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Analyse des Dépenses Publiques en France

En France, on n'a pas de pétrole, mais on a les dépenses publiques et les impôts les plus élevés du monde. Le principal ennui est que cette pression fiscale ne suffit même pas à l'État pour assurer son train de vie. Alors que le sort des générations futures ne cesse d'occuper les esprits, une question reste mystérieusement taboue. La dette de l'État. Une dette de plus de 3000 milliards d'euros qui pèse sur tout le monde sans jamais... par être concerné personne. Et pourtant... Je suis à la tête d'un État qui est en situation de faillite sur le plan financier. Bientôt, le remboursement de notre dette sera le premier budget de l'État. La France est à l'euro près. La France connaît ainsi l'extraordinaire paradoxe de conjuguer la dépense publique la plus importante du monde sans que ni les fonctionnaires, ni les contribuables n'y trouvent leur compte. Qu'est-ce que vous faites du pognon ? C'est ça, c'est la question que tout le monde se pose. Comment en est-on arrivé là ? Quelles conséquences le poids de l'État fait-il peser sur notre quotidien ? Et pourquoi cette situation s'annonce de moins en moins tenable ? Lorsque Valéry Giscard d'Estaing arrive au pouvoir en mai 1974, la croissance est encore soutenue et la dette de l'État n'est évoquée par personne. En réalité, le premier choc pétrolier sonne le glas des Trente Glorieuses. Et depuis 1974, aucun budget de l'État n'a été à l'équilibre. Qu'est-ce qu'il suffisait de faire d'après les théoriciens qui l'accompagnaient ? On augmentait les impôts pour lutter contre l'inflation et on augmentait les investissements publics pour lutter. contre le chômage. Le bilan de tout ça, c'est la stagflation, c'est-à-dire plus d'inflation et plus de chômage. Et donc, on encroche un processus d'endettement qui est, alors là, en France, particulièrement présent. Pour que la France rayonne, elle doit offrir un visage humain, libéral, mondialiste et moderne. Alors c'est à partir de 1974 qu'il y a un basculement qui va durer une quinzaine d'années et qui va voir les ingénieurs planificateurs disparaître des sphères du pouvoir. On assiste aux derniers efforts de l'état stratège qui avait beaucoup... Beaucoup investi sur l'aviation, les trains à grande vitesse, le nucléaire, les infrastructures, la réindustrialisation. Le problème central, c'est que les énarques sont allés dans l'industrie pour bousiller l'industrie et ils sont allés dans la politique pour bousiller la France. Et c'est pourquoi je vous regarde ce soir, et c'est pourquoi aussi vous me regardez. Et c'est quand même ennuyeux que dans l'intervalle vous soyez devenu vous l'homme du passif. Après la victoire de François Mitterrand à la présidentielle de mai 1981, le gouvernement met en œuvre une politique de nationalisation et de protection sociale. Hausse du SMIC, retraite à 60 ans, 5ème semaine de congé payé et semaine de 39 heures. L'effet est immédiat, cette politique accroît les déficits et alourdit la dette, au moment même où les taux d'intérêt s'envolent. François Mitterrand a ouvert la boîte de Pandore, c'est-à-dire on va augmenter les dépenses publiques, on va augmenter la dette publique. On empruntait en dollars à l'époque auprès de banques américaines, et lorsque la gauche est arrivée au pouvoir, elle a lancé une grande politique keynésienne de relance. par la demande, il s'est traduit par un fort déficit public et un fort déficit commercial, ce qui a aggravé le besoin d'emprunter en devise, en dollars, pour payer nos importations de pétrole et de tas d'autres choses. Et puis à un moment, les banques américaines ont dit non, on arrête de… de prêter à la France. Et donc, on a failli se retrouver en défaut de paiement. Et les seuls qui ont accepté de prêter de l'argent à la France étaient la Banque Centrale Saoudienne, l'Arabie Saoudite. Et c'est après cet épisode qu'a été amorcé ce qu'on a appelé à l'époque le tournant de la rigueur. Il est temps, grand temps, d'arrêter la machine infernale. Dans un contexte de développement généralisé de l'endettement public dans le monde, les marchés de capitaux se nourrissent de l'envolée des dettes publiques. Seulement pour tenir la compétition, il faut toujours emprunter davantage. En 1985, les obligations assimilables du trésor sont créées. Pour des emprunts à 15 ans, la dette publique est transformée en produits financiers. Puis, durant les deux années de cohabitation du gouvernement Balladur, la dette augmente de près de 10 points. Dans les deux occasions que j'ai eues d'exercer le pouvoir, je me suis efforcé de faire des choses qui allaient vers la libération de l'économie française, qui est caractérisée notamment depuis 1981. Mais antérieurement, ça avait déjà commencé par une étatisation excessive et donc un poids excessif de toutes les contraintes de toutes sortes. Car enfin, je le répète, nous sommes les champions du monde de tout ce qui caractérise une société collectiviste par rapport à une société libérale. Or, il y a un moment... où on ne peut pas diverger par rapport au reste du monde. L'économie, c'est une chose assez simple, vous savez, finalement. Quand il y a des déficits, ensuite il y a l'endettement. Oui, la France n'a le choix aujourd'hui qu'entre le changement ou le déclin. Alors qu'il s'était fait élire sur la réduction des impôts, Jacques Chirac majore l'ISF et augmente la TVA de 2 points. Cela permettra à la France de respecter ses engagements européens. Mais l'échec de la réforme des régimes spéciaux de retraite lui coûteront sa majorité aux législatives de 1997. La priorité, c'est la réduction des déficits. Et pour cela, il faut prendre des mesures qui peuvent être en contradiction avec ce que l'on veut faire plus tard. Vaut mieux 5 ans avec Jospin que 7 ans avec Jacques Chirac. Alors qu'il bénéficie d'une véritable cagnotte fiscale, le gouvernement de Lionel Jospin vote la réduction du travail hebdomadaire à 35 heures. Les 35 heures ont été accompagnées d'allégements de cotisations sociales très importants. Et on s'en est aperçu deux ou trois ans après, en 2002, où on est passé pour la première fois, avec l'Allemagne d'ailleurs, au-dessus du seuil de 3%. Mais après, l'Allemagne a fait des réformes et la France n'en a fait quasiment aucune. La France a été un laboratoire de la mise en œuvre de la fin du travail avec des effets totalement désastreux. Puisque la croissance française moyenne depuis 20 ans est de 1%, l'appauvrissement français par rapport aux Allemands est considérable. Le pouvoir d'achat des Français par rapport aux Allemands en relatif a baissé de 12% en 15 ans. Elle est belle la France. En 2002-2003, Jean-Pierre Rassarin aurait dit à Jacques Chirac Écoutez, on va être condamné à Bruxelles, on commence juste l'euro. C'est plutôt quand même une... façons de lancer cette aventure en ayant des déficits aussi importants. Chirac lui dit mais Bruxelles ils vont pas nous envoyer des chars, ils en ont pas. Alors, qu'est-ce qu'on va faire ? Donc ce sentiment d'impunité, c'est le sentiment que celui qui fait des erreurs effort n'est pas récompensé et celui qui au contraire laisse aller, laisse filer se coule dans la facilité non seulement n'est pas puni mais d'une certaine façon est encensé il a répondu aux attentes de la population notre classe politique, il y a une sorte d'inversion des valeurs. Donc il y a des gens qui ont pris des décisions qui ont conduit à cet effondrement. Donc il faut nommer. Il faut nommer l'effondrement, il faut nommer les responsables. Parce que sinon, on ne peut pas sortir de la situation. Je suis à la tête d'un État qui est en situation de faillite sur le plan financier. Je suis à la tête d'un État qui est depuis 15 ans en déficit chronique. Je suis à la tête d'un État qui n'a jamais voté un budget en équilibre depuis 25 ans. Ça ne peut pas durer. Et si nous voulons nous écarter des agences de notation, il faut rembourser notre dette et réduire notre déficit. Parlons de la dette. Elle était de 900 milliards d'euros en 2002. Elle est donc passée à 1800. Le double. Le double. Nous devons faire des économies partout où elles sont possibles. Et j'ai la certitude que nous pouvons faire mieux en dépensant moins. Mais là où il y a un énorme mensonge de la part de la droite, c'est sur le fait que contrairement à eux, nous tenons les dépenses. Moi, je fais 60 milliards d'économies à la fin du quinquennat par an, d'accord ? Non, 60 milliards sur les 5 ans. Non. Ah, 60 milliards par an ! Oui. France is back. Il y a une addiction française à la dépense publique. Comme toute addiction, elle ne règle rien du problème qu'elle est censée soulager. Et comme toute addiction, elle nécessitera de la volonté et du courage pour s'en défendre. Le gouvernement mobilisera tous les moyens financiers nécessaires pour porter assistance, quoi qu'il en coûte. Nous n'avons aucune leçon à recevoir sur les questions d'équilibre des comptes publics et de préservation de l'avenir. Je veux le dire avec force, la France est à l'euro près. Avec une dette publique représentant plus de 44 000 euros par habitant, la France est enquistée dans une équation infernale. Ce doux pays aux prélèvements obligatoires les plus importants du monde réussit à mécontenter aussi bien ses fonctionnaires que ses usagers. La France cultive les paradoxes sans paraître trop sans souci. Personne ne paiera jamais cette dette. Il est donc temps... On ne la remboursera pas ? Elle ne sera jamais remboursée, elle ne l'est pas. Actuellement, elle est perpétuelle. C'est-à-dire qu'à chaque fois qu'un titre de dette arrive au bout, eh bien, on réemprunte. Donc il n'y a pas de limite en fait. Chaque année, le débat est davantage éclipsé. Pourtant, à l'horizon, les menaces se multiplient. Entre l'inflation, la hausse des taux d'intérêt, les pressions des institutions internationales et des banques centrales. La France est plus que jamais dans le viseur de ses créanciers et pourrait bien avoir à payer en même temps toutes ses additions. Nous allons tâcher de comprendre pourquoi la situation des finances publiques ne cesse d'empirer et à quel risque bien en venir. réel les français se trouvent exposés depuis 1957 qu'on a des statistiques de dépenses publiques il n'y a pas eu une année de baisse de la dépense publique C'est incroyable, quand on vous dit qu'il y a des baisses, ce ne sont pas des baisses, c'est des moindres hausses. Le besoin de services publics, il est illimité. On aura toujours besoin de services de santé meilleurs, d'un meilleur environnement, de plus de sécurité. En fait, ça ne s'arrêtera jamais. Et il faut être conscient que ces services sont financés par des impôts que l'on paye aussi, mais on ne fait pas le lien entre les deux. Vous ne comprenez rien à notre fiscalité ? Rassurez-vous, tout cela est bien voulu, pensé et organisé. L'objectif est de vous faire payer toujours plus et toujours plus discrètement. Le meilleur prélèvement étant bien entendu celui qui ne se voit pas et dont on ne parle jamais, mais qui rapporte gros à l'État. Dans la liste des recettes de l'État, il y a les principaux prélèvements que nous connaissons tous comme la TVA, l'impôt sur le revenu ou la taxe foncière. Mais il y a aussi tous ceux dont nous ne soupçonnons même pas l'existence. Et pour cause, ils sont bien dissimulés. Si bien d'ailleurs que nous n'en entendons jamais parler. De l'achat d'un plein d'essence à celui d'un réfrigérateur, en passant par le dentifrice, le vin, le sucre, l'électricité, le logement ou les cigarettes, chaque élément de notre vie quotidienne est rythmé par les taxes. Pendant notre vie et même après, puisque l'enterrement sera pour votre commune l'occasion de renflouer ses caisses, l'inhumation, la crémation et le convoi funéraire font ainsi par exemple l'objet de trois prélèvements différents. Mais peut-on seulement savoir pourquoi on paie ? Plus c'est gros et mieux ça passe. On paie des impôts finalement tout au long de la vie. Sur ce qu'on gagne évidemment, sur ce qu'on consomme, sur ce qu'on possède, sur ce qu'on vend. Et il ne faut pas oublier que la première ressource de l'État c'est justement la TVA. Donc en fait, tous les Français sont contribuables. Et c'est un peu comme si les dirigeants avaient appliqué au pied de la lettre la fameuse recommandation du ministre de Louis XIV Colbert qui disait que la collecte de l'impôt... consiste à plumer loi sans qu'elle crie. Et bien en fait, on a l'impression que justement, les pouvoirs publics exercent un certain nombre de techniques pour éviter que les Français prennent conscience qu'en fait, l'argent public les concerne, puisque non seulement ils y participent tous, et en plus, ils ont le droit de demander des comptes à leurs élus. Ce qui est très compliqué aujourd'hui, c'est qu'on est incapable de recenser le nombre de prélèvements obligatoires. On vote beaucoup de choses en France, au niveau fiscal. Mais il y a très peu d'analyses en amont et en aval. Donc il n'y a pas de réflexion en amont. On vote sous le coup de l'émotion. On vote parce qu'il faut faire plaisir à tel ou tel lobbyiste. Qui dit impôts, dit aussi déclarations. Il y a aujourd'hui des entreprises, alors je pense particulièrement aux petites, qui ne peuvent pas avoir un bataillon d'experts, comptables et fiscaux pour les assister, qui sont soumises. à des déclarations pléthoriques qui ne tombent pas sous le sens en général. Et aujourd'hui, quand on essaie de dresser un état des lieux, on se rend compte que l'administration jouit d'une impunité totale et de pouvoirs de plus en plus exorbitants. Donc le prélèvement à la source, tous les dispositifs aussi qui permettent à l'administration d'enquêter sur l'avis des contribuables. de les redresser plus facilement, de les sanctionner plus lourdement. Personne ne comprend rien, que ce soit l'administration ou même les avocats. Quand vous votez des dispositifs qui sont complètement flous, ça laisse une marge d'interprétation très importante, que ce soit pour le contribuable ou l'administration. Mais in fine, c'est quand même grosso modo l'interprétation de l'administration qui est toujours retenue. Dans le cadre de mon activité, je suis presque désabusée de voir à quel point on a du mal à se sortir de cet étau qui se resserre au niveau des contribuables. Conséquence de cette propension à la taxe, la France est, pour beaucoup de contribuables, devenue un véritable enfer fiscal. Le groupe de réflexion américain Tax Foundation compare depuis des années l'attractivité des pays européens et a, en 2022, placé la France à la toute dernière place. Cela ne devrait guère nous étonner. Qu'il s'agisse d'impôts sur les particuliers, les sociétés, la consommation ou le foncier, le constat est simple, la France se flatte d'être un modèle que personne n'a le génie de copier. Le modèle néolibéral est cuit, frit, terminé. on doit passer à autre chose. On nous dit, et ça c'est un des grands héritages de Mitterrand, on nous dit que la France est un pays ultralibéral, la France est un pays globalement où il n'y a pas assez de dépenses publiques, alors que nous sommes numéro 1 du monde. Donc c'est ça qui ne colle pas. C'est qu'on a quasiment 60% de notre PIB de dépenses publiques, entre 2020 et 2022, notre PIB a augmenté de 580 milliards d'euros. Et sur la même période, le PIB français a augmenté de 160 milliards d'euros. C'est complètement fou. Vous allez me dire, où va l'argent ? Où est parti l'argent ? Parce que c'est le problème. On peut décomposer les dépenses publiques par grandes fonctions, par politique publique, l'éducation, les retraites, la santé, etc. Quand on fait ça, on s'aperçoit qu'on dépense un peu plus partout. Ça serait facile, je dirais, s'il y avait un seul poste sur lequel on pourrait dire tout vient de là. Bon, il faudrait s'attaquer à cette dépense-là. Non, c'est réparti un peu partout. Alors évidemment, il y a des postes qui sont naturellement beaucoup plus importants dans tous les pays, comme les retraites. Partout, c'est la principale dépense. Donc forcément, l'écart est plus important sur les retraites, de manière assez mécanique. Mais même sur des petits postes relativement de dépenses par rapport aux autres, on dépense plus. Et ça s'est traduit en effet par cette augmentation du nombre d'agents publics. Composés des fonctions publiques d'État, territoriales et hospitalières, les effectifs de la fonction publique représentent plus de 5 millions d'agents, soit environ un emploi sur cinq. En 2019, la France comptait 93 fonctionnaires pour 1 000 habitants, quand l'Allemagne en comptait 57. Comment en est-on arrivé là ? Il y a un million de fonctionnaires de plus qu'à la fin des années 97. Depuis la fin des années 97, on a eu les 35 heures. Et la période dans laquelle on a le plus recruté, c'est bien les années 2000-2005, les années de mise en œuvre des 35 heures. Très souvent, les élus locaux sont extrêmement faibles en face de leurs employés. Par exemple, Marseille est totalement sous la coupe. du personnel qui s'occupe du ramassage des ordures. Pourquoi ? Parce que la puissance d'un groupe de salariés va être proportionnelle à sa capacité de nuisance. Sa capacité de nuisance, quand vous ramassez les poubelles plutôt que quand vous ne les ramassez pas, elle est absolument énorme. Donc vous êtes obligé d'accepter les conditions. Les conditions, c'est assez humain, vous voulez en faire le moins possible pour le plus de salaire possible. Vous n'avez pas beaucoup de capacité à imposer les choses. On arrive à ces situations ubuesques où on n'arrive même pas à faire respecter les 35 heures. D'ailleurs, c'était une blague qui circulait à Bercy au moment du passage aux 35 heures. Les 35 heures, on va y passer aussi dans l'administration, mais on va y aller par palier. D'abord 32, puis 33. En 2019, la durée du travail des agents publics était en moyenne de 9% moins élevée que celle du privé. Concernant l'âge de départ à la retraite, les différences de traitement sont connues. Ce qui les moinds, c'est le nombre d'années pendant lesquelles sont versées les retraites. A cela, il ne faut pas oublier d'ajouter que 80% des agents publics ont le statut de fonctionnaire à vie. Leur salaire est automatiquement réévalué selon l'ancienneté. La grande différence entre le public et le privé, c'est que les 10% de gens qui ne foutent rien dans le public Généralement, ils sont fortement syndiqués et compte tenu de l'organisation des administrations publiques qu'ogèrent les ministères. Quand votre appartenance à un syndicat explique plus votre promotion que de faire bien votre travail vis-à-vis de votre chef de service, une fois que vous avez inventé un système comme ça, voilà, vous vous assumez. Ça ne fonctionne plus. Les gens se reconnaissent plus dans un statut, dans un indice. que par rapport à leurs résultats dans leur poste de travail. Maintenant, vous vous rendez compte, on en est à faire des primes de présentéisme, pour les fonctionnaires. Pendant de très nombreuses années, quand on regardait les salaires, il y avait un écart de salaire entre le privé et le public, qui se justifiait parce que dans le public, on a la sécurité de l'emploi, donc on ne peut pas tomber au chômage, alors que dans le privé, malheureusement, il y a du chômage. Là aujourd'hui on se rend compte qu'il y a une sorte d'égalisation des salaires, donc on n'a quasiment pas d'écart en moyenne à un niveau équivalent entre les salaires dans le privé et dans le public. Par contre il y a toujours cette incertitude, cette insécurité sur le chômage. Pareil sur la retraite. La retraite aujourd'hui favorise bien sûr les fonctionnaires en termes de pension qu'ils vont toucher, parce que c'est sur les six derniers mois qu'on calcule la retraite, alors que sur le privé c'est sur 25 ans. On se rend bien compte que là aussi il y a beaucoup d'inégalités. Regardez dans la réforme de la retraite. Encore une fois, qui est complètement édulcoré, on a oublié tout ça. On devait supprimer les régimes spéciaux, on l'a complètement oublié. Donc c'est ça qui est complètement fou, c'est qu'on est dans le déni de réalité permanente. Moi c'est ça qui me rend fou, si vous voulez, parce que, encore une fois, on ne peut pas dire qu'on n'est pas prévenu. Mais au fait, au nom de quoi justifie-t-on de pareils avantages ? Pourquoi se manque-t-il l'élémentaire d'égalité ? Les agents publics s'abstiennent beaucoup moins que les autres électeurs. Donc ils représentent quasiment un quart du corps électoral. Donc plus le nombre des agents publics est élevé, plus le pouvoir électoral des agents publics est fort, et plus le contrôle que doit avoir le gouvernement sur son administration est faible. Si on ajoute à ça le fait que de nombreux de nos agents publics sont des élus, donc il y a une surreprésentation des agents publics dans le Parlement, mais c'est vrai en France, c'est vrai en Allemagne. C'est vrai dans beaucoup de pays, sauf dans les pays qui obligent les fonctionnaires qui souhaitent entrer en politique de démissionner. Et puis pour la France, 50% des ministres et secrétaires d'État du gouvernement Castex étaient issus de la fonction publique. Ça a été jusqu'à 80% sous Lionel Jospin. Donc on a une surreprésentation dans l'exécutif. Si à cela vous ajoutez le pouvoir de groupe d'intérêt, insider des agents publics, parce qu'ils ont un taux de syndicalisation qui est le double du taux de syndicalisation dans le privé, donc le pouvoir de pression de notre administration sur le gouvernement est à tous ces niveaux extrêmement puissant. Donc ça crée pour eux la possibilité d'avoir ce qu'on appelle des privilèges, des rentes. La rente, c'est la capacité à obtenir un revenu qui est un revenu qui ne correspond ni à une prise de risque, ni à un effort sous forme de travail. C'est donc un revenu qui est détourné de la capacité productive des autres. Et donc, pour y parvenir, la forme la plus naturelle, la plus simple, c'est d'être en situation de monopole. Donc, le monopole génère assez naturellement des rentes. Et pour rendre le système plus efficace, parce que celui qui obtient un revenu sans fournir d'effort... il s'installe dans la routine. En général, il en profite et il ne cherche pas à aller au-delà de la situation dans laquelle il est. Et donc, pour à la fois plus de justice et plus d'efficacité, il faut casser les monopoles, donc faire de la concurrence. Attention, jusqu'au tombeau, pour les prelots, 64 ans non. Les conservateurs ce sont ceux qui ne veulent rien changer parce qu'ils ont une rente. Et donc par définition les gens ont un statut, un statut protecteur, donc la fonction publique. Ils ne veulent rien changer. Ils ne veulent surtout pas qu'on revienne en arrière et qu'on les mette en situation d'être en concurrence, ce qui les obligerait à faire leur preuve. Et les syndicats font partie des conservateurs. C'est-à-dire qu'eux, il n'est pas question de remettre en cause les droits acquis, de remettre en cause justement... tout ce qui permet à quelqu'un d'éviter d'être évalué. Les syndicats à l'heure actuelle, eux, ils sont moins défenseurs des rentiers que rentiers eux-mêmes. Les leaders syndicaux représentant de moins en moins la population, étant de moins en moins pris au sérieux, transgressent l'esprit de la grève, c'est-à-dire ils passent de la grève au nom du peuple, pour le peuple, contre le patron, à une grève pour une minorité, au nom d'avantages acquis, contre la nation. La France compte la plus importante concentration d'élus de la planète. Avec ses 577 députés, ses 348 sénateurs, 2040 conseillers régionaux, 4042 conseillers généraux, 34 945 maires, 519 417 conseillers municipaux et les 38 000 élus intercommunaux, notre pays totalise 618 384 élus, soit un mandat pour 104 habitants. Record mondial. Les collectivités locales, c'est... C'est comme le reste, quoi, c'est trop compliqué. L'administration française comporte plusieurs couches, qu'on appelle le millefeuille, tellement il y en a. Il y a les communes, il y a le groupement de communes, qui est un truc un peu plus mystérieux. Au-dessus du groupement de communes, il y a le département, puis il y a la région, donc ça fait déjà quatre couches. Mais on a ajouté à ça les métropoles, parce qu'autour de Lyon, des grandes villes françaises, donc il y a la métropole qui remplace plus ou moins le département, mais pas complètement, puisque le département subsiste. Donc c'est en ce sens que... parce que ça ne cesse de se compliquer, même quand on veut rationaliser. Il y a eu une réforme des régions sous le mandat de François Hollande, objectif simplifié, économisé, raté. Ça n'a rien économisé du tout. Ça coûte très cher. Non, c'est l'État qui paye. Quand vous créez un objet... Il veut exister. Pour exister, il veut des missions et il veut des moyens pour les remplir et il en veut toujours plus. Et donc, plus vous créez d'objets et de couches, plus vous générez de désirs de dépenser. Ça a été particulièrement flagrant pour les groupements de communes, qui étaient faits au départ pour rassembler des centres de dépenses et acheter mieux, plus économique, etc. Et qui, en fait, a amené à une explosion des dépenses parce que, finalement, les communes... n'ont pas souhaité transférer les personnels correspondant aux fonctions vers le groupement de communes. Donc le groupement de communes a embauché des gens pour faire les choses en interface avec les gens sur les mêmes fonctions dans les villes. Et puis, alors là, l'erreur totale et épouvantable, le groupement de communes, qui au départ n'avait pas de capacité à lever de l'impôt en propre, a dit, nous, on peut faire plus de choses à condition de lever de l'impôt. Et on les y a autorisés. Donc à partir de là... La boîte de Pandore était ouverte et les gens ont levé de l'impôt, se sont inventés de nouvelles missions, etc. C'était une zone de non-droit démocratique puisque ces gars-là levaient de l'impôt, etc. sans avoir été élus pour se faire quelque part. Alors à un moment, je pense qu'il y a des énarques au gouvernement qui se sont dit Oui, c'est quand même un peu gênant cette affaire-là, on va organiser l'élection des membres du groupement de communes. Donc aujourd'hui, quand vous votez au municipal, vous élisez une liste et puis on vous dit Si on est élu, celui-là, là, il ira au groupement de communes. Et donc vous êtes censé élire le mec. pour aller au groupement de communes. Mais si vous avez l'audace de demander, je voudrais choisir, est-ce que vous pourriez me donner le programme du groupement de communes ? Il n'y a rien. Donc on vous demande d'élire un mec sur rien. Au-delà même du nombre d'élus, c'est toute notre organisation qui gagnerait à être questionnée. 34 945 communes, 18 régions, 101 départements, 234 sous-préfectures. A la fin, il s'agit de plusieurs dizaines de milliers d'échelons qui font exploser les dépenses, les effectifs, les missions publiques, sans que personne ne comprenne exactement qui fait quoi. Mais on est un petit service développement économique, vraiment. Un petit service qui redistribue 20 millions d'euros aux entreprises. Le petit souci, c'est qu'à quelques pas du conseil régional, au siège du département, il y a aussi un service qui s'occupe de l'aide économique aux entreprises. 35 personnes travaillent ici mais un entrepreneur qui aurait besoin d'argent peut aussi aller frapper aux portes du comité d'expansion du Puy-de-Dôme. Nous sommes une équipe de 13 personnes, donc dévouées au développement économique et territorial. Autre guichet possible, la communauté d'agglomération. Nous, on s'occupe de l'aide à la création d'entreprises. Après, une deuxième mission de la direction, c'est l'aménagement de zones d'activité. Encore 13 personnes. Et enfin, 2 autres agences de la région. Chapotées elles aussi par M. Elkaraz. On contribue à l'aménagement de beaucoup de zones d'activité. Encore 30 personnes. Toutes ces structures sont bien sûr financées par l'argent public. Et pour justifier leur présence sur le terrain, toutes mettent en avant le même argument. Le département, pour nous, c'est vraiment l'économie de proximité. L'action économique demande de la proximité. L'aménagement des zones, non, c'est vraiment un travail de proximité. Tout au long de mon parcours... J'ai pu mesurer l'engagement et les réussites des intercommunalités. L'intercommunalité, c'est l'échelon des projets structurants. Donc ça commence à l'Elysée, Matignon, l'Assemblée, le Sédin, les régions, les cantons, les communes, l'agglomération de communes, enfin bon, j'en passe, c'est des meilleurs départements, enfin bref, il y en a tellement que, bon bref, on... Et ce qui est fou, c'est que quand vous regardez, à chaque strata du millefeuille, il y a les mêmes dépenses. C'est incroyable, c'est ce que je veux dire, donc... La décentralisation c'était formidable, mais si on maintient les mêmes dépenses à Paris et ailleurs, quel est l'intérêt ? Sachant que la remarque des gestionnaires publics quand on leur dit ça n'arrête pas de dépenser ils disent oui mais les citoyens le demandent Et donc sous ce prétexte-là, on n'arrête jamais. Alors ce à quoi je leur réponds, bien sûr si on leur demande voulez-vous une piscine ? Ils vont dire bah oui on veut une piscine, sous-entendu si ça ne nous coûte rien Si on leur demandait est-ce que vous voulez bien une piscine à condition de payer chacun 100 euros de plus par an d'impôt ? Les opérateurs représentent plus de 479 000 agents. Depuis 30 ans, on a créé beaucoup d'agences indépendantes Ça a conduit à des dérives et ça a accentué le court-termisme de l'action publique parce que ces gens-là agissent essentiellement en fonction de la réglementation et n'ont pas de vision stratégique. Comme on l'a vu dans le refus de la fusion TF1-M6, des petits marioles ayant analysé le sujet ont dit Ah là là, TF1-M6, c'est gros en France Et comparé aux grands groupes américains, c'est quoi ? Ce ne sont même pas des minots, ce sont des sous-minots. Donc on aurait dû au contraire faciliter la création d'un groupe français. Alors non, ça sera très bien s'il y a des grands groupes italiens, allemands, qui viennent bouffer les français. Donc ces agences indépendantes sont devenues dangereuses. Il va falloir en reprendre le contrôle rapidement. La multiplication de ces agences permet en outre de créer de nombreux postes qui échappent aux règles de rémunération de l'administration et qui protègent de la recherche de responsabilité en cas de problème. On l'observe bien dans les travaux de la commission parlementaire sur le Covid. Les parlementaires ne sont pas parvenus à identifier les responsables des pénuries de masques, de tests ou de médicaments qui ont causé de nombreux décès. Entre la Direction Générale de la Santé, les ministres, le Conseil scientifique, Santé publique France, la Haute Autorité de Santé, le Haut Conseil de la Santé publique, le Conseil d'Orientation de la Stratégie Vaccinale, chacun estime avoir rempli sa mission, c'est-à-dire avoir scrupuleusement respecté les règles. Je rappelle que je ne connais aucun ministre en Europe qui se soit exprimé aussitôt devant ses concitoyens. Cela prouve quelque part mon degré de vigilance. Pour parvenir à se moderniser... Depuis une dizaine d'années, l'État a aussi multiplié les recours à des cabinets de conseils privés. Tant et si bien que le Sénat parle d'un phénomène tentaculaire. La Cour des comptes a fait le bilan. Depuis 2015, les achats en prestations intellectuelles des ministères ont plus que triplé. Les dépenses pour les conseils en stratégie ont été multipliées par 12 et par plus de 20 en matière de communication. Dans le fond, on avait pris sans doute trop l'habitude de dire voilà, l'administration n'est pas capable de faire ce travail On va externaliser et demander à des cabinets de conseil. Je pense qu'il y a eu effectivement une dérive. Je souhaite que chacun se reprenne. Tout le monde y a intérêt. Quand vous êtes en politique, vous avez en permanence, tous les jours, des gens qui viennent vous dire blanc et noir et gris, tout le temps, qui vous disent que vous... Vous n'avez d'ailleurs que des gens qui viennent vous dire que vous faites mal, parce que par définition, il y a peu de gens qui viennent vous féliciter et vous dire que vous faites bien. Votre problème, c'est que vous avez des exigences contradictoires en permanence, vous êtes obligé de satisfaire des publics extrêmement divers, vous avez une ambiguïté sur ce que vous devez vraiment faire en réalité, parce que ce n'est jamais tout à fait simple, d'ailleurs ce qu'on appelle le bien commun est peut-être variable selon les moments, et puis il y a un décalage terrible entre le moment où vous prenez une décision et le moment où cette décision se révélera bonne ou mauvaise. Regardez, si on est dans la merde du point de vue énergétique, c'est à cause de décisions qui ont commencé avec Lionel Jospin. Aujourd'hui, Lionel Jospin jouit d'une retraite bien méritée sur l'île de Ré. On ne va pas aller le chercher et mettre sa tête au bout d'une pique. Je veux dire, ça ne sert à rien. Une autre époque, peut-être qu'on l'aurait fait. Mais c'est trop tard, c'est fini. Tous ces gens-là sont partis. Quand on aura vu que les décisions sont bonnes ou mauvaises, de toute façon, la personne, elle est partie depuis 20 ans. Très souvent, elle est déjà morte. C'est un métier... prodigieusement difficile et qui va nourrir, effectivement, parfois la facilité de ce qu'on appelle le clientélisme. Le clientélisme, c'est la façon la plus facile d'avoir un succès rapide, d'avoir des gens qui vous apportent de la satisfaction et vous remercient, c'est-à-dire que pour chaque clientèle, vous allez apporter des réponses. Je me souviens, quand j'étais directeur de campagne, on recevait des lettres nous expliquant il y a des types de demandes, soit vous me donnez un emploi, soit vous me donnez un logement social. Souvent les deux en même temps d'ailleurs. Un logement social, en général, on veut beaucoup de pièces, que ça soit lumineux, bien distribué. Un député, en permanence, il reçoit des demandes de ce type-là, c'est une grande partie de son activité. Et malheureusement, ce qu'il faut dire c'est que le clientélisme ça marche. Il y a des gens qui sont devenus président de la République comme ça. Ça marche sur le long terme. Vous allez voir monsieur le maire, monsieur le maire s'il fait bien son travail, il va vous avoir la place en crèche. Il va vous avoir le passe-droit, le logement, le boulot. C'est bien de recommander parfois, c'est normal. Mais parfois, ça devient aussi la façon dont le système fonctionne. Évidemment qu'il y a des gens qu'on a aidés, mais moi, je m'honore d'avoir aidé tout le monde, tous ceux qui me l'ont demandé. On a eu une explosion de la dépense publique locale depuis 40 ans, depuis la création du statut de la fonction publique locale. Et là, il faudrait en mettre de l'ordre aussi, parce qu'on parle beaucoup des grands élus, des ministres. des sénateurs ou des députés, mais il faudrait regarder de très près ce qui se passe aussi dans certaines baronies locales, parce qu'il y a toutes sortes de tickets d'entrée ou de participation à des conseils d'administration, des syndicats mixtes, etc., où les collusions et l'argent public tournent pas mal pour certains élus. Le chemin qui est le nôtre, celui de ma majorité, est celui de l'honnêteté, celui de la probité. Il n'y a pas de hausse d'impôts et il n'y en aura pas. Moi, je tiens toujours ma parole. L'étude de la gestion de la ville de Paris est un cas d'école. Depuis 2014, la dette a plus que doublé, tandis que les impôts explosent. Je ne gouvernerai pas en me contentant d'ajouter de la dette à la dette. En 2001, quand les socialistes ont pris la mairie, il y avait un milliard de dettes. Et là, plus récemment, Mme Hidalgo a doublé la dette en 8 ans. En 2001, il y avait 40 000 fonctionnaires, il y en a maintenant 55 000. Je ne pense pas que Paris était très mal gérée pendant la période qui a précédé. Et donc, si on fait le rapport par habitant, ça fait un fonctionnaire pour 39 habitants à Paris, à Rome pour 95, à Londres pour 107. C'était des fois plus parlant que des dizaines de milliers dont on ne se rend pas compte ce que ça reprend. Encore que 55 000, c'est une ville. Donc voilà pour des dépenses faramineuses, rien que pour elle, cette chère madame le maire, elle a 236 personnes à son cabinet et 416 je crois à son service de communication. Il y a entre 250 000 et 300 millions de subventions aux associations, dont certaines on se demande si elles ont une existence réelle, il n'y a jamais de contrôle. Moins économes, endettés jusqu'au cou, suradministrés et moins équipés. Paris perd plus de 10 000 habitants chaque année. Je suis quand même une vraie colo, je suis une vraie femme d'action. Regardez ce que j'ai fait à Paris, imaginez ce que pourrait être le pays. Je crois que le message est passé, merci madame Hidalgo. Depuis 1807, la Cour des comptes s'assure du bon emploi de l'argent public. Elle certifie les comptes de l'État et a la charge d'évaluer l'efficacité des politiques publiques. Par ses rapports, la Cour contribue à l'information des citoyens, mais quelle est sa véritable influence ? Qui contrôle les dépenses ? Comme vous le savez, évaluer une politique publique signifie, étymologiquement, en juger la valeur. En d'autres termes, ça revient à établir si une politique mérite d'être engagée, poursuivie, modifiée, amplifiée ou encore suspendue. La Cour des comptes n'a qu'un pouvoir très limité sur les comptables publics qu'elle peut juger, etc. Mais c'est une fonction, c'est pour ça que c'est une juridiction. Mais c'est un rôle qui est très, très limité, qui n'est pas très connu du grand public d'ailleurs. Pour le reste, la Cour des comptes fait des rapports, mais personne n'est obligé de suivre les rapports de la Cour des comptes. Et quelque part, c'est normal. Et c'est pareil dans tous les pays. Parce que dans un pays démocratique, le pouvoir de décision, il appartient aux élus. On n'a pas élu les gens de la Cour des comptes pour faire de la politique à la place des gens qui sont élus pour le faire. Sinon, on met un comptable à Matignon et le comptable, il fait les comptes et à la fin, il rend son équation. Puis il s'en fout, comme il n'est pas élu, ce n'est pas son problème. Excusez-nous de faire de la politique. Comment voulez-vous, député, aller contrôler un budget de 30 milliards, mes chers amis ? Quand vous allez contrôler, de façon professionnelle, dans les entreprises publiques, et que vous regardez un peu les syndicats, vous recevez un coup de téléphone de maintenant qui vous dit... Monsieur le député, est-ce que vous pourriez calmer le jeu ? Parce que les syndicats nous ont appelés, si vous n'arrêtez pas ce contrôle, ils dénoncent tous les accords qui ont été passés avec nous, donc vous voyez, c'est pas possible. Donc vous êtes rapporteur, vous recevez quasiment la consigne de ne pas contrôler, bien sûr, les comités d'entreprise ou les syndicats, etc. Donc le système, il est bloqué. Mais on critique beaucoup le pôle syndicaliste, mais finalement, il n'est que l'image en miroir du pôle beaucoup moins visible, qui est le pôle de la haute fonction publique. Et finalement... Ils savent comment se retrouver, ils ont des modes de fonctionnement assez semblables. La CGT, comme d'autres syndicats, est un syndicat très corporatiste. Donc il y a des réflexes de fonctionnement, de pensée qui sont les mêmes. Et j'ai entendu certains de ces hauts fonctionnaires, effectivement, dire ouvertement que la Cour des comptes, ils s'en foutaient. Par exemple, dans le fonctionnement des grands ports français, le corps des ponts occupe tous les postes importants du cabinet ministériel, des fois même le ministre, donc de ce niveau-là jusqu'au directeur général des établissements publics. avec une présence dans tous les postes intermédiaires de l'administration et aussi dans un organe qui est un organe de contrôle. Un organe d'experts qui lui est rattaché directement au ministre. C'est-à-dire qu'ils sont dans l'organe de contrôle et ils sont dans toute la ligne hiérarchique, hiérarchique et puis para-hiérarchique, de tout ce qui fait fonctionner le port à haut niveau. Donc là on comprend bien... et ça explique la désinvolture avec laquelle je les ai vus couramment pendant des années, ces gens ne risquent vraiment rien. Imaginez un groupe assez fermé dans lequel vous avez à la fois les auditeurs et les audités. du jour, qui peuvent, quelques mois plus tard, quelques années plus tard, intervertir les rôles. Si je n'étais plus député, je redeviendrais conseiller référendaire à la Cour des comptes. Qu'est-ce que ça veut dire ? Ça veut dire que si je ne faisais absolument rien à la Cour des comptes, je continuerais à gagner 15 000 francs par mois, 25 000 si je faisais des rapports, mais sans forcément en faire énormément. Je pourrais doser mon travail, rester chez moi quand je suis fatigué. aller à la cour des comptes dans mon bureau pour passer des coups de téléphone. Bref, je serai totalement libre, je serai un vrai privilégié, comme je l'étais avant d'être élu député. Ce qui est le plus grave, c'est qu'il n'y a aucun contrôle à postériori. Il y a de la mécanique de finance et de gestion, mais à aucun moment on vient voir, après la réalisation du projet, bon là tu m'as promis un million de tonnes, elles sont où ? Tu m'as dit dans la justification que c'était pour développer tel marché. On n'a jamais demandé les études, initialement. J'ai vu des projets dans lesquels les études n'existent pas. Et donc on se dit, le réel, je l'aimerais bien comme ça. L'audience solennelle de rentrée, chaque année marquée par l'arrivée des nouveaux auditeurs, issus de l'école nationale d'administration. Leur installation, en présence des hautes personnalités qui nous font le plaisir et l'honneur de leur présence, renforce la charge symbolique de leur entrée dans la carrière de magistrat des comptes. Mesdames, messieurs, veuillez lever la main droite. Vous jurez de bien et fidèlement remplir vos fonctions, de garder le secret des délibérations et de vous comporter en tout comme de dignes et loyaux magistrats. Ça donne le sentiment que la Cour des Comptes, c'est un endroit où de jeunes énarques peuvent aller s'entraîner analytiquement, écrire des rapports brillants. Mais sans risque, puisque de toute façon, il n'y a pas de suivi, il n'y a pas d'effet. Et donc quand ils repartent, 5 ans après, une nouvelle promotion de Jeune des Narcs peut refaire le même rapport, s'entraîner à nouveau, faire encore mieux peut-être, mais toujours sans le moindre effet. Ça c'est un effet pervers de l'état de non-droit qu'on a gentiment organisé dans lequel on vit. C'est-à-dire que les organismes de surveillance ou de police, entre guillemets, d'utilisation de l'argent ou de respect de la loi, ne se voit pas donner le pouvoir de punir. Un exemple très frappant, c'est ce qu'on appelle la CADA, ça veut dire la commission d'accès aux documents administratifs, qui est un service de l'État puissant, bien organisé, puisqu'en principe, beaucoup de documents sont publics, donc si vous voulez des détails sur les comptes de votre commune, de votre région, etc., vous pouvez les demander. Donc il y a beaucoup de documents qui sont dits publics, produits par l'administration, et quand vous les demandez, on vous les doit. Moi je fais un usage immodéré de l'ACADA parce que je suis curieux et on me refuse en général les documents que je demande et à chaque fois je gagne entre guillemets. Ce n'est pas une indiction de justice, on n'est pas condamné, il y a juste un avis de l'ACADA que la collectivité peut décider de suivre ou non. Souvent elle le suit mais pas toujours. Et donc si vous voulez derrière aller plus loin, il faut aller au tribunal administratif, ce qui est là une entreprise que beaucoup de citoyens ne font pas, mais on ne va jamais tenir compte de l'efficacité de gestion. pour punir ceux qui dépensent beaucoup ou pas. Il est temps que dans ce pays nous soyons capables de soulever le capot des politiques publiques pour aller chercher ce qui marche et ce qui ne marche pas. Nous avons échoué dans divers exercices, sous divers présidents et sous divers gouvernements. Là maintenant il faut vraiment s'y mettre parce qu'on est confronté à ça. Sinon nous risquons d'avoir une insatisfaction générale par rapport à ces problèmes encore une fois. Beaucoup de dépenses, une efficacité perçue et réelle insuffisante. Des prélèvements obligatoires qui pèsent sur tout le monde et qui finissent par provoquer quand même des réactions, ce n'est pas comme ça que nous devons faire. Cette activité de contrôle de la Cour des comptes est assez bien menée. En revanche, effectivement, toute l'activité de conseil est une activité qui est totalement vaine. C'est-à-dire, le président de la Cour des comptes, à l'occasion de ses voeux, a dit qu'il était préoccupé. Mais tout le monde s'en fout. Dans une vraie démocratie. Les gens qui votent le budget sont ceux qui sont les représentants des contribuables et qui devraient faire en sorte que les dépenses soient tenues, que les budgets soient sincères, parce qu'il y a cette notion d'insincérité qui a été introduite, notamment par le Conseil constitutionnel, et de faire en sorte qu'on en ait pour son argent, c'est-à-dire que les dépenses non seulement sont tenues, mais qu'elles sont orientées dans les secteurs où on a besoin de dépenses publiques. Or, les parlementaires ne font... jamais ça. Un député, ça a été conçu au départ dans les grandes réformes du XIIIe siècle au Royaume-Uni, enfin en Angleterre à l'époque, chez les Plantagenets, c'était là pour contrôler ce que fait le roi de l'argent des contribuables. Donc en gros, par exemple, en 2021, l'État a dépensé 10,5 milliards en aides publiques pour les associations. Juste l'État, hors collectivité locale, etc. Donc c'est quand même un gros budget. Mais le problème, je viens de le dire, 2021. Pourquoi ? Parce que ce document qui répertorie les subventions des associations en 2021, c'est celui du projet de loi de finances de 2023. C'est-à-dire qu'on demande aux députés de contrôler ces dépenses qui ont déjà été engagées, ces subventions à des associations, deux ans après. Et tout est à peu près comme ça. Sur les agences de l'État, c'est pareil. Vous avez un jeune budgétaire consacré aux opérateurs de l'État. On a regardé un petit peu près avec certains parlementaires. Le problème, c'est que les données sont extrêmement lacunaires. Vous avez effectivement des évaluations qui sont faites, l'État présente telles dépenses, les recettes, mais si on regarde vraiment dans la mécanique, vous comprenez qu'il y a beaucoup de choses qui manquent. Le parlementaire, le député, il reçoit et va recevoir des documents budgétaires qui ont été faits par l'administration, par l'État, et les vérifications des informations de l'État, c'est l'État lui-même qui les fait. Les parlementaires n'ont pas le moyen de démonter la mécanique et de voir réellement ce que dit l'État. Est-ce qu'il y a une telle dépense qu'en grand il qu'engage l'État ? Et justifier, parce qu'ils n'ont pas le temps, ils n'ont pas les moyens humains de faire ce travail de contrôle. On peut gloser, dire il y a trop d'élus, il y a trop de députés. C'est vrai. Moi je serais même assez partisan d'une forme de réduction peut-être du nombre de députés. Mais le Parlement doit être doté de moyens supplémentaires. De moyens supplémentaires pour justement opérer cette mission de contrôle qui existe par exemple au Parlement britannique. Il y a ce qu'ils appellent chez les Britanniques le National Audit Office. En gros, c'est une super cour des comptes pilotée par des parlementaires. Il y a le droit de sanction. Aujourd'hui, la cour des comptes a fait des super rapports, mais qui ne sont très peu suivis des faits. Pour 2017, nous disons qu'il y a des éléments d'insincérité. Comment appelez-vous des sous-budgétisations récurrentes et connues ? Trouvez-moi d'autres mots ! L'évaluation des politiques publiques n'est pas faite dans ce pays au niveau auquel on devrait l'être. Je vous donne un exemple que j'ai. expérimenté quand j'étais au gouvernement. Il y a ce qu'on appelle les études d'impact. Mais ces études d'impact qui évaluent potentiellement les conséquences en termes économiques, pour notamment les PME, des lois votées, ces études d'impact sont faites par l'administration elle-même. C'est-à-dire qu'il n'y a pas d'indépendance. Entre les projets de loi de l'administration qui sont proposés au gouvernement et que celui-ci fait ou ne fait pas, et les fonctionnaires qui vont mesurer l'impact de ces lois. Autrement dit, on laisse aux fonctionnaires le soin de mesurer l'impact des lois qu'ils vont produire. Demander à l'État de réformer l'État, c'est demander à la dinde de préparer Noël. C'est forcément très compliqué. Vous allez forcément devoir prendre des décisions qui ne sont pas dans votre avantage immédiat, parce que votre avantage immédiat en tant que responsable, c'est d'avoir le plus de gens sous vos ordres, c'est d'avoir le budget le plus grand, et c'est humain, ce ne sont pas des gens méchants, c'est normal, c'est tout à fait humain, vous allez avoir le plus d'importance possible, le plus de prestige possible. On n'a quand même beaucoup de mal à évaluer les gens sur, par exemple, la baisse des crédits qui leur sont alloués. Alors que si on veut réformer l'État, à un moment donné, il va bien falloir baisser les crédits quelque part. Donc il faudrait pouvoir récompenser quelqu'un parce qu'il a réussi à baisser ses crédits. Et puis c'est vrai que c'est difficile à évaluer l'efficacité. d'une administration, c'est très compliqué. Et comme vous n'avez pas beaucoup de key performance indicators, un indicateur de performance, que vous allez mettre un peu plus facilement en entreprise, on voit le nombre de produits que vous avez vendus, c'est facile. Mais c'est très compliqué à voir dans l'administration. Nous avons eu des tentatives de réprimer la dépense publique, ou de la freiner. J'ai moi-même participé à ce qu'on appelait la revue générale des politiques publiques, qui était l'idée qu'en examinant... chaque dépense, on allait pouvoir freiner cette dépense, voire la baisser. Ça n'a eu aucun effet. Les fonctionnaires, par nature, ces hauts fonctionnaires, participent à l'élaboration des politiques et ne sont pas forcément les mieux placés pour juger la nécessité de mettre fin à telle ou telle politique publique. Ils n'ont pas l'expérience de produire de la richesse, qui est quand même la priorité aujourd'hui. Vous savez, dépenser l'argent... C'est plus facile que de le produire. Le problème, c'est qu'aujourd'hui, c'est intouchable. Ils ont tous les leviers du pouvoir. Aujourd'hui, quand on a réussi les bons concours, on est garanti d'un succès ou d'une protection à vie. Est-ce que c'est totalement juste ? Est-ce que c'est totalement bénéfique ? Non. Je souhaite que nous mettions fin au grand corps. Ce que j'appelle la caste, ce sont tous ces hauts fonctionnaires qui occupent les plus hauts postes de l'administration française. et qui sont issus de, très principalement, les trois plus prestigieux corps d'État, que sont l'ENA, le corps des mines et le corps des ponts. Tous les membres du groupe bénéficient de privilèges exorbitants. Et pour moi, le privilège le plus exorbitant qui soit dans le monde actuel, c'est l'impunité. Eux savaient... Que quoi qu'il arrive, de toute façon, ils allaient progresser dans la carrière. Quoi qu'il arrive, que la décision soit bonne, soit pas bonne, ils n'en paieraient pas le prix. En servant le corps au mieux, ils recevront en retour une protection d'autant plus efficace. A la fois une protection et à la fois, comment dire, une garantie d'être dans la lumière si un poste à haut niveau se débloquait. Il y a une organisation qui est très fermée, qui a... Pour principal enjeu, non pas l'intérêt collectif, mais l'intérêt du groupe. Ce sont des gens qui peuvent à la fois mener une carrière politique et être hauts fonctionnaires. Alors ils peuvent se détacher pendant un certain temps. Et là encore, c'est merveilleux dans ce monde. On ne perd jamais, on ne peut que gagner. Puisque le mandat politique s'arrête, je reviens dans mon poste de haute fonction publique. On l'a vu récemment avec certains ministres. qui ont récupéré des postes extrêmement prestigieux parce qu'ils avaient rendu des services au gouvernement. À partir du moment où vous mettez dans le cœur du pouvoir exécutif de l'État des gens qui pensent tous la même chose parce qu'ils ont eu la même formation, forcément le pays n'avance plus. C'est la situation où nous sommes aujourd'hui, avec une confiscation du pouvoir par des gens qui ont tous la même intelligence. Pour moi, la France n'est plus une démocratie, c'est une monarchie technocratique. C'est-à-dire un pouvoir confisqué par les technocrates. Et donc la bureaucratisation va avec la technocratie, donc un kratos à la technique. Et ça, ça ronge notre démocratie parce qu'elle n'est plus une démocratie. Elle est une bureaucratie à tendance technocratique. Merci à vous ! Un de nos grands drames aujourd'hui, c'est qu'on n'a plus de politique en réalité. On n'a plus de politique ayant suffisamment de colonnes vertébrales. On en aurait besoin, de politique ayant cette colonne vertébrale pour faire pièce à une administration qui, la plupart du temps, finit par être livrée elle-même. L'administration a ses propres agendas, son prestige personnel, son pouvoir personnel, sa propre vision des choses aussi, de ce qui est souhaitable, et sa propre compréhension des mécanismes économiques, malheureusement parfois imparfaites. Que ce soit sur sa gestion des transports, de l'industrie, des services ou de l'énergie, l'État a, ces dernières décennies, surtout brillé par sa mauvaise gestion. Le cas des ports est à ce titre significatif. Alors que la France possède le deuxième domaine maritime mondial et plus de 17 000 km de côte, on ne compte aucun port français dans le top 10 européen. Le commerce mondial sur la planète est représenté à 90% par le commerce maritime. Dans le contexte mondial entre 2000 et 2019, l'activité maritime s'est accrue de 100%. A côté de ça, les ports français ont une progression de 0,25%. J'ai tendance à dire que ces gens-là ont été au pouvoir. pendant ces 20 ans, et que parmi ces gens-là, c'est toujours les mêmes. Alors j'ai tendance à dire qu'ils ont forcément une part de responsabilité. Forcément. Et aujourd'hui surtout, c'est qu'on n'a pas l'impression que ça change. Ce sont toujours les mêmes. J'ai découvert en 2012 que 6 personnes, exactement de la même promo, copains d'école, occupaient 6 des grands ports d'État. Il y a une impunité professionnelle, on se connaît, on est même amis, on part en vacances ensemble. Donc il y a l'entre-soi, on ne peut pas faire plus fort qu'un entre-soi. Dans ce contexte, on a un affaiblissement général du pays qui a été accentué par le fait que l'erreur d'appréciation des années 90 sur l'entrée supposée dans un monde post-industriel, cette erreur elle est capitale. centrale, décisive, parce que alors qu'on pensait qu'on entrait dans un monde post-industriel, on entrait en réalité dans un monde hyper-industriel qui est dominé par la révolution informatique. Aujourd'hui, la banque, l'assurance, les services informatiques font partie de l'industrie, la logistique fait partie de l'industrie, la télévision, tout ce qui est numérisé fait partie de l'industrie. Donc il faut revoir... réimaginer totalement les systèmes économiques en fonction de ce nouveau paradigme. Alors qu'environ 70% des échanges internationaux concernent le secteur industriel, la France se trouve être le deuxième pays le plus désindustrialisé de la zone euro. En réalité, la France n'a pas eu de politique industrielle depuis 30 ou 40 ans. Et donc notre industrie, elle a disparu, divisé par deux, de 20 à 10% de notre richesse nationale, en l'espace que... De quelques décennies, c'est un vrai scandale politique et un vrai scandale économique. Comme nous produisons moins que d'autres pays, nous gagnons moins et nous importons davantage. Notre balance commerciale est à ce titre éloquente. Avec 164 milliards d'euros de déficit en 2022, nous avons même dépassé notre record historique. En 20 ans, la part de la France dans les exportations mondiales a été divisée par deux. Le souci est que cette désindustrialisation a été mécaniquement causée par les impôts qui la frappent. Payées par toutes les entreprises, qu'elles soient bénéficiaires ou non, les impôts de production représentent 4,5% du PIB contre 1% en Allemagne. Une partie significative de la population se croit épargnée par cette fiscalité, alors qu'en réalité chaque ménage assume par ricochet la fiscalité ciblant les entreprises. Donc venez en France, croyez-moi, nous serons vous taxés. Ainsi, pour pouvoir distribuer 100 euros de pouvoir d'achat réel, l'employeur français doit en moyenne s'acquitter de 217 euros. dont 66 de charges patronales. Les salariés français sont en théorie parmi les mieux payés de l'Union européenne, mais les charges et impôts sont si nombreux qu'ils représentent plus de la moitié du salaire. Résultat, personne n'est satisfait. Avec d'une part des employeurs inquiets de l'envolée du coût du travail, et de l'autre, des salariés ayant l'impression d'être mal payés. Mais peut-être est-il temps de se demander où va l'argent ? Le plus gros poste de la dépense publique englobe principalement les retraites, la santé et les allocations chômage. C'est la protection sociale. En 2021, cette protection a représenté 834 milliards d'euros. Mais si nous sommes les champions du monde des prélèvements, c'est qu'en échange, nous avons tous ces services publics qui fonctionnent. Enfin, ça, c'est la théorie. Le gros problème, c'est qu'avec notre poids des dépenses publiques en France, on serait en droit de demander un État protecteur. Je rappelle que les dépenses sociales, c'est 32% de notre PIB en France. Donc on est quand même très très loin. Et donc ce qui veut dire que, par rapport à ça, on serait en droit de se dire Voilà, en France, on doit avoir la meilleure santé, le meilleur système de protection sociale, etc. Alors ça marche un petit peu, parce qu'il y a quand même un taux de pauvreté qui normalement devrait être à 22%, là on est autour des 14-15%. Il y a quand même 5 à 6 millions de personnes qui sont sauvées. Donc ça marche un petit peu, mais... Le gros des Français, malheureusement l'essentiel des Français, ils ne perçoivent pas cela. Et c'est ça qui est très dangereux. C'est qu'on est en train de déliter la société française. Qu'est-ce qui fait qu'un pays puissant ? Ce n'est pas tellement qu'il y ait des très riches ou des très pauvres. Normalement, effectivement, il ne doit pas y avoir beaucoup de très pauvres et pas beaucoup de très riches. Et on doit avoir une classe moyenne, justement, qui se porte bien, qui est vigoureuse, qui a de l'espoir, qui est optimiste. Alors là, qu'est-ce qui se passe depuis une dizaine d'années ? on a la classe moyenne inférieure qui s'appauvrit. Ça c'est nouveau. Donc là, on voit bien que malgré beaucoup de dépenses publiques, ça ne marche pas. Donc ce n'est pas un problème de quantité de dépenses publiques, mais de qualité de la dépense publique. C'est-à-dire qu'il faut complètement repenser le fonctionnement de l'État quand on voit que les dépenses de fonctionnement, justement, augmentent de 10 à 15 milliards d'euros chaque année depuis 15 ans. Et moi je le dis depuis 15 ans, si vous voulez. Et les chiffres sont connus, sont libres sur le site de l'INSEE. Et personne ne fait rien. On met un peu de new-down dans des minima sociaux, les gens ils sont quand même pauvres, on n'en sort pas. Les gens qui restent pauvres, ils restent pauvres. Ceux qui tombent pauvres, ils restent pauvres. On doit faire un truc qui permet aux gens de s'en sortir. La Cour des comptes a relevé que tous les ans, dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale, il y avait une vingtaine de recettes qui changeaient d'affectation. Une espèce de tuyau, et alors de temps en temps, on tourne un tuyau d'un côté, on le tourne de l'autre, on fait un arros à gauche, à droite, et donc tout ça effectivement... C'est l'imposture parce qu'on ment. Le gros problème de la sécurité sociale, c'est que les gens qui nous disent ça ne coûte pas si cher que ça à nous non. Mais alors à nos enfants, qu'est-ce que ça va leur coûter ? Parce qu'il y a une caisse d'amortissement de la dette sociale qui était prévue pour durer 15 ans. Elle avait été créée en 1996. Elle est toujours là et je pense que je ne la verrai pas à la fin. Il y a un problème de lisibilité et il y a un problème de mensonge au travers d'un monopole qui s'endette. Notre pays a atteint aujourd'hui une sorte de tolérance fiscale zéro, je ne sais pas si on peut l'appeler comme ça, mais c'est souvent comme ça qu'elle est exprimée. Les gilets jaunes, vous savez, à l'origine c'est quand même une révolte fiscale, et à cette occasion-là, le Trésor avait publié une note qui permettait de comprendre à quoi servait en fait 1 000 euros de dépenses publiques. Et on s'est aperçu que plus de 50% de la dépense publique était dans la redistribution, et surtout qu'en fait une infime partie de ces 1 000 euros de dépenses publiques étaient consacrées... aux fonctions régaliennes. Le montant qui est consacré aux fonctions régaliennes, c'est à peu près entre 60 euros et 66 euros, sur 1000 euros de dépenses publiques. Donc on comprend mieux pourquoi les commissariats sont dans un mauvais état, la justice est dans un mauvais état, et en fait les besoins primaires de l'individu ne sont finalement pas satisfaits par les impôts. Aujourd'hui on ne peut plus vraiment augmenter les impôts, on les augmente mais de façon dissimulée, et il me semble qu'il faut bien mettre en évidence que... Une façon d'augmenter les impôts aujourd'hui est de soi-disant lutter contre la fraude fiscale pour redresser de plus en plus de contribuables. Moi je me suis engagé dès mon arrivée à Bercy il y a un peu moins d'un an à bâtir à la demande du Président de la République un plan de lutte contre toutes les fraudes fiscales, sociales et douanières. C'est un enjeu de finances publiques mais c'est aussi un enjeu de cohésion nationale. La fraude aux finances publiques en France se divise en deux, la fraude sociale et la fraude fiscale. La fraude fiscale tout le monde sait ce que c'est. ça va être la fraude éventuellement à l'impôt sur le revenu, les gens qui n'éclairent pas de leur revenu, ou alors qui se débrouillent pour faire une fraude à la résidence, c'est-à-dire dire qu'ils n'habitent pas en France pour ne pas payer d'impôts, etc. Mais ce n'est pas en réalité la principale fraude fiscale. La principale fraude fiscale, c'est la fraude à la TVA, qui est d'ailleurs non pas véritablement une fraude chez les entreprises, mais c'est surtout une fraude de la part de réseaux criminels organisés, qui ont compris depuis des décennies qu'ils peuvent gagner énormément d'argent. en faisant des escroqueries à la TVA. D'ailleurs, c'était les mafias italiennes qui avaient commencé à faire ça. À côté, vous avez la fraude sociale. Et là aussi, la fraude sociale, elle se décompose en deux catégories. La fraude aux cotisations sociales, c'est-à-dire l'argent qui ne rentre pas, le travail au noir, la sous-déclaration de retravailler, etc. Et de l'autre côté, la fraude aux prestations sociales. Là, c'est l'argent qui sort, qu'on paye. Et donc là, c'est toutes les fraudes aux allocations, assurances maladie, le chômage, etc. Les retraites, tout ce qui est prestations sociales. Donc sur l'évaluation qu'on peut faire du montant de la fraude aux cotisations sociales, là vous avez des données qui sont divergentes. Les URSAF, elles, sont plutôt vers 9 milliards d'euros de fraude chaque année. Moi quand j'étais à Bercy, à l'époque, à la délégation adulte qu'on prend à fraude, les données que nous avions, et que nous avions avec la Cour des comptes, on évaluait plutôt à 25 milliards d'euros en fourchette haute cette fraude aux cotisations sociales, ce travail au noir, cette activité non déclarée. Tout ce qui est emploi d'étrangers sans titres etc. Ce qui l'a encore est énorme parce que cet argent qui n'est pas payé, qui est-ce qui le paye d'après vous ? C'est le contribuable, c'est toujours nous qui le payons cet argent. Et donc ce sont des sommes énormes. Déjà on est sur quasiment une vingtaine de milliards d'euros de fraude aux cotisations sociales. Mais surtout on s'est rendu compte qu'on avait dans notre système beaucoup plus de personnes qui sont assurées sociaux pris en charge que de gens qui existent. Nous avons, et ça c'est des chiffres de la Cour des comptes, 75 300 000 assurés sociaux en France pris en charge pour 67 millions d'habitants. Une fois qu'on a dit ça, on a tout dit, tout le monde a compris qu'il y a un problème. Dans un pays dans lequel vous dépensez 900 milliards d'euros en protection sociale, il ne faut pas s'étonner que des petits malins ou des bandits qui viennent essayer de vous voler de l'argent, ils arrivent à en gratter 5% et ça fait 50 milliards à la sortie, 45-50 milliards à la sortie. Voilà, il y a une logique implacable, c'est la logique des chiffres. Et donc quand vous agrégez tout ça, ce qu'on peut estimer de la fraude fiscale, de la fraude aux cotisations sociales, de la fraude aux prestations sociales, on arrive globalement, et sur un chiffre assez cohérent, effectivement à une centaine de milliards d'euros. De fraude aux finances publiques, tout confondu, en France chaque année. Et en fait, c'est 100 milliards qui nous manquent, c'est 100 milliards qui sont prélevés en plus chez tous les contribuables. Voilà, c'est l'argent qui nous est volé. Qu'ils estiment ou non le montant des fraudes, les organismes sociaux perdent en tout état de cause des sommes considérables. Au titre d'erreur, pour certaines, il y a des fraudes qui ont un caractère définitif d'avoir été détectées et corrigées. En 2018, les CAF... On versait environ 3 milliards d'euros de prestations à tort sur environ 4,5% de l'augmentant total. Si les organismes sociaux subissent des pertes élevées au titre de fraudes et d'irrégularités, c'est parce que les contrôles ne sont pas suffisamment nombreux. Moi à l'époque, quand j'étais à Bercy, on est en 2011, Yannick Hulot qui vit qu'il allait devenir le patron d'Eurofisc. Yannick m'explique qu'ils ont un nouveau logiciel en Belgique qui est... extraordinaire qui leur a permis d'éradiquer 80 à 90% des escroqueries à TVR. Donc moi, en 2011, Yannick Hulot me raconte ça. Je lui dis, mais dis donc, il est super ton logiciel, on peut l'utiliser en France. Ah ouais, vous avez le même système que nous, pas de problème. Je rentre à Paris, à Bercy. Je dis, les gars, on arrête tout, j'ai un super truc. Et je leur explique. Ah ouais, génial. Et donc, on va voir la Direction générale des finances publiques, les impôts, et là, ils nous disent, on n'en veut pas. Ben, comment ça vous n'en voulez pas ? On perd des milliards et des milliards tous les ans, là on pourrait bloquer, peut-être gagner 8, 9, 10 milliards chaque année. Et vous n'en voulez pas ? Non, on n'en veut pas. Et le sketch a duré 10 ans. C'est-à-dire que pendant une dizaine d'années, l'administration fiscale française a refusé d'utiliser ce type d'outil pour détecter les fraudes à la TVA. Juridiquement, il n'y avait pas de loi à changer, on pouvait travailler comme ça, il n'y avait pas de problème. Mais ça, ça aurait signifié passer le bébé à la justice. qui bien sûr aurait saisi non pas les impôts qui n'étaient pas habilités en judiciaire, mais la douane judiciaire, qui avait un service spécialisé de 200 fonctionnaires pour faire ça. Et donc l'administration fiscale, la DGFIP, ne pouvait pas imaginer que le petit frère de la Direction Générale des Douanes récupère la compétence et affiche des résultats de lutte contre la fraude bien meilleurs que celui de la grosse DGFIP. Parce que la grosse fraude fiscale, c'est la TVA. Et vous imaginez si au bilan annuel des services, la DGFIP expliquait qu'ils avaient notifié difficilement 10, 12 milliards, dont 3, 4, 5 milliards d'euros de fraude fiscale. Mais à côté, la douane, qui a 5 fois moins de fonctionnaires, expliquait qu'ils en avaient stoppé 10, 15 milliards. Eux, avec beaucoup moins de monde, ça posait un problème. Parce que derrière tout ça, ça veut dire quoi ? Ça veut dire arbitrage budgétaire, transfert de moyens, transfert de personnel. Le poids de chaque administration au sein du ministère des Finances, on est en plein dans les rapports de force administratifs au sein de Bercy. Là on est très très loin de la politique, mais on est dans la vérité de ce qui se passe dans les ministères. J'ai coutume de dire qu'évaluer ses biens, aller chercher le fraudeur c'est mieux. Parce que si c'est pour travailler pendant trois ans pour nous dire en fait la fraude fiscale c'est très exactement 48,3 milliards d'euros, super, eh bien, mais ça veut dire que pendant trois ans on a donc perdu 150 milliards. Parce que pendant qu'on était à se triturer les méninges sur combien est-ce qu'on se fait voler, Froder, lui, continue de piquer dans la caisse. Porte-la au gué sans le pouvoir être remis en cause. Sur chaque question, la dépense publique est subie, reconduite sans souci d'efficacité. Et dans chaque secteur, la politique du pompier l'endure celle de l'architecte. Je voulais vous passer un petit message. Hier, j'ai annoncé que les préservatifs à partir du 1er janvier prochain seraient gratuits. Je veux aussi que nous puissions couvrir 100% des dépenses liées aux lunettes. Aux prothèses dentaires et aux prothèses auditives. Des consultations de psychologues qui seront remboursées pour toute la population à partir de 3 ans. Nous devons intervenir plus tôt, plus vite, plus massivement. C'est la meilleure façon de lutter contre les inégalités. Sortez couverts, comme disent les grands auteurs. Plus l'État vous apporte des choses, plus on vous habitue à en dépendre. Plus on vous habitue à en dépendre, plus on vous dit mais tu peux demander à l'État. C'est vrai qu'il y a des situations dramatiques. Mais ces situations dramatiques, elles ont été créées par des mauvaises décisions de l'État un petit peu avant et qui ont demandé de venir éteindre l'incendie. Malheureusement, il peut juste essayer de réduire un petit peu les flammes, mais extrêmement peu. Et il le fait. en augmentant notre dette en réalité, c'est-à-dire en nous faisant payer demain. Donc c'est un mécanisme dit, que les économistes appellent, le phénomène de pente glissante, c'est-à-dire qu'une décision en appelle une autre et on se retrouve avec un niveau de pression fiscale qu'on ne peut pas toucher parce qu'il y a une très forte opposition, puisqu'elle est déjà très élevée, un endettement de plus en plus fort, on cherche à le financer, alors on laisse filer l'inflation avec une origine monétaire. Comme cela provoque une perte de pouvoir d'achat, on subventionne, ça réaugmente les dépenses, ça empêche de provoquer le mécanisme vertueux de baisse de la dette. Et donc c'est ce que les économistes appellent l'interaction. C'est-à-dire que sur un marché, on sait que tout interagit, tous les marchés sont en interaction, toute décision sur un marché a un effet sur les autres. Si on n'a pas conscience que l'économie fait système... On n'a pas conscience de sa complexité et on croit toujours que le gouvernement est capable de gérer cette complexité alors qu'en fait il est incapable. Et l'État pour résoudre les problèmes, soit il réglemente, soit il fait des dépenses publics ou des baisses d'impôts, mais on lui demande de faire tout et comme il ne peut pas tout faire, forcément on est insatisfait. L'État est censé théoriquement uniquement vous donner la liberté pour poursuivre votre bonheur, aujourd'hui l'État... Il se fixe comme obligation de déterminer votre bonheur, d'en déterminer les conditions et de faire votre bonheur, y compris à votre corps défendant. C'est-à-dire vous expliquer les conditions de votre bonheur, vous expliquer ce qui doit vous rendre heureux. Et ça, c'est la vraie différence dans cet état Providence qui est devenu l'état nounou et qui devient l'état Edredon. Il faut que plus rien ne bouge, tout doit être ouatté, plus aucun événement ne doit vous toucher. Il n'y a plus rien qui doit changer parce que c'est supposément la vie idéale. Alors pourquoi il fait ça l'état ? Parce qu'ils cherchent à être utiles, parce que les décideurs, parce que les fonctionnaires, les élus, cherchent à justifier leur existence, on en revient toujours là. Quand j'ai commencé dans le métier, j'étais jeune chef de clinique, la figure tutélaire du service, c'était le chef de service, qui était donc un professeur et qui exerçait toute autorité. On ne savait pas, ou on savait à peine, qu'il y avait une direction administrative à l'hôpital. Aujourd'hui, je pense que les gens qui dirigent l'hôpital ne sont même plus d'une certaine manière les directeurs d'hôpitaux, ça se passe au-dessus, on a multiplié les strates. Les directeurs d'hôpitaux... lorsqu'ils prennent leur poste, signent des contrats avec les directeurs des agences régionales de santé et doivent respecter d'une certaine manière une feuille de route. Donc le curseur s'est déplacé sur les agences régionales de santé qui sont très productrices de normes et de règlements en tout genre. Et c'est vrai que ça prend une ampleur considérable, non seulement dans toutes les strates administratives, mais c'est redescendu jusqu'aux soignants qui doivent. Appliquer ces normes et qu'il doit faire savoir de quelle manière elle les applique. Parce qu'il y a, comme toujours quand on pond une norme, après il faut pondre des mécanismes de régulation et de contrôle de la norme. Donc c'est un phénomène qui s'auto-entretient. La liberté de pouvoir traiter les patients, ça me nuise parce qu'on est étouffé par les normes. Nous avons un système particulièrement normatif en France. Nous avons fait sauter un paquet de normes qui étaient illusoires et dérisoires pendant la période. Il m'a signé des décrets, des arrêtés à tour de bras pour simplifier les choses, mais que voulez-vous, il y a des choses qui prennent du temps, je le regrette au moins autant que vous. Je me souviens que j'avais fait observer que les codes et les réglementations ne cessaient d'augmenter. J'avais dit que la bonne chose serait de se fixer comme règle qu'il fallait supprimer les 4-5ème de chacun des codes administratifs, 4-5ème, et prier le Conseil d'État de faire ce travail. en liaison avec les ministères. Et puis, bon, je ne suis resté que deux ans, je n'y ai peut-être pas suffisamment veillé, mais enfin, les codes ont continué à augmenter de façon considérable, et que là-dessus, je n'ai pas réussi. Faute d'attention, peut-être faute de temps aussi, faute de bonne volonté des ministères également. Et il est assez facile de dire quand on est saisi d'un problème, on va faire une règle nouvelle et puis voilà. C'est une maladie française qui, on sait, on a près de 400 000 normes en France. On évalue le coût de cette suradministration par les normes, par un manque d'efficience de la fonction publique à plus de 80 milliards d'euros par an par rapport à l'ensemble des pays développés de l'OCDE. Donc il y a un réellement d'économie. Quelle que soit l'excuse avancée, la norme ne cesse d'enfler. En 20 ans, le stock de mots a doublé dans le droit français. Dans le même temps, le code des collectivités territoriales a triplé de volume. La tendance est similaire pour les impôts, l'urbanisme, le travail ou le code civil. Alors qu'une simplification est possible, ici encore, l'État paraît impuissant. Pour mettre fin à un travers typiquement français, l'empilement, l'empilement des normes. L'empilement des règles, l'empilement des avantages fiscaux. On rajoute, on supprime jamais. On additionne, on refuse de soustraire. Ce n'est plus possible. C'est la dictature de la papasserie, ou dictature de l'autorisation, ou dictature de la justification, c'est-à-dire si vous voulez faire quelque chose, il faut une autorisation administrative. Et ça, c'est un coût, un coût pour l'entrée sur les marchés. Et ça crée des rentes, parce que ceux qui sont... Qui ont l'autorisation domine ceux qui ne l'ont pas, puisque ceux qui ne l'ont pas, même s'ils le faisaient mieux que ceux qui ont l'autorisation, ne peuvent pas. Ça nourrit des phénomènes de corruption, puisque pour avoir une autorisation, on est prêt à tout. Ça nourrit évidemment des coûts de mise en conformité, ça nourrit des coûts d'inspection. C'est-à-dire qu'une fois qu'il y a une réglementation, c'est comme n'importe quelle réglementation, il faut l'appliquer. Donc on crée une norme, ce qui va créer de la dépense, on va créer des corps d'inspecteurs pour inspecter les gens si les règles sont bien appliquées. On a énormément conservé d'organismes inutiles, de comités, de structures. Il faut qu'on réduise tout cela, massivement. Dès qu'on veut simplifier le système, on s'aperçoit aussitôt, on a des gens qui vont dire, des lobbies ou des élus ou des syndicats, ils vont dire mais non, attention, là vous allez toucher à telle catégorie, etc. Donc dès qu'on commence à faire une réforme assez simple, on dit ah oui mais il ne faut pas faire payer le coût à un tel, un tel. Donc on rafistole. on va exonérer, on va créer telle ou telle niche pour telle catégorie, etc. Et inévitablement, le système devient plus compliqué et ça devient très difficile de simplifier. Il est en grand temps d'arrêter la machine infernale. On estime qu'il y a plus de 50%, 60% des lois français sont des transcriptions de directives européennes. Je prends l'exemple des produits phytosanitaires. Les produits phytosanitaires, leur utilisation résulte de directives européennes fixé une fourchette. Comme toujours en Europe, il y a des fourchettes qui sont fixées. Et nous, l'administration française transcrit toujours les lois européennes au niveau maximal. C'est-à-dire que nous sommes les bons élèves de l'Europe mais les mauvais élèves pour nos agriculteurs qui se voient opposer des normes phytosanitaires que n'ont pas à supporter les Italiens ou les Espagnols qui, eux, transcrivent différemment. Quoi qu'il en coûte. L'un des signes les plus évidents du dysfonctionnement de la France concerne la santé. Alors que 20% des dépenses publiques y sont consacrées, des millions de Français éprouvent les pires difficultés à se faire soigner. En trois ans, le budget que notre nation consacre à la santé a augmenté de 50 milliards d'euros. Un des ressorts du désenchantement, c'est une organisation des équipes qui, à force de rationalité, a perdu en prévisibilité en humanité. Et je dis ça, franchement, c'est la faute à personne. Le système de santé français se distingue... par plusieurs spécificités, mais il y en a une en particulier, c'est la quasi-gratuité des soins pour une très grande partie de la population. Et la France est le pays au monde, au monde, où le reste à charge pour les patients, c'est-à-dire ce qu'il faut débourser de sa propre poche pour payer les soins, est le plus faible. Sur l'enveloppe globale du coût des soins et des prescriptions médicales, les Français de leur poche vont payer moins de 7%. Je ne peux pas laisser dire que le système français s'est effondré, qu'il est ruiné. qu'il faut rajouter de l'argent, qu'il n'y en a pas assez. C'est faux. L'argent, il est mis à la disposition des Français. La question est de savoir ce qu'on en fait. Et pour ça, il faut essayer de schématiser la santé en trois secteurs. Ce sont les soignés, les patients, les malades. Ce sont les soignants, médecins, infirmières, kinés, aides-soignants, psychologues, et les gestionnaires, ce qu'on appelle vulgairement, je trouve, mais c'est assez simple, la technostructure. Qu'est-ce qui s'est passé ces 40 dernières années ? Les gestionnaires ont augmenté, puisqu'on en a parlé, il y a des procédures, il y a des dispositifs pour réduire le reste à charge. des dispositifs pour rendre gratuits certains soins à certaines personnes, la sécurité sociale, la haute autorité de santé, le ministère, une vingtaine d'agences nationales de santé, 18 agences régionales de santé, maintenant des CPTS, des communautés professionnelles territoriales de santé. Tout ça, ça fait du monde et ça a un coût et ce coût augmente. Après, il y a les soignés, les patients. Le reste à charge diminue avec le temps. Or, la population vieillit, les maladies deviennent chroniques, ce qui autrefois était fatal comme un cancer ou un infarctus, devient chronique et les traitements sont de plus en plus lourds. Donc, où va-t-on faire les économies ? Sur le troisième secteur, c'est-à-dire les soignants. C'est pour ça que la consultation du généraliste est bloquée à 25 euros. C'est pour ça que nos infirmières, nos personnels à l'hôpital sont mal payés, c'est pour ça que certains hôpitaux sont vétustes, c'est pour ça qu'on n'investit plus dans les soins. Jamais je n'ai entendu un dirigeant politique synthétiser les choses de cette façon et dire pour trouver des marges de manœuvre, mieux payer nos infirmières et rénover nos hôpitaux, nous allons réduire la technostructure, la bureaucratie, et ou... Nous allons mettre à contribution les patients. Jamais, parce que ce sont deux tabous du système de santé en France. Sur l'école et sur la santé. Notre école et notre santé, c'est le avec vous mis en œuvre. Nous tous, nous allons les refaire. Je compte donc sur vous. Malgré les dépenses pour l'éducation représentant 5,2% du PIB, le système scolaire ne réussit plus à former correctement ses élèves. Et dans tous les classements internationaux, la France ne cesse de reculer. Les résultats sont sans appel en ce qui concerne les sciences, où en CM1, la France est placée juste derrière l'Albanie. En mathématiques, la France obtient le score moyen le plus faible des pays de l'OCDE. Comment expliquer cette situation ? Les pays dans lesquels le système éducatif est bon... est reconnue comme telle internationalement, ce n'est pas mon jugement personnel, encore une fois, ce sont des statistiques de l'OCDE, ce sont des résultats, des tests qui sont réalisés dans tous les pays en même temps, avec les mêmes niveaux d'élèves, etc. Les pays qui fonctionnent bien sont des pays dans lesquels il y a deux ou trois conditions qui sont toujours les mêmes, dans lesquels le système éducatif est très décentralisé. Je pense à l'Allemagne, je pense à la Finlande, je pense à l'Estonie, je pense à la Suisse. Ce sont des pays dans lesquels les enseignants ne sont pas fonctionnaires. Ou alors pas tout de suite. Je pense à l'Allemagne. En Allemagne, par exemple, les gens entrent dans l'éducation en tant qu'enseignants dans des écoles publiques, mais avec un contrat de droit privé pour commencer. En Suisse, le statut de fonctionnaire n'existe plus depuis l'an 2000. Et ça fonctionne parfaitement bien. La Suisse n'est pas un pays qui souhaite pour ses élèves que tout le monde passe un bac et que tout le monde aille à l'université. Moi, je dis que ça réussit bien parce que l'objectif des Suisses, c'est que tout le monde ait un métier. et que tout le monde soit en activité à partir d'un certain âge. C'est un pays dans lequel il n'y a quasiment pas de chômage, il y a beaucoup d'enfants, de jeunes gens qui font des apprentissages par exemple. C'est aussi une des raisons pour lesquelles, par exemple, l'éducation en Suisse coûte un petit peu moins cher, c'est qu'à partir d'un certain âge, à partir de 15-16 ans, il y a énormément de jeunes gens qui sortent de l'école pour entrer dans des filières d'apprentissage, et ça c'est financé par les entreprises. Alors en France, on s'est bien rendu compte, pareil, on s'est rendu compte que c'était ça qu'il fallait faire. que finalement les pays qui fonctionnaient bien et où il y avait le moins de chômage des jeunes, en France on a quand même 150 000 élèves qui sortent chaque année sans rien, qui n'ont pas de diplôme, qui ne sont pas en formation et qui ne sont plus à l'école. 150 000, une classe d'âge en France c'est à peu près 750 000, 800 000 élèves, c'est énorme. Sauf que l'apprentissage en France, pareil, il est organisé par l'État. Pour que ça fonctionne, pour être sûr que les entrepreneurs recrutent des jeunes gens dans leurs entreprises, Eh bien c'est l'État qui va les payer. Mais un entrepreneur ne va pas forcément rémunérer un gamin de 15 ans qui ne sait rien faire. Il pense sans doute, et à mon avis il a raison, que la rémunération c'est de lui apprendre quelque chose. Alors en France ce n'est pas possible, donc on va rémunérer ces jeunes gens. Mais c'est vous et moi qui allons les rémunérer. Donc on a mis plus d'argent, on a simplifié les règles, on a revalorisé. Et normalement maintenant ça doit décoller. La question c'est juste qu'on arrive à ouvrir suffisamment de classes, de structures pour accueillir assez d'apprentis. Les ministres successifs peuvent gesticuler autant qu'ils le souhaitent. Ce qui se passe c'est que les gens reprennent le pouvoir. Et que même des gens qui n'ont pas de moyens financiers pour payer des écoles leur contrat trouvent des moyens pour créer des écoles qui vont être financées par des mécènes, par des gens qui voient qu'il y a un gros problème. Donc ça n'est même plus réservé aux riches, parce que ça, ça faisait évidemment très plaisir à tous les détracteurs de l'école privée, c'était de dire oui mais l'école privée c'est pour les riches. Alors ça n'est plus vrai, l'école privée, ça s'adresse à tous aujourd'hui, et c'est normal puisque les parents veulent sauver leurs enfants. Je suis prêt à dire que nous devons faire des réformes en profondeur et des transformations pour baisser la dépense publique qui est la seule condition pour avancer dans cette Europe. Et davantage respecter la norme, construire ces règles communes. Mais de la même façon, en Allemagne, il ne peut pas y avoir un fétichisme perpétuel pour les excédents budgétaires et commerciaux, parce qu'ils sont toujours faits aux dépens de certains autres. Et pour moi, l'événement fondateur pour Macron, c'est lorsqu'on lui remet le prix Charlemagne au printemps 2018. Il va présenter l'équilibre des comptes. public et extérieur comme du fétichisme, comme une sorte de démarche religieuse irrationnelle. Et donc pour moi c'est un aveu d'impuissance incroyable. Il constate qu'il n'y arrive pas, qu'il n'arrive pas à remettre de l'ordre dans les finances publiques. Et donc il dit ceux qui remettent de l'ordre dans les finances publiques sont irrationnels. C'est des fous. Moi qui suis rationnel, je ne peux pas. Et donc à partir de ce moment-là, il va répondre à toutes les angoisses, à toutes les critiques, à toutes les menaces par... de la dépense publique. 17 milliards d'euros, c'est l'unité de gamme J budgétaire. Donc, les Gilets jaunes, pour calmer le jeu, on met 17 milliards d'euros sur la table. Peu de temps après, mouvement à la SNCF, greffe, rapport Spinetta, on absorbe 34 milliards d'euros de dette de la SNCF pour alléger les comptes et pour permettre à la SNCF de reprendre en main, soi-disant, la politique salariale et les rapports avec son personnel, de Macron. Et alors, phase ultime... Le bouclier tarifaire et toutes les mesures autour de la baisse artificielle des prix qui ont été organisées a été évalué par le Sénat à 170 milliards d'euros. Donc maintenant on en est à 10 macros. Le chef de l'État a ouvert de nouveaux appétits avec les milliards qui semblent sortir de sa besace et dont on ne lui fait même pas crédit. Puisqu'en parallèle d'une surdépense, beaucoup de missions régaliennes se trouvent sous-dotées. Mais d'ailleurs, qui paie la mission ? Il faut que les Français sachent que leur pays est désormais un pays lourdement endetté. C'est pas en faisant des trous dans la coque qu'on avance plus vite. Nous ne pouvons pas dépasser un certain niveau d'endettement. La France est en état de dépôt de bilan. En situation de faillite sur le plan financier. Championne de la dépense publique. La dette n'a cessé d'augmenter depuis 30 ans. Depuis l'an 2000, la dette de la France est passée d'environ 900 à plus de 3000 milliards d'euros. Rien qu'en 2022. La France a engagé 1536 milliards de dépenses publiques pour 1411 milliards de recettes. Le déficit représente cet écart entre dépenses et recettes. Le souci est qu'en finançant ainsi son déficit par l'emprunt, l'État ajoute à sa dette. Et comme cela fait plus de 40 ans que l'État est en déficit, cela fait 40 ans que l'État creuse sa dette, année après année. Rapportée au nombre d'habitants, la dette publique représente aujourd'hui plus de 44 000 euros par Français. Une dette détenue pour moitié par... des investisseurs étrangers. Et donc, avec la dette publique, ce qui est, je trouve, grave, c'est qu'on maintient des revenus sans qu'il y ait de la production en regard. C'est le quoi qu'il en coûte. C'est pas la peine de travailler, on va vous arrêter pendant 55 jours, mettons, c'est légitime, mais rassurez-vous, ça n'aura aucune conséquence. Alors les gens sont un peu surpris. Et donc, la seule conséquence que ça a, c'est que la Bourse de Paris, l'Avenue Montaigne... Le territoire national est obligé de se vendre parce que comme on vit au-dessus de nos moyens, on emprunte à l'étranger. La dette publique, c'est à fournir des revenus qui repartent sous forme d'importation, sous forme de consommation de produits qui viennent de l'étranger, puisqu'on ne les produit pas sur notre territoire national. La ponction qui se fait par ce maintien artificiel du revenu des gens grâce à la dette publique est une ponction là, objectivement, sur la génération d'après. Et si c'est pas le contribuable d'aujourd'hui qui la paye, c'est le contribuable de demain qui est sur les épaules de monsieur qui les paiera. Alors ce qu'il faut bien comprendre, c'est qu'en fait l'État n'emprunte pas de la même manière que les particuliers. Ils peuvent faire des emprunts, on va dire classiques, c'est-à-dire qu'ils se tournent sur le marché, ils émettent des titres de créance, et tout au long de l'emprunt, ils remboursent les intérêts. Deuxième manière d'emprunter, et ça je pense que c'est une bombe qui attend les Français dans les années qui viennent, et on commence d'ailleurs en... La possibilité qui a été inventée par Dominique Strauss-Kahn, à l'époque ministre de l'économie, c'est la dette indexée sur l'inflation. C'est l'État qui emprunte un taux assez intéressant et qui, à la fin du crédit, rembourse non seulement la somme empruntée, mais aussi toute l'inflation cumulée. Résultat des courses, en période de faible inflation, le contribuable est gagnant, puisque le taux d'intérêt est très bas et il y a très peu d'inflation. En revanche, dès lors que l'inflation revient au galop, comme c'est le cas depuis 2020, le contribuable est considérablement lésé. A tel point que la charge de la dette, qui est donc en fait ce que la France consacre tous les ans au remboursement de sa dette, a explosé. En deux ans, on est passé de à peu près 25 milliards d'euros de remboursement de la dette à aujourd'hui 46 milliards. Donc en deux ans, on a quasiment doublé le poids du remboursement de la dette. La conséquence de ces taux qui augmentent, c'est le poids de la dette qui s'alourdit. Bientôt, le remboursement de notre dette sera le premier budget de l'État. C'est vrai que sur la dette, je peux le raconter, j'étais à Bercy, où Saïd Benolomer nous a quand même consulté, pas mal de certains économistes, et plusieurs fois, à plusieurs reprises, j'ai dit il faut arrêter d'augmenter cette dette. Et on m'a répondu clairement, alors que ce soit le ministre ou même l'ensemble des économistes qui étaient là, ça qui était le problème, non mais la dette c'est pas un problème. Déjà c'est financé par la BCE, donc pas un problème, et puis en plus... On va la renouveler. Quel est le problème ? C'est ça qui est complètement fou. Alors c'est vrai que potentiellement, le stock de dette, pourquoi pas ? Le problème, c'est ce qu'on appelle la soutenabilité de la dette. Ça veut dire que si je m'endette et que cette dette génère une croissance forte qui me permet au moins de payer les intérêts de la dette et de continuer et d'investir, pourquoi pas ? Sauf que ce n'est pas le cas. Depuis 2007 en France, chaque année, même si on prend 100% de la création de richesses, on n'arrive pas à payer les intérêts de la dette. Problème. Donc ce qui veut dire qu'à partir de là, juste pour payer les intérêts de la dette, il faut encore s'endetter. Et maintenant que le taux d'intérêt augmente, ça va évidemment être encore pire. Donc c'est ça le problème, c'est pas le stock de dette, c'est qu'elle n'est pas soutenable, qu'on appelle la bulle de la dette. C'est-à-dire le simple fait de rembourser les intérêts, je dois encore augmenter ma dette et ainsi de suite. J'augmente ma dette mais ça ne génère pas d'augmentation du PIB, de création de richesse. Voilà, on tourne malheureusement dans cette bulle. Et elle gonfle, elle gonfle, jusqu'à quand ? C'est le principe de la corde, on tire sur la corde. Tant qu'elle tient, même sur un fil, ça tient, et puis le jour où le fil casse, il n'y a plus de corde. On dit chaque fois que les marchés financiers commencent à avoir un peu peur que vous ne remboursiez pas. La Banque Centrale est là pour dire, pas d'inquiétude, j'achète des titres publics et je les garde autant que nécessaire. Et le jour où les États doivent me les rembourser, je leur reprête à nouveau sous cette forme, etc. à la limite, il n'y a plus de problème de soutenabilité de la dette publique. On peut s'endetter indéfiniment. Le problème, et là où c'est un peu nouveau depuis maintenant un ou deux ans, c'est que les banques centrales, évidemment, ne peuvent pas faire ça indéfiniment. Parce que leur mission est de lutter contre l'inflation. Et l'inflation est en train de revenir. Ce qu'on avait oublié aussi au cours de ces dix dernières années. Et donc on se retrouve aujourd'hui dans une situation où on a l'inflation. Et donc les banques centrales sont obligées d'augmenter leur taux d'intérêt. Mais aussi c'est peut-être... Plus important, justement, d'arrêter cette politique qu'on appelle de quantitative easing, d'achat massif d'obligations d'État sur les marchés financiers. Et donc, dans ces conditions-là, les États doivent revenir sur les marchés financiers. On se retrouve dans la situation antérieure à 2008-2009, où il faut qu'ils gardent la confiance des marchés, et ça, ce n'est pas évident. Et on vient d'en avoir un exemple extraordinaire avec ce qui s'est passé au Royaume-Uni. Tout d'un coup, un gouvernement se met à présenter une politique publique qui va conduire à augmenter fortement les déficits, la dette, etc. Les marchés tout d'un coup prennent peur, les taux d'intérêt montent, la Banque Centrale est obligée d'intervenir à nouveau. Je pense qu'elle a fait une pression très forte sur le gouvernement anglais et les marchés pour arrêter. Et le résultat, c'est que Strauss a démissionné et son successeur a lancé une politique radicalement différente. Certains semblent avoir une préférence pour la dette. Ça n'a pas de sens. Non, la dette est vraiment la dépense publique qui stérilise tout. Et nous entrons, car nous sommes sortis de la période des taux d'intérêt négatifs, dans une période où la charge de la dette augmente. Elle augmente à la fois, on le sait, du fait du poids des obligations à l'excès à l'inflation et de la hausse des taux d'intérêt dont nous savons qu'elle ne va pas s'arrêter. Dans une autre vie aussi, j'ai été ministre des Finances. C'était une époque où c'était en pleine crise financière et crise grecque, et la dette publique, la charge de la dette, était le deuxième budget de l'État. Je ne souhaite pas à mon pire ennemi de venir miser finance dans ces conditions, parce que vous n'avez pas la moindre marge de manœuvre pour faire quoi que ce soit. Or, nous en approchons. Quand j'étais à la Cour des comptes, je disais souvent... Ne prenez pas un ton catastrophique. Ne faites pas, enfin il ne faut pas dire la France est au bord de la faillite, la France est au bord du mur. Parce que l'expérience montre que ça fait 15 ans qu'on dit ça et qu'on n'est toujours pas en faillite. Tout est difficulté sur le sujet de la dette, il est là. C'est qu'en fait, on ne sait pas à quel moment les marchés vont réagir et tout d'un coup avoir peur, etc. Personne ne le sait. Ça peut arriver à... L'Espagne a eu des problèmes d'endettement public à 60% du PIB d'endettement. Le Royaume-Uni vient d'en avoir, là, avec une dette publique qui est un peu inférieure à celle de la France. Et le Japon a une dette publique qui représente plus de 200% du PIB depuis déjà 10 ans. Il n'a aucun problème pour financer sa dette. Et il y a une règle quand même, c'est que quand on a un très fort endettement des ménages, quel qu'il y a de très fort endettement des entreprises, quel qu'il y a... Très fort endettement de l'État, ce qui est le cas. Les risques de crise sont démultipliés. Parce que dès que l'un ne peut plus payer, il crée une dette toxique qui crée un risque de crise systémique. C'est-à-dire que celui qui ne paie plus sa dette empêche celui qui a prêté peut-être de payer ses traites, et ainsi de suite. Quand on ne rembourse pas une dette, c'est très grave. Ça veut dire qu'on devient le vassal de notre créancier. C'est très dangereux, c'est dans les cas de guerre notamment. Ou alors, on a vu avec la Chine par exemple et la Grèce, quand la Grèce avait une grave crise, la Chine est venue en disant Non, moi votre dette, ok, je vais en prendre, mais ça ne m'intéresse pas. Ce que je veux, c'est la moitié du port du Pyrrhée à Athènes. Et ils l'ont. Donc après, on vous prend vos actifs. Et c'est ça qui est très dangereux. Alors, on n'en est pas encore là en France, mais ça peut arriver très vite. Vu que la planification ne marche pas, qu'on a été empêtrés dans le chômage de masse pendant des années sans pouvoir rien faire, tout ce qu'on a réussi à faire, c'est d'essayer de créer, avec notre propre argent, des formes d'aide qui alourdissent petit à petit par ce cercle vicieux complètement dingue, où plus on vous aide, plus on augmente le coin fiscal au social, plus on augmente la dette, le poids de l'État, plus on charge la mule, si vous voulez. Et en chargeant la mule, on a de plus en plus de mal à créer les conditions de la croissance. Or la condition pour qu'on puisse rembourser notre dette à long terme, il n'y en a qu'une seule, c'est qu'on ait une croissance à long terme qui permette de le faire. C'est un tout en fait, il faut changer de paradigme, il faut avoir 300 députés sans sénateur, supprimer le conseil économique et social qui est fusionné dans le Sénat, changer les règles de la fonction publique, changer le contrat de travail de la fonction publique, réduire les impôts de production. Créer des zones de réindustrialisation, donc c'est un package. Si vous ne faites qu'une partie, vous n'aurez pas le résultat, mais vous ne ferez rien si vous ne changez pas de paradigme. La France, de toute façon, finalement, elle se réformera, elle se modernisera, soit dans la douceur, mais ça, il fallait le faire un petit peu avant, soit dans la douleur. Notre déclin, nous l'avons fabriqué de nos propres mains. On entend souvent dire que l'État doit être stratège et investir, mais l'investissement ne représente que 3% de ses dépenses. Alors s'endetter pourquoi pas, à condition de le faire pour de bonnes raisons. Le problème est que l'État s'endette aujourd'hui surtout pour payer son train de vie. Pourtant, des solutions existent. C'est la raison d'être de Contribuables Associés. Promouvoir auprès des élus une gestion économe de l'argent public. Indépendante des partis politiques, notre association combat depuis 30 ans les dépenses publiques excessives, les gaspillages et la fiscalité confiscatoire. Que ce soit auprès des parlementaires, par la publication d'études ou de campagnes de mobilisation médiatique, Contribuables Associés s'emploie à défendre le fruit de votre travail. Notre force, c'est notre nombre. Rejoignez-nous.