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La Révolution Chinoise et ses Conséquences

Salut à tous et bienvenue dans le monde en cartes. Après le nucléaire français le mois dernier, nous allons aujourd'hui nous intéresser à un sujet totalement différent. La révolution chinoise. Cette période de l'histoire de la Chine s'étend sur presque un demi-siècle et est assez méconnue. Alors je me suis dit qu'il fallait remédier à ça. C'est parti. Au début du 20ème siècle, la Chine est toujours un empire, avec donc un empereur à sa tête, Puyi, de la dynastie Qing et de l'ethnie Manchu, alors que la majorité de la population est issue de l'ethnie des Han. Cette dynastie, considérée par beaucoup comme étrangère, est mal acceptée et largement critiquée pour ses méthodes de gestion du pays. Le pouvoir central délègue beaucoup aux gouvernants locaux, qui font la loi un peu comme bon leur semble sur les territoires qui leur sont attribués. Cela entraîne le mécontentement des populations, qui considèrent l'empereur et sa cour comme illégitimes et faibles, et qui supportent de moins en moins les privilèges accordés aux élites. Sur le plan économique, la Chine du début XXe est majoritairement paysanne, mais la majorité des terres appartient à ses élites, citées précédemment, et la plupart des paysans louent ces terres et à des prix parfois élevés. Le peu d'ouvriers se trouve notamment à Shanghai et dans quelques autres grandes villes, et cette nouvelle économie est assez dépendante des puissances étrangères. Un certain nombre de ces puissances étrangères convoitent d'ailleurs la Chine. En effet, ce territoire immense abrite de nombreuses ressources naturelles et sa population importante en fait un marché de choix pour l'exportation. Dès la fin du 19ème siècle, de nombreux groupes d'opposants, qu'on appelle alors Société Secrète, se forment. Un des groupes les plus importants est le Tongmengui, dont Sun Yat-sen est un des fondateurs. Sun Yat-sen tentera à plusieurs reprises de créer des soulèvements populaires afin de renverser le pouvoir, sans jamais y parvenir. Cela le conduira d'ailleurs à l'exil, jusqu'à l'année 1911, qui se montrera décisive. En 1911, un projet de construction de lignes de chemin de fer entre Chengdu dans le Sichuan et Wuhan dans le Hubei fut nationalisé par le gouvernement impérial. L'objectif était ensuite de revendre les droits à des puissances étrangères afin de rembourser des dettes. Cela provoque la colère de la population, plus nationaliste, et qui supportait déjà mal l'influence des étrangers sur la Chine. De plus, une partie de cette population détenait des parts dans ces voies de chemin de fer, et elle estimait que les compensations à cette nationalisation n'étaient pas acceptables. Des manifestations ont donc eu lieu, surtout dans la Sichuan, dans le cadre de ce que l'on appelle le mouvement de protection des voies ferrées. Ces manifestations furent réprimées dans le sang, ce qui ne fit qu'attiser encore un peu plus la révolte. Suite à cela, des militaires se rebellent également à Wuhan et finissent par prendre la ville. Ils appellent ensuite à l'insurrection des autres provinces. La nationalisation des chemins de fer a donc été l'étincelle. Plusieurs provinces font sécession fin 1911, et le 1er janvier 1912, Sun Yat-sen proclame la première république de Chine et devient président du gouvernement provisoire. A ce moment là, la dynastie Qing ne dirige plus que le nord du pays, dont la Manchurie. La Mongolie en a profité pour déclarer son indépendance. Quant aux provinces de l'ouest du pays, elles ont toujours été très isolées et peu soumises au pouvoir central. A l'est, Yuan Shikai, commandant de l'armée impériale, s'enleve en tournée et parlemente en secret avec les révolutionnaires. Il accepte de les rejoindre à la condition qu'ils deviennent président de la république à la place de Sun Yat-sen, rien que ça. Mais les révolutionnaires n'ont pas le choix. En effet, malgré le succès de la révolution, Yuan Shikai reste maître de l'armée, qui est largement assez puissante pour s'engager dans une longue guerre civile, qui ne verrait pas forcément la victoire des révolutionnaires. De plus, ils craignent une intervention des puissances étrangères en faveur de l'empereur. En effet, de nombreux pays avaient des intérêts économiques en Chine, et l'Empire y était plutôt favorable. alors que les républicains révolutionnaires sont nationalistes et reprochent justement au king d'avoir laissé les étrangers piller le pays. Le ralliement de Yuan Shikai et de son armée semble donc indispensable. L'empereur abdiquera finalement, et on lui laissera la possibilité de résider dans la cité interdite, accompagné de sa cour. Une fois au pouvoir, Yuan Shikai montre très vite ses intentions. Il instaure un régime dictatorial, et, toujours maître de l'armée, dissout le parlement. composé majoritairement de membres du Kuomintang, le parti politique républicain issu de la Révolution, avec Sun Yat-sen comme homme fort. Les républicains entrent donc en opposition et des soulèvements ont lieu. Sept provinces du sud de la Chine se rebellent contre Yuan Shikai. Des combats ont lieu en 1913 à Nanshang et Nankin, mais ces oppositions sont réprimées dans le sang alors que Sun Yat-sen s'attèle à reconstruire le Kuomintang. En 1916, Yuan Shikai tente même de se faire couronner empereur. Mais devant les énormes pressions exercées par les nationalistes, plusieurs provinces se rebellent à nouveau et déclarent leur indépendance, il fait marche arrière et meurt de maladie peu de temps après. Malgré son régime autoritaire, Yuan Shikai a eu au moins le mérite de maintenir une relative unité de la Chine, car après sa mort, le pays plonge dans l'instabilité. On parle de la période des seigneurs de la guerre. Ces seigneurs gouvernent chacun une partie de territoire et se font souvent la guerre entre eux. Ils sont actifs surtout dans le nord tandis que le Kuomintang, avec Sun Yat-sen aux commandes, tente de diriger le sud à partir des années 1920. A Pékin, on voit se succéder de nombreux seigneurs de guerre au poste de président de la république et on se retrouve ici dans un régime proche de la féodalité avec un président dans le rôle du roi et n'ayant que peu d'emprise sur l'ensemble de son territoire. Parallèlement à cela, en 1921 est créé le parti communiste chinois, la révolution bolchevique russe ayant eu lieu à peine quelques années plus tôt. Dans sa lutte contre le morcellement du pays, Sun Yat-sen ne reçoit aucune aide des pays occidentaux. Il se tourne alors vers la jeune union soviétique. Le commune-tang s'allie en 1923 au nouveau parti communiste chinois et Soňyatsen reçoit conseil et aide militaire de la part de la Russie bolchevique. Il meurt en 1925 et est remplacé aux commandes du parti par Čankaiček. Čankaiček est situé plus à droite sur l'échiquier politique et se méfie des communistes. Malgré cela, entre 1926 et 1928, avec leur aide, il mène l'expédition du Nord, qui vise à chasser les seigneurs de la guerre et remettre de l'ordre dans le pays. Cette expédition est bien accueillie par les populations, Et durant cet événement, de nombreux chinois voient dans le communisme le moyen de faire entendre leurs voix et revendications, et intègrent ainsi le parti. Le nombre de militants grossit, et le parti commence à devenir un sérieux concurrent au Kuomintang. Au lendemain de l'expédition du Nord, le Kuomintang contrôle tout le sud-est de la Chine. En 1927, un soulèvement ouvrier à Shanghai, mobilisé par les communistes, libère la ville avant même l'arrivée des troupes de Chiang Kai-Shek. Mais lorsqu'il entre dans la ville, Inquiets du poids que commencent à prendre les communistes, ils déclenchent une répression sanglante. On compte plusieurs milliers de morts. Cet incident marque le début du conflit entre nationalistes républicains et communistes. Suite à cet événement, plusieurs soulèvements communistes ont lieu par la suite en 1927, notamment à Nanchang, à Canton, dans le Yunnan et dans le Jiangxi également, menés par un certain Mao Zedong. La plupart des soulèvements communistes sont réprimés rapidement. Parallèlement, le Kuomintang, toujours dirigé par Chiang Kai-shek, parvient à prendre Pékin au seigneur de la guerre en 1928. Son gouvernement est alors reconnu au niveau international. Mais de violents affrontements ont toujours lieu au nord. Et de plus, les japonais s'en mêlent en envahissant la Manchurie, puis en créant un état fantoche, le Manchukuo. Le Japon a toujours eu des vues sur la Chine, convoitant ses ressources naturelles, mais également son importante population, qui représente un marché économique conséquent. Ces événements au nord permettent aux communistes de s'organiser au sud. Ils fondent officiellement la République soviétique chinoise en 1931, composé de plusieurs foyers communistes et avec Mao Zedong pour président. Le Comin Tang doit donc redoubler d'efforts sur deux fronts. Il réagit en lançant des campagnes militaires au nord comme au sud. Campagne qui s'avère être victorieuse. Les bastions communistes sont détruits et la plupart des seigneurs de la guerre soumis. Le restant de l'armée rouge chinoise est contrainte à la fuite. Est entamé alors ce qui est connu comme étant la Longue Marche. Durant 370 jours entre 1934 et 1935, les communistes vont fuir et marcher du Jiangxi au Shangxi. Mais à leur arrivée, ils sont décimés. Cet événement restera dans les mémoires. Mais cela aura au moins servi à faire émerger un chef communiste, Mao Zedong, qui a pris la tête du mouvement. Au nord, les japonais se montrent de plus en plus menaçants. Face à cela, poussés par ses conseillers, Chiang Kai-shek accepte à contre-coeur de faire une trêve et de s'allier de nouveau aux communistes afin de lutter contre leur ennemi commun. Les forces restantes de l'armée rouge sont alors officiellement incorporées à l'armée du Kuomintang en 1937. Officieusement, Les forces communistes restent très autonomes. La lutte contre les japonais débute. Ces derniers, dès les années 1937-1938, parviennent à conquérir le nord du pays, où les communistes pratiquent alors des actions de guérilla. En effet, Mao Zedong refuse de mener des combats frontaux afin d'épargner son armée. Son objectif est de sortir de la guerre contre les japonais avec assez de troupes pour vaincre par la suite le Comin-Tang. Le front uni entre les communistes et républicains n'est donc pas si unique que ça. D'ailleurs, des affrontements ont lieu entre les deux à partir de 1941. Ce manque de cohésion et d'organisation permettent aux japonais d'avancer vers le sud, si bien qu'au milieu de l'année 1945, ils parviennent à relier les conquêtes du nord de la Chine à celles effectuées en Asie du Sud-Est. Mais ces derniers, face à l'immensité du territoire chinois, manquent de troupes pour contrôler le pays. De plus, l'intervention des puissances occidentales, les Etats-Unis dans le Pacifique et plus tard l'Union Soviétique au nord, va forcer les japonais à diviser leurs forces. Les communistes chinois profitent de cet affaiblissement de l'ennemi pour renforcer leur présence dans le nord de la Chine. Puis la conquête de la Manchurie par les soviétiques sera décisive pour la suite de la révolution chinoise. Ce territoire sera pillé par les forces russes avant leur retrait. Et les communistes chinois vont profiter de ce retrait pour occuper à leur tour ce territoire à partir de 1946. Chiang Kai-shek essaya d'anticiper cette action en demandant aux forces japonaises vaincues de ne pas se retirer trop tôt de Manchurie et de ne surtout pas rendre leurs armes aux communistes. mais d'attendre l'arrivée des troupes du Kuomintang. Mais les communistes parviendront tout de même à leur fin. Ils prennent la Manchurie, et avec elle renforcent leur position au nord. La guerre civile chinoise reprend aussitôt après la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Les communistes parviendront à grignoter peu à peu des territoires vers le sud, et le 1er octobre 1949 est proclamée la République Populaire de Chine, qui comprend une très grande partie du territoire chinois actuel. Moins d'un an plus tard, la victoire sur le Kuomintang est totale. et Chiang Kai-Shek se réfugie sur l'île de Taïwan. La Chine continentale est donc devenue communiste et sera complétée du Tibet conquis en 1951. Mao Tse-tung restera aux commandes du pays jusqu'à sa mort en 1976 et le Comin-Tang républicain et nationaliste perdurera quant à lui sur l'île de Taïwan, dont l'État porte officiellement le nom de République de Chine. À ce jour, aucun traité de peine a été signé entre ces deux Chines, qui sont donc officiellement toujours en guerre et qui revendiquent chacune l'ensemble des territoires chinois. C'est tout pour aujourd'hui, merci d'avoir regardé cette vidéo, j'espère qu'elle vous a plu et éclairé sur cette partie de l'histoire de la Chine. Si c'est le cas, n'hésitez pas à mettre un pouce bleu et à vous abonner, ça fait toujours plaisir. N'hésitez pas non plus à proposer des thèmes de vidéos en commentaire, ça pourrait peut-être m'inspirer pour le futur. En attendant, je vous dis au mois prochain, salut !