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Introduction et histoire du blues

La première fois que j'ai entendu un blues, j'avais entre 8 et 9 ans. J'ai entendu ça et je me suis dit, wow, je suis converti à cette musique pour toujours. C'est juste la bonne texture de la musique et des mots....

Si vous arrivez à reproduire le son d'un oeuf qui dégringole une pente, vous avez le rythme du blues, un peu comme ça. Des musiciens d'aujourd'hui vont nous faire voyager dans le temps et dans l'espace à la recherche des origines, du présent et de l'avenir d'une musique. Le CTA, Chicago Transit Authority, a le même âge que le blues.

C'est l'un des plus anciens métros du monde et il dessert Chicago depuis 1892. L'histoire de la troisième ville des États-Unis commence seulement 60 ans plus tôt, en 1833. Elle est pourtant devenue le centre économique et industriel de tout le Midwest du pays. Sur les bords du lac Michigan et baignée par la rivière Chicago qui lui a donné son nom, elle est pour beaucoup de ceux qui la visitent, sans doute à cause de son architecture exceptionnelle, la plus belle ville des Etats-Unis. Mais Chicago est aussi, et elle en est fière, la capitale mondiale du blues et les bars spécialisés y sont légion. Les meilleurs musiciens comme la guitariste Johanna Conor s'y produisent chaque soir.

J'ai du mal à croire que je suis près d'elle ici ce soir. Elle a été élue cette année deuxième meilleure guitariste de blues de tous les temps. Après Body Guy, c'est Johanna Connor.

Les bases du blues sont africaines. Dans la culture africaine, ce sont des griots qui racontent les histoires. C'est culturel. Et c'est pareil dans le blues.

Les histoires sont profondément africaines. C'est ce qui le rend si fort. Ça part toujours d'une histoire douloureuse, mais l'homme la surmonte. Et ça, c'est merveilleux culturellement. C'est ça, le jazz et le blues.

L'ancêtre du blues, le negro spiritual, on peut l'entendre à Chicago chaque dimanche dans les églises baptistes, comme ici, dans les quartiers sud de la ville, à l'église de la Trinité. Mélion ! Nous avons à peu près 600 chanteurs. La plupart sont amateurs et aiment prier Dieu et aiment chanter de la musique africaine.

Et nous ici, c'est ce qu'on pratique. Quand les Africains sont venus ici, c'était en tant qu'esclaves. Et ils ont amené avec eux leur africanité, la façon de taper dans leurs mains, l'improvisation, les exclamations. La répétition. parce que plus une phrase est répétée plus elle prend de sens et les gens se répondent par exemple par amen une bonne partie de la musique gospel est basé sur la répétition mais à chaque fois qu'un chanteur se répète il le fait différemment et ce n'est jamais programmé la plupart de nos musiciens savent lire la musique mais pas tous seulement ça vient du coeur Dans les églises noires, beaucoup de nos membres sont africains et amènent avec eux leur tradition.

Des mélodies comme... C'est pourquoi dans les spirituals, vous n'avez pas un seul compositeur. Parce que tout le monde rejoint la mélodie et l'adapte à sa manière. Et ces éléments ont développé l'esprit du blues. Le delta du Mississippi, quand les Africains arrivèrent en Amérique, ressemblait à ça.

C'est eux qui vont d'abord l'aménager, puis travailler dans les champs de coton qui vont occuper les abords du fleuve. Une période où les négros spirituels sont chantés chaque dimanche dans les églises, seul endroit où les afro-américains ont le droit de se réunir. Oxford, dans l'état du Mississippi. En 1865, la guerre de sécession voit la victoire définitive des nordistes, et donc l'abolition de l'esclavage. Mais la situation des Noirs ne s'améliore pas vraiment pour autant.

Le Sud résiste aux réformes et impose une série de lois ségrégationnistes connues sous le nom de Jim Crow, du nom d'une pièce satirique qui se moquait de la culture des gens de couleur. Les anciens esclaves continuent souvent de travailler pour presque rien dans les mêmes champs de coton. Les conditions de vie restent très difficiles, comme nous le raconte Adam Gussow, professeur de philosophie et de musicologie à l'Université d'Oxford. J'ai du mal à imaginer combien ça devait être difficile de travailler dans les champs de coton avec cette température de plus de 30 degrés et cette humidité.

W.C. Handy, le père du blues, était trompettiste et guitariste. Il disait que son premier professeur était la nature.

Il écoutait les oiseaux, il chantait leurs chansons. Dans le monde qui a précédé la télé et même la radio, les gens écoutaient les bruits autour d'eux. Et les premiers joueurs d'harmonica avaient deux sons qu'ils savaient reproduire, celui du cri du renard et le boogie du train. et une chanson de train.

Et avec leur harmonica, ils imitaient ce bruit. Pour faire comme celui du renard près des cotonniers. Au début des années 1900, W.C. Handy a trouvé du travail ici dans le delta du Mississippi.

Une nuit, il a expliqué qu'il attendait à la gare. Il sommeillait et il rêvait à ce que l'on rêve quand on est en train de se faire un travail. Il est arrivé dans le Delta. Il s'est réveillé et il raconte qu'il a vu un vieux nègre barbu. Ce sont les termes qu'il a employés.

Il avait une guitare dans ses mains et il chantait la plus étrange musique qu'il n'avait jamais entendue. La musique que WCND a entendue ce jour-là devait ressembler à ce vieux blues original interprété par une légende, le révérend Gary Davis. Il était probablement assis ici.

Les passagers du train lui ont peut-être jeté deux ou trois pour boire. Peut-être aussi s'échauffaient-ils les doigts avec cette chanson. Mais j'aime le fait que les trois premiers mots de la chanson soient je m'en vais Parce que le blues raconte si souvent que quelqu'un veut partir ailleurs pour oublier ses peines. Je m'en vais. Je m'en vais à New York, je m'en vais à Chicago ou à Kansas City.

Lui, il disait, je vais là où le train du sud en croise un autre. Je vais à ce carrefour pour aller par ici ou par là. Il voulait se donner plusieurs possibilités. Il devait avoir écouté le train et gardé le rythme pour l'adapter à sa guitare. Comme dans le boogie-woogie.

Le train a un sacré rythme, parce que toutes ses roues sont espacées de manière égale, et elles passent sur des joints. Je vais vous montrer la matière première du blues. C'est ça qui fait ce son-là.

A la suite de cette étrange rencontre, WCND va être le premier musicien à transcrire et à structurer cette musique sur des partitions et donc à la faire connaître. Lui-même va composer de nombreux blues, dont certains sont très célèbres aujourd'hui, parmi lesquels en 1914, le fameux Saint-Louis Blues. Le blues parle beaucoup de Dieu, croyez-le ou pas. Mais le diable existe aussi dans le blues dès le début, avec l'histoire de Robert Johnson vendant son âme au diable. Clarkdale, en plein cœur du delta du Mississippi, c'est là que se perpétrera le plus grand C'est-tu la légende de Robert Johnson ?

Il y a des gens qui vous amèneraient ici pour vous expliquer que, dans les années 30, c'est l'endroit où Robert Johnson a vendu son âme au diable en échange de ce don surnaturel qu'il avait pour la guitare. Même si vous croyez à cette mythologie, en tous les cas ceux qui y croient disent qu'il l'a fait entre 1930 et 1932. Mais en 1932, les routes 49 et 61 ne se croisaient pas encore. Elles n'étaient pas encore connectées ici. Alors la vérité, c'est que c'est un bel endroit à visiter pour ce merveilleux monument aux trois guitares, mais il n'y a aucune raison de penser que Robert Johnson a vendu son amour diable ici. Daiquiri Farm avait la réputation d'être un endroit où les cueilleurs de coton pouvaient gagner leur vie.

Alors il y avait des milliers de Noirs qui vivaient ici. Si on se retourne et que l'on regarde en face de la ferme, plus loin, sur cette route en terre, il y a un carrefour qui ressemble peu ou prou exactement à celui décrit par Johnson. Ce qui me fascine, c'est que sur le chemin de ce croisement, les travailleurs de cette plantation devaient passer devant ce cimetière, alors imaginez la nuit.

Et ici, les gens venaient dans les cimetières pour rencontrer les esprits, pas des fantômes effrayants, mais pour être en présence des morts, de l'autre monde. Imaginez que Robert Johnson ait voulu se rendre à ce carrefour une nuit. Je ne crois pas à tout ça, souvenez-vous-en. Mais je peux reconnaître un endroit merveilleusement évocateur quand j'en vois un. Voilà, c'est le carrefour.

Voilà quelqu'un, je ne sais pas qui c'est. Oh, je ne pense pas que ce soit quelqu'un qui veuille vendre mon âme, mais je ne sais pas. C'était un musicien merveilleux, une légende et une page d'histoire. Il a eu une vie très courte et il a probablement été empoisonné par un mari jaloux.

mais il a fait tellement si peu de temps. Vous y croyez, vous, à cette légende ? Pourquoi pas ? La musique et l'histoire de Robert Johnson n'ont pas été oubliées.

Adam Gussow fait partie de ceux qui la font vivre aujourd'hui. Ce soir-là, Adam et son copain Alan jouent le morceau mythique qui raconte la légende de Robert Johnson, intitulé bien sûr. À la fin, comme souvent dans les concerts de blues, un spectateur vient se mêler au groupe, pour le plaisir. Robert Johnson meurt à l'âge de 27 ans en 1938. A cette époque, la situation des Afro-Américains dans le sud des Etats-Unis est loin d'être enviable.

Il y avait un ensemble de lois qui considéraient que les Noirs étaient une caste inférieure. Ils ne pouvaient pas se rassembler dans les lieux publics, ils devaient être à l'arrière des bus. Ils avaient l'ordre.

propres files d'attente et même leurs propres fontaines. Il y avait des points d'eau pour noirs et d'autres pour blancs, juste pour boire de l'eau. Tout était séparé et c'était vraiment irrespectueux. Il y avait aussi le droit pour toute personne blanche de considérer qu'elle était meilleure qu'une noire.

Il y avait beaucoup de violence. Pour les Afro-Américains, la situation est devenue insupportable. Les seules solutions sont la révolte ou l'exil vers le nord. Une migration va commencer dès la Grande Dépression vers la fin des années 20 et va aider le blues à se développer bien au-delà du delta du Mississippi.

Première étape en remontant le fleuve, Memphis dans le Tennessee. Le Tennessee c'est la patrie originelle de la country music blanche, mais aussi la capitale des studios d'enregistrement du pays. Le blues s'y développe si vite que tout un quartier lui est rapidement consacré autour de la rue Beale Street.

Chris Gayle est l'exemple type du musicien de Memphis. Il joue dans les bars 7 jours sur 7, 10 heures par jour pour les touristes. Il joue du blues, mais aussi du country blues, un mélange avec la country music blanche. Je ne peux pas dire que j'ai choisi le blues. C'est plutôt le blues qui m'a choisi.

Je ne joue pas beaucoup de blues traditionnels, mais ce que j'ai envie de jouer, chaque amateur pourra le classifier comme étant du blues. Ce qui prouve que le blues est à l'origine de beaucoup de musiques. Le tout, c'est que ça vienne du cœur. Le Rhythm Blues, un mélange de blues et de soul music venus de la vallée du Mississippi, fait également partie du répertoire de Chris. A la fin des années 50, le mélange du blues et de la country music permettra la naissance ici d'une autre musique, le rock'n'roll.

La star de Memphis, c'est sans conteste Elvis Presley qui a enregistré une bonne partie de son œuvre dans les studios de la ville. ville. Au début des années 30, le blues a remonté la vallée jusqu'à Saint-Louis, dans le Missouri. C'est la ville carrefour des États-Unis, celle où se croisent les migrations nord-sud vers Chicago, mais aussi la conquête de l'ouest vers le Pacifique, symbolisée par l'arche du Mississippi.

Le blues va s'y développer. Ici, la guitare s'enrichit de nouvelles façons de jouer comme le flat picking, une technique d'une grande virtuosité du jeu de la main droite venu de Caroline du Nord. Le blues qu'on jouait ici, avant la guerre, était vraiment moderne pour l'époque. Parce qu'il y avait le train ici, et que c'était une ville vivante et industrielle.

Et même si on est plutôt dans le sud, on était considéré comme une ville du nord. Et il y avait beaucoup de travail, spécialement pour les musiciens qui jouaient des solos acoustiques. Le blues évolue aussi pour certains en talking blues, des blues presque entièrement parlés.

George Westmore aime les jouer, lui qui considère qu'ils sont sans doute les ancêtres du rap ou du reggae. Ma manière de décrire le blues, c'est de dire que c'est comme un gosse. cube. Vous pouvez prendre ce cube et le tourner vers la face que vous souhaitez. Quelle que soit la face que vous choisissez, le faire tenir sur un coin ou à plat, c'est comme ça le blues.

Peu importe en quoi il se change à partir du moment où il est écrit et ressenti comme un blues. Mais au même moment, le but ultime de beaucoup de ces musiciens venus du Delta, ce sont les villes industrialisées du Nord, et en particulier Chicago en Illinois, qui proposent beaucoup de travail à la main-d'oeuvre ouvrière. Pour les afro-américains, c'est un peu la terre promise. La population noire américaine passe de 40 000 habitants en 1910 à près de 300 000 à la fin des années 30. Ils commençaient à 6h du matin pour travailler à la chaîne dans les aciéries de Chicago. Et ensuite, ils se rendaient dans les bars à blues.

Ils buvaient, ils fumaient et jouaient la musique qui leur permettait d'oublier leurs difficultés. Et la vie devenait plus légère, c'est certain. Entre 1920 et 1933, à cause de la prohibition, Chicago devient la capitale du crime. La consommation d'alcool est alors interdite, mais elle se pratique pourtant dans des bars clandestins où les musiciens de blues sont très appréciés pour animer les soirées. Autour de Lawrence Street, les tripots se multiplient, dont le fameux Green Mill qui appartenait au principal lieutenant du célèbre gangster Al Capone.

Ce qui s'est passé, c'est que le tueur à gages, Jack McGurn, il avait un nom irlandais, mais en fait, il était italien et se nommait Vincente Garibaldi. Et c'était un lieutenant d'Al Capone. Et c'est lui qui était responsable du massacre de la Saint-Valentin pour Al Capone quand il possédait le Green Mill. Al Capone venait souvent ici pour écouter son chanteur préféré, Joe Lewis.

Et il y a une sacrée histoire avec ça, parce que Joe Lewis gagnait 650 dollars par semaine ici. Et on lui a proposé 1000 dollars la semaine pour aller chanter au club, le rendez-vous. Il a dit à McGurn, je m'en vais.

McGurn lui a répondu, tu ne peux pas, car tu as un contrat à vie ici. Mais Louis s'est parti quand même. McGurn et un autre type lui ont coupé la langue, ouvert la gorge, et l'ont abandonné mourant. Mais il n'est pas mort.

Alors Al Capone lui a donné de l'argent pour l'aider et il a arrangé les choses avec McGurn. Et Joe Lewis est revenu travailler comme comédien en 1930 pour celui qui avait essayé de le tuer, car il ne pouvait plus chanter et il est devenu célèbre. Le piano du Green Mill reste légendaire car Al Capone, qui était un peu musicien lui-même, venait parfois y jouer quelques notes.

On était priés d'applaudir. Aujourd'hui, le Green Mill reste un bar à jazz et à blues. Dan Gemillo est depuis toujours un fan de blues, mais c'est aussi un découvreur de talent.

En 1986, il y avait ici du jazz, six jours par semaine, mais pas le dimanche. Et là, je me suis souvenu de ce gars, Mark Smith, qui disait des poèmes dans des petits bars. Juste avant le spectacle jazz, il récitait du Jack Kerouac, des choses comme ça. Alors je l'ai appelé et je lui ai demandé Tu veux venir dire de la poésie le dimanche ?

Et il m'a répondu Ok, je vais faire du slam poétique Je lui ai demandé ce que c'était et il m'a répondu Tu verras, t'en fais pas Et il a commencé ici en 1986 et maintenant le slam a conquis le monde entier. Très vite, le blues s'installe à Chicago jusqu'à devenir l'une des attractions essentielles de la ville. Mais il a changé. Petit à petit, il a respiré l'air de la ville, a adopté ses préoccupations et il a fait une découverte primordiale. Sans électricité, bien sûr, vous avez des harmonicas non amplifiées et des guitares acoustiques.

Mais en ville, vous pouvez les brancher. Et c'est une des raisons de l'évolution du blues. Avec le blues urbain électrifié, de nouveaux talents deviennent des stars du blues.

Buddy Guy, John Lee Hooker, B.B. King entre autres. Musique Aujourd'hui, c'est Fernando Jones, musicologue et professeur à l'Université Columbia de Chicago, qui anime la soirée. Toujours prête ma télécaster.

Mais j'ai aussi une Fender 12 cordes que je vais utiliser ce soir. Et laquelle préférez-vous ? Ma préférée ?

Où que je joue, c'est sûrement ma Telecaster. Je l'aime. Elle est belle, on peut jouer de la country and western music, du blues, du folk, du hip-hop, tout ce qu'on veut.

Peut-être un jour, la télécaster de Fernando Jones rejouerait la télé. Rejoindra-t-elle les trophées du légendaire Buddy Guy Club, tous offerts par les grands musiciens qui ont joué ici ? Et ce soir, Fernando a un invité de choix, Eddie Shaw. saxophonistes et chanteurs avec les plus grands groupes de blues, dont celui de Buddy Guy.

Après la guerre, le blues devient très populaire, mais à Chicago, qui est devenue sa capitale, il manque un studio d'enregistrement qui lui soit consacré. En 1947, deux hommes d'affaires d'origine polonaise, les frères Chess, vont en installer un sur Michigan Avenue. Ils en confient la direction à une autre légende de l'époque, le contrebassiste Willie Dixon.

Le studio est devenu un musée et c'est Alex, le petit-fils de Willie Dixon, qui en est le directeur. C'est la régie où travaillaient les ingénieurs du son de Chess Records. Et là, c'est là où on enregistrait les groupes. Il y a au mur une photo de mon grand-père avec sa contrebasse.

Muddy Waters au milieu, et le jeune Buddy Guy dans cette pièce, quand ils enregistraient le disc folk de Muddy. Il y a une longue liste d'artistes qui ont enregistré ici. The Howlin'Wolf, les Rolling Stones, Coco Taylor, Chuck Berry.

Beaucoup de musiciens avaient un autre travail, avant qu'ils puissent faire de la musique à plein temps. Mon grand-père était un boxeur professionnel, Muddy Waters était charpentier et chauffeur de camion. Et quand ses disques étaient à vendre, il devait quand même travailler comme chauffeur. Alors Muddy prenait ses disques avec lui dans son camion, et il les vendait en traversant le pays avec son camion. Alors après coup, les gens disaient, oh j'ai le nouveau disque de Muddy Waters.

Mais comment t'as eu ça ? C'est un chauffeur qui me l'a vendu et je crois bien que c'était Muddy lui-même. Il fallait qu'ils travaillent tous pour subvenir à leurs besoins. pour vivre comme ils l'entendaient.

Parce que la plupart d'entre eux ne gagnaient pas la tonne d'argent que le public croyait. Beaucoup d'artistes ont commencé sans un rond. You got the blues. When you ain't got no money to pay your house rent, you still got the blues. A lot of people holler about, I don't lack no blues, but when you ain't got no money and can't pay your house rent and can't buy you no food, you damn sure got the blues.

Le blues est une musique résiliente. Et je crois que c'est très important à savoir. Parce que nous étions un groupe menacé. Et pas seulement par l'esclavage, car nous avons été esclaves. Mais nous étions une espèce en danger.

Nous aurions pu être éliminés, exterminés, depuis longtemps. Et l'une des choses qui nous a permis de survivre, c'est notre spiritualité, nos croyances religieuses et notre musique. Là, c'est l'Université de Columbia. C'est notre bâtiment principal.

Je suis vieux maintenant et je suis quelqu'un que les jeunes viennent voir pour connaître l'histoire, écouter mes cours. J'ai l'opportunité de... J'ai l'opportunité de guider mes étudiants vers une sorte de musique à laquelle ils n'auraient peut-être pas accès. L'Université Columbia est la seule à proposer des études supérieures dans toutes les catégories de musique, et en particulier le blues, et Fernando en est fier. Un bon musicien écoute.

Un bon musicien écoute. Un musicien qui écoute apprend. Un musicien qui écoute apprend.

Un musicien qui apprend, apprend. Un musicien qui apprend, apprend. Très bien, très bien.

D'accord. Nous prenons beaucoup de plaisir ici. Et vous savez, l'un des buts qu'on a ici pour le blues, c'est de le faire vivre, de le préserver.

Et si je vous dis, hé, tu peux faire une chanson, c'est que vous pourrez faire une chanson, ou peut-être dix. Et vous pourrez briller. Et c'est ma voix à moi, pour vous emmener dans notre communauté et vous faire entrer dans un groupe.

Plusieurs de mes étudiants jouent aujourd'hui avec les meilleurs ici à Chicago. B flat, C, G. Nous allons chanter une chanson qui s'appelle Oil and Water, qui parle de bonheur, de futur. Comme musicien, vous devez jouer une musique heureuse.

Quand vous chantez, vous donnez envie aux gens de chanter. Les gens viennent juste pour vous voir. Mais quand le public participe, vous pouvez chanter toute la nuit, comme Prince, Bruce Springsteen, vous aussi. Vous pouvez faire un show de deux à trois heures, et vous ne serez même pas fatigué, et vous direz Wow, le temps passe vite ! Chacun de ses étudiants vient ici avec l'espoir de devenir l'une des vedettes du Chicago Blues de demain.

Chaque soir en ville, les clubs de blues s'animent et il n'en manque pas. Celui qui est la coach et les amateurs en ce moment, c'est le Kingston Mines. qui propose ce soir la guitariste Joanna Connor dans ses propres compositions, un blues urbain typique des années 2000.... Pourquoi le blues est universel ? C'est parce qu'on ressent tous de la peine, qu'on souffre tous.

Nous sommes tous nés quelque part, nous n'avons pas eu le choix. Personne n'est immunisé contre la déprime, la souffrance, ce que la vie nous donne. C'est fragile. Nous savons tous que nous sommes humains. Alors le blues, c'est comme l'âme de l'humanité.

En ce sens que cela touche l'émotion et l'expression des souffrances. mais aussi le fait de surpasser ses souffrances. Je pense que c'est pour ça que les gens l'aiment.

Pour les amoureux de l'histoire du blues, les deux instruments de base ont toujours été la guitare et l'harmonica. À Chicago, la star de l'harmonica aujourd'hui, c'est Billy Branch, qui est présent partout. Ce soir, il est l'invité vedette d'un spectacle réunissant la communauté mexicaine au cœur de la ville, dans Grand Sport. On n'hésite pas à utiliser le Horn Effect, une invention de Muddy Waters, pour se rapprocher du son des cornes de bateau du Mississippi, grâce à un vibrato réalisé avec l'une de ses mains. C'est un peu l'harmonica qui m'a choisi.

J'avais 11 ans. Je suis allé dans une boutique et j'ai vu un harmonica qui brillait dans une boîte. Et j'ai su que je saurais en jouer. Pourtant, je n'avais jamais vu ni entendu personne en jouer.

Elle coûtait un dollar. Je l'ai acheté et tout de suite, j'ai pu jouer toutes les mélodies que je souhaitais immédiatement. Bien qu'étant une star, Billy vient très souvent jouer gratuitement du blues dans les parcs de Chicago le dimanche avec son groupe Son of the Blues. 1, 2, 3 Musique Le 30 août 1969, c'est la date où j'ai entendu du blues pour la première fois. C'était le premier festival de blues de tous les temps.

Quand je suis sorti de ce concert, j'étais un autre homme. Ça m'a complètement transformé. Et ça m'a parlé parce que si vous croyez à la destinée, pourquoi ai-je acheté un harmonica ?

à l'âge de 11 ans. C'était pour être prêt pour ce jour-là. Et 7 ans après avoir entendu du blues pour la première fois, je faisais partie de l'orchestre de Willie Dixon.

À Chicago aujourd'hui, le blues prend part parfois des formes étonnantes. Damon Ranger, guitariste lauréat de nombreux prix, dont un Grammy Award, anime même régulièrement une émission de télévision locale sur la musique. Son blues, dit déconstruit, a de quoi surprendre. Tu ne veux pas enregistrer ce gars ? Musique Musique C'est un mode de vie, un ressenti, quelque chose qu'on vit.

Vous ne choisissez pas d'écrire un blues. Vous ne choisissez pas d'être les Beatles. Vous êtes ou pas le blues. Buddy Guy, ici à Chicago, il est le blues.

Ce type avait fait une guitare avec une bande de pneus parce qu'il cherchait un outil, un véhicule pour juste pouvoir s'exprimer. Et il m'a dit un jour, Damon, je suis le blues Et surtout, ça vient du cœur. Et je pense que si on parle en tant que guitariste, regardez, les guitaristes de blues jouent comme ça.

C'est comme s'il fallait lutter pour jouer ses notes. On sent la douleur dans le moment d'attente avant de pincer les cordes. On sent la douleur.

Sans le blues, vous n'auriez pas pu jouer. pas eu les Beatles. Les Beatles ont imité Chuck Berry et Buddy Holly.

Ils ont copié les musiciens de blues. Sans le blues, vous n'auriez jamais eu des musiques comme celles des Beatles. Vous n'auriez jamais eu Jimi Hendrix, Led Zeppelin, Deep Purple.

Vous n'auriez jamais eu Metallica. Vous n'auriez jamais eu Prince. Vous voyez, les solos en heavy metal, ça donne ça.

Et en blues, ça. Vous voyez, c'est le même rythme. La seule chose qui change, c'est la vitesse. Le faire vite ou plus lentement. Si le blues, grâce à son rythme, a servi de modèle à bien des types de musique, il reste unique par la force de ses racines africaines, par ses textes, marqués par les douleurs de la vie, l'extrême liberté de ses interprétations et sa mise en musique.

A Chicago, 100 ans après sa naissance, le blues est devenu une référence, bien loin en apparence, de la musique du Delta, du mythique Robert Johnson et de son célèbre Crossroads. Well, I beg the Lord for mercy, save me if you please. I went down to the crossroads, tried to flag a ride.

I went down to the crossroads, tried to flag a ride. Well, no one seemed to know me, everybody passed me by.