Le 30 juillet 2024, Mohamed VI célèbre le 25e anniversaire de son règne. Qui est ce roi que l'on dit secret ? Avec lui, le Maroc est devenu une puissance africaine. Comment a-t-il fait pour transformer aussi vite son pays ? Pour son peuple, est-ce un miracle ou un mirage ?
Ce film est une plongée au cœur de la plus ancienne monarchie exécutive du monde, où le pouvoir s'exerce avec une autorité incontestée. Pour la première fois, des personnalités marocaines et françaises, au plus haut niveau, parlent de la relation passionnelle entre la France et le Maroc, qui a mis face à face le roi Mohamed VI et le président Macron. Ces témoignages rares et les archives que nous avons retrouvées nous donnent les clés du code M6. D'abord, vous ne le percevez pas forcément, mais nous sommes africains dans nos gènes.
Ce qui marque la transformation en profondeur du Maroc, c'est dans la Constitution, ces droits nouveaux réservés aux femmes. Lui-même dit, je m'adresse à l'ensemble des citoyens musulmans, juifs, chrétiens du royaume. Je me souviens encore de la visite que j'avais faite à Tangier, où il avait fait ce qu'il fait assez peu, prendre sa voiture au mépris de toutes les règles de sécurité. Le roi a décidé de manière unilatérale et irréversible de soutenir l'ensemble des pays qui menaient une guerre aux terroristes djihadistes. Le roi du Maroc, Hassan II, est mort à l'âge de 70 ans, des suites d'une crise cardiaque.
Son peuple savait qu'il était fatigué, mais l'annonce de sa mort a provoqué une véritable onde de choc dans le pays. Hier soir, peu avant 9h, le prince héritier Sidi Brahmad prend la parole à la télévision marocaine. Son père, le roi Hassan II, est mort. Ce 23 juillet 1999, les Marocains enterrent leur roi mais la monarchie continue. Son successeur qu'ils connaissent mal a déjà des idées pour moderniser son pays.
A 36 ans, Sidim Hamed sort donc de l'ombre. Les Marocains de Med le connaissent assez peu. D'emblée, il décide de se démarquer de son père à Sende. Qu'est-ce qui est continuité, rupture entre Hassan II et Mohamed VI ?
C'est une question qui a souvent été posée parce que ce n'est pas du tout le même style. Pour Mohamed VI, cette gouvernance royale repose sur le consensus, sur le consentement. C'est une affaire d'équilibre.
C'est un enfant qui est très gentil. qui a le sens de ses responsabilités, mais qui n'est absolument pas prétentieux, ni orgueilleux, il essaie d'être un enfant comme tous les enfants, il est très très attachant, très charmant. Mohamed VI a été très différent dans son approche, il a été beaucoup plus actif sans doute sur la scène africaine, beaucoup plus présent sur le plan intérieur et extérieur que l'était son propre père.
Mais il l'a fait avec une méthode beaucoup plus raffinée, douce, moins exaltée et moins antagonique. C'est le roi des jeunes. Lui, il est en phase avec sa génération.
On le voit aussi dans les magazines. On le voit pour la première fois faire du jet-ski, par exemple. C'est un roi que l'on croise au volant de sa voiture et que les Marocains peuvent apprécier, et puis même toucher, palper. C'est un roi qui enlève certains codes du protocole aussi.
Vous voulez réciter, s'il vous plaît ? Et votre frère, le prince héritier, a donc un an de moins que vous ? Oui. On dit qu'il est timide.
Il est timide avec les étrangers quand il y a du monde qui vient. Sinon, il n'est pas si timide que ça. Tout se fait dans la douceur.
Je ne sais pas si ce terme-là est utilisable dans ce genre de... Mais c'est ce que je ressens en tant que femme, en tout cas. Je ressens qu'il y a beaucoup de douceur dans toutes les réformes, dans toutes les choses qui sont en train de changer, même quand c'est des métamorphoses très importantes.
Si la vraie référence qui inspire Mohamed VI était plutôt son grand-père, Le roi Mohamed V, couronné en 1956, lors de l'indépendance du Maroc. L'académicien Maurice Drouillon, grand résistant, proche de la famille royale, a été l'un des mentors du prince héritier. Et quand il parle du jeune homme devenu roi, il tient des propos prémonitoires.
Ce jeune roi nous surprendra, je le pense. Je le connais depuis son enfance, j'ai voyagé avec lui. Son père, en certains cas, me l'a confié.
Il est extrêmement réservé, il a énormément de dignité, il est d'un tempérament qui rappellera, à mon avis, celui de son grand-père Mohamed V. En 2002, Mohamed VI, encore novice dans l'art de la diplomatie, fait une visite importante aux Etats-Unis. Face au président américain George W. Bush, le monarque de 39 ans montre beaucoup d'aplomb. Ce document est rare. Il montre un Mohamed VI décontracté, mais déterminé.
Nous sommes très honorés des relations qui ont toujours existé entre le Maroc et les Etats-Unis, mais je pense qu'actuellement nous allons passer à la vitesse supérieure. Musique Bonjour, antenne de midi exceptionnelle aujourd'hui avec comme invité, je l'en remercie, Sa Majesté le Roi du Maroc, Hassan II. Le socialisme, à la façon dont il est exercé par les pays totalitaires, ne peut sur le plan économique réussir que dans des pays très riches.
On retourne à Fès où nous attend Hassan II, Roi du Maroc, Majesté, vous m'entendez bien maintenant ? Moi je vous entends très bien. Ah ben cette fois moi aussi. Est-ce que vous accepteriez de recevoir Jean-Marie Le Pen ?
Comme ça pour le plaisir. Parlez ! Parlez-le quoi ? Bonsoir Majesté, merci de recevoir cette sursette au Palais Royal à Rabat, au moment où le Maroc, disent tous les observateurs étrangers, est un tournant politique.
Il n'est pas interdit de s'y mettre, je pense, pendant cette émission. Majesté, vous êtes chez vous ? Non mais enfin, même pour mes invités.
Voilà ce que le fils de Hassan II ne fait jamais. Mohamed VI est un chef d'État qui ne donne aucun entretien, ni aux médias marocains, ni à la presse étrangère. Ce roi qui tient tête au grand de ce monde, craindrait-il l'exercice de l'interview ? C'est pas un roi qui va être très expansif devant les médias. Alors, il y a les papiers glacés, on fait des reportages, il accepte de cesser de photographier, mais c'est pas un roi qui va commenter l'actualité.
Mohamed VI est discret. Un grand patron de radio marocain confie à quel point la relation entre le palais et les médias nationaux est complexe. Younes Boumedi dirige Hit Radio, une antenne de musique et d'infos écoutée par les jeunes. On peut constater en tout cas que la parole de Sa Majesté est rare. Je ne sais pas si je regrette que Sa Majesté ne puisse pas venir ou ne soit pas jamais venue sur une radio, comme Hit Radio.
C'est son choix. Je pense que l'ensemble des Marocains le respectent. Je vous avouerai qu'on n'a jamais fait de demande officielle pour l'accueillir en interview. On n'a jamais osé.
Donc si à travers votre antenne, on peut passer un message et inviter avec toute la déférence Sa Majesté le Roi, que Dieu l'assiste, à interagir avec nos auditeurs, on serait plus qu'heureux. Et je crois que nos auditeurs seraient extrêmement extatiques. Mais comment être connecté à son peuple quand on met à distance les médias ? Mohamed VI préfère s'adresser aux Marocains par des discours fleuves, où il présente sa vision et ses priorités.
Les discours du roi sont des moments rituels de très grande pédagogie. Il les veut très bien. C'est là où il passe ses messages.
Entre les deux, c'est au gouvernement de communiquer. Mohamed VI ou le roi vintage, il a toujours refusé l'utilisation du prompteur proposé par ses collaborateurs. Par ce refus de la technologie, il affirme un principe inaltérable. Un roi n'est pas un président. D'abord, il y a une différence fondamentale, c'est que le maître du décorum en France n'est que provisoire.
Il n'y a pas de maître de la technologie. Le maître du décorum au Maroc, il a des siècles d'histoire. Et des siècles qui font la différence. Il n'y a pas de remise en cause de ce qu'il est.
Il peut, lui, laisser son empreinte. Et par définition, c'est d'autant plus facile au Maroc que le roi est également commandeur des croyants. Le roi n'est pas un président.
Une affaire oubliée que nous avons choisi d'exhumer le démontre. Roland Quairol, fondateur de l'Institut CSA, lance en 2009 le premier sondage sur l'action du pouvoir marocain. En réalité, une enquête sur le bilan de Mohamed VI.
On ne parlera pas, il n'y aura pas de question, pourtant directement sur le roi. Nous savons que ça ne passera pas. Nous savons par des discussions informelles, personne ne nous interdit, mais nous le comprenons très bien. Donc nous faisons plutôt un sondage bilan.
politique, sociale, économique, culturelle de ces dix ans. Résultat, 91% des personnes interrogées plébiscitent les réformes conduites par leurs souverains. Malgré ce score, cette enquête publiée par le magazine marocain Telquel et en France par le quotidien Le Monde déclenche une tempête politique.
Le jour de la publication du sondage par Telquel, je suis rentré en France et j'ai un coup de téléphone du directeur de Telquel qui me dit qu'il y avait la voix blanche. Je dis qu'est-ce qui t'arrive ? Il me dit je suis à l'imprimerie, la police est là, avec la gendarmerie royale, et ils sont en train de pilonner chaque exemplaire qui sort de la machine Voilà, j'ai eu pendant l'après-midi de l'interdiction au téléphone la plupart des ministres importants du gouvernement marocain, qui m'ont tous assuré de leur amitié, qui m'ont dit qu'ils étaient désolés de n'avoir rien su, que s'ils avaient su, d'ailleurs, ils n'auraient rien pu faire, puisque l'ordre devenait de... Je ne sais pas savoir, là-haut.
Et donc voilà, j'ai eu droit à de la compassion, beaucoup de compassion. Dans l'entourage de Mohamed VI, une formule s'impose. On ne met pas le roi en équation.
Le roi ne dépend pas des urnes. Et donc il ne doit pas être jugé par une opinion qui n'a aucun rapport. Et ça offenserait, même s'il y avait 100% de résultats favorables, ça serait offensant le simple fait qu'on se pose la question. Cette variante de la loi du silence montre qu'au Maroc, la démocratie s'arrête parfois aux portes du palais. Si vous n'étiez pas prince héritier, quel métier auriez-vous aimé faire ?
J'aurais aimé être pilote. Pilote de voiture ? Non, d'avion.
D'avion. Mohamed VI ne sera jamais pilote de ligne, mais il va conduire la transformation de son pays tambour battant. Premier voyage au Maroc, la modernité telle qu'on la voit maintenant n'existait pas. Il y avait certaines villes avec les chèvres encore au milieu des voies de passage.
Le Maroc est devenu la cinquième puissance africaine avec un produit intérieur brut qui atteint les 140 milliards de dollars. Il y a des autoroutes, il y a un TGV, il y a des extensions, il y a des aéroports. Il y a un roi qui a su aussi lancer des grands chantiers d'évolution. L'ambition du Maroc est grande. Nous voulons avoir des champions nationaux dans l'industrie, dans la logistique, dans l'agro-industrie, les énergies renouvelables.
Et la certitude, c'est que... Ni le secteur privé seul, ni le secteur public seul peuvent le faire. Ce qui est extrêmement important dans le moment actuel, c'est que ces deux mondes qui quelquefois étaient face à face, aujourd'hui sont côte à côte. Business first. Mohamed VI veut créer les conditions idéales pour améliorer le climat des affaires.
Je pense que l'environnement d'investissement est un élément fondamental dans le choix qui est fait par les talents pour investir et pour s'installer. Nous avons des accords de libre-échange avec presque plus de cinquantaine de pays, qui fait du Maroc une plateforme exceptionnelle. Des infrastructures de première classe, le port d'Angers-Mèdes, qui est parmi les dix plus grands ports du monde. Nous avons surtout des énergies renouvelables qui sont produites à bas prix.
Nous avons un capital humain qui est performant et surtout une stabilité économique. L'inflation, si on prend sur dix ans, ne dépasse pas 3%. Le roi cible en priorité l'énorme marché africain. C'est d'autant plus naturel pour lui que, contrairement à son père imprégné de culture européenne, il se sent à l'aise avec ses racines.
Mohamed VI décide d'ailleurs du retour du Maroc au sein de l'organisation de l'unité africaine. que son père avait choisi de quitter plus de 30 ans auparavant. Il est l'heure de rentrer à la maison, moment où le royaume compte parmi les nations africaines les plus développées et où une majorité de pays membres aspirent à notre retour.
Nous avons choisi de retrouver la famille. L'Afrique est mon continent et ma maison. Je rentre enfin chez moi et vous retrouve avec bonheur.
Le retour sûrement à l'Union africaine a été un message extrêmement fort. Donc le retour à la maison, de dire nous sommes au centre de ce continent, nous voulons le développement de notre pays, mais nous ne pouvons pas y arriver seuls, sans une intégration régionale, sans on va dire un développement de l'ensemble du continent. Le Maroc est arrivé en frères, mais en force de proposition. Et pour accompagner cette politique, qu'est-ce qu'il fait ? Il lance des grandes caravanes.
Quand le roi part en mission en Afrique, souvent c'est des voyages qui peuvent durer une semaine, 15 jours, 3 semaines, et il y a à peu près 100, 200 personnes. Il y a une partie de la cour, des grands entrepreneurs, des ministres qui l'accompagnent. Et on s'installe dans les pays, on peut rester plusieurs jours, on s'aide des partenariats, des accords d'État à État, et puis on permet aussi à tous ces... écosystème d'irradiés, c'est-à-dire les ministres voient leurs homologues, les hommes d'affaires voient les patronats des pays et c'est comme ça qu'il va enclencher une véritable dynamique.
Cet essor économique se dote d'une vitrine, la première voiture marocaine baptisée Nao. Un prototype de SUV électrique, Namix devient par ailleurs l'emblème de la politique royale en matière d'énergie renouvelable. Bien avant certains pays occidentaux, le Maroc a compris les enjeux majeurs. Quand on prend ce qui est le poumon de l'économie, c'est-à-dire la stratégie énergétique, on voit que le Maroc a été, sous l'impulsion de Sa Majesté, pionnier.
Dès 2009, a lancé la plus grande centrale solaire du monde à l'époque, à Ouarzazate. Et cette stratégie ambitionne qu'en 2030, la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique soit rapportée à 52%, et elle est actuellement, pour rappel, de 38%. Quand je suis allé au Maroc, j'y suis allé plusieurs fois en tant que chef d'État, il y a eu beaucoup de projets d'investissement où les entreprises françaises étaient directement impliquées.
Et puis j'avais compris aussi que le roi voulait montrer que le Maroc pouvait être en avance sur un certain nombre de thématiques, et par exemple la question du climat. Et l'affaire de la COP nous a quand même beaucoup rapprochés. N'oublions jamais qu'après la COP de Paris, ça a été la COP à Marrakech.
Et que le roi m'avait fait... la démonstration de tous ces champs solaires où ils comptent faire des énergies renouvelables. Je rappelle que le Maroc n'a pas de ressources pétrolières ou gazières significatives et donc fait le pari de l'énergie renouvelable.
Et ça, ça nous avait quand même considérablement rapprochés. Le décollage économique du Maroc pose cependant la question qui fâche. Cette croissance à marche forcée a-t-elle accru les inégalités ?
Le 8 septembre 2023, la terre tremble dans la région de Marrakech. Les dégâts sont considérables. Le bilan s'élève à près de 3000 morts et plus de 5000 blessés.
Le roi, en visite privée à Paris, rentre immédiatement au Maroc pour être sauvé de son peuple et diriger la cellule de crise. Le séisme révèle les inégalités dans le pays. Le gouvernement ne peut pas occulter les disparités sociales.
Elles sautent aux yeux. Les rues du centre de Marrakech n'ont pas bougé alors que les maisons entorchies dans les villages alentours se sont écroulées. Effectivement, dans le séisme, la ville centrale s'en est plutôt bien sortie parce que les normes, notamment de construction, ont changé depuis 20-25 ans, parce qu'il y a un certain nombre d'éléments, et puis les services, évidemment.
publics et tout sont mieux organisés que dans les petites zones rurales, ça c'est sûr. Il y a un problème d'inégalité et il y a un problème de redistribution. De toute évidence, le boom économique n'a pas bénéficié aux classes populaires. La misère reste importante.
notamment dans les zones rurales. Selon les experts, 20% des Marocains vivent en dessous du seuil de pauvreté. La santé, l'éducation, la formation sont des sujets sensibles.
On ne peut pas attendre que la croissance économique soit totalement là pour... Apporter des solutions concrètes aux citoyens marocains. Le jeune marocain doit être... Il est talentueux, mais il faut qu'il soit en bonne santé et éduqué pour que son talent le serve dans sa vie et serve, on va dire, le développement du pays. C'est pour ça que ce qui est très haut dans les priorités de notre pays, c'est le renforcement de l'état social.
Lors de son discours du trône de l'été 2022, Mohamed VI avait posé les réformes sociales comme étant prioritaires. Cette politique de rattrapage tarde à porter ses fruits. C'est aujourd'hui, c'est aujourd'hui qu'il faut que l'école soit l'ascenseur social qui va permettre à des millions de jeunes marocains de se développer. C'est aujourd'hui que l'hôpital doit être au rendez-vous. C'est aujourd'hui que les plus vulnérables doivent avoir une vie décente avec un revenu minimum.
Au sein de la société marocaine, les femmes subissent une forme de double peine. Frappées comme les hommes par la faiblesse de la redistribution, elles sont de surcroît lésées par une législation patriarcale, malgré les efforts de Mohamed VI pour la mender. Sa Majesté, en tant que réformiste, moderniste, et quelqu'un qui est absolument du côté des droits des femmes, et il l'a montré, il l'a démontré partout, a rappelé que cette réforme est aujourd'hui à bout de souffle, qui a été faite en 2004, alors que... qu'elle est encore inimaginable dans beaucoup de pays arabes ou musulmans, les lois qui sont passées. Et donc il a incité à ce que soit pensée, posée, etc., une nouvelle réforme de ce code de la famille.
Aujourd'hui, les féministes marocaines veulent aller à l'étape d'après. On parle de dépénalisation de l'homosexualité. Des pénalisations, des relations hors mariage, mise en place d'un héritage partiel et égal pour les femmes et les hommes marocains.
Dans l'optique de créer des rôles modèles, Mohamed VI a nommé plusieurs femmes à des postes stratégiques, parmi lesquelles Nadia Feta, grande argentière du Royaume. Je pense que les femmes de ce pays ont les capacités, les expertises et surtout l'envie de participer à cette dynamique de développement de notre pays. Comme l'était son père, Hassan II, descendant du prophète, Mohamed VI se place lui aussi en commandeur des croyants et veut se présenter au monde comme un roi pieux.
Un islam traditionnel qui lui servira de rempart contre l'extrémisme. Mohamed VI, considéré comme le descendant du prophète Mahomet par des millions de musulmans, tend la main aux autres religions. A la fois chef d'état et chef spirituel, il est le commandeur des croyants. Un titre à la signification méconnue. C'est inclusif, ce n'est pas seulement les croyantes et les croyants de l'islam, mais c'est les croyantes et les croyants des autres confessions aussi, notamment judaïques.
Cette spécificité a induit le fait qu'il y a une complémentarité dans ce qu'on appelle le champ religieux. Cet islam modéré et ouvert, dit du juste milieu, s'inscrit dans la longue tradition halawite incarnée aujourd'hui par Mohamed VI. L'apport des affluents hébraïques est d'ailleurs gravé dans la constitution marocaine. Cette approche du juste milieu me semble être une approche positive et compatible, je le redis, avec le principe d'un pays laïque.
C'est la seule constitution d'un pays arabe où il y a la reconnaissance des chrétiens et des juifs. Et c'est le seul État arabe où la référence, chaque fois qu'on demande quelque chose au gouvernement marocain, c'est de dire la fameuse formule de Mohamed V pendant la guerre, disant aux Allemands et aux autorités de Vichy, lui demandant de donner les noms et de livrer les Juifs du Maroc, et Mohamed V répondant... Dans ce pays, il n'y a pas de juifs, il n'y a pas de chrétiens, il n'y a pas de musulmans, il n'y a que des marocains. Et c'est une tradition qui continue.
Cet islam des lumières prend sa source dans le soufisme, traduit en musique et en danse par les fameux derviches tourneurs venant de Turquie. Un courant mystique et inclusif avec lequel Mohamed VI entretient un dialogue politique et théologique. Il y a cette forme de traditionnalisme, j'allais dire, qui est importante parce que dans la dimension soufie, il y a cette caractéristique plus que de la tolérance et de l'acceptation de l'autre, quelle qu'il soit, de l'amour, du respect, et je crois que c'est ce qui fait aussi l'originalité de cet islam-là. La plus grande confusion, les secours tentent de s'organiser. Il est midi et demi à Marrakech, une explosion vient de dévaster ce restaurant bondé.
On était au niveau du café quand il y a eu la détonation. Ça s'est soulevé comme un volcan. Les gens ont été projetés en l'air. L'un d'eux est tombé à nos pieds et ça a été la panique.
On est rentrés les premiers dans le restaurant et là, il y avait des morts partout. Selon les autorités marocaines, il s'agit bien d'un acte kamikaze. Ce Maroc du vivre ensemble est la cible du terrorisme islamiste.
Le 28 avril 2011, un attentat frappe Marrakech, la capitale du tourisme marocain, visant un café de la célèbre place Jamal-e-Fna. Le roi se rend sur les lieux. Il se fait expliquer le mode opératoire par les policiers.
Un sac rempli d'explosifs a été déposé à l'entrée du restaurant Argana, très prisé des touristes occidentaux. Les djihadistes testent le pouvoir du roi. Avant cela, Dans la nuit du 16 au 17 mai 2003, des attentats en série dans des cafés de Casablanca avaient fait 46 victimes.
Des édifices belges, espagnols ou appartenant à la communauté juive avaient été attaqués par des terroristes affiliés à Al-Qaïda. En réaction, la police marocaine procéda à plus de 2000 arrestations. Ça ressemblerait à un virus qui a infiltré une société qui fut une société paisible, mais le royaume du Maroc, sous le leadership de Sa Majesté, s'était tout de suite mobilisé pour... essayer de voir quels sont les tenants et les aboutissants qui ont mené, induits à cet état des lieux, que personne ne soupçonnait auparavant, mais cela était comme une alarme. Mohamed VI, très tôt après son arrivée au pouvoir, a été confronté à la question islamiste.
On a vu qu'il y avait des cellules. dans le pays, et donc il a pris cette question-là avec une extrême attention, et il a mis tous les moyens sécuritaires et de renseignements du royaume, déjà pour essayer d'identifier, de comprendre ce qui se passait dans son pays, dans quel cadre cela intervenait, pour circonscrire sécuritairement déjà la menace. Ben Laden a eu de cesse d'indiquer que le Maroc était un pays apostat, chose à laquelle le Maroc a répondu. de multiples manières, sur le plan idéologique, sur le plan militaire et en matière de renseignements.
Un certain nombre de cellules dans l'après-attentat ont été démembrées. 10 000 personnes ont été arrêtées. Et l'ensemble des réseaux d'Al-Qaïda à l'époque ont été débusqués au Maroc. Depuis, l'infiltration de réseaux à l'étranger, notamment en Europe, a permis à l'époque du 13 novembre, de partager des informations avec la France et de travailler avec les Belges, les Espagnols, les Français sur l'enjeu de la lutte antiterroriste. Le terrorisme a été endigué, mais quelques mois après les attentats de Marrakech, les printemps arabes vont porter les islamistes au pouvoir dans plusieurs pays comme l'Égypte et la Tunisie.
Au Maroc, le mouvement du 20 février précipite dans la rue des milliers de personnes qui se révoltent contre les élites et la corruption. On attend plus de liberté, plus de possibilités d'émancipation si vous voulez, plus de possibilités d'être citoyen. On n'a pas eu cette occasion-là.
Nous sommes là pour une démocratie réelle, pour une séparation réelle des pouvoirs, pour un pouvoir du peuple qui émane du peuple, pour une véritable démocratie. L'onde de choc propulse au gouvernement le parti Justice et Développement, gagnant des élections législatives en 2011. Le PJD se définit comme un parti islamiste modéré. Ça fait plus de 15 ans que le PJD est sur la scène politique nationale à travers le Parlement et les communes, et les positions politiques qu'il n'a pas cessé de prendre. Aujourd'hui, nous sommes en train de récolter la confiance que le peuple marocain nous accorde, c'est tout.
Le PJD, d'ailleurs, une petite comparaison qu'on peut faire qui est intéressante, c'est un peu comme Front National et Rassemblement National. Front National, Jean-Marie Le Pen, fondée par des nostalgiques du nazisme, etc. Le PJD vient d'une matrice de ce type extrémiste.
qui ensuite a évolué pour essayer de se rendre présentable. Sa Majesté le Roi Mohamed VI a reçu en début d'après-midi à Midelt M. Abdel-Ilekh Ben Kiren, secrétaire général du Parti de la Justice et du Développement, que le souverain a nommé chef du gouvernement conformément aux dispositions de la nouvelle Constitution et l'a chargé de former le nouveau gouvernement. Contre toute attente, Mohamed VI décide de laisser le PJ dégouverner.
Moment de faiblesse ? ou tactique de long terme. C'est pas du tout la volonté du roi que de travailler avec des gens comme ça. Bon, pas du tout cette volonté.
Il n'a aucune impétence pour... De toute façon, pour le roi, la religion est importante, mais il se méfie beaucoup des religieux, des entrepreneurs en religion. Et tous ceux qu'il flirte avec, Benkirane, son successeur Othmani, mais il a cohabité dix ans avec eux. Certains, au Maroc, notamment des ministres en vue du gouvernement, des proches du palais, s'attendaient à ce qu'ils ne respectent pas le...... le résultat des usures.
Ils ont été surpris. Tant qu'il y avait cette possibilité aussi de faire des coalitions et d'insuffler des partis proches du palais dans une coalition avec les islamistes, ils savaient que la situation resterait sous contrôle et que les grandes politiques publiques qu'il avait décidées, qu'il avait initiées, notamment les grands chantiers d'infrastructures, les grands chantiers de libéralisation, les grands chantiers de développement économique, pourraient se poursuivre. L'impulsion, elle est avant tout royale.
Néanmoins, les islamistes ne restent pas inactifs. Ils remettent en cause des avancées sociétales, en particulier concernant les femmes. Le printemps arabe arrive et mène au pouvoir le PJD et des conservateurs qui n'ont guère envie d'octroyer des droits aux femmes marocaines. Pour citer l'ancien ministre du PJD...
un lampadaire au sein des maisons. Donc l'espèce de lumière, mais lumière statique. On a donc perdu près de dix ans, où absolument rien ne s'est passé.
Désormais, le modèle de l'islam à la marocaine est menacé. Deux visions s'opposent. Encore une fois, le roi évite la confrontation directe, mais en coulisses, reste à la manœuvre. Le Parti de Justice et Développement, quand je me suis rendu la dernière fois au Maroc, il était encore, j'allais dire, à la tête du gouvernement.
J'ai vu un parti qui certes défendait un certain nombre d'orientations que je ne partageais pas, mais qui en même temps étaient ouverts. au dialogue. Et puis il y a eu l'alternance démocratique.
Et cette alternance démocratique, je pense qu'elle montre une évolution et une forme de maturité de la vie politique marocaine. Fait rare dans le monde musulman, les islamistes sont chassés du pouvoir en douceur, par les urnes en 2021. Depuis, le PJD est devenu une simple composante de la vie politique marocaine. Après dix ans de cohabitation avec les islamistes, le commandeur des croyants est sorti renforcé de cette épreuve.
La qualification du Maroc pour la demi-finale du Mondial au Qatar en 2022 est l'un des temps forts de cette compétition. Cette performance n'est pas un simple exploit sportif, mais l'aboutissement d'une stratégie décidée au sommet de l'État. Le roi a mis en place...
avec toute une équipe, un plan dès 2008 pour le développement du football dans le royaume, avec une véritable réflexion et une construction pour aboutir à des résultats qui ne doivent pas être des exploits isolés. Grosse politique de formation des jeunes à travers tout le pays. La construction d'un centre d'entraînement...
Top niveau, à la hauteur de ce qui se fait dans tous les plus grands pays de football. La mise en place d'un championnat qui est le meilleur championnat d'Afrique. L'organisation pour toutes les catégories d'âge de plein de matchs amicaux sur tout le continent. Moi, Mathis a compris que le football était un vecteur d'influence sans pareil dans le monde. Rapidement, il s'est dit qu'il fallait que les résultats de l'équipe nationale soient à la hauteur de nos ambitions.
Qu'est-ce qu'il fait ? Il compte sur les meilleurs joueurs marocains qui font les beaux jours des principaux clubs européens. Il y a une vraie politique.
La même politique qu'il a eue aussi dans d'autres domaines sectoriels. On fait revenir les meilleurs ingénieurs, on va à la City de Londres pour faire revenir des financiers, aux Etats-Unis. On va appliquer la même politique dans le domaine du sport.
Le parcours des lions de l'Atlas déclenche une ferveur dans le monde arabe et en Europe. Le peuple réalise qu'il peut gagner, qu'il peut avoir des passions positives, qu'il n'a pas besoin d'être contre quelque chose ou trouver un ennemi à tout prix. Il faut savoir que pendant le printemps arabe, les champs populaires de foot au Maroc sont de l'ordre de la critique, de la critique du gouvernement, de la souffrance des populations, du chômage, et donc il y a quelque chose d'extrêmement... négatif, se tournant, vient par la chanson notamment raconter une nouvelle histoire du Maroc. Un Maroc qui gagne, un Maroc qui n'a plus honte d'être qui il est, un Maroc qui, quand il travaille en équipe et travaille dur, peut arriver à des sommets.
Grâce au football, le Maroc renforce sa dimension internationale. Rabat va marquer de nouveaux buts en organisant la Coupe des Nations en 2025 et en co-organisant la Coupe du Monde en 2030. Pourquoi les pays émergents, surtout les plus riches, veulent organiser des compétitions, soit pour le football, pour les Jeux Olympiques, pour toute autre compétition ? Parce que c'est un facteur d'influence. Donc le Maroc...
a raison d'être présent sur, si je puis dire, sur ce marché de la compétition sportive. Moi, je ne veux pas que ce soit toujours les mêmes grands pays, souvent qui ne sont plus occidentaux d'ailleurs, mais les mêmes grands pays qui organisent les grands... événements et compte tenu des résultats sportifs du maroc par les futurs mais il n'y a pas que le football le maroc a des qualités à faire valoir combien de pays auraient été capables aujourd'hui de séduire la fifa pour faire partie d'un pôle d'organisateurs comme ça va être le cas pour la coupe du monde 2030 je crois pas en fait je crois pas qu'il y en ait d'autres Les paysages oniriques de Ouarzazate et ses environs fournissent un décor idéal pour des tournages de films et de séries au retentissement mondial, tels que Games of Thrones. Le soft power du Maroc investit aussi le terrain culturel. C'est une politique qui a été mise en place il y a déjà de nombreuses années, avec succès.
Il y a des blockbusters qui sont tournés au Maroc chaque année. Naturellement, quand les films sont beaux et que les paysages qui sont montrés sont agréables, ça peut avoir ce supplément d'âme, ce supplément d'intérêt du public qui regarda ces films pour le Maroc. Et ça doit naturellement générer du tourisme. Le tourisme aujourd'hui est un élément fondamental dans le soft power du pays et on le voit très souvent puisqu'une bonne partie des 14 millions et demi qui nous ont visités l'année dernière a été pour la première fois leur visite au Maroc et pour certains c'est leur premier contact avec le pays et il n'y a pas plus fort qu'un contact.
d'un contact de visite, d'un contact de voyage, et on apprend mieux le pays, on apprend mieux la population, on connaît mieux le Maroc et les Marocains. Et pour nous, dans notre approche générale sur la promotion du tourisme, c'est aussi une des manières de doter le pays d'un outil de soft power. Ces résultats dans le domaine de l'influence créent un climat favorable aux objectifs géopolitiques du Royaume.
Un mois après le tremblement de terre de Marrakech du 8 septembre 2023, le Maroc organise les assemblées générales de la Banque mondiale et du FMI dans la ville même du séisme. Une prouesse technique et politique exigée par le roi Mohamed VI qui veut une démonstration de force. Bruno Le Maire, alors ministre français des Finances, a participé au sommet. Vous avez tous les États membres du FMI, vous avez les pays du G7, les pays les plus riches de la planète, vous avez tous les pays du G20.
Donc ce sont des moments extrêmement importants, pas simplement du point de vue économique et financier, mais aussi du point de vue politique. Je me suis battu aussi pour que ce soit maintenu, très franchement, en discutant avec nos partenaires européens, partenaires du G7, pour dire qu'il faut que ça ait lieu à Marrakech. C'est symbolique.
C'est très important. Adossé à un événement international d'une telle ampleur, Mohamed VI peut déployer ses canaux diplomatiques. Sur l'échec qui est politique international, le Maroc, avec son roi Mohamed VI, est aujourd'hui un acteur puissance.
Il se perçoit comme une puissance africaine. Et il vise également à contribuer à certaines grandes initiatives internationales. Aujourd'hui, on est sortis d'un Maroc qui a simplement deux alliés et regarde principalement Paris-Washington, mais on a un Maroc qui parle à la Chine, à Jérusalem.
Donald Trump a annoncé ce soir la reprise des relations diplomatiques entre le Maroc et Israël. Le président américain précisait qu'il reconnaissait par ailleurs la souveraineté du Maroc sur le territoire disputé du Sahara occidental. Le Maroc est le quatrième pays du monde arabe à reprendre ses relations avec Israël sous l'impulsion des États-Unis. Donc le Maroc savait qu'avec la normalisation de cette relation, il pourrait aspirer à devenir une puissance régionale et à, pour le dire très simplement, à jouer dans la cour des grands. Et d'ailleurs, quand le conflit a commencé entre le Hamas et Israël, le Maroc a été sommé en interne par une partie de son opposition de rompre ses relations et ça ne s'est pas fait.
Ça ne s'est pas fait parce que les accords au plan économique et au plan stratégique étaient beaucoup trop importants. Le lien et l'aboutissement via cet accord d'Abraham sont est un lien, en tout cas perçu et analysé au Maroc, comme avant tout un lien de peuple à peuple, émotif, culturel, parce que le Maroc se considère comme un pays africain, musulman, juif, berbère. Cette évolution se déroule sous la houlette de l'imprévisible président américain, Donald Trump, qui propose un deal surprenant.
Les États-Unis et Israël adhèrent à la marocanité du Sahara en échange de la reprise des relations diplomatiques entre le Maroc et l'État hébreu. Cette normalisation s'est réalisée de manière transactionnelle. C'est-à-dire qu'il s'agissait d'une reconnaissance par les États-Unis de la marocanité du Sahara occidental. C'est un pays clé, en effet, dans les relations internationales, les États-Unis, contre cette normalisation. Le roi a placé la question du Sahara au cœur de sa vision stratégique.
Désormais, ses partenaires privilégiés dans le monde sont les nations qui reconnaissent la marocanité du Sahara occidental. Il sait très bien que si la monarchie abandonne le Sahara, la monarchie ne tient pas. C'est une des choses cardinales sur lesquelles repose la monarchie, c'est l'intégrité territoriale, ça aura compris, donc ce serait impardonnable, le roi ne peut pas faire ça. Donc il a évidemment pris ça en compte, il a sa conviction personnelle, et ensuite il a posé de manière maintenant de plus en plus précise quelque chose de très simple, soit effectivement vous êtes avec moi, soit vous n'êtes pas avec moi. Environ 80 pays membres de l'ONU se rangent à la position de rabat.
Il s'agit maintenant pour le Maroc de rendre irréversible ce processus sur le terrain. Le roi lance de grands travaux d'équipement. Je pense que ce qui est important en termes d'économie, ce sont les investissements que le Maroc n'a cessé de faire dans ces régions.
Les infrastructures sont impressionnantes. Le Maroc a investi dans les routes, dans les autoroutes, dans les aéroports. Quand on compare les investissements qui sont...
totalement financées par l'État, elles sont totalement en faveur des populations. Le secteur du tourisme est lui aussi enrôlé pour promouvoir la cause. On est dans un tourisme atlantique, dans un tourisme sahraoui, dans un tourisme hassani, avec une forte composante culturelle. Et aujourd'hui, si je donne l'exemple sur le marché français, on a trois vols hebdomadaires directs entre Paris et Darla.
Et c'est une formidable chance pour nous de partager aussi cette destination qui est formidable et qui fait partie de nos challenges sur les destinations mondiales qu'on est en train de développer aujourd'hui vers le marché français et vers l'ensemble du monde. Cette stratégie est sous-tendue par la rivalité historique entre les deux frères ennemis du Maghreb, le Maroc et l'Algérie. Cette dernière soutient le Front Polisario qui défend l'indépendance du Sahara occidental. Entre ces deux ex-colonies, le cœur de la France a longtemps balancé.
Pendant des années, la France a été enlisée dans les sables du Sahara occidental, accrochée à une position qualifiée de médiane. Au clair, ne pas soutenir le Maroc pour ne pas contrarier l'Algérie. Mais au cœur de l'été 2024, coup de théâtre.
Emmanuel Macron s'aligne sur la position du Maroc. C'est la fin d'une longue brouille entre les deux pays, alimentée par un désaccord fondamental. 15 pays européens ont accepté de dire le Sahara est marocain.
Et la France, ancienne puissance tutélaire, amie du Maroc, ne l'a toujours pas fait. Et pour les Marocains, c'est incompréhensible. Le journaliste François Soudan révèle ce que le roi du Maroc dit aux dirigeants étrangers lorsqu'il aborde ce sujet. Si vous êtes avec moi, il ne faut pas faire comme les Français.
Il faut faire comme les Espagnols, les Allemands, les Américains, Trump. On ne peut pas faire comme les Français, c'est-à-dire que les Français disent que le plan d'autonomie marocain est une solution crédible pour l'avenir du Sahara. Non, il ne faut pas dire ça. Il faut dire que c'est LA solution, la plus crédible.
Tant que votre wording n'a pas évolué, on aura un problème, vous et nous. C'est sur ce terrain miné que la tension entre la France et le Maroc va prospérer. Ce qu'on a appelé la crise des visas est un épisode important de la confrontation.
Les pays du Maghreb refusent de récupérer leurs ressortissants expulsés par la France. Paris lance ses représailles. Il y a plusieurs mois que M.
le Président de la République a donné instruction au Premier ministre, au ministre de l'Intérieur, au ministre de l'Affaires étrangères, de réduire de façon significative le nombre de visas accordés aux ressortissants d'Algérie, du Maroc, pour 50%, un visa sur deux, et 30% pour la Tunisie. À Rabat, cette disposition qui humilie des membres de l'élite marocaine bloquée aux frontières ne passe pas du tout. C'est l'escalade.
Des visites de ministres sont annulées, les projets de coopération reportés. En juillet 2021, une autre affaire encore plus explosive suscite un conflit opposant frontalement Mohamed VI et Emmanuel Macron. Emmanuel Macron, dans le viseur des services secrets marocains, potentiellement ciblé par un logiciel espion nommé Pegasus. A-t-il été écouté, surveillé via son téléphone portable ? Une certitude ?
L'un de ces numéros apparaît sur une liste de plus de 50 000 numéros, dont plusieurs milliers de français. Des numéros sélectionnés par divers pays étrangers en vue d'être espionnés par une technologie développée par NSO, une entreprise israélienne. L'Elysée a réagi ce soir après ces révélations.
Si ces faits sont avérés, ils sont très graves. Toute la lumière sera faite sur ces révélations. Mon sentiment personnel est que le Maroc... Comme toutes les puissances en devenir, ou moyennes, ou grandes puissances, a une politique de renseignement très efficace.
Et je pense personnellement qu'elle fait le maximum pour recueillir le maximum d'informations sur tout ce qui peut avoir attrait à sa puissance, à son influence. Au téléphone, les deux dirigeants s'écharpent littéralement. Emmanuel Macron veut que Mohamed VI reconnaisse son implication personnelle.
dans l'opération d'écoute dont il a été la cible. Il y a toujours des malentendus dans les relations personnelles ou d'État à État. Parfois, un pays pense que si la justice prend telle ou telle attitude, c'est concerté avec le pouvoir.
De la même manière, lorsqu'il y a des problèmes qui peuvent exister, de fonctionnement de services. que ça peut avoir là aussi quelques liens avec ce que souhaite ou ne souhaite pas un État. J'ai connu ce type de malentendus. La tension touche à son paroxysme.
Le président français tente de calmer le jeu lors d'une conférence de presse consacrée à l'Afrique qui a lieu à l'Élysée le 27 février 2023. Moi, ma volonté est vraiment d'avancer avec le Maroc. Sa Majesté le Roi le sait, nous avons eu plusieurs discussions. Les relations personnelles sont amicales, elles le demeureront.
Il y a après toujours des gens qui essaient de monter en épingle des péripéties. Les scandales au Parlement européen, les sujets d'écoute qui ont été révélés par la presse. Est-ce que c'est le fait du gouvernement de la France ? Non. Est-ce que la France a jeté de l'huile sur le feu ?
Non. Voilà. Donc il faut avancer malgré ces polémiques.
Mais enfin sans en rajouter. Et la relation du palais est venue immédiatement pour dire que les relations entre Mohamed VI et Emmanuel Macron ne sont ni bonnes ni amicales. De manière claire. Deux ans après l'affaire Pégasus, une intervention d'Emmanuel Macron pourtant pleine de bons sentiments va avoir un effet catastrophique.
Bonjour, je voulais m'adresser directement aux Marocaines et aux Marocains pour vous dire que la France a été bouleversée de ce qui s'est passé dans la nuit de vendredi à samedi, de ce terrible tremblement de terre et nous avons évidemment une pensée pour les disparus, leur famille, pour les blessés. Dans les codes de la monarchie shérifienne, un président étranger ne s'adresse pas directement au peuple marocain. Tout est bloqué entre la France et le Maroc. Pour les connaisseurs de ces deux pays unis par une relation passionnelle, il n'existe qu'une seule méthode susceptible de dénouer la situation. On a dit combien de fois aux gouvernants, à l'Elysée, si vous ne mettez pas un peu d'affectif avec le Maroc, vous n'y arriverez pas.
Vous êtes en face... de la monarchie la plus ancienne du monde avec celle du Japon. Ne vous comportez pas comme avec des diplomates. C'est justement sur ce terrain que le président français prend enfin une décision qui séduit le palais.
Le 19 février 2024, son épouse Brigitte invite les trois sœurs du roi à déjeuner à l'Elysée. Mohamed VI fait fuiter dans la presse qu'il bénit cette rencontre. A partir de ce moment, les conditions de la réconciliation sont réunies.
Un personnage joue un rôle déterminant dans ce processus entre Paris et Rabat, le ministre français des Finances Bruno Le Maire. En réalité pour moi la relation France-Maroc a été relancée d'abord à Marrakech par ses relations économiques, financières et par l'entretien que j'ai eu avec le Premier ministre marocain. qu'en plus je connais de longue date et la relation personnelle, ça joue beaucoup, puisqu'il était mon homologue ministre de l'Agriculture au moment où j'étais ministre de l'Agriculture français entre 2009 et 2012. Il y a eu ensuite des visites bilatérales, il y a eu Casablanca, et nous avons travaillé de manière très opérationnelle, en regardant sujet par sujet, projet par projet.
L'un de ces projets commence même à changer discrètement la vision de la France sur le Sahara. Elle a franchi un pas qui peut paraître très difficile à comprendre et à déchiffrer pour d'autres personnes que des diplomates aguerris, mais qui est un vrai pas politique majeur à travers une décision, qui est de financer un projet de développement d'une infrastructure énergétique qui va relier Dakhla, donc dans le Sahara occidental, avec Casablanca. C'est déjà un geste politique qui, je pense, n'a pas échappé aux autorités marocaines. De l'économie à la politique, il n'y a qu'un pas.
A droite notamment, on pousse le président Macron à reconsidérer la fameuse position médiane française sur le Sahara occidental. Le deuxième personnage de l'État, Gérard Larcher, nous raconte dès mai 2024 l'action de l'État. qu'il a mené en coulisses.
Maintenant, il s'est passé un certain nombre d'années, il y a eu une évolution de la région, je crois qu'il va falloir qu'on réexamine cette position. En tous les cas, j'ai écrit au président de la République française mon sentiment sur ce sujet. sujet que nous sommes en 2024 et 2024 n'est plus tout à fait 2007 et que sur ce sujet il me semblait que nous devions évoluer quelques semaines plus tard le 30 juillet de façon totalement inattendue pour la communauté internationale le président macron rond avec la doctrine diplomatique traditionnelle de la france dans une lettre au roi mohamed vi il apporte son soutien à la marocanité du sahara occidental c'est le geste qu'attendait depuis tant d'années la monarchie shérifienne le temps des grandes retrouvailles est arrivé vous allez venir à paris si vous avez cinq minutes si le protocole vous laisse un peu de temps qu'aimeriez vous faire sortir me promener un peu tout seul dans les rues oui et où sur les quais 50 ans après cette confidence mohamed 6 continue d'écouter sa voix d'enfant lors de ses voyages officiels à l'étranger il aime découvrir les capitales en se promenant dans les rues Dirigeant son pays de manière résolue, il continue cependant de cultiver son jardin. Et quand il est arrivé au pouvoir, après son père, beaucoup n'avaient pas imaginé que son règne puisse durer aussi longtemps. Et qu'il y a montré beaucoup de constance.
On le disait plutôt... désinvolte, prêt à vivre une pluralité d'existants. Eh bien, en réalité, il a montré de la cohérence, il a montré de la continuité, il a montré de la volonté, ce qui explique un règne particulièrement long et qui n'est pas terminé. Justement, comment se projette-t-il sur l'avenir ? Sera-t-il le roi qui mènera le Maroc à une monarchie parlementaire à l'espagnol ou à l'anglaise ?
Je n'envisage pas que le roi du Maroc ait un rôle de marionnette inauguratif, comme on peut le voir en Espagne. Il restera le patron de la diplomatie, il restera le patron des services de sécurité. Je pense que les Marocains sont conscients que le pouvoir du roi fait l'équilibre sur la dispersion. Logique démocratique de l'élection, pour éviter que ça ne devienne ou conflictuel ou que ça n'aboutisse à la paralysie, l'autorité du roi est pour le moment nécessaire.
Alors après, dans 20 ans, dans 50 ans, j'en sais rien, mais aujourd'hui, il faut en rester là. La longue marche de Mohamed VI se poursuit, avec une mission, celle de transmettre à son fils le prince héritier Moulay Hassan, un Maroc en phase avec les enjeux de son époque, mais fidèle à la tradition de la dynastie halawite. Il y aura toujours une part, je dirais, irréfragable de mystère, d'indicible, dans la relation entre les Marocains et leurs rois, qui nous échappe à nous complètement, à nous, républicains européens, qui nous échappe. Et il faut le reconnaître, il faut avoir la modestie.