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La route de la Soie et son impact

Le lac Seram est un lac d'altitude situé à l'extrême ouest de la Chine, à la frontière avec l'Asie centrale. Pendant des siècles, il a été un point de passage stratégique des routes de la soie qui reliait l'Europe à l'Empire chinois. Aujourd'hui... Les nomades qui vivent au bord de ce lac voient l'histoire se répéter avec l'ouverture de la nouvelle route de la Soie. Une autoroute flambant neuve, sur laquelle les camions remplacent les caravanes d'antan. La nouvelle route de la Soie, c'est un projet ambitieux lancé en 2013 par le président chinois Xi Jinping en visite au Kazakhstan. Pour faire plus proche de l'économie européenne, pour faire plus proche de l'économie européenne, pour faire plus proche de l'économie européenne, pour faire plus proche de l'économie européenne, pour faire plus proche de l'économie européenne, pour faire plus proche de l'économie européenne, nous pouvons utiliser une mode de collaboration innovante. Nous pouvons utiliser une mode de collaboration innovante. Nous pouvons utiliser une mode de collaboration innovante. Nous pouvons construire ensemble nous pouvons construire ensemble une économie de la route de l'économie. Nous pouvons construire ensemble une économie de la route de l'économie. Cette nouvelle route de la soie que propose Xi Jinping est un axe routier et ferroviaire long de 10 000 km. Il traverse l'Ouest chinois, le Kazakhstan, la Russie et a pour ambition d'atteindre l'Europe. Un chantier gigantesque. Mais que cherche vraiment la Chine avec ce méga projet ? Pour la Chine, la nouvelle route de la soie est un projet de développement social et économique. Mais à terme, il est certain que ce projet aura aussi des répercussions géopolitiques. La nouvelle route de la soie chinoise s'avance à travers l'Asie centrale, zone d'influence russe par excellence. Vladimir Poutine et Xi Jinping affichent régulièrement leur alliance géostratégique. Mais la nouvelle route chinoise ne risque-t-elle pas de venir bouleverser les équilibres entre la Russie et la Chine ? et à plus long terme dans toute l'Eurasie. Dans le passé, on appelait la route de la soie l'axe du monde. Et contrôler cette route, c'était comme posséder le monde. La Chine a choisi la ville de Chongqing comme point de départ de sa nouvelle route de la soie. C'est la plus grande agglomération de Chine, avec près de 35 millions d'habitants, quasiment autant que Pékin et Shanghai réunis. Dans le monde occidental, peu de gens connaissent ce nom, Chongqing. Et pourtant, cette ville de l'intérieur, située au bord du fleuve Yangtze, est emblématique du formidable boom économique qu'a connu le pays depuis 30 ans. Alors que la croissance s'essouffle dans les grands centres manufacturiers comme Canton ou Shenzhen, Chongqing s'affirme chaque jour un peu plus comme un des futurs moteurs du développement chinois. Quand je suis venu pour la première fois à Chongqing il y a 20 ans, il n'y avait que des petites maisons en mauvais état, par ici et même de ce côté-là. Mais désormais tout est si grand. Depuis 10 ans, Chongqing est devenu tellement grand. C'est le seul mot que je puisse dire. Chongqing est grand. La croissance de Chongqing a été météoritique, de l'ordre non pas de 10% par an, mais de 14-15% par an, au stéroïde si j'ose dire, avec des investissements publics, mais avec les plus grandes entreprises étrangères aussi, qui ont acquis des zones économiques spéciales. Interrogez-les, ils vous diront à peu près tous qu'ils ont eu le terrain pour rien. Le développement de Chongqing s'est longtemps appuyé sur les industries lourdes et sur une main d'oeuvre rurale très bon marché. Mais ces dernières années, la mégapole a tout misé sur les géants de l'électronique. Une mutation qui permet aujourd'hui à Chongqing de maintenir un taux de croissance à deux chiffres. Chongqing est la plus grande zone de production d'ordinateurs en Chine. A Kantai, il y a 15 000 personnes qui travaillent dans trois usines. Ici, c'est l'unité numéro 2, où il y a 3 200 personnes. C'est ici qu'on fabrique les ordinateurs à serre. Ce que vous voyez ici, ce sont les ordinateurs que vous achetez en France et en Allemagne. Tout ce que vous achetez à Paris vient d'ici. Pour expédier les ordinateurs de Chongqing en Europe, il faut faire 2000 km par les terres pour rejoindre un des ports de la côte. puis au moins un mois de transport par la mer de Chine, le détroit de Malacca et le canal de Suez. En pratique, il s'écoule souvent deux mois entre la fabrication d'un ordinateur en Chine et sa mise en vente en Europe. D'où l'idée de réactiver la voie terrestre, la voie des routes de la soie qui passe par l'Ouest chinois, l'Asie centrale et la Russie. Mais réduire le temps de transport n'est pas l'unique objectif de cette nouvelle route de la soie. Car en mer de Chine, les tensions s'exacerbent entre Pékin et ses voisins. Le Japon, les Philippines et même les États-Unis du président Trump, désormais imprévisibles. Pour la Chine, une route alternative devient vitale. que Chongqing devait avoir une place importante sur le réseau logistique Asie-Pacifique, et même mondial. Que Chongqing devait devenir un pôle d'échange à l'intérieur des terres, et aussi ouvert sur l'extérieur. Chongqing est clairement invité à tourner le dos à la mer pour regarder vers l'ouest. C'est ce que symbolise le kilomètre zéro qui marque le départ de la nouvelle route de la Soie. Et pour alimenter cette nouvelle route vers l'ouest, la ville a développé des installations logistiques visant à prendre le relais des zones portuaires de la côte. Ici, sur le port sec, il y a environ 1000 containers qui arrivent chaque jour. La plupart sont réexpédiés vers d'autres provinces chinoises et le reste part vers l'Europe. Nous sommes responsables de la sécurité de la population. et du transport. Ici, on charge 3 à 4 trains par semaine qui vont jusqu'à Duisburg en Allemagne. Et chaque train est composé de 41 wagons porte-containers. Les équipements électroniques chargés ici vont mettre 12 jours pour arriver en Allemagne, au lieu des 8 semaines par la voie maritime. Nous avons été les premiers dès 2011 à envoyer des trains vers l'Europe. Il y a donc 6 ans. Et d'autres villes l'ont fait ensuite, il y a 3 ou 4 ans. Pour l'instant, la fréquence des trains reste faible. Nous n'avons pas atteint la capacité maximale. Mais avec l'action du gouvernement, qui soutient ce projet de ceinture économique tout le long de la nouvelle route de la soie, le trafic va bientôt augmenter. Le coût du transport par le train est deux fois plus élevé que par bateau. Et il faut 250 trains comme celui-ci pour transporter un volume équivalent à un navire porte-container. Pour le moment, ce train qui rejoint l'Allemagne est donc avant tout symbolique. Mais le symbole d'une Chine en marche vers l'Europe est important pour fédérer la population et les acteurs économiques autour du projet de Xi Jinping. Un projet devenu mot d'ordre que personne en Chine n'ose remettre en cause. La nouvelle route de la soie va offrir beaucoup d'avantages à notre ville. Et Chongqing va apparaître sur le devant de la scène mondiale. Avec cet Eldorado européen en ligne de mire, la nouvelle route de la soie qui se déploie sur plus de 2500 km à l'intérieur du pays est d'abord un outil de développement interne pour la Chine. Car le nouvel axe qui combine le rail et la route permet de désenclaver les régions de l'Ouest chinois, au-delà de la ville de Lanzhou. Un immense far-west, oublié des réformes économiques des 20 dernières années. Ce qui est très net, c'est que toutes les régions chinoises se précipitent pour faire partie du programme, pour en avoir un bout en termes de financement, pour être qualifiés de terminus de la route de la soie. Donc il y a un élan surtout pour profiter des crédits, à une époque où le développement précisément pour les infrastructures se ralentit. La ville de Lanzhou est la porte d'entrée du Grand Ouest chinois. Ici, la nouvelle route de la soie prend des allures de plan Marshall. Au cœur des nouveaux quartiers, vide et démesuré, résonne une promesse de prospérité à venir. Et entre les répliques grandeur nature du Sphinx et du Parthénon, le discours du pouvoir est sur toutes les lèvres. C'est la nouvelle route de la soie qui va amener le développement économique et culturel ici. Ici, à Lanzhou, dans le Gansu, on va bientôt avoir une ville plus belle. Je vis à Lanzhou et avec le développement de la route, il y aura de plus en plus d'échanges avec les étrangers qui vont venir ici. La Chine va aussi pouvoir aller dans les autres pays grâce à cette route. Et ces monuments historiques symbolisent cet échange. Moi, je viens d'ailleurs. Et ce que je vois est très différent du cliché que j'avais de l'Ouest chinois. La nouvelle route de la soie, c'est un projet collectif et donc politique très entraînant. Au moment où la croissance chinoise marque un peu le pas, ils disent 7%, en fait on est plutôt autour de 4%, et donc il y a besoin d'un nouvel élan, il y a besoin de montrer que de nouveau le pouvoir est bien en contrôle de son projet pour l'ensemble des Chinois. Deuxième économie mondiale, la Chine est en réalité un géant fragile confronté à des risques d'explosion sociale. Et seule la réussite économique sur l'ensemble de son territoire pourra lui servir de mortier et empêcher son morcellement. Mais cette croissance est dépendante des exportations en produits made in China. Des exportations qui chutent à cause du ralentissement mondial. La Chine doit donc transformer son modèle économique et la solution passe par le développement de son marché intérieur. Pour ça, il lui faut investir dans les infrastructures pour favoriser les échanges. Et en tout juste 10 ans, elle a construit 80 000 km d'autoroutes. Le routier de l'Est est déjà impressionnant. Pour ouvrir le marché de l'Ouest, il n'y a qu'une seule route possible, entre les contreforts du Tibet et le désert de Gobi. C'est là que passe la nouvelle route de la soie. L'axe unique et indispensable pour rejoindre la province du Xinjiang, dont le nom signifie nouvelle frontière Je fais la route de Xi'an à Urumqi. Ce trajet, nous avons 40 heures pour le faire. Au total, il y a exactement 2585 kilomètres pour arriver jusqu'à Urumqi. Il y a quelques années, les routes étaient beaucoup moins bonnes. Il n'y avait pas de liaison entre les autoroutes des différentes provinces. Mais maintenant, tout est connecté. Ici il fait très beau, mais à l'approche de Rouméa, il y a un peu de froid. Il y a des passages où il y a beaucoup de vent. Il y a un couloir de 15 km où ça souffle toujours très fort. Et c'est la même chose tous les jours. J'ai parfois l'impression que le camion va se renverser avec ce vent. Ça fait vraiment très peur. Moi, je ne suis jamais allé en Europe. Je sais que cette route continue en direction de l'Europe. J'ai très envie de pouvoir y aller un jour, parce que je suis curieux. Ce serait formidable si j'avais un jour la possibilité de conduire mon camion pour aller jusqu'en Europe. En direction du Xinjiang. La nouvelle route de la soie résonne parfaitement avec la renaissance du rêve chinois, le slogan politique de Xi Jinping. On est sur cette route tous les jours. On voit bien que ça roule de plus en plus vers le Xinjiang. Il y a toujours plus de marchandises qui partent là-bas. On sait que l'avenir de notre activité est assuré. Pour la première fois dans l'histoire, la Chine est un pays unifié du point de vue des transports, du point de vue des communications. Vous pouvez pratiquement prendre votre voiture à Pékin et aller à Hong-Chi par une autoroute ou par une route à quatre voies. Ça représente l'équivalent de la traversée de l'Amérique. Donc la géographie aujourd'hui est beaucoup moins un obstacle qu'elle ne l'était il y a 20 ans. Dans ce grand ouest chinois aride et désertique, Pékin et le pouvoir central ont toujours été très loin. Et aujourd'hui, la nouvelle route de la soie y bouleverse les échelles. La notion de temps est finalement la vie des gens. Ici, ça vient de partout maintenant. Du Xinjiang, de Shanghai, de Canton, de Pékin, de partout, même du nord-est du pays. Ça a beaucoup changé. C'est très pratique pour le commerce et pour voyager. Il y a dix ans, nous étions dans notre village natal à la campagne. Mais avec la réforme économique, nous sommes venus à la ville pour devenir commerçants. Il y a des changements radicaux actuellement en Chine, surtout dans l'ouest du pays et le Xinjiang. Il y a toutes ces villes qui poussent partout dans le désert, des villes neuves avec des grades siens. avec beaucoup de vie, de la lumière partout, et même de la musique, des karaokés. Tout ça, c'est un message pour l'ensemble de la population chinoise. Tout ça, c'est pour attirer les gens dans cette région éloignée. Pour permettre aux populations de s'installer et de commercer jusque dans la lointaine province du Xinjiang, Pékin n'a pas hésité à déployer son TGV tout le long de la nouvelle autoroute. Entre Lanzhou et Rongxi, les passagers mettent désormais 10 heures pour parcourir 2000 km, contre 40 auparavant. La Chine possède aujourd'hui le plus grand réseau TGV du monde. 5000 km de voies rapides. 300 milliards de dollars investis sur une décennie. budget annuel d'un état comme la France. La ligne de la nouvelle route de la Soie est une des plus récentes. Elle fonctionne depuis 2014. Le TGV pour aller au Xinjiang est tellement rapide. C'est très pratique. Et ce changement va influencer nos vies. Maintenant, on peut voyager beaucoup plus facilement. Dans tout le Nord-Ouest, on voit que c'est immense. Les paysages et le relief sont très différents du reste du pays. C'est vraiment impressionnant. La nouvelle route de la soie traverse toute cette région de l'ouest du pays. Et avec les effets d'entraînement de cette politique du gouvernement, il y aura beaucoup d'opportunités qui changeront la vie et le travail des gens dans cette région. Le TGV du Xinjiang a coûté une fortune. Il ne sera jamais rentable économiquement. Pour Pékin, les bénéfices sont ailleurs. D'abord, au niveau politique, en affirmant très concrètement avec cette ligne sa volonté d'ancrer durablement le Xinjiang au reste du pays. Ensuite, vis-à-vis des pays voisins. Car la Chine se voit déjà en architecte d'un réseau TGV international courant de la Russie à l'Asie centrale et jusqu'en Iran. Pour le moment, le terminus de la ligne, c'est la gare ultramoderne d'Urumqi, la capitale de cette province. Une gare sous très haute sécurité. Car le Xinjiang n'est pas une province chinoise comme les autres. Pour preuve, les tensions récurrentes entre les Ouïghours, la minorité locale de confession musulmane, et les populations ranes ultra-majoritaires ailleurs dans le pays. Attentats, émeutes meurtrières, inégalités économiques et religieuses, la région réunit tous les ingrédients d'un cocktail hautement explosif. Entre bouclage policier et checkpoint militaire, la nouvelle route de la soie avance ici sous très haute surveillance. Le Xinjiang représente encore une épine à l'intérieur de la Chine. Le nom même, Nouvelle Frontière, signifie bien que c'est une colonisation, une colonisation intérieure. comme disent les japonais, ce que refusent d'admettre les chinois. En même temps, le Xinjiang n'a jamais été un pays. Il était une collection d'oasis, si vous voulez. Les dominations ont alterné. C'est bien la Chine. qui a établi pour la première fois un contrôle étatique unifié sur le Xinjiang. Pour Pékin, sécurité et développement massif sont les deux axes d'une même politique de pacification du Xinjiang. Une pacification indispensable pour que cette province devienne le tremplin des ambitions chinoises en Asie centrale. Portée par le pouvoir, Urumqi est donc appelée à devenir le centre de gravité régionale et organise tous les deux ans la grande foire de promotion de la nouvelle route de la soie. Sur les stands, tout est fait pour séduire les visiteurs qui viennent des pays voisins. Et tout le monde récite sa partition pour vendre le rêve chinois. Cette maquette montre à quoi notre zone économique ressemblera une fois le projet terminé. Et le résultat lui sera fidèle. Notre objectif, c'est de faire venir les entreprises des 5 pays d'Asie. centrale qui nous entoure. En début d'année, nous avons déjà fait notre présentation en Russie et au Kazakhstan. Et beaucoup d'entreprises là-bas ont manifesté un grand intérêt pour notre zone franche. C'est à grand renfort de clips de promotion que la Chine vante un monde meilleur partout où cette nouvelle route de la soie passera. Des clips qui vantent l'amitié entre les peuples et les bénéfices partagés. La foire de Rumshi s'inscrit dans le cadre du développement du Grand Ouest voulu par le gouvernement central, et plus particulièrement le développement de la province du Xinjiang. Nous invitons tous nos amis de Chine et du monde entier à venir découvrir ici les changements qui bouleversent le Xinjiang. Qu'un veut donc s'appuyer sur ce nouveau Xinjiang pour promouvoir son modèle de développement tout le long de sa nouvelle route de la soie et ainsi démontrer son expertise dans la construction d'infrastructures, de zones économiques et aussi dans le secteur clé de l'énergie. Les grandes entreprises chinoises sont bien sûr mises à contribution, comme Goldwind, le numéro 1 mondial de l'énergie éolienne que dirige M. Wu. Nous sommes ici sur le champ éolien de Dabansheng, au Xinjiang. C'est un des meilleurs champs éoliens du monde. Il fait environ 30 km de largeur pour 80 km de longueur. La particularité de cet endroit, c'est que la vitesse du vent y est toujours stable. C'est un endroit parfait pour faire fonctionner les éoliennes. La réussite de Goldwind est un cas d'école qui illustre le miracle économique à la chinoise. Un pionnier, M. Wu, qui implante ses premières éoliennes il y a 30 ans. Puis le rachat d'une entreprise allemande, un transfert de technologies habilement négocié, et aujourd'hui, Goldwind est le premier constructeur d'éoliennes au monde. A une époque où le marché de l'énergie connaît une révolution sans pareil, l'entreprise de Monsieur Wu est idéalement placée. Tout le long de la nouvelle route de la soie, il y a des réserves d'énergie renouvelable importantes, que ce soit au Kazakhstan, au Pakistan ou même jusqu'en Turquie. On y trouve partout du soleil et du vent. Pour développer l'éolien, ça revient en fait très cher. Or les Chinois, ils ont des logiques d'échelle telles, on l'a vu sur les panneaux solaires. Ils voient grand pour tout. Et c'est ça dont il faut bien prendre la mesure, c'est qu'ils ont une vision, une vraie vision stratégique. C'est ce qui nous manque en Europe. De toute évidence, il est plus facile d'avoir des stratégies à long terme avec un pouvoir autoritaire et stable. Et la nouvelle route de la soie s'inscrit dans la grande tradition de planification du parti communiste chinois. A court terme, la nouvelle route de la soie est marquée par l'empreinte personnelle de Xi Jinping. La réussite de ce projet renforcerait son pouvoir et son prestige. Mais à long terme, ce projet... Le projet marque un changement de statut pour la Chine, car les économistes chinois en parlent depuis 2011. Et c'est un projet qui voit loin et qui prendra des décennies pour arriver à terme. Et donc, il ne concernera pas que Xi Jinping, mais aussi l'ensemble de ses successeurs. Entre Urumchi et la frontière avec le Kazakhstan, il y a encore 500 km. De l'autoroute, c'est la ville frontière de Korgos. Avec l'ancienne porte de douane et ses cavalières. Imperturbable. Mais la Chine souhaite donner une nouvelle image de sa réussite économique à travers une grande arche sous laquelle passera bientôt la nouvelle route de la soie. De l'autre côté de cet arc de triomphe, c'est le Kazakhstan. C'est là que commence vraiment la dimension internationale du projet chinois. Ici, la nouvelle route de la soie est encore en chantier. Trois ans seulement après l'annonce de Xi Jinping, il est déjà facile d'imaginer le prolongement de la route chinoise. Hicham Belmachi est un des acteurs clés de cette histoire en marche. Franco-marocain, il est employé par le groupe Deep World, basé à Dubaï, un des leaders mondiaux de la logistique. Alors derrière moi vous avez la Chine, la frontière chinoise. Tout droit c'est Almaty, le Kazakhstan. Sur la gauche c'est le Kyrgyzstan et même l'Ouzbékistan un peu plus. Et par là sur la droite c'est la Russie. Donc comme vous le voyez, Khorgos est au plein centre de tous ces pays-là. C'est là où ça se passe. Hicham Belmachi travaille pour le gouvernement kazakh qui espère beaucoup de la nouvelle route de la soie chinoise. Une route qui fera peut-être de ce bout du monde un des postes avancés de la mondialisation. S'il y a un endroit pour symboliser sur la carte la rencontre entre l'Est et l'Ouest, c'est bien ici, à cet endroit-là. Sur mon côté droit, il y a les rails chinois qui s'arrêtent. Sur mon côté gauche, il y a les rails kazakhs qui démarrent. Donc depuis ici, on peut aller jusqu'à Pékin, Shanghai, Lianyonggang, Ningbo. Depuis ici, on peut aller jusqu'à Almaty, Astana. On peut aller en Russie, on peut aller en Europe. A Korgos, les conteneurs chinois sont transbordés sur les trains kazakhs qui roulent sur des rails plus étroits, à la norme soviétique. A partir de là, il n'y a plus qu'à utiliser le réseau ferroviaire existant dans toute l'Asie centrale. Un ensemble de pays grands comme l'Europe est peuplé par seulement 70 millions d'habitants. Le Kazakhstan est le plus grand d'entre eux. Il ne faut pas oublier que, en fait, ici c'était la frontière entre la partie soviétique, ex-Union soviétique, avec la Chine. Donc pendant très longtemps, ces deux pays communiquaient très peu, on va dire, en termes de frontières. La frontière était fermée, mais à partir de ces nouvelles infrastructures, il va y avoir bien sûr un très grand nombre de transits de passagers et de marchandises. Et Korgos, bien sûr, est le centre et le point de départ de cette renaissance de la route de la soie. Au Kazakhstan, la nouvelle route de la soie en construction traversera tout le pays sur 2400 km. Des chantiers financés en grande partie par des prêts de la Banque mondiale, mais aussi par la Chine elle-même, via le fonds des nouvelles routes de la soie. Un fonds d'Etat doté de 40 milliards de dollars. Une stratégie nouvelle qui fait rentrer la Chine dans le cercle très fermé. des grands bailleurs de fonds. La nouvelle route de la soie est une initiative chinoise. Mais c'est aussi un grand projet multilatéral à long terme. La Chine a bien réfléchi à sa mise en œuvre. On voit bien que les petits pays applaudissent et reçoivent de manière très positive le projet. Je pense que la Chine peut jouer le rôle de locomotive. C'est elle qui entraînera les autres. Les Chinois procèdent très très intelligemment, ils n'ont pas de conditionnalité politique mise à leur aide financière. Ils proposent des modes de développement win-win, gagnant-gagnant. Donc les gens se développent, ils les aident, enfin ils le font. à la chinoise. Ça ne veut pas dire qu'on les aime forcément, parce qu'on sent bien le vent de la conquête sourde et implicite qui se construira en même temps que les routes, les ponts, les voies ferrées, les ports et les infrastructures diverses et variées. En attendant l'ouverture de la nouvelle route et l'arrivée de la Chine, la steppe kazakh vit encore dans l'ancien monde. Celui hérité des années soviétiques. Celui du président Nazarbayev, qui dirige ce pays d'une main de fer depuis 25 ans, et a récemment qualifié la nouvelle route de la soie de projet du siècle. Car ici, Rien n'a vraiment changé depuis la fin de l'Union soviétique. Et surtout pas la vieille route qui relie Korgos au reste du pays. J'ai chargé en Chine. Et je vais jusqu'à Almaty. Je roule depuis hier, mais là je suis en panne. Normalement j'ai une journée pour faire ce trajet. Côté chinois c'est beaucoup mieux. La route là-bas est vraiment bonne. Elle est entretenue et il n'y a pas de trous. J'espère que chez nous aussi ça va s'améliorer. La Russie a déjà 50 ans. La Russie s'agite depuis 50 ans avec ce projet de route. Elle en a beaucoup parlé, mais elle n'a jamais eu les moyens de la construire. A cause de l'inefficacité de l'économie soviétique, et ensuite de la mainmise de quelques-uns sur l'économie post-soviétique, ce projet est toujours resté au stade de discussion. Le fil n'a jamais vu le jour. Dans la steppe, la nouvelle de l'ouverture prochaine de l'autoroute se répand tout doucement. Mais pour certains, la nouvelle route de la soie risque de ne pas être une bonne affaire. La plupart des camions qui s'arrêtent ici ont traversé la Russie ou l'Europe. Nous, on les nettoie avant qu'ils ne continuent leur route en Chine. C'est une manière d'apporter un peu de bonheur aux gens parce qu'il n'y a pas beaucoup de stations de lavage ici. Quand l'autoroute sera ouverte, cette vieille route sera très certainement fermée. Plus aucun véhicule ne passera par ici. Je suis là pour combien de temps encore ? Deux ou trois ans peut-être ? Après, il n'y aura plus de voiture ici. Il n'y aura plus que le silence. Dans les villages traversés par l'ancienne route, les avis sont souvent partagés, entre espérance d'un avenir meilleur et interrogation pour la suite. Notre président Nazarbayev a signé cet accord à l'Union Européenne. avec la Chine. Il y a déjà le train qui va vers Almaty qui fonctionne. Un train de marchandises. Il transporte les matières premières, les voitures et tous les biens d'équipement en direction de nombreux pays différents. Et tout ça passe déjà par cette route-là. Pour nous, bien sûr, il peut y avoir des perspectives, à condition qu'on arrive à se mettre dans le mouvement. Il faudra qu'on se débrouille pour prendre le train en marche. En ce qui concerne les habitants des petites villes proches de la frontière chinoise, ils sont a priori contents avec ce qui se passe. C'est des malins. Ils pensent surtout à leur business, aux profits immédiats. Mais est-ce qu'ils pensent vraiment à l'avenir ? Ces gens-là font leurs affaires, mais ils n'ont pas de stratégie à long terme. Derrière la nouvelle route de la soie qui avance vers Almaty, la capitale économique du Kazakhstan, derrière les trains qui sillonnent la steppe, la Chine, elle, a bien sûr une stratégie. Ouvrir une nouvelle voie d'exportation pour absorber ses surcapacités industrielles, mais aussi et surtout renforcer son influence économique et politique dans toute l'Asie centrale. Une région historiquement tournée vers la Russie. Ces routes magnifiques, ces voies ferrées, tous ces nouveaux moyens de transport, tout ça est bien sûr en partie positif pour ceux qui sont sur cet axe, au Kazakhstan comme ailleurs en Asie centrale. Mais c'est avant tout un projet pour la Chine visant à résoudre les problèmes de la Chine. Car fondamentalement, la Chine s'occupe toujours de l'élargissement de son espace vital. Bien sûr, il y a la Russie qui a beaucoup d'espaces vides. Mais la Russie est encore forte, alors que l'Asie centrale est plus fragile. C'est le maillon faible. Comme souvent, la démographie chinoise fait peur. Et l'angoisse du péril jaune n'est jamais très loin. Mais il est vrai qu'un territoire aussi grand et si peu peuplé que le Kazakhstan ne peut pas laisser la Chine indifférente. D'autant plus qu'il est gorgé de pétrole. Des terres arables et du pétrole. Deux ressources dont la croissance chinoise ne peut pas se passer. La nouvelle route de la soie qui traverse tout le Kazakhstan en direction du Nord-Ouest prend précisément la direction des grands champs pétrolifères. Une zone autrefois hautement stratégique pour l'Union Soviétique. Mais aujourd'hui, c'est bien la Chine qui monte en puissance via sa Société Nationale du Pétrole, la CNPC. Son oléoduc transporte 20 millions de tonnes de pétrole kazakh par an vers le Xinjiang chinois. Si on regarde l'ensemble de l'Asie centrale, la zone la plus importante, c'est l'Ouest. C'est un endroit auquel il faut avoir un accès sécurisé, car c'est là qu'il y a d'énormes quantités de ressources énergétiques. Mais la Chine veut aller au-delà de la simple exploitation des matières premières. C'est pour ça qu'elle a proposé un partenariat économique et politique au Kazakhstan avec le concept de nouvelle route de la soie. Une nouvelle route de la soie, qui est donc aussi pour la Chine une route du pétrole. En échange, Pékin construit les infrastructures nécessaires au développement du Kazakhstan. Mais dans le village de Kankiyak, tout proche des champs pétroliers de la société chinoise, les promesses de prospérité inscrites sur les murs sont déjà reportées à 2050 par le président Nazarbayev. De toute évidence, l'argent de la nouvelle route de la Soie ne profite que très peu à ces petites localités de la Steppe. Il y a de l'argent ici, mais personne ne nous fait travailler. Tout le pétrole passe par là, mais ici dans le village, c'est compliqué. Ils ne font rien pour le village. Vous avez vu l'état de cette route, là ? Les Chinois n'embauchent pas les gens d'ici. Ils prennent d'autres personnes. Comment voulez-vous qu'on soit contents ? A Aktobe, la capitale régionale, le siège de la société chinoise de pétrole est l'immeuble le plus imposant de la ville. Un immeuble qui tranche avec la discrétion habituelle des investisseurs chinois. Quand la CNPC est venue s'installer ici, ils ont fait venir des travailleurs de Chine. Ils avaient des quotas à respecter. Mais à cause de la corruption et des arrangements, il y a de plus en plus de travailleurs chinois qui arrivent. Et il y a de moins en moins de travailleurs kazakhs dans le secteur du pétrole. En Russie, c'est le même problème. Ils font ces blagues à la télé où on dit que dans l'extrême-orient russe, on croise plus de Chinois que de Russes. C'est ce qui me fait penser que s'ils arrivent ici, ils resteront et s'installeront. Bien sûr, il y a des réactions négatives au Kazakhstan, mais aussi dans d'autres pays d'Asie centrale. D'un côté, ces pays veulent des investisseurs, mais de l'autre, il y a des sentiments nationalistes. Par exemple, sur le fait que les étrangers soient majoritaires dans les sociétés. Face à cela, il faut réussir à développer des rapports gagnants-gagnants, et que le produit des investissements soit redistribué de manière plus équitable à la population. C'est une loi sur l'achat des terres arables qui a déclenché en 2016 des manifestations anti-chinois. Une première dans un pays où tout rassemblement contestataire est interdit. Des manifestations suite auxquelles Marat Teluov a été emprisonné pour les avoir filmées et diffusées. Vous pouvez vendre toutes les ressources. Notre peuple le sait, mais il ferme les yeux. Les Kazakhs... que sont patients. Ils disent, c'est pas grave, on va attendre. Au moins, il n'y a pas la guerre et on a un bout de pain à manger. C'est cette mentalité qui nous perdra. Mais il y a une limite à tout. Nous comprenons que tout se vend. Mais aussi que tout cet argent va bien dans les poches de quelques-uns. Je pense bien sûr aux gens d'en haut. Mais la limite, c'est quand on touche à notre terre. Le peuple kazakh n'autorisera jamais qu'on vende sa terre. L'expansionnisme chinois, basé sur la doctrine du gagnant-gagnant, se heurte à la corruption endémique qui mine un pays comme le Kazakhstan. Et dans les parcs d'Aktobe, seul signe d'investissement public en ville, beaucoup semblent résignés à n'être que des petits pions dans un nouveau grand jeu. On ne peut pas dire que les Chinois soient en conquête puisqu'on est en paix. On leur a donné nous-mêmes le pétrole dès la fin des années 90. Il y a du pétrole ici alors qu'ils se servent. Où est le problème ? De toute façon, De toute façon, il n'y a pas que les Chinois ici. Il y a aussi les Français, les Américains, les Allemands, les Anglais, les Italiens. De toute manière, tout le monde est là. Qu'est-ce qu'on entend par expansion ? Ça dépend du contexte. Avec la globalisation, si on parle des investissements et des échanges économiques, alors oui, on peut aussi parler d'expansion, sans aucun doute. entend par expansion une domination ou une hégémonie, alors là non, parce que ça ne correspond pas à la culture de la Chine. En 2014, le Kazakhstan a adhéré à l'Union économique eurasiatique, la zone de libre-échange voulue par Moscou. D'un autre côté... Depuis cette même date, les Chinois ont investi deux fois plus que les Russes à l'intérieur du Kazakhstan. Et Aktobe est bien un nouveau poste avancé de cette présence chinoise, à tout juste une centaine de kilomètres de la Russie et du poste frontière de Yesan. D'habitude, la Russie est très jalouse quand les anciennes républiques soviétiques regardent ailleurs. On a pu le voir avec d'autres pays où elle est sur ses gardes, quand elle se sent menacée dans sa souveraineté, dans ses intérêts. Mais ça n'a pas été le cas ici. Car la Chine a proposé son projet de nouvelle route de la soie non seulement au Kazakhstan et aux autres pays d'Asie centrale, mais aussi à la Biélorussie et à la Russie. Et la Russie s'est montrée intéressée. Dans un premier temps... La Russie s'emballe pour le projet chinois de la nouvelle route de la soie qui résonne avec ses propres ambitions eurasiennes. Ces clips de promotion promettent eux aussi prospérité et infrastructure ultra-modernes à coup d'images de synthèse. Mais la réalité montre que Moscou est aujourd'hui tout simplement incapable de suivre la cadence. Dès l'entrée en Russie, les poids lourds en provenance de Chine ou d'Asie centrale zigzaguent entre les nids de poules post-soviétiques. Le rythme qu'a pris la Chine avec son avancée en Asie centrale fait qu'elle est désormais en position de force face à la Russie. Et donc l'influence russe diminue en Asie centrale. Les Chinois ont su profiter de la fenêtre capitaliste et de la croissance pour poser des fondations solides avec leurs infrastructures. Et en Russie, il n'y a rien de tout ça. Et ce n'est pas pour demain, parce que maintenant, il n'y a plus d'argent. Et même s'il y en avait, cet argent ne serait pas investi dans les infrastructures. Sur la carte, la nouvelle route de la soie file vers la ville russe de Rheinbourg, l'ancienne porte vers l'Asie du temps de la Russie tsariste. A l'entrée de la ville, les camions et les trains traversent la rivière Ural, qui marque la frontière géographique entre le continent asiatique et l'Europe. Historiquement, l'Ural a toujours été une frontière naturelle. Dans le passé, les caravanes qui arrivaient de l'autre côté, c'est-à-dire de l'Asie, s'arrêtaient toujours à cet endroit. Cette rivière faisait donc office de barrière. Aujourd'hui, l'élan chinois semble s'arrêter de nouveau sur cette frontière symbolique. Et à partir de là, le projet de nouvelle route de la soie dépend du bon vouloir de Moscou. Mais la Russie de Poutine en veut-elle vraiment ? Je ne suis pas optimiste en ce qui concerne les relations entre la Chine et la Russie. Car cette dernière a du mal à changer de mentalité. Avant, la Russie était le grand frère. Mais désormais, il lui est difficile d'accepter que la Chine lui soit supérieure. Bien sûr, Chine et Russie coopèrent d'un point de vue militaire, à cause des facteurs géopolitiques. Mais la Russie se méfie de la nouvelle route de la soie. C'est donc à elle de voir si elle peut trouver son propre intérêt dans cette proposition. Chez Poutine comme chez Staline, la priorité est la puissance militaire. Mais dans le monde actuel, ça ne suffit plus du tout. Il faut une économie efficace, il faut la technologie, il faut la science. Mais il n'y a rien de tout ça dans la Russie de Poutine. Le Kazakhstan et l'Ouzbékistan se tournent déjà vers la Chine, tout en essayant de garder un équilibre. Mais dans la Russie de Poutine, il n'y a que des discours. Aujourd'hui, la Chine offre de l'argent. Et la Russie n'offre que le souvenir d'un passé glorieux. Sur le pont de Rheinbourg, les gens viennent volontiers profiter du coucher de soleil, vers l'ouest, vers l'Europe. Mais beaucoup avouent regarder de plus en plus de l'autre côté. Actuellement, je suis sûre que l'Asie est notre futur, car la Chine et les autres pays d'Asie sont en plein développement. Et cela influence nos vies, notre culture. C'est pour ça que l'Asie est notre futur. Demain, la nouvelle route de la soie franchira peut-être le fleuve oral. Et à terme, une autoroute moderne reliera sans doute la Chine à l'Europe, comme le font déjà les trains. Une Europe qui fait face aujourd'hui à une multitude de crises, et qui ne semble pas prendre la mesure du projet de Xi Jinping. Mais quel sera demain le poids de cette Europe, face au nouvel ensemble que façonne la Chine tout le long de sa nouvelle route de la soie ? Face à ce nouvel impérialisme basé sur l'expansion économique, un impérialisme soft qui redessine la carte entre Europe et Asie.