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Conséquences de la Crise de 1929

Bonjour et bienvenue dans cette nouvelle vidéo portant sur la crise de 1929 et sur les déséquilibres économiques et sociaux qu'elle a engendré. Un peu de contexte tout d'abord. En 1929, le monde se remet encore péniblement de la première guerre mondiale. Les nations européennes sont sorties considérablement affaiblies du conflit et ont laissé aux États-Unis la place de première puissance politique et économique. Malgré la reconstruction et le redémarrage de l'économie mondiale avec les nombreux échanges commerciaux outre-Atlantique et auxquels participe l'Amérique latine, des faiblesses apparaissent dans l'économie des États-Unis et qui mèneront à la plus grave crise économique que le monde a connue jusqu'alors.

En effet, le jeudi 24 octobre 1929, un vent de panique s'empare de la bourse de New York plus connue sous le nom de Wall Street. En l'espace de quelques heures, plus de 12 millions d'actions sont vendues, précipitant l'effondrement de leurs valeurs et ruinant dans la foulée plus d'1,5 million d'Américains. Il s'agit d'emblée de la plus grave crise économique de l'histoire des Etats-Unis, qui met fin à une décennie de croissance économique, ainsi qu'à l'illusion que le cours des actions pouvait grimper sans fin et que s'endetter pour en acheter était donc une activité sans risque.

De nombreuses banques font alors faillite aux Etats-Unis, et celles qui survivent deviennent bien plus prudentes dans leur attribution de prêts, que ce soit pour les particuliers ou les entreprises, provoquant un recul de la production et la fermeture de nombreux établissements industriels et commerciaux. Face à cette situation, les États-Unis du président Hoover font le choix d'une politique protectionniste visant à réduire leurs importations en augmentant fortement les droits de douane et en rapatriant les capitaux placés à l'étranger, notamment en Europe, dans l'espoir de pouvoir assurer leur paiement. Cette stratégie a pour conséquence de porter un coup d'arrêt au commerce international qui connaît un recul de 60% entre 1929 et 1932, mais surtout, cela permet à la crise de se propager outre-Atlantique.

Les banques allemandes et autrichiennes, déjà fragilisées par le premier conflit mondial, voient disparaître les capitaux états-uniens, et certaines, à l'image de la Credit Anstalt en Autriche et la Danat Bank en Allemagne, font faillite, provoquant un arrêt des financements aux entreprises et dans la même logique qu'aux Etats-Unis, une faillite des secteurs industriels et commerciaux. Pour protéger leur économie, de nombreux États, à l'image du Royaume-Uni, mais aussi la France et les Etats-Unis, font le choix de dévaluer leurs monnaies. c'est-à-dire d'en réduire la valeur pour pouvoir exporter plus facilement. Si la méthode se montre modérément efficace, elle provoque un écroulement du système bancaire international. Le système de l'étalon or, dans lequel la valeur de l'argent était déterminée par rapport au cours de l'or et en fonction des réserves du métal précieux détenues par les États, est définitivement abandonné, laissant chaque État maître de sa propre monnaie, ce qui n'est pas sans provoquer une inflation record dans certains États.

Au-delà des aspects économiques, Le krach de 1929 plonge l'Amérique puis le monde dans une grave crise sociale. Du fait de la fermeture massive d'entreprises, le chômage atteint des taux records. Les États-Unis passent ainsi d'un taux de 3,1% de la population active en 1929 à plus de 25% en 1933, ce qui représente près de 12,6 millions de chômeurs.

En Allemagne, pays particulièrement touché par la crise, le chômage atteint les 44% de la population active. La situation est difficile également au sein des campagnes où la baisse de la consommation des produits en raison de la pauvreté croissante provoque une chute des prix agricoles. Des centaines de milliers de fermiers déjà endettés ne sont plus en mesure de rembourser leurs créanciers à cause de la chute de leurs revenus et font le choix pour certains de migrer en ville dans l'espoir d'une vie meilleure et finissent par grossir les rangs des populations pauvres.

Les pays d'Amérique latine dont les revenus proviennent des exportations de produits agricoles en direction des Etats-Unis voient les marchés se fermer et se retrouvent avec des stocks d'invendus croissants si bien que les populations font parfois le choix de jeter des tonnes de café à la mer ou bien d'en utiliser les graines comme combustible au sein des locomotives à la place du charbon. Les camps de sans-abri se multiplient tant aux États-Unis qu'en France et des émeutes ou marches de la faim éclatent jusqu'en Australie pour protester contre la misère et le manque d'action apparent des gouvernements. En effet, les mesures protectionnistes ne donnent que des résultats mitigés ne permettant pas une relance de l'économie des pays. Aux États-Unis, Les élections de 1932 donnent gagnant Franklin Delano Roosevelt, qui lance la politique du New Deal dès l'année suivante.

Cette politique se caractérise par la volonté d'accorder à l'État une place plus importante dans les choix économiques. Ainsi, les banques sont mieux encadrées, des subventions sont fournies aux agriculteurs, des politiques de travaux publics sont lancées afin de fournir du travail aux chômeurs qui reçoivent par ailleurs des aides publiques. Le New Deal se veut également favorable aux classes populaires.

Les bases d'un système de protection sociale sont jetées et un salaire minimum instauré. Si le New Deal permet d'améliorer la situation économique et sociale puisque le pays retrouve des niveaux de production semblables à ceux d'avant la crise, le chômage reste à un niveau élevé avec 9 millions de sans-emplois en 1939. C'est finalement la Seconde Guerre mondiale qui permettra au pays de renouer avec la prospérité en relançant durablement l'économie. En France, la situation comporte quelques points communs. Alors que la crise frappe le pays de plein fouet en 1931, l'extrême droite profite des difficultés économiques pour dénoncer l'inefficacité de la Troisième République et gagne en influence. Pour contrer cela, les partis de gauche, à savoir le PCF, le SFIO et le Parti Radical, décident de s'unir et fondent le Front Populaire dirigé par Léon Blum.

Cette alliance remporte les élections législatives de mai 1936 et prend le pouvoir. Cette victoire suscite de nombreux espoirs pour les classes populaires qui déclenchent de nombreuses grèves la même année pour mettre la pression sur le nouveau gouvernement. Ce dernier signe les accords Matignon le 7 juin 1936 qui consacrent de nombreuses réformes sociales à l'image de la liberté syndicale, de l'augmentation des salaires, de la diminution du temps de travail qui passe de 48 heures hebdomadaires à 40 ou encore l'instauration de deux semaines de congés payés par an, une première en France. L'État fait également le choix de l'interventionnisme économique, puisque le gouvernement décide de réformer la Banque de France et nationalise les industries des secteurs clés de l'armement, de l'aéronautique ou du chemin de fer, ce qui permet la création de la SNCF en 1937. Pour autant, le Front populaire ne réussit pas à s'inscrire dans la durée. Il se heurte notamment aux milieux d'affaires qui craignent que la France ne devienne un pays socialiste à l'image de l'URSS.

De même, le contexte international et les tensions qui ne cessent de monter en Europe pendant les années 1930 freinent la mise en œuvre des réformes et Léon Blum est poussé à la démission en 1937. Si les expériences états-uniennes et françaises ont permis à ces pays de surmonter quelque peu leurs difficultés, d'autres États se sont tournés vers des solutions plus radicales. L'Allemagne par exemple est complètement ravagée par la crise. La République de Weimar, nouveau régime en place depuis la fin de la Première Guerre mondiale, ne parvient pas à trouver de solution et la monnaie allemande, le Reichsmark, s'effondre complètement à tel point qu'il faut aller chercher le pain avec une brouette de billets ou qu'il revient moins cher de coller des billets de banque sur des murs pour les décorer plutôt que d'acheter du papier peint. Face à cela, le mécontentement gronde et le peuple recherche un homme fort susceptible de changer la donne. Des hommes d'affaires à l'image de Thyssen soutiennent ainsi le Parti National-Socialiste Ouvrier Allemand, plus connu sous le nom de Parti Nazi.

dont le chef Adolf Hitler devient chancelier le 30 janvier 1930 après avoir remporté 33% des voix lors des élections législatives de 1932. Il décide dès lors de mettre en œuvre une politique protectionniste et autarcique et se lance dans la préparation de la guerre pour s'emparer de ce qu'il appelle un espace vital pour le peuple allemand. Pour finir, en Amérique latine, la crise laisse des traces sur la politique des pays. Des coups d'État menés par l'armée ont lieu comme en Argentine où José Félix Uriburu prend le pouvoir en 1930 et des politiques d'industrialisation sont menées pour limiter la dépendance des pays à l'extérieur et sortir enfin de la crise. En conclusion, la crise de 1929 vient briser l'illusion d'une croissance infinie.

Si le krach se produit aux États-Unis, ses conséquences ne se limitent pas aux frontières du pays et se propagent partout dans le monde. Les conséquences sont bien sûr économiques mais aussi sociales avec la montée du chômage de masse ou encore politiques puisque la démocratie se retrouve mise de côté dans un grand nombre de pays. Cet événement constitue ainsi l'un des ingrédients de la montée des tensions internationales pendant les années 1930 et débouche finalement sur la seconde guerre mondiale en 1939. Merci d'avoir suivi cette vidéo, je vous donne rendez-vous à la prochaine et en attendant, portez-vous bien !