Petite vidéo annexe pour bien comprendre en quoi comptablement on a besoin d'une dette, ce qui n'en est pas vraiment une, pour convertir des euros centraux A en euros centraux B. Vous devriez tous pouvoir comprendre ce qui va suivre si vous gardez en tête ces quelques principes de base. Numéro 1, la compta ce n'est rien de plus qu'un puzzle.
Il y a l'actif, ce que l'entreprise possède, et le passif, la source de financement qui a permis l'obtention, qui explique la valeur de l'actif. Numéro 2, pour financer ou expliquer la valeur de l'actif, il y a deux solutions. Le capital, l'argent qui appartient à l'entreprise, donc à ses propriétaires, à ses actionnaires, et la dette, l'argent emprunté qu'il va falloir rembourser.
Numéro 3, c'est la partie puzzle du jeu. L'actif doit toujours être égal au passif. Enfin numéro 4, attention à la causalité.
L'ajout d'un passif, une dette ou une injection d'argent de la part des actionnaires va provoquer l'augmentation de l'actif. Il y a de nouvel argent disponible sur le compte de l'entreprise. Mais on peut aussi aller dans l'autre sens. Un bâtiment qui a pris ou perdu... de la valeur provoque une augmentation ou une diminution du capital des actionnaires.
Ainsi, les changements côté passif doivent se répercuter côté actif, mais l'inverse est également vrai, un changement côté actif doit se répercuter côté passif. Pour ceux qui veulent plus d'infos, vous pouvez aller voir cette vidéo là. Pour les autres, on y va ! Comment ça marche Target2 d'un point de vue comptable ?
Je commence par faire apparaître le bilan du secteur privé français. C'est une représentation agrégée de tout ce que possèdent toutes les entreprises et tous les ménages. On commence par cette histoire de dette bancaire qui correspond forcément à la quantité de monnaie.
La monnaie est un actif du secteur privé. Des entreprises et des ménages possèdent... de la monnaie. Mais cette monnaie vient forcément d'une dette portée par d'autres entreprises et d'autres ménages qui n'a pas encore été remboursée.
On sait que la dette n'a pas encore été remboursée parce que si cela était le cas la monnaie aurait disparu. C'est donc toujours la même rengaine, la dette bancaire fait apparaître la monnaie, son remboursement l'a fait disparaître. Ensuite on rajoute toutes les richesses que la circulation de la monnaie a permis de créer et que possède le secteur privé. Ces richesses sont nécessairement plus importantes que la quantité de dettes bancaires car il s'agit de l'accumulation de tous les PIB successifs. Je précise que tout ça n'est absolument pas à l'échelle, le but est surtout que vous compreniez comment le bilan va évoluer.
Ensuite, on rajoute le bilan du système bancaire français. Toute la monnaie de l'économie vient forcément de ce secteur bancaire. La dette est un passif du secteur privé, donc un actif du secteur bancaire. C'est normal, la banque vous fait signer un contrat de prêt et ensuite touche des intérêts dessus. Donc c'est quelque chose qui a de la valeur pour elle, c'est un actif.
Face à cet actif, il y a forcément un passif, en l'occurrence une dette. Ce sont les dépôts. La monnaie que le secteur privé possède n'est rien de plus qu'une promesse de mise à disposition de cette monnaie de la part du secteur bancaire. Les banques s'engagent à vous fournir la monnaie dont vous lui avez confié la charge si vous en faites la demande. Bon, normalement il faudrait rajouter du capital et donc des actifs supplémentaires à ce secteur bancaire.
Des bureaux, des ordinateurs, des brevets. Mais je ne veux pas embrouiller les choses, alors on va faire sans et ce sera plus clair. Reste plus qu'à faire apparaître la Banque Centrale Française, la Banque de France. Pour le moment, on ne mérite pas de la banque. dans son bilan.
De la même manière que pour les banques, on ne lui donne pas de capital, sinon ça risquerait d'embrouiller inutilement les choses. Bien, maintenant faisons apparaître exactement la même chose mais cette fois côté allemand. Secteur privé, secteur bancaire et banque centrale qui porte le petit surnom sympa de BOUM.
Bouba. Voyons ce qui se passe si, en échange de la réception de richesses allemandes, on veut transférer des euros en Allemagne. D'abord, on sélectionne des euros parmi la monnaie disponible du côté de l'actif du secteur privé français et on l'ajoute du côté allemand.
En miroir, on prend des richesses allemandes et on les envoie du côté français. Les bilans sont équilibrés, tout va bien. En revanche, on constate qu'il y a désormais plus de monnaie que de dette en Allemagne et plus de dette que de monnaie en France.
Problème, puisque de la monnaie s'en est allée côté français, les dépôts du secteur privé français sont en train de se dérouler. secteur bancaire ont diminué. On a donc un déséquilibre du bilan du secteur bancaire français.
Également côté allemand, puisque les agents économiques disposent de plus de monnaie, ils doivent avoir plus de dépôts. Donc là aussi on a un déséquilibre. Que va-t-on bien pouvoir mettre au passif du secteur bancaire français et à l'actif du secteur bancaire allemand pour rééquilibrer tout ça ?
Le secteur bancaire français n'a rien à envoyer si ce n'est une partie des créances qu'il possède sur les ménages et les entreprises françaises. Le secteur bancaire allemand trouve ça trop risqué. Il ne connaît pas ses emprunteurs. Il veut de la monnaie.
banque centrale à la place. Le secteur bancaire français n'a pas de monnaie centrale donc il fait un crédit à la banque de france. Ce crédit est une dette du secteur bancaire mais un actif de la banque de france qui va toucher des intérêts dessus. De la monnaie centrale est créée et crédité sur le compte du secteur bancaire français à la banque de france.
C'est un dépôt qui vient se matérialiser donc un passif de la banque de france. Elle s'est engagée à fournir cette monnaie centrale au secteur bancaire. Évidemment, un nouvel actif apparaît dans le bilan du secteur bancaire français.
Ce dernier possède de la monnaie Banque de France. Suite au transfert d'euros français vers l'Allemagne, et grâce à cette nouvelle monnaie, le secteur bancaire français s'empresse de payer le secteur bancaire allemand. Problème, l'Allemagne veut des euros boubas. Pas des euros Banque de France.
Mais le secteur bancaire français a fait son travail. Pour lui, la monnaie Banque de France qu'il vient d'emprunter est de la monnaie centrale et devrait donc être parfaitement valable partout en zone euro. Et donc il s'attend à ce que son transfert vers l'Allemagne fonctionne.
La Banque de France doit donc interdire Elle commence par détruire les euros centraux qu'elle vient de créer. A la place, elle s'endette auprès de la Bundesbank afin que celle-ci crée de la monnaie centrale de chez elle. Puis, la Bundesbank crédite ses nouveaux euros Booba sur le compte du secteur bancaire allemand. Tout est désormais parfaitement équilibré.
Dans cet exemple, la France vient de voir sa balance Target 2 diminuer au profit de celle de l'Allemagne. Mais vous voyez bien que les Allemands peuvent tout à fait se servir de la monnaie que les Français viennent de leur envoyer. Autrement dit, les ménages et entreprises françaises ne doivent absolument rien aux Allemands.
Cet exemple montre que dans le cadre d'un envoi de monnaie scripturale en Allemagne depuis la France, malgré le fait que ce sont bien les banques françaises qui s'endettent auprès de leur banque centrale pour faire créer la monnaie centrale nécessaire au virement, le mécanisme Target 2 reste essentiel pour permettre la conversion des euro centraux français en euro centraux allemands. Maintenant que de la monnaie centrale existe en Allemagne, la France va pouvoir en profiter pour de futurs échanges et à condition que le marché interbancaire soit bien fonctionnel, c'est à dire que les banques se fassent confiance. Reprenons un exemple similaire mais avec une petite variable.
Plutôt que d'acheter des produits allemands, voyons ce qui se passe si les Français ouvrent des comptes en Allemagne pour y transférer une partie de leurs euros. Ici, une partie des euros jusque-là français deviennent allemands. Si les Français voulaient utiliser ces euros en France, il faudrait d'abord les reconvertir en euros français. Le problème se pose toujours du côté du secteur bancaire français et allemand.
Moins de dépôts côté français, les Français y ont retiré des euros, et plus de dépôts côté allemand, les Français ont ouvert des comptes en Allemagne. Donc déséquilibre. Ici, une petite parenthèse.
La masse monétaire d'un pays ne se mesure pas. pas en regardant l'actif du secteur privé du pays en question. Dans le cas français, on se tromperait en comptant les euros allemands comme faisant partie de la masse monétaire française. Ainsi, pour avoir une représentation correcte de la masse monétaire utilisable au sein d'un pays, il faut plutôt regarder ce qui est inscrit au passif des banques. Fin de la parenthèse.
Il y a donc un déséquilibre au niveau des bilans des secteurs bancaires. Encore une fois, il faut régler ça en monnaie centrale. Les banques françaises décident d'emprunter la monnaie centrale présente au bilan du secteur bancaire allemand.
On ajoute donc un actif côté allemand, les banques allemandes vont toucher des intérêts. et un passif côté français. Les banques françaises vont payer des intérêts. Maintenant la monnaie centrale peut être transférée.
Ah oui sauf que non ! En France on n'accepte que de la monnaie centrale Banque de France. Donc la Bundesbank commence par supprimer le dépôt de son secteur bancaire ce qui signifie que les ouvrages Les euros centraux allemands disparaissent, puis la Bundesbank s'endette auprès de la Banque de France pour qu'elle crée de la monnaie centrale française, et indique que cette monnaie est en réalité un transfert correspondant à une dette, qui est dirigée vers le secteur bancaire français. La monnaie Banque de France est donc créée et créditée sur le compte du secteur bancaire français. A ce moment-là, on peut faire comme dans Tetris.
Les dettes Target 2 des banques centrales allemandes et françaises s'annulent entre elles, elles disparaissent. Les balances Target 2 sont à l'équilibre. Mais maintenant que, grâce aux prêts réalisés, le secteur bancaire français a obtenu la monnaie centrale, encore faut-il l'envoyer en Allemagne, sous la forme d'un paiement.
Donc, c'est reparti dans l'autre sens. La Banque de France détruit sa monnaie centrale, s'endette auprès de la Bundesbank, pour qu'elle recrée de la monnaie de chez elle, qui est créditée sur le compte du secteur bancaire allemand. Les balances Target 2 sont revenues au même niveau qu'avant la transaction. Ce qui montre bien que, quand le secteur bancaire se fait confiance et s'accorde des prêts en monnaie centrale, il n'y a aucun impact Target 2. Posons-nous maintenant la question suivante.
Et si la France sort de l'euro, doit-elle rembourser sa dette Target 2 ? Techniquement, non. On peut laisser les choses telles quelles. Les euros français deviennent des francs, les euros allemands restent allemands, les bilans sont équilibrés, la situation est stable.
Mais partons du principe que suite à un accord avec l'Allemagne, la dette Target 2 française doit être remboursée en euros. de France doit donc acheter à des ménages ou à des entreprises des euros qui, comme vous pouvez le voir, peuvent venir de France ou d'Allemagne. Ces ménages et entreprises que je vais nommer contrepartie doivent, pour obtenir des francs, avoir des comptes ouverts au sein du secteur bancaire français. La banque La Banque de France commence par créer des francs Banque de France, qu'elle verse sur le compte du secteur bancaire français. Les francs créés sont une dette de la Banque de France et donc un actif du secteur bancaire français.
Suite à la création de cet actif, le secteur bancaire peut augmenter les dépôts des contreparties, ce qui provoque l'apparition de francs dans le bilan des secteurs privés allemands et français. La masse monétaire de la France a bien augmenté. Côté allemand, les contreparties ont transféré une partie de leurs euros à la Banque de France. En conséquence, les dépôts allemands, qui correspondaient donc à des euros détenus par les allemands et par les français, les français diminue et le secteur bancaire envoie vers la france une partie des euro centraux à leur disposition mais ces euro centraux allemands ne peuvent pas quitter l'allemagne ils sont donc tout simplement détruite en conséquence l'ancien dépôt du secteur bancaire allemand à la bundesbank devient celui de la banque de france cela veut dire qu'il ya désormais un dépôt banque de france au passif de la bundesbank Le fait de posséder des euros sur ce compte en Allemagne est un actif de la Banque de France.
Jusque là, tout est équilibré. Mais les dettes Target 2 n'ont pas disparu. Ici encore, on va faire comme dans Tetris.
Côté français, pour matérialiser le remboursement, la dette Target 2 disparaît en même temps que les euros qu'elle possède à la Bundesbank. Côté allemand, les euros du compte de la Banque de France disparaissent et la créance Target 2 disparaît avec eux. Tout est rentré dans l'ordre. La quantité de monnaie en France est plus proche de sa quantité de dette.
Et c'est la même chose en Allemagne. Notez ici que ce qui empêche la masse monétaire des deux pays de correspondre exactement à la quantité de dette bancaire, ce sont les prêts interbancaires. Ainsi, pour obtenir une équivalence... dette quantité de monnaie et malgré la résolution des histoires Target 2, la Bundesbank et la bande de France devraient à nouveau intervenir.
Ce que ça veut dire c'est que si les banques privées s'étaient toujours fait confiance alors les dettes Target 2 serait inexistante mais les dettes interbancaires serait très importante. Donc, le problème de déséquilibre dette bancaire quantité de monnaie n'est pas spécifique à la constatation d'une balance Target 2 importante. Potentiellement, même avec une faible balance Target 2, un pays de la zone euro peut être en manque de monnaie. Seule une analyse approfondie des dettes interbancaires et des balances Target 2 peut permettre de le révéler. Enfin, pour terminer, reprenons la situation initiale et voyons comment les choses se passent si la France rembourse en francs plutôt qu'en euros.
La Banque de France commence par créer des francs qu'elle crédite sur un compte spécifique qu'elle ouvre pour la Bundesbank. Ces francs sont un actif de la Bundesbank. Puisqu'elle vient d'obtenir quelque chose, la Bundesbank accepte de supprimer la dette Target 2 de la Banque de France.
Puis, n'ayant rien d'autre à faire avec, la Bundesbank utilise les francs pour acheter des actifs français au secteur privé français. Des richesses françaises, probablement des actifs financiers, s'en vont en Allemagne. La Bundesbank ne possède plus de francs.
Mais les francs en Banque de France n'ont pas disparu. Ils apparaissent désormais sur le compte du secteur bancaire français. Celui-ci s'en est servi pour augmenter les dépôts du secteur privé qui possède désormais des francs à la place des richesses vendues à l'Allemagne. Encore une fois, les bilans sont équilibrés et la masse monétaire en France est désormais plus proche de sa quantité de dette bancaire. Cependant, cette solution n'a pas changé la situation allemande.
Il y a toujours beaucoup plus d'euros en circulation en Allemagne que de dette bancaire. Si jamais la Bundesbank estimait que ce trop-plein d'euros pouvait créer de l'inflation, elle pourrait toujours vendre en euros ses actifs français aux agents économiques possédant des euros allemands, moyennant un taux de change intéressant par exemple. Cela permettrait de retirer des euros de la circulation en Allemagne.
C'est tout pour cette vidéo annexe que je vous encourage à regarder plusieurs fois pour bien comprendre. N'hésitez pas à liker, partager, tout ça tout ça. Toujours un grand merci aux tipeurs pour leur soutien financier.
Et à bientôt pour un prochain épisode.