Allez, là je crois que j'ai trouvé la bonne formule. Hum, c'est bon ! Qu'est-ce que tu fais ? Goûte ça !
Y'a pas de risque ? Ça change de forme ! Ça pétille dans la bouche !
Ça nourrit ! On devrait en faire un bonbon et le vendre ! Bonne idée ! Vous voulez un bonbon ? Non, mais on va faire le tour des magasins.
Un marché ! Mais le paquet ! Musique Eh ben Jamy, c'est pas gagné notre histoire. Regarde un peu, rien que dans ce magasin il y a déjà 200 sortes de bonbons.
Le marché doit être complètement saturé. En plus on n'est pas tout seul. Rien qu'en France il y a déjà 130 grands fabricants de bonbons.
Et puis tu sais, 7 fois sur 10, quand on lance un nouveau produit, et pas seulement des bonbons d'ailleurs, et bien 7 fois sur 10 c'est un échec. Donc c'est un peu risqué notre histoire. Tiens en tout cas, j'ai déjà trouvé le slogan.
Écoute bien. Du bon... Du bonbon, du bonbonbon, c'est génial ! Non, c'est pas très bon.
Non, ça te plaît pas ? Tu retardes un peu, ça aurait peut-être marché il y a 50 ans quand on effectuait encore ces achats chez son petit commerçant de quartier. A cette époque, la réclame suffisait à se faire une réputation. Mais avec l'avènement de notre société de consommation, l'offre de biens n'a cessé de se multiplier, au point que certains hypermarchés offrent aujourd'hui plus de 300 000 produits.
produits différents. Pour se faire remarquer sur ces marchés saturés, tous les moyens sont bons. Spots télévisés, campagnes d'affichage ou encarts dans la presse. Chaque jour, nous sommes confrontés à une centaine de messages publicitaires. Tu pousses le bouchon un peu trop loin, Maurice.
J'ai bien regardé, Jamy. Il y a des bonbons mous qui n'ont pas trop de goût, des bonbons durs qui piquent la langue, des bonbons bizarres qui pétillent dans la bouche, mais il n'y a pas de bonbons qui se transforment quand on les mange. On a peut-être notre chance.
Effectivement. Alors jetons un oeil... sur ce qui se fait.
Il existe sept grandes familles de bonbons. Dans le jargon, on parle de segments. Le plus important rassemble les bonbons gélifiés, les gommes, les pâtes de fruits et les réglisses. Derrière, les sucres cuits, genre bonbons emballés. Ensuite, les caramels et les pâtes à mâcher.
Ça, ça doit vous dire quelque chose. Puis, les chewing-gums, les dragées, les nougats, et enfin, un petit segment, les bonbons fantaisie. Bon, ben c'est clair, Jamy.
Il faut fabriquer des bonbons gélifiés ou des sucres cuits. C'est ce qui se vend le mieux. Ce n'est pas aussi simple.
Les sucres cuits ont beau être deuxième sur le marché du bonbon, ils se vendent de moins en moins bien. En revanche, les chewing-gums, eux, se vendent de mieux en mieux. On va plus ce que c'est ça. On n'a qu'à fabriquer des chewing-gums. C'est pas dur.
C'est pas aussi simple. Il faut observer ces segments d'un peu plus près, savoir qui fabrique pour savoir s'il y a une petite place pour nous. Et là, c'est pas gagné. Le marché des chewing-gums est contrôlé par deux fabricants.
Et on a guère... plus de chance avec les bonbons gélifiés. Ce marché est contrôlé par un fabricant.
Dans un cas comme dans l'autre, ces sociétés ont d'énormes moyens. Elles peuvent très rapidement mettre sur le marché un produit concurrent au nôtre, faire davantage de publicité, obtenir de meilleurs emplacements dans les magasins. Bref, ce n'est pas forcément un bon choix. Oh bah c'est dommage, j'aurais bien aimé fabriquer des bonbons. Sois pas triste Fred, il y a une solution.
Quand on observe le marché du bonbon à la loupe, qu'un secteur est en pleine expansion, celui des bonbons fantaisie. Alors certes, ce n'est pas un marché important, mais il grignote sur ses voisins. Et ça, c'est bon.
Pour s'adapter sans cesse au marché, les industriels gardent l'œil rivé sur le consommateur. En France, 16 500 foyers ont accepté d'enregistrer quotidiennement leurs achats à l'aide de ce scanner à domicile. Grâce à ces données, les sociétés d'études de marché suivent en détail l'évolution de la consommation.
consommation des ménages. Les industriels s'intéressent également au contenu de notre estomac, savoir avec précision ce que nous mangeons ou par exemple, peut aider un fabricant de biscuits à grignoter quelque part de marché. Là où on est déjà présent, est-ce qu'on peut se développer plus en allant regarder pourquoi ils prennent autre chose que le biscuit et voir si on ne peut pas développer le biscuit sur... cet aspect-là. Si c'est parce qu'ils prennent des chocolats, c'est un moment qui est plus gourmand, à ce moment-là on peut faire un biscuit encore plus gourmand avec plus de chocolat, différentes textures, pour aller concurrencer le chocolat à ce moment-là.
Donc chers consommateurs, souriez, vous êtes observés ! Jamy, j'ai une bonne idée. Je me suis adressé à une agence, j'ai rencontré Sophie et elle nous propose trois idées géniales pour fabriquer un bonbon. Écoute un peu.
Raconte-nous, Sophie. Alors le premier bonbon, il est sur un axe plaisir et santé. Très sage, très gentil, très propre. Au fruit pour la vitamine, au lait pour le calcium et il est en forme de cœur.
Donc ça, ça va rassurer les mamans. Les mamans et surtout les dentistes. Très bien.
Alors la deuxième idée, alors elle... La deuxième idée, c'est l'horreur, c'est complètement l'opposé. C'est super trash. Donc, tu vois ça ?
Oui. C'est l'idée du bonbon. C'est ça la matière ?
C'est dégueulasse. Ah d'accord. Bon, on n'a pas quelque chose de plus tranquille ? Si. On a un truc qui est beaucoup plus soft et surtout qui est très consensuel.
C'est peut-être la bonne idée, ça. L'idée, c'est un bonbon qui se transforme. Complètement magique, en fait. Donc tu le mets dans la bouche, il est dur, normal, et puis tout à coup ça pétille, t'as les contours qui fondent et ça se transforme en étoile. J'aime bien cette idée.
Elle est pas mal. Maintenant il faut savoir ce que eux en pensent. Eh ben on va voir ça. Et maintenant, Jamy, on passe à l'étude qualitative, c'est-à-dire qu'on a réuni une dizaine d'enfants dans une salle, on va leur présenter les trois idées de bonbons, les trois concepts, et on va voir comment ils réagissent.
Il faut bien les écouter, hein, et nous on reste dissimulés derrière une glace. Ici, on a incité notre groupe de petits consommateurs à dire tout ce qui leur passait par la tête afin d'explorer les motivations qui les pousseront à choisir un bonbon plutôt qu'un autre. On a renouvelé le test avec deux ou trois groupes d'enfants et avec les mamans.
Après analyse de tous ces entretiens, il en ressort une tendance dominante. C'est le bonbon qui se transforme qui a le plus de succès. D'accord.
Ils ont très bien compris tout de suite le côté Harry Potter, un peu magie. Bon, donc tout ce qui est effet en bouche, à condition que le goût reste agréable, ça c'est une tendance lourde sur laquelle on peut réellement mettre l'accent et positionner le bonbon. Ok.
Alors c'est parti pour le bonbon qui change de forme. Un bonbon qui se transforme. Bon Jamy, c'est bien beau d'avoir inventé un bonbon, mais maintenant il faut lui trouver un nom, un emballage, un packaging comme on dit.
Et bien ici justement, je suis dans une très grande agence. de design et je crois bien qu'ils ont une petite surprise pour nous. Salut Fred ! Salut Patrick !
Tu as trouvé l'agence facilement ? Très facilement ! Bon alors montre moi ce que vous avez retenu.
Tu sais qu'il y a eu une étude avec les enfants, il y a eu trois solutions qui ont été proposées, il y en a deux qui ont été rejetées. Celle qui a été retenue c'est celle-là, c'est Sensas. Sensas c'est le nom ? C'est le nom.
Ah oui c'est bien ça, mais alors pourquoi Sensas ? Parce que c'est un nom qui est porteur de toutes les valeurs du produit. C'est un produit qui offre plein de sensations dans la bouche. bouche.
Donc tu sens plein de choses, tu sens du mou, tu sens du dur, tu sens des petites étoiles qui te pètent dans le palais et c'est ça le positionnement du produit. Donc sans sas comme sensation. Et puis alors l'originalité c'est que les bonbons on les trouve dans des canettes. Et bien oui, dans une canette.
Alors ça c'est complètement original, tu peux mettre ça dans ton cartable, tu pars à l'école, ça ne s'écrase pas et quand tu ouvres ça fait pschh comme le produit. Bon bah écoute, je crois que c'est parfait, on va retenir celle-là. Ah bah moi je crois que c'est sûrement celle qu'il faut faire. Bravo, c'est sans sas.
Un bon paquet de... Le packaging peut influencer les ventes presque autant que les qualités du produit. Le but, c'est d'être reconnaissable au premier coup d'œil et de se faire plus remarquer que ses concurrents. Et parfois, il suffit simplement de changer la forme du produit sans même en modifier le contenu pour séduire de nouveaux clients.
Bon, Jamy, on a un bonbon original, un joli packaging. Et maintenant, on n'a pas le choix. Pour savoir si ça va plaire à un maximum de consommateurs, il faut faire des sondages. Excusez-moi, vous avez le temps, monsieur, pour un sondage ? Excusez-moi madame, c'est pour un sondage.
Je suis désolée, j'ai pas du tout le temps là, je suis vraiment débordée. Il y a 30 questions par questionneur, j'y arriverai jamais. Tu te rends compte, il faudrait que j'interroge des millions de mamans et d'enfants. Il y a plus simple.
Pour savoir ce que pensent les consommateurs de notre bonbon, on peut se contenter d'un échantillon. Concrètement, on prend des gens au hasard. Un certain nombre de personnes.
Alors évidemment, la question c'est, est-ce que cet échantillon correspond à la réalité ? Eh bien, on va faire une petite expérience. Dans ce bocal, il y a 7 boules noires et 3 boules rouges. 70% de noires, 30% de rouges.
Imaginons que je ne le sache pas. et que je cherche à le deviner. C'est un peu la même histoire qu'avec mes bonbons.
Certains vont aimer, d'autres pas. Dans quelle proportion ? Je ne sais pas.
Revenons à notre bocal. Pour savoir ce qu'il y a à l'intérieur, je vais donc prendre un échantillon en effectuant des tirs au hasard. Et à partir de cet échantillon, j'en déduirai la proportion de boules rouges et de boules noires. Après 10 tirages, j'obtiens le résultat suivant. 80% de boules noires.
20% de boules rouges. Conclusion, le hasard ne correspond pas à la réalité. Cela dit, si je multiplie les tirages, si j'élargis l'échantillon, eh bien je vais me rapprocher de la réalité. D'ailleurs, d'après une loi mathématique, la loi des grands nombres, si je répète les tirages à l'infini, j'obtiendrai un résultat correspondant à la réalité.
Alors évidemment, je ne vais pas tirer des boules à l'infini pour savoir ce qu'il y a dans le bocal. En revanche... Grâce à la loi des grands nombres, je sais qu'à partir d'un certain stade, j'obtiens un résultat très proche de la réalité. 2000 tirages, on obtient le résultat suivant.
69% de boules noires et 31% de boules rouges. Je suis très proche de la réalité. Mais pour notre échantillon, Jamy, je dois interroger combien de personnes pour avoir l'idée la plus juste de leur goût ? Monsieur, c'est pour un sondage ! Pour avoir une bonne idée de ce que pensent les consommateurs, il faut un échantillon de 1000 personnes.
Au passage, si je devais étudier la population d'un pays comme la Chine, eh bien je prendrais également un échantillon de 1000 personnes. En effet... Ce n'est pas parce que la taille de la population à sonder augmente qu'il faut augmenter celle de l'échantillon.
Et avec 1000 personnes, on obtient un résultat assez proche de la réalité. Tenez, il y a quelques temps, par exemple, avec Marcel, on s'est livré à un petit sondage. La question était, aimez-vous la couleur de notre camion ?
D'après notre sondage, 53% des personnes interrogées en étaient satisfaites. Alors évidemment, on peut toujours s'interroger sur la fiabilité de ce résultat. Correspond-il à l'opinion de l'ensemble des Français ?
Pour être tout à fait franc avec vous, on sait qu'il y a une marge d'erreur. Cela dit, on est sûr à 95% et ceci grâce à des calculs dont on fera ici l'économie, on est sûr à 95% que le bon résultat est compris entre 50 et 56%. Autrement dit, on est sûr à 95% que 53% des Français aiment la couleur de notre camion avec une marge d'erreur. De plus ou moins 3%.
3% de marge d'erreur ? Ça fait beaucoup ! On pourrait pas la diminuer un peu ? Si, en augmentant la taille de l'échantillon. Ah bah alors qu'est-ce qu'on attend, Jamy ?
Doucement. Si je pose la même question à 2000 personnes et que j'obtiens le même résultat, 53% de personnes satisfaites, effectivement, je réduis la marge d'erreur. Seulement, comparé, je multiplie par 2 la taille de l'échantillon Mais je ne divise pas par deux la marge d'erreur.
J'obtiens une marge d'erreur de plus ou moins 2,2%. Alors certes, c'est mieux que 3%, mais ce n'est pas suffisant pour justifier le coût d'une étude sur un échantillon deux fois plus grand. Mais ce n'est pas fini. La marge d'erreur ne dépend pas uniquement de la taille de l'échantillon.
Elle dépend aussi des réponses données par les personnes sondées. Tenez, avec Marcel, lors de l'enquête... Nous avions posé une deuxième question.
Aimez-vous la musique du générique ? 90% des personnes interrogées adoraient. Dans ce cas, la marge d'erreur n'est que de plus ou moins 1,85%.
Autrement dit, plus une tendance se dégage dans les réponses données, plus la marge d'erreur diminue et plus on est sûr du résultat obtenu. Fondée sur des lois statistiques, cette méthode est théoriquement fiable. Pourtant, en politique, on constate que les sondages d'opinion se trompent parfois. C'est parce que les personnes interrogées ne disent pas toujours la vérité.
Si on a 10% d'attention de vote pour Jean-Marie Le Pen, il peut arriver que dans la réalité ce pourcentage soit plus fort, tout simplement parce que certains interviewés n'auront pas osé, même par téléphone, annoncer cette préférence partisane, cette préférence politique à l'enquêteur, et auront... indiquer un autre choix. Le rôle à ce moment-là de l'homme d'études politiques, pour les enquêtes politiques, ce sera de savoir quel bon coefficient correcteur appliquer, et comment transformer ce 10% en 12% ou 15%. 16% ont 16%.
Ces coefficients correcteurs sont notamment calculés à partir de l'expérience des élections passées. Tout ça n'est pas vraiment scientifique. En marketing, c'est différent.
En marketing, heureusement pour nous, nous n'avons pas le même problème. On part de cette hypothèse que les interviewés, quand ils nous font des déclarations, quand ils répondent aux questions de nos enquêteurs, disent la vérité de façon sincère. Et donc, il n'y a pas à corriger leurs déclarations. On prend les résultats tels qu'ils sont.
Et c'est à partir de ces résultats-là que l'on fait nos analyses. Grâce à leur méthode, les spécialistes du marketing pensent tout connaître de nos goûts et de nos habitudes. Vous m'entendez, monsieur ?
Tu sais, Jamy, qu'elle est drôlement importante, cette enquête. Parce qu'elle va nous permettre de savoir avec précision à qui notre bonbon va vraiment plaire. Si c'est plutôt les petits garçons ou les petites filles. Et puis on va avoir l'avis des mamans aussi. Après tout, c'est souvent elles qui achètent.
Allez, c'est parti. Quel est ton prénom ? Rose. Quel âge as-tu ?
11 ans. Alors Rose, tu vas goûter ce bonbon s'il te plaît. Alors dis-moi, le goût du bonbon, tu aimes bien, tu aimes moyennement ou tu n'aimes pas du tout ? Moi j'aime bien. Le côté pétillant ?
C'est pas désagréable, non c'est pas mauvais pour du pneu à la fraise. Il est bon mais ce serait mieux avec un... un peu plus de fraises.
Est-ce que vous en achèteriez pour vos enfants ? Absolument pas. Grosse suivante ! Bonjour, comment tu t'appelles ?
Oscar. Tu as quel âge ? 80. Ah ben, je suis désolé, Oscar, mais tu rentres pas dans mes quotas, t'es trop jeune.
C'est pas grave. C'est ça, Jamy ? Il y a des quotas, hein, dans les enquêtes.
Bon, allez, prends un bonbon quand même. Fais attention, hein. Ça pétille. Pour qu'un sondage ait de la valeur, l'échantillon doit absolument correspondre à la population visée.
Autrement dit, on doit retrouver à l'intérieur de cet échantillon la même proportion d'hommes, de femmes, de jeunes, de moins jeunes que dans cette population. Pour constituer les échantillons, les instituts de sondage utilisent des statistiques. Il s'agit de photographier en quelque sorte de la population française dans différents domaines.
Ainsi, grâce aux statistiques, on sait qu'en France, il y a par exemple... 51,4% de femmes et 48,6% d'hommes. Si je voulais avoir l'opinion de tous les Français à propos de tel ou tel sujet, je veillerais à ce que dans mon échantillon, cette proportion soit respectée. De la même manière, on peut avoir une photographie des différentes classes d'âge.
On peut aussi savoir où vivent les Français. Campagne, ville moyenne, grande ville. Et on peut aussi savoir ce que font les Français.
Ce sont les fameux CSP catégories. sociaux, professionnels, agriculteurs, artisans, commerçants, cadres supérieurs, employés, ouvriers. Mais revenons à nos bonbons.
L'opinion de la totalité des Français ne nous intéresse pas. Seules celles des enfants qui ont entre 8 et 13 ans et celles de leur maman nous sont utiles. L'objectif pour Fred, c'est donc de constituer un échantillon qui correspond à cette population. Pour cela, on va encore utiliser des statistiques. Pour les enfants, par exemple, on sait grâce aux statistiques que sur la tranche d'âge 8-13 ans...
Il y a 48,8% de filles et 51,2% de garçons. Au passage, vous remarquez que tout à l'heure, il y avait davantage de femmes que d'hommes. C'est normal, les femmes vivent plus longtemps que les hommes. Grâce aux statistiques, on connaît aussi la répartition des tranches d'âge. On sait aussi où vivent ces enfants et ce que font leurs parents.
Pour que notre sondage soit fiable, il va falloir retrouver toutes ces proportions et bien d'autres à l'intérieur de notre échantillon. Le lancement d'un produit nouveau coûte terriblement cher. Avant de le mettre sur le marché, les industriels soumettent leur projet à de multiples études. Ils testent non seulement la qualité du produit, mais aussi le discours qui va autour.
On dirait à un enfant, tu as un biscuit très rigolo, essaye-le. Et puis l'enfant l'essaye, il ne le trouve pas du tout rigolo, ça ne va pas l'intéresser. Donc là, le diagnostic, c'est que l'idée est bonne, il faut retravailler le produit.
Il y a des marques où le produit est délicieux. est excellent, mais au contraire, ce qu'on raconte dessus n'intéresse personne et du coup, les gens n'ont pas envie d'essayer. Donc, on ne lui permet pas d'exprimer tout son potentiel.
Donc là, tout l'enjeu, c'est de réexpliquer autrement qu'est-ce que c'est que ce produit. Pour notre bonbon sans sas, ça va plutôt bien. Ça me plaît.
Jamy, j'ai pensé qu'on pourrait faire un peu de pub à la télé pour le lancement de notre produit. Alors, je me suis adressé à une grande agence de pub, mais une très grande. Je t'enverrai la facture. Bonjour Fred. Ça va bien ?
Ça va et toi ? Alors qu'est-ce que vous nous proposez ? Tu te souviens, il y a quelques semaines, tu étais venu nous voir avec ton produit, Sensas.
En fait, on a pris ta cible, les enfants de 8 à 12 ans. C'est des pré-adolescents, c'est l'âge un peu de l'éveil d'essence. Et derrière ce concept, nous on a imaginé une publicité qui parlerait de l'explosion d'essence et des sensations que procure ton bonbon.
D'accord. Donc c'est ce qu'on peut voir sur ce storyboard. Absolument, c'est ce que tu vois là.
On a deux petits enfants qui sont en train de jouer. On a l'impression qu'ils sont derrière une télé en train de faire des jeux vidéo. Ils sont en train de manger des bonbons, ils sont en train de manger le bonbon sans sasse.
Et donc on a une signature, ce que les gens appellent le slogan, qui est sans sasse, des sensations plein ta bouche. D'accord. On peut voir le film ? Bien sûr.
On te le montre. Oh j'ai hâte de voir. J'espère que ça ne va pas nous coûter bonbon cette affaire.
T'es prêt ? Centrages et installations, la maman bouge ! Pas mal ! Eh Jamy, j'ai le résultat des études. Tu sais que ça devrait bien marcher.
Si on fixe le prix de la boîte à 2 euros, on devrait en vendre 10 000 par semaine. On va gagner plein d'argent ! Tiens, je reprends un petit bonbon.......
Ça dégage ! Alors reprenons, à 2 euros la boîte de Sansas, on sait qu'on peut en produire et en vendre 10 000 par semaine. Ce qui va nous rapporter, une fois la TVA déduitée, la marge du distributeur, 15 000 euros. C'est notre chiffre d'affaires.
Attention, j'ai bien dit chiffre d'affaires. Ce n'est pas l'argent qu'on va gagner. En effet, pour produire les bonbons, il a fallu des matières premières. Faire tourner des machines, payer des salaires.
transporter des marchandises. Coût total 8000 euros. Et ce n'est pas tout.
Pour vendre 10 000 boîtes de sans-sas par semaine, il faut aussi faire de la publicité. 5500 euros si je fais les comptes. 5500 plus 8000, 13500, ôté de 15000. Nous n'avons fait en fait qu'une marge de 1500 euros soit... 10% de notre chiffre d'affaires, eh bien c'est trop peu.
En effet, l'entreprise a d'autres dépenses. Loyer, comptabilité, développement pour trouver de nouveaux produits. Et puis, elle doit aussi faire un bénéfice. En fait, on estime qu'une entreprise n'est pas dans le rouge quand elle fait une marge de l'ordre de 20% de son chiffre d'affaires.
Pour atteindre ce chiffre, nous n'avons pas d'autre solution. Il faut augmenter le prix de notre paquet de 100. Et ça, c'est le passé. à 3,20€.
Tu crois peut-être que je suis dans un supermarché ? Pas du tout ! Je suis dans un faux supermarché.
C'est un endroit où on étudie le comportement des consommateurs face aux produits, face au prix. On leur donne une liste de courses à faire et on regarde ce qu'ils mettent dans leur caddie. Tiens d'ailleurs, tu sais que le prix, ça fait partie de la stratégie marketing.
Par exemple, un prix un peu élevé, ça peut être pour le consommateur un gage de qualité. Eh, regarde, on est en train d'étudier notre produit. Je peux te dire qu'à 2 euros, il se vend très bien.
Maintenant, on va le mettre au prix de 3,20 euros. À mon avis, c'est un peu cher. Regarde, ici, il y a des glaces centains et des caméras partout pour surveiller les consommateurs. Regarde, il y a une jeune fille qui s'approche de notre produit. Oh là, allez-y, allez-y, allez-y !
Aaaaaah ! Elle a pris le produit concurrent ! Je te l'avais dit, on est trop cher ! Il faut trouver une solution.
On pourrait peut-être réduire les dépenses de publicité. Réduire la pub ? Hors de question !
Sinon, nous n'avons plus les mêmes armes que nos concurrents. Non, la seule solution, c'est de réduire les coûts sur les matières premières, par exemple. Et si l'on parvient à atteindre 6 500 euros, faites les comptes, 6 500 plus 5 500, 12 000, ôté de 15 000. 3000 euros, autrement dit, 20% de notre chiffre d'affaires. Et à ce tarif-là, c'est dans la boîte.
Regarde, Jamy, je viens de recevoir les maquettes des affiches. J'en vois déjà sur tous les murs de France. Du calme, Fred.
Pour une semaine de campagne d'affichage dans les grandes villes de France, il faut compter environ 500 000 euros. Pour un simple encart dans un magazine, c'est 20 000 euros. Quant aux spots de télévision, n'en parlons pas. La diffusion d'une pub avant le film du soir sur une grande chaîne privée...
à 100 000 euros. On estime qu'un spot doit être vu au moins 8 fois pour être vraiment efficace. Pour entretenir leur notoriété, les grandes marques n'hésitent pas à mettre le paquet et à dépenser chaque année en pub des millions d'euros.
Certaines associations condamnent ce matraquage médiatique qui envahit notre quotidien. Les casseurs de pub, par exemple, détournent certaines publicités pour dénoncer les dérives de notre société de consommation. Oh là là ! Mais qu'est-ce que j'ai fait de la formule ?
J'ai dû en mettre trop la formule ! Je l'ai perdue ! La formule ! Jamy !
Jamy, bonne nouvelle ! J'ai signé plein de contrats ! Il nous faut un million de boîtes ! pour lundi alors qu'on en verra 500 milles à marseille 200 milles à bordeaux tant qu'un drapeau pour ma grand-mère aussi parce qu'elle aime bien les bonbons ma grand-mère et puis l'enfant aussi pour les anglais pour les chinois ça marche super au jamais des patrons