[Musique] bonjour je suis guillaume apollinaire et je vais vous raconter ma vie est la première chose qu'il faut savoir c'est que ma vie ou plutôt mon identité personnelle mon moi profond ne se comprennent qu'à travers mon oeuvre mon moi profond mon vrai mois coïncide avec ma vision du monde et de l'art or c'est mon oeuvre qui permet de dévoiler ma vision du monde et de l'art c'est pourquoi je vous parlerai plus précisément de mes origines mystérieuses de l'esprit nouveau que j'ai cherché à promouvoir dans mes articles et mes poèmes des femmes qui m'ont inspiré et de mon recueil posthume calligrammes mon vrai nom est wilhelm de cos trop vite ce qui je suis un des plus grands écrivains français et pourtant ce n'est pas au bord de la seine ou de la loire que je suis né c'est au bord du tibre que je suis née à rome le 25 août 1880 mais fils illégitime enfants d'une grossesse non désirée je ne suis déclaré à la mairie que le 26 août 1880 qui est ma mère il s'agit d'une aventurière polonaise qui a des papiers russe elle gagne sa vie en fréquentant les casino de la riviera et en accompagnant de riches bourgeois et aristocrates mon père quant à lui demeure inconnu on pense qu'il s'agissait de l'officier italien dans l'entourage du pape mais rien n'est certain je passe mon enfance d'abord à bologne en italie où j'apprends difficilement l'italien puis sur la côte d'azur à monaco à cannes et à nice je n'oublierai jamais l'odeur du vieux nice le parfum des pins maritimes est la couleur de la mer méditerranée mais il est d'autres couleurs que je ne suis pas prêt d'oublier celle des langues notamment le français et les dialectes de mantoue et de nice chaque langue est une couleur et un rythme les lettres sont belles très tôt j'ai l'intuition que chaque lettre est une oeuvre d'art qui permet d'exprimer des sensations et des sentiments forts de cette sensibilité je suis formé dans les meilleurs établissements de la région d'abord au collège saint charles de monaco puis au lycée stanislas de cannes et enfin au lycée masséna de nice docile et très pieux je suis un élève brillant très jeune je révèle de véritables aptitudes pour le dessin je ne cesse de griffonner de dessiner ce que je vois mais aussi ce que j'imagine objets du quotidien portrait monstre caricature et aussi des couples qui danse on trouve que je possède un regard étrange comme si j'étais toujours ailleurs c'est que le monde invisible me fascine autant que le monde visible j'ai gagné plusieurs prix de dessin au collège je me passionne également très tôt pour la lecture et pour l'écriture je lis tout ce qui passe entre mes mains cartes postales journaux publicité almanach ouvrage prophétique je suis très sensible à l'apparence visuelle des textes à la bibliothèque de nice je dévore la littérature française mon appétit des livres est sans limite j'admire profondément les écrivains du moyen âge comme boccace rutebeuf françois villon en qui je vois en frère spirituel françois rabelais mais également des auteurs plus modernes comme le marquis de sade et les poètes symbolistes charles baudelaire arthur rimbaud stéphane mallarmé et dès mon enfance je fais des dessins à partir des lettres de différents alphabets réel et imaginaire que je conserve précieusement dans un agenda russe cependant malgré mes aptitudes malgré ma passion pour la parole et pour la lettre j'échoue au baccalauréat mais sans le savoir ses premières expériences sensibles artistique et littéraire de l'enfance et de la jeunesse sont les premiers alambic de mon laboratoire poétique il n'y a pas de hasard l'été de 1899 ma mère nous envoie mon frère et moi en pension dans la petite ville wallonne de stavelot en belgique cette expérience est décisive j'y rencontre mon premier amour narry du bois une jeune fille merveilleuse dont je vous parlerai plus tard cependant à la fin de l'été je dois quitter précipitamment l'hôtel avec mon frère parce que notre maire n'a plus d'argent pour payer la pension nous nous ennuyons la nuit quand tout le monde est endormi et nous revenons en france par le train en 1900 je m'installe à paris la ville lumière c'est à paris que tout se passe en 1900 à lieu l'exposition universelle mais surtout c'est à paris que se rassemble les plus grands artistes de notre temps paris est la capitale mondiale de l'art de la culture et de la création vivent dans la précarité je passe un diplôme de sténographie et je deviens employé de banque pour subvenir à mes besoins puis je parviens à intégrer différentes rédactions de journaux afin de publier mes premiers poèmes que je signe du nom de guillaume n'a qu'à bras ce nom ne semble bien correspondre à ma sensibilité mes poèmes exprimait en effet une conscience aiguë du temps qui passe la mélancolie domine dans mes créations poétiques c'est aussi une époque où je perds la fois une partie de moi sombre et torturé se révèle [Musique] c'est en 1902 que je décide de changer de nom désormais je m'appelle guillaume apollinaire pourquoi ce nom et bien tout simplement parce que comme je voulais dit ce n'est pas ma vie qui explique mon oeuvre mais mon oeuvre qui explique ma vie le poète est un créateur un inventeur ce qui compte par dessus tout c'est d'inventer et de se réinventer la première création du poète c'est soi-même ainsi le nom apollinaire convient mieux aux poètes que je suis c'est à la fois une référence à mon grand père maternel apolline harris est un hommage à sidoine apollinaire qui était un poète gallo-romain du vème siècle après jésus-christ et puis bien sûr dans apollinaire on entend apollon qui est le dieu de l'art de la poésie et de la beauté dans la mythologie gréco latine en 1907 je publie un roman pornographiques intitulé les onze mille verges signé uniquement de mes initiales inspiré de roman libertin ce livre est vendu sous le manteau pour contourner la censure je crée aussi un mensuel le festin des up dans lequel je publie mes poèmes ainsi que les créations de mes amis notamment les écrits d'alfred jarry créateur de la pataphysique et auteur de la pièce ubu roi je commence enfin à vivre de ma plume et je fréquente de nombreux artistes qui deviennent mes amis pablo picasso qui vient de présenter les demoiselles d'avignon andré derain qui est un des fondateurs du fauvisme ou maurice de vlaminck qui s'est également illustré dans les courants du cubisme et du fauvisme jeu devient ainsi journaliste et critique d'art mon premier recueil poétique l'enchanteur touriste en est publié en 1909 je mène une vie trépidante au milieu des artistes et je défraie la chronique victime d'un fait divers dont je me serais bien passé le 22 août 1911 la joconde le célèbre tableau de léonard de vinci est dérobé au musée du louvre le conservateur du louvre démissionne et on lance les rumeurs les plus folles les théories complotistes accuse les allemands ou les juifs je dénonce moi même ce vol dans un article que j'ai écrit pour le journal intransigeant mais je suis accusé de complicité de vol on accuse d'abord mon secrétaire déjà connu des services de police parce qu'il avait déjà volé au louvre trois statuettes dans la salle des antiquités ibérique étrangers aux origines mystérieuses immigrés cosmopolite je suis en effet une cible idéale la presse complotistes et antisémites fait de moi son bouc émissaire favori je suis emprisonné pendant une semaine à la prison de la santé j'obtiens un non lieu en janvier 1912 la joconde quant à elle est retrouvée en 1914 dans un appartement parisien du 10e arrondissement le voleur était un italien du nom de vincenzo peruggia qui voulait redonner cette oeuvre à l'italie puisque leonardo davinci était un italien cette expérience judiciaire et carcéral me marque mais ne m'empêche pas de continuer à écrire des articles des critiques d'art et surtout des poèmes ainsi en 1911 je publie un nouveau recueil de 30 poèmes intitulé le bestiaire au cortège d'orphée orné des gravures du peintre raoul dufy et c'est en 1913 que je connaît la consécration avec la publication de mon chef-d'oeuvre alcool ce recueil rassemble des poèmes écrits depuis la jeunesse je marque les esprits en supprimant la ponctuation j intègre le pape mais aussi la tour eiffel dans mes verres je varie les tons je mets le calembour et vert classique je crée un nouveau rythme de nouvelles images bref je cultive la curiosité afin de créer une nouvelle réalité le 26 novembre 1917 j'organise une conférence pour expliquer ce que j'entends par esprit nouveau poésie et créations ne sont qu'une même chose on ne doit appeler poète que celui qui invente celui qui crée dans la mesure où l'homme peut créer le poète est celui qui découvre de nouvelles joies fussent-elles pénible à supporter l'esprit nouveau cherche à créer le réel ce que j'appelle la sueur réalité je donne des exemples de cette sueur réalité que l'esprit nouveau doit créer dans la préface des mamelles de tirésias publié en 1918 j'écris ceci quand l'homme a voulu imiter la marche il a créé la roue qui ne lui ressemble pas à une jambe il a fait ainsi du surréalisme sans le savoir l'esprit nouveau est un engagement esthétique et morale qui tend à faire naître une nouvelle réalité pour faire naître cette nouvelle réalité la poésie doit trouver de nouveaux moyens que je cherche dans tous les arts pour en trouver une synthèse dans mes créations je m'inspire de tous les courants d'avant-garde le fauvisme le cubisme les oeuvres de georges braque robert delaunay marc chagall giorgio de chirico et le futurisme plus tard dans les tranchées pendant la guerre je m'intéresse à l'art populaire aux créations des soldats gravures sculptures dessins qu'ils peuvent déployer toutes les créations qui incarne l'élan vital l'énergie créatrice n'intéresse l'esprit nouveau exalte les forces de vie contre les forces de destruction l'esprit nouveau correspond à ce que j'appelle le lyrisme visuel je cherche en effet à introduire la poésie dans la peinture et la peinture dans la poésie de telle façon que le dessin et la poésie fusionnent ou s'interpénètrent c'est ce qui donnera naissance au calligrammes grâce à cette nouvelle forme poétique je parviens à faire la synthèse entre le dessin et la poésie cependant je cherche également à intégrer toutes les autres formes d'art et notamment la musique l'art suprême pour moi est le cinéma parce qu'il est la synthèse du récit du théâtre du dessin et de la musique je pense même que l'avenir de la littérature sera cinématographique cet esprit nouveau que je cherche à promouvoir et à incarner je l' ai déjà dit est d'abord une célébration de l'énergie créatrice des forces de la vie contre les forces de destruction or cette célébration de la force vitale de l'énergie créatrice est pour moi indissociable des femmes et de l'amour que je leur ai porté on ne comprend pas grand chose à ma poésie si l'on fait abstraction des femmes qui m'ont inspiré apollon était accompagné de neuf muses mois apollinaire j'ai eu si mu il y a d'abord eu la jeune marie dubois comme je lé déjà évoqué mon premier véritable amour que je rencontre en belgique durant l'été 1899 quand je suis pensionnaires à stavelot marei était très douce étourdi et charmante moi je l'aimé d'amour mais mai tél qui sait je revois parfois à la lueur tremblotante des lointains souvenirs cet amour très passé puis ce fut anip leisen une gouvernante anglaise que je rencontre quand j'étais précepteur à paris chez jules une riche aristocrate elle m'inspire a les plus beaux vers de la chanson du mal-aimé pour son baiser les rois du monde serait mort les pauvres fameux pour l us vendu leur ombre dans mes poèmes jeu l'associent à la figure mythologique de la lorelei la célèbre nymphe du rhin malheureusement elle refuse mais avance et part pour l'amérique en 1905 elle m'abandonne et me laisse un consoler mais en 1907 je fais une rencontre décisive celle de marie laurencin il s'agit d'une artiste peintre avec laquelle je vis une passion orageuse est chaotique pendant sept ans elle n'inspire l'un de mes poèmes les plus célèbres le pont mirabeau sous le pont mirabeau coule la seine et nos amours faut-il qu'il m'en souvienne la joie venait toujours après la peine quand ma relation avec marie laurencin se termine quelques mois après le début de la première guerre mondiale je rencontre dans un restaurant à nice en décembre 1914 une femme sublime louise de coligny châtillon surnommé l' où nous vivons une passion amoureuse intense pendant une semaine dans un hôtel de nîmes enfin cette passion amoureuse est sincère dans mon cas mais lou m'a averti dès le début divorcée elle me prévient qu'elle tient plus que tout à sa liberté et si elle accepte de me donner son corps son coeur lui demeure indifférent à mon amour la passion que je lui voue est telle que je lui envoie plus de 200 lettres enflammées entre 1914 et 1916 et elles n'inspirent des dizaines de poèmes parmi les plus beaux de ma création souffrent de cet amour non réciproque pour lou je rencontre dans le train le 2 janvier 1915 de retour d'une permission une femme en qui je vois mon double féminin madeleine pagès professeur de lettres elle est particulièrement sensible à ma poésie nous échangeons longuement elle m'inspire de nombreux poèmes je l'aimé tellement que j'étais prêt à l'épouser mais le destin en a voulu autrement enfin en 1917 je rencontre une jolie rousse du nom de jacqueline kolb je pense à elle quand je compose mes points en amoureux dans le recueil qui deviendra calligrammes à cause de la guerre je ressens le besoin urgent d'aimer et d'être aimé en retour dans une relation stable je décide donc de l'épouser le 2 mai 1918 à ce moment la guerre semble s'éterniser c'est pour moi comme pour des millions de soldats et de famille une expérience douloureuse est traumatisante pourtant au début je voulais vraiment me battre j'ai voulu m'engager dès la déclaration de guerre en septembre 1914 mais l'armée française m'a refoulé sous prétexte que je n'étais pas français je renouvelle cependant ma demande et je parviens à être enrôlés en décembre 1914 et je suis heureux de me battre pour la république française contre l'autoritarisme prusse grâce à ma à mon courage et à ma solidarité envers mes frères d'armes j'obtiens la nationalité française le 9 mars 1916 mais quelques jours plus tard je reçois un éclat d'obus à la tempe droite et la blessure est grave je subis une trépanation dans les tranchées à l'hôpital cependant je continue de composer de nouveaux poèmes directement inspiré de mon expérience guerrière je meurs deux jours plus tard avant l'armistice le 9 novembre 1918 mais ce n'est pas la guerre qui a eu raison de moi à cette époque le monde est contaminé par une pandémie cette grippe que l'on qualifié à tort d'espagnol parce que l'espagne avait été le seul pays a accepté de publier les chiffres liés à cette épidémie a fait entre 20 millions et 50 millions de morts selon l'institut pasteur je fais partie des nombreuses victimes de la grippe espagnole et quelques heures avant de mourir le 9 novembre 1918 l'empereur d'allemagne guillaume ii abdique le peuple parisien est en liesse écrit jusque sous mon toit à mort guillaume dans le délire de la fièvre je crois que le peuple veut ma mort je m'éteins dans les heures qui suivent calligrammes est mon dernier recueil publié à titre posthume il retrace mes dernières expériences amoureuses et guerrière c'est une oeuvre très structuré puisqu'elle se déploie en six cycles le premier cycle intitulé ondes rassemble des poèmes antérieures à la guerre marquée par l'enthousiasmé créateurs le deuxième cycle intitulé étendard est une sorte de journal intime qui date des débuts de la guerre j'y vois que notamment ma passion pour lou le troisième cycle case darmon est entièrement consacré à la guerre de même que le quatrième cycle lueur des tirs même si la première moitié du quatrième cycle est dédié à marie laurencin le cinquième cycle au but couleurs de l'une est dédiée à madeleine pagès et dans le 6e cycle je célèbre la victoire que je pressens ainsi que mon nouvel amour pour jacqueline kolb vous l'avez compris calligrammes est avant tout un journal de guerre poétique mais je ne me contente pas de décrire la guerre ou d'exprimer la nostalgie de la paix et de l'amour je cherche également à décrire le monde qui vient celui qui naîtra après le chaos de la guerre mon oeuvre calligrammes a souvent fait l'objet d'un contresens à cause d'un de mes verres dans mon poème intitulé l'adieu du cavalier en effet j'écris ceci à dieu que la guerre est jolie on a souvent vu dans ce vers une célébration admirative de la guerre ce n'est pas du tout cela qu'il faut comprendre ce qui m'intéresse c'est d'introduire dans la poésie de bruit le mouvement et la vitesse du monde moderne dont la guerre est une expression et en introduisant la peinture dans la poésie et la poésie dans la peinture ce que je célèbre ce n'est pas la guerre mais le regard du poète sur la guerre le regard du poète permet en effet de lutter contre la laideur de la guerre le regard du poète est enchanteur il dévoie le monde invisible derrière le monde visible et il se sert de la beauté comme d'un moyen de résistance contre le chaos de la guerre fait ressurgir la beauté au milieu de l'horreur de la guerre c'est un poids moyen pour moi de conserver mon identité au milieu du chaos ce n'est pas la guerre et son cortège de morts que je célèbre ce que j'aime ce que j'admire ce que je souhaite c'est la vie je célèbre les forces de vie contre les forces de la mort grâce à son regard grâce à son verbe le poète que je souhaite incarner est enchanteur et c'est aussi un phénix parce qu'il renaît s'invente et se réinvente dans l'acte poétique de trouver la beauté là où la laideur souhaite nous envahir et nous détruire à l'image d' orphée qui traverse les enfers pour revenir à la vie j'ai traversé la guerre et j'ai évité de sombrer dans l'enfer de la folie grâce à la poésie l'écriture est mon salut me préservant de toute forme de déshumanisation [Musique] j'espère que cette vidéo consacrée à la vie et à ma vision du monde vous a plu maintenant c'est à vous de jouer en testant vos connaissances grâce au quiz pour cela rien de plus simple il vous suffit de noter le code qui s'affiche sur votre écran et d'aller sur le site dédié il y a trente questions vous avez droit à deux tentatives bonne chance [Musique] cela [Musique] [Musique] et