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Suppression de la première classe du métro

C'est une socialisation à outrance, on a aplati la société, on la nivelle par le bas. Et évidemment ceux qui avaient ce privilège de se distinguer un petit peu par leur éducation haute sont privés maintenant de l'usage du métro. Plus de première classe, une classe unique pour le métro. Ce projet de la RATP fait couler beaucoup d'encre depuis quelques jours. On peut même parler de polémiques à ce propos. Car comme toujours, quand il s'agit de modifier quelque chose d'ancré dans les faits depuis plusieurs décennies, il y a les partisans et il y a les opposants. Deux choses à noter dans cette affaire. Ce projet est un vieux projet. Il date de 1976. Il n'est donc pas lié à l'arrivée du communiste Claude Quint, la tête de la régie. Et puis l'autre chose, c'est que selon les propres chiffres de la RATP, la suppression de la première classe ne concernerait directement que 4,5% des usagers. Dominique Bayot nous explique. Pourquoi la RATP envisage de supprimer cette fameuse première classe ? Voici le dernier obstacle à la suppression des premières classes. Ces rames datent de 1935 et elles n'offrent aux voyageurs de seconde classe que d'inconfortables banquettes en bois. Mais l'an prochain, ces vestiges du métropolitain seront définitivement réformés et la régie offrira à tous ses clients un confort suffisant pour que tout le monde soit logé à la même enseigne, autrement dit, voyage en classe unique. Autre facteur qui pourrait justifier la suppression des premières, le RER a permis de décharger les lignes de métro les plus fréquentées. D'autre part, les utilisateurs des premières se font de plus en plus rares. Ils représentaient 6,5% des voyageurs en 1975, ils n'en représentent aujourd'hui que 4,5%. Mais c'est bien sûr chez ce petit nombre d'habitués des premières qu'une éventuelle suppression de la première classe suscite le plus d'hostilité. Vous pensez qu'il faut maintenir les premières classes ? Je pense. Pourquoi ? Parce que je n'aime personne en fait. Mais ça ferait plus de place pour les gens de seconde quand même. Mais non, en seconde, si les gens de seconde, aux heures de printe, ils prennent quand même les premières classes. L'essentiel ce sont des personnes âgées qui ont besoin de s'asseoir. D'une part, d'autre part, du point de vue économique, la RATP va perdre pas mal de rentrées. On m'arrive de prendre des premières, mais... Je pense que ça doit se faire maintenant. Vous trouvez que c'est une mesure égalitaire qui est nécessaire ? Oui, je pense que c'est mieux. J'espère que ça se produira même à la SNCF après. Mais l'égalité sociale aurait son revers. La RATP estime que la suppression des premières lui occasionnerait une perte de recettes d'au moins 50 millions qu'il faut. faudrait bien un compensé d'une façon ou d'une autre. Suppression ou maintien, la régie pourrait prendre sa décision avant la fin de l'année. La nuit du 4 août pour la RATP, en tout cas la fin d'un privilège. Une institution aussi vieille que le métro parisien, la première classe va disparaître. Le président de la RATP, Christine Blanc, confirme sa volonté d'instaurer la classe unique pour un souci de simplification de la tarification et non, dit-il, par idéologie. Claude Crespo. Version souterraine de la lutte des classes, la première dans le métro n'a plus que quelques semaines à vivre. Cause de cette disparition, non pas une certaine idéologie, mais un souci d'unification de la tarification. Déjà avant 9h et après 17h, avec un billet de seconde, on peut avoir accès aux premières. Réaction des usagers, ils sont 9 millions par an à utiliser les transports en commun. C'est une bonne mesure pour tout le monde. Je pense effectivement que la première place dans l'environnement actuel n'a pas du tout d'utilité, c'est gros. au niveau de la RATP uniquement. Je sais pas, j'aurais trouvé plus amusant qu'ils suppriment les secondes pour mettre tout le monde en premier. Enfin... On va pour la suppression de la première. Je trouve ça regrettable tout de même parce qu'il y a des conditions de voyage qui varient suivant l'état de santé de beaucoup de personnes. En ce qui me concerne, je suis grand blessé de guerre et je dois dire que je suis assez content de trouver un endroit où je peux m'asseoir à peu près sûrement. Côté direction, on est sûrs que... que la perte financière n'entraînera pas une hausse du billet unique. Aujourd'hui, ces recettes représentent à peu près 1% des recettes de la régie et sont en constante décroissance. Et s'il fallait faire, ce qui n'est pas décidé, une péréquation entre le tarif premier et le tarif deuxième classe, finalement cette péréquation aurait une incidence. Si cette mesure étant dérînée par le syndicat des transports parisiens, elle devrait prendre effet avant l'été. Mais d'ici là, attention, tout fraudeur pris sur le fait paiera une amende de 80 francs. Une page d'histoire est tournée, on ne poinçonnait déjà plus, on supprime la première classe et la nostalgie du lait plus le qualité. Dans quatre jours, il faudra faire une croix sur la première classe dans le métro. Après 90 ans d'existence, cette particularité toute parisienne va disparaître le jour de l'augmentation des tarifs de 5,8. C'est le 1er août. D'ailleurs, hormis les prix, rien ne différencie les premières des 2e classe. Et ce privilège tombe dans l'indifférence quasi générale. Savine Garni, Guinevers. En un seul geste rageur, une page d'un siècle d'histoire du métro qui se tourne. Les parisiens ne sont pas des taupes. Ils ne descendront jamais dans ce trou. A la fin de 1900, le métropolitain avait conquis Paris. Et la première classe aussi. Moyennant un supplément, le Parisien avait droit à une banquette rembourrée au lieu de l'inconfortable banc de bois dur. Et on aimait à voyager. entre gens du même monde, quitte à y mettre le prix. Seulement voilà, depuis 1950, le confort est le même dans tous les wagons et un petit pourcent de voyageurs seulement, encore prêts à payer 7,80 francs leur ticket au lieu de 5,20 francs quant aux autres. Je trouve que la première classe ne servait pas à grand chose. C'était bon, ça se ressemblait vraiment beaucoup et c'était inutile. Surtout aux heures d'affluence, la première classe n'était respectée de personne, donc pourquoi la garder ? Moi je montais souvent en première classe, mais avec un billet de seconde. Comme tout le monde d'ailleurs. Déjà depuis 1982, aux heures de pointe seulement, la RATP tolérait l'accès aux premières avec un billet de seconde, sans vraiment faire la chasse aux fraudeurs ou aux têtes en l'air. Les contrôleurs, ils ont l'air contents aussi à mon avis, parce que c'était difficile pour les personnes qui rentraient en première inintentionnellement d'avoir une amende, alors que pour eux c'était un wagon comme un autre. C'en est donc fini de ce privilège typiquement français. Aucun autre métro du monde n'avait sa première. Dans les autobus, voilà 50 ans qu'on l'a aboli. Ça n'empêche pas la nostalgie. Les poinçonneurs, les chefs de station, les chefs de train ont tous disparu. Et ils ont tous écrit à leur manière l'histoire de Paris. Madame, Monsieur, bonsoir. La première classe dans le métro sentait un peu trop le privilège, elle n'était plus rentable. En outre, elle était la cible favorite des taggeurs. Trois bonnes raisons pour la supprimer et la classer au rayon souvenir. En compensation, la RATP Bonnefille va faire un geste en faveur des personnes âgées, principales victimes de cette abolition. Christine Méral, Guinevers. Quelques wagons de première subsistent encore, mais la première classe est bien morte aujourd'hui. 80% des usagers du métro approuvent cette suppression. Mais les autres, les femmes enceintes, les handicapées et surtout les personnes âgées, la regrettent. Certains évoquent déjà avec nostalgie le temps des premières classes. On avait plus de facilité d'avoir une place assise dans les premières que dans les autres voitures. C'était moins chargé. Moi j'aimais bien la trouver parce qu'il y avait moins de monde, c'est tout. Je prendrai des taxis, ça fera marcher le commerce des taxis. Afin d'éviter toute désaffection, la RATP se mobilise. Les usagers sont invités à aider tous ceux qui ont des difficultés à rester debout. Deux mesures vont être prises. Une première mesure très simple qui consiste... L'assist à mieux signaler les places qui sont réservées aux personnes pour qui la station de boue est pénible. Il y en a une sur quatre par voiture. Et également une campagne d'information pour bien informer l'ensemble des voyageurs de l'existence de ces places. La RATP invite donc au civisme, mais pour quelques défenseurs du droit des usagers, cela ne suffit pas. Le désagrément dénoncé, les difficultés pour accéder aux places assises pendant les heures de pointe. Mais la suppression de la première classe n'est pas pour autant remise en cause. Nous proposons autre chose qui est de remplacer la voiture de première par une voiture métro confort, réservée à toutes les personnes qui ont des difficultés à marcher et à rester debout. Du côté de la RATP, on affirme que cette solution n'est pas à l'ordre du jour. La ségrégation pourrait être mal perçue par les premiers concernés. Ceux-ci n'ont donc plus qu'à espérer que les jeunes et les bien portants respecteront leurs droits. Ouvrons, si vous le voulez, ce journal avec un brin de nostalgie pour les accros de la classe et du paraître. Depuis ce matin, le métro parisien a perdu son ticket chic, autrement dit sa première classe. Il ne reste que des tickets choc de seconde. Paris est la seule capitale au monde qui faisait encore de la lutte des classes dans les voitures du métro. Ce qui vaut bien ce clin d'œil attendri de Marcel Tria. Les images tournées aujourd'hui sont de Didier Rancoeur. Pas de doute, c'était le bon temps. Bien sûr, il y avait les odeurs, la perfection n'est pas de ce monde. Mais du moins, pas de mauvaise rencontre. En première, on se retrouvait entre gens du même monde. Et lorsque l'on s'était laissé surprendre, sur la ligne Billancourt-Méry-de-Montreuil, par la sortie des usines de la ville de Montréal, Dieu merci, il y avait des wagons pour ces gens-là. Autre temps, autre mœurs. Dans les stations du 16ème arrondissement, juste avant l'heure fatidique, on pouvait lire sur certains visages une discrète consternation. C'est une socialisation à outrance. On a aplati la société, on la nivelle par le bas. Et évidemment, ceux qui avaient ce privilège de se distinguer un petit peu par leur éducation haute sont privés maintenant de l'usage du métro, aux heures de pointe en particulier, c'est évident. Et pourtant, tous ces braves gens du petit peuple parisien, croyez-vous qu'il leur serait venu à l'idée de se payer ne serait-ce qu'une seule fois un billet de première classe ? Jamais de la vie. Ils étaient beaucoup plus à leur aise. Entre eux, chacun à sa place, et la petite marchande du quai aux fleurs, préférait attendre qu'un jour, peut-être, un prince charmant lui ouvre enfin les portes du paradis des premières classes. Pourquoi priver les pauvres de ce genre de rêve qui faisait tout le charme de leur misérable existence ? À quoi bon lutter pour s'élever sur l'échelle sociale si la réussite n'est plus récompensée ? Les cruels bureaucrates de la RATP n'ont pourtant pas hésité. Le résultat, c'est que dorénavant, les fesses de concierges sont traitées avec les mêmes égards que celles qui sont drapées dans un tailleur Chanel et que les effluves de patchouli ne laisse plus aucune chance aux adeptes de diva de chez Ungaro de déployer leur sortilège. Bref, l'horreur de l'uniformité démocratique. Comment s'étonner après cela que la jeunesse d'aujourd'hui manque aussi totalement d'idéal ? L'objectif de ces messieurs était sans doute de permettre aux gens du commun d'accéder eux aussi aux premières classes. Eh bien c'est réussi, tout le monde se retrouve en seconde. Beau résultat. Dans ces conditions, ma décision est prise, je ne remettrai plus jamais les pieds dans un véhicule où l'on se soucie aussi peu de respecter les usines. qui ont fait la grandeur de la France.