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Philosophie et valeurs universelles de Francis Wolf

bonjour et bienvenue à toutes et à tous dans cette septième édition du salon maçonnique de Toulouse qui porte sur deux principaux thèmes de la tradition maçonnique transmettre et construire bonjour Monsieur Francis Wolf et bienvenue en terre d'Occitanie et merci de nous livrer les fruits de votre réflexion sur la raison de l'universel c'est un honneur pour nous de vous recevoir vous dans cet autre grand nombre de la philosophie André Comte Sponville dit que vous êtes le plus grand philosophe français vivant et qu'il ne connaît pas de philosophes dont la pensée soit plus forte plus savante et rigoureuse que la vôtre mais faisons un peu plus connaissance c'est à l'âge de 15 ans que vous découvrez la philosophie après la lecture des Méditations Métaphysiques de Descartes on échappe pas qui m'y refait un dites-vous dans votre dernier livre le monde à la première personne à vos pensées fièvreuses existentielles je voudrais juste dire un petit mot sur ce livre je ne vais pas présenter toute la bibliographie de Monsieur Wolf se serait trop trop long et trop difficile pour moi je vous recommande ce livre non seulement pour cheminer dans la philosophie de Monsieur Wolf mais il est d'une précision méticuleuse concernant la présentation des outils essentiels pour cheminer et construire votre pensée philosophique nous massons nous avons nos outils rationnels mais plutôt symbolique Francis Wolf nous livre les clés des concepts essentiels de la philosophie d'une façon claire simple et notamment le Logos d'Aristote qui a fait transpirer bien des étudiants dans les différentes épreuves il ne s'agit pas du livre philosophie pour les nuls certainement pas Francis a une autre considération de l'être humain il va vous en parler donc je vous recommande ce livre qui peuvent être lu également vous le comprendrez plus tard par vos enfants ou vos petits-enfants donc le monde à la première personne entretient avec André Comte Sponville c'est le dernier écrit de Francis vous entrez ensuite en 70 à l'École normale supérieure et suivez les cours de Derrida Foucault altuser les philosophes de la déconstruction dont vous prendrez plus tard vos distances vous passez votre Agrégation et enseigner à l'École normale d'insiculteurs de langues puis dans de nombreux lycées en 79 vous partez avec votre épouse vos enfants et votre piano et oui notre philosophe est aussi musicien et grands musiciens enseigné à l'Université de Sao Paulo un moment important dans votre cheminement philosophique vous êtes frappé par un grand choc un vent frais quand vous découvrez les travaux d'une jeune génération de philosophie analytique qui renouait avec la philosophie Davant l'influence de la pensée allemande vous dites qui à voir réappris progressivement à lire naïvement un texte philosophique vous revenez en France à l'Université de Reims de Paris Nanterre et Normal Sup vous êtes nommé professeur et directeur du Département de philosophie vous y animez le séminaire position et argument et aujourd'hui vous êtes professeur émérite à l'École normale supérieure vous vous êtes fait connaître comme historien de la philosophie antique comme philosophe de la musique comme métaphysicien comme critique des utopies contemporaines votre philosophie ne rentre pas dans un système vous avez une philosophie qui tend vers une vérité universelle et va de concepts en concept à mi-chemin entre l'expérience et la raison vos travaux marqués par une volonté reconstructrice sont en opposition avec des tendances du moment ils sont centrés sur la singularité de l'être humain vous mettez au coeur de votre recherche les universaux anthropologiques dans les domaines de la pensée des doctrines morales aux idées esthétiques ainsi que les aspects les plus divers de la vie humaine langage amour émotion etc vous ressuscitez la métaphysique que vous entendez comme toute investigation par la raison seule portant sur les questions dernière qui sont au-delà de notre expérience ce qui vous intéresse ce n'est pas le réel ni l'univers c'est le monde vous y répondez dans votre ouvrage de référence dire le monde un chef-d'oeuvre n'hésite pas à dire André Comte Sponville nous ne pouvons nous ne pouvons dire dites-vous que ce que nous pouvons dire c'est le langage qui fait le réel du réel un monde philosopher pour vous c'est poser le questionnement enfantin avec une voix d'adulte du qu'est-ce que et du pourquoi ces pensées autrement les problèmes d'aujourd'hui avec les outils contemporains comme les sciences humaines ou les neurosciences cette question qu'est-ce qui est en vérité est réelle et pourquoi n'est pas nouvelle pour nous maçons mais elle est d'une grande actualité en effet ce type de réalisme auquel nous assistons aujourd'hui nous éloigne grandement de notre plainte métaphysique sur laquelle repose toute notre édification humaniste Francis Wolf les mots les idées la profondeur et la justesse de votre pensée exposée dans plaidoyer pour l'universel qui est le troisième tome de votre trilogie [Musique] donc plaidoyer pour l'universel trois utopiques en temporelles et puis notre humanité d'Aristote au neurosciences si livres sont pour nous des pierres polies nécessaires à notre incessante construction de l'universalisme tellement votre constat est juste parfait il y a pour vous des valeurs universelles la raison la science l'égalité de tous les êtres humains etc qui sont au-dessus des opinions des convictions morales ou religieuses des différences de communautés ou de culture certes toutes parfaitement respectable vous considérez que ces valeurs d'aujourd'hui se portent mal et qu'on insiste à droite à la montée des nationalismes et à gauche à la montée des revendications identitaires quand à l'universel on lui fait toujours le même reproche d'être à la fois uniformisateur oubliée des différences et des sentiments d'appartenance l'universel serait finalement que le masque de l'intérêt du plus fort qui n’irait l'opposition des dominants et des dominés vous estimez que ces critiques sont souvent pertinentes et qu'il faut à la fois y répondre et montrer que les valeurs universelles n'ont rien perdu de leur pouvoir émancipateur mais alors Francis Wolf sur quoi fonder ses valeurs et notamment celle de l'humanité comme pour vous on ne peut plus s'appuyer sur un lieu révélé ni sur une nature équivoque et quel armes restent aujourd'hui à la raison et de quelle raison s'agit-il éclairer les maçons que nous sommes et qui sont en recherche d'une dimension qui vise à rétablir l'homme au centre de l'équilibre entre la matière et l'esprit 36 vous avez la parole je ne sais pas si je serai à la hauteur Jean-Pierre de cette présentation et je ne peux je crains que décevoir après tant de compliments sous lesquels je croule écouter je vais tenter de faire au mieux de mes possibilités est-ce que vous m'entendez au fond bon très bien alors je voudrais pour commencer faire un point sur le moment où nous sommes au fond nous n'avons jamais été aussi conscient de former une seule humanité le progrès des moyens de transport et surtout le progrès des moyens de communication internet les réseaux sociaux nous donne chaque jour une plus grande conscience que au fond nous sommes une seule humanité il est si facile aujourd'hui d'appeler n'importe quel correspondant aux quatre coins du monde infiniment plus facile que il y a simplement quelques décennies de trouver correspondre avec des personnes qui étaient éloignées que de quelques centaines de kilomètres or au moment même ou par ailleurs nous avons de plus en plus conscience que les mots que l'humanité doit affronter sont de plus en plus globaux qu'est-ce que je veux dire par là et bien nous savons que ce qui nous menace c'est nous autres être humain ce sont des mots à la hauteur de l'humanité on parle du réchauffement climatique on parle de toutes les crises écologiques mais pensons aussi à la dernière pandémie au pandémie qui nous ont touché nous n'ont pas en tant que Français Allemand chinois mais en tant qu'être humain pensons aussi aux menaces nucléaires bref nous savons que les véritables mots sont à l'échelle de l'humanité et au moment même où cette humanité devrait enfin prendre conscience que de son unité nous constatons ainsi que Jean-Pierre la rappeler à l'instant nous constatons exactement le contraire c'est à dire de plus en plus de repli repli à droite comme à gauche replie nationaliste repli xénophobe méfiance de l'étranger rejet des étrangers dans la mer ou inversement côté gauche monter des revendications identitaires là où il y a peu on parlait de revendications égalitaire confusion de l'égalité et de l'identité avec la montée de tous ces mouvements qui revendiquent leur identité avant de se penser en tant qu'humain égaux donc voilà le paradoxe nous sommes de plus en plus une seule humanité et nous revendiquons au contraire de plus en plus notre petit précarité nos petites différences je ne suis pas comme les autres nous ne sommes pas comme les autres parce que chacun d'entre nous ou plus exactement toute communauté exige d'être reconnu pour son identité alors comment c'est la question que m'a posé Jean-Pierre et c'est la question qu'on m'a posé pour laquelle je suis supposé répondre comment aujourd'hui retrouver des valeurs universelles nous allons voir quels sont cette valeur universelle mais d'abord ce que nous constatons aussi c'est que de plus en plus les critiques de l'universel triomphe de ce qui il y a encore peu nous semblait les traits les plus communs à l'humanité de temps en temps on nous dit mais l'universel Jean-Pierre la rappelait à l'instant ce n'est que le droit du plus fort au fond quand on dit l'universel est-ce qu'on ne parle pas au nom du patriarcat on dit tous les hommes et pourquoi pas aussi toutes les femmes on dit tous les hommes mais est-ce que c'est aussi est-ce que ce n'est pas seulement seulement tous les hommes blancs tous les mâles blancs est-ce que quand on dit tous les hommes est-ce qu'on ne parle pas simplement des Occidentaux repé au sentir trismes quand on dit tous les hommes et ce qu'on oublie pas les animaux autrement dit l'universel ne serait jamais assez universel ou alors il est trop il est oublié des différences il est oublié des nations dit-on à droite ou des victimes ou des cultures ou des religions des dominées ou même des races parce que comme vous l'avez peut-être remarqué cette notion que l'on croyait enterrer dans la poubelle de l'histoire après les crimes de la Seconde Guerre mondiale fait refait surface aujourd'hui alors voyons d'abord les critiques de l'universel d'abord c'est une très vieille critique quand on dit l'universel on se prétend neutre or l'objecteur dit mais non ça n'existe pas la neutralité il est impossible nous dit-on on va répondre de parler au nom de l'universel et celui qui invoque l'universel croyant se placer au-dessus de la mêlée ne fait que nier qu'il y ait des relations de domination et donc une opposition binaire entre dominant et dominés on ne peut donc nous dit-on que parler au nom de sa propre identité qui elle nécessairement entre dans une opposition entre oppresseurs et oppressé dominant dominé homme ou femme blanc ou noir colonisateur ou colonisés hétérosexuel ou homosexuel chrétiens ou musulmans etc nier ces différences nous dit-on et bien saigner la réalité à quoi il faut évidemment répondre l'universel et certes souvent le moyen de nier les discriminations ou les injustices réelles par une position qui se prétend de surplomb au dessus de la mêlée il ne faut pas le nier pourtant est-ce que nous devons nous sentir obligé de nous définir par une identité particulière est-ce que nous devons nous dire homme ou femme ou homosexuel ou hétérosexuel ou bi sexuel ou colonisé ou colonisateur ou victime ou coupable les identités contemporaines sont de plus en plus pluriel mouvante métissée variable après tout nous sommes tous des dizaines et des dizaines d'identité différentes selon les moments selon les circonstances nous n'avons pas nous ne devons pas nous réduire à une identité deuxième critique on l'a dit déjà l'universel ne serait que le masque des intérêts des dominants et on nous dit souvent quand tel ou tel nous dit tous les hommes sont à ne croyez pas ceux qui parlent comme ça ne croyez pas ceux qui disent tous les hommes sont demandez-vous qui dit cela demandez-vous qui dit cela et au nom de quoi il a intérêt à le dire à chaque fois qu'on invoque l'universel nos objectifs on masque sous son nom sous ce nom des entreprises particulières de domination alors là encore il faut se rendre à l'évidence s'il y a une part importante de vérité dans cette critique par exemple la civilisation dite européenne qui s'est prétendu longtemps à vocation universaliste par parenthèse je n'aime pas du tout que l'on parle de valeur occidentales il n'y a pas de valeur occidentale et comment peut-on parler de valeur occidentale quand on sait que l'Occident était le théâtre des pires massacres de l'histoire quand on sait que c'est en Occident que l'on a réduit le des êtres humains à l'extermination comment ose-t-on par les deux valeurs occidentale il n'y a pas de valeur occidentale il y a des valeurs universelles ceux qui invoquent aujourd'hui les valeurs occidentales qui sont-ils et bien ce sont les molas en Iran qui disent que les femmes qui se débarrassent de leur voile sont influencés par les valeurs occidentales elle réclame tout simplement la liberté non pas les valeurs occidentales ce qui invoquent toujours les valeurs occidentales ce sont ceux qui nient les valeurs universelles je ferme cette parenthèse alors il est vrai que cette prétendue civilisation européenne à vocation universaliste a servi à exterminer les Indiens ou à coloniser l'Algérie nous sommes là les universaux les universalistes nous allons leur apporter la civilisation à ces barbares plus près de nous la démocratie et les droits de l'homme ont servi de prétexte à la guerre d'Irak en 2003 le prétendu universel n'est alors qu'un prétexte à des fins particulières est-ce toujours le cas bien sûr que non ça n'est pas toujours le cas au contraire les pires entreprises de domination non nullement besoin de ce prétexte elle se font le plus souvent au nom d'intérêt particulier ou d'identité transformée en essence éternelle on discrimine on écrase on massacre on extermine des gens parce qu'ils ne sont pas comme nous qui ne sont font que des étrangers dénègres des gnaco et des yoopains des sous-hommes en quelque sorte des bêtes nuisibles qui infectent le sang des vrais hommes qui polluent l'espace vital etc mais surtout il faut rappeler que seul l'universalisme c'est-à-dire celui des lumières celui que d'ici quelques instants je vais tenter de définir autrement dit la raison la science l'égalité seul l'universalisme a des vertus émancipatrices par exemple comment osons-nous protester contre le fait que ici on rejette des hommes à la mer ou qu'on les parc dans des jungles si on ne se solidarise pas avec ceux qui là-bas en quelle autre lieu du monde et bien lutte contre la soumission aux lois cliniques au superstition funeste au crime d'honneur au massacre des intouchables allamputation des voleurs au suicide des veuves au travail des enfants à l'excision des fillettes ou alors mariage à 8 ans ça n'est pas leur culture c'est un truc particulier pour asservir certains êtres humains et en particulier les femmes pourquoi s'il y a ici des voies critiques pour s'opposer aux pratiques discriminatoires ou inhumaines pourquoi n'y en aura-t-il pas aussi là-bas n'y a-t-il pas dans toute société et même dans toute culture si on tient à ce mot culture des consciences qu'elle soit opprimée ou éclairée des voies parlant de l'universel et si je faisais allusion à l'instant à l'espèce de révolution ou de contre-révolution que mènent les femmes aujourd'hui en Iran c'est précisément pour montrer que il y a dans toute culture dans toute société donc dans toute société si discriminatoire qu'elle soit un moyen pour que des consciences s'éveillent des voix qui parlent au nom de l'universel qui se révoltent de contre l'esclavage dans les sociétés esclavagistes qui s'insurgent contre les sacrifices des êtres humains contre le suicide par le feu des veuves en Inde etc la liapilation des femmes adultères autrement dit n'y a-t-il pas dans toutes cultures partout en tout temps des antigones des voix individuelles qui parlent au nom de des valeurs universelles alors loin d'être émancipatrice les critiques de confère dinairement à l'universel au nom des prétendus cultures particulières sont en réalité un frein à l'émancipation des femmes et des opprimés dans le monde d'ailleurs assez étonnant que hors d'Europe les mobilisations je pense à ce qui s'est passé par exemple il y a une dizaine d'années dans ce qu'on a appelé les printemps arabes que se passe aujourd'hui en Iran pourquoi ces mobilisations se font au nom de valeur universelle liberté individuelle égalité des femmes et des hommes états de droit élections libres transparence non discrimination pendant que sur les campus américains par exemple ou dans une partie de la gauche européenne les luttes se font contre ces mêmes valeurs considérées comme occidental ou démobilisatrices cela dit ceci étant rappelé il faut aller plus loin si l'humanisme ou les valeurs universelles définirait tout à l'heure de façon plus précise ce porte mal c'est parce que cette notion même d'humanité est aujourd'hui affaibli elle subit elle aussi décritique des critiques différentes des critiques diverses critiques philosophiques des critiques politiques des critiques scientifiques des critiques morales alors Jean-Pierre a fait allusion un livre que j'ai écrit il y a quelques années qui s'appelait trois utopies contemporaines ce que le point de départ de ma réflexion était la suivante était le suivant chez dans l'Antiquité chez Aristote en particulier l'homme était défini par deux limites au-dessus de lui il y avait les dieux en dessous de lui il y avait les bêtes l'homme était entre ces deux natures ces deux essences et il se définissait aussi par négation il n'était pas immortel comme les dieux mais il était rationnel comme les dieux il n'était pas irrationnel comme les bêtes mais il était mortel comme les bêtes autrement dit ce qui les opposaient au 1 aux uns permettaient de les définir par rapport aux autres et en même temps ces deux limites étaient une manière de comprendre l'humanité parce qu'elle ne devait pas faire elle ne devait pas se prendre pour des dieux viser l'immortalité c'était péché par hubris disait les grec péché d'orgueil si vous préférez et ne devez pas se prendre pour des animaux des bêtes sabêtir à abdiquer sa raison voilà ce qui nous définissait nous être humain ces deux limites et cette vision a plus ou moins été transmise au Moyen-Âge autant moderne c'est-à-dire que l'humanité était au centre du monde n'ont pas au sens où elle était la créature la plus élevée mais au sens où elle était entre deux natures on retrouve cette idée chez Pascal l'homme des ni ange nibette or que constate-t-on aujourd'hui c'est de limites depuis le tournant 20e 21e siècle c'est de limites se sont écroulées où elles sont de plus en plus vagues pour une grande partie de l'humanité le ciel est désormais vide permet plus de nous définir par rapport aux dieux et pour une autre partie pour lequel Dieu n'est pas mort et bien Dieu est si puissant si loin de nous qui ne permet pas de nous définir par rapport à lui tellement son pouvoir nous écrase donc nous définir par rapport à ce qui est au-dessus de nous n'est plus possible de la même façon dit-on depuis le tournant du 21e siècle la limite entre humanité et animalité est devenue vague dit-on non pas à cause des théories d'Arméniens ça faisait évidemment depuis le milieu du XIXe siècle nous savions l'évolution des espèces j'ajouterai même ce point ce qu'on découvre aujourd'hui de plus en plus c'est que le gouffre séparant l'espèce Homo sapiens des autres espèces animales et ce gouffre n'a cessé de s'accroître puisque Homo sapiens est désormais le seul survivant du genre homo et donc il y a désormais un gouffre entre l'être humain et c'est lointains cousins chimpanzés qui n'ont jamais pu quitter leur territoire Sylvestre alors que Homo sapiens sa colonisé tous les écosystèmes de la terre néanmoins pour diverses raisons et en particulier un changement comme on dit de paradigme scientifique la distinction homme animal est de venir de moins en moins clair et pour le dire en termes très simple c'est parce que l'étude de l'homme a changé de paradigme scientifique alors je m'explique très rapidement au cours du 20e siècle le modèle dominant pour comprendre l'homme c'était ce qu'on appelait les sciences humaines et sociales c'était l'histoire la linguistique la psychanalyse c'était toutes ces sciences l'anthropologie culturelle qui était fondée sur une opposition entre la nature et la culture et donc au fond pour comprendre l'homme il fallait l'opposer à l'animal par exemple pour comprendre le langage humain il fallait l'opposer au système de signaux animaux et on disait l'animal a des systèmes de communication rudimentaires par des signaux seul l'homme accès au langage avec un système de signes et de symboles la psychanalyse nous disait l'animal a des besoins qu'il satisfait des besoins alimentaires des besoins sexuels etc seul l'homme a véritablement des désirs parce que le désir s'oppose aux besoins par le fait qu'il est accompagné d'imaginaire de symbolique de fantasmes de représentation troisième exemple en anthropologie culturelle position nature culture faisait que bien dans tous les domaines on considérait que ce qui était le propre de l'humanité c'était une culture faite là encore de symbolique de représentation ce n'était pas les aliments crus c'était la cuisson ça n'était pas simplement manière de s'alimenter c'était aussi des manières de table un rituel etc voilà quel était le grand les grands modèles des sciences humaines au cours du 20e siècle elles n'ont pas véritablement changer par exemple l'histoire était là encore fondée sur l'opposition entre l'homme et l'animal l'histoire humaine est faite de représentations les fêtes de récit elle est faite de narration le récitationale etc la manière de se représenter soi-même dans l'histoire quant aux autres quant aux animaux il n'avait pas d'histoire proprement parler il n'avait qu'une évolution là encore on retrouve l'opposition nature culture histoire évolution et bien aujourd'hui sous le progrès grâce au progrès sans doute des neurosciences grâce au progrès des différentes manières d'envisager l'animal en éthologie il semble que cette opposition binaire se soit écroulée de plus en plus on applique à l'homme les modèles qui étaient des modèles biologiques qui permettaient ou qui permettent encore de comprendre l'animal autrement dit à l'homme structural dont on parlait au 20e siècle a succédé un homme neuronal selon l'expression de Jean-Pierre Changeux à la fin du 20e siècle voilà donc une raison pour lesquelles les limites de l'humanité ne sont plus claires plus de clarté du côté du ciel et c'est pourquoi nous avons vu monter progressivement ce courant transhumanisme ou poste humaniste qui prétend que on nous libérant de notre nature de notre animalité biologique et bien nous pourrons progressivement guérir toutes les maladies pourquoi pas accéder à l'immortalité d'un autre côté nous avons vu apparaître à la même époque il y a dizaines une quinzaine d'années une autre utopie une autre idéologie qui nous disons que au contraire nous devions accepter notre caractère animal nous ne sommes au fond que des vivants que des êtres vivants et par conséquent qu'il n'y a pas de différence de nature entre les l'ensemble des espèces animales et humaines et par conséquent avec ce modèle anti-spéciste que nous connaissons d'un côté le transhumanisme d'un autre côté l'antispéciste c'est-à-dire ce sont les deux manières de nier la spécificité humaine et de rompre avec un humanisme des limites c'est-à-dire qui nous définissent aussi parce que nous ne sommes pas nous ne sommes ni immortel comme des dieux ni irrationnel comme des bêtes voilà donc une des raisons pour lesquelles la notion même d'humanité soit c'est progressivement étioler sous nos yeux la spécificité de l'humanité progressivement a perdu son sens alors je l'ai dit c'est il y a une raison scientifique à cela mais aussi des raisons morales depuis le 18e siècle jusqu'à peu près la fin du 20e siècle comment décrivait-on l'humanité et bien on l'a décrit plus ou moins la façon suivante l'humanité ou l'être humain est une espèce de héros prométhéin qui triomphe de la nature hostile rebelle qu'il a conquis progressivement qu'il a domestiqué grâce à sa technique et grâce au progrès des sciences et des arts c'est une sorte de demi-dieu vainqueur de la nature grâce à son intelligence prométhéenne c'est l'espèce vivante qui est le couronnement absolu de la nature voilà l'ancienne image de l'homme quelle est l'image actuelle que l'on se fait de l'homme et bien c'est le contraire ce n'est plus un héros promettait un qui contient la nature grâce à cette technique c'est le bourreau d'une nature victime en voie de destruction c'est l'espèce vivante qui s'emploie à détruire les autres vivants le super prédateur qui a assujetti toutes les autres espèces pour les mettre à son service qui polluent son habitat qui croit numériquement jusqu'à la démesure qui a épuisé le sol et le sous-sol à cause de son industrie envahissante et qui utilisent les énergies fossiles pour servir ses conquêtes dont la redoutable technique s'avère capable de faire exploser la planète voilà deux images en conflit il y a une vingtaine d'années encore une trentaine d'années c'était l'image du héros conquérant aujourd'hui c'est le super prédateur hier encore la technique était libératrice aujourd'hui la technique et le symbole même de l'asservissement de la nature laquelle de ces images est vrai les deux évidemment les deux sont vraies et il n'y a d'ailleurs aucun sens à se demander si l'homme est bon ou mauvais si la technique est bonne ou mauvaise Platon disait déjà que la technique en elle-même Nini bonne ni mauvaise c'est la même technique qui sert au médecin et à l'empoisonneur il n'y a aucune raison de faire porter sur la technique le poids du bien ou le poids du mal tout dépend de l'usage qu'on en fait alors en tout cas on ne croit plus en la spécificité de l'être humain de l'être humain je l'ai dit on ne croit plus non plus en la possibilité de la l'émancipation de l'humanité et surtout et c'est le point où je voulais en venir la troisième raison de la crise que nous traversons la crise des représentations c'est qu'il ne semble plus qu'il y ait de fondement à une des idées elles-mêmes au principe de toute humanisme l'idée que tous les êtres humains ont une valeur égo égale pardon je définis en effet l'humanisme par trois principes premier principe l'humanité est une communauté morale et je dirais même c'est la seule communauté morale absolue cela ne signifie pas que nous n'ayons pas aussi une communauté avec l'ensemble des êtres souffrants qu'ils soient humain ou non que nous n'ayons pas une communauté avec l'ensemble des êtres naturels il y a bien peut-être une communauté naturelle mais la seule communauté morale absolue c'est l'humanité c'est le premier principe le second principe de l'humanisme tel que je le définis de façon que j'espère la plus rigoureuse parce que sinon l'humanisme est un mot vide deuxième principe l'humanité est source de valeur et la seule source de valeur je ne nie pas qu'il puisse y avoir d'autres sources de valeurs pour ceux qui croient en un lieu révélé il peut y avoir des textes sacrés mais en dernière instance ces valeurs non de sens que si elles sont reprises reconnues admises par l'humanité comme telle je dis second principe donc l'humanité est seule source de valeur et troisième principe tous les êtres humains sont égaux alors sur quoi peut se fonder cette idée d'arrêter sur quoi peut se fonder cette idée au fond assez étrange selon laquelle nous reconnaissons en toute autre être humain un être humain qui est à une valeur égale à tout le tour parfois l'emploi pour définir cette valeur le mot de dignité ce mot a été introduit particulier dans la Déclaration Universelle des Droits Humains après la Seconde Guerre mondiale j'ouvre une petite parenthèse sur le mot dignité c'est un mot extrêmement important sur lequel il faut réfléchir il y a cependant deux définitions de la dignité de définition philosophique qui ne sont pas tout à fait équivalentes ou synonymes une définition de la dignité qui remonte un philosophe anglais qui s'appelait John Locke selon lequel la dignité c'est l'autonomie c'est-à-dire la capacité de tout être humain à se déterminer lui-même au contraire des choses du monde ou des autres êtres de la nature qui n'ont pas ce pouvoir autonome de volonté propre c'est une définition possible une autre définition qui est celle qui remonte à la philosophie allemande cette fois-ci à Cannes consiste à définir la dignité comme [Musique] le fait que chaque être humain doit toujours être considéré comme une fin en soi et non pas seulement comme un moyen c'est la notion de personne humaine on ne doit jamais se servir d'un autre humain d'un autre être humain comme d'un moyen il est une fin en soi je ferme la parenthèse le problème est de savoir problème que je pose et que c'est de poser dans le livre dont on parlait tout à l'heure Jean-Pierre c'est-à-dire plaidoyer pour l'universel c'est d'où vient comment sur quoi repose cette idée d'égalité des êtres humains alors très longtemps enfin disons depuis pendant partir de la Renaissance du 16e siècle c'est une idée que vous trouvez qui n'est surtout après les garde religion d'ailleurs c'est l'idée au fond que nous sommes tous égaux devant Dieu parce que Dieu a fait tous les êtres humains égaux c'est l'idée que le Dieu révélé et la seule source au fond de toute valeur et que par conséquent comme son œuvre la plus haute son œuvre principale son œuvre la plus élevée c'est la création de l'être humain et bien par définition tous les êtres humains sont sortis de sa main et ils ont une valeur égale alors c'est ce qu'on appelle l'humanisme alors il continue d'inspirer une petite partie des religions monothéistes mais d'où vient sa fragilité parce que vient du fait que cette humanisme théiste est toujours heurté à une autre vision à une autre lecture de la révélation des monothéistes qui obéissent plus ou moins au raisonnement suivant le Dieu révélé oui c'est vrai dit-on c'est la seule source de valeur et c'est dans la révélation que se trouve toutes les vérités conséquent au lieu d'en déduire que tous les êtres humains sont égaux on en déduit au contraire que ne valent seulement ne valent seulement que les êtres humains qui ont reconnu cette révélation qui ont reconnu la parole divine alors toute l'histoire des religions vous avez ce conflit par exemple vous l'avez aujourd'hui dans l'Islam il a été très longtemps dominant dans le christianisme nous les vrais chrétiens ou les vrais musulmans nous sommes justifiés à faire la guerre au mécréants qui n'ont pas reconnu la loi la véritable loi la seule loi ou la vraie interprétation des textes et nous sommes donc autorisés à réduire en servitude les infidèles les ennemis de la vérité ou à défaut de les convertir à les convertir de force il le faut de en tout cas pour sauver leur âme parce que c'est leur intérêt à eux par conséquent à partir de la même idée la vérité se trouve dans les textes révélés par Dieu aux hommes vous avez une conclusion qui peut-être humaniste donc tous les hommes sont égaux ou une conclusion antumaniste ne sont égaux que ceux qui ont reconnu cette révélation et les autres nous sommes autorisés à les réduire en esclavage ou à les convertir de force autrement dit excusez l'expression Dieu abandon il excuse tout il prouve tout et son contraire tous les hommes sont égaux en Dieu et par lui ou au contraire tous les hommes sont inégaux selon qu'ils le reconnaît sous l'eau qui reconnaissent que c'est lui le dieu le seul vrai Dieu etc alors cette crise elle a été vécue à l'époque des Lumières et c'est pourquoi à l'époque des Lumières plutôt que un dieu créateur on a recouru à un autre fondement possible qui était l'idée d'une nature et par exemple dans le premier article de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen tous les hommes naissent et demeure égaux en droit c'est l'idée que les hommes sont naturellement égaux qu'ils naissent naturellement égaux c'est la naissance des droits humains et de leur vocation universaliste alors on peut discuter il y avait là une part sans doute d'individualisme bourgeois comme disait les marxistes prendra l'Europe du XVIIIe siècle mais il y avait aussi une part indiscutable d'universalisme d'émancipation de l'humanité par la conquête des libertés individuelles quoique quoi qu'il en soit ces déclarations cette idée que par nature tous les hommes sont égaux ne reposaient pas sur grand-chose parce que ce que l'on constate au contraire c'est que les hommes sont par nature plutôt inégaux en tout cas qu'ils sont naturellement tous différents ce qui d'ailleurs ne conduit pas nécessairement à proclamer qu'ils sont inégaux mais sur quoi repose cette idée d'égalité naturelle les hommes et les femmes naissent certains certaines fortes faibles vulnérables ou moins vulnérables mais c'est précisément le rôle de la morale le rôle des normes humaines le rôle de société de faire d’être qui sont naturellement inégaux dans de fonder une société d'égalité donc c'est pas la nature qui donne l'égalité c'est au contraire notre moral proprement humaine qui s'insurge contre les différences et les inégalités naturelles les hommes naissent et demeurent inégaux et c'est pourquoi ils doivent être égaux en droit donc je crois que là encore on peut dire que la nature abondo elle prouve tout et son contraire elle prouve tout et son contraire on peut dire ou affirmer que tous les hommes naissent égaux ou au contraire qu'il naissent naturellement inégaux puisque la nature a fait d'efforts et des faibles si la nature vraiment était source de valeurs bah il faudrait la laisser faire et comme certains ont déduit dans ce cas là que les puissants écrasent les faibles c'est la nature voilà le bilan universalisme menacé toute part par le relativisme culturel ou par le nihilisme moral un humanisme dont s'écroule le concept central qui est celui d'égalité de tous et au centre de tout cela le concept d'humanité qui semble perdre de toute son épaisseur alors on est face alternative qui est au fond assez dramatique est-ce qu'on peut fonder cette universalisme humaniste ou est-ce qu'il faut céder au relativisme dominant à chacun sa culture à chacun son truc bah là-bas voilà tel ou telle civilisation les veuves doivent se suicider ou les fillettes doivent se marier à 8 ans chacun son truc nous notre truc c'est l'universel c'est le particulier il y a quelque chose qui est évidemment absurde là dedans puisque un universel qui serait particulier c'est une contradiction dans les termes la question que je me suis donc posée depuis une dizaine d'années depuis cette trilogie dont parlait Jean-Pierre c'est-à-dire notre humanité premier volume trois utopies contemporaines et plaidoyer pour l'universel et la suivante est-ce qu'il serait possible de fonder l'Universalis sur quelque chose qui ne serait ni Dieu ni la nature est-ce qu'il serait possible de fonder l'idée que tous les êtres humains sont égaux sur sur quel sol ça repose nous sommes apparemment complètement démunis conceptuellement la proposition que j'ai faite c'est de dire est-ce qu'il y a dans le concept même d'humanité quelque chose qui peut fonder l'humanisme est-ce qu'il y a dans l'éthique humaniste c'est-à-dire l'idée de valeurs intrinsèque de tous les valeurs égales de toutes les de tous les êtres humains quelque chose qui permette de la fonder de le fonder sur l'être même de l'homme alors sur quoi fonder cette éthique sur lequel nous reconnaissons chaque autre être humain un être humain égal à moi alors il y a eu des tentatives diverses les premières tentatives a été que au XVIIIe siècle on a cherché l'origine de cette moralité qui fait que nous nous reconnaissons tous dans l'autre comme un égal dans l'idée que tous les êtres humains avaient ou devrait avoir un sens moral sans ce moral original originelle pardon naturel une tendance naturelle à l'empathie à la compassion pour tous les autres alors il est clair évidemment que la compassion l'empathie la sympathie que nous pouvons avoir ou la pitié comme disait Rousseau que nous pouvons avoir pour tous les êtres souffrants et quelque chose qui nous porte à la moralité néanmoins ce fondement serait extrêmement fragile pour quelle raison parce que ces émotions sont extrêmement variables d'un individu à l'autre d'abord que deuxièmement elles ne sont pas propres à l'humanité et surtout elles ne peuvent pas être source de normes morales aux sources de valeurs d'ailleurs ces ce qu'on appelle ces émotions morales que sont la pitié la compassion qui sont et qui doivent être encouragés ne peuvent pas être source de valeurs parce qu'elles sont généralement mauvaises conseillères nul n'éprouve de sympathie pour tous les êtres humains on a beaucoup de sympathie pour certains et de l'antipathie pour d'autres et d'ailleurs c'est même un argument que l'on trouve souvent du côté de l'extrême droite de l'échiquier politique on éprouve de sympathie plutôt pour ses semblables et moins pour ces 10 semblables donc ça ne peut pas être un fondement universaliste d'autre part on éprouve pas de sympathie de compassion ou de pitié seulement pour les êtres humains c'est d'ailleurs un des arguments principaux des éthiques animalistes aujourd'hui c'est vrai on peut éprouver très grande compassion pour un animal qui souffre et a supposer qu'on éprouve de la sympathie que pour ces semblables qu'en est-il de ceux qui sont dissemblables quant à la compassion au sens de pitié je disais qu'elle est mauvaise conseillère pourquoi on éprouve plus de pitié pour l'oiseau tombé du nid sous nos yeux que pour une lointaine épidémie de choléra dont nous ne connaissons que des statistiques hors du point de vue de la justice évidemment il n'y a pas de commune mesure entre ces deux mots ça ne peut donc pas être un principe au fondement de notre moralité alors il y a eu au 18e siècle un certain nombre de tentatives pour dire NON la véritable source de l'idée d'égalité morale la véritable source de l'Universalis c'est une certaine définition de l'homme commettre rationnel c'est dans la raison qu'il faut trouver le fondement de la conduite morale et surtout de l'universalisme humaniste alors la grande discussion qui a opposé les philosophes étaient les suivantes est-ce que la raison la raison seule peut nous indiquer la meilleure conduite la conduite morale on pourra dire avec des cartes la raison ou le bon sens et la chose du monde la mieux partagée peut-être que nous sommes tous égaux en ce sens que nous sommes nous avons tous la verte pardon la capacité rationnelle peut-être que c'est cela qui fait de nous des êtres humains peut-être je dis bien peut-être parce que je vérifié dans un instant en tout cas ce n'est pas ce qui permet de définir notre conduite un certain nombre de philosophes du 18ème siècle par exemple David Guillaume anglais mon très qu'au fond la raison n'a qu'un rôle instrumental c'est-à-dire vous donner à la raison n'importe quel but elle vous trouvera les meilleurs moyens d'accéder à ce but vous lui fixez n'importe quelle finalité elle est capable de calculer les moyens les plus économiques les plus rentables pour obtenir cette finalité est-ce qu'elle est capable de vous fournir la bonne fin est-ce qu'elle est capable de vous fournir le but qui est vraiment moral Yume disait impossible il n'y a pas une formule célèbre de la vidéo qui était la suivante il n'est pas contraire à la raison de préférer l'écroulement du monde à une douleur à mon petit doigt ça paraît absurde évidemment tout le monde est bien d'accord qu'une douleur à mon petit doigt vaut moins que l'écroulement du monde oui mais ce qu'il dit c'est que vous ne pouvez pas le prouver rationnellement et cette critique on la retrouvait après la Seconde Guerre mondiale en philosophie dans l'école de Francfort qui ont dit qui c'est philosophe disait nous avons bien vu qu'elle était le rôle de la raison de la rationalité c'était un pur calcul de moyens vous avez bien vu ce qu'était le totalitarisme vous avez bien vu ce qui était le nazisme ou ce qu'était le stalidis c'était des systèmes absolument rationnels totalement rationnel la rationalité au service de quoi d'une fin complètement hors de la raison l'extermination d'un peuple ou l'extermination d'une classe sociale mais ça n'est pas le rôle de la raison disait-il le rôle de la raison c'est un une raison calculatrice c'est comme un ordinateur alors évidemment la grande question qui se pose encore aujourd'hui de savoir si la raison est seulement instrumentale si elle n'est qu'un moyen de calcul parce que un des plus grands philosophes de l'histoire Emmanuel Kant a essayé de montrer le contraire laissez de montrer que la raison par elle seule pouvait être morale et pouvait être le fondement de l'universel de l'universalisme humaniste son idée est que agir rationnellement c'est toujours agir en faisant abstraction de toutes les particularités de mon individualité et donc quand j'agir rationnellement j'agis comme tout le monde devrait en faire autant autrement dit seul cette idée de devoir est universalisable alors la raison est-elle ce qui permet de fonder l'universalisme humanisme où est-elle nait-elle au contraire qu'un moyen alors faut revenir à la question j'ai dit il y a quelques minutes faut revenir à la question de savoir si la raison est bien le propre de l'homme ça a été longtemps la définition qu'on a donné depuis l'Antiquité l'homme est un animal rationnel un animal doté de logos disait-on mais le mot logos a été traduit en latin par ratio le mot logos en grec à deux sens qui sont d'un côté ratio raison et d'un autre côté discours langage il me semble qu'en faisant passage du grec au latin en passant de l'homme doué animal doté de logos animal rationnel on a perdu quelque chose d'essentiel je m'explique peut-on dire que la spécificité le propre de l'homme c'est la raison si c'est la raison au sens je viens de donner définition provisoire n'est capacité de calcul à déterminer les meilleurs moyens les plus économiques les plus rentables les plus efficaces pour obtenir une fin déterminée à ce moment-là on dira non ça n'est pas le propre de l'homme c'est le propre de certaines machines ce que fait aujourd'hui par exemple ce que font aujourd'hui les machines en termes de calcul rationnels et bien supérieur à ce que font les êtres humains vous souvenez de la tête de Kasparov lorsqu'il a été champion du monde d'échecs lorsqu'il a été battu parce qu'il appelait un tas de ferraille c'est-à-dire par un ordinateur qui s'est montré dans ce calcul raisonnable des moyens et des fins une machine bien plus efficace que le cerveau humain donc à quoi bon définir l'être humain comme un être rationnel puisqu'il y a des êtres qui sont meilleurs que lui en cette matière donc cette idée paraît aujourd'hui obsolète alors tournons-nous vers l'autre aspect du Logos on a longtemps dit oui mais la spécificité de l'homme c'est le langage je crois que là encore c'est insuffisant nous savons aujourd'hui que la plupart des espèces animales sociales ont des systèmes de communication ont des systèmes d'expression et parfois même des systèmes assez élaborés d'expression et de communication concernant par exemple l'arrivée d'un prédateur ou par exemple la situation d'une source de nourriture qui sont capables de communiquer cela pourtant il y a une spécificité du langage humain quelle est la spécificité du langage humain or il y en a beaucoup il y en a au moins deux qui m'intéressent la première spécificité c'est que alors que les langages animaux ou les systèmes de communication animale ont une communication assez fixe par exemple telle espèce de macaque à 5 10 15 signes pour distinguer les différents prédateurs le langage humain n'a pas cette limitation combien y a-t-il de signes quelques milliers peut-être dans chaque langue mais combien peut-on dire de messages une infinité vous n'avez jamais entendu la phrase que je suis en train de dire et pourtant vous la comprenez immédiatement un enfant de 5 ans la comprendrait aussi immédiatement la capacité du langage humain unique c'est son infinité la capacité à produire sans cesse des phrases nouvelles et un enfant nous émerveille parce que il est capable de dire des choses qu'il n'a jamais entendu à produire du nouveau sans cesse l'infini capacité du langage humain est une propriété de l'eau il y a une deuxième propriétés du langage humain qui strictement humaine la capacité de la négation c'est à dire la capacité d'affirmer ou de nier ce que tu me dis je peux la prouver oui tu as raison je peux le nier la capacité autrement dit à parler de quelque chose de la même chose de ce téléphone il a me dit ah il est bon au téléphone et je lui dis non il est il faut que je la porte en réparation bref nous parlons de la même chose et nous pouvons en dire des choses contraires et ça c'est une particularité du langage humain la capacité oui et au nom la capacité à prouver ou à des approuver affirmer ou en alors est-ce la raison non est-ce le langage non la spécificité du langage spécificité de l'homme la propriété par excellence de l'homme c'est la capacité à raisonner par et dans le langage et par et dans le langage avec l'autre autrement dit ce qui est propre à l'homme ça n'est pas la raison seule ça n'est pas le langage seul c'est la raison dans le langage ou c'est le langage rationnel c'est-à-dire la capacité au dialogue argumentatif la capacité à à penser ensemble en communauté avancer des arguments allaient refuser aller discuter ça c'est une propriété qui tient la foi de la rationalité mais qui n'est pas une rationalité simplement instrumentale comme je l'ai dit tout à l'heure et ça n'est pas un langage le langage humain ne sert pas simplement à exprimer des émotions il ne sert pas simplement à communiquer des informations il sert avant tout à dialoguer et cette capacité je l'appelle propre à l'homme je l'appelle la raison dialogique alors en quoi la raison dialogique peut-elle être au fondement de l'universalisme humaniste alors faisons très rapidement pour terminer Jean-Pierre j'ai encore quelques temps pas beaucoup d'accord donc 5 minutes encore voilà faisons pour terminer une expérience de pensée imaginons des êtres humains qui soient ni qui ne saurait pas qu'ils sont et qui serait simplement réduit à leur raison des êtres humains réunis quelque part mais qui ne serait pas ni s'ils sont hommes ou femmes Niels s'ils sont malades ou bien portants s'ils sont vulnérables ou puissant s'ils sont riches ou pauvres et mettaient à discuter de la morale qu'ils aimeraient reconnaître dans le monde alors premier hypothèse ils ont une raison purement instrumentale au sens que j'ai dit tout à l'heure alors chacun se dirait hola je ne sais pas dans quel monde je vais vivre je ne sais pas si je serai un homme ou une femme un homosexuel ou un hétérosexuel je ne sais pas si je serai fort ou faible riche ou pauvre donc quel est le principe que je vais vouloir mettre en oeuvre et bien une espèce de principe de ce qu'on appelle l'homo économicus c'est à dire tenter par tous les moyens d'avoir le maximum de alors ce qu'on peut appeler viser au maximum mon bien en évitant au maximum les mots et chacun pourrait en faire autant nous arrivons donc à une morale égoïste et individualiste si on estime qu'ils ont une raison comme quand imaginait on peut estimer que ils arriveraient une espèce de morale altruiste ou tous partage la même raison mais comment le savoir si la raison est instrumentale ou elle le pas alors je fais une troisième hypothèse supposons que nous réunissions ces êtres humains par exemple l'assemblée que vous êtes l'assemblée que nous sommes nous sommes tous différents nous nous connaissons pas nous faisons abstraction de qui nous sommes hommes ou femmes fort ou faible riches ou pauvre puissant ou misérables malades ou bien portant en situation de handicap ou non et réfléchissons dans cette communauté imaginaire qui est la nôtre aujourd'hui cet instant mais qui pourrait être l'humanité entière au principe que nous allons aborder si nous avons la raison dialogique si nous avons non pas la raison instrumentale ou la raison ancienne mais la raison dialogique telle que je viens de la définir alors nous nous mettons à discuter mais chaque personne ne peut dire à moi en tant que homme en tant que femme ou en tant que blanc ou en tant que noir ou en tant que malade ou en tant que etc on n'a pas le droit de dire en tant que puisque nous ne savons pas quelle est notre identité nous ne savons pas en tant que quoi nous sommes nous sommes simplement dotés de raison dialogique point final et bien muni de cette région des logiques nous commençons à discuter ah mais dit l'un je ne sais pas peut-être que dans le monde réel en dehors de cette assemblée imaginaire que nous formons peut-être que voilà je serai malade peut-être que je serai en situation de handicap un autre dit jeterai oui mais d'accord tu m'aideras conditions tu m'aideras mais moi aussi je le ferai donc chacun décide d'aider les autres à condition que les autres en face autant une espèce de contrat puisque nous ne savons pas qui nous sommes alors au bout du compte quelle est la morale qui se tire de la raison dialogique une éthique de la réciprocité une éthique de la réciprocité puisque la situation originelle qui est celle dans laquelle nous sommes parce que nous sommes tous dotés de cette raison dialogique cette capacité argumentée cette capacité à dire oui ou non à nous mettre donc à la place des autres puisque nous ne savons pas qui nous sommes cette capacité nous donne la clé de l'universalisme humaniste la clé c'est l'idée de réciprocité je dirais pour conclure que cette idée de réciprocité permet que sorte d'en finir avec ce que j'ai appelé dans ce dernier livre La guerre des valeurs chacun au fond reconnait des valeurs qu'il estime être supérieur qui estime être supérieur à toutes les autres mais il faut le dire il y a des valeurs universelles et ces valeurs universelles et sont avant tout donné par la forme universelle qui est celle que je viens de définir par la raison dialogique il y a des valeurs universelles qui transcendent donc les convictions morales individuelles qui transforme donc les croyances religieuses ou les appartenances culturelles différentes quelles sont ses valeurs et bien ce sont toutes les valeurs dans lesquelles il y a l'idée de réciprocité ces valeurs peuvent être juridiques les libertés fondamentales non de sens que parce qu'elles sont partagées les valeurs morales la dignité la dignité suppose que je traite l'autre comme il vous je voudrais qu'il me traite réciprocité valeur judiciaire le respect du contradictoire lorsqu'il y a un accusé il doit pouvoir y avoir opposition des tests c'est encore l'idée de réciprocité et ça la raison dialogique qui est à l'oeuvre dans n'importe quel procès pénal ou civil épistémique les procédures scientifiques veulent que tout ce qui est démontré par une preuve peut-être refait par un autre ou par tout autre c'est le fondement de la raison scientifique je l'ai dit l'universalisme n'est pas une idée occidentale parce que il y a des Antigone partout pour prendre un exemple simplement le califat andalou dit au 10e siècle lorsque cohabitait en Andalousie à Cordoue en particulier les cultures chrétiennes musulmanes et juive était beaucoup plus universaliste que ce qu'elle est devenue l'Europe quelques siècles plus tard sous les rois catholiques qui ont 1492 expulsèrent musulmans et juifs d'Espagne l'année même où Christophe Colomb découvrait l'Amérique pour le malheur des peuples qui s'y trouvaient alors je conclurai que l'universalisme des donc pas un obstacle à l'émancipation il ne peut être que son objectif et là encore à condition qu'ils se fonde sur quelque chose comme ce que j'ai appelé la raison dialogique ni une raison purement instrumentale ni une raison rigidement morale qui nous donne des devoirs absolus mais une raison qui se confond avec la faculté de parler de dialoguer d'argumenter et d'échanger avec tout autre je vous remercie de votre attention [Applaudissements] Francis je vous remercie pour ce brillante exposé on entendait pas moins de vous quand même et notamment ce point d'orgue que vous venez donc d'apporter à la fin de votre intervention c'est-à-dire vous avez livré le concept majeur de la compréhension de votre approche philosophique c'est-à-dire la raison dialogique un grand merci pour votre exposé pour la clarté la simplicité effectivement de vos propos et pour conclure je serai paraphraser Pagnol peut-être dans La Fille du puisatier ou un Pascal Amoretti reçoit monsieur Mazel et il lui dit en quelque sorte monsieur Mazel les mots les plus beaux ce sont ceux qui peuvent être dit par les petites filles vous avez dit vous êtes rentrés dans cette pièce et par quelques mots vous avez fait briller nos meubles et vous monsieur Wolf par ces mots merveilleux que vous nous avez livrés nous avons entendu comme les enfants que nous sommes que nous restons et ces mots ils ont fait briller et ils vont faire briller notre intelligence et je suis sûr que dans le cours de notre travaux en loge la parole va se construire et va aller au-delà effectivement donc ce qui nous pousse nous massons à aller précisément au-delà de la raison et du rationnelle encore une fois Francis merci [Applaudissements] notre conférence est terminée mais notre cher philosophe est à votre disposition dans la salle des bibliothèques pour signer six ouvrages je vous ai rappelé les ouvrages majeurs vous allez les découvrir effectivement à la bibliothèque merci Francis