Générique Madame, Monsieur, bonsoir. Conseil des ministres exceptionnel aujourd'hui à l'Elysée. Le porte-parole du gouvernement vient à l'instant d'en révéler la teneur. Le gouvernement a arrêté une série de mesures d'urgence destinées à enrayer l'aggravation des déficits des dépenses publiques. A commencer par la sécurité sociale.
Voici une première liste de ces mesures dont Max Gallo vient donc d'annoncer la nature. Le nombre des médicaments remboursés sera considérablement réduit. La liste en sera publiée dans les jours qui viennent. Le montant du forfait hospitalier à la charge des malades est augmenté de 300%.
Les allocations familiales seront supprimées pour tous les foyers dont les ressources dépassent 8000 francs par mois. Les retraites seront versées par la sécurité. sociale, leur montant sera réduit de 20 à 70% selon les catégories. L'indemnisation des chômeurs sera diminuée de 20%.
D'autres mesures seront annoncées demain, on n'en sait pas plus pour l'instant, mais déjà ces décisions du gouvernement apparaissent évidemment comme un événement politique et économique majeur. Rien n'avait filtré de leur préparation, même si l'aggravation de la conjoncture en explique l'urgence. Les réactions syndicales et politiques promettent d'être virulentes.
Le point complet sur ces réactions et sur les mesures elles-mêmes, dans notre dernier journal à 23h15. Rassurez-vous, rassurez-vous, cela n'est pas vrai. Ce flash est un faux et ces nouvelles sont imaginaires.
Mais avouez que vous avez eu peur. Parce que dans le fond, ces mesures, elles sont vraies. Elles donnent une idée de ce qui nous attend si la crise s'aggrave. Tous les jours, comme moi, vous entendez parler de catastrophes économiques, d'inflation, de chômage, etc. Alors qu'est-ce qui se passe ?
Qu'est-ce qui s'est déréglé dans le monde ? Certains disent que c'est un cafouillage passager de l'économie. D'autres qu'il s'agit d'une catastrophe durable. D'autres enfin que c'est le début d'une véritable mutation, qu'un monde nouveau commence. Mais tout ça c'est abstrait.
Puis moi, je suis comme vous, j'aimerais bien y voir clair. Comme vous, je me sens embarqué malgré moi dans une énorme affaire qui m'échappe. Alors que vous l'avez sans doute fait, j'essaie de comprendre et de me faire expliquer tout ça clairement.
En fin de compte, je me suis aperçu que leur fameuse crise, quand on en raconte l'histoire, toute l'histoire, cela peut devenir aussi passionnant qu'un film. Vous allez voir. Tout le monde en parle autour de nous comme d'un désastre. Bah avouez pourtant que ce désastre-là n'est pas spectaculaire.
Enfin, je veux dire, comparé avec ce qui se passe ailleurs dans le monde. Chez nous, les choses n'ont pas l'air catastrophiques. Pour la plupart des gens, La crise, ce n'est encore qu'un mot. Mais oui, parce que nous mangeons notre faim, nous sommes en paix. Le pays profite, malgré certaines inégalités, de privilèges incroyables.
Le problème, c'est que ces privilèges, nous y sommes tellement habitués que nous ne les remarquons pas. ne remarquons plus. Et pourtant, ces privilèges, il suffirait de les redécouvrir avec un regard extérieur. Ma chère Tania, cinq jours déjà que nous sommes à Paris.
Dès que nous sommes arrivés, Nicolas s'est mis au travail avec sa délégation pour persuader les Français d'acheter les produits de nos industries. Moi, je trouve que c'est une idée bizarre de vouloir leur vendre. quelque chose parce qu'ici on dirait qu'ils ont tout. Pourtant, dans le journaux, tous les jours, ils parlent de la crise. Ça doit exister puisqu'ils le disent.
N'empêche, des crises comme ça, on en voudrait bien chez nous. L'autre soir, on a dîné chez des amis français. Lui, il est ingénieur dans une entreprise et elle, institutrice.
Avec deux enfants, il vit à quatre dans une appartement. Un appartement de 120 mètres carrés. Je ne te raconterai pas notre repas, mais Tania, j'en suis sûre maintenant.
Les vraies crises qui les menacent, c'est français, c'est les crises de foi. Tous les jours, je fais les vitrines. Bien sûr, la première chose qui surprend ici, c'est qu'il n'y a pas de queue devant le magasin.
D'ailleurs, ici, ce ne sont pas les clients qui se disputent les marchandises, ce sont plutôt les marchandises. qui dépensent plein d'argent avec leur publicité pour que tu te décides entre des douzaines de modèles de voitures ou d'appareils ménagers. J'ai vu des choses étonnantes dans ces boutiques de brosses à à dents avec un petit moteur dedans, de l'aspirine, qui fait des bulles, et même des machines électroniques pour prévoir l'avenir.
Tu me diras, toutes ces choses ne servent à rien. Eh bien, Tanyushka, ici, c'est comme si elles étaient indispensables. Et peut-être bien après tout, qu'ils ont raison.
Finalement, c'est vrai l'histoire qu'on raconte chez nous. L'Occident est pourri, d'accord, mais qu'est-ce qu'il s'en bonne ? En effet, pour quelqu'un qui vient d'ailleurs de Sibérie ou du Tiers-Monde par exemple, notre crise ne se voit pas.
Et pourtant... 10 ans. Et oui, cela fait 10 ans que dure cette crise.
Elle a commencé en 1973 avec ce qu'on a appelé le premier choc pétrolier. Et 10 ans après, l'Europe n'a pas l'air de souffrir très gravement. Pendant ces 10 ans de crise, au contraire, et c'est ce qui est paradoxal, nous avons continué à consommer toujours davantage.
Curieux, non ? Comment cela est-il possible ? Eh bien parce que nous avions des réserves, d'énormes réserves de richesses.
Ces réserves étonnantes, elles ne sortaient pas du néant. Elles étaient le produit de 30 années extraordinaires, de 1946 à 1976. Des années qu'on a appelées à juste titre les 30 glorieuses. et pendant ces 30 ans, et sans toujours nous en apercevoir, nous nous sommes prodigieusement enrichis.
Cela ne s'était jamais vu dans l'histoire, non jamais, dans toute l'histoire de l'humanité. Tenez, aujourd'hui, le saviez-vous, nous gagnons en moyenne 3 à 4 fois plus que nos parents. Donc je veux dire, un pouvoir d'achat.
Cela vous paraît incroyable ? Moi aussi. Et pourtant. Quatre fois plus riche, qu'est-ce que cela veut dire concrètement ? Comme vous, je serais bien en peine de l'expliquer en détail.
Je sais pourtant qu'il suffit de regarder autour de soi pour le comprendre. Prenez Madame Lambert qui appartient à la classe moyenne française. Comment a été son appartement dans les années 50 et comment a-t-il changé en 30 ans ?
Eh bien, c'est aussi cela vivre dans un pays qui s'enrichit. Souvenez-vous. C'était le mercredi.
J'ai le cœur comme une boîte à chaleur. quelle journée. Alors il y avait le linge blanc, le linge de couleur, et puis cette lessiveuse que je devais surveiller parce que ça débordait souvent. Ah ça le buffet, grande importance car on stockait.
Rappelez-vous, c'était la fin de la guerre. Alors, on avait encore la queue devant les magasins. Le charbon.
Eh oui, le charbon à la cave qu'il fallait monter quatre étages sans ascenseur. Tous les jours, j'écoutais la TSS. On n'a pas été les premiers à avoir un poste de télévision. Je me souviens, il fallait attendre des minutes avant que l'image apparaisse.
Puis alors le chauffe-eau, l'évier, la machine à laver, que de temps de gagner. Pour Madame Lambert, comme pour chacun de vous, la crise d'aujourd'hui est donc, disons, comparativement supportable. La dernière fois que l'on avait parlé de crise, en effet, c'était tout autre chose. Dans les années 30, la crise économique se lasse foyer, croyez-moi.
Oui, ce que les gens réclamaient à l'époque, c'était des choses essentielles. Manger, survivre. La crise, c'était l'angoisse.
L'exode des chômeurs sur les routes, les raisins de la colère. Dans les villes, du monde sportif se fait... informait.
C'était le drame. Aujourd'hui, bien sûr, il y a des revendications importantes et des millions de chômeurs vivent en anxiété, c'est vrai. Mais il y a aussi certains problèmes qui font la une des journaux et qui tout de même n'ont rien à voir avec la réalité.
à voir, mais alors vraiment rien à voir avec les drames de 1929. Nous restons des privilégiés, c'est vrai, et certaines de nos revendications dans nos pays pourraient faire sourire. Tout le monde réclame, le 13e, le 14e, quelquefois le 17e mois, la sécurité de l'emploi, davantage de vacances, moins de soucis, etc., etc., etc., etc. Parfois on a raison, mais souvent on exagère, on le savait bien.
On peut estimer, en encore 5 ans, notre baisse de revenus. C'est surtout le chiffre d'affaires qu'il faudrait parler, et de l'ordre de 40%. Mais ça se concrétise comme ça, comment dans votre vie courante ? Par un certain nombre de services que nous pouvions, que nous supprimons. L'employé de maison, c'est simple.
Je crois qu'il doit y avoir une trentaine de mille ou cinquante mille Français qui ont fait comme moi, qui à un moment donné ont supprimé leur employé de maison. Les revendications immédiates, c'est le pouvoir d'achat. On accuse déjà...
5% de perte de pouvoir d'achat pour l'année 83. Et puis encore ? C'est aussi la réduction du temps de travail à 35 heures, sans diminution de salaire. Et vos avantages en nature, vous y tenez ?
Là aussi, on y tient plus que jamais. C'est un élément de notre rémunération. Combien vous payez le kilomètre ?
4 centimes. au lieu de 45 centimes pour un usage domestiques. Donc ça fait partie de nos salaires, on ne doit pas y toucher.
Mon problème, je dirais le problème de tous les personnels, c'est que nous sommes contraints et forcés de quitter les locaux de la maison de la radio que nous occupions depuis juillet 1976 pour emménager sur décision gouvernementale dans une tour située dans le 15e arrondissement. Or cette tour est à air conditionné et d'autre part il n'y a aucune possibilité d'aération extérieure, c'est-à-dire que les fenêtres sont totalement fermées.... 1929 et 1984, regardez bien.
Quand on compare ces deux dates et ces deux images, on pourrait dire en effet que la crise d'aujourd'hui, notre crise à nous, n'est pas bien grave. Apparemment, tout nous pousserait à nous consoler de cette façon. Eh bien, on aurait tort. En profondeur, derrière le décor, elle est bien plus grave qu'on ne le croit, cette crise. On en souffre pas encore beaucoup, c'est vrai, mais c'est toujours comme ça au début d'une maladie.
Les symptômes sont bien là. Et vous les connaissez très bien. Chômage, inflation, faillite, impôts qui augmentent, déficit commercial, etc. Quant à la maladie, on peut la résumer en quelques mots. 1. La croissance est arrêtée.
2. Nous avons cessé de nous enlever. enrichir. Et si jusqu'à présent, grâce aux trente glorieuses de la croissance, on a pu vivre cette crise à crédit, eh bien maintenant, il va falloir payer.
Cessons donc de rêver parce qu'effectivement, c'est grave. Mesdames, Messieurs, A l'heure où s'ouvre l'exposition coloniale internationale à laquelle la France a conquis les nations, Paris tient à remercier les éminentes personnalités dont le concours lui a permis, sous le haut patronage du chef de l'État, d'ajouter à son prestige séculaire un nouvel éclat. Vous venez, monsieur le président, de faire en un quart d'heure la tour du monde.
Que d'images ont dû s'éveiller dans l'esprit de l'ancien colonial que vous êtes, à la vue de ces palais où voisinent la langoureuse Asie et la brûlante Afrique et la dissolvante douceur des îles d'Océanie. Et oui, et oui, hier encore, nous étions les nantis de l'histoire. On peut...
peu les maîtres du monde, et depuis longtemps. C'est grâce à tout cela aussi que nous nous étions enrichis. Nous avions, comme on dit, et comme on m'a expliqué, des privilèges historiques.
Or, c'est peut-être dur à admettre, mais à présent cela est changé. Comme est changée la carte du monde de fond en comble. La plupart de ces privilèges sont bel et bien perdus. C'est fini.
Fini l'énergie bon marché. Sous De Gaulle, le pétrole coûtait 2 dollars le baril et le dollar à 4 francs. Sous Giscard, il en coûtait 18. Sous Mitterrand, c'est 30 dollars et le dollar à 8 francs 30. Cela fait...
30 fois plus. Fini les matières premières, pour presque rien. Aujourd'hui, les choses comme le cuivre, le fer, le nickel, ont suivi le même chemin que le pétrole.
Et l'Europe n'a presque pas de cuivre, de nickel, de fer. Fini la jeunesse. Vous savez tous que la natalité chez nous s'est effondrée et que l'Europe devient un continent de vieux.
Mais savez-vous aussi qu'au rythme démographique actuel, la population d'un pays comme l'Allemagne de l'Ouest, par exemple, aura pratiquement disparu dans trois siècles ? Et enfin, fini la puissance militaire. Savez-vous que de petits pays comme la Syrie, Israël ou le Vietnam ont davantage d'avions et de chars que la France ?
Nous avions un autre privilège, et capital celui-là. Oui, en effet, nous étions les seuls dans le monde à maîtriser la technique, à fabriquer certains objets. Eh bien, aujourd'hui, ce n'est plus le cas. Tenez, regardez les objets qu'a achetés Mme Lambert pour son appartement.
Ils ont été fabriqués à des milliers de kilomètres de chez elle. Comment cela se fait-il ? Pourquoi ? Est-ce qu'ils sont mieux faits, moins chers, plus modernes ?
Eh bien en réalité, ce qu'ils montrent, c'est qu'un événement est de taille à frapper l'Europe. Nous ne sommes plus les seuls maintenant à savoir maîtriser la technique. Des concurrents sérieux ont surgi à travers le monde et surgissent sans cesse de plus en plus.
Ils vont mieux que nous, et plus vite, et moins cher. L'Europe aujourd'hui est peut-être en voie de sous-développement. Voyez-vous, ce n'est pas moi. Ce qu'il dit, c'est Michel Albert, ancien commissaire au plan et spécialiste des questions économiques européennes. C'est pas le cas, c'est Michel Albert.
L'Europe existe-t-elle ? À Bruxelles, ce jour-là, Michel Albert rencontrait une fois encore quelques dizaines d'experts internationaux. Y a-t-il une ou plusieurs façons de sortir de la crise ?
L'Europe est-elle condamnée inexorablement à glisser sur la pente du déclin ? Est-elle en voie de sous-développement ? Sous-développement, c'est un mot fort, sous-développement. Ce qui est vrai, c'est que la crise, c'est plus que la crise.
C'est une espèce d'immense retournement historique, et que dans ce retournement historique, peut-être bien en effet, que l'Europe commence à glisser vers le sous-développement. Et comment est-ce que ça peut se traduire de façon concrète ? D'accord.
Regardez autour de vous, regardez en France, regardez nos principales industries, celles qui sont les plus beaux fleurons de nos activités. Pensez au textile, pensez aux régions sinistrées du textile, les Vosges par exemple. Deuxièmement, pensez à la sidérurgie.
Alors là, crise, sidérurgie, régions sinistrées, le Nord, la Lorraine, tout le monde sait cela. Pensez troisièmement à une activité qui a fait notre gloire autrefois. Parfois, la France, quand j'étais gosse, c'était le pays du Normandie.
C'était l'activité de la construction navale. Pensez à ce qui se passe à Saint-Nazaire, à la Ciutat, à la Seine. Vous voyez bien, là encore, nous sommes en pleine crise. Et puis, quatrième exemple qui me vient à l'esprit, même l'industrie automobile, qui est certainement celle par laquelle la France a surpris le plus le monde depuis une génération.
Vous voyez ce qui se passe. Pensez à Talbot, pensez à Poitiers. voici, même là, il faut faire des licenciements aujourd'hui.
Et même si vous prenez les activités, alors, les plus avancées, vous vous rendez compte que c'est tout le problème de la troisième révolution industrielle et que l'Europe est peut-être bien en train de rater la troisième révolution industrielle. Là, je crois qu'il faut qu'on s'arrête un instant pour que tout le monde comprenne bien de quoi il s'agit. Il y a eu, depuis un peu plus d'un siècle, deux grandes révolutions industrielles qui ont incroyablement... améliorer nos conditions d'existence à nous les européens c'est d'abord la révolution de la machine à vapeur et des chemins de fer c'est ensuite la révolution de l'automobile et du moteur électrique ces deux révolutions elle était en europe elles sont nées en europe et la troisième révolution industrielle celle de l'informatique de l'électronique mais c'est pas là que ça se passe c'est dans des pays lointains c'est sur les bords du pacifique en californie où j'apprends et que nous sommes en train de rater la troisième révolution industrielle, c'est à des choses comme ça qu'il faut penser.
Parce que nous, par exemple, les Français, nous ne serons peut-être jamais capables de produire d'une manière compétitive et rentable un produit comme ça qui va se vendre à des centaines de millions d'exemplaires dans le monde. Dans le cas où l'Europe, vraiment, ne serait pas capable de reprendre sa place dans la troisième révolution industrielle, alors je peux poser... poser la question de savoir si un jour nous ne risquerions pas à tous égards de devenir une espèce d'Afghanistan. Nous risquons d'avoir un troisième choc pétrolier, donc un troisième choc énergétique.
Or, est-ce que vous croyez que les pays d'Europe sont en train de s'unir pour lutter contre ça ? Pas du tout, pas du tout. Nous sommes en train, au contraire, de nous chamailler les uns les autres. Nous sommes en train, en quelque sorte, de faire comme...
des vieilles dames qui, pour maintenir leur niveau de vie, eh bien, mon Dieu, vendent leurs bijoux comme ça, un à un. Alors, c'est pour ça que je comprends votre question. C'est qu'en effet, quand on vend ses bijoux, on a encore l'impression d'être riche, on donne encore l'impression d'être riche, et en réalité, on est vraiment en train d'entrer dans un déclin qui risque d'être irrémédiable.
Et oui, comme vous le voyez, c'est grave. Mais ce n'est pas tout. Une chose qu'on remarque moins, c'est que les gens, et qui est peut-être plus dangereuse que tout le reste, c'est le désordre monétaire international.
Quand on évoque ces choses-là, je suis comme vous, j'ai souvent du mal à... J'avais tendance à me dire que les affaires financières du monde étaient très compliquées, beaucoup trop compliquées à comprendre. Eh bien j'avais tort. Je sais maintenant que si ces difficultés-là demain s'aggravaient, on se rendrait compte finalement que les choses sont plus... facile à comprendre qu'on imagine oui plus facile plus facile mais plus terrifiante aussi car imaginez qu'un pays du tiers monde refuse de payer ses dettes et bien regarder le mexique ne peut paiera pas.
Trois semaines après son retour au pouvoir, le président López Portillo déclare, devant une foule estimée à plus de 700 000 personnes, que son pays annule unilatéralement la dette de 80 milliards de dollars qu'il avait contractée auprès des banques occidentales. Diffusé dans tout le pays, le discours du président López Portillo provoque des explosions de liesses nationalistes et rallie au gouvernement toutes les forces politiques et syndicales de la nation. Il est 9h du matin au Japon, quand le président López Portillo termine son discours.
C'est à la bourse de Tokyo que la décision mexicaine fait sentir ses premiers effets. Les actions des banques les plus engagées au Mexique commencent à baisser. Le dollar s'effrite et l'or gagne 10 points en une séance.
D'est en ouest, l'ombre de choc se répercute sur toutes les places financières à mesure que les bourses des valeurs entrent en activité. A Coët, la baisse s'amplifie. A Londres et à Paris, elle s'étend à toutes les valeurs bancaires. A New York, une dizaine d'heures plus tard, c'est la chute libre.
Les banques les plus menacées sont les banques américaines. En fin d'après-midi, la Maison-Blanche est obligée de réagir. Le président Ronald Reagan déclare que son administration est prête à intervenir en cas de besoin, mais dans l'immédiat, le président estime que le secteur privé... est assez solide pour faire face de lui-même à la situation. Denis Kessler, que pensez-vous de la position que vient de prendre le gouvernement américain ?
La décision du gouvernement américain est extrêmement dangereuse, extrêmement... totalement irresponsables, d'aboutissement d'une pensée néolibérale. Et je crains malheureusement que le gouvernement américain n'ait pas mesuré toutes les conséquences économiques, sociales, financières de la décision qu'il vient de prendre.
Mais plus précisément, quelles sont les conséquences de cette situation pour les banques qui sont directement engagées au Mexique ? Oui, les grandes banques américaines se sont montrées particulièrement responsables tout au long des années 70, voire même au début des années 80. Elles ont prêté des sommes absolument colossales au Mexique, mais aussi au Brésil. ou à l'Argentine ou à d'autres pays en développement.
Or, ça a été un métier extrêmement lucratif que de prêter à ces pays-là, mais elles se sont exposées à des risques tout à fait inconsidérés. Pour vous donner simplement quelques chiffres, la Bank of America a prêté 2500 millions de dollars au Mexique, simplement. Ceci représente 60% des fonds propres.
La Chase Manhattan, qui est bien connue, a prêté 1600 millions de dollars uniquement à ce pays-là. Ceci représente 50% des fonds propres. Bien entendu, elles ont prêté également... comme je le signalais, au Brésil ou à l'Argentine, qui sont également dans des situations économiques extrêmement troublées.
En d'autres termes, les banques américaines sont en état de faillite. Mardi matin, devant l'attentisme de l'administration américaine, des rumeurs de faillite commencent à se propager. De nombreux déposants affluent au guichet des banques afin de retirer leur argent.
À midi, à la suite d'appels pressants des dirigeants de la Citicorps et de la Chase Manhattan Bank, Ronald Reagan annonce que son gouvernement... garantit toutes les créances mexicaines. Nous ne sommes pas en 1929, déclare le président.
Mais le simple rappel de la grande dépression des années 30 provoque aussitôt un mouvement de panique. Profitant de la pause du déjeuner, des milliers d'Américains se ruent dans les agences bancaires pour vider leurs comptes. À 15 heures, les banques doivent fermer leurs portes, faute de billets, pour satisfaire toutes les demandes. Malgré les communiqués officiels, les rumeurs de faillite en chaîne s'amplifient.
Mercredi, 5h du matin. Des files d'attente se forment devant les guichets des banques sur tout le territoire des Etats-Unis. Est-ce que ces menaces concernent également la France ?
Est-ce que les banques françaises, par exemple, étaient beaucoup engagées au Mexique ? Mais ça concerne tous les pays occidentaux. Et la France, peut-être plus particulièrement que les autres pays.
Les banques françaises, également, tout au long des années 70, sont prêtes... massivement aux pays en développement. Et l'exposition aux risques des banques françaises, notamment aux risques mexicains, mais aussi aux risques brésiliens ou aux risques d'autres pays en développement, est tout aussi important que l'exposition aux risques des banques américaines ou anglaises.
du matin. Le système bancaire américain se trouve de facto en cessation de paiement. Très vite, la panique gagne l'Europe. Partout, la foule tente de pénétrer en force dans les agences des grandes banques européennes.
La police doit plusieurs fois intervenir pour éviter les meutes. L'après-midi du même jour, les ministres des Finances et les gouverneurs des banques centrales des pays industriels se réunissent à Bâle. À Paris, le gouvernement est violemment pris à partie lors de la séance des questions orales à l'Assemblée.
Le Conseil des ministres est réuni d'urgence. A 16 heures, au cours d'une conférence de presse, Gérard Taillard, président de l'association des banques françaises, s'efforce de rassurer les épargnants. Il rappelle que le système bancaire français est nationalisé et que par conséquent, l'État garantit formellement la sécurité de tous les dépôts.
Monsieur le Président, en dépit des assurances données par vous et par le gouvernement, les déposants continuent de se précipiter au guichet des banques. Est-ce que vous êtes en mesure de satisfaire toutes leurs demandes ? Les déposants ?
Non. Les famosants n'ont aucune raison de s'inquiéter parce que nous avons la situation parfaitement en main. Je vous en prie. Plus précisément, y a-t-il dans vos coffres assez de billets pour satisfaire à toutes les demandes ? Bien sûr, nous avons passé tous les accords nécessaires avec la Banque de France à faire l'approvisionnement aux billets.
Tous les accords ont été passés. Toutes les demandes seront satisfaites. Excusez-moi, monsieur le Président. Je vous en prie. Excusez-moi d'insister, mais le total des dépôts à vue en France représente actuellement 700 milliards de francs.
La Banque de France. peut produire au maximum un demi-milliard de francs en billets par jour. Donc il vous faudrait quatre ans et demi pour rembourser toutes les demandes. C'est les chiffres du ministère qui sont là. Les chiffres du ministère sont là.
Écoutez, s'il vous plaît, écoutez, le gouvernement est réuni depuis deux heures environ et sans préjuger de ses décisions, il y a une chose que je peux vous garantir, c'est que les intérêts des épargnants seront préservés. et que tout sera fait, mais vraiment tout, pour que dans les quelques jours qui viennent, enfin dans le plus bref délai, la situation redevienne parfaitement normale. Messieurs, je vous remercie. Dès le lendemain, le gouvernement faisait jouer l'article de la Constitution qu'il autorise à légiférer en urgence.
En une journée, le Parlement adoptait le plan suivant. Blocage de l'épargne sur 10 ans. Limitation sévère de l'usage des chèques. Blocage des prix.
Blocage des salaires. Choc doux. 12 mois, les restrictions de la circulation monétaire provoquent une baisse de la production industrielle de 32%, une baisse du pouvoir d'achat de 19%, une augmentation de 110% du nombre des faillites d'entreprises.
Six mois plus tard, la France compte 9 millions de chômeurs. Quand on voit ce qu'on vient de voir, on se dit que cela ne peut pas arriver, que c'est trop dingue, trop incroyable. Oui, mais ce n'est pas la vie d'un minque, parce qu'il est économiste. et directeur financier d'une très grande entreprise. Alain Maig, le scénario que nous venons de voir, pourrait-il se produire dans la réalité ?
Le scénario que vous avez bâti est à l'évidence le scénario du pire. C'est en quelque sorte la pédagogie qui est la règle de cette émission. Cela dit, il est possible si toute une série de facteurs jouent dans le même sens. D'abord qu'un pays décide d'utiliser cette bombe atomique économique qui est le refus de payer ses dettes, et de le proclamer haut et fort. et qu'enfin joue, et c'est là l'essentiel, une période de flottement ou de latence pendant lequel les phénomènes psychologiques peuvent se dérouler à plein sans que les gouvernements interviennent pour garantir, calmer ou sécuriser. Et dans une affaire de ce type, c'est une course de vitesse, si elle advient, entre la rapidité d'intervention des gouvernements et la rapidité de la panique collective.
Vous avez tablé sur le fait que la panique collective pourrait être plus rapide que les gouvernements. Dans ce cas-là, quel est le scénario le plus probable ? Votre scénario suppose qu'à la suite des débats intellectuels qui ont pu avoir sur ce sujet aux Etats-Unis, le gouvernement américain hésite et ne décide pas d'intervenir immédiatement pour sauvegarder les banques et sécuriser les déposants. Mon sentiment est qu'en réalité, le gouvernement américain interviendrait tout de suite et donc calmerait l'abcès.
Cela dit, je crois qu'il ne faut pas se poser aujourd'hui le problème. Le problème dans ces termes-là, le risque d'une sorte d'explosion atomique économique me paraît peu probable. En revanche, ce que nous vivons à travers la crise financière internationale, c'est une sorte de 1929 ralentissant.
Une sorte de valse au tempo très très lent. A savoir que les banques qui aujourd'hui sont très inquiètes pour leurs créances font de moins en moins de prêts et ne prêtent au pays du tiers monde que le minimum qui leur permet de repayer leurs intérêts. Ceci étant destiné à sauvegarder le bilan de ses propres banques. Et de ce fait, il en résultera une diminution tendancielle, lente, progressive du commerce mondial.
Et aussi, une conséquence que l'on nommait, c'est que pendant la première période de la crise, de ce qu'on a appelé la crise, les pays en voie de développement étaient ceux qui croissaient le plus et ont donc contribué à attirer nos pays occidentaux. Nous entrons dans une période où ces pays-là croîtront beaucoup moins vite que nous. Et nous n'aurons donc même plus ce moteur supplétif sur lequel nous avons tiré longtemps.
Alors en effet, c'est dans une grande tempête que nous sommes précipités. Nos bateaux tanguent, ils prennent l'eau, ils menacent de couler. Et savez-vous ce qui me semble le plus inquiétant dans une telle situation ? C'est que si j'ai bien compris, nos gouvernements, qu'ils soient de gauche ou de droite, je dis bien de gauche ou de droite, ne savent plus... pourquoi nous en avons besoin, et deuxième part, éviter l'immigrage en France.
Il n'y a qu'à allonger l'âge de la retraite et prolonger les études. Il y a beaucoup trop d'étrangers, il me semble que si on les fichait dehors, il y aurait beaucoup plus de places pour les Français. Lorsque dans une famille, il n'y a pas beaucoup de pain à manger, on le donne d'abord à ses enfants, et on le donne après aux voisins s'il en reste.
Face à la gravité de la situation de l'emploi dans le pays, la position du Parti communiste internationaliste est claire. Nous estimons que la majorité de députés... Depuis TPS et PCF, élus par la population laborieuse, de voter d'urgence une loi interdisant le licenciement. Il suffit tout simplement de mettre de l'ordre là où il y a le désordre.
On crée des emplois, mais sur la base de ce qui a été fait et sans faire prendre à notre pays et à ses habitants des risques excessifs. Il faut une croissance nouvelle qui permette... le marché, la consommation intérieure. Je pense que face à la crise, il faut effectivement relancer la production et la consommation. Alors je dis l'une des choses, achetez français.
Et oui, chacun de nous a sa petite idée sur ce qu'il faudrait faire et tout le monde est convaincu d'avoir raison. Il n'y a qu'à. Vous connaissez la formule, il n'y a qu'à.
Hélas, le bon sens est souvent trompeur. Si l'on se met à prendre les gens au mot, si l'on applique réellement certains de ces remèdes, eh bien, on s'aperçoit vite. qu'ils sont pires que le mal. Pour vous le montrer, nous avons choisi trois remèdes miracles.
Alors le tout premier, bien entendu, les émigrés. Puisqu'il y a 2 millions de chômeurs, il n'y a qu'à expulser 2 millions d'émigrés. Bon, bon, ça y est, c'est fait, ils sont partis.
Quelques mois après l'application de cette décision, quelle est la situation de la France ? Autrement dit, quelle place occuper réellement ces gens-là chez nous ? Pour nous aider à répondre...
on a imaginé un reportage fait par la télévision algérienne sur la France sans émigrés. Il y a trois mois, les Français avaient applaudi à la tragique décision de leur gouvernement d'expulser tous les travailleurs immigrés. Aujourd'hui, des tonnes d'ordures s'amoncèlent.
Dans la plupart des grandes villes, des hordes de rats ont refait leur apparition. L'armée a été réquisitionnée, mais elles n'arrivent pas à endiguer le fléau. Face à cette situation, les Français déchantent.
C'est le foutoir. Mais il nous faut quelques immigrés parce que les jeunes Français ne veulent rien faire. Il est évident que c'est maintenant qu'on s'aperçoit que les immigrés avaient quand même une tâche. qui était intéressante pour la France. Je pense qu'il aurait fallu garder ceux qui travaillent pour faire le sale boulot.
Mais il y a plus grave encore. Toute l'économie française a été atteinte de plein fouet par la mesure. En trois mois, la production automobile a chuté de 40%. Plus une usine ne fonctionne à plein rendement, elle manque d'OS. Les bâtiments et les travaux publics sont en faillite.
En fait, aucun secteur de l'économie française n'est aujourd'hui épargné. Regardez cet homme. Il est président directeur général d'une fabrique de meubles de bureaux.
Une partie de ses ouvriers étaient des travailleurs immigrés. Il s'est élevé contre leur expulsion en vain. Le voilà bien avancé. Son usine est actuellement arrêtée.
Nous avions ici des immigrés qui étaient là depuis 10 ou 20 ans, souvent même des immigrés de la deuxième génération, et en conséquence il y a eu des problèmes à résoudre tout à fait catastrophiques au niveau des familles. Il est tout à fait évident que nous n'avons pas trouvé... sur le marché français, bien qu'il y ait un nombre de chômeurs très important, le personnel exactement qualifié pour les remplacer.
Derrière cette porte, depuis 15 jours, les patrons français siègent en comité de crise. Face à la gravité de la situation, le CNPF a sommé le gouvernement de prendre ses responsabilités en accordant une subvention spéciale aux entreprises les plus durement touchées. Pour l'instant, le gouvernement a refusé.
Économique, la crise est rapidement devenue politique. Il y a trois mois, les députés français n'avaient pas été consultés sur l'expulsion des immigrés. Mais aujourd'hui, presque tous les partis politiques condamnent cette décision.
Non seulement l'expulsion des étrangers, en dehors de son caractère immoral, ne crée aucun emploi, mais qui plus est, elle en supprime. Penser que la France pourrait vivre aujourd'hui sans les immigrés qui ont apporté cette aide et cette participation à son économie, c'était absurde. La démonstration vient d'en être faite.
Après l'expulsion des travailleurs immigrés, les capitaux étrangers ont quitté le pays. De nombreuses banques ont fait faillite. Pour protester contre cette mesure, une cinquantaine de pays d'Afrique et d'Asie ont rompu leurs relations diplomatiques et commerciales avec la France. Notre gouvernement a suspendu ses livraisons de matières premières, de pétrole, de gaz.
Le français est désormais interdit dans nos écoles. C'en est fini du rayonnement de la France dans le monde. La patrie des droits de l'homme s'est déshonorée. Voilà, ça c'était un il n'y a pas Il y en a bien d'autres. Puisqu'il y a tant de chômeurs, dit-on parfois, et puisque les services...
public marche mal. Il n'y a qu'à engager davantage de fonctionnaires. Ben voyons. Est-il souhaitable de transformer les chômeurs en fonctionnaires ? Sénac, 5000 habitants, à 15 kilomètres d'Angoulême, a tenté il y a un an une expérience originale.
Au début de 1983, quand l'entreprise Michaud, qui emploie plus de 900 personnes, doit licencier une partie de son personnel, le maire de la ville décide d'embaucher les salariés mis au chômage dans les services publics, hôpital, mairie, PTT, bureau d'aide sociale. Augmentation des charges fiscales entraînées par ces embauches aura des conséquences imprévues. Alors c'est un bon travail que vous aviez chez Michaud là-bas ?
Ça faisait 20 ans que j'y travaillais. Et avec cette crise, vous savez ce que c'est. Je suis licencié.
On a eu plus de chance que moi, mais pas à travers les gouttes. Alors qu'est-ce que vous pensez de la décision du maire ? C'est bien.
Au moins on échappe au chômage. C'est pas tout le monde qui peut redire autant. Monsieur le maire, il faudra quand même trouver de l'argent pour financer toutes ces créations de causes. Bien sûr qu'il faudra trouver de l'argent.
Mais alors qu'est-ce qu'il va payer ? Tout le monde. Tout le monde doit être solidaire. Là-dessus, il faut être clair. Nous augmenterons les impôts locaux, que ce soit les impôts qui touchent les particuliers ou ceux qui touchent les particuliers.
touche les entreprises. Aujourd'hui, un an après, l'expérience est plus discutée. Certains doutent par exemple de l'efficacité d'un accroissement des effectifs de l'administration. Alors, ça vous plaît, vous tenez au travail ? Il n'y a pas trop à se plaindre.
Qu'est-ce que vous faites alors ? Je suis agent d'administration. bureau d'aide sociale.
Je reçois les gens, je leur fais remplir leur demande pour obtenir une aide, et puis je vérifie si le dossier est bien complet, puis je transmets au service compétent. Et avant, ça se passait comment ? Les gens s'adressaient directement au service compétent. Mais il y a plus grave.
Ce que n'avait pas prévu le maire de Sénac, c'est que l'augmentation des impôts de la ville, indispensable pour créer des emplois dans les services publics, a dans le même temps accru les difficultés de l'entreprise locale. Le 15 janvier 1984, en effet, Hervé Michaud, patron des établissements Michaud, a annoncé un nouveau train de licenciement. Quand nous avons licencié l'année dernière, nous étions déjà très justes au point de vue de réserver. Et nous avions vraiment beaucoup de mal pour faire nos échéances. Vraiment.
Oui, autrement on n'aurait pas licencié. Alors aujourd'hui, avec la concurrence internationale, les charges qui vous tombent de tous les côtés, et l'augmentation de la taxe professionnelle par-dessus le marché... On n'y arrive plus.
La taxe professionnelle, c'est celle que vous versez à la ville, c'est ça ? Oui, c'est l'ancienne patente. Mais vous ne pouviez pas prendre sur vos bénéfices, par exemple, pour la financer ? Mais quels bénéfices ? Nous sommes en perte.
La seule chose que nous pouvions faire, c'est augmenter notre prix. Et naturellement, nous avons perdu plusieurs marchés. Et alors ? Alors, il y a moins de travail.
Et je n'ai pas les moyens de payer les gens à ne rien faire. Pourtant, les nouveaux licenciés ont gardé l'espoir. Alors maintenant, c'est vous qui avez perdu votre travail.
Oui, oui. Cette fois, c'est pour moi. Et alors, qu'est-ce que vous allez faire maintenant ? Je ne sais pas. On attend la décision du maire.
Il paraît qu'il va peut-être embaucher. Et si cette fable était une histoire vraie ? Ne parlons plus d'une petite ville, parlons de l'Europe. Depuis dix ans, la part du revê...
Le revenu prélevé par l'État sous forme d'impôts et de cotisations sociales est monté à près de 50%. Cet argent sert pour une grande part à financer les salaires de la fonction publique. Mais cet argent a fait défaut aux entreprises.
Depuis 10 ans, l'investissement industriel est en train de se défendre. industrielle a cessé de progresser. L'Europe compte aujourd'hui 12 millions de chômeurs.
Il n'y a qu'à, il n'y a qu'à, le petit jeu devient amusant. Très vite, un dernier exemple. Puisque les produits étrangers nous envahissent et ruinent nos industries, il n'y a qu'à fermer les frontières. Eh bien, fermons-les. Devant l'aggravation de la concurrence internationale, le gouvernement français est conduit à prendre des mesures protectionnistes qui reviennent à une quasi-fermeture des frontières.
Quelles sont les conséquences d'une telle politique dans la vie quotidienne des Français ? Pour le savoir, nous avons interrogé trois experts des échanges internationaux. Michel Jobert, ancien ministre du commerce extérieur, M. Jean Boileau, directeur du groupe Peugeot SA, Raymond Lépincette, contrebandier.
Écoutez, je vais d'abord m'exclamer, ouh là là ! Ouh là là, je souhaite absolument que cette politique ne se fasse pas, ce scénario est dramatique. et nous avons grand intérêt à nous tenir éloignés de ça.
Alors, fermeture, je joue le jeu avec vous. Fermeture, nous organisons quoi ? La France transformée en Albanie mélancolique. C'est cela que l'on veut.
On a un exemple, il n'est pas très loin de la France. Nous voyons très bien ce qu'est l'économie agricole, coopérative d'un pays qui est réduit à lui-même. Il ne faut pas oublier dans le domaine de l'automobile, que pour l'ensemble de l'automobile française et pour Peugeot aussi, une voiture sur deux est exportée.
Il ne faut pas négliger non plus, dans le cas de fermeture des frontières, les possibilités de mesures de rétorsion de la part d'un certain nombre d'autres pays. Je vous laisse à imaginer ce que deviendrait l'automobile française si elle perdait 50% de son volume, même s'il est très faiblement compensé par 5 ou 10% de vente supplémentaire sur le marché national. Vous travaillez dans l'import-export, je crois. Oui, les contacts internationaux, j'aime ça. Ça fait marché commerçant.
Les mesures restrictives adoptées par le gouvernement nous ont permis de diversifier nos activités. C'est ça. Avant, j'étais surtout sur un créneau financier. Je m'occupais de transferts de capitaux entre la France et Suisse. Et aujourd'hui ?
Ah, aujourd'hui, nos activités s'étendent à un beaucoup plus grand nombre de secteurs. Notamment l'électronique, l'industrie automobile, l'industrie du cycle, les textiles, les cigarettes blondes, Les alcools, les jeux vidéo, les appareils photo, tout est... Plus précisément, quels seront les effets de cette décision sur les acheteurs d'automobiles ?
Les acheteurs d'automobiles auront peut-être, dans une certaine mesure, un moindre choix. Ensuite, si les constructeurs d'automobiles perdent ou perdent en partie leur possibilité d'exportation, ils auront de graves problèmes d'organisation interne dans tous les domaines. Ils auront des problèmes...
de productivité en raison de la diminution de leur volume, ils auront des problèmes d'emploi et finalement c'est le consommateur qui pourra en faire les frais finaux. Par exemple dans l'électronique comment ça se passe ? Et bien on a créé notre propre réseau de distribution. C'est à dire ? Je vais vous donner un exemple.
On achète des magnétoscopes dans les supermarchés des grandes surfaces tout près de la frontière. À l'étranger ? À l'étranger. On les paye dans les 5-6 000 labettes.
Et après, on les écoule facilement en France dans les 20 000 labettes. Alors, résultat, en notant les frais de fonctionnement, le bureau, les secrétaires, le téléphone, les enveloppes... Les enveloppes ? Ah oui, les pots de vin, voyons.
Eh ben on fait deux fois l'écume de monsieur, deux fois ! On prend souvent des mesures de protection commerciale pour protéger l'emploi. Est-ce que des mesures de fermeture générale des frontières auraient un effet positif sur l'emploi ? On sait très bien quel sera l'effet d'une fermeture générale des frontières. la France s'installera sur un palier de production qui sera moins vif, puisqu'il n'y aura pas d'exportation, nous n'en exporterons plus.
Et nous essaierons de satisfaire aux besoins de la consommation intérieure, sans avoir la certitude. d'y parvenir très vite. Par conséquent, dans un premier temps, l'emploi en prendra un sacré coup. C'est pas un peu immoral comme ça, de profiter de la pénurie ?
Immoral ? Ah, vous plaisantez, mon vieux. Mais dans les affaires, la morale, c'est d'adapter l'offre à la demande. Eh ben, c'est ce qu'on fait. On défend le consommateur.
Bon, on vient d'avoir ensemble trois exemples extrêmes, disons trois caricatures. Il n'y a qu'à, on aurait pu en rajouter bien d'autres. En réalité, chacun de ces remèdes miracles fait plus ou moins partie de l'une ou l'autre des deux grandes politiques économiques que les gouvernements de l'Europe ont pratiquées depuis la guerre.
La politique de droite ou celle de gauche, disons, pour simplifier, le frein de la droite ou l'accélérateur de la gauche. Aucune des politiques économiques classiques ne fonctionne plus qu'à m'avant, c'est vrai. Ni l'accélérateur, ni le frein.
L'accélérateur, le frein, qu'est-ce que c'est l'accélérateur, le frein ? Le frein d'abord, c'est l'idée selon laquelle il ne faut jamais que l'État dépense plus que ce qu'il gagne. Et dans cette optique, quand ça va mal, il faut se serrer la ceinture, consommer moins, investir davantage, accepter une augmentation du chômage. C'est un peu la politique du père Fouettard. Si vous êtes sage, si vous acceptez de faire des sacrifices, ça ira mieux demain.
À la limite, c'est aussi un peu ce qu'on appelle le monétarisme que Mme Thatcher applique. vous savez, en Angleterre, avec beaucoup de fermeté. Et pourquoi ça ne marche pas ?
Parce que ça augmente considérablement le chômage qui coûte cher à tout le monde. Et ce chômage, en plus, il nuit à la modernisation des entreprises. Parce que vous comprenez bien que dans un pays, quand il y a beaucoup de chômage, un chef d'entreprise hésite à mettre un robot qui supprimerait encore d'autres emplois.
Pour que ça marche, il faut aussi que tout le monde soit d'accord pour se serrer la ceinture. Parce que sans cohésion, sans un effort de tous, rien n'est possible. Et enfin... Attention, si on freine trop fort, la voiture peut quitter la route. Alors l'accélérateur, c'est le contraire.
Eh bien l'accélérateur, oui, c'est le contraire. L'accélérateur, c'est un peu ce qu'on a appelé le keynésianisme. Vous savez, la pensée de Keynes en économie, ça a été une révolution inouïe.
C'est celui qui a dit, mais pour relancer l'économie, c'est pas compliqué. C'est pas compliqué, il suffit de libérer les désirs, de consommer davantage, de dépenser plus que ce qu'on gagne. Et tant pis s'il y a un déficit budgétaire en achetant plus les... les consommateurs feront tourner les usines et au bout du compte, on retombera sur nos pieds.
Seulement, ça aussi, ça ne fonctionne plus. Pourquoi ? Parce qu'il n'y a plus de croissance aujourd'hui dans nos pays. Et puis, pour des tas d'autres raisons plus techniques, je vais simplement vous en citer deux, faciles à comprendre celles-là.
La première, c'est que parce que nous sommes aujourd'hui des pays développés, nos économies sont de plus en plus interdépendantes. Les unes... les autres dans ce que nous consommons dans ce que nous achetons dans les matières premières qui font tourner nos usines une bonne partie vient de l'étranger et par conséquent si dans un pays comme la france vous distribuez davantage de pouvoir d'achat cet argent risque de servir à relancer les industries des pays voisins et la deuxième raison c'est quoi c'est ça justement c'est le déficit extérieur quand un pays franchi la ligne rouge du déficit extérieur il cesse d'être libre de sa politique économique pour la bonne raison qu'il doit emprunter à l'étranger pour faire ses fins de mois. Or, vous comprenez bien qu'un pays qui s'endette affaiblit sa monnaie, et à la limite même, il risquerait de perdre son indépendance nationale. L'accélérateur donc, c'était les politiques de gauche, et le frein, les politiques économiques de droite.
Oui, enfin, disons, oui, disons que dans une certaine mesure, le frein c'est la droite, l'accélérateur c'est la gauche. Mais c'est pas si simple que ça. Il est fréquent, par exemple, que des politiques... de droite commencent par le frein et finissent par l'accélérateur. Pourquoi ça ?
Notamment pour des raisons qui peuvent être électorales. Regardez, tenez par exemple ce qui se passe aujourd'hui aux États-Unis. M. Reagan, n'est-ce pas, c'est l'homme de droite type dans sa réputation internationale. Et quelle politique fait-il ? Eh bien, c'est aussi celui qui fait le plus la politique de l'accélérateur, la politique du déficit budgétaire.
Et puis à l'inverse, on voit des politiques de gauche. qui pour éviter des difficultés financières sont bien obligés d'appuyer sur le frein. S'il y avait aujourd'hui un modèle de politique économique parmi les pays qui nous entourent, ça se serait.
La crise date de maintenant plus de dix ans. Voyez-vous un pays voisin qui est vraiment sorti de la crise ? Ce modèle, ça n'est sûrement pas l'Angleterre avec ses trois millions de chômeurs.
Ça n'est même pas l'Allemagne qui a pourtant l'économie la plus puissante. Et la société la mieux organisée avec son consensus pour sortir de la crise, chacun de ces pays, comme le nôtre d'ailleurs, donne la preuve qu'aujourd'hui il n'y a plus de solution tout seul, il n'y a plus de solution solitaire. S'ils agissent isolément, en ordre dispersé, les gouvernements des pays européens ne peuvent plus aujourd'hui que gérer la crise.
Oui, oui, si j'ai bien compris Michel Albert, les recettes politiques ne marchent plus. Aucune. Les issues paraissent bouchées.
Nous sommes bel et bien condamnés à ne plus nous enrichir, et peut-être bientôt à nous appauvrir. Et tenez, rappelez-vous, il y a quelques années, tout le monde parlait de la croissance zéro. À ce moment-là, beaucoup de gens pensaient que ce serait une bonne chose. On rêvait d'une société douce, plus tranquille, de l'an 0-1, etc.
C'était une... Étopie héritée de mai 68. Vous vous souvenez ? Eh bien, en 1984, nous y sommes dans la croissance zéro. Le problème, c'est qu'on s'aperçoit maintenant qu'elle est moins rose qu'on ne le croyait.
Et on n'a pas tout vu. Imaginez seulement qu'après les 30 glorieuses, après 30 ans de forte croissance, nous ayons 30 ans de croissance zéro. Imaginons comment tomberait la situation dans 30 ans. Je veux dire, en l'an 2014. Depuis 5 ans, 6 ans, je me passionne pour la crise.
La grande crise qui a débuté dans les années 80. Elle a débuté mollement, lentement. Et on n'envisage pas à ce moment-là que l'effondrement du système économique puisse provoquer un effondrement du système démocratique. De cette démocratie à laquelle depuis très longtemps nous étions habitués à coutumer.
La démocratie liée à la progression économique ? Oui. la démocratie liée à la progression économique.
Et cette formule mettait à mal les thèses des partisans de la croissance zéro. Au début, malgré les grèves, malgré les fermetures d'entreprises, on s'habituait plus ou moins mal, on pensait que ce n'était qu'un mauvais moment à passer. Mais la faillite, même en Allemagne, alors que l'Allemagne était le pays qui avait le mieux de l'histoire, mieux supporter la crise, ou le moins mal.
La faillite même en Allemagne des différents systèmes de protection sociale allait être durement ressentie. C'est la réalité de l'État-Providence qui s'effondre. Plus d'allocations familiales.
Elles sont d'abord diminuées, palier par palier. Plus de médecine gratuite, ou presque gratuite. Plus de retraite garantie.
En 1990, il a fallu vivre. Nous avons dû vivre. comme vivaient nos arrières grands-parents, c'est-à-dire sans filet.
Et c'est la rupture de tout un tissu d'habitude. Une rupture d'autant plus cruelle que l'État augmente sans arrêt les impôts et que naturellement, cela n'améliore pas la situation sociale, que le chômage augmente, que dans les grandes villes, l'insécurité se précise et qu'à ce moment-là se créent un peu partout des milices. privé et on assiste à un véritable retour en arrière. 200 ans, 300 ans, je ne sais pas, certains parleront d'un retour au Moyen-Âge.
Chaque classe sociale, chaque catégorie est saisie d'une fièvre de revendication. Mais lorsqu'il n'y a plus de croissance, on ne se bat pas contre l'État, impuissant, incapable. On se bat à ce moment-là contre le mal.
le voisin qui devient l'ennemi. Car le voisin peut vous prendre votre travail, votre emploi, votre salaire, tout ce qui fait l'ordinaire de votre vie. Et c'est à partir de 1996 que se multiplient les manifestations, les défilés, les émeutes, les répressions naturellement, et que s'amorce ce cycle infernal au bout duquel fatalement la...
La démocratie se trouvera mise à mal. En 1990, un journaliste français invente cette formule à croissance molle, société dure En vérité, je pense qu'il faudrait dire à croissance nulle, société dure Alors commence, pour la France et pour les Français, les véritables années noires. Volontairement, nous avons renoncé C'est en dire plus. Renoncer à savoir ce que pourrait être l'issue de ces futures années noires qu'évoquait Henri Amoureux. La dernière fois qu'on a parlé d'années noires, chez nous, c'était avant la guerre.
Et on sait sur quoi elles ont débouché, ces années noires-là. La dernière guerre, celle de 1939, était le point d'aboutissement de la catastrophe économique des années 30. Dans l'histoire, voyez-vous, c'est souvent comme cela. Les guerres sont les dernières des solutions qu'imaginent les gouvernements pour sortir de situations de guerre.
Quand les égoïsmes l'emportent sur le sentiment de l'intérêt général. Quand les usines tournent au ralenti. Quand le chômage devient insupportable.
Quand toutes les issues semblent bloquées. La guerre. La guerre réveille les sociétés somnolentes.
La guerre développe l'esprit de sacrifice. La guerre fait reculer le chômage. La guerre permet la rénovation rapide du parc immobilier. La guerre relance l'activité économique.
La guerre accélère le progrès scientifique. La guerre, le coup de fouet qui vous manquait. Alain Minc, la Deuxième Guerre mondiale nous a-t-elle permis...
de sortir de la crise de 1929 ? Toutes les politiques économiques telles que celles que nous menons, keynésiennes sans le savoir, monétaristes sans le savoir, de rétablissement des comptes des entreprises, ont été menées entre 1933 et 1939. Or, en 1938, la situation dans certains pays était plus mauvaise qu'elle ne l'était en 1933. En 1940, le chômage aux États-Unis était plus fort qu'au moment de la première élection de Roosevelt. Donc, ce n'est pas en réalité la théorie économique ou la pratique économique qui nous ont sortis de la crise de 1929. C'est en effet, alors il y a quelques provocations à le dire compte tenu de tout ce qui s'attache à la guerre, c'est en effet l'effet de la guerre. Pourquoi l'effet de la guerre ?
Parce qu'il a été doux. C'est une baisse drastique. du pouvoir d'achat et donc la recréation de très grands besoins de consommation et d'un très grand appétit à la fois matériel et psychologique de consommer. Et c'est enfin dans certains pays une table rase totale de l'appareil de production qui a été reconstruite à partir de zéro et la reconstruction depuis rien pour le Japon et pour l'Allemagne est probablement un des facteurs essentiels de la croissance plus rapide qui sont connus après 1945. la guerre c'est bien mais la guerre atomique c'est mieux alors n'hésitez plus laissez vous tenter partez pour l'aventuré Est-ce qu'aujourd'hui la guerre pourrait de nouveau servir d'issue à la crise économique ?
Votre formulation ressemble à un problème de mathématiques. La crise, donc la guerre, ou la crise égale la guerre. Cela était relativement vrai et d'une certaine façon ce fut le cas.
cas pour la guerre de 1939 et précédemment. Sans tomber dans un marxisme primaire, il est clair qu'entre les crises économiques et les conflits, il y a une relation, même si elle n'était pas nécessairement de cause à effet. Alors est-ce que cette relation imprécise est encore vraie ? en temps de guerre nucléaire. J'ai tendance à penser que la question ne peut même pas se poser.
La guerre, dans sa fonction économique, indépendamment de son cortège d'horreur, c'était une disparition partielle de l'appareil de production et la capacité de repartir à zéro et d'une certaine façon de rebondir. Ceci supposait que la destruction reste proportionnelle et n'affecte pas l'intégralité du monde. La guerre de 39-45... a représenté pour des pays comme la France une disparition de 25 ou 30%.
Mais il restait 65 ou 70%. Or la guerre atomique, pour autant qu'elle puisse un jour advenir, est l'inverse même de cela. Vous voyez, tout cela n'est pas très gai.
Impossible pour l'Europe de revenir en arrière, c'est-à-dire à la croissance forte aux années glorieuses, mais elle ne peut pas non plus continuer comme aujourd'hui, dans la croissance zéro. Pour finir, on a vu que même la violence comme la guerre... La guerre est inimaginable sous peine d'apocalypse nucléaire. Alors ? Alors, c'est une bien étrange situation que nous vivons.
Toutes les portes sont apparemment fermées. Si c'est d'une crise qu'il s'agit, alors en effet, peut-être que nous n'en sortirons pas. Mais, est-ce bien une crise ? Ou s'agit-il d'autre chose ? La fin du Moyen-Âge, c'était aussi une crise terrible.
Il en est sorti la renaissance. La fin de l'Ancien Régime, c'était un effondrement épouvantable et sanglant. Il en est sorti la démocratie.
La Révolution Industrielle, c'était aussi une tragédie pour des millions de gens. Il en est sorti, au bout du compte, notre prospérité. Et demain, qu'est-ce qui va se passer ?
Le mot crise, ça veut dire deux choses. Ça veut dire à la fois une épreuve, une menace, bien sûr. Mais ça veut dire aussi une chance et un progrès. Et dans toute crise, il y a les deux aspects. Il y a celui qu'on voit.
C'est un peu comme une accouchement, si vous voulez, une crise. Il y a ce qu'on voit, il y a ce qui est sale, il y a ce qui fait mal. Il y a ce qui fait peur aussi.
Et puis, il y a comme une naissance, des naissances, souvent invisibles. Si je comprends bien, c'est une forme d'accouchement à l'heure actuelle. Oui.
Et surtout. quoi on va pouvoir déboucher. Je crois que les gens, disons, sans démagogie imbécile, parce que ce serait trop facile, mais les gens en condition modeste, ils sentent très bien que c'est très difficile, ils sentent très bien qu'il y a quelque chose qui ne va pas, ils sentent très bien que ce ne sont pas les idéologies, quelles qu'elles soient, qui peuvent résoudre les problèmes.
On sait très bien que c'est de la blague aujourd'hui. Dieu merci, ils commencent à comprendre ça. Alors, comment on peut vraiment s'en sortir ? Et dans combien de temps ? Bon, écoutez, alors, dans combien de temps ?
C'est pas ce qu'on va traiter ce soir, je crois. Pas plus puisse dire sérieusement dans combien de temps on va s'en sortir. En revanche, mais non, ça dépend de nous. Ça dépend pas des technocrates ni des gouvernants pour l'essentiel.
Ça dépend de tout le monde. Ce sont les gens qui nous regardent qui vous poseraient la question. Il faut que je leur dise que ça dépend de tout le monde. Et que ça dépend d'abord de la conscience que nous avons de nos problèmes.
La crise, nos difficultés de toute nature, c'est pas quelque chose comme ça qui tombe du ciel, c'est pas un déterminisme historique. La crise, c'est notre production, c'est nous qui la faisons. l'avons faite par notre inconscience, par nos défauts d'organisation, par les retards, par exemple, avec lesquels on a engagé des restructurations industrielles dont tout le monde savait bien qu'il fallait les faire, n'est-ce pas ?
Et alors, à côté de ça, il y a des phénomènes nouveaux, des phénomènes de germination, d'adaptation de toute nature. Un exemple, à propos du chômage. Pour moi, ce qui est l'aspect dominant de la crise, c'est le chômage.
Bon. Je précise que je ne suis pas spécialement optimiste dans ce domaine, que la plupart des pays européens vont continuer à avoir de l'augmentation du chômage pendant encore bien des années. Mais néanmoins, il y a des adaptations qui se font. Et on n'en parle pas suffisamment de ces adaptations.
Il y a par exemple le fait que, de plus en plus, les travailleurs acquièrent la possibilité de choisir leur durée de travail. C'est vrai ça ? Eh bien écoutez, c'est tellement vrai que d'après les derniers rapports officiels, depuis une dizaine d'années, la moitié des emplois nouveaux qui ont été créés en Europe, ils ne sont pas très nombreux, ça se porte quand même sur des millions, n'est-ce pas ? La moitié des emplois nouveaux sont des emplois à temps réduit, pas tous, pas tous par libre choix, mais la grande majorité par libre choix. À la suite des négociations que vous avez eues avec la direction, le personnel...
tout entier refuse tout licenciement. Nous voulons que vous soyez tous avec nous et nous crions tous ensemble sur vous, notre emploi. Encore une entreprise en difficulté.
Cette fois, c'est une fabrique de pain biologique et de produits naturels de la région parisienne qui est touchée. Près de la moitié de ses 120 salariés risquent d'être licenciés. Oui, nous sommes en grève illimitée pour le moment.
On attend la direction, la décision surtout. Vous faites grève pour quoi ? et 45 emplois de licenciement. Mon intérêt, c'est que les ouvriers de cette entreprise travaillent, que l'entreprise gagne de l'argent et qu'elle se resitue le plus vite possible sur le marché.
C'est ça, mon intérêt. Et je le crois beaucoup plus dans une solution originale. que dans une solution à mesure un peu désespérée comme licenciement collectif.
Cinquième jour de grève. Quels seront les noms des 45 sacrifiés ? Le comité d'entreprise débat depuis le matin de la proposition de la direction. Plutôt que de licencier près de la moitié du personnel, pourquoi ne pas conserver l'ensemble des salariés à mi-temps ?
Alors, ça y est, c'est fait. En plein accord avec le personnel et les membres du comité, nous avons opté pour la solution du travail à mi-temps. Je pense que dans l'état actuel des choses, c'est pour nous la meilleure solution.
C'est une solution sage. La meilleure. Ça ne mettra pas certaines personnes au chômage, elles seront moins brumées, c'est un partage finalement.
Si elles s'améliorent, on réinségrera le personnel tout à coup dans le bas salaire. Sur quelle base salariale vous avez, grâce à l'hygiène ? Dans le chiffre des années. La situation sur la base, c'est 50%.
Et avec la prime, ça mène à 75%. On va essayer de ne pas toucher les bas salaires. C'est que les salaires les plus bas...
Une dizaine ou une quinzaine de personnes seront employées à temps complet. Et pour les petits salaires et les salaires au-dessus, on gardera le personnel à mi-temps. Je pense qu'on obtient le maximum de garantie.
Et la nouvelle organisation... va être mise en place dans les 15 jours. Et je pense que c'est une solution où tout le monde se sentira vraiment concerné. Et s'ils se sentent plus concernés, il y aura peut-être davantage de productivité dans l'entreprise.
Est-ce que vous allez redistribuer cette productivité aux salariés ? Quand les moyens nous le permettront, oui. C'est-à-dire qu'il faut d'abord assainir l'état financier de la société. Mais vous avez évité une grève ?
Vous gagnez déjà en évitant une grève ? Oui, bien entendu. Mais la grève, c'est la mort de l'entreprise.
Autrement dit, il fallait l'arrêter. Sinon, il y avait une... une troisième voie qui était que tout le monde disparaisse, l'entreprise aussi.
Et je pense que le comité l'a très bien compris. Trois mois après, le travail à mi-temps est devenu une nouvelle habitude. Comment organisent-ils leur temps libre ? C'est mieux qu'avant parce que ça nous permet d'avoir davantage de temps d'avoir un point de vue loisir, se détendre un petit peu, que de respirer toujours enfermé. on apprécie et financièrement comment vous en sortez ?
financièrement bien entendu ça baisse le pouvoir d'achat et c'est une question d'organisation à la base mais un cadre à mi-temps ça paraît pas très concevable vous restez vraiment à mi-temps ? Non, vous avez un peu raison, si vous voulez, dans la mesure où les journées sont longues pour un cadre qui travaille dans une PMI. Et je déborde un peu sur ce qu'on a coutume d'appeler le vrai mi-temps.
Michel Hopé, vous êtes président directeur général d'une moyenne entreprise. Tout ce qu'on vient de filmer, c'est du cinéma, c'est de la fiction. Pourquoi vous avez accepté de nous voir arriver ? Il me semble que c'est une fiction intéressante.
Parce que je crois que la... La proposition de solution est une proposition à la fois peu courante et qui serait de nature à aider à résoudre des problèmes difficiles que traverse momentanément une entreprise. Je crois que si cette fiction avait été réalité et que le comité d'entreprise ait vraiment choisi la solution dont nous avons parlé, je crois que les énergies, le taux de créativité, l'enthousiasme avec lequel... les gens seraient venus au travail, aurait permis sans doute de démontrer quelque chose d'intéressant. Oui bon, mais ça c'est imaginaire ça.
C'est imaginaire, mais il n'en demeure pas moins que même aujourd'hui, en France, dans la crise, il y a des tas de progrès nouveaux, d'innovations, qui permettent à des gens de mener une vie bien meilleure qu'avant. Il y a même des créations d'emplois nouvelles, auxquelles on ne pense jamais, qui sont... ce qu'on appelle des emplois du troisième secteur, des emplois de type associatif, culturel et tout ça.
Et moi, j'en connais un certain nombre. Je connais, par exemple, un de mes anciens camarades de l'ENA, un énarque, et un énarque de mon pays, d'un vieux pays, vous savez, traditionnel, qui est la Vendée, dont on croit que c'est un pays même un peu attardé. Ce type, il a fait des choses fantastiques. Il a fait des choses fantastiques parce qu'il est à la fois l'homme de l'association. l'homme de la tradition et l'homme de l'ordinateur.
Il est tout ça à la fois. J'étais élève à l'ENA et je suis parti parce que je m'y ennuyais. C'était en 1978. J'y suis revenu ensuite pour devenir sous-préfet, pour repartir parce que j'avais un rêve d'enfant que je voulais accomplir. Et ce rêve je l'ai accompli et il dure depuis six ans. Et ce rêve il consistait finalement à marier la tradition orale et l'ordinateur.
C'est à dire à mettre en valeur une histoire, un pays, un patrimoine avec les technologies les plus modernes. Le Puy-du-Fou, c'est aujourd'hui, bien sûr, la quadrifonie, le laser, l'électronique, le stroboscope, l'informatique, mais c'est surtout 30 000 habitants, originaires de 13 communes, 1 500 membres actifs dans l'association, dont 650 acteurs, qui jouent sur une scène de 13 hectares et qui accueillent chaque été 250 000 spectateurs, avec un budget, le budget de l'association du Puy-du-Fou, qui est de 1 milliard de centimes. Le spectacle a suscité une multitude d'activités où chacun a éveillé, épanoui une nouvelle passion.
Par exemple, Pierrot, qui est peintre en bâtiment, est devenu directeur des accessoires. On nous avait demandé de faire des lanternes. Comme on n'a pas d'argent, il fallait se débrouiller nous-mêmes.
On a trouvé... ces vieux bidons là et puis en faisant des gabarits on a réussi à faire une lanterne les bénéfices parce que le spectacle fait des bénéfices eh bien ces bénéfices là on les réinvestit pour recréer encore autre chose dans d'autres domaines c'est notre c'est notre... on fait ça comme ça pour le plaisir Jean-Marie qui dans la vie est plâtrier, préside en même temps au destiné de l'association.
Ah moi ça bouleversait complètement ma vie. Avant, si vous voulez, le domaine de la culture, de l'art, de la communication, je croyais cela uniquement... réserver une élite, des intellectuels, comme on dit. Chaque année, on va jusqu'à subventionner les pouvoirs publics, je dis bien jusqu'à subventionner les pouvoirs publics, et chaque automne, on crée une nouvelle activité, une nouvelle aventure.
On appelle ça, quand on vote notre budget, la part de l'économie. part du rêve. La part du rêve en 1981, ça a été pour nous une autre manière de communiquer, consistant à relier l'information au pays avec l'information sur le monde entier et finalement à mettre Beyrouth à portée de bocage et le tiers-monde à portée de générosité. Les titres de ce journal, Oslo, ville polonaise avec la remise du prix Nobel de la paix. Aujourd'hui, cette radio émet 24 heures sur 24, emploie 46 permanents.
avec en plus 150 bénévoles qui nous aident chaque jour, et touche 600 000 auditeurs grâce à 5 studios décentralisés en couvrant 5 départements. Notre radio est considérée comme la première radio régionale de France. Moi je préfère rencontrer, à ce qui ne me reste pas d'inconvénients, que Martin couvre au Bérou.
Cette aventure communautaire a scellé des destins tout à fait inattendus. Par exemple, Jackie Sabiron, qui présente chaque jeudi soir l'émission de musique classique, a commencé sa vie professionnelle comme boulanger. Personnellement, Je préfère l'interprétation dirigée par Colline Davis, parce qu'il y a beaucoup plus d'ampleur.
Colline Davis joue beaucoup avec les cordes. Nos différentes expériences nous persuadent que le loisir, la culture, la communication, secteur d'avenir, rejaillissent dès maintenant sur toute l'économie de la région. La différence de notre démarche par rapport aux grandes structures traditionnelles, c'est sa souplesse, sa rapidité. Les grandes structures traditionnelles sont inédites.
inapte au risque et à la création, parce qu'au fond ce sont des aventures qui ont réussi, mais qu'on a figé dans un droit écrit, alors que nous ce qu'on fait c'est de l'ordre de la coutume, ça bouge, ça avance tous les jours. La crise c'est pas seulement une révolution économique, c'est peut-être avant tout une révolution culturelle. En ce sens que si on veut, aujourd'hui, on peut créer et communiquer n'importe où.
Les nouvelles technologies, que ce soit la radio, la vidéo, la micro-informatique, sont à notre disposition. et elles sont par définition légères, souples, décentralisées et accessibles financièrement. Ce que nous avons fait, n'importe qui peut le faire en France aujourd'hui, n'importe où, et tous ceux qui comprennent cette nouvelle situation prennent ou prendront une longueur d'avance sur la crise. Un grand spectacle, un hebdomadaire, une radio, quelle est la prochaine étape ? J'ai très envie de faire une télé.
Écoutez, écoutez, Michel Albert, tout ça c'est bien gentil, c'est très bien, mais enfin c'est un petit côté quand même folklorique, bravo, mais la grande industrie, c'est ça qui m'intéresse. Qu'est-ce qui se passe ? Alors vous voulez qu'on vous montre une usine, mais auparavant, auparavant, je voudrais vous dire, il y a longtemps que vous n'êtes pas allé en Californie, mon temps ? Euh... Oui, à peu près deux ans, deux ans.
Bon, parce que je peux vous dire que là-bas, vous savez, la Californie, c'est redevenu une extraordinaire terre de création et de création d'emplois. Et bien des gens... Philippe de Villiers, quelques dizaines d'entre eux ont créé là-bas des milliers d'emplois.
C'est pas folklorique, ne croyez pas que ça soit folklorique aujourd'hui de créer des radios libres, de créer des universités populaires, de créer... Bien entendu. Je disais ça pour la question du spectacle.
Je suis pour le spectacle, bien entendu, l'électronique du spectacle. Il faut le faire. Au contraire, on trouve des choses merveilleuses. Bon, mais je me disais, très bien. Non, mais alors là, vous avez raison.
C'est vrai qu'il ne faut surtout pas faire diversion. Il ne s'agit pas de dire aux gens, en effet, avec le folklore, on s'en sort. Pas du tout.
Vous voulez qu'on vous montre une usine ? Eh bien, on va vous montrer une usine. Et une usine dans le bocage vendéen, au bord du bocage vendéen, tout près du Puy-du-Fou, dans ce pays dont tout le monde croit qu'il est encore arriéré, attardé, un pays de paysans. Vous allez voir Yves Montand, une usine de sortie de crise. Depuis 75 ans, la famille fabriquait des bateaux de pêche.
Or, son métier était celui de constructeur de bateaux. Or, pour ce métier-là, c'était le début de la fin. La meilleure preuve, c'est que depuis, il n'y a plus de constructeur de bateaux en France. Alors, la question se posait, est-ce qu'il fallait s'épuiser...
sur un secteur qui était mort ou est-ce qu'il fallait partir dans un nouveau secteur ? Là où nous avons eu de la chance, c'est que toujours dans le domaine du bateau, si le bateau de pêche classique en bois était mort, il y avait la plaisance qui commençait juste. La réaction de la troisième génération, ça a été de dire, ne nous épuisons pas sur ce qui est fini, mais par contre, puisqu'il y a ce créneau qui part, dans lequel on voyait quand même un très grand avenir, alors là, allons-y à fond. Ce premier choix fondamental, passer de la construction en bois au polyester, Annette Roux a dû le faire à l'âge de 21 ans, lorsqu'elle a repris la marge des chantiers bénétaux. De 1964 à ce jour, l'entreprise familiale est passée de 17 salariés à plus de 1000 et son chiffre d'affaires de 3 millions à 300 millions en francs constants.
Pour fabriquer un bateau de 6 mètres, il y a 2 ans, il fallait 250 heures de travail. Ils n'en font plus que 150 aujourd'hui. 100 heures de gagnés, et en plus, au lieu de licencier les chantiers bénétaux en bâche ?
Bien sûr, parce que si on n'avait pas gagné ces 100 heures, aujourd'hui il est probable qu'on ne serait pas là, ou qu'on serait en difficulté. Tandis qu'en ayant gagné... On a élargi notre clientèle, on a élargi nos marchés.
Vous êtes allé au Japon ? Bien sûr, nous sommes allés au Japon au printemps. Et ce qui m'intéressait au Japon, c'était de voir justement où en était la concurrence. Est-ce que ces usines n'étaient pas plus modernes que les nôtres ?
Est-ce que son personnel n'était pas plus productif que les nôtres ? Et on est allé partout où on trouve des gens dans notre secteur. Regardez leurs investissements, leurs établissements, comment étaient-ils ?
Alors, ils sont plus modernes ? Eh bien justement, ce petit tour, ça nous a... énormément rassuré parce qu'on n'a pas trouvé d'outil plus moderne que les nôtres.
On n'a pas forcément trouvé une manœuvre beaucoup plus active que la nôtre. Donc, quand on est conscient, quand on a vu, quand on a pesé le pour, le compte et qu'on a surtout pesé sa concurrence, on est beaucoup plus tranquille. Ce qu'il faut en permanence, c'est se remettre en cause en permanence. Mais ce n'est pas parce qu'aujourd'hui on est tranquille qu'il ne faudra pas regarder dans six mois parce que les choses évoluent très vite et peut-être que dans six mois il y en aura un qui aura grossi beaucoup plus vite. vite.
Des choix qui deviennent des réussites, des gains de productivité impressionnants, des ouvertures vers l'extérieur spectaculaires. Anne Etroux, c'est une samouraï vendéenne, un de ces entrepreneurs du troisième type qui fonce face au vent. Très bien, mais je continue à être l'avocat du diable. Dites-moi combien est en France de Beneteau ? Oui, en effet, on ne parle jamais des Beneteau.
Je suis sûr que la plupart des téléspectateurs n'ont jamais entendu parler d'une entreprise. aussi exemplaire que celle-là, c'est toujours la même raison. Les bonnes nouvelles ne sont pas des nouvelles.
On parle toujours dans la tempête de la crise des grands arbres qui tombent en catastrophe dans la forêt, mais on ne parle pas des petites pousses qui font des progrès printemps après printemps. En gros, ce qu'on peut dire, c'est qu'à peu près un tiers de l'industrie française est aujourd'hui, je ne dirais pas seulement compétitive, mais hyper compétitive. J'entends par là... que ce sont les entreprises qui augmentent et qui augmentent rapidement les exportations. Et vous savez, il y en a dans la plupart des secteurs, Yves Montand.
Moi, je vais vous dire, la première qui me vient à l'esprit, vous ne savez pas laquelle c'est, c'est l'entreprise Yves Montand. Est-ce qu'on vous avait expliqué que vous fabriquez des emplois, vous ? Ah ben non, c'est vrai.
Ah, vous ne le saviez pas, ça. Et vous pourriez m'expliquer comment vous faites pour fabriquer des emplois ? Ben, quand on part en tournée, je sais que j'ai amené... On est près de 40 personnes.
Nous étions 40 avec les musiciens, les machinaux, les électros, les camionneurs, les camions et tout. Eh bien, c'est déjà pas si mal. Oui, c'est vrai. Vous êtes donc un peu...
Tiens, c'est vrai, quand on me demande combien je gagne, on va me dire aussi combien je rapporte à l'État au point de vue de vie. Absolument, et en dollars. Attendez, mais c'est pas fini.
Oh mais, c'est adrien pour attendre. Attendez, c'est pas fini. Parce que des emplois vous en créez directement quand vous partez avec toute votre équipe en Amérique pour gagner des dollars.
D'accord, mais attention, ces dollars en rentrant en France, vous les versez à votre banque. Et ça signifie, ça, que le déficit extérieur de la France en dollars diminue. Alors, vous voyez, c'est un peu comme ça. Alors voyez-vous Yves Montand, ce qui fait la limite à la croissance, ce qui fait l'augmentation du chômage, c'est simplement le déficit extérieur. C'est ça la ligne rouge que nous n'avons jamais le droit de franchir.
C'est évident qu'en France aujourd'hui malheureusement il y a davantage de Talbot que de Beneteau si vous permettez. Et qu'est-ce qu'on va faire précisément pour cette question de Talbot par rapport à Beneteau ? Pour ça il faut penser européen. Il faut penser européen.
à peine le dire, n'est-ce pas ? Parce que les gens de notre génération, ils en ont tellement ras-le-bol d'une Europe embêtante, d'une Europe ennuyeuse, d'une Europe qui, je ne sais même pas comment l'exprimer, n'est-ce pas, est un flot de paperasse et de misérable chamaillage entre les différents pays. Mais pour vous montrer que ça pourrait être autre chose, il se trouve que j'ai eu l'occasion... d'en parler avec une équipe de jeunes. Et j'ai été frappé de voir ce que leur imagination à eux nous permet de montrer dans ce domaine, de nous permettre de montrer que non seulement c'est pas ennuyeux les affaires de l'Europe, si elle est faite, si on la fait, alors regardez.
Première visite officielle de la nouvelle présidente de l'Europe, Margaret Thatcher, aux Etats-Unis. Reçue par le président Reagan, Madame Thatcher s'est félicitée de la bonne coopération entre les Etats-Unis d'Amérique et les Etats-Unis d'Europe. Le président américain, lui, souhaite que l'Europe cesse de pratiquer des taux d'intérêt trop élevés. L'écu de notre monnaie nationale vient en effet de crever tous les plafonds à la bourse de Wall Street en cotant cette semaine 2,52 dollars. La banque centrale américaine a été obligée d'intervenir une nouvelle fois pour soutenir le cours du dollar.
À Aix-la-Chapelle, capitale de l'Europe, la conférence américano-soviétique sur le désarmement nucléaire en Europe pourrait aboutir rapidement. C'est ce que vient d'affirmer le représentant des États-Unis d'Europe qui préside cette rencontre. Les deux puissances semblent en effet sur le point d'accepter une importante réduction de leurs armements nucléaires stationnés sur notre continent, comme le souhaite une écrasante majorité d'Européens.
La dixième foire européenne d'informatique vient d'ouvrir ses portes à Paris. En vedette, le micro-ordinateur Biop 4, mis au point par le géant européen de l'informatique, Biop. Biop regroupe, vous le savez, les anciennes sociétés CLL, ICL, Olivetti et Philips.
Bihop occupe déjà 30% du marché mondial de l'informatique et espère, avec ce nouveau modèle, emporter les trois quarts du marché de la micro-informatique. Sur sa lancée, Bihop pourrait racheter prochainement une partie des actions de la firme américaine IBM. Plus de frontières pour le langage, grâce aux efforts conjugués des firmes Thompson et Grundig, la traducette s'améliore.
Indispensable maintenant à tous les Européens, la traducette va peser moins de 300 grammes. Pour les hommes, elle pourra s'accrocher à la ceinture et pour les dames, prendre place. Cinecitta, centre mondial du cinéma, dans les studios romains, le réalisateur Sergio Leone vient de donner cette semaine le premier coup de manivelle de sa gigantesque fresque historique, il était une fois l'Europe.
Une fresque qu'il a préparée pendant 10 ans. Pour ce film, Sergio Leone dispose d'un budget record de 40 milliards d'écus. Le tournage, qui va durer 3 mois, s'effectuera dans le plus grand secret. On sait simplement que Sergio Leone a choisi pour l'assister 2 réalisateurs américains, George Lucas et Francis Ford Coppola, qui viennent d'émigrer pour s'installer définitivement à Chinichita. Le quatrième congrès du syndicat européen des viticulteurs a rejeté la proposition du gouvernement de créer un fonds d'aide aux agriculteurs du tiers-monde.
Les viticulteurs ne reçoivent aucune subvention du gouvernement et leur syndicat estime qu'il n'a pas à financer. un tel fond d'aide. Les viticulteurs sont l'une des catégories professionnelles les plus riches d'Europe depuis le succès mondial du vinicola, la boisson qui est maintenant la plus consommée dans le monde et qui est un savant coupage de tous les vins européens, un coupage dont la recette est jalousement gardée secrète.
Le ministre de l'agriculture européenne, Andreas Papadreou, a qualifié la décision du syndicat d'égoïste. Il est du devoir des agriculteurs européens de venir en aide aux pays les plus pauvres, a-t-il déclaré. Voyez-vous, je ne sais si nous vous avons convaincus, mais moi je retire une idée de tout ça. C'est que finalement tout ce qu'on peut dire, tout ce qu'on peut faire, en définitive, c'est vous.
Et vous seul qui trouverez la solution. Il n'y a pas de sauveur suprême, il n'y a pas de super cahier. il n'y a pas de superman, c'est vous, prenez-vous par la main sachez ce que vous voulez, demandez-le voyons ce qu'on peut faire et avancez alors, ou on aura la crise ou on sortira de la crise et dans les deux cas on aura ce qu'on mérite voilà, excusez-moi d'être un peu comme ça, on arrive à la fin bonsoir et à bientôt Musique