Musique Salut, aujourd'hui notre épisode est consacré à la pièce de théâtre On ne badine pas avec l'amour d'Alfred Demusset. Comme d'habitude, nous allons vous présenter le résumé de la pièce, mais pour la partie analyse, petite surprise, nous avons eu la joie d'interviewer Salomé Villiers, comédienne de talent, qui a mis en scène la pièce sous le nom de Badine, et elle nous donnera son point de vue dessus. Pour plus d'infos sur la pièce et sa programmation, tout est dans la section commentaires. Le jeune père Dican, qui vient tout juste de devenir docteur, revient dans le château de son enfance. Accompagné de son gouverneur maître Blasius, un monsieur un peu porté sur la bouteille.
Son père, le baron, accueille avec grande joie cette nouvelle. Il en profite pour faire rev... du couvent sa nièce Camille, son plan, les marier, sous la bénédiction de son ami curé, Maître Briden. Sauf que les retrouvailles entre Camille et Perdicand ne se déroulent pas exactement comme il avait espéré, elles sont plutôt glaciales.
Perdicand lui dit lui propose une balade, elle refuse. Du coup, Perdicant se balade tout seul. Alors qu'il redécouvre avec émotion les lieux de son enfance, il rencontre Rosette, la sœur de lait de Camille. Et il va commencer à passer un peu de temps avec elle. Parce qu'elle n'est pas désagréable, la Rosette.
Camille et Perdicant se croisent à nouveau et redouchent froide. A force de fréquenter des sœurs qui, pour la plupart, ont vécu de grosses déceptions amoureuses, Camille se méfie des hommes. A tel point qu'elle préfère rentrer au couvent et vouer sa vie à Dieu.
Et à la suite de cette échange, En échange, Camille confie à sa gouvernante, la très austère dame Pluche, un billet dont on ne connaît pas encore le contenu. Père Dican retourne compter Fleurette à Rosette. Elle doute un peu de sa sincérité, mais il a tôt fait de lui retourner l'esprit à cette pauvre innocente.
Nouvelle rencontre entre Camille et Père Dican, et là, surprise. Camille est beaucoup plus clémente et agréable, mais elle n'arrête pas de lui poser des tas de questions sur sa probité et ses anciennes maîtresses. Un vrai interrogatoire. S'ensuit une confrontation sur la conception de l'amour et leur vision de l'amour. respectives sont plutôt opposées.
Cela se termine par un magnifique monologue de Bertie Kant dont voici un mini extrait. On est souvent trompé en amour, souvent blessé et souvent malheureux, mais on aime. Et quand on est sur le bord de sa tombe, on se retourne pour regarder en arrière et on se dit j'ai souffert souvent, je me suis trompé quelques fois, mais j'ai aimé. C'est moi qui ai vécu et non pas un être factice créé par mon orgueil et mon ennui. Blasius qui s'est fait chasser par le baron veut se racheter et intercepte le billet que Camille avait confié à Dame Pluche.
Billet intercepté lui-même par Perdicant qui va le lire et découvrir que Camille écrivait à une soeur du couvent en précisant qu'elle a tout fait pour dégoûter Perdicant et qu'il serait... désespoir suite à son refus. Perdicand est vexé, il n'a pas vraiment le sentiment d'être au désespoir et il va lui montrer Fissa. Il invite Rosette à un rendez-vous et il l'invite par la même occasion, Camille, par un billet. Perdicand va proposer Rosette en mariage devant Camille.
qui voit la scène au loin. Elle est complètement dépoussolée et surtout affreusement vexée que Perdicant ne s'intéresse qu'à elle. Dame Pluche explique à Camille que Perdicant a lu la lettre et elle comprend que tout cela était une mascarade. Alors, pour se venger, elle donne rendez-vous à Perdicant mais aussi à Rosette qu'elle somme de se cacher pour qu'elle puisse voir la scène.
Camille met une très jolie robe et joue la comédie à Perdicant pour lui faire comprendre son amour pour lui. Ça fonctionne très bien. Il lui avoue son amour pour elle.
Camille, réconfortée par son égo, est bien décidée à se venger lui montre Rosette, qui s'est évanouie. Perdicant, vexé d'avoir été joué, signe et persiste, il va se marier avec Rosette. Rosette, qui subit des moqueries au village, car tout le monde comprend qu'elle est le jouet de leur chamarerie amoureuse, et elle va tenter vainement de refuser la proposition. Perdicant s'obstine, et pour tromper les candidatons, il confirme qu'il va se marier avec Rosette, et ce malgré la désapprobation de son père le baron.
Camille est seule devant l'hôtel d'une église et regrette amèrement la tournure des événements. Perdicant la retrouve. Et ensemble, ils admettent que leur orgueil les a incités à agir de la sorte.
Pour la première fois, et de manière sincère, ils s'avouent leur amour et s'embrassent. Un cri de douleur derrière l'autel. C'est Rosette.
Elle est morte. De douleur. Vous l'aurez bien compris, c'est une pièce sur l'amour. L'amour propre et surtout, l'orgueil. Mais pour la suite, je vous laisse écouter Salomé Villiers, qui va nous partager ses convictions et ses parties prises en termes de mise en scène, en répondant à quelques questions.
Bonjour, je m'appelle Salomé Villiers, je suis metteuse en scène et je suis actuellement au Festival d'Avignon au Théâtre des Gémeaux où j'ai eu le plaisir de mettre en scène et d'adapter On ne badine pas avec l'amour d'Alfred de Musset. Quels sont les thèmes de la pièce ? alors pour moi cette pièce ça parle d'amour évidemment puisque c'est écrit dans le titre mais ça parle surtout de l'orgueil en fait moi cette pièce ça faisait 15 ans que je voulais la mettre en scène moi j'ai grandi vraiment avec cette pièce je me suis construite avec cette pièce je trouve qu'elle a une portée philosophique sur la vie sur ce qu'on est sur sur les attentes qu'on a aussi dans la vie et je trouve qu'elle qu'elle ressemble à beaucoup de gens. Je trouve que c'est assez universel, les thèmes qui sont abordés dans Vanille pas avec l'amour les thèmes de l'orgueil, de l'amour, de la déception, de la cruauté. Ça va très très loin, en fait.
Quel est le genre de la pièce ? C'est ça qui est brillant dans l'écriture de Musset, c'est que ça démarre comme une comédie et ça finit en drame. C'est-à-dire qu'on ne s'attend pas du tout à tous les...
A tout ce que vont faire Camille et Pardican, ils vont aller vraiment très très très très loin pour se trouver. Et du coup, moi ça me fait penser vraiment aux liaisons dangereuses de Laclos. Il y a vraiment une correspondance, pour moi, cousine, entre On ne badine pas avec l'amour et les liaisons dangereuses.
Dans la pièce et ta mise en scène, qu'est-ce qui relève de la comédie et du drame ? Alors, la comédie, je pense qu'elle se joue déjà sur le texte, parce qu'effectivement, on a des phrases absolument drôlissimes. Et puis aussi, en parallèle, avec les personnages qui sont extérieurs à Camille et Verdicand, qui ont des personnalités beaucoup plus flamboyantes et éclatantes, dans des situations presque...
qui m'ont fait penser à du Harold Pinter ou du théâtre anglais concernant le baron et Blasius, c'est des clowns. On a effectivement le clown blanc et l'auguste, c'est presque du théâtre de l'absurde. La scène du vin par exemple dans Badin, c'est presque du théâtre de l'absurde, c'est du dialogue de sourds.
Donc à partir du moment où la scène est construite comme ça, c'est une scène qui se veut comique. Voilà, après... chacun l'interprète à sa manière. Moi j'ai vraiment voulu plus m'axer au niveau comédie de Musée, j'ai voulu m'axer plutôt sur sur le théâtre anglais, sur les références à l'humour anglais ou américain de comédies américaines des années 50 comme effectivement certains lame-chauds.
Tout le monde se souvient de cette fameuse phrase de fin de Mais je suis une femme ! Nobody's perfect ! Non, c'est pas ça ! En plus je me trompe, mais je suis un homme !
No bodies perfect ! Voilà, en plus le lapsus c'est intéressant, en plus dans les deux sens. Ça va avec Badin, no bodies perfect, les femmes, les hommes, no bodies perfect. Voilà.
Et le drame, pardon j'ai pas fini avec... c'est moi, pardon, je suis désolée. Et le drame, ce qui qualifie le drame, c'est effectivement cette cruauté vers laquelle on bascule à cause de l'orgueil de Camille et Père Ducamp qui vont...
effectivement utilisé Rosette comme un appât, un jouet comme le dit Camille et là on est vraiment dans quelque chose d'extrêmement cruel qui moi me fait penser aux liaisons dangereuses sur cette deuxième partie et du coup on est clairement dans le drame c'est ça qui est intéressant c'est que on a même au niveau des lumières, moi j'ai vraiment essayé de travailler là dessus, c'est qu'on a vraiment une ambiance pendant toute une première partie de la pièce qui est très très lumineuse lumineuse, joyeuse, enlevée, fraîche. Et puis après, on bascule vers la nuit, où on est sur quelque chose de beaucoup plus noir, sombre, cruel, et où même les personnages lumineux, comiques qu'on avait avant, basculent vers quelque chose d'un peu fou, où en fait, ils sont tous, chacun dans leur solitude, parce que l'orgueil les bouffe tous, en fait. Et c'est une maladie, c'est ce qu'il dit, orgueil le plus fatal des conseillers humains, c'est que...
Voilà. Ça veut bien dire ce que ça veut dire. Pourquoi cette pièce est un classique et demeure intemporelle ?
Pour moi, j'espère, j'ose espérer que les grands textes classiques, de toute façon, ils n'ont besoin de personne pour être entendus. C'est ça qui fait la force de ces auteurs. C'est qu'ils ont trouvé le secret de l'immortalité, en fait. C'est-à-dire que, mais vraiment, pour moi, Musset, ce qu'il dit, j'étais bouleversée quand j'avais 15-16 ans, et je le suis encore, parce que je trouve que c'est tellement vrai. ce qu'il dit, c'est tellement vrai, et que ce soit à 40, à 60, à 12 ans, c'est vrai, on peut être lâche à 12 ans, on peut être lâche à 60 ans, on peut être lâche à 40 ans, on peut être cruelle à n'importe quel âge, on peut être amoureux à n'importe quel âge, donc effectivement pour moi cette pièce, elle n'a pas d'âge, elle n'a pas d'âge que ce soit au niveau de l'âge des personnages des comédiens ou au niveau de ce qu'elle raconte.
compte de ce qu'elle renvoie comme message, moi je pense que vraiment cette pièce continuera à se jouer jusqu'à ce que le monde disparaisse et c'est pareil pour Molière, c'est pareil pour Shakespeare, c'est pareil pour Corneille Marivaux, enfin voilà tous ces auteurs, même je vais carrément remonter jusqu'au grec c'est Antigone, pourquoi on parle toujours d'Antigone, pourquoi on parle toujours d'Electre des Atrides parce que c'est le berceau de l'humanité et Et toutes ces histoires-là, même Musée, c'est plus proche de nous, c'est des gens qui ont su être visionnaires sur leur temps, en fait. C'est-à-dire qu'ils parlent de quelque chose qui est universel, donc qui ne changera jamais. Et donc ça se jouera encore et encore et encore, et pour notre plus grand bonheur, parce que c'est ça qui nous guide. Enfin moi, en tout cas, ces textes-là m'ont guidée dans ma vie, et voilà. Ta réplique préférée ?
J'ai ma vie entière sur les lèvres. Voilà, je la trouve magnifique cette phrase. Très bien. Merci beaucoup Salomé. Merci à toi.
On termine sur cette magnifique réplique. Un immense merci à Salomé d'avoir pris un peu de temps pour répondre à nos questions. Plus d'infos sur la pièce badine, c'est là, dans les commentaires. Et je vous invite à aller la voir parce que c'est vraiment canon.
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