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Histoire du maquillage à la française

Et bien ce maquillage à la française dont nous parlons trouve son origine au 18e siècle. C'est Marie-Antoinette qui, lorsqu'elle arrive à Versailles en 1770 pour épouser le dauphin futur Louis XVI, va bousculer les usages. Le maquillage y est alors outrancier et très peu discret. Tout l'inverse de ce qu'elle avait connu dans sa contrée natale, la Vienne impériale, n'est-ce pas ça ? Bien sûr, en Autriche, elle a connu quelque chose de plus simple et quand elle arrive à... à la cour de Versailles, elle est confrontée à un maquillage très marqué et elle va changer les conventions. Révolutionner peut-être ? Avec une grande difficulté. Voyons comment Marie-Antoinette a changé la face du maquillage français. Versailles au XVIIIe siècle. C'est ici que se décident les codes de l'esthétisme à la française. Dans ce théâtre des apparences, où l'on joue parfois sa place sur un détail, le maquillage est un outil indispensable pour qui veut briller devant le roi. Un art complexe qu'une toute jeune femme va bouleverser. En 1770, Marie-Antoinette arrive d'Autriche au château de Versailles. Promise au futur roi Louis XVI, la jeune dauphine découvre une cour à l'étiquette des plus rigides. C'est notamment le cas des phares, ces poudres utilisées pour le maquillage. Dans les appartements de Madame de Pompadour, à cette table de toilette, l'icône de la mode du début du XVIIIe siècle donnait le ton chaque matin. Elisabeth de Fédot, bonjour. Bonjour Charles. Alors cette table de toilette est emblématique d'une époque. Celle à laquelle Marie-Antoinette arrive à Versailles. Oui, tout à fait. À quoi la jeune dauphine est-elle confrontée à ce moment-là ? La jeune dauphine est confrontée à tous les usages de la cour, dont le phare fait partie et qui a une importance capitale depuis la Renaissance, qui impose aux femmes comme aux hommes de se farder tous les jours. Ce farder consiste à paraître devant le roi, et comme on est en constante représentation, il faut se farder pour dissimuler à la fois toutes les traces d'une éventuelle fatigue, mais aussi dissimuler les traces de son émotion. parce que l'émotion peut vous condamner à la cour. Il y avait aussi une autre importance dans le phare, c'est que ce blanc de céruse permettait d'accrocher la lumière. Or, pour un courtisan, qu'est-ce qui est important ? C'est d'être vu par le roi au moment de son passage. Donc, si on attire ainsi la lumière et donc le regard du roi sur soi, on a gagné sa journée. Comment se passait ce rituel tous les matins ? Il y avait deux toilettes. Une toilette très matinale, qui était une toilette de propreté. Et ensuite, venait ce qu'on appelait la toilette d'appart. où on pouvait recevoir, c'était même de très bons tons, d'invitées à sa toilette d'apparat. Ça dure longtemps ? Oui, très longtemps, ça dure deux heures à peu près. Donc il y a tout d'abord l'emplâtrage, qui est cette pose du blanc de cérus sur le visage. Mais pourquoi dit-on emplâtrage ? C'était vraiment au sens propre du terme. Absolument, c'est une couche épaisse qui va se solidifier au cours de la journée, même noircir, au point qu'en fin de journée, ça se fissurait. Donc c'était un véritable masque composé sur la peau pour tout dissimuler. Alors voilà, nous sommes ici dans l'antichambre, Charles, de l'appartement de Madame de Pompadour. Et vous avez ici un portrait d'elle. Et comme vous pouvez le constater, elle est fardée. Elle porte le rouge très haut, près des yeux, pour donner du feu au regard. On ne lit presque pas d'expression, finalement, sur son visage. On dirait presque un bébé. Absolument. Plus d'émotion. Elle est lisse. Et personne ne va y couper. D'ailleurs, à la cour de Versailles, les hommes, également, regardez le marquis de Marigny, il est poudré, fardé, à l'image, donc, d'une femme, un parfait courtisan. Car évidemment, au XVIIIe siècle, les hommes se maquillent autant que les femmes. Un rituel au code rigoureux, auquel Marie-Antoinette n'est pas habituée. A la cour d'Autriche, son pays d'enfance, les conventions sont plus simples et la mode plus naturelle. Afin de comprendre à quoi Marie-Antoinette doit se plier pour tenir son rang, je me rends à Saint-Germain-en-Laye, au pavillon Henri IV, ancienne résidence royale et lieu de naissance de Louis XIV, à la rencontre d'une maquilleuse professionnelle. Sous- Pour l'assister, ma collègue Léa Mamane a accepté de se glisser dans la peau de Marie-Antoinette pour une démonstration. Sylvie Clerblavé, bonjour. Bonjour Charles. Alors dites-nous comment Marie-Antoinette, jeune dauphine dont on voit le buste ici, devait se maquiller à son arrivée à Versailles. Alors à la cour du roi, elle va découvrir au niveau du maquillage deux couleurs essentielles, le blanc et le rouge. Le blanc, c'est la couleur de la pureté, ça permettait d'avoir le... le teint blanc virginal bien sûr et il y avait une démarcation avec les gens du peuple qui travaillaient à l'extérieur et qui bien sûr avaient la peau plus mate on appliquait généreusement ce blanc sur l'ensemble du visage Les oreilles, le cou, la nuque et bien sûr le décolleté, voire les avant-bras. Alors, vous voyez, cette texture très épaisse permettait bien sûr de camoufler les imperfections, comme les boutons, les rougeurs, les taches, mais aussi de camoufler les rides, les plis d'expression. Ça devait être particulièrement contraignant et quand on transpire, on ne pouvait pas bouger en fait. On ne pouvait pas bouger, on était vraiment finalement privés de liberté. Après le blanc... Une autre couleur occupe alors une place essentielle dans la mise en beauté. À cette époque-là, il existait une bonne dizaine de nuances de rouge. C'est un marqueur social et ça permettait littéralement au roi de savoir à qui il s'adressait en fonction des nuances. En ce qui le concerne lui et la famille royale, on utilise le rouge le plus vif. Les veines, c'est le sang bleu, le sang aristocratique, qu'on valerait aussi avec un crayon bleu. Et donc on va terminer par les mouches. Donc les mouches, c'était des petits morceaux de tissu. Elles ont des formes et des tailles différentes. Elles ont des formes et des tailles différentes. Et elles permettaient d'exprimer l'humeur du moment. Donc là, on a la passionnée, très près de l'œil. Là, près de la bouche, c'est la coquette. On pouvait aller jusqu'à une 10, 10, 15 mouches sur le visage. Voici à quoi Marie-Antoinette devait ressembler une fois la perruque posée. Pour obtenir ce résultat, les cosméticiens de l'époque ont recours à toute une gamme de produits chimiques. Des phares qui ne sont pas sans risque, comme je vais le découvrir dans un lieu loin des fastes de Versailles. Stéphane Pirnet, bonjour. Bonjour. Que sait-on aujourd'hui des dangers... j'ai des phares employés au XVIIIe siècle. On sait que les phares utilisés comme le blanc de céruse au XVIIIe siècle ont une toxicité importante parce qu'ils sont à base de plomb et le plomb a un profil toxicologique assez sévère. Qu'est-ce qu'on sait des effets sur la peau directement ? Les effets sur la peau sont des effets de tâches, des effets irritants, mais également une intoxication sur l'organisme entier, donc une atteinte des fonctions vitales, que ce soit le foie, que ce soit les reins, que ce soit la fonction pulmonaire. Donc oui, les personnes, en essayant d'être belles, finalement s'intoxiquaient malgré elles. Et pouvaient en mourir. Et pouvaient tout à fait en mourir. Pourtant, dès 1760, des publications scientifiques, comme celle du docteur Anne-Charles Lorry, mettent en question la nature de la peau. T'en garde contre les effets toxiques du blanc de céruse. Consciente des débordements liés à son utilisation, Marie-Antoinette se démarque peu à peu des modes qui lui sont imposés depuis qu'elle est dauphine. À Versailles, c'est ce que je vais constater dans une autre pièce du château. Donc là, nous sommes dans la chambre de jour de Marie-Antoinette. Absolument. Et nous avons un tableau ici avec ses enfants qui marque un tournant dans sa vie. Oui, une étape importante. Elle est presque pas fardée. Mais c'est bien vu, ça. Ah non, absolument pas. À la cour de Versailles, c'est évidemment très mal considéré. Surtout que la reine de France adopte cette mode qui brise les codes sociaux. Donc c'est extrêmement critiqué. La reine ne doit pas se comporter comme une femme de chambre. Il faut savoir aussi qu'elle vit de plus en plus au Petit Trianon, de moins en moins à Versailles. Donc au Petit Trianon, il n'y a pas d'étiquette, donc pas de contrainte. Et puis elle va suivre ce courant à la mode qui vient d'Angleterre et qui prône ce retour à la nature. La société change, il y a des détracteurs du phare. Énormément de détracteurs. Sur un plan de la morale, on pense que le phare est proche de la sorcellerie, car c'est de la tromperie. On masque, si vous voulez, en fait, sa nature. La philosophie des lumières, évidemment, est... contre le phare, parce que le phare, c'est l'ordre social. Et vous avez, par exemple, Diderot, qui met en garde les femmes en leur disant « Vous avez voulu imiter le rouge des écrevisses, eh bien, vous avancerez à reculons au paradis. » Dans sa quête de naturel, Marie-Antoinette peut compter sur un homme, Jean-Louis Fargeon. Alors Jean-Louis Fargeon c'est son parfumeur, mais il est également cosméticien. C'est-à-dire que c'est lui qui va préparer tous ses cosmétiques, ses fards, etc. pour embellir sa peau. Par quoi il remplace le blanc de céruse qui était très dangereux, les cosmétiques à base de mercure qui étaient pour les lèvres. Alors essentiellement des substances végétales ou animales. Alors quand je dis animal, c'est-à-dire en fait le blanc d'oeuf, ça va être également les entrailles de pigeons, ça va être également la moelle de bœuf, la graisse d'ours, tous ces produits naturels qui vont au contraire avoir une action bienfaisante sur l'épiderme. plutôt que toxiques. Donc on peut dire de Marie-Antoinette qu'elle révolutionne l'art du maquillage. Absolument. Marie-Antoinette va lancer cette idée qu'il faut soigner, réparer sa peau. Les nouvelles crèmes élaborées par Jean-Louis Fargeon connaissent un grand succès auprès des courtiers. qui s'empresse d'imiter la souveraine. Reste-t-il aujourd'hui quelque chose de l'influence de Marie-Antoinette sur le maquillage ? Tout à fait, ce qu'on appelle la recherche du naturel, ou autrement dit le nude, c'est-à-dire en fait être maquillée mais donner l'impression de ne pas l'être. C'est ça qu'elle nous a laissé aujourd'hui. Ironie de l'histoire, c'est donc cette reine d'origine autrichienne qui jette les bases de notre maquillage actuel. Marie-Antoinette fut la grande ambassadrice de la beauté dite naturelle, ADN de la mode à la française. Mais c'est la révolution qui arracha les perruques et ôta le phare des visages, symbole de l'ancien régime sous lequel les nobles se cachaient. Charles, si je peux me permettre, la Révolution ne fit pas que arracher les perruques et les fards, elle a coupé les têtes. Il y a plus besoin de se maquiller une fois que vous n'avez plus de tête. En tout cas, il faut souffrir pour être belle, ce vieil adage n'a jamais été aussi vrai qu'avant la Révolution de Marie-Antoinette. C'est-à-dire qu'on se mettait des produits hautement toxiques. on se mettait des produits hautement toxiques mais justement je me demandais si aujourd'hui ce n'était pas encore le cas pour être belle c'est une question que je me pose des produits bio pas seulement bio et bon il y a toutes ces injections qu'on fait maintenant ça participe de la beauté déjà il y avait la première chose c'est des produits les perturbateurs endocriniens. Et ça, c'est vrai que maintenant, on fait très attention aux femmes. Il y a très attention à ça. Il y a des tests, j'imagine. Ça reste des produits naturels. Mais Marie-Antoinette, des entrailles de pigeons. Qu'est-ce qu'il y a de plus naturel que de la graisse d'ours, des entrailles de pigeons et des plantes d'ours ? C'est incroyable. C'est la manière dont elle a révolutionné. C'est passionnant, votre... votre sujet. Je trouve merveilleux parce que, évidemment, le sang bleu, c'était comme ceux qui travaillaient à l'extérieur avaient la peau burinée ou bronzée. Donc c'était des paysans. A l'inverse, les aristocrates ne travaillaient pas et donc devaient avoir une peau presque transparente dont on voyait les veines bleues. C'est pas que le sang était bleu. Et puis la veine était redessinée. Et donc on redessinait la veine. Ça je découvre ça. Pour redonner un petit peu de vie à ce visage. Mais c'est plus le cas aujourd'hui. Est-ce que le maquillage... et le témoignage d'une différence sociale. Sociale, oui. Regardez en Asie. Elles veulent toutes avoir la peau très très claire. Il est évident qu'en Asie, au Japon, d'avoir la peau foncée, c'est-à-dire que vous travaillez dans les champs, en Corée aussi, où vous n'êtes pas protégé. Donc les femmes mettent des produits qu'on appelle le whitening, des produits éclaircissants, qui sont des crèmes de soins, pour que la peau soit le plus... moins sombre possible, le plus clair possible. Il y a des modes de change. Pendant quelques années, par exemple, en flot, il fallait avoir ce qu'on appelait le teint de Floride. Il fallait avoir l'air... On ne pense pas de Donald Trump. Donald Trump. C'est naturel. Il vit beaucoup en Floride. Il a besoin de vous, Olivier Chaudemais. Tant pour le maquillage que pour la coiffure, à mon avis. En tout cas, une femme sans maquillage... Ce que je trouve intéressant dans ce que dit Elisabeth de Fedot, C'est que, au fond, avec la période des Lumières, Rousseau, le retour à la nature, Marie-Antoinette avec ses petits moutons et le hameau de la reine, on va vers plus de naturel, plus de sympathie. Finalement, c'est peut-être la première égérie du maquillage à la française. C'est fou, parce que ça vient d'une Autrichienne. Merci, Myri, vous me rendez heureux parce que vous rendez à Marie-Antoinette. les hommages qu'elle mérite. Merci. C'est chaque fois un enchantement, Olivier Chaudemaison, de vous avoir sur le plateau de visite privée. Les couleurs de ma vie, c'est un peu... C'est votre vie ? Vous aimez de la couleur. C'est passionnant parce qu'il y a toute une partie de conseils pour les femmes et toute une partie où vous racontez votre vie. Et en fait, vous avez plus coiffé et maquillé de femmes qu'il n'y a de noms. propre dans la bible tout le monde est passé entre vos mains non pas mal oui pas mal mais c'est toujours avec une naturelle une simplicité est ce que j'aime beaucoup moi chez les qu'elle soit célèbre ou pas c'est la disponibilité d'une femme pour écouter écouter d'être plus joli de maquiller conseil tout ça et qu'est ce que vous pensez ce que disait arletti la meilleure crème de beauté c'est la bonne conscience mais c'est joli ça aussi non c'est très joli