Bonjour à tous et bienvenue dans cet épisode de mise au point où je vais vous parler des polluants organiques persistants. Les polluants organiques persistants sont une famille de polluants regroupant de nombreuses substances ayant en commun plusieurs propriétés dont on va parler ici. Dans la suite, je vais abréger les polluants organiques persistants par son acronyme, POP, ce sera plus simple.
Les POP comprennent un grand nombre d'insectes. organochlorés de première génération comme la dieldrine, le DDT, le toxaphène et le chlordane, mais aussi des produits ou sous-produits chimiques industriels comme les polychloro-biphéniles ou PCB, les dioxines et les furanes. On peut remarquer que beaucoup de pop contient du chlore, oui du chlore, le même élément qui a posé des problèmes à la couche d'ozone. Beaucoup de ces composés ont été ou continuent d'être utilisés en grande quantité et se retrouvent dans l'environnement en quantité importante.
Comme la liste est très longue, je ne peux pas vous parler de toutes ces substances, mais je peux vous expliquer les propriétés qu'elles ont en commun. Les POP sont des polluants, ils ont donc par définition des effets néfastes sur la santé humaine et l'environnement, et c'est pour cela qu'on s'y intéresse. Pour le comprendre, on va voir un petit exemple historique. Le DDT est une substance chimique synthétisée pour la première fois en 1874. Ses propriétés insecticides et acaricides ne furent découvertes que 50 ans plus tard.
Ce qui valut le prix Nobel au chimiste suisse Paul Hermann Müller, non pas pour la synthèse mais pour la découverte des effets. Il est largement utilisé dès 1943 pour tuer les insectes porteurs du paludisme et du typhus durant la seconde guerre mondiale. et contribué à l'éradication du paludisme en Europe et en Amérique du Nord.
L'OMS lance même une grande campagne d'éradication mondiale du paludisme entre 1955 et 1969, reposant en bonne partie sur l'utilisation du DDT. Dès la fin de la guerre, il est abondamment utilisé dans l'agriculture et participe à l'importante augmentation des rendements agricoles en éliminant les nuisibles. Mais peu à peu, des doutes apparaissent concernant l'effet des DDT sur l'environnement.
En 1962, une biologiste, Rachel Carson, écrit un livre, Silent Spring, en français, printemps silencieux, qui devient rapidement un best-seller. Elle y expose, entre autres, les effets dévastateurs des pesticides comme le DDT sur l'environnement, et plus particulièrement sur les oiseaux. Et j'ai choisi cette anecdote, c'est aussi parce que ce livre est souvent cité comme une étape importante dans la naissance de mouvements environnementalistes.
Le DDT se retrouve assez fortement concentré dans les organismes des oiseaux pêcheurs pour avoir des effets néfastes. Pour être plus précis, il affecte le mécanisme de calcification, entraînant la... ponte d'œufs trop fragile pour tenir jusqu'à l'éclosion. En quelques années, la population de certains oiseaux, cormorants, pélicans, balbusards, goélands, a beaucoup diminué.
Ce recul des oiseaux s'accompagna du recul de leurs champs, ce qui inspira ce titre de Printemps silencieux Ce livre et les différentes actions qui suivirent au niveau scientifique, civil et politique mena à l'interdiction du DDT en 1972 aux Etats-Unis. La bonne nouvelle c'est que les populations d'oiseaux retrouvèrent leurs effectifs au fur et à mesure que la concentration de DDT dans l'environnement diminuait, ce qui montre une certaine résilience de l'environnement. Ici je n'ai présenté qu'une substance et qu'un de ses effets.
Les polluants organiques persistants regroupent de nombreuses substances différentes, pesticides, solvants, médicaments, produits chimiques, etc. Chacune de ces substances va avoir des effets différents sur la santé humaine et ou les écosystèmes. Et certains de ces effets peuvent être très spécifiques.
comme dans ce cas précis la calcification au moment de la formation de la coquille. Mais je n'ai pas encore expliqué comment une substance diluée dans l'environnement arrive à se concentrer dans certains organismes vivants. Comme leur nom l'indique, la persistance dans l'environnement est une propriété importante de ces substances. Ce sont des molécules qui résistent bien aux dégradations naturelles comme le rayonnement solaire ou l'élimination métabolique par les organismes qui les ingèrent.
Elles vont être détruites très lentement par l'environnement. Le DDT par exemple a encore une chance sur deux d'être présent dans l'environnement 10 ans après son émission. Donc une fois que ces substances sont émises par l'homme, elles persistent dans l'environnement très longtemps. Les polluants organiques persistants sont par définition organiques.
Ce sont donc des composés qui contiennent du carbone. Et ce caractère organique va permettre aux popes de se dissoudre préférentiellement dans les lipides plutôt que dans l'eau. Les popes vont donc se concentrer dans les tissus gras. Et donc...
dans les organismes vivants. Cela va entraîner deux phénomènes importants. Le premier c'est la bioaccumulation. Il y a bioaccumulation quand une substance est plus rapidement stockée dans un organisme vivant qu'elle n'est éliminée. La concentration de cette substance va donc être plus importante dans l'organisme vivant que dans le milieu extérieur.
Les lichens sont connus pour bioaccumuler les polluants de l'air. Dans le cas du milieu aquatique, on parle de bioconcentration. Les animaux filtreurs comme les moules sont traversés par une grande quantité d'eau. Ils vont donc rapidement bioconcentrer certaines substances. C'est aussi le cas des poissons.
La bioaccumulation est un phénomène qui touche les polluants organiques persistants, mais également les métaux. Pour l'anecdote, les champignons sont connus pour bioaccumuler les métaux. C'est pourquoi il est déconseillé d'en manger s'ils ont poussé sur des sols pollués aux métaux lourds. Cette propriété peut aussi être utilisée pour dépolluer des sols qui en contiennent trop. Lorsqu'il y a bioaccumulation, la différence de concentration entre un organisme vivant et le milieu extérieur peut être très importante..
En fait, il y a deux voies pour bioaccumuler des polluants. Soit ils proviennent directement du milieu extérieur, soit ils proviennent de l'alimentation. Voyons un petit exemple dans le cas de l'alimentation.
Des chercheurs ont étudié la concentration en PCB dans les saumons du Pacifique. Les PCB sont une famille de composés organiques chlorés qui ont été produits en grande quantité et largement utilisés dans les années 30, que ce soit en tant qu'isolant électrique ou additif dans les encres et les peintures. Certains PCB mettent plusieurs centaines d'années à se dégrader.
Ils sont toxiques, écotoxiques et reprotoxiques. La reprotoxicité est la toxicité pour la reproduction, que cela entraîne une stérilité ou des malformations sur le foetus. On a donc toutes les caractéristiques pour en faire des polluants organiques persistants. La concentration dans l'océan Pacifique est inférieure à 1 nanogramme par litre. Mais il va être concentré par le plancton qui est mangé par les crevettes, elles-mêmes mangées par des poissons qui servent à leur tour de nourriture au saumon.
Et là, on a ce qu'on appelle la bioamplification. La bioamplification est l'augmentation en concentration d'une substance le long de la chaîne alimentaire. On estime qu'à chaque maillon de la chaîne alimentaire, la concentration d'une substance peut être multipliée par 10. Pour les animaux dominants de la chaîne alimentaire comme les grands prédateurs, le facteur total de bioamplification peut être de 10 millions.
Cela veut dire qu'on peut trouver une substance polluante 10 millions de fois plus concentrée dans le dernier maillon de la chaîne alimentaire que dans le premier. Avec la bioamplification, la concentration dans les graisses du saumon atteint 2500 nanogrammes par gramme. On voit bien que les popes se concentrent en haut de la chaîne alimentaire où leurs effets sont les plus importants. Ces saumons vont, à la fin de leur vie, remonter vers les lacs qui les ont vu naître pour y pondre avant d'y mourir. Les cadavres des saumons vont lâcher dans les lacs les polluants piégés dans leur graisse.
Et c'est comme cela que l'on peut trouver des concentrations de polluants significatives dans des lacs d'Alaska éloignés de toute activité humaine. A cause de cette bioécumulation, le vivant peut devenir un concentrateur et un vecteur de pollution. Étonnant, non ?
Une dernière caractéristique des polluants organiques persistants est leur capacité à être transportés sur de grandes distances. Du fait de leur grande stabilité et de leurs caractéristiques physiques, de nombreux pop se retrouvent très loin de leur lieu d'émission. Et un exemple adapté à cette caractéristique est celui des ours polaires.
Vous ne le savez peut-être pas mais parmi les animaux les plus touchés par les pop, il y a l'ours polaire. Il est souvent un symbole du changement climatique parce que son milieu naturel est probablement condamné par le réchauffement de la planète. Mais il est également victime de la pollution.
Les circulations atmosphériques et océaniques font migrer les pop relâchés en Europe et en Amérique du Nord vers l'Arctique où ils se concentrent tout au long de la chaîne alimentaire. L'ours polaire, tout en haut de cette chaîne, accumule donc une grande quantité de substances comme les DDT ou les PCB, substances qui vont ensuite affecter leurs organismes et notamment leur système immunitaire ou hormonal. En gros, des substances toxiques émises partout dans l'hémisphère nord se retrouvent en arctique où ils perturbent la production d'une espèce déjà menacée par la destruction de son milieu. Comme ces polluants se concentrent dans les graisses, ils vont être transférés par le lait maternel vers les oursons, chez qui la concentration dans le sang est la plus importante. On va rester en arctique pour un dernier exemple.
Le lait est riche en matière grasse, cela va donc malheureusement être un vecteur pour les polluants organiques persistants. On retrouve ces polluants dans le lait humain, et le lait qui contient le plus de polluants est probablement celui des populations inuites. Cela est lié aux courants atmosphériques et océaniques qui vont porter la pollution vers l'Arctique. Mais le régime alimentaire des inuites est également un facteur très important. En effet, ils se nourrissent presque exclusivement de viande et de poissons.
Or, plus un animal est haut dans la chaîne alimentaire, plus il y a bioamplification. Les régimes alimentaires qui contiennent moins d'animaux et plus de végétaux sont moins sensibles à cette problématique. Au final, un peuple qui vit à des centaines de kilomètres de toute activité industrielle ou agricole se retrouve avec un lait maternel jugé impropre à la consommation humaine.
Et pour des populations aussi isolées, vous vous doutez que c'est un problème difficile à résoudre. Quelque chose d'aussi naturel et important que l'allaitement est devenu dangereux pour les bébés inuites. Et c'est quelque chose de difficile à comprendre si on ne connaît pas les propriétés très particulières des polluants organiques persistants. Les polluants organiques persistants regroupent de nombreuses substances qui ont été utilisées comme solvants, produits industriels, médicaments, pesticides, etc. Ils sont par définition persistants, c'est-à-dire qu'ils vont être dégradés difficilement par l'environnement et peuvent donc y subsister pendant longtemps.
Ils ont des effets néfastes sur les écosystèmes et la santé humaine qui varient beaucoup d'une substance à l'autre. Ils peuvent aussi se déplacer sur de longues distances et avoir des effets néfastes loin de leur lieu d'émission. Leur caractère organique leur permet de se concentrer dans les organismes vivants. Il y a bioaccumulation lorsqu'une substance est plus concentrée dans un organisme vivant que dans son milieu extérieur. Et il y a bioamplification lorsque cette concentration augmente au fil de la chaîne alimentaire.
A cause de ces caractéristiques, les effets les plus importants sont souvent visibles sur les derniers maillons de la chaîne alimentaire. Je ne peux pas faire une vidéo pour chaque composé contenu dans cette grande famille mais je pense que comprendre leurs caractéristiques permet de comprendre les problématiques qui y sont liées et les articles sur le sujet. Merci d'avoir regardé cette vidéo, j'espère qu'elle vous a plu.
N'hésitez pas à la partager, à me mettre un petit pouce bleu et à participer dans les commentaires. C'était le Réveilleur et à bientôt sur le net.