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Allégorie de la Caverne de Platon

bonjour aujourd'hui nous allons étudier la fameuse allégorie de la caverne qui figure dans l'un des dialogues les plus importants de Platon la République alors quand on aborde le sujet de l'allégorie de la caverne on est toujours un peu embarrassé on a toujours un peu le trac parce que c'est un texte qui est à la fois trop bien connu et trop mal connu mais ce qui est le plus intimidant c'est que ce texte représente un cas unique dans l'histoire de la philosophie et peut-être même dans l'histoire littéraire c'est un texte court d'environ une ou deux pages c'est un texte simple et c'est un texte absolument magnifique peut-être même est-ce le plus beau texte qui a jamais été écrit et comme si cela ne suffisait pas c'est un texte qui condense toute la philosophie de Platon et et la philosophie de Platon ce n'est pas une philosophie parmi d'autres on dit souvent que toute la philosophie depuis 25 siècle n'est finalement qu'un commentaire qu'une discussion sur la philosophie de Platon c'est peut-être un peu exagéré de le dire comme ça mais il y a quand même du vrai Platon pourrait être comparé à un astre fixe autour duquel gravite depuis des millénaires tous les autres philosophes donc vous comprenez pourquoi on ne attaque pas à une allégorie qui résume une telle philosophie sans avoir un peu le trac alors ce que je vous propose de faire c'est de commencer par vous lire le texte même de l'allégorie de la caverne parce qu'on a souvent tendance à résumer ce texte et c'est vraiment dommage de se priver du texte même de Platon l'allégorie est déjà un magnifique résumé et ce résumé n'a pas besoin d'être encore plus résumé il ne ferait qu'y perdre de sa force donc donc je vais vous lire le texte et ensuite vous verrez que nous n'aurons plus aucune difficulté à aborder le cœur de la philosophie de Platon je commence donc imaginez des êtres humains dans une caverne souterraine dont l'entrée ouverte à la lumière s'étend sur toute la longueur de la façade ils sont là depuis leur enfance les jambes et le cou pris dans des chaînes de sorte qu'ils ne peuvent bouger ni voir ailleurs que devant eux car les liens les empêchent de tourner la tête sur une hauteur derrière eux brille la lumière d'un feu entre le feu et les prisonniers il y a une route élevée le long de cette route se dresse un petit mur pareil au cloisons que les montreurs de marionnettes dressent devant eux et le public et au-dessus desquels ils font voir leur spectacle imaginez maintenant le long de ce petit mur des hommes portant des objets de toutes sortes qui dépassent la hauteur du mur ces objets représentent des figures d'homme et d'animaux en pierre en bois et de toutes sortes de formes et naturellement parmi ces porteurs qui défilent les uns parlent les autres ne disent rien les prisonniers attaché au fond de la caverne n'ont jamais pu rien voir d'autre que les ombres projeté par le feu sur la partie de la caverne qui leur fait face et de même pour les objets qui défilent au-dessus du mur ils ne peuvent en voir que les ombres si les prisonniers parlent entre eux en nommant les ombres qu'il voient ils croiront nommer les objets réels eux-mêmes et s'il y avait aussi un écho qui renvoyait les sons du fond de la caverne toutes les fois qu'un des passants viendrait à parler il prendrait sa voix pour pour celle de l'ombre qui défilerait aux yeux de ces prisonniers la réalité ne saurait être autre chose que les ombres des objets confectionnés imaginez maintenant que l'on détache l'un de ces prisonniers qu'on le force à se dresser à tourner le cou à marcher et à lever les yeux vers la lumière tous ces mouvements le feront souffrir et l'éblouissement l'empêchera de regarder les objet dont il ne voyait jusque-là que les ombres si on lui montre chacun des objets qui défilent devant lui et qu'on l'oblige à dire quels sont ces objets ce prisonnier libéré sera embarrassé et il continuera pendant un certain temps à trouver plus vrai les ombres qu'il avait l'habitude de voir auparavant et si on le forçait à regarder la lumière même ses yeux lui feraient mal et il détournerait son regard mais si maintenant on le tirait hors de la caverne et qu'on lui faisait gravir la montée rude et escarpée et qu'on ne le lâchait pas avant de l'avoir traîné dehors à la lumière du soleil sans doute il souffrirait et se révolterait d'être traité ainsi et une fois arrivé à la lumière il aurait les yeux tellement éblouis qu'il ne pourrait distinguer aucun des objets réels il lui faudrait du temps pour s'habituer tout d'abord ce qu'il regarderait le plus facilement ce sont les ombres puis les images des hommes et des autres objets reflétés dans les eau puis les objets eux-mêmes et puis élevant son regard vers la lumière des astres et de la lune il contemplerait pendant la nuit les constellations et le firmament plus facilement qu'il ne pourrait contempler pendant le jour le soleil et l'éclat du soleil à la fin ce serait le soleil non dans les eaux ni ses des images reflétai sur quelque autre point mais le soleil lui-même qu'il pourrait regarder et contempler tel qu'il est après cela il en viendrait à conclure au sujet du soleil que c'est lui qui produit les saisons et les années qu'il gouverne tout dans le monde visible et qu'il est en quelque sorte la cause de toutes ces choses que ses compagnons et lui voyent dans la caverne si ensuite l'ancien prisonnier venait à penser à sa première demeure et à ses anciens compagnons de captivité il se réjouirait de ne plus vivre dans la caverne et il prendrai ses anciens compagnons en pitié il se souviendrai des jeux auxquels jouaient les prisonniers entre eux devinz dans quel ordre passaient les ombres par exemple et comment les prisonniers s'attribuaient des louanges et décernent des honneurs à celui qui était capable de dire quel ombre allait passer ensuite bien sûr le prisonnier libéré n'éprouverait aucune envie ni aucune jalousie de ne plus jouer à ces jeux et de ne plus être honoré de remporter ses jeux tout lui semblerait préférable plutôt que de revenir à ses anciennes illusions et de vivre comme il vivait avant sa libération si toutefois notre homme redescendait et reprenait son ancienne place il aurait certainement les yeux troublés par les ténèbres puisqu'il s'est habitué à voir les choses dans la lumière du soleil et s'il lui fallait de nouveau juger ses ombres et concourir avec les autres prisonniers qui n'ont jamais quitté leur chaîne pendant que sa vue est encore confuse et avant que ses yeux se soient remis et accoutumés à l'obscurité il serait l'objet de moquerie et de risée de la part des autres prisonniers ceci dirait de lui qu'en montant là-haut il s'est ruiné la vue et qu'il en est revenu les yeux gâtés et si si le prisonnier libéré essayait à son tour de libérer ses anciens compagnons afin de les conduire hors de la caverne sans doute les autres prisonniers seraient effrayés de devenir aussi aveugle et fou que lui et il préférerait le tuer plutôt que de se laisser guider hors de la caverne alors pour bien comprendre ce texte on va commencer par dire que Platon suppose l'existence de deux réalités une réalité matérielle qui est la notôtre le monde dans lequel nous vivons le monde que nous percevons par nos sens la vue l'OUI le toucher et cetera et une autre réalité la réalité intelligible et Platon nous dit que la réalité matérielle n'est qu'une copie qu'un reflet de la réalité intelligible que la réalité intelligible est plus réel que la réalité sensible donc avant d'aller plus loin commençons par dire quelle est la différence précise entre ces deux réalités d'abord la réalité sensible la réalité sensible c'est donc le monde tel que nous le percevons et cette réalité est composée d'objets de choses par exemple l'écran sur lequel vous regardez cette vidéo la pièce dans laquelle vous vous trouvez et même votre propre corps tout absolument tout ce que nous percevons à l'aide de nos sens constitue la réalité sensible et si nous devions décrire cette réalité sensible comment nous nous y prendrions et bien c'est très simple dans la réalité sensible tout change l'écran sur lequel vous êtes en train de regarder cette vidéo est en ce moment même en train de s'user de se dégrader vous-même vous êtes en train de vieillir à chaque seconde vous êtes en train de changer tout comme l'ensemble des chose que vous percevez vous êtes un corps qui vieillit à chaque instant et vous regardez cette vidéo sur un écran qui suuse à chaque instant tout en habitant sur une planète qui vieillit à chaque instant cette planète se trouvant dans un univers le cosmos qui lui-même change à chaque instant cette idée que le monde est en perpétuel devenir avait été exprimé par héraaklite qui un siècle avant Platon avait écrit cette phrase célèbre on ne peut pas entrer deux fois dans le même fleuve on ne peut pas entrer deux fois dans le même fleuve parce qu'entre la première fois et la deuxième fois où nous y entrons nous ne sommes plus le même et le fleuve n'est plus le même mais ce changement perpétuel que nous percevons à travers nos sens est-ce le vrai monde tel qu'il est non répond Platon qu'est-ce à dire que le monde que nous percevons n'est qu'une ombre l'ombre du vrai monde n'allons pas trop vite et revenons à l'allégorie les ombres que contemplent les prisonniers sont les reflets de figurines qui représentent des choses des figurines d'objets d'animaux d'humains et cetera mais ces figurines bien sûr ne sont pas les animaux ou les humains qu'elles représentent elles n'en sont que les reproductions et lorsque le prisonnier est libéré la première chose qu'il voit ce sont ses figurines il ne voit plus les ombres il voit les figurines qui se reflétaient sur le mur de la caverne donc avant de sortir de la caverne avant d'aller voir ce qu'il y a au-delà de ces figurines restons encore un peu dans la caverne et essayons de comprendre la différence entre les ombres et les figurines pour cela imaginons que je possède un disque bon pas un disque pour écouter de la musique je veux dire un objet en forme de disque si vous êtes le prisonnier et que je suis le montreur d'ombre lorsque je passerai derrière le petit mur vous allez voir sur le fond de la caverne l'ombre de mon disque et moi je tiendrai l'objet même le disque physique dont vous voyez l'ombre dans ce cas j'en sais plus que vous parce que vous vous croyez que l'objet que vous voyez est réel alors que ce n'est qu'une ombre tandis que moi je sais que l'objet réel c'est celui que je tiens dans la main et bien nous nous trompons tous les deux vous avez tort bien sûr de penser que l'ombre du disque est le disque lui-même mais moi aussi j'ai tort de penser que l'objet que je tiens est réel en fait dans l'allégorie nous sommes tous les deux vous qui regardez l'ombre et moi qui tiens l'objet dans la caverne ni vous ni moi n'en sommes encore sortis et ça c'est le premier niveau de compréhension mais alors si le prisonnier qui voit l'ombre est dans l'erreur et si celui qui tient l'objet qui se reflète est aussi dans l'erreur où se situe la vérité elle se situe hors de la caverne mais comment comprendre pardà l'allégorie ce qu'il y a vraiment en dehors de la caverne et bien pour comprendre cela c'est assez simple mais il faut penser la réalité selon quatre niveaux au premier niveau le niveau le plus bas il y a les ombres on est d'accord au deuxième niveau il y a les objets qui se reflètent par exemple ici le disque que je tiens dans la main mais ce disque je ne le perçois moi aussi qu'à travers mes sens et donc ces deux premiers niveaux le niveau des ombres et le niveau des objets constitue le monde sensible c'est-à-dire le monde qui se dégrade le monde qui change sans cesse ce disque que je tiens dans la main il va s'user se dégrader se corrompre et un jour il finira par se décomposer complètement et n'existera plus et maintenant nous allons sortir de la caverne et nous allons comprendre quelle est la véritable réalité de ce disque donc nous sortons de la caverne et là nous entrons dans le troisième niveau de compréhension ce que nous comprenons c'est que ce disque lui-même n'est que le reflet d'une forme mathématique la forme du cercle un cercle c'est un objet mathématique que je ne peux pas toucher ni voir que je ne peux pas appréhender avec mes sens un cercle ce n'est pas un objet sensible c'est d'abord un concept mathématique le concept d'une courbe plane fermée dont tous les points sont à égale distance d'un point que l'on appelle le centre c'est le fameux mystère du nombre pi le nombre sans fin 3,14 et cetera qu'on a tous appris fasciner dans nos premiers cours de mathématiques la circonférence d'un cercle est égale à pi fois son diamètre et un tel objet le cercle nous le savons tous depuis les banc de l'école n'existe pas dans le monde sensible tous les cercles que nous pouvons voir ou toucher sont imparfaits seul le cercle mathématique est parfait et pourtant on n'osera jamais dire que le cercle mathématique est la copie des cercles que nous pouvons toucher non bien sûr c'est tout le contraire ce sont les cercles que nous pouvons voir ou toucher les disques vinyes les CD les assiettes les roues d'un vélo et cetera qui sont les copies du cercle réel du cercle mathématique et vous voyez bien que le monde sensible est une copie du monde intelligible un cercle c'est un objet que je ne peux appréhender qu'avec mon intelligence le cercle appartient donc au monde intelligible à la véritable réalité tous les disques du monde peuvent se dégrader le cercle mathématique lui sera toujours identique à lui-même et pourtant comme je vous l'ai dit nous n'en sommes qu'au 3oè niveau de compréhension il y a encore un 4em niveau au-dessus du cercle et ce 4è niveau c'est l'idée mais encore une fois n'allons pas trop vite avant d'aller plus loin commençons par résumer ce que nous avons dit nous avons dit qu'il y avait quatre niveaux de compréhension et ces quatre niveaux peuvent se diviser en deux ensembles dans le premier ensemble nous trouvons tout ce qu'il y a dans la caverne c'est-à-dire les objets et les ombres des objets et dans le deuxième ensemble nous trouvons l'idée abstraite de ces objets le premier ensemble c'est le monde sensible le monde que nous percevons à l'aide de nos sens et le deuxième ensemble c'est le monde intelligible le monde que nous percevons à à l'aide de notre intelligence maintenant que nous ne regardons plus le reflet du disque ni le disque lui-même mais que nous regardons la réalité mathématique du disque où sommes-nous situés par rapport à l'allégorie de la caverne nous en sommes au moment où le prisonnier s'est suffisamment habitué à la lumière pour regarder les objets eux-mêmes mais il nous reste encore une autre étape à franchir la dernière la plus difficile regarder le soleil lui-même regarder la lumière qui éclaire les objets c'est-à-dire dans l'exemple que nous avons pris ne plus simplement comprendre la définition mathématique du cercle mais en saisir l'idée lorsque je comprends la définition mathématique du cercle je saisis le concept du cercle mais je n'en saisis pas l'idée alors concentrez-vous bien parce que ce passage du concept à l'idée est le plus difficile à saisir mais je vais vous donner un exemple qui va vous permettre de bien comprendre comment on accède à l'idée nous ne savons pas qui le premier a donné la définition mathématique précise du cercle on va dire que c'était un mathématicien égyptien et posons-nous la question que s'est-il passé dans sa tête au moment où il a conçu la première définition du cercle cette définition il n'a pas pu la déduire à partir d'un objet sensible en forme de cercle pour qu'il puisse trouver la définition du cercle il a fallu que ce premier mathématicien puisse voir l'idée du cercle et c'est seulement après avoir vu l'idée du cercle qu'il a pu en donner la définition et donc on peut dire de ce premier mathématicien qu'il a vu l'idée qu'il a regardé le soleil en face qu'il est le prisonnier qui n'est plus ébloui par le soleil il est capable de voir les idées de voir les formes de voir les essences et tous ces mots ici sont synonymes et ensuite ce mathématicien a pu écrire une définition du cercle définition que tout le monde peut comprendre puis à l'aide de cette définition on a pu tracer des cercles imparfaits comme la figurine du disque dans la caverne et à partir de cette fig furine on peut projeter une ombre sur le fond de la caverne et cette ombre représente le degré le plus bas de la connaissance c'est-à-dire l'opinion ce que perçoit le prisonnier attaché quand il voit l'ombre du cercle c'est une opinion l'opinion qu'il a du cercle pourquoi l'opinion parce que l'opinion c'est ce qui correspond à un savoir subjectif à une croyance personnelle quand vous dites c'est mon opinion cela veut dire le contraire de c'est la vérité et comme le prisonnier enchaîné ne peut pas avoir d'autrees point de vue que le sien pour savoir quelle est la chose qu'il voit il ne voit que l'opin de la chose son versant subjectif mais il ne peut pas VO la chose objectivement car pour ca il faudrait qu'il change de point de vue d'abord en regardant la figurine du cercle puis en comprenant la définition abstraite du cercle puis enfin en s'élançant dans un mouvement de pensée similaire à celui qu'a fait le premier mathématicien lorsqu'il a perçu l'idée du cercle sortir de la caverne c'est donc passer étape après étape de la perception la plus subjective à la perception la plus objective c'est-à-dire quitter un lieu où l'on ne perçoit d'abord les choses qu'en deux dimensions car une ombre c'est toujours la projection en deux dimensions d'un objet puis percevoir l'objet en trois dimensions ça c'est le moment où l'on regarde les figurines puis une fois que nous sommes sorti de la caverne nous pouvons percevoir les objets au-delà des dimensions que nos sens peuvent saisir ça c'est la définition abstraite mathématique du cercle et enfin percevoir l'objet dans toutes ses dimensions dans l'infinité de toutes les dimensions qui dépassent notre perception sensorielle et ça pour ainsi dire c'est percevoir les choses tel que Dieu les perçoit c'est percevoir le monde des essences le monde véritable le monde intelligible et puisque le monde intelligible n'est pas soumis au changement ni à la corruption ni à la destruction cela veut dire que le monde intelligible est plus réel que le monde sensible alors alors là on va s'arrêter un instant pour répondre à une objection que certains ont sans doute à l'esprit vous pourriez me dire votre exemple fonctionne très bien dans le cas d'un objet mathématique comme le cercle on peut tous tomber d'accord sur la définition du cercle parce qu'elle est objectif justement mais tout ce que nous venons de dire ne peut pas s'appliquer à des objets qui ne sont pas mathématiques comme par exemple le bien le juste le vrai ou le beau on ne peut pas dire qu'il y a une idée du beau comme il y a une idée du cercle et bien détrompez-vous si l'on suit le raisonnement de Platon il y a une idée du beau exactement comme il y a une idée du cercle imaginons que je me promène dans la rue et que je vois une femme très belle qu'est-ce que je vois est-ce que je vois la beauté elle-même c'est-à-dire l'idée de la beauté ou bien un reflet de la beauté certes je suis sub jugé par cette vision mais ce qui me subjugue est-ce la personne que je vois ou bien est-ce l'idée de la beauté que je perçois à travers cette personne quand un peintre décide de faire le portrait d'un beau visage ce qu'il essaie de comprendre pour faire sa peinture ce sont les proportions qui font que ce visage est beau et l'équilibre des proportions n'est pas quelque chose de totalement étranger aux mathématiques l'équilibre des proportions que l'on utilise en peinture c'est une notion abstraite un peintre ne se dit pas je vais peindre mon émotion devant ce beau visage il se dit je vais trouver les raisons pour lesquelles ce visage est beau et grâce à ça je pourrais ensuite peindre la beauté de ce visage qui m'a ému et ce que nous disons du visage s'applique aussi aux proportions du corps tout entier comme cela s'applique à un paysage ce sont ces proportions mathématique qu'étudia et qu'utilisaient les peintres de la Renaissance pour représenter les beaux visages et les beaux corps mais pour pouvoir les représenter il devaient d'abord sortir de la caverne s'émanciper des visages qu'ils avaient vu dans le monde sensiblebl et étudier des notions intelligibles comme les proportions le nombre d'or les lois de la perspective et cetera et donc pour revenir à mon exemple si je suis subjugué en voyant une belle femme dans la rue c'est parce qu'à travers elle c'est l'idée de beauté qui me subjugue lorsque nous percevons la beauté dans le monde sensible par exemple lorsque nous voyons un beau visage ce que nous voyons n'est encore qu'un reflet et si je repense à tous les beaux visages que j'ai vu ce qui me permet de dire qu'ils sont beaux c'est quelque chose qu'ils ont tous en commun et cette chose en commun c'est qu'ils sont cha ch à leur manière des reflets différents d'une seule et même idée l'idée de la beauté d'ailleurs quand on voit une personne très belle ne dit-on pas qu'on est ébloui par sa beauté et oui exactement comme le prisonnier qui est sorti de la caverne est ébloui par la lumière du soleil ce qui nous éblouit ce n'est pas la personne c'est la beauté qu'elle incarne et c'est pourquoi dans un autre texte Platon écrit je cite que la vue de la beauté terrestre ne fait que réveiller le souvenir de la beauté véritable alors je ne m'arrête pas sur ce mot de souvenir parce que c'est une autre idée de Platon l'idée de réincarnation de métansychose plus précisément que je développerai dans une autre vidéo revenons à l'allégorie de la caverne à la fin de son ascension le prisonnier libéré peut donc contempler le soleil c'est-à-dire les essences de toute chose alors on ne peut pas vraiment contempler le soleil sinon il nous brûle les yeux bien sûr et c'est pourquoi Platon nous dit que la vérité ne peut être vue que par instant comme quand le premier mathématicien a vu l'idée du cercle cela n'a duré sûrement qu'une fraction de seconde la vision de cette idée mais cet éclair cette révélation lui a suffi pour donner ensuite la définition du cercle et de la même manière nous ne pouvons pas regarder le monde intelligible en face sans arrêt nous ne pouvons le voir que pendant de brefs moments mais ces moments suffisent pour nous permettre ensuite de regarder le monde autrement nous savons une fois que nous l'avons brièvement aperçu qu'il existe un monde intelligible et ce que représente le soleil dans l'allégorie de la caverne c'est idée du bien c'est cette idée du bien qui est à la racine de toutes les autres idées l'idée du vrai l'idée du juste l'idée du beau pour être plus précis le vrai le juste et le beau ne sont en fait que des facette de l'idée du bien ce qui est vrai est bien ce qui est beau est bien et ce qui est juste est bien nous sommes d'accord personne n'ira jamais dire à moins d'être fou que l'injustice c'est bien ce qui veut dire que l'idée du bien est une le bien c'est l'un c'est ce qui est indivisible et plus nos sens nous donne l'illusion que l'un est divisible plus nous sommes trompés par nos sens la réalité supérieure c'est donc l'unité voir la réalité intelligible c'est voir l'unité de toute chose or notre perception sensorielle c'est-à-dire la façon dont nous percevons le monde à travers nos sens nous donne l'illusion que l'un est multiple nos sens nous donnent l'illusion que le monde est divisé en une multitude de choses qui changeent sans cesse qui s'use et se corrompent sans arrêt mais notre intelligence au contraire nous permet de percevoir que toutes ces choses forment une seule unité l'unité de l'être par conséquent si nos organes nous trompent c'est parce que lorsque nous regardons quelque chose nous pensons que c'est l'œil qui voit et lorsque nous entendons quelque chose nous pensons que ce sont nos oreilles qui entendent et il en va de même pour tous nos sens mais ce que nous ne saisissons pas c'est que nos organes sensoriels les yeux les oreilles et cetera ne sont pas des fins mais des moyens ce sont des organes à travers lesquels notre âme perçoit les choses mais une fois que notre âme AP perçu les choses son travail ne doit pas s'arrêter là l'âme doit ensuite utiliser un autre organe pour saisir l'essens des choses que nous avons perçu et cet organe de l'âme cet organe qui permet à l'âme de percevoir les essences des choses c'est l'intelligence l'intelligence nous permet de dépasser notre perception limitée du réel et de nous élever jusqu à la contemplation du monde intelligible l'allégorie de la caverne est donc une représentation symbolique de notre condition humaine la caverne ce lieu souterrain dans lequel les prisonniers ne peuvent pas bouger c'est l'image d'un tombeau rester dans la caverne c'est avoir une existence de mort viivant et pourtant après avoir dit ça nous devons aborder la dernière scène de l'allégorie la scène la plus étrange la plus déroutante vous vous souvenez de ce qui arrive au prisonniers libérés à la fin de l'histoire il retourne dans la caverne il retourne dire à ses anciens compagnons ce qu'il a vu et en retournant dans la caverne il risque sa vie car ses anciens compagnons seront prêts à le tuer s'il essayait de les faire sortir eux aussi de la caverne et bien vous l'avez peut-être deviné il a vraiment existé ce prisonnier et oui cet homme qui a été assassiné par ses concitoyens pour les avoir encouragé à rechercher les véritables essences des chose c'est tout simplement Socrate lui-même Socrate qui fut condamné à mort pour avoir propagé la philosophie dans la cité et pourtant Platon nous dit que le prisonnier doit quand même au péril de sa vie retourner dans la caverne pourquoi nous dit-il cela parce que l'allégorie de la caverne ce situe au sein d'une réflexion qui n'est pas seulement métaphysique mais qui est aussi politique d'ailleurs l'allégorie se trouve comme nous l'avons dit dans un texte de Platon intitulé la République pour le philosophe qui a vu les essences rien ne serait plus tentant que de se laisser absorber dans une vie de contemplation de ne rien souhaiter d'autre que de contempler le monde intelligible or ce que nous dit Platon c'est que le philosophe ne peut pas se contenter de jouir de ce spectacle divin on doit le rappeler à son devoir politique il doit revenir aux affaires humaines il est hors de question que le bonheur de la contemplation de quelques-uns s'oppose au sort malheureux de la multitude qui serait laissé dans l'ignorance et l'injustice et qu'il n'est pas possible d'accepter que ce soit des prisonniers enchaînés qui gouvernent d'autres prisonnier enchaîné car alors ces prisonniers qui auraient l'ambition de gouverner seraient soumis à tous les vices qu'implique la soif du pouvoir l'égocentrisme la corruption la manipulation le mensonge la démagogie la crapulerie sans même parler des vices que l'accès au pouvoir provoque le mépris l'arrogance et la brutalité peut-on laisser des gens aussi dangereux nous gouverner c'est impensable répond Platon de tels gouvernant finiraient fatalement par faire assassiner Socrate car il redouterait toujours que soit dévoilée la vérité et par conséquent l'illégitimité de leur pouvoir n'oublions pas que Socrate que nous reconnaissons comme le père de la philosophie s'il s'adressait directement à ceux qu'il rencontré dans la rue n'enseignait pas qu'il n'écrivait pas de livre qu'il fut moqué par ses cont et surtout qu'il fut condamné à mort dans ce sens la vie de Socrate fut tout sauf une vie asétique ce fut au contraire une existence très risquée le retour du prisonnier libéré dans la caverne au péril de sa vie c'est donc l'enseignement ultime de l'allégorie et cet enseignement peut se résumer en une phrase la vocation du philosophe est politique parole de philosophe