Transcript for:
Course à l'espace et le programme Artemis

C'est officiel, la course à l'espace est relancée. Les US et la Chine se font concurrence pour savoir lequel des deux sera le premier à remettre un pied sur la Lune pour y établir une base permanente. Mais derrière cet affrontement se cachent des innovations dignes de romans de science-fiction développés en ce moment même. Aujourd'hui, avec Hugo Lisoir, grand passionné d'espace, on va parler de réseaux télécoms extraterrestres, de production de panneaux solaires à partir de poussières lunaires, ou encore de ravitaillement orbital. Et la première chose à comprendre, c'est que cette mission Artemis n'a absolument rien à voir avec les anciennes missions Apollo.

Mais juste avant, j'ai un message de notre sponsor Dyson à tous les designers et ingénieurs qui m'écoutent. Vous pourriez gagner 35 000 euros. Comment ?

En participant au concours James Dyson Awards, qui récompense chaque année les inventions qui résolvent des problèmes de façon innovante. Les années précédentes, il y a eu de sacrées dingueries, comme ce kit qui permet aux femmes de faire un dépistage du cancer du sein depuis chez elles, ou encore ce casque de vélo français entièrement pliable. Mon préféré, c'est ce projet coréen qui est un dispositif de perfusion qui fonctionne sans gravité et tout l'attirail d'une chambre d'hôpital. ça marche grâce à des différences de pressurisation et de force élastique.

Bref, c'est parfait pour des interventions rapides en zone sinistrée. Vous pouvez aller découvrir tout ça et surtout participer au concours en cliquant sur le lien dans la description. Tout ce que vous avez à faire, c'est décrire votre invention et son fonctionnement.

Il y a de beaux cash prizes à la clé pour les lauréats nationaux et internationaux, mais aussi pour les finalistes. Je vous encourage vraiment à tenter votre chance. Les inscriptions se clôturent le 17 juillet.

C'est bientôt, on reprend. Hugo, déjà, est-ce que tu pourrais nous expliquer pourquoi Artemis ? Oui, je peux. est un programme qui est très différent des autres et de ceux qu'on a peut-être déjà entendu dans l'histoire de l'astronomie.

Le programme Artemis, il est véritablement différent des autres programmes qu'on a eu avant, puisque là, le but, comme tu l'as dit, c'est d'avoir une base semi-permanente sur la Lune. Pourquoi semi-permanente ? Parce qu'avoir des gens tout le temps sur la Lune, l'étape encore d'après, c'est assez compliqué.

Là, on veut envoyer des équipages parfois pendant 14 jours, et après, quand la base n'est pas occupée, ce sera des robots en autonomie qui vont gérer la base lunaire. Rien que ça, ça va tout changer. en termes de tech par rapport au programme Apollo. Pour réussir ça, il va falloir déverrouiller pas mal de briques technologiques.

Et bonne nouvelle, on est en train de le faire là-même. Enfin, on est, je ne fais pas partie. Mais les Américains et d'autres nations, on va le voir, sont en train de le faire. Donc ça arrive là.

Et l'objectif, c'est de le faire avant 2030. Donc c'est quand même une deadline assez agressive. Il reste six ans, quoi. Ouais, il reste six ans. Je vais vous expliquer pourquoi un programme spatial, ça prend 20, 25 ans, voire 30 ans.

Ce n'est pas des trucs qu'on fait en cinq ans. Le programme Artemis, c'est Trump qui le lance. en 2017, mais avant ça, George Bush avait lancé en 2003 le programme Constellation. Et le programme Constellation, c'était déjà retourné sur la Lune, plus en mode Apollo, c'est-à-dire moins une base lunaire, etc. Du coup, les ingénieurs de chez la NASA, de chez Boeing, commencent à concevoir une fusée, commencent à concevoir une capsule, et là, il y a Obama qui arrive et qui fait Ah non, on ne fait pas comme les Républicains, on veut faire de la science, etc.

Donc on a lu le programme. Mais du coup, il y a déjà une fusée qui est en cours de construction, il y a déjà une capsule. Il y a des millions, j'imagine. Il y a déjà des milliards qui ont commencé à être investis, parce que les programmes spacieux, c'est sur des milliards.

Du coup, quand Trump arrive, lui, il enlève le programme d'Obama, il fait Non, non, moi, make Américains great again, c'est retourner sur la Lune. Je sais pas, les États-Unis, ils sont connus pour ça. L'hyperpuissance américaine, elle est vue parce qu'ils ont posé des hommes sur la Lune.

Du coup, tous les observateurs, quand Joe Biden est arrivé, on s'est dit Ah, est-ce qu'il va garder le programme américain ? Eh bien oui, c'est la seule chose qu'il a gardée de Donald Trump. C'est le programme Artemis, comme tu l'as dit en introduction, pourquoi ?

Parce que de l'autre côté du monde, en Chine, ça avance extrêmement vite. Mais vraiment, les progrès, ils sont fous. Et à l'heure où on parle là, il y a une mission qui s'appelle Chang'e 6 et qui est actuellement autour de la Lune.

Son objectif, c'est de ramener des échantillons de la face cachée de la Lune et de les ramener sur Terre. Cette mission, les Américains, ils la regardent avec des grands yeux, ils sont absolument effarés par ce que la Chine arrive à faire, parce que qui maîtrise le retour d'échantillons depuis la Lune maîtrise toutes les briques technologiques. pour faire du vol habité. Parce que quand tu vas autour de la Lune, tu décolles depuis la Terre, tu te mets en orbite autour de la Lune, tu lâches un petit atterrisseur pour aller sur la Lune, à un endroit très précis, tu récupères un échantillon, tu remontes en orbite, là tu te docks avec le vaisseau, tu reviens sur Terre et tu survis à la réentrée atmosphérique pour pouvoir analyser l'échantillon.

Et donc t'as toutes les briques technologiques pour faire du voyage habité. J'avoue, naïvement, j'ai l'impression qu'on a déjà fait ça, genre... La première fois qu'on a posé le pied sur la Lune, il y a bien tout ce processus, étape par étape, qui a été fait. Oui.

Qu'est-ce qui est différent là ? Alors là, ce qui est différent, déjà, c'est que la Chine, elle, l'avait pas fait. Donc là, elle montre qu'elle a la capacité de le faire. Effectivement, les Américains l'avaient déjà fait, mais ils l'ont pas fait depuis longtemps. Les Américains, ils se sont atterrissés à Mars, après le programme Apollo.

Quand tu passes 50-60 ans à ne pas faire un programme, par exemple, pour la Lune, tu perds un peu tes compétences d'ingénieur. Les fusées que t'avais à l'époque, elles sont plus du tout aux normes d'aujourd'hui, tu les utilises plus. Donc, il faut tout refaire, il faut refaire tout le programme.

Et surtout, là, il faut le refaire avec en tête... de faire une base semi-permanente sur la Lune. Donc, le tonnage que tu dois amener sur la Lune, il est beaucoup plus important.

Les fusées, elles sont encore plus monstrueuses et le risque, il doit être beaucoup plus considéré. À l'époque d'Apollo, on envoyait des militaires, des têtes brûlées sur place. Là, le but, c'est d'envoyer des scientifiques et il n'y a pas le droit à l'erreur.

Juste, tu as parlé de... La face cachée, en parlant du programme chinois, Apollo c'était sur la face cachée ou non ? C'était sur la face visible.

En gros, sur la mer de la tranquillité, c'est des tâches un peu plus sombres que vous voyez sur la Lune. Les Chinois, s'ils arrivent à récupérer un échantillon de la face cachée de la Lune, ce sera une première mondiale que ni les Américains ni les Soviétiques n'ont fait. Mais est-ce qu'il y a d'autres intérêts à faire ce genre de programme ? Il y a une mission indienne qui a tout changé, qui s'appelle Chandrayaan-2, et qui a découvert...

de l'eau en quantité assez importante sur la Lune, sous forme de glace, qui dit eau. La formule de l'eau, c'est H2O. Donc, on peut en extraire de l'hydrogène et de l'oxygène. Et c'est pile poil le carburant de fusée. Enfin, les ergols qu'utilise une fusée.

Et donc, là, on s'est dit, sur la Lune, il y a la possibilité de faire une base, de répéter ces gammes avant d'aller sur Mars, de faire de la science, etc. Mais il y a aussi la possibilité d'extraire le ressource locale pour recharger les fusées et s'en servir un peu comme une station-service de la Lune. Et d'aller plus loin après dans l'exploration.

Pour aller sur Mars. D'ailleurs, le programme Américains Artemis est inclus dans un programme qui s'appelle Moon to Mars. Donc l'objectif des Américains, c'est vraiment de s'entraîner sur la Lune, d'acquérir toutes les technologies nécessaires, etc., pour après aller sur Mars.

On a de la chance d'avoir une Lune aussi proche, 380 000 kilomètres. On n'aurait pas eu cette Lune, on aurait été une civilisation un peu bloquée, on aurait été obligés de faire le grand saut tout de suite. Et là, on a cette chance de répéter ici.

Et d'ailleurs, même Elon Musk qui rêve de Mars et d'aller s'installer sur Mars. il est bien obligé de faire le pas sur la Lune avant, parce que tous les financements sont d'abord vers la Lune et qu'il ne pourra pas faire son aventure tout seul. C'est quoi les briques techniques qui sont si difficiles pour arriver à faire ce que tu as décrit là ?

Si on prend un peu l'architecture du programme américain, on souhaite établir une station spatiale en orbite autour de la Lune et une station au sol. Le but, c'est d'avoir un peu un sas de secours si jamais quelque chose se passe mal au sol, d'avoir d'autres humains qui sont dans une station spatiale autour de la Lune. Donc il y aura...

L'ISS de la Lune. C'est ça, ça s'appelle la Gateway, c'est une collaboration internationale. Donc les Américains ne font pas cavalier seul d'ailleurs par rapport au programme Apollo. Là, ils ont signé les accords Artemis dont la France est signataire, mais vous avez le Canada, le Japon, enfin tout l'Occident.

Et les Chinois, eux de leur côté, ils font le programme ILRS et ils ont comme signataire la Russie, l'Iran je crois, l'Italien, bref tout l'autre bloc. C'est vraiment les deux blocs qui ont la même ambition, aller au même endroit, donc dans le pôle sud lunaire, là où il y a la glace d'eau, et voire même au même cratère. Mais pourquoi ils veulent le même cratère ? Il y a des cratères très spécifiques où on est sûr qu'à l'ombre, au fond de ces cratères, la glace d'eau n'a pas été touchée depuis des milliards d'années. Et on est presque sûr aussi que dans les crêtes de ces cratères, il y a ce qu'on appelle des pics de lumière éternelle, des endroits où la lumière est là en continu.

Et là, si tu veux installer un panneau solaire pour avoir de l'énergie pour ta base, c'est parfait. Une des peurs des Américains, de se dire que si les Chinois arrivent avant, ils disent Ah non, mais ça c'est notre zone, vous n'avez pas le droit de venir ici, on a planté notre drapeau Et du coup, c'est ce qui motive un peu aussi la course, d'arriver les premiers. Donc là, tu disais, ils visent le même cratère. Oui. Parait-ce que sur les autres problématiques, quels sont les clivages ?

Qu'est-ce qui est dur ? Par rapport au programme Apollo, c'est totalement différent. Apollo, on posait les pieds, on récupérait trois cailloux pour schématiser et on repartait.

Là, on veut rester plusieurs jours et on doit poser des tonnes sur la Lune. Donc, il nous faut des atterrisseurs énormes. La NASA, avant, elle décidait de tout.

Aujourd'hui, elle a des entreprises qui travaillent pour elle. Elle donne des contrats parce qu'elle a beaucoup moins d'argent qu'à l'époque du programme Apollo. Et elle a choisi SpaceX, que vous connaissez certainement bien, et SpaceX a proposé un atterrisseur de 50 mètres de haut, le Starship. Et pour envoyer le Starship sur la Lune, on a besoin d'une fusée énorme qui s'appelle Super Heavy, et l'ensemble fait 120 mètres de haut, pour 9 mètres de diamètre.

Pour les Nantais qui me regardent, c'est l'équivalent de la Tour de Bretagne, c'est un immeuble. Ah non mais pour que ça soit bien clair, les 50 mètres c'est ce qui va se poser sur la Lune ? Oui, c'est pas avant...

C'est pas ce qui... part de... Non, non, c'est 120 mètres de haut ce qui part du sol.

Ce qui va atterrir sur la Lune, ça fait 50 mètres. Et à Apollo, c'était 7-8 mètres de haut. Donc, oui, c'est très costaud.

Et le problème d'arracher un immeuble de 50 mètres de haut du sol, c'est qu'une fois qu'il arrive en orbite, il est à sec. Il n'a plus rien. Et du coup, SpaceX et même Blue Origin qui a à peu près la même technologie, va devoir développer ce qu'on appelle le ravitaillement orbital. Donc le fait, tout simplement, de transférer du carburant en orbite.

vers un vaisseau pour qu'ils puissent aller plus loin. Et cette technologie, qui est très palpituante aujourd'hui, permettra de déverrouiller vraiment énormément de choses dans le système solaire puisque énormément de l'énergie nécessaire pour le voyage spatial, c'est s'arracher de la Terre, s'arracher du puits gravitationnel de la Terre. Une fois qu'on est en orbite, c'est plus simple.

Il y a moins d'énergie à faire pour faire des déplacements. Cette année, il y a eu un tir du Starship, par exemple, je crois, il n'y a même pas un mois. Ils ont fait la démonstration qu'ils étaient capables d'envoyer le carburant Du réservoir de tête vers le réservoir à l'arrière, ils ont envoyé 4-5 tonnes de carburant, je crois.

C'est déjà pas mal, mais là, on parle vraiment de dizaines et de dizaines, voire des centaines de tonnes d'ergols qu'il va falloir transférer entre les deux Starship. Et surtout, en micro-gravité, le comportement des fluides, c'est pas comme sur Terre, où on remplit un verre d'eau et c'est facile à prévoir. Non, là, c'est des petites bulles qui se forment, qui sont pas évidentes à plaquer au fond des réservoirs ou à plaquer près des moteurs pour qu'ils soient mis à feu.

Et donc, il y a... Toute cette recherche, toute cette technologie qui est faite sur le ravitaillement orbital, pour l'instant, qui n'est pas développée, on espère que l'année prochaine, enfin c'est les voeux de SpaceX, qu'on ait une première démonstration de deux starships qui se rencontrent en orbite autour de la Terre, donc à 28 000 km heure, qui se rejoignent et qui transfèrent les ergols. Sachant que pour aller sur la Lune, il ne faudra pas juste un ravitaillement, il en faudra 8 à 10. Juste pour le trajet Terre-Lune ?

Pour Terre-Lune, et après on veut qu'une fois qu'il soit sur place, qu'il puisse redécoller, aller à la station en orbite autour et faire plusieurs allers-retours. Mais oui, ça va demander énormément de lancements. En gros, le scénario, ce serait, t'as un Starship qui part, qui reste en orbite.

Ouais. Qui est celui, l'élu qui va être envoyé. C'est ça. On le recharge en plusieurs coups. Avec une version qu'on appelle Tanker.

Donc c'est une version du Starship qui n'est pensée que pour le réservoir. L'élu est envoyé sur le... En orbite autour de la Lune.

En orbite autour de la Lune. En fait, voilà, il va se doquer à la station spatiale autour de la Lune. La NASA a interdiction, ils ne veulent pas monter dans le vaisseau de SpaceX, puisque le vaisseau de SpaceX n'a pas de système de secours. Parce que Elon Musk est tellement confiant, il se dit que moi c'est comme l'avion, j'ai pas besoin de système de secours, ça marchera. Sauf que la NASA, elle a dit non, non, non.

Vous partirez sur une autre fusée qu'à elle, un système de secours, ce qui s'appelle le SLS, qui est une énorme fusée aussi. Et du coup, la capsule... et le Starship vont se donner rendez-vous à la station et après, l'équipage va faire le transfert dans le Starship pour atterrir sur la Lune.

Mais l'architecture est très complexe. D'accord. La seule raison, c'est des histoires de normes de sécurité.

Pour la NASA, oui. Il est hors de question de mettre la vie humaine dans un système qui n'a pas un système de secours. J'ai juste une question sur le tanker qui est en orbite autour de la Terre et qui ravitaille le SLS ? Non, il ravitaille le Starship HLS pour Human Landing System.

En tout cas, celui qui est un peu le réservoir. Une fois qu'il a donné tous ses ergols et tout son carburant, qu'est-ce qu'il fait ? Le Starship est un vaisseau entièrement réutilisable. C'est-à-dire qu'il est capable de revenir sur Terre, de se poser, de se recharger et de redécoller. C'est ça qui change tout.

C'est ça qui change tout. Ce qui va baisser drastiquement les coûts de l'accès à l'espace puisqu'actuellement, quand on lance une fusée, on en jette une grosse partie. La NASA se sécurise toujours.

Donc, ils ont pris deux entreprises pour faire des atterrisseurs. Il y a le SpaceX qui a son Starship. Il y a aussi Blue Origin.

l'entreprise de Jeff Bezos. Eux, ils ont proposé un atterrisseur qui s'appelle Blue Moon, qui est aussi assez costaud. On parle, je crois, de 15 à 20 mètres de haut. Donc, c'est le double d'Apollo. Et là aussi, il y aura besoin de ravitaillement orbital.

Donc, cette brique technologique va forcément devoir être développée avant 2030. Et eux, ils savent faire comme SpaceX des... Ils ont un booster qui réatterrit, mais la particularité de cette fusée, c'est qu'elle ne va pas vraiment en orbite. C'est un booster qui fait du suborbital. Vous avez peut-être déjà vu les touristes qui montent 5 minutes au-dessus de la ligne de Kerman, donc au-dessus des 100 km, qui peuvent regarder la courbure de la Terre, et après ça redescend sous une trajectoire balistique. Donc ils ont cette technologie, ils maîtrisent l'atterrissage de précision, mais pas sur des boosters qui vont faire de l'orbital.

Ça veut dire que là, on ne peut pas envoyer d'humains sur la Lune ? tant qu'on n'a pas cette brique de pouvoir se recharger en carburant entre la Terre et la Lune. Oui, parce qu'on ne fait pas un programme Apollo, on fait un truc beaucoup plus gros. Si on avait fait un programme Apollo, effectivement, on n'aurait pas besoin de ravitaillement orbital.

Là, on a besoin de ravitaillement orbital. Quels sont les autres défis ? Une des autres briques technologiques à penser, ça va être l'installation de la base au sol.

Comment faire une installation, comment faire une capsule qui va résister aux radiations ? au changement de température extrême, etc. Plusieurs solutions s'offrent à nous.

Il y en a certains qui proposent d'utiliser ce qu'on appelle les tubes de lave. Donc c'est les tubes de lave naturels qu'il y a sur la Lune. Et dedans, on mettrait des habitats gonflables. Pourquoi gonflables ?

Parce qu'il faut encore une fois penser place. Quand on met quelque chose de gonflable sous la coiffe d'une fusée, ça ne prend pas de place. C'est tout petit. Et une fois arrivé sur place, on peut énormément gonfler.

Et en plus, c'est résistant, le gonflable, c'est résistant aux micro-météorites. au microchoc. C'est plus résistant d'ailleurs que la structure solide qui malgré le blindage parfois peut casser. Et sur la Lune il n'y a pas d'atmosphère pour nous protéger. Sur la Lune elle est bombardée en continu par des micro-météorites et si pas de chance ça tombe sur l'habitation et là c'est fin de chantier, il faut évacuer.

Et du coup quand tu parles de structure gonflable, c'est quoi très concrètement ? C'est un énorme... immeubles compris ou c'est plein de petites c'est plutôt plein de petites bulles qui sont faites dans des matériaux je crois qu'il y a des matières souples très résistantes, il doit y avoir du Kevlar etc qui se gonflent et dedans on peut après mettre des lits etc la base est vraiment gonflable et il y a un module de la Station Spatiale Internationale aujourd'hui qui s'appelle BIM qui teste déjà ça et du coup les astronautes dans l'ISS ils ont un module gonflable déjà Alors là, on voit un module de Thales Alenia Space qui est différent, mais comme en Europe, on sait extrêmement bien faire les modules de stations spatiales, en Italie, c'est les meilleurs, ils ont proposé au programme Artemis, ça, ça pourrait être un petit module, par exemple, qu'on poserait sur la Lune. En termes d'habitation aussi, ce qu'on a pensé, c'est de renverser un Starship, parce que le Starship, il fait 50 mètres de haut.

Il y a une équipe qui a travaillé là-dessus sur le fait, si on ne peut pas renverser un Starship... Le recouvrir de régolithes lunaires, donc le régolithe, c'est la poussière lunaire, et ça permettrait de protéger le starship un peu des radiations. Le problème du régolithe lunaire, il faut s'imaginer, c'est comme de la farine. En fait, quand on atterrit sur la Lune, on atterrit sur un astre qui est rempli de farine.

Et le régolithe, ça se met partout, ça se met dans le moindre interstice, comme de la farine au final. Et du coup, on est obligé de penser à des combinaisons où on va se doquer, en fait. Ce ne sont pas des combinaisons qu'on va enfiler à l'intérieur et on va sortir avec, mais pour éviter de ramener de la poussière, c'est des combinaisons où on va se doquer au module. Il y a une espèce d'anneau derrière nous et on va sortir par l'arrière dans la capsule. Et la combinaison reste à l'extérieur en fait.

Est-ce qu'il y a des trucs qui ont été imaginés en utilisant les matières premières directement dispos sur la Lune ? Oui. Je ne sais pas moi, genre de l'impression 3D ou des trucs comme ça ? Effectivement, il y a Blue Origin, on en parlait tout à l'heure. Alors sur Terre, ils l'ont démontré mais avec un simili du régolithe lunaire qu'ils étaient capables de produire.

des cellules photovoltaïques. Via la poussière sur la Lune. Oui, c'est ça, via la poussière sur la Lune. Donc ils ont extrait du fer, du silicium et de l'aluminium depuis un simili du régolithe lunaire. Et Blue Origin avait montré ça et dit que grâce à ça, on pourrait produire des panneaux solaires directement via les ressources lunaires.

Et là, on s'imagine qu'effectivement, l'énergie est décuplée. On n'a plus besoin de l'amener depuis la Terre. Ça fait des économies énormes. Le problème du solaire sur la Lune, c'est que la Lune, elle tourne extrêmement lentement sur elle-même. C'est des journées de 14 jours.

Et des nuits de 14 jours. Quand on est dans la nuit pendant 14 jours, les panneaux solaires, il ne faut pas rien. Et c'est pour ça que la NASA est en train de mettre au point un projet qui s'appelle Kilopower, qui est un mini réacteur nucléaire qui permettrait d'alimenter une petite base. Aujourd'hui, on avance très bien dans ce petit réacteur nucléaire.

Tout le défi c'est de miniaturiser tout ça quoi, et de le sécuriser pour pouvoir l'envoyer dans l'espace, parce qu'on met quand même ça sur une fusée, il peut péter. Potentiellement on va lancer un réacteur nucléaire dans une fusée. Alors on va être obligé, le nucléaire ça va être l'énergie qui va permettre d'explorer vraiment l'espace, d'aller beaucoup plus loin. Quand tu penses, si c'est utilisé dans des sous-marins, pour mener des missions, des mois en autonomie... ça a du sens quoi ce projet là qui s'appelle Kilopower et vous voyez le grand radiateur en titanium qui donne cette forme d'ombrelle qui serait capable je crois c'est que ça doit marcher pendant 10 ans sans entretien c'est le cahier des charges de la NASA et ça doit fournir 40 kilowatts si je dis pas de bêtises et donc là sur la lune on a parlé potentiellement de l'énergie nucléaire est-ce que ça a un lien ce que tu as expliqué sur le côté lumière éternelle en gros trouver des endroits qui sont propices pour émettre Là, on vise le pôle sud lunaire pour cette base, d'ailleurs le bassin Heidken précisément.

Comme on est au pôle sud, il y a des possibilités qu'il y ait effectivement, comme sur Terre d'ailleurs, des zones qui soient éclairées vraiment en permanence. Et du coup, c'est sur ces zones-là qu'on mettrait des panneaux solaires. On n'en est pas sûr à 100% et si on doit affronter une nuit de 14 jours, il faut qu'on ait une autre source d'énergie. De toute façon, je pense en termes de sécurité, et les ingénieurs de la NASA, à mon avis, c'est le premier truc auquel ils ont pensé, il faut deux sources d'énergie.

voire 3, et donc il va falloir développer les mini-réacteurs nucléaires pour ces missions-là. C'est dur de savoir parfois si c'est une théorie que peut-être ça pourrait marcher. Il y a déjà un prototype fonctionnel qui s'appelle Crusty, qui a déjà fonctionné.

Maintenant, tout ce qui manque, c'est de la mise à l'échelle, parce que Crusty est un petit peu plus petit que Kilopower, qui sera le vrai prototype sur la Lune. Donc la mise à l'échelle, ce n'est pas si loin. Ce ne sera pas dans le tout début du programme Artemis, parce que l'installation de la base, ce sera après le retour d'hommes et de femmes sur la Lune. Je me lance dans une date, mais je dirais 2035, ça me paraît cohérent.

Avant même 2035, je pense. Donc ça veut dire que là, on a de l'énergie, on a peut-être une maison gonflable. Ouais.

On sait y aller. Il y a de la glace d'eau, donc potentiellement, via électrolyse, on peut séparer l'oxygène et l'hydrogène, donc on peut avoir de l'oxygène. La glace d'eau, on ne sait pas vraiment sous quelle forme elle est. Ça va être la petite surprise quand elle est sur place, parce que soit elle est sous forme de glace au fin fond des cratères, et bon, c'est assez facile de l'extraire, mais ça se trouve, elle est mélangée au régolithe, à la poussière, sous forme de grains, et là, ça va être...

un peu plus coton pour l'exploiter. Ça, on n'a pas encore réussi à le caractériser. Normalement, on va le caractériser avant que les humains arrivent sur place.

On a, je dis on, je fais partie de l'équipe. Ah mais tu pars, Hugo, tu pars. Nous, l'espèce humaine.

La NASA a un petit rover qui s'appelle Viper qui, normalement, va être posé sur la Lune et va essayer de caractériser, de forer un petit peu et de caractériser un peu cette glace d'eau. Ça va être une des surprises du programme. Je me suis demandé s'ils allaient devoir improviser sur place. Bon bah dommage On a l'impression que les missions sont toutes prêtes Mais la réalité du terrain A chaque fois sur place il faut toujours s'adapter Je pense que ça fait partie de l'entretien De tous ces astronautes L'adaptation doit être incroyable Pour faire une base sur la lune Il faut atterrir avec une précision extrême Parce que si on reprend le programme Apollo Eux les capsules, elles atterrissaient avec une ellipse de 5 km. Là, si on atterrit avec une ellipse de 5 km, pour décharger les 20 tonnes de cargo que va ramener le Starship, ce n'est pas possible.

Il faut qu'on arrive à faire un atterrissage qui soit à la précision de la centaine de mètres, et encore voire moins. Il y a des missions actuellement qui ont déjà démontré cette capacité d'atterrir avec une précision de 100 mètres. Ça a été le cas d'une mission qui s'appelait SLIM, de l'agence spatiale japonaise. Et elle a utilisé pour ça des cartes de reconnaissance du terrain et un lidar, donc de la cartographie par laser. Et l'avantage de la Lune, c'est qu'elle est faite de plein de cratères différents.

Et chaque cratère a son diamètre, sa forme, etc. Et grâce à ça, on peut maintenant, via des algorithmes, j'imagine que vous savez beaucoup mieux que moi comment marchent les algorithmes de reconnaissance de cartes, etc. Eh bien, on peut maintenant avoir des atterrissages d'extrême précision.

Ok, maintenant qu'on a le starter pack, entre guillemets, si on va un peu plus loin, typiquement, la télécommunication, tu vois. Genre... Ouais. je veux accélérer Internet, je suis sur le sud de la Lune, ça se passe comment ?

Internet, c'est une bonne question. Je n'ai pas vraiment la réponse, mais imagine que tu es sur la Lune, tu es à 380 000 km de la Terre. Déjà, si tu as Internet qui est relié aux serveurs qui sont, eux, sur Terre, tu as un ping de 3 secondes, le temps que ça fasse taille et retour, parce que la vitesse de la lumière, c'est 300 000 km heure. Donc, tu aurais un ping affreux. La seule solution pour avoir un Internet utilisable, ce serait d'avoir un Internet, limite, local, sur place, mais qui ne serait pas relié, forcément, ou alors avec des délais très longs, à Internet de la Terre.

Franchement j'ai cru que tu allais me dire deux minutes parce que parfois on a l'habitude d'intersteller où en fait il faut attendre six mois avant d'avoir une réponse Non non De fait deux trois secondes tu peux traiter des mails sans problème En vrai le direct avec la terre d'émission Apollo il y avait une seconde de délai c'est comme un mauvais direct entre Paris et Et Tokyo quoi, c'est juste qu'entre Paris et Tokyo, ça passe par un satellite qui est en géostationnaire, donc à 36 000 km de la Terre. Et du coup, forcément, ça donne ce gros délai qu'on voit sur les directs. Mais bon, sur la Lune, à la vitesse de la lumière, c'est pas si loin que ça au final. Les Chinois font tout cet effort aussi au même moment.

Et les Chinois ont déjà envoyé des satellites de télécommunication autour de la Lune pour améliorer leur communication avec les robots qu'ils ont sur place. surtout qu'eux, ils envoient des robots sur la face cachée. Donc les communications, là, elles sont impossibles sans un satellite qui va tourner autour de la Lune et qui va permettre cette télécommunication.

Et eux, ils en ont déjà deux sur place, qui s'appellent Kiekao 1 et Kiekao 2. J'espère que je prononce bien mon chinois. Il y a un projet que je trouve très cool, par exemple, donc dans le cadre de la collaboration pour Artemis, l'AJAXA, l'agence spatiale japonaise, a proposé un rover pressurisé, en collaboration avec Toyota. Donc c'est une vraie voiture dans laquelle, dedans, on pourrait enlever sa combinaison, vu que c'est pressurisé. Le but, c'est de partir pendant de longues missions avec cette voiture. Allez, expliquez-moi.

explorer la lune, avoir de la mobilité. Cette voiture, elle est trop stylée. On la voit ici. Là, c'est le futur.

C'est un rover si roux et on peut y vivre dedans. On voit les sas d'ailleurs. Je crois qu'on voit peut-être même les sas sur le côté parce que ce serait la même chose.

Les combinaisons, on les laisse à l'extérieur pour ne pas faire rentrer la poussière à l'intérieur, etc. Parce que le programme Opolo, il y avait un rover, mais c'était un rover non pressurisé. Donc, les personnes qui le conduisaient étaient un peu exposées quand même aux radiations, même à la poussière lunaire, etc.

Le but, c'est vraiment de faire un rover totalement pressurisé. Et d'ailleurs, les Japonais, en proposant ça, ont gagné une place pour atterrir sur la Lune, puisque c'est quand même les Américains qui chapotent un peu qui aura le droit d'atterrir sur la Lune ou pas. Et en fonction des contributions des pays, les pays espèrent avoir quelqu'un qui va être sur la Lune. Ah, c'est si tu taffes bien ?

Si tu les aides, tu peux aller sur la Lune. Tu débloques un ticket. L'Europe fait une énorme contribution. Nous, on contribue, on fait le module de service, par exemple, du vaisseau Orion. C'est la petite capsule qui va amener les astronautes vers la station.

Et le module de service, c'est tout ce qui permet d'avoir de l'électricité, de l'oxygène, de l'eau, des moteurs pour faire les corrections de trajectoire. Et on fait également des modules d'habitation de la station spatiale autour de la Lune. On voit le module d'habitation, c'est un peu spacieux.

Il y a de la place quand même pour... Faire du sport, là on voit un humain justement dans... Un camping-car. Un camping-car, oui.

C'est un module qui s'appelle iHab. Et on espère que grâce à ça, des astronautes européens pourront fouler le sol de la Lune pour la première fois. Et je pense que Thomas Pesquet et Sophie Adnault, là, ça doit leur trotter dans leur tête.

Je pense que niveau entraînement, ils ne pensent qu'à ça. Sofiano, c'est... Elle vient de terminer sa formation là, et du coup, c'est officiellement notre deuxième astronaute en service.

Il y aura un début de station autour de la Lune, avant même que des humains soient retournés sur la Lune ? En fait, il est possible que la première mission... sur la Lune se fasse sans la Gateway parce que... En mode Apollo.

En mode Apollo parce que la Gateway, elle va mettre du temps à être assemblée aussi. C'est vrai que là-dessus, les calendriers vont un peu se télescoper. En fait, il y a cette course avec la Chine qui, elle, ne s'embête pas avec une architecture aussi complexe qui, dans un premier temps, la Chine, elle veut reproduire un peu Apollo. Elle veut poser deux taïkonautes, donc c'est les astronautes chinois, sur la Lune et elle va faire avec une mission une architecture beaucoup plus simple.

Et donc, je pense que les Américains... qui ne veulent pas se faire battre vont essayer d'y aller avant, sans l'architecture de la gateway, sans l'architecture tout ça. Si vous n'avez pas suivi l'histoire du Vesuvius Challenge, comment un papyrus a été décrypté par un étudiant en IA, allez voir cette vidéo, c'était vraiment passionnant.