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Sanofi et l'État français : enjeux économiques

Avec vous Christophe Danson. Bonjour Christophe. Bonjour Pauline. La grève illimitée des salariés de Sanofi n'aura pas fait plier la direction.

Le groupe pharmaceutique va bien vendre la moitié de ses parts de sa branche médicaments grand public à un fonds de pension américain. Mais, et c'est la nouveauté du jour Christophe, l'État français va entrer au capital de ce nouveau groupe. L'idée, elle avait déjà été évoquée tout au long de la semaine dernière par le ministre de l'économie, alors que la polémique ne cessait de monter sur la cession de cette filiale de Sanofi, fabriquant notamment le Doliprane.

Finalement, un conseil d'administration de Sanofi a acté hier soir l'entrée en négociation exclusive avec le fonds américain Clayton du BillionRise, qu'on appelle maintenant CDNR, pour la cession d'un peu plus de la moitié des parts. Vous le voyez ici. Mais, et vous le disiez, l'État, via la Banque publique d'investissement, la BPI France, entrera au capital à hauteur de 1 à 2 soit une participation de 100 à 150 millions d'euros environ. Ce qui permettra à la BPI d'avoir un siège au Conseil d'administration avec un droit de vote, droit de regard que la BPI dit bien vouloir exercer très activement. Écoutez la réaction ce matin en conférence de presse du ministre de l'Économie, Antoine Arme.

Nous sommes ici devant vous pour vous présenter un accord extrêmement exigeant, extrêmement précis, avec des garanties extrêmement fortes, dans l'intérêt de notre stratégie industrielle, dans l'intérêt de l'emploi et du développement, évidemment en partenariat avec les entreprises, du développement de l'industrie et de l'industrie sanitaire dans notre pays. Alors Antoine Armand qui a fait une entrée dans le vif du sujet, lui qui a été nommé il y a quelques semaines à peine, quelles sont les exigences dont il parle ? Le ministre de l'économie et de l'industrie qui était à côté de lui, on s'est lié à un accord tripartite avec Sanofi et le futur nouvel actionnaire, CDN1.

Le nouveau groupe s'engage sur quatre points. Il maintient d'une part le siège social et tous les processus de décision en France, l'outil industriel également, c'est-à-dire les deux usines. mais aussi toute l'unité recherche et développement, donc les emplois. Surtout le futur Opela devra s'approvisionner auprès de fournisseurs français et notamment à partir de 2026, la nouvelle usine Séquence qui fabriquera en France le principe actif du paracétamol, principe actif qui jusqu'à présent est fabriqué en Chine.

Enfin, Opela s'engage à garantir l'approvisionnement en France de 4 molécules jugées essentielles. en particulier le paracétamol, l'aspirine ou encore un antidiarrhée, y compris pour les médicaments, et ça c'est important, qui ne seraient pas fabriqués dans l'exogone. Le futur actionnaire s'engage par ailleurs par écrit à de nouveaux investissements en France, de 70 millions d'euros sur 5 ans. Les cabinets des deux ministres estiment que l'État a ainsi obtenu la plus grande garantie, d'autant plus que le non-respect de ces engagements serait...

fortement sanctionnés avec des amendes pouvant aller de 100 000 euros par licenciement, pour chaque licenciement économique qui aurait lieu, à 100 millions d'euros pour le non-respect des clauses sur ces garanties d'approvisionnement en France. Il y avait pourtant, Christophe, un candidat français à la reprise partielle d'Opela. Pourquoi ne pas l'avoir choisi ?

Le gouvernement a reçu ce candidat français, le fonds PAA Partners. Pour écouter ses arguments, alors qu'il avait fait une offre de surenchère de toute dernière minute, mais le groupe pharmaceutique Sanofi a écarté cette offre immédiatement, indiquant qu'elle était arrivée trop tard, et Bercy estime que ce n'était pas de son ressort de s'immiscer dans cette décision. Opela, ce n'est pas un petit groupe, c'est le numéro 3 mondial des médicaments grand public, qui le fabrique. Le Doliprane, on l'a dit, mais aussi le Malox, la Lysopahine, la Spégique, au total une centaine de références dans une centaine de pays avec 11 000 salariés dans le monde.

Alors 1 700 en France, c'est donc une petite partie, mais en France, il y a le siège social à Neuilly-sur-Seine et surtout deux usines qui se trouvent à Lisieux et à Compiègne, c'est justement qui fabrique le Doliprane. L'année dernière, le groupe Opela a réalisé un chiffre d'affaires d'un peu plus de 5 milliards d'euros, soit 12... du chiffre d'affaires total de Sanofi. 5 milliards, c'est une vache à lait, comme on dit.

Pourquoi ça s'est séparé ? Parce que les médicaments grand public, sans ordonnance, ce n'est pas réellement le cœur de métier de Sanofi, qui est un laboratoire de recherche et qui souhaite investir beaucoup plus dans la recherche de nouveaux médicaments, sur la sclérose en plaques, par exemple, mais aussi dans l'ARN messager, ces vaccins de nouvelle génération, mais aussi, peut-être aussi... Il peut faire des acquisitions de start-up. Et pour ça, le groupe, il a besoin de cash rapidement.

Cette cession partielle d'Opelar apporterait plus de 7 milliards d'euros tout de suite. Et il faut dire que la plupart des grands groupes pharmaceutiques concurrents de Sanofi ont fait un petit peu de même. Ils ont vendu leurs branches au grand public. C'est le cas de Pfizer, de GSK ou encore de Johnson & Johnson. Merci beaucoup Christophe.

C'était l'Info & Co.