils entretiennent des rapports très tendres et charnels. Les pratiques, elles sont différentes de nous, certes.

On va jouer surtout sur une position préférée de l'Église. On ne fait pas de position dite bestiale, ce n'est pas bien. Et puis la femme ne doit pas dominer l'homme.

On va s'apercevoir dans certaines pratiques de médecine qu'il faut, on nous dit, beaucoup s'occuper de la poitrine des dames. La caresser, la flatter, etc. En plus, c'était médical. Des amours passionnés de Louis et Marguerite naissent 11 enfants, 5 filles et 6 garçons. Les enfants royaux sont, dans leurs jeunes années, très proches de leur mère.

Elles s'occupent, alors non pas, bien évidemment, de... de les nourrir ou de les élever au quotidien, puisqu'on sait qu'il y a des nourrices, bien évidemment, pour cela. Et puis même la nuit, dans les contes, on nous apprend que des berceresses étaient spécifiquement chargées de bercer les enfants royaux. On sait que Louis IX s'est occupé de ses enfants. Il a quand même beaucoup d'affection pour ses enfants.

Il les traite avec gentillesse et bonté, parce que c'est un homme bon, en réalité. Le roi et sa famille vivent à Paris beaucoup, mais se déplacent constamment. Déjà à Paris, le roi vit d'abord au palais de la cité, qui est le palais principal, traditionnel.

Il va également à Vincennes, il va à Pontoise, à Poissy, là où il est né. L'aménagement des palais de la cité est un des premiers à se faire. de Louis IX s'agence selon un plan élémentaire.

D'abord, la chambre, parce que c'est important, c'est là où se prennent les décisions les plus intimes en général, c'est bien sûr là où on couche, mais c'est aussi d'ailleurs un lieu de décision. Les conseils peuvent se tenir dans la chambre. Et ensuite, la salle. salle qui est une grande salle très polyvalente en quelque sorte où on tient des assemblées politiques des conseils des fêtes également et puis enfin bien sûr la chapelle où le roi peut tous les jours évidemment assister à la messe et à bien d'autres cérémonies religieuses Le train de vie en ce qui concerne la Marguerite de Provence, elle a avec elle vraiment un hôtel et donc une cour à part entière. Il y a la cour du roi d'un côté, celle de la reine également, et notamment des dames et demoiselles d'honneur, six environ, qui la suivent dans ses déplacements et qui font vraiment partie de sa suite, qui marque son éminence, son prestige.

On dit volontiers la reine Marguerite élégante et coquette. Et contrairement à une idée reçue, La femme du Moyen-Âge dispose de nombreux secrets de beauté. En fait, je vais vous proposer quelques petites recettes pour vous montrer à quel point on pouvait prendre soin de son corps. Tout d'abord, nous avons ici ce que l'on appelle un serrat de galien.

Donc c'est en fait à base de cire, de cire d'abeille. Ensuite, vous prenez... de l'huile d'amande douce que l'on va mélanger ensuite, une fois que c'est bien chaud, à 60 degrés, avec de l'eau de rose. Ça donne une odeur extrêmement agréable puisqu'elle sent la rose.

Ça permet d'hydrater la peau. Ça permet également de combattre l'eczéma. Autre idée reçue qu'on va combattre, c'est les femmes, le poil, l'épilation, etc. Eh bien, l'épilation existe au Moyen-Âge. Alors, on prend une résine qu'on appelle du colophane, on le fait fondre et toujours on rajoute...

La même chose de la cire d'abeille vierge. On en fait une pâte, une pâte extrêmement épaisse, que l'on va enduire sur des petits morceaux de tissu, de lin bien sûr. Ces bandelettes, on les applique sur la partie à épiler et on arrache très fort.

Je pense que beaucoup de femmes voient de quoi je veux parler. Reine de beauté, Marguerite exige du roi un budget supérieur à celui de Blanche de Castille pour ses toilettes. Elle tient beaucoup à avoir une garde-robe de haute qualité parce qu'elle dit « je suis reine du plus grand royaume d'Europe et à ce titre je dois être à la hauteur de mon statut » . Pour décrire les tenues de Louis et Marguerite, disons que la noblesse se voit sous plusieurs critères. On a la qualité des tissus, donc plus c'est ample, plus on est riche.

Il est très important d'avoir des doublures. Au Moyen-Âge, les costumes répondent à des critères précis, selon la classe sociale à laquelle on appartient. Pour les classes les plus basses, certains paysans, parce qu'on a quand même des paysans riches, il ne faut pas l'oublier non plus, le vêtement se caractérise déjà par rapport au vêtement noble par une longueur beaucoup plus restreinte. Donc moins de tissu et des couleurs qui sont beaucoup plus naturelles, moins saturées.

Les hommes portaient également des brés, donc une espèce de caleçon long, à laquelle on accrochait aussi les chausses. Et on a gardé le mot bré dans certains mots actuels, puisque par exemple débraillé, c'est quelqu'un qui est mal habillé. C'est fondé au bray qui tombe.

Dans l'entourage de Marguerite de Provence, on a également les nourrices, puisqu'il y a quand même pas mal d'enfants, donc il faut des femmes qui aident la reine. Alors les nourrices peuvent avoir des costumes assez particuliers, entre autres un costume qui est ouvert sous les bras. C'est un costume qui permet d'enlever les manches, donc ça aide pour l'allaitement, ça permet d'atteindre la chemise qui elle-même est bien ouverte pour que le bébé puisse atteindre le sein.

Architectes, médecins, hommes de science ou de négoce, l'émergence de la bourgeoisie se remarque également à la coupe des vêtements. Mais un élément singulier se porte précieusement par tous les hommes du XIIIe siècle. Sous le petit chapeau de l'architecte, on trouve une pièce de vêtement très caractéristique du XIIIe siècle qu'on appelle la cale, qui permet de garder la tête au chaud, parce qu'on pensait à l'époque que le sperme se fabriquait dans la tête.

Donc ça permet de faciliter la procréation. Quant aux chevaliers, ces véritables héros du Moyen-Âge supportent des côtes de maille de plusieurs dizaines de kilos sur les champs de bataille. Durant les premières années de son règne, Louis IX mobilise son armée à plusieurs reprises pour mater les vassaux rebelles à la couronne de France. En 1242, le roi concède à son frère Alphonse le fief du Poitou, provoquant l'hyre d'Ugdis de Lusignan, le plus puissant baron d'Aquitaine. Marié à la mère du roi Henri III d'Angleterre, Lusignan s'allie au souverain anglais pour chasser le roi Louis et ainsi récupérer la souveraineté sur ce territoire.

Le 21 juillet, à Taillebourg, forteresse flanquée sur la rive droite de la Charente, Louis IX et son frère Alphonse se lancent de toutes leurs forces dans la bataille. Les deux armées sont égales, mais les deux monarques ne sont pas égaux. Pourquoi ?

Parce qu'Henri III, c'est un couard. Il se sauve. Et Louis le poursuit, il le retrouve à Sainte, qui se sauve encore. Il n'ose pas affronter l'armée du roi, qui a la réputation d'être quand même assez puissante et assez efficace.

C'est une bataille décisive pour Saint Louis, et certes, il l'a menée avec beaucoup d'avreté. Louis a une idée en tête, une obsession, il veut absolument que règne la paix entre la France et l'Angleterre. Et pour parvenir à cette entente cordiale avant l'heure, Louis IX peut compter sur le soutien indéfectible de son épouse.

Marguerite se tourne alors vers sa propre sœur, Eleonore de Provence, qui n'est autre que la femme d'Henri III d'Angleterre. Et Marguerite de Provence a tenté de s'entremettre pour améliorer les relations entre les rois et les nuits. Grâce entre autres au rapprochement des deux sœurs, Louis IX et Henri III se retrouvent en 1259 à Paris pour signer un traité de paix.

A cette occasion, un somptueux banquet est donné par Louis IX et Marguerite en leur palais de la cité. La relation de Louis au banquet est particulière car à la fois il a en horreur le faste et l'opulence mais en même temps il est le roi. doit d'honorer ses hôtes, d'honorer ses invités, et notamment lors de ce banquet de la réconciliation, il y a des jongleurs, il y a de l'animation, c'est un banquet vivant, il y a tout d'abord un office qui est important, c'est l'office de Reims-Douas, les serviteurs vont en être On a un aquamanil.

Dans aquamanil, on reconnaît aqua, l'eau et manil pour les mains. Et donc cet aquamanil va servir à venir laver les mains. À la table royale, se succèdent une multitude de services et de plats. On n'a pas cette notion d'entrée, plat, dessert tel qu'aujourd'hui. On a le sucré qui côtoie le salé tout au long du repas.

C'est ce qui a souvent conduit à penser qu'il y avait de la gloutonnerie au Moyen-Âge durant ces banquets. Mais en fait, la place que l'on a à table est très importante. Louis IX et son épouse et les hôtes de marque sont à la table haute et il y a des tables basses. Et selon sa position à table, on ne va pas forcément avoir accès à tous les plats.

Pour des occasions particulières, comme ce banquet de la réconciliation, on peut également avoir des recettes spectaculaires. C'est-à-dire que les queues du Moyen-Âge s'amusaient à créer des événements autour d'une recette. Comme par exemple un coq au mets. Et ainsi, pour réaliser cette recette, on va faire... faire cuire séparément un coq et un cochon de lait, que l'on va mettre l'une sur l'autre, le coq à cheval sur le cochon.

On va ensuite habiller le coq avec une cote d'arme, l'armer avec sa lance, son bouclier, et lui mettre un homme sur la tête. Donc le coq est homé, il est insécurisé. Si tel un chevalier achevale sur son cochon, il va partir à l'assaut des tables et ravir l'œil avant même de ravir le palais.

Louis IX est réputé pour sa grande piété qui va parfois jusqu'à l'extrémisme religieux. Et de tous les péchés, il en est un qu'il a en horreur, c'est la gourmandise. Il n'hésite pas à gâcher ses aliments, à verser de l'eau dessus par exemple, pour pouvoir les affadir et ainsi, en toute tranquillité d'esprit, manger sans penser qu'il va succomber aux péchés. Bien que Louis ne fasse pas bonne ripaille, ses festivités scellent la paix avec l'Angleterre. Mais quelques jours plus tard, un autre événement familial vient ternir brutalement la vie du couple royal.

A l'âge de 16 ans, Louis, l'héritier de la couronne, meurt foudroyé par une appendicite. Pour lui, c'est une catastrophe. Il exprime son chagrin comme il l'a rarement exprimé. La tristesse passe par une certaine rhétorique du deuil. On doit montrer ses larmes, parfois aussi par des cris, par des gestes de détresse.

Louis IX devra compter sur le soutien de sa tendre épouse pour surmonter cette épreuve déchirante. Pendant plus de 36 ans, Louis IX forme avec Marguerite le couple royal le plus uni de l'histoire de France. Et c'est aussi pour cette vie conjugale exemplaire aux yeux de l'Église qu'un jour, le bon roi Louis sera canonisé. Je me trouve sur les marches de l'actuel Palais de Justice de Paris, construit à la fin du XVIIIe siècle sur les vestiges de l'ancien Palais Royal, victime de nombreux incendies, des crues de la Seine et des aléas de l'Histoire.

Au XIIIe siècle, Ce palais de la cité est bel et bien la résidence des rois de France depuis Hugues Capet, l'ancêtre de Louis IX. A l'époque, on accède au palais par cette cour du mai, où l'on plante chaque année un arbre pour célébrer les bienfaits de la nouvelle saison. Un magnifique escalier appelé Grand Degré monte jusqu'à la galerie que Louis IX fait construire pour accéder directement de ses appartements privés situés au nord jusqu'à sa nouvelle chapelle. Véritable joyau de l'art gothique rayonnant, dissimulé au cœur du palais, la Sainte-Chapelle demeure le plus somptueux héritage architectural de ce roi bâtisseur. Construite en à peine 7 ans pour y servir d'écrin au sein de la ville, la Sainte-Chapelle est une des plus grandes villes de l'Etat.

Sainte-Relique, la Sainte-Chapelle nous offre une vision unique des arts du XIIIe siècle. L'ensemble spectaculaire de Vitraux constitue le point d'orgue de cet édifice, véritable testament spirituel et politique de Louis IX. Commanditaire de cet impressionnant vaisseau de lumière, je vous invite à découvrir comment ce roi, assurément très chrétien, disparit au rang de capitale de l'Europe médiévale avant de s'engager dans une mission guerrière et spirituelle qui va bouleverser sa vie à tout jamais, la septième croisade en Terre Sainte.

Il y a presque 1000 ans, le 27 novembre 1095, sur les collines de Clermont-Ferrand, le pape Urbain II prononce un discours exhortant tous les chevaliers chrétiens d'Occident à s'unir pour aller délivrer Jérusalem et le tombeau du Christ. Oh fils de Dieu, il importe sans tarder que vous vous portiez au secours de vos frères qui habitent les pays d'Orient. Un peuple venu de Perse, les Turcs ont envahi leur pays.

Aussi je vous exhorte de secourir les Turcs. les chrétiens ! À cette époque, les papes étaient de vrais hommes politiques à la tête de l'Église. Vous savez, la religion n'était pas la seule motivation pour partir en croisade. Ils savaient bien que l'Orient était très riche.

Et ils voulaient leur part du gâteau, l'argent. C'est aussi simple que ça. Au nom du Christ, pendant 200 ans, vont se succéder pas moins de 8 croisades. menée par différents souverains d'Europe. Le roi de France, Philippe Auguste, participe à la troisième croisade et ne manquera sans doute pas de raconter à son petit-fils, Louis, le récit de ses campagnes chevaleresques en Terre Sainte.

En prince imprégné de l'esprit des croisades, dès les années 1230, Louis IX réfléchit à sa propre quête de l'Orient chrétien. Mais ce projet passe d'abord par une acquisition majeure. Les reliques de la Passion sont les plus vénérées. la chrétienté.

Or, en 1239, Saint Louis tombe en quelque sorte sur une occasion extraordinaire puisque Baudouin II, l'empereur de Constantinople, qui possède ses reliques, ou la plupart d'entre elles, met en gage ses reliques. Et Saint Louis va évidemment profiter de cette détresse économique en quelque sorte de l'empereur d'Orient. Il les achète en 1239 et ses reliques resteront à la possession du roi de France. L'acquisition de la couronne d'épines est un véritable coup politique de la part de Louis IX, qui va réussir à rapporter au Royaume de France l'une des reliques les plus précieuses de la chrétienté, puisqu'il s'agit de la couronne d'épines qui a touché la tête même de Jésus, et dont le prestige va nécessairement rejaillir sur le roi, sur la royauté, mais également sur tout le royaume.

Acquise pour un montant supérieur à la moitié du revenu annuel du domaine royal, la cérémonie d'accueil de la Sainte Couronne d'Épine se déroule dans la cathédrale de Sens. C'est un cortège très particulier qui arrive à Sens, accueilli par l'archevêque Groutier Cornu, celui qui l'avait marié quelques années auparavant. Et donc on va déposer à l'endroit où nous sommes la Sainte Couronne d'Épine. Et Guy Gauthier Cornu, qui est l'archevêque de Sens, qui est le primat des Gaules, qui est le deuxième personnage de l'Église, prononce un serment et dit la chose suivante.

Le Christ a choisi la terre promise pour faire connaître les mystères de la rédemption et il a choisi la Gaule pour glorifier sa passion. Le transfert des reliques de la passion à Paris est un véritable coup politique car Paris devient en somme la Nouvelle Jérusalem. En 1241, Louis IX poursuit son ambition en achetant un morceau de la lance qui a frappé le Christ, un morceau de la vraie croix et plusieurs autres reliques de la Passion. Pour les abriter, Louis IX ordonne la construction d'un reliquaire monumental. La Sainte-Chapelle, dans son architecture, est un miracle d'équilibre, c'est certain.

Nous avons la chapelle basse qui lui sert de socle, et il faut voir à l'extérieur les grands contreforts qui vont contrebuter, en somme, la voûte. Et vous voyez que la voûte repose sur des grandes piles et ceci grâce au système de croiser d'ogives et par conséquent ça permet d'évider les murs et d'y placer des vitraux qui font environ 600 m² de superficie mais je vous dirais qu'il y a plus de 900 scènes figuratives dans l'ensemble des vitraux. A l'histoire de la création et des grands prophètes de la Bible, succède tout bonnement la vie de Louis IX sur un pan entier des vitraux. Le but ultime sera de montrer la place du roi dans l'histoire de l'humanité.

Autre symbole de taille, en véritable épouse politique de son fils, les armes de Blanche de Castille sont omniprésentes. Un oratoire lui est dédié, tandis que Marguerite de Provence n'apparaît nulle part ici. Si la chapelle haute est exclusivement réservée à la famille royale et aux ecclésiastes, la chapelle basse accueille le personnel du palais. Le roi venant s'installer dans la partie haute se trouve au-dessus du peuple et en même temps Dieu est au-dessus de lui. Donc on est à l'étage intermédiaire entre terre et ciel.

Toute l'architecture de la Sainte-Chapelle exprime l'élévation de l'âme grâce à l'impression vertigineuse d'espace où le verre l'emporte sur les murs. La flèche parachève cette symbolique, tel le doigt de l'homme pointant vers la Jérusalem céleste. Mais en 1246, alors que les travaux de construction de la Sainte-Chapelle sont sur le point de s'achever, Louis IX tombe très gravement malade.

On le croit presque mort tellement son état de santé s'est aggravé. Et quand il ressuscite, en quelque sorte, en tout cas quand il réussit à recouvrer plus ou moins ses sens, il prononce le vœu de croisade. Dieu m'a accordé. La force de libérer le tombeau du Christ des infidèles.

La mère du roi est tout à fait hostile à cette entreprise parce qu'en grande femme politique qu'elle est, elle sait très bien les risques que court le royaume en l'absence. du souverain. De grâce, ne quittez pas votre royaume.

Mère, ma vie appartient à Dieu. Malgré ses oppositions ou ses réticences par rapport à son départ en croisade, ne faiblira pas. Et aussitôt, il va d'abord reprononcer son vœu de croisade pour montrer qu'il l'apprenait de façon parfaitement consciente et pendant deux ans, il va mettre au point une expédition de façon très concrète, très précise, également en réfléchissant à la meilleure façon de sortir de France par un port, qui sera donc le port d'Aigues Mortes, construit à cette occasion. Exhortez les valeureux chrétiens et chevaliers du royaume à me rejoindre. Tous les grands seigneurs du royaume répondent à l'appel du souverain et se croisent à leur tour.

Même l'ancien baron rebelle, Pierre Mocler, le duc de Bretagne, échange un baiser de paix avec Louis IX pour devenir l'un de ses plus fidèles compagnons. Au moment où le roi décide réellement de partir en croisade, il consacre d'abord la Sainte-Chapelle. C'est son premier acte politique. Le 26 avril 1248, lors de cette consécration, la plus glorieuse relique est portée par Louis IX en personne et disposée dans une grande chasse au sein de la majestueuse tribune.

La procession organisée autour de la Sainte Couronne par le Roi rappelle également la piété christique de Louis IX, qui ici reproduit en quelque sorte l'humilité et l'humiliation du Christ en cheminant en chemise, pieds nus, dans une assemblée qui elle-même est pieds nus. Et juste après, quelques jours après, il se rend à Saint-Denis et là, il prend l'oriflame. Alors d'abord, il fait une étape dans le douer de sa mère et c'est là qu'il lui dit au revoir. Et sa mère lui dit, mon fils, je crois que je ne vous reverrai pas.

Affligé par le départ de son fils, Blanche de Castille reprend les rênes du pouvoir à 50 ans passés. Il confie à nouveau la régence à sa mère. Ils lui reconnaissent son habileté politique, son sens aigu de l'action des responsabilités. Tel un véritable pèlerinage royal, Louis IX, accompagné de sa femme, prend la direction de la régence.

direction du sud de la France, en prenant le temps d'aller à la rencontre de son peuple tout au long du parcours. C'est une manière, effectivement, de nouer des relations très concrètes, de se faire voir, de se montrer. Les hommes politiques, encore de nos jours, le font très bien. Et les souverains médiévaux savaient parfaitement le faire aussi.

Ils avaient un très grand sens de la communication. Et c'est en août 1248 qu'un homme, que le roi découvre pour la première fois sa nouvelle ville d'Aigues-Mortes, où s'est rassemblée l'armée des croisés. 60 000 hommes, prêts à embarquer sur 1880 navires, chargés de chevaux et de provisions.

Donc l'ensemble va naviguer jusqu'à Chypre avec une première étape là, avant de livrer véritablement bataille. Une fois les troupes rassemblées sur l'île de Chypre, Louis IX prend la décision d'attaquer la ville de Damiette en Égypte, située à l'entrée du delta du Nil. Louis voit toutes ses troupes, comme le jour le plus long, avec des barges qui débarquent sur la plage.

Les cavaliers arrivent et à ce moment-là, un des grands barons dit « Mettez vos lances en avant » . Donc il pique les lances dans le sable et les cavaliers arrivent. arrive et se plante dans les lances. La bataille, lui, il l'observe du bateau, mais il n'en peut plus, il faut qu'il y aille. Son entourage essaye plutôt de le retenir, de lui dire d'attendre, mais il a quand même été élevé aussi dans la culture chevaleresque.

On voit toujours ce roi chrétien, mais il y a quand même cette dimension-là qui fait qu'il est certainement sensible à l'exploit militaire. Donc il saute dans une barge, et il saute à l'eau avec son armure, etc. Il en a jusqu'au cou, il sort de là. Et il va aider ses troupes à poursuivre la bataille. Et c'est à ce moment-là qu'il apparaît comme étant un guerrier hors du commun.

Toutes ces croisades ont profondément traumatisé le monde arabe. Aujourd'hui encore, les croisades sont perçues comme une très violente invasion barbare. La prise de Damiette constitue une première victoire de taille pour le roi et son armée, qui se dirige maintenant en direction du Caire.

Mais sur leur chemin, surgit la forteresse de la Mansoura. On est dans une topographie qui déguerre favorable aux chevaliers sur leurs chevaux, dans les petites rues étroites, etc. de la forteresse. Et de l'affaire, c'est une défaite totale, où après un premier temps qui peut paraître un peu glorieux, les chevaliers sont tués les uns après les autres à l'intérieur de la Mansoura.

Et c'est le roi lui-même qui est capturé de façon terrible pour l'armée décroisée, démoralisée évidemment profondément par cette nouvelle stupéfiante. Pour le roi, cet échec est aussi un drame personnel terrible. Son frère, Robert, n'a pas survécu à l'assaut de la Mansoura.

Ah... Depuis sa prison, il confie le commandement de la croisade à Marguerite, restée à Damiette pour accoucher. Elle joue enfin un rôle important puisqu'on lui confie le commandement de l'armée en l'absence du roi. Un rôle qu'elle joue, il faut bien le dire, là aussi, comme sa belle-mère, avec une grande détermination, un grand courage, puisqu'elle demande à un chevalier âgé qui est auprès d'elle de la tuer si jamais elle devait être mise entre les mains des musulmans qui se seraient emparés de sa personne.

Au bout d'un mois de détention, Marguerite parvient à réunir la rançon qui permet la libération du roi et de ses chevaliers. Étrangement, Louis IX décide de rester en Terre Sainte, contre l'avis de son entourage. Pourquoi ne pas être rentré au lendemain de cette humiliation ?

Tout simplement pour la faire oublier progressivement par une activité diplomatique intense dans le monde oriental. Louis IX entreprend également pendant quatre ans la fortification des villes aux mains des chrétiens. Saint-Jean-d'Acre, Jaffa, Césarée.

Mais au printemps 1253, le souverain apprend que sa mère, Blanche de Castille, s'est éteinte quelques mois plus tôt. Il entre dans une affliction absolument incroyable, il reste trois jours seul, sans parler à quiconque. C'est quelque chose qui est un événement sans doute difficile à surmonter pour lui, très dur. On voit bien là s'exprimer sa sensibilité d'homme et de fils. Bouleversé par la disparition de sa mère, marqué par l'échec de sa croisade, Louis IX prend la décision de rentrer en France, où son trône l'attend.

Durant la traversée du retour, le roi se montre mélancolique et taciturne. Il finit par débarquer à Hyères le 10 juillet 1254, après six ans d'une longue absence. Bien entendu, la croisade a donc totalement marqué Saint-Louis.

C'est un tournant pour son règne. Beaucoup de choses sont préparées en amont, mais cette croisade, avec cette influence de l'Orient, cet échec, et en même temps, ces leçons apprises en Orient, vont lui servir pour tout le reste de son règne. Nous voici de retour à Paris, au Palais de la Cité. Cette salle où je me trouve, dite des gendarmes, est un des rares vestiges du palais presque contemporain de Louis IX, puisque sa construction remonte au temps du roi Philippe le Bel, son petit-fils.

Sous le règne de Louis IX, ce palais élargit progressivement sa fonction de simple résidence royale pour devenir le siège du pouvoir administratif. Au retour de la 7ème croisade, Louis IX entreprend de profondes réformes, en particulier dans le domaine judiciaire. La justice, voilà la grande préoccupation de son règne.

En 1254, lorsque Louis IX reprend les règnes du pouvoir, c'est un homme blessé. Il vit la défaite de la croisade comme un échec personnel. Moi, Louis IX, je souhaite que mes souffrances durent jusqu'à la fin du monde.

Le roi s'engage dans une remise en question profonde. Il se dit pourquoi Dieu m'a abandonné. Et puis très vite, il se dira non, Dieu ne m'a pas abandonné, c'est moi qui ne suis pas assez pur et mon peuple non plus.

C'est pour cela que Louis IX va approfondir encore davantage une piété de type pénitentiel pour racheter le péché qui aurait été le sien. Flagellation, port du silice. Louis IX pratique intensivement la mortification corporelle pour se purifier.

Mais il multiplie également les renoncements au luxe du pouvoir. Désormais vêtu d'une simple chemise, il jeûne régulièrement et s'astreinte à une discipline de fer. Le Saint Louis, qui était déjà un homme sobre avant la croisade, est devenu un homme extrêmement assète après la croisade. C'était un homme qui priait et faisait déjà l'admiration de ses contemporains avant, et c'est devenu un homme extrêmement pieux, extrêmement dévot après la croisade. Ce cheminement religieux personnel du roi va avoir des répercussions dans sa manière de gouverner.

Saint Louis se sent comptable devant Dieu de la mission qui lui a été... confié. Dans une société comme celle du XIIIe siècle en France, le roi est censé être responsable de son peuple. En tant que roi et en tant que chrétien, il doit normalement le guider vers le salut. Quand il rentre en 1254, son obsession c'est de purifier son royaume.

C'est un tournant dans le règne de Louis IX. Guidé par cette volonté d'agir au plus près de Dieu, le roi va réformer son royaume. En 1254, il s'attaque à l'ordre moral. Le roi interdit le blasphème, mais aussi le jeu de dés et sa fabrication.

Les jeux de hasard lui paraissent quelque chose de tout à fait immoral. Dans cette perspective, au fond, d'essayer de construire à l'intérieur du royaume une sorte de cité de Dieu, c'est-à-dire d'une cité qui est la plus parfaite possible. Dans ce projet utopique, le roi tente aussi d'endiguer l'exercice du plus vieux métier du monde. Les prostituées, il les pourchasse.

D'abord, il les pousse vers le bord de l'eau, là où elles s'installent dans les bords de l'eau, les bordels, l'eau, les bords de lait, et il leur... Il leur fait porter la ceinture jaune pour qu'on puisse les reconnaître. D'où l'expression « bonne renommée vaut mieux que ceinture dorée » , l'expression qui remonte à Saint-Louis.

Et ensuite, n'en pouvant plus, il les chasse du bord de l'eau, il va les pousser hors de la ville, hors de la capitale. Elles vont s'installer où ça ? Dans la rue Saint-Denis, où elles feront une carrière assez longue tout de même.

Mais la grande affaire du règne de Louis IX, c'est bien sûr la justice. On doit porter à son crédit un changement très profond, très profond de la procédure pénale. C'est vrai que c'est lui qui mettra un terme au jugement dit de Dieu.

C'est ce que l'on appelle aussi les ordalies. Cet ancien mode de preuve en justice consiste à faire passer une épreuve physique à l'accusé pour décider de son sort. Ces épreuves peuvent nous apparaître extrêmement cruelles, et Dieu sait qu'elles le sont, puisqu'elles peuvent consister à faire, par exemple, tenir un fer rougi au feu par la personne qui est accusée, et selon l'état de sa blessure, soit sur le moment, soit au bout de deux ou trois jours, le prud'homme qui va être amené à rendre son jugement va innocenter ou au contraire considérer que la personne est coupable si la blessure est trop vilaine.

En 1258, Louis IX supprime les ordalies et instaure la procédure inquisitoire, c'est-à-dire la recherche de la vérité par l'enquête et l'audition de témoins. Ce sont les prémices de la justice moderne. Réformer pour donner à son peuple une meilleure justice, c'est un devoir moral pour Louis IX. La justice est certainement très importante pour lui dans la perspective de l'idéal du prince chrétien. Il n'y a pas de moment où l'on engage plus profondément sa responsabilité que le moment où on décide du sort de celui qui est devant vous.

Désormais, à la cour du roi, on rend la justice. Dans son palais de l'île de la Cité, Louis IX instaure une sorte de tribunal de deuxième instance, accessible à tous. Tout sujet peut venir demander justice au roi, et surtout, ce qui va être le grand déclencheur... C'est qu'on pourra toujours faire appel de la décision de juridiction qu'on appelle à l'époque subalterne ou inférieure devant une cour royale. On peut toujours se souvenir que ceux qui allaient demander justice au roi étaient des misérables.

Cela donne à Saint-Louis une dimension morale considérable et très rare chez les souverains de son temps et ceux qui lui ont succédé. Contrairement à la légende, Louis IX ne rend pas toujours la justice sous un chêne. Juger étant un métier, il le laisse en fait à des professionnels qui sont des gens qui ont fait des études, qui connaissent le droit, qui ont l'habitude de juger et qui lui proposent les meilleures solutions.

Pour la première fois, les juristes conservent une trace écrite des arrêts rendus par la Cour du Roi. Ces tout premiers registres vieux de huit siècles sont conservés aux archives nationales. Olym, hominès des Bayona, regni nostri.

Ce sont les Olym, on les a appelés ainsi parce que l'un d'entre eux débute par le terme Olym, qui en latin veut dire un jour autrefois. Ces quatre premiers registres, je dirais que c'est le socle de l'état de droit. Il fixe aussi, il invente. Des règles de procédure, ce sont des garanties pour les justiciables. Ces règles fixées à l'avance permettent de lutter contre l'arbitraire.

Petit à petit, cette justice qui passionne tant Louis IX s'organise autour de lui. Et Louis n'intervient que quand il sent qu'il y a un déni de justice possible ou quand il sent qu'il y a un problème. Et il est rare qu'il donne son jugement à lui. L'intervention du roi dans le procès enguérant de Coussy est restée célèbre.

En 1259, un abbé vient se plaindre au roi d'une injustice. Le grand seigneur de Picardie, Anguéran de Coussy, a fait pendre trois jeunes nobles qui s'amusaient à chasser le lapin sur ses terres. En dépit de la haute lignée dont descend le seigneur de Coussy et de la pression des autres barons du royaume, Louis IX condamne Anguéran de Coussy à verser une grosse somme d'argent et à faire dire des messes à la mémoire des victimes.

Il impose l'autorité, il impose la justice royale à quelqu'un qui était un grand seigneur, un baron. Là, il y a vraiment la volonté de dire qu'au-delà de toute justice, au-delà de tout pouvoir, il y a celui du roi. Et là, il faisait plier les privilèges de la noblesse.

N'oublions pas qu'il les avait pris sur ses terres en train de braconner. C'est là où on voit ce qu'est la justice du roi. En montrant que la justice royale est à la fois plus forte et plus équitable que les justices seigneuriales, le roi gagne la sympathie du peuple. On se presse devant le palais pour obtenir justice. Et le roi va par là même, en captant des justiciables, nous dirions aujourd'hui, capter des sujets et devenir le souverain de son royaume.

De pas grand chose, ça va devenir des juridictions qui finalement vont prendre tout l'ancien palais. Et les juridictions ne cesseront de prendre de l'importance et de rendre la justice au nom du roi. Aujourd'hui, nous la rendons au nom du peuple français, mais la filiation est très nette et c'est à travers l'exercice de ce pouvoir judiciaire que s'est composé, forgé, le royaume de France.

Nous voilà au même endroit, dans les mêmes lieux, que depuis huit siècles. On rend la justice et notre vocabulaire est emprunt des origines de ce passé. Le vocabulaire judiciaire s'explique.

On est dans des palais. comme le palais du roi. On parle de cour, parce que les gens qui étaient dans l'entourage du roi formaient sa cour.

On parle d'audience, parce que le roi donnait audience à ces sujets. Tout le vocabulaire de la justice française, mais bien au-delà de la France, de beaucoup d'autres, d'autres pays qui l'ignorent, eh bien, vient de ce palais. On va passer donc de cette féodalité, de la suzeraineté, le roi a des vassaux, il est le suzerain, à la souveraineté, grâce à la justice. Si Saint-Louis a été un grand serviteur de la justice, la justice a beaucoup servi la cause de Saint-Louis.

La justice se révèle une arme de gouvernement redoutable. Mais pour bâtir la légende chrétienne du bon roi Saint Louis, on a souvent édulcoré la réalité de son action politique. C'est le cas notamment avec les enquêtes de réparation que Louis IX organise dans tout son royaume pour lutter contre la corruption de ses officiers. Le péché que commettent ces administrations, ces préfets, pour le dire encore une fois avec notre langage moderne, eh bien, au fond, ils pensent, peut-être à juste titre, qu'il en est responsable. Ils se pensent non seulement responsables, mais coupables.

Et par conséquent, pour lui, il convient de mettre fin à ces abus, sinon il pourrait avoir à en rendre compte devant l'éternel après sa mort. En restituant les biens mal acquis par ses officiers, Louis IX veut sauver son âme. Il envoie des équipes d'enquêteurs aux quatre coins du royaume pour collecter les plaintes de ces sujets et leur rendre éventuellement des sommes d'argent.

Les 10 000 plaintes recueillies par les enquêteurs il y a huit siècles sont conservées aux archives nationales. En étudiant ces sources objectives, Marie de Joux a découvert un nouveau visage du roi. Les restitutions ne coûtent absolument rien aux rois de France. En 1247-1248, ce sont les officiers qui rendent sur leurs données personnelles le produit de leurs exactions.

Le procédé permet habilement au roi de racheter son âme sans avoir à en payer la facture. Mais le véritable objectif du roi est encore plus adroit. On a longtemps pensé que Louis IX avait utilisé le résultat de ses enquêtes pour réformer l'État.

En réalité, Louis IX n'a jamais lu une seule ligne de ses procès verbaux. La vraie fonction de ces enquêtes est de faire connaître au sujet du royaume la bonté et l'équité du roi. Il s'agit en fait de convaincre des populations qui n'avaient parfois connu du roi que ses troupes et ses administrateurs, que ce roi était juste, qu'il était bon. En quelque sorte, ces enquêtes sont des fabriques de consentement à la domination.

On peut donc tout à fait parler à propos des enquêtes de réparation d'une opération de communication politique. En communiquant sur sa bonté et son sens de l'équité, Louis IX, le justicier chrétien, récolte l'amour de son peuple. Son règne est une période de paix et de grande prospérité pour la France.