Est-ce que vous avez déjà entendu ces titres ? Bien sûr que oui, sinon il faut vous remettre en question. Ils ont un point commun qu'on peut repérer quand on entend cette guitare, ce rythme là derrière, ou ce mot.
Ça veut dire policier, en lingala. Tout ça est lié au Congo. Et d'ailleurs, Gims, Ligno, Niska ont tous des parents congolais. Et c'est loin d'être les seuls. On pourrait aussi citer Damso, Gradur, Kobalade ou encore tout cela.
Prenons les albums de rap les plus vendus sur les dix dernières années. Eh bien, les rappeurs d'origine congolaise sont souvent derrière un quart de ces albums. Ouais, ça fait beaucoup, et c'est d'autant plus intriguant quand on ajoute cet être inférieur.
Les Congolais ne représentent que 0,2% de la population en France. Alors on ne dispose pas du chiffre exact pour leurs descendants, mais on peut quand même dire que l'ensemble est ultra minoritaire dans le pays. Donc la question c'est comment expliquer ce poids si important des rappeurs d'origine congolaise ? Alors, avant de commencer, je précise un truc.
Le Congo, c'est ici et ici. L'un a été colonisé par la France, l'autre par la Belgique. Deux pays francophones donc, comme d'autres dans la région. Et les deux pays sont concernés par notre sujet.
Côte d'Ivoire, Cameroun, Tanzanie, Kenya, Zambie. Je ne peux pas te dire le nombre de personnes qui m'ont contacté de cette région-là qui disent Comment ça se fait que les Congolais dominent la musique chez nous ? Comment est-ce qu'ils font ? Voilà Bob White. Il est Canadien, en effet.
Et il a... passé 15 ans à étudier la musique congolaise. Moi aussi je lui ai demandé comment ça se fait que les Congolais se sont autant imposés dans la musique. Et d'après lui, il a fallu beaucoup plus que du hasard.
C'est pour des raisons historiques. Disons qu'on peut voir ça comme un potager. Au départ, il y a un terreau très fertile, ici. D'après Bob, on y trouve notamment une tradition ancienne de chant et de danse, la religion chrétienne qui encourage la pratique musicale, le Lingala, une langue mélodique parlée au Congo, et puis ça.
Un rythme présent dans les musiques anciennes de la région. Lors de la traite négrière, de nombreux esclaves sont envoyés en Amérique, notamment à Cuba. Ils participent à la naissance d'une musique, où l'on retrouve ce...
Cette musique, c'est la rumba cubaine. Alors, quand au début du XXe siècle, des marins apportent des disques de rumba cubaine au Congo, ça fait comme une sorte de réaction chimique. C'est un peu comme le retour d'un enfant perdu. des musiciens congolais modifient la recette et donnent naissance à la rumba congolaise.
Bon, mais ensuite, pour que la rumba congolaise pousse très haut, il a quand même fallu quelques engrais. Notamment, cet homme, un commerçant grec installé au Congo, qui enregistre et diffuse les premiers titres de rumba congolaise à la fin des années 40. La Radio Nationale, qui relaie tout ça loin sur le continent. Et Mobutu, dictateur en RDC, qui en fait un élément de gloire et finance des artistes. Au final, la rumba congolaise a été un succès durant toute la seconde moitié du XXe siècle.
En 2021, l'UNESCO l'a même inscrite au patrimoine mondial. Et les Congolais, forcément, en sont plutôt fiers. Ils sont pas fiers là, ils sont hyper fiers.
Mais alors comment est-ce que ça nous amène à ça ? Comment est-ce que la diaspora congolaise a-t-elle réussi à réinvestir sa culture musicale dans le rap français ? Utilisons encore une métaphore. Imaginons que le succès de ces rappeurs d'origine congolaise soit une chanson.
Comme toutes les chansons, elle est composée de plusieurs pistes distinctes qui font que la chanson fonctionne. Pour bien analyser chacune de ces pistes, on a demandé de l'aide à deux anthropologues, Anaku Omo et Laura Stahel, ainsi qu'au beatmaker Dany Sinté, qui a notamment composé ça, ça, ou ça. Et avec eux, On a réussi à isoler quatre éléments derrière le succès des rappeurs d'origine congolaise.
Un, pas hyper étonnant, la culture musicale congolaise se transmet entre générations. La musique, elle incarne un art de vivre. Elle est omniprésente. Il y a un truc indéniable, c'est que quand j'allais chez mes amis plus jeunes, il y avait moins de musique chez eux que chez moi.
Plusieurs rappeurs ont même pour parents des musiciens renommés, comme Gims, Youssoupha ou Nino. Deux, la religion. Congo et RDC sont deux pays très majoritairement chrétiens, beaucoup plus que d'autres pays d'Afrique francophone.
Et en Europe, les églises sont toujours des lieux importants de rassemblement pour la diaspora. L'église, c'est une école de musique. Il y a des représentations tous les dimanches et donc il faut jouer.
Mon père, il est pasteur et je joue à l'église le dimanche. Et il y en a plein, ouais, qu'on baignait dedans, soit dans les chorales, soit à la guitare, soit au piano. Trois, le travail de pionniers comme le groupe Bissona Bissot, mené notamment par des rappeurs franco-congolais.
À la fin des années 90, ils introduisent dans le rap de nouvelles sonorités, de nouvelles références culturelles. Et ça cartonne. 100% Congo, Weston, Kroko. Bissot, Bissot, Bissot, la Bissot, Bissot. Avec eux commence un changement de regard sur l'Afrique, tuent aussi la musique de leurs parents.
Tout d'un coup, ça va devenir cool. J'avais 9 ans à ce moment-là, c'était le truc le plus marquant. Après ça, des générations d'artistes ont beaucoup plus fait appel à la culture africaine dans leur musique. Quand tu écoutes les sons de Niska, tu entendais Bendo, da, bendo, oui, allez dehors ! Et ça, c'est des trucs qui sont typiquement congolais.
Une pratique héritée des Atalakous, ces animateurs qui... qui harangue la foule à côté du DJ ou de l'orchestre. Enfin, quatrième point, le rôle de l'image. La musique congolaise, ce n'est pas que de la musique.
C'est un spectacle qu'on regarde, notamment pour ses danses. Des fois, je trouvais ça barbant, je préférais avoir les dessins animés, mais t'avais Kofi Kolomidé qui était là devant toi en mode Allez, essaye de faire danser pareil ! Alors, à la fin des années 2000, quand YouTube, Facebook, puis Instagram ou TikTok s'imposent et mettent en valeur l'image... La jeunesse d'origine congolaise, quelque part, a un temps d'avance dans le sens qu'il y a une culture de la musique en image à travers la danse, la chorégraphie, mais aussi à travers l'habillement. Y'a le tarpé qui dort près de l'oseille !
dans le cas j'ai vu alors chaque artiste a évidemment son propre parcours mais ces quatre pistes explique au moins en partie pourquoi la culture congolaise c'est si bien marié au rap français et désormais c'est même la bonne santé du rap qui donne une nouvelle visibilité aux stars de la rumba congolaise avant il m'a appelé le fils de tabou les mains pour rappeler tabou les îles guise le père de l'issoufa Voilà, c'est la fin de cette seconde saison de Rap Business. On espère que ça vous a plu. Dites-nous tout ça en commentaire. Et pour la suite, on réfléchit.
Donc, vos idées sont également les bienvenues. Sur ce, je vais enfin prendre une vacance. A très vite sur la chaîne YouTube du Manu.