Bonjour à vous. Alors nous reprenons ce qui est en termes de PowerPoint l'avant-dernier cours, mais c'est un cours de synthèse de ce que nous avons vu aujourd'hui, jusqu'à présent, pardon. Et ensuite il y aura le dernier cours que je ferai en deux temps, très certainement, donc pour ouvrir sur l'avenir de ce qu'il est possible de faire pour ne pas recommencer les erreurs du XXe siècle.
et partir d'un nouveau pied, si j'ose dire, vers ce qui peut être appelé le projet urbain de développement durable. Mais nous allons voir ça donc au prochain cours. D'ores et déjà sur ce cours de synthèse va s'esquisser ce qui va conduire en réalité à l'approche que je vais vous proposer.
La perspective que je vais vous proposer sur le XXIe siècle, on la voit se dessiner dès la fin du XXe siècle, lorsqu'en fait on essaie de passer du projet d'urbanisme moderne, des CIAM, c'est-à-dire des congrès internationaux d'architecture moderne, l'urbanisme du début du XXe siècle tel que l'a défendu le Corbusier sous la forme de la charte d'Athènes. et y compris les amendements critiques du Timten, qu'on a vu ensemble, le Mirail étant leur plus grande réalisation, qui malgré tout, on l'a vu, s'inscrit dans les grands principes de cet urbanisme moderne. Donc nous partons de cet urbanisme moderne et nous allons aller vers ce qu'on a appelé à la fin du XXe siècle le projet urbain.
Projet urbain, donc on peut dire contemporain. Qu'est-ce qui change en fait ? Et qu'est-ce qui ne change pas ?
C'est là toute la question. C'est ce que nous allons voir lors de ce récapitulatif, en quelque sorte, cette synthèse très écrite de ce cours. Donc nous allons lire ensemble, en fait, surtout le texte, qui de toute façon vous a déjà été communiqué, mais on va le lire pas à pas, et je vais commenter éventuellement les questions qui pourraient être plus difficiles. pour vous immédiatement et avec quelques images mais que je ne m'attarderai pas à commenter. Alors commençons par définir ce que l'on entend par projet urbain.
Alors ça vous paraît évident mais le projet urbain n'est pas le projet d'urbanisme moderne. Et on va voir la distinction. Donc le projet urbain...
est un projet de ville. Je décompose souvent les mots comme ça pour donner une idée de leur étymologie fondamentale, puisque vous comprenez bien que le mot projet est constitué de... finalement veut dire jeter en avant de soi.
Un projet. Donc on jette en avant de soi une ville, un projet. Et il y a bien des manières de jeter en avant de soi un projet, ici le projet urbain.
Donc le projet urbain est un projet de ville dont les paradigmes fondamentaux restent essentiellement techniques et conformes à ceux qui ont présidé au premier urbanisme moderne, et on l'a vu également aux œuvres critiques et réformatrices du Timten. A savoir, 1. La distinction sujet-objet, c'est-à-dire le territoire, voire la géographie humaine, le territoire humain, conçu comme objet du sujet concepteur, l'architecte urbaniste. Et le sujet concepteur et le territoire habité et les hommes avec sont conçus comme l'objet de l'urbanisme. Donc rapport, distinction.
Et relation sujet-objet, l'objet étant subordonné au sujet. Deuxième distinction qu'on avait faite au début de ce cours, c'est la distinction conception-exécution. De la même façon, ici, alors que dans la nature, la conception et l'exécution sont indistinctes, de la même façon d'ailleurs que le sujet et l'objet, rappelez-vous, l'arbre est sujet et objet de lui-même, l'arbre se... se conçoit et s'exécute, si l'on peut dire, simultanément, indistinctement, comme vous, vous avez grandi quand vous étiez... plus jeune, et peut-être encore aujourd'hui.
Donc conception-exécution, distinction et subordination de l'exécution à la conception, et donc cette conception à une échelle donnée, à laquelle les réalisations futures seront complètement assujetties, c'est-à-dire subordonnées, et l'exécution doit être rigoureusement conforme dans l'idéal technique. rigoureusement conforme à la conception. Troisième terme, troisième distinction, c'est la distinction très classique en philosophie pour caractériser le technique, c'est la distinction fins et moyens, les moyens étant subordonnés à la fin. En fonction de la fin à atteindre, on en prend les moyens, comme on dit. Mais vous vous souvenez bien que si vous regardez un arbre, ou une ville, ou un enfant, ou vous-même.
Vous ne pouvez pas distinguer dans les faits de nature, comme ça, vous ne pouvez pas distinguer ce qui est fin et ce qui est moyen. Et donc ici, dans le projet urbain, c'est la distinction des moyens et des fins, c'est la planification comme fin, ce que l'on dessine, c'est la fin, et qui assujettit les opérations de construction en vue de cette fin. Et enfin, quatrième terme, c'est la distinction espace-temps, dont j'ai beaucoup plus parlé, je crois, et la subordination du temps à l'espace d'une parfaite prévisibilité.
Vous vous souvenez d'une parfaite planification, que ce soit un planning spatial. Dans tous les cas, on réduit ce qui est temporel à l'espace synoptique, que l'on voit d'un seul coup d'œil. d'une parfaite prévisibilité, c'est donc la subordination d'un temps programmé à l'espace du projet. C'est le temps comme moyen et l'espace comme fin, en d'autres termes.
Donc vous avez ça sous les yeux et vous pouvez revenir à ce PowerPoint sans cesse, mais je vous avais de toute façon communiqué ce texte synthétique qui dit l'essentiel en vue de la synthèse. et des perspectives que nous allons ouvrir au terme de ce cours. Bon, pas de commentaire, on avait vu cette image, c'est le chemin de grue qui est complètement emblématique, si vous voulez, symbolique d'un certain mode de production, non seulement de l'architecture, mais ici, comme vous le savez, c'est le Mirail, c'est l'architecturbanisme, c'est-à-dire c'est l'architecture et la ville indistinctement, tout ça est géré, produit par le chemin de grue, vous voyez l'acte technique. qui produit cette ville qui devait être idéale pour 100 000 habitants. Donc, toujours dans le rappel, nous revenons à cette distinction, j'y insiste beaucoup parce que chaque année, je vois que ce n'est pas tout à fait bien compris, c'est un peu conceptuel, un peu technique, comme on dit en philosophie, pour le coup, mais c'est un outil conceptuel pour bien distinguer, bien saisir, pour voir que vous puissiez vous saisir de cette...
outils d'analyse. Donc ces lois propres au paradigme technique de distinction et de subordination, on retrouve l'objet ville ou le pays est distinct et subordonné au sujet planificateur. D'une exécution on vient de le voir là, donc je reprends pour y insister encore, une exécution selon les process industriels qui est distinguée et subordonnée à la conception abstraite du projet.
Et ensuite, vous avez une distinction et une subordination des moyens en général à une fin formelle, idéale et définitive, le plus souvent. Et quatrième point, vous avez une distinction et une subordination, vous voyez, c'est toujours le même schéma. On distingue ce qui, dans la nature, encore une fois, est indistinct. Le process technique, le paradigme technique, distingue et subordonne le temps qui est réduit ainsi au programme d'une horloge à l'espace d'une parfaite prévisibilité. Et tout ceci, en fait, c'est, selon la thèse que je vous propose, ce qui a mené aux dérives et au mal-être propre.
à ce qu'on a appelé l'urbanisme moderne dans ses aspects les plus mortifères. Donc cet urbanisme que je disais mortifère, vous comprenez bien ce mot-là, il y a mort dedans, c'est-à-dire c'est le contraire de vivifiant, qui donne envie de vivre. Vous savez que Louis Kahn disait qu'on devrait construire des villes de telle sorte qu'un enfant y entrant, dans cette ville, ait envie de grandir. Ben voilà, le problème est posé, le programme est posé, et c'est à peu près...
Le contraire exactement que l'on a fait par un très important de l'urbanisme au XXe siècle après-guerre, d'où ce terme de mortifère. C'est cet urbanisme mortifère que l'on a stigmatisé sous les termes de ségrégation des hommes. Donc c'est le contraire de la mixité sociale et générationnelle, c'est une forme de ségrégation. La ségrégation des territoires. qu'on a appelé dans l'urbanisme moderne, avec le Corbusier et la Charte d'Athènes, le zoning, le fameux zoning, classification des territoires, des fonctions et finalement des hommes.
Troisième point, on l'a stigmatisé aussi sur le plan des fonctions, puisque je disais le zoning découpe le territoire par fonction. Or aujourd'hui, on s'est rendu compte... que la ville c'était tout le contraire, c'était la mixité, le mélange de toutes les différences possibles pour multiplier les échanges. C'est donc du fait de ce mélange éviter de séparer les zones, de fracturer la ville en zones étanches les unes aux autres, donc rendre par la circulation et en évitant les barrières. ou les limites telles que, par exemple, une rocade ou les choses les plus infranchissables, si vous voulez, la séparation et l'enclavement de territoires différents.
Et c'est enfin la mixité dite fonctionnelle, c'est-à-dire le mélange des fonctions, c'est-à-dire l'habitat, l'activité, les bureaux, les commerces, le plus possible des choses qui soient compatibles. Évidemment, les grandes industries, ces vaisseaux, polluantes, etc., gagnent pour le coup. à respecter une certaine mise à distance. Évidemment, il ne faut jamais interpréter les choses d'une manière trop radicale.
Nous sommes dans le maniement du concept. Et comme j'ai dû déjà vous le dire, attention, le concept, ça vise à opposer les choses, à les distinguer pour mieux les comprendre et pouvoir s'en saisir. Mais dans la réalité, la vraie vie, la nature, tout est dans tout. On rejoint d'ailleurs le...
Là on procède techniquement, vous êtes d'accord, puisque nous passons notre temps à distinguer et à articuler les choses, voire à les subordonner, à les hiérarchiser pour essayer de mieux comprendre les choses, tandis que dans la nature, conformément au paradigme naturel, je le dis depuis le départ, tout est en fait confondu, tout est dans tout. Donc attention à ne pas appliquer rigoureusement... Les schémas idéologiques, ce qu'on a fait au XXe siècle, en fait, c'est là le drame, des visions conceptuelles, des oppositions radicales, blanc et noir, bien, mal, etc.
Parce qu'en réalité, dans la réalité naturelle, si vous voulez, tout est dans tout. Ainsi, opérant une abstraction du devenir urbain, social et humain, ces trois aspects, il y en a d'autres, mais ce que nous avons vu, c'est que ça contribue à opérer une abstraction du devenir urbain, social, humain, et c'est ce qui est le plus problématique aujourd'hui. Donc ça engendre des villes qui sont incapables de se renouveler par elles-mêmes, comme le faisaient les tissus urbains plus anciens, le métabolisme des... tissu vierge des voies, si vous voulez, du parcellaire qui permet à la ville ancienne de se renouveler sur elle-même.
Là, ça n'est plus possible dans les ZUP de ces années-là, d'après-guerre. Et d'où les politiques, on l'a vu lors du dernier cours, d'où les politiques publiques dites de renouvellement urbain, les politiques de la ville, donc, ou de développement sociaux urbain, qui sont dites de renouvellement urbain. Et finalement, aujourd'hui, nous y sommes encore. La démolition et reconstruction systématique par l'Agence nationale de rénovation urbaine, donc l'ANRU, le RU voulant dire rénovation urbaine, on en a parlé au dernier cours. Voilà une photographie prise par Lucien Krol, pour ceux qui ne le connaissent pas, c'est un architecte, un peu anarchiste comme moi, et très très engagé historiquement, c'est un grand-père pour moi, il est beaucoup plus âgé, et engagé historiquement dans ce qu'on appelle l'habitat participatif.
Donc c'est un Belge, nous l'avions reçu pour une conférence, et c'est un homme tout à fait remarquable et passionnant à écouter. Et donc, évidemment, cette photo est prise pour montrer ce qu'il ne faut pas faire de son point de vue, et je dois avouer qu'il est le mien également. Un pur produit de la production rationnelle industrielle du logement d'après-guerre, ou que ce soit d'ailleurs, c'est à peu près le même visage à peu de choses près.
Alors, nous le disions, ce type d'architecture et d'urbanisme, donc on l'a vu au cours précédent, est à la fois perçu par des adjectifs assez caractéristiques, assez significatifs. J'ai parlé de mortifère, mais là ce qui est souvent utilisé, c'est carcéral et criminogène, c'est-à-dire qui engendre le crime. Et ceci, d'où vient cette perception, et cette perception très sensible, c'est-à-dire quasiment perçue comme le réel pour les gens qui y habitent, c'est du fait d'un rationalisme, et rationalisme abstrait bien sûr, de toute autre chose que la rigueur rationnelle, donc un rationalisme et un manque d'humanité propre au monde des productions industrielles.
où les hommes ne se sentent plus des hommes, d'où les expressions très courantes, les expressions populaires. Dans nos pays, on appelle ça les cages à lapins. Dans d'autres pays, en Amérique latine, en Argentine, on appelle ça les boîtes à chaussures. Il y a tout un tas d'expressions de ce type-là, sur les murs du Mirail, on ne vous loge pas, on vous stocke. ou bien architectes bourgeois technocrates.
Donc vous voyez les accusations et les appels au secours que je vous ai montrés, donc inscrits sur les murs même des cités que nous avons produites. Toute la société des commanditaires en fait, et dont les architectes participent, pour y loger en masse les gens à cette époque. D'où le sentiment des populations qui y vivent.
le sentiment de relégation, on dit, et de victime de la ségrégation socio-territoriale, ségrégation sociale et territoriale, vous comprenez bien ce mot, et la concentration à terme de la misère urbaine et finalement humaine qui a été déplacée dans les années 60-70 des centres anciens aux périphéries urbaines. auxquels se sont ajoutés ensuite les immigrés, notamment d'Afrique du Nord, rapatriés puis immigrés, dont on ne voulait nulle part ailleurs que dans les U.P. C'est-à-dire que progressivement s'est opérée, on l'a vu ensemble, cette concentration par une sorte mécanique de ségrégation.
par l'argent, par tout un tas de phénomènes qui ne sont pas nécessairement diaboliques, il n'y a pas lieu d'être complotiste, même s'il y a souvent des politiques qui sont mises en accusation de ce point de vue-là. Mais enfin, de fait, la misère urbaine, sociale et humaine s'est trouvée peu à peu concentrée dans ces fameuses ZUP de l'époque. Alors, que va faire le projet urbain par rapport au projet d'urbanisme moderne et la façon dont il s'est développé sur la base de ses grands principes, finalement, après-guerre ? Vous voyez, c'est intéressant de remarquer ce décalage, en fait, entre l'évolution des théories, je vous l'ai dit, à partir du CIAM d'Odysdon, à partir des bonnes questions que posait le Timten.
le début d'une remise en cause dans les années 50, mais c'est précisément à partir des années 50 qu'on a commencé à construire, et on va dire même plutôt à la fin des années 50, qu'on a commencé à construire en masse. selon ces principes dont on par avant ne voulait pas trop entendre parler de l'urbanisme moderne du début du siècle il y a un décalage évident ici entre la théorie et puis la la propagande de ces théories et puis la manière dont culturellement elle va s'imposer mais avec un décalage relativement important puisqu'on peut dire que bon il est un décalage de 30 ans enfin tout est relatif alors le projet urbain va vouloir guérir ses maux de la ville, corriger le tir en quelque sorte, et il va essayer de réintégrer à ce paradigme fondamental qui reste le sien, la planification, le mode technique de production de la ville. C'est fondamentalement celui qui va continuer à régner jusqu'à aujourd'hui. et notamment dans ce qu'on va appeler le projet urbain. Donc ce paradigme fondamental qui est le paradigme technique qui a présidé à l'urbanisme moderne dans sa forme initiale, il va falloir y réintégrer tout ce qui en a été exclu, c'est-à-dire des problématiques exogènes, pardon pour le vocabulaire, des problèmes, des questions.
externes à ce paradigme-là, donc l'homme est une problématique exogène, pardonnez-moi, et des questions qui sont pratiquement antinomiques avec les principes même de l'urbanisme moderne, puisqu'il s'agit de réintégrer la multiplicité des hommes, le temps, donc la participation, et la résistance des choses, donc tout ce qui en a été exclu, il va falloir le réintégrer, nous allons regarder ça de très près. Alors que le projet moderne postule la table rase, le projet urbain va tenter de tenir compte du déjà-là. Il devient reprise du tissu urbain plutôt que tissage gris, hippodamienne, orthogonal, imposé au territoire en le niant totalement.
Alors, vous vous souvenez que c'était déjà dans les idées du Timten, mais il n'a pas su le mettre en œuvre du tout. Bon, alors, le déjà-là, tenir compte du donné, du déjà-là, de ce qui résiste, de ce qui existe. avant le projet. Deuxième point, alors que le projet moderne suppose l'unité d'un sujet concepteur, le grand urbaniste, selon Corbusier, ou l'artiste pour le peuple, selon Hannes Meyer, le dernier directeur du Baros, c'est-à-dire le demi-urge, rien d'autre que le demi-urge de Platon, c'est-à-dire une figure quasi divine de l'architecte qui voit tout de haut, si vous voulez. Le projet urbain, lui, implique au contraire la concertation des acteurs au pluriel et la négociation, terme essentiel, la négociation de chaque décision essentielle.
Alors ça c'est la théorie bien sûr, dans la réalité on s'aperçoit que le paradigme technique a la vie dure, ou plutôt est extrêmement rigoureux et profondément raciné dans notre culture et dans notre manière de faire. Mais dans la théorie du projet urbain, il s'agit bien de réintégrer la négociation, la participation de l'ensemble des acteurs et notamment des gens qui sont déjà là et également des futurs habitants. Là aussi, vous aviez dans le groupe du Timten, il y avait Giancarlo Di Carlo, l'italien de l'équipe, qui a été très engagé dans la question de la participation. participations architecturales et urbaines. Donc il y avait déjà des prémices qui allaient dans ce sens-là.
Troisième point, alors que le projet moderne fait abstraction du temps, le projet urbain, lui, va sans cesse essayer de le réintégrer, de réintégrer cette variable temporelle, cette temporalité qui nécessairement réduit d'autant la prévisibilité formelle du projet. Si on réintègre le temps, le projet ne va pas être intact. Il ne va pas pouvoir subsister comme si le temps n'existait pas, et il va forcément être amendé et évolué dans le temps du projet.
Voilà déjà trois points. Alors, petit intermède, là je vous montre un exemple qui est assez important, assez connu, qui est l'exemple de Louvain-Laneuve. c'est-à-dire de l'université catholique de Louvain-Lanovre et toute la ville qui a été conçue ex nihilo, mais selon les principes dans les années 70, dit du projet urbain de cette époque, c'est-à-dire la préoccupation de...
Alors, il y a la construction sur dalle ou l'enterrement systématique des parkings qui reste toujours, donc encore une fois, inspiré de l'époque du Timten. On est dans cette mouvance, il y a une certaine continuité, vous voyez, pour mettre les voitures dessous et rendre la ville aux piétons. Mais vous avez en même temps une préoccupation d'échelle humaine, encore une fois on retrouve les idées de Carl-Édith Josy-Court, et de revenir vers les qualités de la ville ancienne, on pourrait dire.
Mais tout ceci est fait selon le process technique. C'est-à-dire que tout est planifié, tout est longuement réfléchi, mûri, il y a une spéculation, il y a tout un travail qui est fait à Louvain-la-Neuve pour essayer de produire la ville idéale, idéalement urbaine. Et il y a des gens qui ont énormément travaillé, j'ai bien connu Jean Rémy qui est décédé l'année dernière malheureusement, qui était professeur économiste, juriste, urbaniste, professeur à Louvain-la-Neuve. après avoir été à Montréal, et qui a beaucoup travaillé sur ce projet de ville pour essayer de faire une ville qui soit, vous le voyez bien, tout à fait différente, formellement en tout cas, différente des grands projets dits d'urbanisme moderne de l'époque héroïque, de la charte d'Athènes.
La question va être... des moyens de production et de l'importance, la pénétration en fait, l'intégration réellement des grands aspects de ce que nous avons appelé le paradigme naturel dans cette façon de faire la ville. Voilà, donc là vous avez un aperçu de Louvain-le-Veuve, vue du ciel, et puis on verra une autre image un peu après.
Donc on continue. En opposant toujours, je vous le rappelle, on est en train de poser la distinction entre le projet d'urbanisme moderne et le projet urbain. Alors que le projet d'urbanisme moderne fait table rase du passé pour inventer une ville nouvelle parfaitement fonctionnelle, il y a bien la fonction, le fonctionnalisme, le projet urbain, lui, veut réintégrer le déjà-là. On a vu les traces de la mémoire. et la mémoire des formes urbaines préexistantes.
On développe l'idée du déjà-là. Alors que le projet urbain tient les habitants, cinquième point en quelque sorte, vous retrouvez le rythme toujours de la phrase, alors que le projet d'urbanisme moderne tient les habitants comme le territoire sur lequel il est projeté, comme objet, substrat, passif, la matière en quelque sorte du projet, le projet urbain, lui, prévoit la concertation, voire la participation des habitants et usagers du territoire, ce qui met en question nécessairement l'unité de conception du projet. La parfaite unité d'une seule pensée, comme disait le Corbusier, du projet d'urbanisme moderne conçu par le demi-urge, le grand urbaniste ou le grand architecte urbaniste, comme disait Woods, de l'équipe du Mirail.
Séquence à nouveau, donc sixième point si l'on veut. Alors que le projet d'urbanisme moderne s'entend, ne distingue pas l'échelle urbaine de l'échelle architecturale. Je viens de faire référence à Woods et à son architecte urbanisme.
Fusion et une continuité affirmée et revendiquée de l'architecture avec l'urbanisme. Donc alors que le projet moderne ne distingue pas l'échelle urbaine de l'échelle architecturale, En postulant une continuité de conception du territoire jusqu'à l'habitat, l'architecture urbaniste de Woods, le projet urbain, lui, distingue les échelles d'intervention du point de vue du temps et du point de vue des acteurs. Ici une mauvaise image d'une rue de Louvain-la-Neuve, cette fois vue à hauteur d'œil avec ses magasins. Alors là on sent bien l'effort par la continuité, par l'amitoyenneté.
par le rendre le vide, l'espace vide de la rue aux piétons, aux échanges, etc., qu'on est retourné dans les années 70, on a voulu revenir et tirer les leçons de la ville ancienne, antérieure à l'époque moderne, pour en retrouver les qualités dont évidemment plus d'un était nostalgique quand on voit les réalisations de la reconstruction d'après-guerre. Donc là, vous voyez une rue qui est, somme toute, nous paraît, enfin me paraît, viable, chacun appréciera, à Louvain-la-Neuve. Petit clin d'œil, sans vouloir être désobligeant pour la mémoire de Jean Rémy, je me souviens toujours de cette anecdote que j'avais trouvé très significative, c'est pour ça que je vous en parle, d'un séminaire que j'avais organisé à l'époque de la revue Poésis. où il y avait notamment Jean Rémy de Louvain-la-Neuve, et il y avait également Pierre Sansault, également décédé, malheureusement sociologue, philosophe de la ville, bien connu, qui a écrit la poétique de la ville.
Et qui... Alors Jean Rémy avait fait l'exposé, la présentation du projet et de Louvain-la-Neuve, en fait, déjà fort avancé. Et Pierre Sansault...
était intervenu en suivant pour dire qu'il avait trouvé ça tout bien réfléchi, tout ça très très honorable et bien fait dans les détails, et pour ça il félicitait vraiment les gens qui ont présidé à la réalisation de cette ville, et puis après son grand couplet sur les compliments, il a terminé en disant mais qu'est-ce qu'on s'emmerde ! Donc ce qui était une... une condamnation en comparant Louvain-la-Neuve à Manhattan, New York, et l'explosion d'énergie, une sorte de phénoménologie, si vous voulez, de phénomène de Manhattan, qui exprime une vitalité, une puissance et une énergie qui renvoient à ce que j'ai appelé la physis, enfin ce que les Grecs appelaient la physis, c'est-à-dire la nature, l'explosion de la nature, qui est en l'occurrence celle du capitalisme. américain du milieu du 20e siècle, ou même des débuts.
Mais c'est une nature tout de même, c'est une énergie en quelque sorte, qui s'y exprime. Donc en réalité, la vraie question, peut-être faudrait-il chercher, c'est du côté de l'énergie, et d'où vient cette énergie ? Eh bien, elle vient des vivants, donc on renvoie cette figure du fleuve et de son lit, des vivants et des murs, si vous voulez, cette dualité qui fait la ville. Lorsque la ville, aussi pleine de bonnes intentions, soit-elle, a été entièrement calculée, si j'ose dire, réfléchie, mesurée, telle que l'a été Louvain-la-Neuve tout autant, mais d'une manière très différente que l'a été le Mirail, eh bien, à la fin...
Nous avons bien produit, même s'il y a de la concertation, beaucoup de réflexion de ces planificateurs, de ces concepteurs, nous aboutissons à un projet technique. Et ce projet technique, le problème, c'est bien de lui donner une vie propre. Et cette vie propre, aussi longtemps que les habitants, les vivants, si vous voulez, ne seront pas pleinement investis dans le développement de leur ville, nous n'arriverons pas à... à ce que ces villes-là soient l'expression même de cette société vivante. Donc, c'est la problématique de la morphogénèse du mode de production de la ville entre nature et technique.
J'y reviens, commentaire un peu plus long sur cette diapositive, mais je m'arrête là et on va enchaîner sur la synthèse du cours. Donc si on analyse le projet urbain, dont Louvain-la-Neuve, je vous ai montré, est un exemple, un exemple qui était très en avance à l'époque, dans les années 70, mais depuis il y a une tendance générale à aller vers ces objectifs dits du projet urbain. Et donc il est remarquable que ces inflexions par rapport au projet moderne... et au mode technique de production de la ville, ses inflexions, ses ouvertures, ses adaptations, il est évident qu'elles tendent à s'éloigner des rigueurs du paradigme technique industriel, dont le premier urbanisme moderne est la traduction dans le domaine de l'urbanisme. On ne peut pas mieux faire, si j'ose dire.
On peut même y lire, dans le projet urbain, une tendance à rejoindre le paradigme contraire que nous avons appelé le paradigme naturel. Et c'est parce que celui-ci, on l'a vu, et je l'ai repris encore au début de ce cours, se définit en effet comme en tout point opposé au premier, d'où la difficulté, vous voyez venir, c'est-à-dire qu'il faut associer, je l'ai déjà dit, à un paradigme proprement technique, on va dire purement technique, qui est celui du premier urbanisme moderne, de la charte d'Athènes, il va falloir réintégrer, réinsuffler dans ce paradigme technique, et bien de la vie. Il va falloir réintégrer en quelque sorte la nature ou les modes de production que l'on trouve dans la nature, puisque, on l'a vu en tout le déroulé de ce cours, la ville, elle est aussi un fait naturel, elle est un amas de faits techniques, elle peut être un fait technique sur une opération d'une certaine envergure, mais prise à très grande échelle, on s'aperçoit que c'est bien un fait naturel qui obéit au paradigme naturel lequel... est en tout point opposé au premier. Donc prenons le premier terme, sujet-objet.
Le sujet concepteur se rapproche dans le projet urbain et va tendre à se confondre avec son objet, c'est-à-dire les dynamiques propres au territoire, et on va tendre à associer les citoyens, les associations d'usagers, etc., pour que finalement, le projet de cette ville, si vous voulez, soient portés par les habitants eux-mêmes, les gens qui sont là, et donc, vous le comprenez, on va tendre à rapprocher le sujet concepteur de l'objet qu'on avait distingué dans le paradigme technique, pour faire en sorte que ce soit les habitants, entre guillemets, objets, qui reprennent le pouvoir en quelque sorte et redeviennent les acteurs de leur habitat, de leur ville, telle qu'elle aurait été si ça avait été dans les villes. tels qu'ils le sont dans les villes d'histoire, d'histoire longue, et non pas dans les villes qui sont réduites à un fait technique. Donc, seconde alinéa, là je passe au rapport fins et moyens, on est toujours dans le petit catéchisme, enfin c'est pas le catéchisme, c'est une blague. C'est un outil conceptuel analytique que je vous propose, donc vous l'avez bien compris, en opposant les deux paradigmes, technique et naturel. Donc la fin et les moyens.
Donc la forme n'est plus conçue ici dans le projet urbain comme une fin définitive, une utopie ou un meilleur des mondes, dans lequel les hommes seront définitivement heureux, selon la tradition platonicienne. de la cité idéale, la cité des lois, la république de Platon, mais comme le moyen d'une vie urbaine incessamment renouvelée, tandis que les moyens des opérations d'aménagement et de construction au fil du temps vont déterminer, puisque la vie se renouvelle sans cesse, une forme conçue comme fin à un instant T du futur, mais comme cette fin ne peut jamais être définitive, C'est sans arrêt, par incrémentation de projets, si vous voulez, successifs, comme les maisons font la ville, disait Rousseau, que va progresser cette morphogenèse qui est propre, en fait, à toute nature, tout mode de production de la nature qui procède par incrémentation, progressivement, en fait, continuellement, et également aux villes non planifiées, c'est en cela que ces villes... non planifiée relève donc d'un paradigme que nous avons dit naturel. Ainsi, donc, dans le projet urbain idéalisé se confondent les fins et les moyens, lorsque les fins deviennent moyens et les moyens des fins. C'est-à-dire que vous comprenez bien que la ville évolue mais n'atteint jamais sa fin, son achèvement parfait, mais qu'elle est sans cesse la fin et le moyen d'elle-même.
Donc nous sommes, je le répète, de ce point de vue-là. La ville répond de ce que nous avons appelé le paradigme naturel. Nous continuons avec la distinction espace et temps subordonnés à l'espace.
Donc l'urbanisme moderne, temps, tendez, nous l'avons dit, a distingué et a subordonné le temps à l'espace. Il tendait, je parle au passé, il continue malheureusement, c'est tout l'enjeu, si vous voulez, qui nous occupe ici. C'est de dire qu'il faut traquer ce système qu'on a dans la tête, et il faut essayer de mettre le doigt dessus, et de dire ça, maintenant, il faut en finir avec ça. Il faut dépasser ce mode de conception et de production de la ville dont on a vu qu'il ne pouvait pas convenir à une société, une communauté humaine et vivante et créatrice, mais qu'il était mortifère.
Donc, on continue à mettre le doigt dessus. pour ne plus le faire. Donc l'urbanisme moderne tend, selon ses principes, nous l'avons dit, à distinguer, à subordonner le temps à l'espace, jusqu'à lui ôter toute imprévisibilité à ce temps, et à abstraire le projet formel, le projet parfait de l'architecturbanisme, en l'abstrait du monde en devenir. Le monde se transforme sans cesse. Mais on voudrait, dans cette urbanisme moderne, que la ville soit parfaite et définitive.
Donc vous voyez bien qu'il y a là un problème. Dans le projet urbain, par contre, si l'on use des mêmes outils de planification, parce qu'on n'en a pas d'autres, on ne peut pas, comme si je vous disais, d'ailleurs c'est un problème pour votre génération, pour certains d'entre vous peut-être, si on est absolument radical, c'était le cas dans les années 70, même à l'école de Toulouse. Eh bien, on se pose des questions radicales sur notre légitimité à intervenir comme architecte.
Donc, ça peut aller très loin, si vous voulez. Mais si vous voulez être architecte, et si vous pensez qu'il y a nécessité à être architecte, urbaniste, etc., vous êtes nécessairement, je vous l'ai dit déjà, dans un rapport technique aux choses. Ça définit votre profession, votre métier, puisque vous intervenez nécessairement de l'extérieur, vous êtes le concepteur, vous êtes le sujet, vous concevez ce qui va être exécuté.
Vous mettez en place les moyens pour une fin, vous comprenez, et vous dessinez dans l'espace ce qui, de toute façon, sera dans le temps, voire sera rejeté dans le fleuve du temps si jamais il n'a été mal conçu pour supporter simplement la vie. Petite parenthèse, même en architecture, les architectes qui font... font leur œuvre dans le domaine de l'habitat et qui ne supportent pas de voir leur œuvre modifiée par les habitants eux-mêmes, ce qui peut se comprendre dès lors que l'architecte se prend pour un artiste au sens du sculpteur, mais ce avec quoi il faudrait véritablement que les architectes prennent leur distance et réfléchissent à cette question.
posture de l'architecte artiste qui voudrait produire une oeuvre définitive à son qu'il signe et qui renvoie sa personne si vous voulez comme un artiste plasticien là il ya un véritable problème à considérer parce qu'à ce moment là il fait des projets abstrait du monde du devenir et particulièrement lorsqu'il s'agit d'abriter la vie ça pose un problème bon une petite parenthèse mais à mon avis essentiel Alors, par rapport à ce rapport qu'entretient l'urbanisme moderne avec l'espace et le temps, c'est-à-dire qu'il ramène toujours le temps qu'il tend à oublier, en quelque sorte, à l'espace, de toutes les façons possibles. Dans le projet urbain, par contre, si l'on use les mêmes outils de planification, on ne va cesser, enfin dans les principes, pour ceux qui ont... vraiment compris à la fin du XXe siècle qu'il fallait changer notre façon de faire la ville, on va s'efforcer de réintroduire sans pouvoir l'anticiper précisément, le rôle du temps dans la forme des espaces à venir, des espaces produits, des espaces de la ville.
De telle sorte que si l'on ne cesse de planifier formellement l'espace, on affecte ces prévisions dans leur programme temporel d'un degré d'incertitude allant en s'accroissant avec les années. Si on a conscience, si vous voulez, du devenir, de l'histoire qui se continue de la ville, du fait que la ville est un organisme naturel et vivant pour une bonne part, eh bien à ce moment-là, il faut accepter que cette ville change, il faut accepter que nous n'ayons pas la main sur ces changements. Si vous voulez commander, prévoir, anticiper, diriger ces changements temporels dans la ville, Et bien inévitablement, vous allez recommencer à ramener l'espace de la ville, le temps, pardon, la temporalité de la ville à l'espace d'une parfaite prévisibilité, c'est-à-dire ce besoin de contrôle qui est tellement propre aux architectes et donc aux architectes urbanistes.
Et bien ce besoin de contrôle dans la ville à partir du moment où vous voulez réintroduire... son ouverture à la temporalité et à l'histoire, il faut accepter de lâcher prise, comme on dit. Il faut accepter que la ville ou vos projets vous échappent pour rejoindre le fleuve, le fleuve du temps, pour reprendre cette image d'Héraclite, sans laquelle vous la tuez, la ville.
Le Miraï, il a fallu le démolir pour le replonger dans le fleuve du temps parce qu'il était conçu d'une telle... d'une telle façon qu'il était nécessairement hors du fleuve du temps, hors du monde, hors de l'histoire, hors du devenir. Il ne pouvait pas évoluer contrairement à ce qu'avaient voulu ses concepteurs, en tout cas de leurs intentions, mais on l'a vu déjà ensemble, c'est tout le contraire qu'ils ont fait, disent les habitants eux-mêmes. Ils ont voulu faire une ville évolutive et c'est tout le contraire qu'ils ont fait au Mirail. Et en fait, dans...
à peu près tous les projets modernes, et y compris dans certains projets de la fin du XXe siècle. Dès lors que le paradigme technique est à l'œuvre d'une façon hégémonique, si vous voulez, eh bien vous réduisez d'autant l'évolution, la liberté d'évolution, le devenir, la vie même de cette ville pour l'enfermer dans un cadre mortifère. Et donc cette incertitude, la seule solution quand vous faites un plan d'urbanisme, on va voir l'exemple que je vous ai déjà montré de Renry, c'est d'accepter que si vous arrivez à avoir une prévisibilité à moins de 5 ans sur les projets qui vont être réalisés, à 10 ans les choses vont être beaucoup moins certaines et à 15 ans vous n'avez plus aucune maîtrise de quoi que ce soit sur le devenir de la ville. Et j'ajouterai, et c'est heureux, c'est-à-dire... Vous l'avez bien compris que sinon vous faites quelque chose, un produit technique, une machine à habiter, mais quelque chose qui est mort et qui ne peut pas participer de la vie, au sens très très large du terme, au sens, pourrait-on dire, écologique du terme.
Vous ne rejoignez pas le monde, vous êtes hors du monde, vous vous retranchez du monde et vous retranchez en même temps tous ceux qui y habitent malgré eux. du monde et de son histoire. Donc, l'idée d'une possible indépendance de l'espace et du temps et de leur possible maîtrise a priori, telle qu'elle est postulée par le paradigme industriel moderne, qui a été rigoureusement appliqué dans le programme du premier urbanisme moderne, n'est plus de mise.
Si on se comprend bien, je pense que ça commence à être un peu plus clair pour vous. Et toute réflexion sérieuse sur le projet urbain aujourd'hui se doit d'intégrer cette interdépendance de l'espace et du temps, et surtout leur imprévisibilité à moyen et long terme. Quand je dis interdépendance de l'espace et du temps, on l'a vu tout au début de ce cours, c'est beaucoup plus que ça en réalité, puisque l'espace et le temps ne sont rien d'autre que des abstractions, des constructions de notre esprit.
et que ce qui est réel, ça n'est pas réel. C'est le mouvement, l'énergie, la seule réalité, si vous voulez, dont l'espace et le temps ne sont que des dérivés au sens mathématique du terme, des extractions et des constructions de l'esprit qui n'ont pas de réalité propre, ni l'une ni l'autre. Ce que je vous dis là, je ne parle pas comme...
Encore une fois, je ne tire pas ça de mon chapeau, il y a toute une histoire sur cette critique. Si vous lisez la philosophie, à partir de Kant notamment, Et la physique moderne également est bien contrainte aujourd'hui, depuis la physique quantique et la relativité générale d'Einstein, de remettre en cause ces catégories immémoriales que sont l'espace et le temps, ces catégories immémoriales de notre représentation du monde et même de la construction de nos sciences. Mais enfin, je m'arrête là parce que ça pourrait être très long. Donc... L'interdépendance de l'espace et du temps, ça veut simplement dire que derrière il y a une seule réalité, le mouvement, l'énergie, c'est la seule chose qui existe finalement, la nature et la vie, et si possible la joie.
Donc je vous remontre cette image qui est le dernier plan dans le PNRU, le plan national de rénovation urbaine pour le quartier de Rennes-Ries-Aumirail. fait par Bernard Paris et Alain Marguerite, et qui, vous le voyez, procède progressivement. Donc voilà l'État en 2000, l'État en 2010, c'est le moment où ils interviennent, puis en 2011, qu'est-ce qu'ils prévoient ? Donc là c'est un an après, ça va, ils ne devraient pas trop se tromper, quoique finalement ça ne s'est pas passé comme ils avaient prévu. La fameuse maison de l'image que devait faire Gilles Perroudin, ne s'est pas faite, enfin, déjà, les choses sont, nous sommes en 2020, ne se sont pas passées comme cela avait été planifié en 2010 dans leur projet, donc, nous avons 2011, ensuite, vous avez 2015, alors, je ne vois pas, je n'ai plus les dates précises, mais on peut dire 2015, ensuite, vous avez l'image centrale en bas, et bien, 2020, Mais 2020, nous sommes vraiment dans des hypothèses.
Nous n'en sommes pas là dans la réalité. On est très loin de ce plan déjà. Donc vous voyez la possibilité de maîtrise du temps, de la ville et de la planification.
Les urbanistes, quelle que soit leur philosophie propre, sont bien obligés de s'y faire. Le réel est têtu. Les choses ne se passent pas comme on ne cesse de vouloir les planifier et sans cesse s'en écartent.
Quant à... 2025, vous voyez, de 2010 à 2025, nous sommes à une échéance de 15 ans, et là déjà est posée l'incertitude majeure en ce qui concerne ce que sera le quartier de Rennes-Ries en 2025, c'est-à-dire dans 5 ans. Et donc vous voyez bien le rapport aujourd'hui que l'on peut entretenir, qu'entretiennent les urbanistes à la question de la temporalité de leurs projets. et de leur devenir, ce qui est assez frustrant pour eux quand ils fonctionnent avec les fondamentaux paradigmatiques de l'architecte urbaniste.
Mais là, il s'agit de gens très expérimentés, aussi bien Bernard Paris qu'Alain Marguerite, qui est paysagiste d'ailleurs. Donc un paysagiste en général est beaucoup plus ouvert à... La vision de la temporalité des choses, de la nature, bien évidemment, un arbre ça pousse, donc les paysages sont beaucoup plus proches de cette notion d'évolution naturelle, temporelle, si vous voulez, que ne le sont les architectes purs et durs, si j'ose parler ainsi. Ainsi donc, le projet urbain est-il assujetti par son statut technique ? au moyen d'actions du paradigme industriel, je résume, mais il ne cesse, ce projet urbain, par analyse, négociation et concertation avec l'ensemble des collectivités partenaires acteurs, y compris les usagers et les habitants, de plus en plus, par le process de gouvernance, vous connaissez cette expression, par concertation...
et mode de participation des riverains, usagers, voire des futurs habitants des opérations d'habitat, je travaille beaucoup dans ce domaine-là, et nous avons prouvé amplement que c'était possible, de se rapprocher de la nature dans ces modes de production et de développement. Donc le projet urbain... La phrase est un peu longue. Procède selon la technique, mais tend à se rapprocher de la nature, à la fois dans ses modes de production et de développement. C'est-à-dire que nous recommençons avec le projet urbain à prendre nos leçons de la nature, comme tous les artistes de l'histoire et même les ingénieurs et les penseurs ont toujours...
qui voulu le faire jusqu'à récemment, je pense que c'est au XXe siècle qu'on a cessé, ça n'était plus à la mode, de prétendre tirer ses leçons de la nature, mais nous y revenons par force, au vu des échecs majeurs qui ont été ceux du XXe siècle, nous sommes bien forcés à la fin du XXe siècle et au début du XXIe, de nous tourner à nouveau vers la nature, en nous disant que nous devrions être à même de reprendre une bonne leçon. on peut l'appeler comme ça, une bonne leçon de la part de la nature. Et c'est ainsi qu'il faut entendre, selon nous, le slogan omniprésent de développement durable, dont on dit que c'est un mot-valise, qu'il y en a assez d'en entendre parler, mais il vaut mieux toujours garder les termes les plus partagés, quitte à en donner le sens profond, si vous voulez, plutôt que de changer, créer des nouveaux mots.
Ça n'aide pas forcément, si vous voulez, à comprendre ce dont il s'agit. Le développement, ce qu'on a appelé le développement durable, qui est une sorte d'oxymore, puisque le développement c'est quelque chose qui est temporel, et le durable semble résister au temps, mais dans cet oxymore il y a quelque chose, si on creuse, et reprenons le terme, ce sera plus simple, qui est tout à fait essentiel quant à notre manière aujourd'hui d'aborder la ville, et on va y venir. Et donc, il faut entendre ce développement durable dans le sens d'une orientation du projet urbain en ce début de XXe siècle.
Et il faut prendre ce développement durable comme un nouveau paradigme qui nous rapproche des modes de production de la nature avec les moyens techniques qui sont les nôtres. Si vous retenez cette formule, je pense que vous avez de quoi tout comprendre dans cette seule formule. Le développement durable, comme tout art finalement et toute culture, ça n'est jamais qu'avec les moyens techniques qui sont les nôtres, je dis les nôtres en tant que homo sapiens ou homo techné, ces modes de production techniques, mais en procédant de telle sorte qu'il nous rapproche de la nature et de ses modes de production et de son résultat aussi en termes sensibles. C'est ce qu'il faut s'efforcer dorénavant de faire et c'est ce que nous allons développer plus amplement au cours prochain. Une image que je vous ai déjà montrée, qui est le fameux quai Borneo.
à Amsterdam sur les îles artificielles dans le quartier Java et qui est remarquable parce que tout à coup on retrouve les secrets de la production de la ville traditionnelle, simple alignement du fait du canal ici, une hauteur semblable et une grande diversité de conception, une grande liberté finalement et autonomie des logements. Après les autres, vous avez le vide commun qui réalise l'unité de la multiplicité qui le borde, qui est un principe fondamental, je vous l'avais dit, rappelez-vous la place de Sienne, et même les ruelles de Toulouse, partout on retrouve ce même principe, où la multiplicité se trouve réunie par le vide commun. Donc le vide commun ici, ce n'est pas une rue, mais c'est comme une rue d'eau, si vous voulez, vous voyez tous les canaux, donc ça revient absolument au même, mais c'est particulièrement spectaculaire, et en plus les architectures modernes, contemporaines, sont de grande qualité, ont été réunies des architectes de grande qualité, donc c'est un exemple tout à fait convaincant, me semble-t-il.
Donc je continue ce texte de synthèse. Pour mieux comprendre le rapport entre, je le répète, le projet d'urbanisme moderne et le projet urbain à la fin du XXe siècle, le projet urbain se trouve ainsi dans la même situation que l'art, qui procède selon la techné, mais imite la nature, sinon dans ses formes, dans les lois de son développement. C'est ainsi que tout art, dont celui du projet urbain, doit selon nous tirer ses leçons de la nature, car ses lois sont la condition de l'unité et de l'harmonie d'un développement urbain conçu dans une perspective temporelle soutenable. Les anglais disent plutôt sustainable development plutôt que développement durable Donc ce terme de soutenable est peut-être plus évident à comprendre.
Progire 20 ans à concevoir la ville ou contribuer dans une perspective temporelle soutenable, soit durable et sans cesse évolutive, à la fois dans le même temps, comme c'est le propre de tout organisme vivant. Et qu'est-ce qu'est la ville sinon ? Un organisme est vivant, au contraire, donc là je m'inscris en faux évidemment par rapport à l'expression cher à le corbusier d'une machine à habiter.
qu'il est temps à la ville. Or, si la ville, comme le dit le Corbusier lui-même plus tard, dans les années 50, dans Manière de penser l'urbanisme si la ville est biologie, organisme vivant, alors le projet urbain doit, par les moyens techniques du chirurgien, éviter de tuer le grand corps malade. que serait la ville qu'il nous faut renouveler ou rénover, mais au contraire, par son art, lui rendre la santé.
La métaphore du chirurgien, vous comprenez bien que lorsque vous opérez, ce qu'on fait, sans cesse, dans le réel, par distinction, je disais, distinction et articulation. Le chirurgien... Notre concept, si vous voulez, il n'a comme vertu que la division.
C'est beaucoup plus difficile de réunir les choses, de faire des coutures, de marier, de faire que les choses s'épousent les unes les autres. Seule la nature sait faire ça. Nous, techniquement, ce que nous savons bien faire, c'est séparer les choses par le scalpel, pourrait-on dire, de notre concept, qui va distinguer. Rappelez-vous la formule de Descartes, claire et distincte.
La distinction, c'est une opération de l'esprit qui distingue les choses. Et en quelque sorte, comme nous procédons par le moyen conceptuel dans les modes techniques de production, nous sommes un peu comme un chirurgien qui va opérer sur la ville avec un grand scalpel, il va tirer des grands traits. Et quand on fait ça, il faut faire attention à éviter de tuer ce que l'on veut. voudrait, que l'on prétend soigner, et si l'on intervient en oubliant complètement ça, et bien en corrigeant et en refaisant la ville sur elle-même avec ces moyens-là, on fait Frankenstein, rien d'autre, mais on est très loin de rendre à la ville, par notre art, de lui rendre la santé. Vous comprenez la métaphore, on joue là, nous sommes toujours dans cette opposition, paradigme technique, paradigme naturel.
Et si l'on reconnaît, comme on en a beaucoup parlé déjà, que la ville est également nature, elle n'est pas seulement technique, elle est également un fait naturel dans son unité générale, à ce moment-là, il faut faire très attention à notre façon d'opérer sur cette ville. Voilà, donc en conclusion de ce texte. synthétique si vous voulez.
Je vous propose une image de la cartoucherie, peut-être un petit commentaire, c'est-à-dire nous sommes à une époque où nous avons pris maintenant vraiment de plus en plus en considération les vertus essentielles qu'apporte la nature dans nos projets urbains, la vie des piétons, la liberté, l'ouverture. Et l'existant, au fond, vous avez les grandes halles de la cartoucherie et latéralement également un morceau de halle qu'on a conservé. Et c'est assez significatif, c'est assez emblématique.
C'est cette image-là qui est la plus caractéristique des futures cartoucheries, du quartier de la cartoucherie. Au centre de cette image, vous avez les vieilles grandes halles de la cartoucherie elle-même. Et vous avez de part et d'autre sur tous les arbres.
Et les immeubles modernes ont tendance à disparaître comme des reflets bleutés qui se perdent dans le ciel, du verre, comme s'ils étaient appelés à s'effacer. devant ce qui est le plus essentiel, le plus incarné, le plus présent et le plus parlant pour nous et pour les habitants, qu'il s'agit avec cette vue de séduire, en défendant tous les arguments dits du développement durable, d'un urbanisme d'avenir pour le XXIe siècle. Et donc, on comprend beaucoup de choses rien qu'en regardant...
ces images de communication, on comprend bien le déplacement des valeurs. Souvenez-vous de l'image que je vous ai montrée dans le cours précédent du front de Seine à Paris, avec l'hélicoptère qui survole cette grande dalle avec une multiplicité de grades ciels le long de la Seine. Vous voyez bien que nous avons changé d'époque en un demi-siècle exactement, en 70-2020.
et que nos perspectives sont très différentes au fond en termes de valeurs. Reste au concepteur que vous êtes, que vous allez être, puisque d'une façon ou d'une autre vous serez amené à travailler sur la ville, à bien comprendre comment servir ces valeurs nouvelles qui sont celles qui sont très largement partagées dans la population, même si nous, architectes, vivons dans un petit microcosme, une petite planète dont on s'imagine qu'elle est au centre du monde. alors qu'elle est une petite planète dans la lointaine banlieue de la galaxie. Et donc nous ne sommes pas au centre du monde, et nous devons servir ce qui est au cœur de la culture qui est en train de se renouveler profondément, et qui veut remettre, regardez les enfants, les poussettes, qui veut remettre au cœur du projet de ville la vie, la génération.
Donc, la nature, la reproduction, la joie, puisque la liberté, si vous voulez, les arbres qui sont une expression très symbolique et même paradigmatique, je m'en sers énormément en philosophie, qui sont là très présents, et puis l'existant, l'histoire qui est présente, enfin j'ai déjà dit tout ça, mais ça donne bien à penser. Et pour finir, on va vous montrer une dernière image. Voilà, à nouveau, vous voyez que les constructions disparaissent. Pourtant, le quartier est considéré, on lui a fait le procès, d'être extrêmement dense. Mais dans les images de communication, on ne voit plus que de l'herbe, de l'eau, des petits enfants, un chien qui court, des arbres.
Donc là, c'est quand même assez manifeste et il faut se tourner vers ça et reste. Au-delà de la communication, arrêter, quand il dit que le miracle était un extraordinaire communicant, le problème c'est que le miracle était tout le contraire de ce qu'il annonçait, et c'est là où il faut qu'aujourd'hui nous cessions de faire des grands discours, des belles paroles, nous bercer de storytelling, des histoires que l'on fait pour nous, pour se raconter des histoires, et qui en réalité engendrent une réalité toute contraire. à ce que le vent, entre guillemets, ce qu'on promet aux gens, et se retrouver à nouveau taxé d'architectes bourgeois technocrates.
Vous voyez, c'est pas loin d'être, c'est pas tout à fait effacé, ce procès-là des architectes. Il n'y a pas si longtemps, il y a quelques années quand même maintenant, Trétiac a... Un journaliste parisien avait sorti un bouquin qui s'appelait Faut-il pendre les architectes ? Je pense que les architectes devraient ne jamais oublier cette défiance traditionnelle depuis le 19e siècle des populations vis-à-vis des architectes.
Et donc quand on pense la ville, il faut cesser de penser en architecte. Ça me paraît absolument fondamental. Bien, nous arrêtons là pour aujourd'hui et à bientôt pour le prochain et dernier cours qu'on fera en deux séances certainement.