Il découpa le poulet et détacha le solilès. Et détacha le... le soli-quoi ?
Le solilès. Ah non mais ça, Jamy, c'est pas du français, solilès. Ah si, c'est du poulet et c'est français.
Pfff ! Mais qu'est-ce que vous faites ? On joue à la dictée, c'est sur...
Super drôle ! Et je peux te dire qu'ils sont vraiment pas bons, mais alors pas bons du tout ! Eh ben il faut retourner à l'école les amis, ça vous fera un peu d'entraînement ! Il a raison, ça nous fera le plus grand bien ! Allez Sabine, retourne à l'école !
Ah ben d'accord, moi je retourne à l'école, d'accord, d'accord, Marcel, à l'école ! T'es sans faute hein ! ... Oh !
Non monsieur, si j'avais un tel nez, il faudrait sur le champ que je me l'amputasse. Ouais enfin ce qu'il veut dire c'est que s'il avait le nez aussi long que celui de Cyrano de Bergerac, il préférerait qu'on lui coupe. Cette pièce de théâtre a été écrite par Edmond Rostand au 19...
siècle ça devrait pas permis d'empêcher le monde comme ça si je comprends bien titaner tu crois que ton parfum naturel fait la pige à celui des rosiers et battu tant petite mère tu te trompes ça les Elle est rigolo ce que vous lisez là, c'est quoi ? C'est ça, c'est dans le métro d'Hérémont-Queneau, écrit au XXe siècle. Tiens, il faudra que j'essaye ça.
Et autre temps croit-soi, le nez qu'il sembloit à la flotte d'un alambic, tout dit après. Je comprends rien. Tu peux m'aider ?
Fais voir. Tout dit après, tout estincelé de bubelettes, pullulant, purpuré. Moi t'as raison, moi non plus je comprends rien. Enfin c'est normal, ça ça a été écrit par Rabelais au début du XVIe siècle. C'est ce qu'on appelle du vieux français.
Et depuis, les mots ont changé d'orthographe, ils ont changé de prononciation et parfois même... de sens si aujourd'hui on rencontre et rabelais on aurait beaucoup de mal à se comprendre déjà que parfois d'une génération à l'autre on se comprend pas alors tu parles quand on ne se comprend pas écoute un peu ils ont revisité une fable de la fontaine le cocher le chat et le souris sont je sais il est velouté marqueter longue queue à mon avis la fontaine il ne reconnaîtraient même pas ce qu'il a écrit bien tu as vu la même heure que nous regardes oui je l'allais aborder quand un son plein d'éclats mais rien qui m'a fait Valka, on est à Chicago. Valka ?
Alors là, non, là, franchement, je ne vois pas. Bien, alors, aujourd'hui, dictée non préparée. Asseyez-vous. Prenez une feuille. Et marquez la date.
Oh là là ! Dictée non préparée, ça va être difficile. Moi, je préfère les autodictées. quand même.
Enfin bon, vous allez voir que la langue française, comme toutes les langues d'ailleurs, est un véritable musée. Un musée sonore, si vous préférez. Certains mots ont voyagé de pays en pays avant d'arriver jusqu'à nous. Et d'autres sont bien nés en France, mais ils ont...
voyager à travers les siècles. Et tu sais, Jamy, certains mots viennent du néolithique. Tu te rends compte, le néolithique ?
C'est la préhistoire, ça ? Comment tu l'écris, préhistoire ? Tout de suite, les questions qui fâchent. Alors, d'où sort le français ? Eh bien, le français appartient à une vaste famille de langues, les langues dites indo-européennes, parmi lesquelles on retrouve des langues aussi variées que le français, donc le russe, le persan, ou le Hindi.
Oui, toutes ces langues sont cousines. Alors évidemment, ça ne saute pas aux yeux. Et pourtant, quand on tend l'oreille, il y a des signes qui ne trompent pas.
Tenez, le mot mère, par exemple, en français, se dit madré en espagnol, mother en anglais, match en russe, madar en persan ou mata en hindi. Même si on ne connaît pas ces langues, il faut se constater qu'il y a quand même un petit air de famille. Alors qu'il n'y en a absolument aucun avec Agnès. Nya, qui veut également dire mer, mais en hongrois.
Um, qui veut dire la même chose en arabe. Ndiaye, qui veut dire mer également en wolof, une langue parlée sur les rives du Sénégal. Ou Moukine, en chinois.
Eh Milou, tu peux me donner ton stylo rouge ? Merci. Eh mais Jamy, je comprends pas. Je croyais que le français, c'était une langue latine. Mais l'un n'empêche pas l'autre.
Au départ, il y a donc une langue mère, dont les linguistes ont d'ailleurs réussi à reconstituer quelques bribes. D'après eux, le mot... Mon mère devait ressembler à quelque chose comme ça.
Cette langue mère... est partie soit d'Anatolie en Turquie, soit d'Ukraine et elle a suivi deux grandes directions, vers le sud... et vers l'ouest.
Au cours de ces pérégrinations, elle a considérablement évolué et elle a engendré une foultitude de langues elles-mêmes rassemblées en sous-familles. Il y a donc les langues latines, où l'on retrouve le portugais, l'espagnol, le français, l'italien et le roumain. Les langues zéléniques, les langues slaves, les langues germaniques, parmi lesquelles l'allemand, le néerlandais, les langues...
scandinave et l'anglais et enfin les langues celtiques dont il ne reste plus grand chose à part quelques langues régionales telles que le breton très différente de ses voisines la langue basque est l'une des plus vieilles langues d'europe elle y était parlé bien avant l'arrivée des premières langues indo européenne par un curieux mystère elle s'est maintenue à travers les millénaires aujourd'hui 700 mille personnes la parlent encore il a poli qui poli qui a signé à tournage d'y a que je carasse matera il est ce qu'est ce qu ils ont le droit de commencer leur promenade. Un rictus déforme leur visage. Hé Jamy, je me suis renseignée et figure-toi que en France, enfin sur le territoire de l'actuelle France, autrefois on parlait gaulois, une langue celtique héritée de l'indo-européen. Et puis au premier siècle avant Jésus-Christ, Jules César et les Romains ont envahi la Gaule.
Regarde, c'est de cette manière que le latin... la langue de l'envahisseur s'est imposée et aujourd'hui 80% des mots français sont hérités du latin rectus par exemple mais aussi lavabo lavabo en latin c'est un verbe qui veut dire je laverai il sera temps ça s'écrit comme déjà t e m p s comme t'en pousses en latin t'en pousses mais oui bien sûr t e m ps tu vois Tu vois Jamy, c'est parfois pratique de connaître l'origine des mots. Hé oh ! Chut ! La petite voix me l'avait bien dit, le monsieur de toi.
J'ai l'impression qu'il l'a à l'œil. Ouais, et ben si elle continue comme ça, elle va même lui sortir par les yeux. Bon, elle n'aura qu'à lui faire les yeux doux.
Allez, c'est là, un peu tranquille Sabine, c'est notre copine. Ouais ! On se calme et revenons à l'origine latine des mots de notre langue. Le mot cheval, par exemple, qui a une origine latine. En latin classique, cheval se dit écousse.
Rien à voir, me direz-vous, avec cheval. C'est vrai. Tout simplement parce que les Gaulois ont davantage été influencés par les soldats romains avec qui ils étaient en contact que par les gens de la haute société romaine.
Or, les soldats romains utilisaient pour désigner leur monture un terme d'argot non pas écousse mais... Cabalus. Et Cabalus a ensuite engendré cavale, cavalcade, cavalier, cheval. Cela dit, Écousse a également fait une belle carrière, puisque de son côté, il a engendré équidé, équestre, équitation.
Il me semble, Jamy, que tu oublies le grec. Hypique, ça ne te dit rien ? Il y a aussi alphabet, athlète, démocratie, sympathie, géographie, orthographe.
Oui, migraine aussi, c'est du grec. Ça, je l'ignore. Mais voudrais-tu laisser entendre par là que je te gave ? Comment il me cause ? Alors très souvent, la racine grecque se trouve déjà dans le mot latin.
En effet, les Romains se sont largement inspirés du grec. Et comme le latin a ensuite influencé le français, eh bien indirectement, la racine grecque se retrouve en français. Tenez, prenons le mot hippopotame. Lorsque les Grecs ont découvert cet animal sur les rives du Nil, ils l'ont baptisé cheval du fleuve.
Hippos pour cheval, potamos... pour fleuve, hippopotamos, qui en latin est devenu hippopotamus, qui est devenu en français hippopotame. Alors le grec s'est également immiscé dans notre langue par des chemins moins détournés. Ainsi au 19e siècle, les scientifiques y ont puisé pour baptiser leur découverte.
Le mot dinosaure est directement inspiré du grec. En effet, soros signifie en grec lézard. Pénos signifie qui fait peur. Dinosaure, le lézard, qui fait peur. Mais revenons à hippique dont nous sommes partis.
Hippique est dérivé du grec hippos qui veut dire cheval. Et les Gaulois dans tout ça ? Seules quelques dizaines de leurs mots sont arrivés jusqu'à nous comme bec, ruche, alouette.
Un vocabulaire qui correspond bien à leur mode de vie agricole. En fait, ils ont délaissé leur langue au profit du latin. Il faut dire que les Gaulois ont appris... assez vite le latin alors il faut toujours se méfier d'un linguiste qui vous dit Assez vite, parce que, en ce qui concerne le gaulois et le latin, cinq siècles. Alors vous voyez que ça n'est pas tout à fait, tout à fait, rapidement, mais tout de même, il faut savoir qu'à partir du 5e siècle après Jésus-Christ, on ne parlait plus gaulois.
C'est ainsi qu'il ne reste presque plus rien de cette langue celtique dans notre français d'aujourd'hui. Alors Sabine, ça s'est bien passé la dictée ? La dictée !
Ah bah oui, oui, non, bah très bien, tu vas voir, j'ai une super note ! Bon bah rentre au camion, je t'ai préparé un goûter ! Ah mais pas tout de suite, Jamy ! Je voudrais d'abord passer à l'Académie française. L'Académie française, c'est une institution chargée de veiller sur la langue française.
Elle siège dans ce bâtiment à coupoles sur les bords de Seine au cœur de Paris. On verra un petit peu plus tard à quoi elle sert et comment elle fonctionne. Pour l'instant, ce qui nous intéresse, c'est sa bibliothèque.
Aujourd'hui encore, cette bibliothèque recèle de véritables traits. Trésor, depuis l'origine par exemple, elle contient la collection complète des livres ayant appartenu au cardinal Mazarin, le premier ministre de Louis XIV, mais aussi de petites perles telles que celle-ci, la chanson de Roland. On va en lire un extrait, vous allez voir. En sa main teint une vermeille pomme.
Jusque-là tout va bien, mais ensuite ça se complique. Tenez, belle cire, dit Roland à son oncle, de Tristoréis vaut présent les corones. Et encore, j'ai pas prononcé toutes les lettres.
Ce que nous avons là... C'est un texte écrit au XIe siècle. Alors ce n'est plus du latin, entre le IVe et le XIe siècle, la langue a évolué, mais ce n'est pas encore le français que nous parlons aujourd'hui.
En fait, Jamy, ce que nous avons ici, c'est l'un des premiers romans écrits en langue d'Oil. Reprenons. Tant que les Romains ont dirigé la Gaule, une seule langue a nominé les autres, le latin.
En 476, changement de refrain, l'Empire romain d'Occident s'effondre. Du coup, le latin s'estompe petit à petit au profit d'une multitude de langues régionales. Parallèlement, ces dialectes sont influencés par les langues que parlent les peuples germaniques qui envahissent la France.
Cette influence sera d'ailleurs plus sensible au nord du pays qu'au sud. Toujours est-il qu'aux alentours de l'an 1000, trois grandes tendances se dessinent sur l'ensemble du territoire. Au nord, les langues d'oil. Au sud, les langues d'oq. Et entre les deux, le franco-provençal.
Oil et o sont en fait deux façons de dire oui. À partir du XIe siècle, les langues d'Oil commencent à l'emporter sur les autres. Ce sont elles qui sont à l'origine du français. Cela dit, le français ne deviendra officiel qu'à partir de 1539, quand François Ier signera l'ordonnance de Villers-Cotterêts. À partir de cette date, tous les actes officiels sont rédigés en français, qu'on appelle le François.
Et non plus en latin. Vous le reconnaissez ? C'est le cardinal Richelieu, premier ministre de Louis XIII. Et c'est lui qui, en 1635, a fondé l'Académie nationale. Un siècle après l'adoption du français comme langue officielle, les académiciens sont chargés de fixer cette langue, de lui donner des règles.
Car à l'époque, on n'écrivait pas forcément les mots dans l'ordre que l'on connaît aujourd'hui. Les sujets n'étaient pas toujours avant les verbes, et les verbes avant les compléments. Quant à l'orthographe, elle était encore plus compliquée qu'aujourd'hui.
La première tâche des académiciens... a donc été d'éditer un dictionnaire. Et aujourd'hui, ils en sont à la 9e édition. C'est pas mal, hein ? Malgré les efforts de Richelieu et de François Ier, les patois restent longtemps la langue maternelle des Français.
Il y a seulement un siècle, la majorité d'entre nous était encore bilingue. C'est avec la Première Guerre mondiale que le français entre réellement dans la vie quotidienne. Le brassage des hommes est tel qu'il devient le seul moyen de communication possible. Durant tout le XXe siècle, les langues régionales reculent.
Au point que certains ont quasiment disparu. D'autres reviennent à la mode chez les jeunes, comme l'Occitan ou le Stimi. Ah que c'est putain fier, t'as l'accent périgot, t'as tout de faux ! Heureusement, t'as mieux, sinon c'est ton dioclague d'actif ! Eh pep, venez par ici, approchez.
Je voudrais vous présenter un académicien, monsieur Poirot-Delpech, qui est journaliste et écrivain. Alors est-ce que vous pouvez nous expliquer à quoi sert l'académie aujourd'hui ? Alors si vous pensez qu'il y a un... un peu de sanctions et un peu de discipline, de police, ça n'est pas vrai. Nous n'avons aucun pouvoir et on ne peut pas imposer notre version, sauf par l'intermédiaire des professeurs qui disent que l'Académie recommande plutôt ceci ou cela.
Par exemple, pour lutter contre les abus des affiches ou de la publicité, à l'Académie vous allez recommander l'emploi de jeux décisifs à la place de tie-break ou l'emploi de baladeurs à la place de Walkman, c'est ce type de recommandation que vous pouvez faire ? Je fais deux exemples parce que la publicité en particulier fait un usage extrêmement polluant de la langue. Lorsqu'un mot, il existe un mot en français, un mot bien formé, qui veut dire quelque chose, on trouve dommage qu'il soit remplacé. Hommes de lettres, de sciences ou anciens hommes d'État, nos quarts anti-mortels sont élus pour la vie. Et si à l'époque de Pagnol ou Cocteau, il n'y avait pas encore de femmes, l'erreur est aujourd'hui réparée.
A leur tête, leur secrétaire perpétuel est aujourd'hui une femme, Hélène Carrère-Dancos. Comme depuis 4 siècles, ils se réunissent chaque semaine pour veiller sur la langue française. Mais attention ! leur fameux habit vert, ce n'est que pour les grandes occasions.
Hé, Jamy, tu sais que normalement, on ne devrait pas pouvoir dire c'est pas sorcier on devrait dire ce n'est pas sorcier Oh, c'est pas grave ! Jamy, ce n'est pas grave ! Ok, je ne le dirai plus.
Alors, les premiers travaux des académiciens consistèrent à simplifier la vie des lecteurs. Tenez, le mot mauvais par exemple. Jusqu'au XVIIe siècle, il s'est écrit de la façon suivante. suivante. Le V n'existant pas dans notre alphabet, on utilisait le U.
Au lecteur de deviner si la lettre se prononçait U ou V. Pas simple. Eh bien, les académiciens ont résolu le problème en ajoutant la lettre V à notre alphabet. Même chose avec le J.
Il s'écrivait I. Les académiciens ont donc rajouté le J. Ils ont également retiré des lettres, celles qui ne se prononçaient pas.... Le C de fait, par exemple, ou le G de chacun. Le S aussi du mot fenêtre.
Mais là, ils ont rajouté un accent circonflexe sur le E pour le son E. Et puisqu'on parle d'accent, c'est également à cette époque que l'on en a mis un, grave, sur le A, quand il s'agit d'une préposition, pour ne pas le confondre, avec A, troisième personne du verbe avoir. Tu m'excuses, Jamy, mais ils auraient quand même pu faire un petit effort. Quand tu fais le compte, par exemple, il y a une lettre de trop.
Où ça ? À compte. Bah, le compte est bon.
Mais non, compte, il y a un P de trop. Oh, du calme. De toute façon, il s'énerve dès qu'il y a un P de travers. Tout ça, c'est pour éviter les confusions. Imaginez la phrase suivante.
Dans le compte, le compte compte avec ses doigts pour savoir combien il doit. Derrière le vocable compte, il y a plusieurs significations. L'objectif, c'est donc de reconnaître ces significations. signification à la simple lecture. Alors, compte, celui que l'on raconte aux enfants, c'est toujours écrit C-O-N-T-E.
Le compte du compter, lui, s'écrit C-O-M-T-E. En revanche, le compte, celui que l'on obtient après calcul, s'écrivait à l'origine C-O-N-T-E. Il y a donc là risque de confusion. Voilà pourquoi on a rajouté un P et un M qu'on est allé chercher dans sa racine latine computare. Même chose avec doigt.
A l'origine, il n'y avait pas de G. Il y a donc risque de confusion avec doit du verbe devoir Eh bien, on est allé chercher un G dans le latin digitus Malgré les efforts de l'Académie française, notre orthographe a conservé de nombreuses bizarreries. Certaines d'entre elles sont dues à de petites erreurs d'étymologie.
Le mot poids, P-O-I-D-S, pourquoi ce D ? Et bien parce qu'un grammairien a cru que ça venait de pondus latin. En fait, ça venait de pensum latin avec un S. Et pourtant, les Français sont plutôt hostiles à une quelconque...
réforme qui simplifierait l'orthographe. Ils sont même très fiers quand ils ne font qu'une dizaine de fautes à la fameuse dictée de monsieur Bernard Pivot. Je ne sais pas si vous avez remarqué mais on ne trouve pas systématiquement les mêmes...
mots d'un dictionnaire à un autre. Ici par exemple, il y a le mot texto petit message qu'on s'envoie d'un téléphone portable à un autre. Eh bien là, il n'existe pas. Et la raison est très simple, c'est que les dictionnaires sont fabriqués par des éditeurs privés et ce sont ces éditeurs qui choisissent à la fois les mots qu'ils font entrer dans leur dictionnaire et les définitions.
Donc, un dictionnaire ne dicte pas la langue. C'est, comment dirais-je, je cherche le mot. Le mot que tu cherches, Fred, c'est photographier.
Le dictionnaire est une photographie de la langue française à un moment donné de son évolution. Tiens par exemple, ton mot, texto, c'est un petit nouveau. Mais avant d'entrer dans le dictionnaire, il a suivi un véritable parcours du combattant.
On va retourner sur ses traces et vous allez comprendre. Chez l'éditeur du Petit Robert, on les guette en permanence les mots nouveaux. Il en entre pas moins d'une centaine à chaque nouvelle édition. Texto, ça vient bien de chez vous ça ?
Oui, c'est lui qui l'a déniché en 97. Et au fait, vous faites quoi monsieur ? Bah écoutez, je chasse les mots nouveaux. Je cherche les mots nouveaux partout, dans la presse, dans les magazines, même dans les revues publicitaires.
Vous voyez où on trouve plein de choses très intéressantes sur la nourriture, donc partout. On les traque également dans les livres. Dites-moi madame, il n'y aurait pas de textos dans votre livre ? D'accord. Excusez-moi.
Une fois qu'on a le mot, il faut lui trouver une définition. C'est Marie-Hélène qui s'en charge et ce n'est pas facile car sa définition doit être la plus exacte et la plus claire possible en seulement quelques mots. Et il y a aussi les étymologistes qui partent sur la trace des mots pour connaître leur histoire. On fait vraiment son état civil.
En quelle année il est né ? Quels étaient ses parents ? Et d'où vient-il ?
Qui est-il ? On est un petit peu des enquêteurs. Je dirais même à la limite des profileurs.
Eh oui Sabine, c'est du boulot l'histoire d'un mot. Où tu vas encore ? Entrez, entrez.
Bonjour Alain. Bonjour Sabine. Alors vous ici, en quelque sorte, vous êtes le rédacteur en chef.
On peut dire ça, oui. Et donc, vous êtes bien placé pour... pour voir évoluer la langue française.
Oui, oui, et elle évolue beaucoup. Alors, ce qu'on voit, par exemple, avec le mot texto, c'est que les mots de la langue parlée entrent de plus en plus facilement dans le dictionnaire. C'est vrai. Si vous voulez, c'est comme une maison, un dictionnaire.
Il y en a qui sont accueillantes, mais il y a des maisons, la porte est fermée, le mot, le petit mot nouveau que tout le monde dit, meuf, keuf, je ne sais pas quoi, moi, qui fait, il cogne à la porte, et puis le dictionnaire, il y a des messieurs très sérieux qui disent derrière, mais ça, ce n'est pas des mots corrects, ce n'est pas des mots qu'on va apprendre à l'école, tu ne rentres pas. Mais nous, on est assez porte ouverte, enfin bon, dans la mesure du possible, parce qu'il faut aussi quand même choisir. Il y a des insultes, il y a des mots dégueulasses, il y a des mots qui sont pas beaux.
Dégueulasse, d'ailleurs, c'est pas très beau, mais il est quand même dans le dictionnaire parce qu'il est très courant et que tout le monde l'emploie. Si Koff et Meuf ont peu de chances d'entrer un jour dans le dictionnaire de l'Académie française, les autres dictionnaires se montrent souvent plus à la page. Quoi qu'il en soit, le rôle du dictionnaire, c'est aussi d'intégrer les mots qui changent de sens, et il y en a beaucoup.
Prenez un mot comme révolution. Au début, c'est le fait pour un astre de tourner et de faire une révolution complète. A partir de là, on se sert du mot révolution pour dire retournement. Et ce retournement, on le fait entrer en politique.
En France, en 1789, boum, ça y est, il y a une vraie révolution. Et puis maintenant, on peut dire il y a une révolution dans la pâte à modeler, dans la bûche de Noël, parce qu'elle n'est plus faite de la même façon. T'entends ça Marcel ? Si tu changes de camion, ce sera une révolution !
Oh, dis donc, Jamy, c'est vrai, hein ? C'est incroyable le nombre de mots anglais qui sont entrés dans la langue française. Et ça ne date pas d'hier, hein ?
Football, bien sûr, mais aussi t-shirt. T-shirt, ça veut dire chemise en forme de T. Et puis, alors, ça, c'est rigolo.
Poney. Tu sais d'où ça vient, Poney ? Poney est un terme emprunté à l'anglais qui permet de désigner des chevaux de petite taille.
Mais auparavant, les Anglais l'ont emprunté au français. Que je vous raconte. Au XVe siècle, le petit de la jument était...
C'est désigné sous le nom de poulenais. Des écossais qui vivaient en France ont rapporté ce terme chez eux, non pas pour désigner le petit de la jument, mais des chevaux de petite taille. Prononcé à l'écossaise, ça donne pony, qui très vite est devenu en anglais pony. Et c'est ce terme qui a ensuite traversé la Manche et est revenu en France pour désigner des chevaux de petite taille. Et ce n'est pas tout, Jamy.
Le français n'a pas emprunté que des... mots anglais au 16e siècle par exemple quand les rois se sont mis à épouser des princesses italiennes marie et catherine de médicis les mots italiens sont devenus à la mode à la course est à cette époque là qu'on a gagné bien sûr spaghetti mais aussi colonel bataillon cartouches caprice et la liste est longue certains mots viennent de plus loin encore et parfois c'est la connaissance qui a servi de véhicule tenez chiffres ou alchimie par exemple comme comme alcool ou algèbre, ont été empruntés à l'arabe dès le Moyen-Âge. Dans un tout autre registre, paprika vient du hongrois, soja du Manchou, banane de Guinée. Plus loin encore, chocolat, tomate, cacao ont été importés au XVIe siècle d'Amérique. Les conquistadors n'ont pas seulement ramené les denrées, mais les mots qui servaient à désigner ces denrées.
Et tout cela est entré dans notre dictionnaire. Depuis une vingtaine d'années, ce sont les emprunts à l'anglais qui ont fait un boum, enfin, qui se sont nettement accélérés. Alors on peut dire évidemment que le français est un peu trop ouvert aux emprunts américains parce que c'est une source unique. Alors on peut trouver qu'il faut s'en défendre un peu, mais on le fait. Parce que, par exemple, le langage de l'informatique, celui des ingénieurs, il y a 10 ou 20 ans, il était totalement anglicisé.
Et aujourd'hui, on a de plus en plus de mots qui sont devenus des mots français. Double-cliqué. Et la souris, c'est du français.
Et puis, il ne faut pas oublier qu'avec 169 millions de francophones, le français est la 9e langue la plus parlée sur la planète. Il est la langue officielle de nombreux pays de l'Afrique noire. Et il est couramment...
pratiqués dans les pays du Maghreb. Et bien sûr, il y a le français d'Amérique du Nord, le québécois et le cajun de Louisiane sont restés très proches du français qu'on parlait à la Renaissance. Ah Sabine !
Alors, et cette dictée ? Ah, tout à l'heure à l'école ? Pas trop dur ? Non, bah non, du tout non, c'était très bien.
Je le reconnais lui ? Ouais, c'est son maître d'école. Dis donc Sabine, tu n'as pas corrigé ta copine ? Ah mais c'est Marcel que j'entends, oui Marcel !
Joli le... Non mais rassure-toi Sabine, peut-être qu'il est très fort en français mais il sait pas compter les fautes. Ah bah ouais c'est ça, je me disais aussi. Générique