Alors aujourd'hui dans cette vidéo, dans les mouvements littéraires, vous allez explorer un mouvement littéraire célèbre mais finalement peu connu, réellement, le romantisme. Alors le romantisme qu'est-ce que c'est ? D'abord le romantisme est un mouvement littéraire qui a cours des années 1850, donc dans la première partie du 19e siècle.
Et il va mettre en oeuvre des auteurs aussi célèbres que Lamartine, Musset, Victor Hugo... et Châteaubriand. Et tout commence d'abord avec un pré-romantisme qui se situe donc à la fin du XVIIIe siècle qui commence dès lors à critiquer les Lumières et à leur reprocher un certain nombre de choses.
Notamment, on reproche au mouvement des Lumières de ne miser que sur la raison et de ne plus laisser libre cours aux émotions, aux sensations et à la sensibilité. Diderot, par exemple, exprimait déjà son désir de laisser de côté le côté scientifique des Lumières et il en appelait à une poésie de la sensibilité fondée sur la mélancolie. Et en fait, les auteurs qui ont fini par refuser les Lumières et qui ont migré dans les pays voisins de la France pendant la Révolution française, c'est-à-dire le Royaume-Uni et l'Allemagne, vont développer cette critique.
Et par exemple, des auteurs comme Shelley en Angleterre, ou Keats, ainsi qu'en Allemagne Goethe et Novalis vont être inspirés par cette critique des Lumières tout en étant aussi des... héritiers des Lumières. Ils vont récupérer l'esprit des Lumières mais l'orienter vers quelque chose d'autre.
Et cet esprit-là va migrer en France, du Royaume-Uni et de l'Allemagne. Alors quels sont les principes du romantisme ? Tout d'abord, le premier principe, celui de la liberté de création.
On revendique une liberté totale quand on cherche à créer une œuvre. Évidemment, cette liberté totale, elle s'oppose aux règles du classicisme que l'on se met à refuser, notamment la fameuse règle des trois unités ou bien l'Alexandrin, qui est un espèce de musée de la langue française depuis le XVIe siècle. On va chercher à exprimer son moi, sa subjectivité, c'est-à-dire ce que l'on sent, ce que l'on ressent.
C'est ce qu'on appelle le lyrisme. On va mélanger les genres, alors que c'était impossible et inimaginable jusqu'alors. On va cultiver un goût du passé, mais d'un passé lointain, antique, révolu.
et on va contempler la nature. Bref, on va chercher à casser tous les codes de la littérature. Par exemple, Victor Hugo, dans la préface de Cromwell, s'exprime sur la règle des trois unités, et il est très sévère avec cette règle.
Il dit que l'unité de temps n'est pas plus solide que l'unité de lieu. Il dit même que maintenir cette unité est ridicule. Il compare cette unité et ceux qui la respectent à des cordonniers qui voudraient mettre le même soulier à tous les pièces, c'est-à-dire appliquer la même recette à toutes les pièces, alors que chaque pièce devrait être particulière.
C'est pourquoi il parle de la cage des unités, donc ils sont une prison pour lui. Sur l'Alexandrin, il est tout aussi radical puisqu'il prône un ver libre, franc, loyal, osant tout dire, sans pruderie, tout exprimer, sans recherche, et donc il veut briser cet Alexandrin. Alors, quels sont les thèmes abordés par le mouvement romantique ? D'abord, la solitude du sujet, du moi, qui est seul, souvent, face au reste du monde. Et du coup, cette solitude crée de la mélancolie, de l'inquiétude, qui est un deuxième thème du romantisme.
Troisième thème, la nostalgie du passé. Quatrième thème, les ténèbres, le mystère. On va chercher à arpenter le côté obscur de la vie.
C'est pour ça que la littérature fantastique connaît un grand succès dans cette première partie du XIXe siècle. On va chercher également à dialoguer avec la nature dans un rapport d'harmonie, de proximité. D'ailleurs la nature, autre thème, est vue comme un lieu sacré. Enfin, on va s'attarder sur les ruines, le passage du temps, le fait que les choses soient finies, terminées. Alors si on prend le tableau très célèbre de Gaspard Friedrich, qui est en illustration de cette vidéo, on voit que c'est un tableau particulièrement romantique.
D'abord, nous apercevons au premier plan un marcheur solitaire vu de dos placé dans un milieu montagneux et sauvage. Ce promeneur représente le mois et soleil. Il contemple une nature foisonnante, riche mais aussi mystérieuse. Et son regard, on le voit grâce aux lignes directrices du tableau, est fixé vers le point de fuite, c'est-à-dire vers l'infini.
Voilà en fait à quoi doit servir une œuvre pour les romantiques, faire toucher du doigt les mystères de la nature et apprendre à contempler l'infini en s'élevant jusqu'à lui. Alors, les genres concernés par ce mouvement sont tous les genres propices à exprimer le moi, la subjectivité, c'est-à-dire le drame au théâtre, le roman et la nouvelle, l'autobiographie fictive, bien sûr, et la poésie lyrique. Les styles et les procédés sont également novateurs.
D'abord, on va présenter l'écrivain comme un prophète visionnaire qui voit des choses que personne d'autre à part lui ne peut voir et qui va les transmettre à son lecteur. Il va utiliser souvent des hyperboles nombreuses pour parler. L'énonciation sera évidemment subjective, c'est-à-dire qu'elle sera la première personne du singulier, je. On va voir une luminosité en clair-obscur, bien souvent dans les textes. Et puis, vous allez avoir de nombreuses descriptions, un mélange des genres, et enfin, une cassure de l'alexandrin, en tout cas dans la poésie.
Voilà, vous savez ce qu'est le romantisme.