[Musique] [Musique] chers amis bienvenue pour cette 6e et déjà dernière capsule sur notre websérie consacrée au travail du deuil et ce qu'il révèle aussi de notre existence humaine nous avons donc pour nous accompagner dans cette réflexion Jean-Michel lot qui est philosophe à l'université de Namur alors Jean-Michel lot donc toute cette investigation sur le deuil c'est parce que non seulement le deuil est quelque chose qui concerne chaque être humain mais a peut-être aussi une valeur de révélation de ce qu'est un être humain presque un existant mis à nu dans ce deuil puisque finalement on peut vivre avec beaucoup de qualités peut-être des identités qui nous rassurent mais au moment du deuil au moment de la perte au moment de devenir autre il y a peut-être quelque chose qui se révèle de ce qu'est un être humain ou de plutôt peut-être de ce qu'il est appelé à devenir si qui a une dimension dynamique à cette identité à ce qui est notre existence voilà donc exactement donc c'est ce qui m'intéressait au départ en tout cas c'était de voir comment on pouvait essayer de dire l'être humain mais pas simplement théoriquement sur base de de discours mais à partir d'une expérience relativement bien partagée alors pourquoi donc le deuil bah c'est ce que vous avez dit hein tout simplement parce que là les masques tombent donc quand vraiment on est bouleversé par la vie là on ne joue plus on ne triche plus là on est mis à nu et là tout d'un coup ben avec le recul quand on sort de ces moments périeux on peut se demander mais qu'est-ce qu'il restait de moi à ce moment-là que la vie n'a pas pu me prendre je peux tout perdre tout ce qui n'est pas moi je peux le perdre mais il reste quelque chose tant que je suis vivant en tout cas et cette chose qui reste je peut essayer encore de le dire et de le décrire et quand on est on fait cet effort ben il m'a semblé euh c'est c'est là que évidemment des discussions sont toujours possibles mais que dans le fond il y a trois découvertes euh trois dimensions de de notre être qui se révèle de manière criante alors la première c'est d'abord ce que on appelle habituellement en philosophie la fininitude humaine c'est-à-dire bah on découvre dans ces moments-là où on est démuni on n' pas pu voir venir l'événement on n' pas pu l'empêcher et on ne peut pas s'empêcher de souffrir éventuellement que nous sommes un être fondamentalement limité on voudrait bien être tout-puissant on voudrait bien maîtriser son existence on voudrait bien sortir des deuils le plus vite possible éventuellement he on en parlait mais en attendant ce qu'on découvre c'est que bien non ça ne se passe pas comme ça on est fondamentalement quelqu'un qui est fini qui est limité et qui aura souvent on en parle à travers la mort Ben qui aura à mourir évidemment et ce qui est il suffit pas simplement de de de le constater ce qui est intéressant par rapport à la thématique de deuil c'est quoi c'est que plus je reste néanmoins accroché à l'idée que je devrais être tout-puissant que je devrais être capable de tout surmonter dans ma vie et plus évidemment dans ces expériences je me rends malheureux parce que je constate que je n'y arrive pas toujours évidemment et donc ce que l'on découvre c'est que pas simplement je suis fini mais parce que ça c'est une idée de philosophe finalement enfin c'est une idée qui pourrait n'être qu'une idée de philosophe mais que si on veut vraiment se réconcilier avec cette finitude qui est la nôtre et bien il y a de fait un deuil à vivre à travers peut-être tous les accidents de la vie qui est ce deuil de ce désir de toute-puissance de cette ambition de la toute-puissance qui nous hant en permanence et que la culture d'ailleurs que la société nous nous renvoie en permanence c'est de faire le deuil de cette toutpuissance pour accueillir cette finitude qui est la nôre et plus je serai à l'aise avec cette réalité qui me définit et moins j'en souffrirai et plus je deviens pour reprendre une expression de canne digne pour le bonheur par contre plus j'exige que pour être heureux il faut que je sois tout-puissant et plus je suis déjà en train évidemment de rendre le bonheur impossible puisque personne n'est toutpuissant bien évidemment donc ça c'est la première découverte c'est cette finitude qu'il nous faut apprivoiser qu'il nous faut apprendre à accepter et puis vous en avait une deuxième de découverte c'est dans les relations on disait que dans les deuils c'est vrai bah voilà les autres peuvent venir à décéder nous trahir ou bien nous regarder autrement parce qu'on a changé soi-même ce que l'on découvre dans toutes ces modifications de nos relations c'est que quand bien même on veut être proche des autres quand bien même on veut s'entendre bien en tout cas avec ceux que l'on aime et bien une chose qui se révèle à chaque occasion de deuil c'est que malgré ces relations privilégiées et malgré cette proximité les autres nous échappent toujours j'ai beau aimé quelqu'un il peut toujours me trahir j'ai beau aimé quelqu'un il peut toujours mourir évidemment sa vie ne m'a jamais appartenu et on dira par conséquent que ce que l'on découvre là hein c'est en philosophie on parle de l'altérité si on veut le dire de manière plus existentielle peut-être en tout cas un aspect c'est de dire donc tout simplement ben que nous sommes et nous découvrons nous sommes fondamentalement une solitude alors faire attention parce que le mot est peut-être ambigu solitude ça veut pas dire qu'on est tout seul sur une ile évidemment donc ça c'est ce qu'on appelle l'isolement de façon plus générale donc la solitude c'est nous sommes des êtres de relation hein on en a parlé suffisamment nous avons besoin de vivre avec les autres mais malgré le fait que nous nous nourrissions des relations avec les autres il n'empêche nous nous confondons jamais avec eux il reste des autres à part entière et donc dans ces relations elles-mêmes et bien nous demeurons une solitude et l'autre qui nous échappe toujours demeure une solitude aussi par conséquent donc les deuils on voudrait bien ne faire qu'un à deux avec la personne aimée ou avec nos enfants qui sont la chair de notre chair ben ce qu'on découvre c'est que nos enfants c'est pas nous ce qu'on découvre c'est que notre conjoint c'est pas nous ce qu'on découvre c'est que donc dans toutes ces relations que nous avons même quand ellees se passent merveilleusement bien nous restons toujours seul à être nous face aux autres plus on se réconcilie avec cette solitude et plus ce que vous faites c'est donner de la liberté aux autres plus au contraire on veut fusionner on refuse cette solitude ne pas être seul être aimé par les autres et plus vous prenez en otage les autres dans vos attentes et plus les relations deviennent désespérantes pour avoir du bonheur dans les relations il faut d'abord évidemment se réconcilier avec cette solitude et puis vous avez un troisième élément qui apparaît aussi c'est que la vie peut tout nous reprendre et si la vie peut tout nous reprendre malgré le fait qu'on est tout fait pour éviter les catastrophes et bien cela nous enseigne une chose de ce que nous sommes et de ce qu'est la vie qui nous traverse c'est que la vie est fondamentalement c'est le mot qu'on utilise elle est fondamentalement incertitude elle est donc ce qui peut tout nous enlever absolument tout ce qui n'est pas nous peut disparaître du jour au lendemain bien évidemment et cela si on veut être heureux de nouveau et bien il faut apprendre à l'accepter pourquoi parce que plus je vais exiger de la vie qu'elle me donne ce que soi-disant elle me doit plus je vis dans la de y m dû hein toute une série de choses plus je ne peux être que déçu par une vie qui n'a que faire de me donner ce qui évidemment m'est dû et par conséquent et bien c'est le début du malheur donc pour pouvoir être heureux c'est de me libérer de cette exigence que des choses me soient dues pour accepter que rien ne m'est dû fondamentalement alors évidemment une précision tout de suite on pourrait dire B mais votre bazar là votre description de l'être humain non seulement c'est pessimiste mais ça conduit à une espèce de résignation finalement accepter d'être fini accepter que les autres soit pas moi accepter que a rien qui m'est dû si vous acceptez que rien ne vous a dû donc il faut tout de suite rajouter ceci pour comprendre un peu que en fait c'est éminemment positif on dira que vous êtes dans quelle posture vous êtes dans la posture où vous acceptez que rien ne vous a dû mais en attendant on a quand même envie d'être heureux évidemment et bien quand vous êtes dans cette déchirure là où j'ai envie d'être heureux j'ai envie que les gens que j'aime soient heureux et néanmoins je sais que le bonheur ne l'aurait pas dû pas plus à eux qu'à moi et bien ça se traduit quand vous acceptez cette finitude solitude incertitude ça se traduit par le fait que du coup et bien bougeonsnous donc quand on est dans la résignation cela signifie qu'on refuse en fait l'incertitude moi je veux bien vivre mais pourvu que tout me soit dû et si c'est pas le cas bah alors tant pis je baisse les bras mais donc je reste dans évidemment la nonacceptation que rien ne me soit dû et je reste toujours hanté par ce rêve que la vie ne vaudrait la peine d'être vécu qu'à la condition que tout me soit dû évidemment par contre quand vous avez fait ce deuil ben il y a rien qui m'est dû mais non moi j'ai envie d'être heureux simplement je sais maintenant que c'est pas parce que j'ai envie d'être heureux que ça va se réaliser et bien c'est une invitation enfin ça se traduit concrètement et il y a des gens qui qui incarnent ça très bien donc ça se traduit par le fait que bien il faut se bouger pour être heureux et donc c'est une invitation non à la résignation mais à l'action et puis la deuxième chose à préciser quand même c'est que quand on essaie de voir quand on a été heureux et bien on se rend compte que dans le fond le bonheur est toujours lié à l'incertitude donc quand j'ai ce qui me revient de juste droit on dira juste bah c'est normal que je l'ai par contre quand on vit des moments en sachant que on peut on rien ne justifier qu'on le vive ça nous est donné comme par surcroix si vous voulez et bien c'est vrai que à ce moment-là souvent les mercis qu'on reçoit les cadeaux qu'on reçoit de la vie parce qu'on sait qu'on aurait très bien pu ne pas les avoir c'est d'autant plus merveilleux et à ce momentl on le vit véritablement comme un bonheur donc souvent on redevient disponible pour le bonheur quand on a fait ce deuil de la toute-puissance du désir de la fusion et de cette envie que tout nous soit dû dans la vie mais voilà ça c'est une très belle morale tout à fait à mon avis existentielle et et et digne d'être à mon avis vécu puisque finalement si on laisse faire épuiser le deuil du du ça n'empêche pas de recevoir du don et d'entrer dans cette dynamique et cette logique de gratuité où peut-être plus de choses nous arrivent donné que celle que nous cherchions à à acquérir avant et à prendre dans le du donc merci Jean-Michel lou de de nous avoir ouvert par ce chemin peut-être un peu escarpé du deuil une une toute une morale toute une manière de vivre la vie humaine selon la dynamique du don merci à vous chers internautes chers amis merci de nous avoir suivi pour cette websérie consacrée au deuil avec Jean-Michel longnau philosophe de l'Université de Namur et on vous dit au revoir pour de prochaine séquence sur la Web TV des Dominicains de Belgique au revoir [Musique] merci