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Guy de Maupassant : Une vie littéraire fascinante

En une seule décennie, Guy de Maupassant, né au château de Miroménil, normand de naissance, bâtit sa gloire et sa prospérité grâce à six romans, environ 200 chroniques journalistiques et près de 300 nouvelles qui dépeignent de manière satirique et récente la vie de Guy de Maupassant. la société française du XIXe siècle. Son ascension fulgurante permit aux célibataires endurcis de vivre au gré de ses désirs. Voyages lointains, compagnies féminines multiples, navigation sur son yacht Le Bel Ami, avocats, appartement parisien cossu, construction d'une villa sur la côte normande baptisée La Guillette. Celle-ci sera son havre de paix, à l'image de Hauteville House pour Victor Hugo, de Croisset pour Gustave Flaubert ou encore de Menjirot pour Alfred Devigny. Cet illustre écrivain réaliste a dépeint sa contrée natale adorée dans maintes nouvelles incisives. De Fécamp à Etretat, de Rouen au Havre, en passant par les petits bourgs normands, décrivant minutieusement les paysages, les mœurs et légendes crues, petits bourgeois, marins, paysans, cauchois. Parmi ces contes d'inspiration folklorique, on retrouve la main écorchée, la ficelle, tribune rustique, la maison tellier, le noyer, le bûcher. Force est de constater que Guy de Maupassant, ce conteur prolifique, a eu pour maître, protecteur et ami des phénix de la littérature comme Flaubert et Zola, qui le guidèrent soigneusement dans l'éclosion et le déploiement de son génie. son œuvre couvre tous les styles, s'étalant du réalisme au naturalisme, en passant par le fantastique. On retrouve ainsi ses grands succès littéraires, comme Boule de Suif, qui lui valut sa renommée, mais aussi Belle Amie, Une Vie, Pierre, et d'autres. Pierre et Jean, les contes de la Bécasse. Son chef-d'œuvre, le Horla, consacre Guy de Maupassant comme un romancier pessimiste, sachant manier brillamment l'angoisse, la peur et l'éhantise des hommes. Par malheur, il sombrera lui-même dans la folie qu'il attend des peintres. Guy de Maupassant voit le jour en Normandie le 5 août 1850 au château de Miroménil près de Dieppe, à quelques kilomètres de la mer qui l'adulera ultérieurement. La famille des Maupassants a été anoblie en 1752. La particule... de cette famille a ensuite disparu, peut-être à cause de la Révolution française. Mais Gustave, deux mots passants, récupéra cette particule en juillet 1846. Il se mariera ensuite avec Laure le Poids de Vin. en novembre 1846. C'est comme ça que Gustave et Laure, deux mots passants, s'installent à Miromé-Nil en 1849. Déjà, le lieu de naissance de l'illustre écrivain prêtera à caution pendant plusieurs décennies, certains le citant à Fécamp, à Rouen ou encore à Ifto. Ensuite, le 5 août 1850, naît Guy. Sa mère, Laure, décrit précisément l'endroit de sa naissance. dans une lettre ensuite où elle justifie exactement l'endroit. Elle parle d'un grand escalier, d'un petit cabinet de toilettes à côté d'une grande chambre et que ce petit cabinet de toilettes est dans une tour ronde. Sur le lieu même, il n'y a pas de doute possible. Ensuite, Guillaume Passant sera ondoyé, comme l'atteste l'acte d'ondoiement, une vingtaine de jours après sa naissance, dans la chapelle de Miroménil, sur permission spéciale de l'archevêque de Rouen. Par un heureux hasard, Laure et son frère... Ils s'avèrent être de grands amis de Gustave Flaubert, le fils du chirurgien de l'hôpital de l'hôtel Dieu de Rouen. Par la suite, ce dernier jouera un rôle déterminant dans la vie sociale et littéraire de Guy de Maupassant. Alfred le Poitvin, mort en 1848, fut le camarade d'études et intime ami de Flaubert. Les familles Flaubert, Le Poitvin et Maupassant étaient extrêmement liées. J'explique les liens qui unirent l'or de Maupassant et Gustave Flaubert. Guy de Maupassant résida les trois premières années de son existence dans le majestueux château de Miromenil, où il joua dans le parc et la hétraie avec les enfants des paysans du domaine.... Ultérieurement, à l'âge de 28 ans, il revint visiter le château natal. Il écrit alors. Le lendemain, dès le matin, nous sommes partis pour Miroménil, où nous avons gagné le château par la grande avenue qui voit la mer. Au-dessus de Saint-Aubin-sur-Cy, la façade du château de ce côté ne m'a rien rappelé. Pourtant, quelques années plus tard, l'écrivain fera allusion à son lieu de naissance sous la forme d'un petit clin d'œil dans la nouvelle Le Rendez-Vous où deux amants se retrouvent rue de Miroménil à Paris. La jeunesse de Guy de Maupassant, passé au pays de Caux, le marquera à jamais. Souvent, son inspiration littéraire viendra puiser sa source dans les mœurs et les paysages de cette charmante contrée pittoresque et authentique. Donc les paysages ici en Pays de Caux, on pourrait penser qu'ils sont comme tous les autres paysages normands, avec leurs maisons à Pentebois, leurs chômes autrefois. En réalité, quand on est en Pays de Caux, c'est un paysage différent, qui est d'ailleurs différent suivant les cantons, car il n'y a pas le Pays de Caux, mais les Pays de Caux, et différents paysages suivant les lieux et suivant les cantons. Dès 1854, la famille Maupassant emménage au château de Grinville-Immoville, près du Havre, où l'or donne bientôt naissance à un second fils, Hervé. Ce château blanc inspira profondément l'écrivain. il le magnifiera d'ailleurs dans son magistral premier roman une vie le château se nomme alors le manoir des peuples c'était une de ces hautes et vastes demeures normandes tenant de la ferme du château bâti en pierre blanche devenu grise et spacieuse a logé une race deux arbres géants se dressait au point devant le château à platano nord à tilleul au sud il aimait ce pays où il avait ses racines et il habitait avec ses parents donc le château tout proche à Graville-Immoville. Il y retrouvait son cousin Germère qui habitait à ce moment-là à Bornambu au manoir d'Arnois de Blanc. Bientôt, le couple mot-passant se sépare. Gustave s'avère en tête un mari volage et absent. L'or de Maupassant demeure quelque temps chez sa mère à Fécamp, dont l'adresse, 98 rue Sous-le-Bois, est devenue de nos jours naturellement quai Guy de Maupassant. Maupassant se souviendra des séjours heureux chez sa grand-mère maternelle, Madame Paul le Poitvin, où il jouait avec son frère et la nièce de Flaubert, Caroline de Comandeville. Maupassant écrira Certes, je me rappelle le banc de Fécamp qui me servait de navire. et le peuplier où je grimpais. Il me semble que je ferai encore le dessin de cet arbre. Il y a des images de l'enfance qui restent nettes dans l'esprit, plus que tout le reste. Et celle-là peut être la plus précise que j'ai. Probablement, son amour démesuré pour l'eau provient de sa petite enfance et notamment de ses villégiatures à Fécamp où il s'amuse avec les enfants des pêcheurs et rêve déjà de voyages et de longues odyssées en voile. Dans une chronique du journal Gilles Blas, il se rappelle. Fécamp a certainement inspiré la nouvelle Le Retour, qui compte l'histoire d'une femme de pêcheur qui croit à son mari perdu en mer et qui refait sa vie. J'aime y vivre parce que j'y ai mes racines. En passant par ces mots, parler du Pays de Caux. Mais il y a deux Pays de Caux. Le Pays de Caux de la terre, celui qu'on voit à Granville-Immoville ou à Goderville. Et puis le littoral. Car le Pays de Caux occidental est une presqu'île entre la Manche et la Seine. C'est dire que l'eau l'a toujours intéressé, surtout lorsqu'il a abandonné Graville-Immoville, le château blanc, pour venir habiter à Étretat. Finalement, l'or de Maupassant s'installe avec ses deux enfants dans la cité balnéaire cauchoise, très en vogue, Étretat. Elle réside alors dans la rustique villa des Verguis, nom patois, qui signifie verger. Pendant les vacances, le jeune Guy goûte à la liberté. Entre terre et mer, il s'enivre des générosités prodiguées par la nature. Une vie de poulain. échappé, comme clamait sa mère. Il arpente la campagne cauchoise, les bords de mer, pêche avec les pêcheurs du cru, flâne en mer avec sa barque, pratique la natation, entrevoit les peintres coraux, monnets et courbets, peignant les beautés d'êtres terres. et de la Normandie profonde. Il parcourt aussi avec enchantement les majestueuses falaises dont il finit par connaître tous les tréfonds. Plus tard, il décrira ces mêmes falaises à son grand ami Flaubert pour l'élaboration de son célèbre roman Bouvard et Pécuchet. Les liens vont se resserrer ensuite à partir de 1877, quand Flaubert travaille bouvard et pécuché. Et en novembre, le 3 novembre 1877, une lettre de mot passant explique à Flaubert comment Flaubert pourrait faire évoluer ces deux bonnes... et alors que Guilhemot Passant se trouve donc à Paris, qu'il travaille au ministère de la Marine, et bien il va dessiner exactement tout ce que l'on peut découvrir quand on va à marée basse, par grande marée, depuis l'aiguille, en passant sous l'arche, jusqu'à la courtine, vers Saint-Joint. Et il est un guide précieux pour Gustave Flaubert. La ville d'Etreta et ses grandioses falaises fascineront éternellement l'illustre conteur. On les retrouve dépeintes dans maintes nouvelles, comme Le Sceau du Berger, L'Homme de Mars, Adieu, Le Model, Miss Ariette, dans des chroniques comme celles publiées dans Le Gaulois en 1880 et naturellement dans les romans Une Vie, Pierre et Jean. Là, la mer, il l'a connue cette fois-ci avec les pêcheurs, les enfants de pêcheurs, les valins, les lemoniers. Là, il a appris, au bord de la mer, à nager. Il a même, dit-on, aidé à sauver un anglais, Swinburne. Guy de Maupassant, excellent nageur, sauve de la noyade un anglais, poète décadent et morbide, du nom de Charles Swinburne. Pour le remercier, celui-ci l'invite à dîner dans sa villa, la Chaumière de Dolmancay. Il se prend de fascination pour une main écorchée trônant sur un guéridon. Cette rencontre insolite et cet univers macabre inspirèrent plus tard à l'illustre écrivain quelques contes terribles comme La main écorchée, La main, l'anglais des trottins. Renvoyé de la pension d'Yves Thau, Guy de Maupassant achève en élève au studieux sa scolarité au lycée de Rouen. Lycée qui accueillit en son temps d'illustres écrivains comme Corneille et Flaubert, ainsi que le poète Louis Bouillet. Ces deux derniers influeront prodigieusement sur la vie de l'écrivain. Il le déclare d'ailleurs dans sa préface du roman Pierre et Jean. Deux hommes, par leur enseignement simple et lumineux, m'ont donné cette force de toujours tenter. Louis Bouillet et Gustave Flaubert. On a dit à tort que Guillaume Maupassant était le fils naturel de Flaubert, ce qui est une erreur monumentale. Mais des liens d'amitié ont existé entre les deux grands écrivains normands. J'aimerais revenir un petit peu sur les rapports entre Gustave Flaubert et Guy de Maupassant. Tous deux sont normands, nés dans le pays de Caux. Et on peut dire que Flaubert va être en quelque sorte le mentor en littérature de Guy de Maupassant. Et lorsque le poids de vin meurt, ce fut pour Flaubert un profond chagrin. Et lorsqu'il va voir grandir Maupassant, il a l'impression de voir en Maupassant revivre son ami. Louis Bouillet et Gustave Flaubert prodigueront des conseils et des critiques judicieux au jeune Guy de Maupassant, l'orientant soigneusement vers la prose plutôt que vers la poésie. Guy se rendait régulièrement au manoir de Bornambusque près de Goderville, chez son cousin. cousin, germère d'Arnois de Blingue, ancien compagnon d'études à Efto. Celui-ci l'emmène dans des parties de chasse effrénées qui le passionnent et qui lui inspireront plusieurs nouvelles comme l'ébécasse, la rouille, Amour, le loup et bien d'autres. Le conte le plus célèbre à Goderville, c'est La Ficelle. toute l'histoire dont concerne le canton de Goderville. Je vous rappelle cette histoire, c'est celle de Maître Hochekorn qui a trouvé une petite ficelle pas très loin de chez Maître Ballandin, le bourrelier. Le bourrelier l'a observé, a retenu justement ce geste et malheureusement quelques heures plus tard quelqu'un vient à la gendarmerie dire qu'il a perdu son portefeuille. Aussitôt, Manandin fait le rapprochement. Il a vu Maître Rochecorne ramasser la ficelle. Il pense qu'il a ramassé non pas une ficelle, mais le portefeuille. Et la rumeur se répand. On appelle évidemment Maître Rochecorne à la mairie pour vérification. Il dit que vraiment ce n'est pas lui qui l'a ramassé, qu'une petite fichelle. Et la chose en reste là jusqu'à ce que dans l'après-midi, un valet de ferme de Grinville-Immoville ramène le fameux portefeuille. De mardi en mardi, on racontait toujours l'histoire du père Hochkorn. On racontait l'histoire et lui il en sort. souffré. Ce qui fait que régulièrement, il essayait dans tout le canton, à l'occasion de chaque marché, de raconter son histoire, les derniers mots du pauvre Rochecorn parce qu'il en tombe malade mais il en meurt. c'était bien une petite fichelle que j'avais ramassée. Montpassant est amoureux de sa Normandie natale. Dans toute son œuvre, elle y transparaît de façon visible ou par des allusions subtiles. Le cauchois... met en lumière les scènes de la vie quotidienne normande, sans y ôter leur réalisme. Il reste vrai, il peint vrai, aussi bien les pêcheurs, les ouvriers, les chasseurs, les paysans, que les nobles et les bourgeois. J'aime ce pays, et j'aime y vivre parce que j'y ai mes racines, ces profondes et délicates racines, qui attachent un homme à la terre où sont nés et morts ses aïeux. Le jeune écrivain en devenir à 20 ans. Il part étudier le droit à Paris, suivant les recommandations avisées de sa mère et de Flaubert. En 1872, il entre au ministère de la Marine et des Colonies. Son poste de commis l'ennuie copieusement. Il y puise par contre une source d'inspiration inépuisable sur le fonctionnement de l'administration, des codes sociaux et des mœurs des fonctionnaires qu'il surnomme rond de cuir en référence à un roman de la vie. de courtes lignes. Ainsi, de cette expérience de neuf années naîtront plusieurs nouvelles comme les employés, l'héritage, les bijoux, les dimanches d'un bourgeois de Paris, l'assassin à cheval et le parabule. Parallèlement à son travail ennuyeux de la vie, il a été dans l'administration, il exerce deux autres activités prenantes qui le passionnent, l'apprentissage pénible de l'écriture, sous l'œil exercé du maître Flaubert, et le canotage sur la scène. Le canotage et les fêtes sur les bords de scène enchantent le jeune écrivain. Il y retrouve le dimanche une agitation perpétuelle composée de rires, de natations, d'émulations artistiques, de femmes libérées, de musique entraînante et d'œilloles glissant lentement sur l'eau. Il écrira d'ailleurs. Comme ça. C'était simple et bon, et difficile de vivre ainsi. Entre le bureau à Paris et la rivière à Argenteuil, ma grande, ma seule, mon absorbante passion, ce fut la Seine. Je l'ai tant aimée, je crois, parce qu'elle m'a donné, me semble-t-il, le sens de la vie. Accompagné de cinq amis canotiers, ils parcourutent avec Sayol, surnommé Etretat, les bourgs en bord de Seine, Besan, Argenteuil, Sartrouville, Château, Bougival. Ils fréquentent les guinguettes, particulièrement la grenouillère, le café flottant immortalisé par les impressionnistes Renoir et Monet, l'auberge Poulain et la célèbre maison Fournaise. Je canote, je me baigne, je me baigne et je canote, écrit-il dans une lettre à sa mère datant de juillet 1875. Les rats et les grenouilles ont tellement l'habitude de me voir passer à toute heure de la nuit avec ma lanterne à l'avant de mon canot, qu'ils viennent me dire bonsoir. Et à plusieurs reprises, descendu la scène, donc, avec... Des amis depuis Paris jusqu'à Vernon. Il a écrit également des contes ou des nouvelles qui se rapportent à l'eau, notamment un titre qui est exactement dans le vif du sujet, Sur l'eau Donc, sur l'eau, de jour comme de nuit, c'était pour lui une forme de... de réflexion, de réflexion sur l'au-delà de la mer, réflexion qu'on peut peut-être retrouver dans son roman Pierre et Jean. Comme toujours, Guy de Maupassant s'inspirera de ses aventures sur les bords de Seine pour écrire... de nouveaux contes admirables comme Mouche, Souvenir d'un canotier, Yvette, La femme de Paul. Au cours de ces soirées animées où l'atmosphère est à la fête et à la liberté des moeurs, il contracte la syphilis. Je la vérole, enfin la vraie, et j'en suis fier, mort bleue. Celle-ci finira par l'emporter après maintes souffrances physiques et mentales. Durant la période s'étalant de 1869 à 1880, Guy de Maupassant, simple fonctionnaire, logera principalement dans deux petits appartements sombres du 9e arrondissement, non loin des cafés parisiens que fréquentaient les artistes et les écrivains. Alors devant une des entrées du parc Monceau, j'aimerais maintenant évoquer les adresses parisiennes de Guy de Maupassant. Les deux premières adresses, il les a eues dans le 9ème, donc rue Montset et rue Closel. Et puis donc à partir de 67... jusqu'à la fin de l'année 1880, il va loger au 17 de la rue Closel. Et Léon Fontaine et Pierre Borel parlent donc de ce lieu comme d'une ruche garnie des abeilles du quartier de la rue Closel. Cartier-Breda, et dont Maupassant était peut-être le seul bourdon. Mais quel bourdon ! Hormis le canotage et son travail de fonctionnaire, Maupassant travaille assidûment à son œuvre littéraire. Flaubert accepte de conseiller et de suivre le jeune homme dans sa vocation à la double condition, qu'il écrive sans s'arrêter et qu'il s'abstienne de publier. Maupassant se plie à la règle fixée par le maître, pendant près d'une décennie. Le jeune écrivain se rend régulièrement au domicile de Maupassant. de Flaubert, 4 rue Mourillot, où il rencontre Daudet, Taine, Tourguenief, Goncourt et Zola, le corrifé du mouvement naturaliste, ainsi que ses disciples, Huismans, Séhar, Alexis Hennig. Pendant cette période, Maupassant compose en plus de ses travaux d'écriture d'admirables poèmes. La publication en 1876 de son poème Au bord de l'eau un puissant et hardi poème, le propulse au niveau des grands hommes de lettres. Zola en témoigne. Jusque-là, nous ne nous demandions même pas si Maupassant avait du talent. Aussi, restâme-nous étonné lorsqu'il publia un petit poème Au bord de l'eau où il y avait des qualités de premier ordre, une simplicité, une solidité de facture rare, une nature d'écrivain déjà maître de son métier. Dès lors, il compta pour nous. Dès lors, Maupassant fréquente Zola de façon hebdomadaire. Il apprécie en lui une magnifique, éclatante et nécessaire personnalité. Il participe aux rencontres littéraires au Café Trappe, puis aux réunions des naturalistes dans la vaste propriété de Zola à Médan, en Bordeusseine. De ces fructueuses rencontres, naîtra le recueil de nouvelles les soirées de mes dents en 1880 parmi celles-ci figure boule de suif une nouvelle écrite par maupassant le succès est éclatant flaubert fier de son disciple lui confiera c'est un chef-d'oeuvre d'un excellent style je suis content re bravo dès lors les grands journaux du moment comme le figaro gilles blass le gaulois et les cotes paris s'arrachent ce nouvel auteur en pleine consécration pour qu'il leur procure des feuilles et des chroniques. Malheureusement, à peine le disciple connaît-il la gloire que le maître, Flaubert, meurt brusquement le 8 mai 1880 d'une attaque d'apoplexie dans sa demeure du Croisset. Maupassant démissionne du ministère pour se consacrer entièrement à l'écriture, à la vie culturelle parisienne et au voyage. Bientôt, il partage sa vie entre la capitale parisienne et Étretat, sa ville fétiche. Maupassant, toujours épris de Normandie, construit à Etretat, ville fondatrice de son oeuvre, son havre de paix. Une villa qu'il baptisera la Guillette en référence à son prénom la maison de Guy. Grâce au succès de la maison Tellier et des droits d'auteur y afférent, il édifie sa maison sur la route de Cricuteau, sur un terrain cédé par sa mère quelques années plus tôt. La décoration de la maison, semblable à celle de Zola à Médan ou de Hugo à Hauteville House, se compose de styles hétéroclites, d'objets cynisants comme des bouddhas dorés, de souvenirs de voyage allant de peau d'ours au tapis d'Orient, en passant par des saints bigarrés italiens, aux faillances de roues. Ce qui amusait au plus haut degré l'écrivain et qui étonnait les visiteurs parisiens, c'était la caloge, sorte de gros bateau de pêche, couvert d'un toit qu'il avait disposé au milieu du jardin. Mon passant leur faisait... croire qu'une monumentale tempête avait emporté l'embarcation en mer puis l'avait laissé échouar dans l'enclos des pommiers. Sa rigueur dans le travail d'écriture et son hygiène de vie lui permettent d'achever son illustre chef-d'oeuvre Bellamy à la Guillette en 1885 et d'écrire son quatrième roman Pierre et Jean en trois mois en 1887. A partir de 1880 Maupassant connaît dix années de gloire et la consécration littéraire. La capitale parisienne s'offre entièrement à lui. Il quitte le quartier du 9e pour s'établir dans celui plus en vogue des Batignolles, symbolisant ainsi sa réussite sociale. Tout d'abord, il va habiter la rue Dulon, dans le quartier des Batignolles, au 83, puis la rue Jacques-Binguen aujourd'hui, qui était avant la rue Montchanin. Il profitera de ces lieux de rencontre pour collectionner les ressources de ses amis. relations galantes. Parmi elles se trouve Marie-Kan, Gisèle Destoc, la comtesse Potosca. Maupassant ne se mariera jamais et ne reconnaîtra pas non plus la paternité d'au moins trois de ses enfants. De 1880 à 1890, Maupassant va s'avérer très prolifique. Il va écrire près de 300 nouvelles, réunies en 18 recueils, et six romans dont une vie en 1883, Belle Amie en 1885, Montorio en 1885, et la deuxième en 1885. en 1887, Pierre et Jean l'année suivante, Four comme la mort en 1889 et Notre coeur en 1890. Durant la même période, il publiera environ 200 chroniques dans les journaux, comprenant entre autres Au soleil en 1884, La vie errante en 1890. Le roman Belle amie certainement l'œuvre préférée de Maupassant, critique l'arrivisme parisien, les hautes sphères de la société, le milieu du journalisme et de la corruption. Il affirmera d'ailleurs avec ironie Belle amie, c'est moi Tout à fait représentatif des cafés de la belle époque, de la fin même des années 1880-90, période au cours de laquelle Maupassant va beaucoup fréquenter les grands boulevards. Les boulevards sont le rendez-vous des mondains, des affairistes, des artistes. Maupassant va l'évoquer dans différentes chroniques, mais va également en parler dans un de ses romans le plus célèbre. le plus célèbre peut-être, Belle Amie, qui paraît dans les années 1880. La fin de la vie de Maupassant est marquée par la déchéance, la souffrance, la solitude et la folie. Peu à peu, la maladie prend le pas sur ses écrits et sur son être profond. Il comptera cette dégénérescence de son corps et ses hallucinations terrifiantes et paranoïaques dans de nombreuses nouvelles. Le Horla, lui, la chevelure, Mademoiselle Hermé. Le 31 décembre 1891, il écrit C'est la mort imminente et je suis fou Maupassant meurt le 6 juillet 1893 dans la clinique du docteur Blanche dans un état de déchéance totale, laissant inachevé deux romans, l'Angélus et l'Âme étrangère. Maupassant repose au cimetière Montparnasse à Paris. Prédisant son avenir funeste et bref, Guy de Maupassant avait écrit quelques années avant Je suis entré dans la littérature comme un météore, j'en sortirai comme un coup de foudre. L'illustre conteur écrira dans Bellamy une vie, quelques jours, et puis plus rien. Il laissera à la postérité des chefs-d'œuvre toujours d'actualité qui ravissent encore de nos jours aussi bien les férues de littérature, les jeunes lecteurs acnéiques, que les réalisateurs de cinéma. Émile Zola avait du nez, il écrivit. Et dans la suite des temps... ceux qui ne le connaîtront que par ses œuvres, l'aimeront pour l'éternel chant d'amour qu'il a chanté à la vie.