Au début des années 1930, le Québec est frappé de plein fouet par la Grande Dépression. Le taux de chômage est catastrophique et le moral de la population est au plus bas. C'est à cette époque qu'une femme va atteindre la gloire en chantant des paroles d'espoir à ses contemporains.
Aujourd'hui, on s'intéresse à la reine des folkloristes canadiennes, Marie Traverse, mieux connue par son surnom, ben oui, la Bolduc. Allez ! Je suis Laurent Turcot et bienvenue à l'Histoire nous le dira....mette courage au nupo, moi j'ai toujours le cœur gai et je continue à faire lutter......tarder les tentes et tout dans les deux......tarder les tentes et tout dans les deux...
On va régler quelque chose en commençant. Marie Traverse, qui a fait sa carrière sous le nom de son mari, donc Madame Édouard Bolduc, détestait le surnom La Bolduc et trouvait même que ça faisait vulgaire. Mais Marie naît à Newport, en Gaspésie, en 1894. Elle grandit dans une modeste famille de pêcheurs. Dès l'âge de 12 ans, elle joue du violon, de l'harmonica et de la guimbarde dans les veillées et les mariages de son village. Alors, c'est une véritable femme-orchestre, si on peut dire.
Sa mère est Canadienne-Française, mais son père est d'origine irlandaise. Un joyeux mélange, c'est le moins qu'on puisse dire. Mais en bas âge, elle parle d'ailleurs couramment plus l'anglais que le français. Et comme beaucoup de personnes au tournant du 20e siècle, elle décide de quitter très jeune son village pour se rendre travailler dans la métropole, ben oui, Montréal. Elle se marie en 1914 et comme beaucoup de Canadiens français, Marie et sa famille déménagent aux États-Unis en 1921 à la recherche d'emploi.
Après un an à Springfield, au Massachusetts, ils reviennent à Montréal n'ayant pas trouvé la prospérité espérée. Sa carrière artistique commence donc sur le tard de sa vie. Elle se fait inviter en 1927. par Konrad Gauthier a remplacé un musicien malade dans les veillées du bon vieux temps au Monument national. Après avoir fait des présences à la radio de CKAC en 1928, elle commence à endisquer ses chansons en 1929 avec le célèbre producteur Roméo Baudry de la compagnie A Star. Mais c'est le lancement en 1928 du 78 tours comprenant sa propre composition, La Cuisinière, qui marque vraiment le début de sa carrière.
Elle en vend plus de 10 000 copies le premier mois seulement. Ses disques des années suivantes lui permettent de devenir le principal pourvoyeur de sa famille. Ce qui, on s'entend, n'est pas conventionnel pour une femme à l'époque. Dans certains cas, ça choque. Marie s'inspire de l'actualité pour composer ses chansons.
Elle parle de la prohibition, de l'immigration, de la crise économique. Mais elle a aussi un talent particulier pour les chansons comiques, dont le public raffole et elle sera surtout reconnue pour ses refrains turlutés. Aïe, je ne l'ai pas eu.
Turlutés, bref, vous avez compris. À partir de 1930, elle commence à faire des tournées à l'extérieur de Montréal. Elle n'est pas seulement une artiste, mais une excellente entrepreneur.
En se basant sur son expérience aux États-Unis, elle décide d'organiser des tournées qui se rendront jusqu'au sud de la Nouvelle-Angleterre. Elle va ainsi parcourir les routes du Canada et des États-Unis jusqu'à ce qu'elle ait un grave accident d'auto en 1937. On lui diagnostique une tumeur maligne pendant sa convalescence. Elle reprend la route quelques fois dans les années qui suivent, mais sa santé se détériore et décède d'un cancer en 1941. Après avoir été l'une des artistes les plus célèbres du Canada français pendant les années 30, Marie Traverse tombe un peu dans l'oubli dans les années qui suivent son décès.
C'est dans les années 1960, avec la popularité du mouvement des chansonniers, qu'on s'intéresse de nouveau à son apport comme auteur, compositrice, interprète et qu'elle sera élevée au statut de première chansonnière québécoise. Elle devient alors le symbole de la culture canadienne-française. Le gouvernement du Québec va même lui accorder le statut de personnage historique en 2016. Je tiens à remercier Pierre Lavoie qui est doctorant à l'Université de Montréal, qui complète une thèse qui traite en partie de la Bolduc et qui est un remarquable musicien. Allez le voir, ça vaut la peine.
Allez, c'est déjà tout pour aujourd'hui, je suis Laurent Turcot de l'Histoire nous le dira et je vous le dis, ça va venir, ça va venir, décourageons-nous pas. Ah ben moi je suis découragé parce que là j'ai pas chanté.