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L'évasion d'Octavio, ancien membre du cartel

Et à ce moment-là, on voit deux gars qui sortent, ils sont cagoulés, armés, jusqu'aux dents. Donc là, je me dis, qu'est-ce qui se passe ? Je regarde de mon oeil comme ça et je vois que lui, il est fait à l'autre. Ah là là ! Bonjour tout le monde et bienvenue sur Légende. Aujourd'hui, émission exceptionnelle avec Octavio. Octavio qui est devenu pasteur après avoir été dans le cartel de Cali. En Colombie, le cartel est ennemi de Pablo Escobar. Il va nous expliquer tout ça. Il va nous expliquer comment une partie de sa famille y était, comment il a pu l'intégrer très jeune, combien de temps il a fait, ce qu'il a dû faire dans le cartel de Cali. Le cartel de Cali, à l'époque, c'était 90% de la production de cocaïne, notamment aux États-Unis. Et dans le monde, c'était absolument énorme. Il va nous raconter tout ça. En tout cas, merci d'être de plus en plus nombreux chaque semaine. On vous met le mercredi, le vendredi et le dimanche trois interviews. Prenez une seconde, si vous voulez bien, pour vous abonner à notre chaîne YouTube. Ça nous aide vraiment beaucoup quand vous vous abonnez. Mettez une petite cloche aussi pour être au courant des nouvelles vidéos. Et commentaires, n'hésitez pas à nous dire ce que vous pensez de la vidéo. Et c'est parti avec Octavio du Cartel de Cali. Bonjour, je suis Octavio. Je viens de Cali, le cartel ennemi de Pablo Escobar. Je vais vous raconter mon histoire de comment j'ai rencontré la foi au milieu de tout ça. Eh ben voilà, bienvenue Octavio, merci beaucoup. Je sais que tu préférais que ça soit en espagnol l'émission, mais malheureusement je ne maîtrise pas assez bien. Tu parles français, je peux te parler correctement, même si tu as un accent tu comprends tout parfaitement. Bien sûr, si tu veux même moi j'ai quelques... que petit mot en espagnol, c'est bienvenu aussi. Ah, c'est vrai ? Je sais parce que Sébastien qui a préparé l'émission et qui est le chef auteur ici et qui a préparé le contenu, parle couramment espagnol et je sais que vous vous êtes paré dans le bureau. avec un espagnol absolument parfait. Je vais essayer de faire du mieux que je peux, de parler lentement. Tu t'appelles Octavio Bermeo Valencia, c'est comme ça qu'on dit. Ancien membre du cartel de Cali en Colombie. Comme tu le disais très justement avant, c'était le cartel qui était concurrent à celui de Pablo Escobar à Medellín. C'est un sujet qu'on n'a jamais abordé. C'est hyper intéressant. Depuis, tu as quitté ce cartel, évidemment, et tu es devenu pasteur dans une église évangélique protestante à... à Chambéry. Tu vas nous raconter tout ton parcours, comment tu as survécu au milieu de tous ces gens qui se faisaient descendre dans les rues, parce que c'était vraiment très très dangereux. On n'imagine même pas les chiffres. Tout à l'heure, Sébastien viendra justement à côté de toi avec les chiffres de l'époque, non seulement de l'argent, combien ça rapportait, la drogue, qui était absolument considérable. Il y avait une famille qui gérait le cartel de Cali. C'est la famille Orejuela, c'est comme ça qu'on dit ? Très bien prononcé. O'Rehuela, une seule famille qui gérait, c'était plusieurs familles. Tu vas nous expliquer la différence tout à l'heure entre un gang, moi ce n'est pas très clair, quelle est la différence entre un gang et un cartel ? Est-ce que juste tu peux nous répondre à ça, et après on va faire tout le cours de ta vie. Angan avait la connotation de quelque chose de beaucoup plus guerrilla, de certains cartels de villes, donc c'était plus petit, et Angan pouvait agir. dans certaines périodes et disparaître. Alors que quand on parlait d'un cartel, c'était quelque chose de beaucoup plus travaillé, où il y avait des personnes qui avaient beaucoup plus d'influence, avaient beaucoup plus de pouvoir, et on pouvait dire qu'un cartel pouvait tenir dans la durée de plusieurs années et avoir le contrôle d'un cartel, mais aussi d'une ville. C'est en centaines de milliers de personnes. C'est ça qui est fou, on va en parler tout à l'heure. Les cartels, on n'en imagine pas, mais ça avoisine l'armée française. C'est énormissime. C'est-à-dire que quand le pays est contrôlé par un cartel, c'est quasiment impossible après de repasser et de le faire disparaître. Donc tu vas nous raconter tout ça. Toi, tu es né en 69, dans la ville de Cali, justement. Donc c'est la troisième ville la plus importante de Colombie, après Bogota et Medellín. Tu vas grandir là-bas dans une famille assez pauvre, populaire. Ils font quoi tes parents dans la vie à cette époque ? Alors à l'époque, mes parents font partie des... C'est-à-dire en Colombie, à l'époque, il y avait... deux couches sociales. Le pauvre, il est riche. C'était facile à comprendre ça. Donc il faisait partie des pauvres. Mon père, il essayait de nous élever avec comme il a pu. Il était boulanger et ma mère, elle était femme au foyer. Donc, comme toute famille de la Colombie, on était nombreux, sept à la maison. Et ça nécessitait vraiment... Sept enfants ou sept avec les parents ? Neuf avec mes parents. Ah ouais ! Et mon père était la seule source. des revenus pour nous. C'est intéressant, on essaie de comprendre l'humain. À l'époque, tu es né en 69, tu es en Colombie, tes parents n'ont pas trop d'argent. Est-ce que tu es élevé de manière sévère ? Est-ce que tes parents ils sont durs ou tes parents ils te laissent un peu aller dans la rue faire ce que tu veux ? Alors il y a les deux choses en même temps. Les parents, vu que c'est une génération qui a hérité cette valeur du travail, tu travailles, tu bosses, il n'a pas le temps de t'amuser, donc il était très sérieux, il était très sérieux avec nous. Et en même temps, la maman elle donnait ses côtés. Allez, tu peux aller t'amuser. On pouvait trouver quelque part cet équilibre. Notre père, il nous donnait ce côté un peu armé, un peu très discipline. Mais dès qu'il partait au boulot, avec ma maman, on pouvait avoir ces moments dans lesquels on pouvait sortir dans la rue, on se trouvait avec les copains dans les quartiers, on pouvait sortir, jouer nos jeux. de manière très simple. Oui, tu as une vie normale. Pour comprendre comment tu en es arrivé là, tu disais qu'il y a deux couches sociales. Il n'y a pas de ce qu'on appelle la classe moyenne en France, la middle class aux Etats-Unis. C'est soit tu es très riche, soit tu es très pauvre. C'est très compliqué de sortir de ça en fait. quand tu es pauvre, tu restes pauvre, finalement. C'est ça. Et en plus de ça, il y a aussi l'aspect qu'on est dans une culture dans laquelle la politique est très... Il y a beaucoup de corruption au milieu politique. Et donc, du coup, le peuple, c'est le peuple qui va avoir les conséquences. Donc, du coup, c'était très difficile qu'une famille puisse s'en sortir juste en travaillant de manière normale. Dans les années 70, on va y revenir après, ils sont vraiment marqués par l'arrivée des différents cartels en Amérique latine. Le cartel de Cali va devenir, d'après certains spécialistes, même plus puissant que le cartel de Medellín, le cartel de Pablo Escobar, qui est de la ville de Medellín. C'est les noms. nom de ville tout simplement, à quoi ça ressemblait la vie à l'époque dans la rue ? Est-ce que quand il y a des cartels qui arrivaient, comment est-ce que tu reconnaissais les gens qui travaillaient dans les cartels ? Alors, c'était très difficile parce qu'autant on pouvait avoir une ambiance dans laquelle on était tranquille dans la rue, et autant il y avait une tension qui arrivait. Et quand on savait qu'il y avait du bruit, qu'il y avait la tension dans les rues, on savait qu'il y avait des personnes qui commençaient à arriver et là on savait que les chefs des cartels avaient envoyé certaines des personnes qui travaillaient avec eux pour regarder l'ambiance des rues, des lieux est-ce que c'était facile d'aller placer de la cocaïne à les vendre donc c'est eux qui allaient tester quelque part l'atmosphère de nos cartels donc on pouvait être dans une atmosphère très tendue mais en même temps on pouvait passer dans quelque chose dans laquelle, vite fait, tout le monde devait rentrer à la maison. Les gens avaient peur ou pas ? Ah oui. Tout le temps ? Oui, les gens avaient peur. Et pour te dire, il y avait des moments dans lesquels on savait que dans certains cartels, par exemple, moi j'habitais dans un cartel qui était très dangereux, à partir de 10h, tu ne pouvais pas pointer le nez dehors. Tu sois ? Ah oui, oui. Et ça nous arrivait une fois, on rentre à la maison, à 10h on savait, mes parents nous donnaient toujours ces données. cette discipline à rentrer pas trop tard à la maison. Il faut, à partir de 10h, vous soyez à la maison. Et ce jour-là, on était tous là, dans la porte d'entrée, parce que la vie aussi se passe dans la porte d'entrée de la maison. Les gens, beaucoup, se parlaient avec les voisins et tout ça. Donc, on était là. Et à ce moment, mon père nous regarde. Et donc, on sait qu'on doit rentrer. Et donc, on rentre à tous. Quelques minutes après, peut-être 10 minutes après, on entend boum, boum, boum, boum, boum, boum. Donc, c'était... On appelait ça à l'époque un nettoyage. Il y avait certaines personnes du cartel de Medellín qui avaient envoyé pour qu'ils fassent un nettoyage dans cette rue-là. Ça veut dire quoi, un nettoyage ? Quand tu savais qu'il y avait des gens qui revendaient de la drogue, peu importe, sans savoir le nombre, le nom de la personne, ils tuaient. Au hasard ? Au hasard, pour faire un nettoyage. Pour faire un exemple ? Oui, pour faire un exemple et pour faire peur sur tout ça. Pour se dire, c'est bon, c'est notre territoire à nous. Tu savais dans ta ville combien il y avait de meurtres à peu près ? Oui. À l'époque, on avait 30 homicides par jour. Par jour ? Par jour. Malheureusement, c'était la ville la plus meurtrière du monde à ce moment-là. Pas de la Colombie mais du Monde. Ça fait beaucoup de temps par jour. Oui. Tu te rendais compte, même si tu étais petit, de ça ? Tu comprenais un petit peu ? On va parler de ton intégration dans le cartel, mais tu comprenais déjà tout bébé ou pas trop ? Je savais qu'il y avait la violence, qu'il fallait faire attention, que depuis que j'étais petit, j'entendais déjà des choses et je voyais aussi des scènes très violentes autour de moi. Donc ça commence à construire quelque part la manière comme... je devais me conduire et mon aperçu de tout ce qui est autour de moi. Donc oui, j'avais une conscience de ça. À quel âge tu vas découvrir la mort ? À quel âge tu vas la voir vraiment toi au plus près ? Alors, ça m'a... Ça est venu me frapper trop près de moi quand j'avais 12 ans. 12 ans, j'étais avec des copains du collège. On est partis juste comme ça. pour faire des devoirs chez un copain. Et en Cali, il y avait beaucoup de gangs différents. Ah, tu veux dire de gangs ? Oui, des gangs. Ah oui, d'accord. Et ces gangs, ils se battaient par le territoire, mais ils étaient aussi pégeés. Et on les payait pour qu'ils puissent vendre aussi la drogue. À l'intérieur de Cali, il y a plusieurs gangs. C'était gangrenés de partout. Voilà, c'est ça. Et donc... Du coup, quand je suis allé chez mon copain pour faire mes devoirs, on était là, on sort, on finit l'après-midi, je vais partir pour venir chez moi. Et là, tout à côté de nous, il y a une scène très violente qui se passe. On voit des jeunes qui viennent courant, ils commencent à se confronter entre eux. Et là, pour la première fois, je vois qu'à coup de couteau, de machette, il y a un gars qui tombe par terre et qui est mort. les morts, les sans-cours, c'est très difficile de voir ça très jeune. Et tu as peur pour toi, et c'est là où tu commences à te dire, attention, il faut que tu fasses attention, où tu vas, comment tu sors. Donc tu commences à, quelque part, à construire ton identité avec une carapace, quelque chose dans laquelle tu te dis... Tu dis, ça peut m'arriver, il faut faire attention. Ça peut m'arriver, à tout moment. Tu le connaissais, le jeune ? Non, celui-là, je ne le connaissais pas. Mais j'ai une autre histoire, c'est... et quelques temps après, aussi à l'âge de 14 ans, j'étais dans une boulangerie à côté de chez moi, ça s'est passé à côté de chez moi, j'étais en train de parler avec une amie à moi, c'était quelqu'un que je connaissais, mais malheureusement en Colombie, des 10 familles, à l'époque il y avait 8 familles, elles touchaient quelque chose par rapport à la drogue. Donc mon ami... Tu veux dire que quand tu as 8 enfants, il y en a toujours un qui est dans le cartel ? Ouais, quand tu as une famille, nombreuses, de toute façon il y a un qui a eu une affaire avec ça. Tu vas y aller ? C'était un des amis ? C'était l'un de mes amis. Tu savais qu'il était dans le cartel ou pas, non ? Alors je savais qu'il faisait des choses un peu tordues, mais je savais pas jusqu'à quel point. Et ce jour-là, on était là et c'est après que je me suis rendu compte de ce qui s'est vraiment passé dans sa vie. Parce que ce jour-là, on était là et ce qui m'a choqué le plus c'était qu'un jeune des... 14-15 ans, il descend d'un scooter, il prend une arme, il la visse, boum boum, il la tue à côté de moi. Moi je vois cette scène-là, je vois que mon ami tombe par terre, il n'a même pas le temps de rien dire. Et les gens-là, ils me regardent et me disent tu n'as rien vu Donc moi je vis... Non, non, je n'ai rien vu. Ah tu ne regardes même pas... Et lui il part. Ah il ne t'a pas tué. Il aurait pu. Il cible quand même les gens. Il ne tire pas non plus sur tout le monde. C'est après qu'on s'est rendu compte que c'était un jeune homme, mon ami, il avait une dette avec une autre gang. Oh, ça ne rigole pas. Ils appellent ça des sicarios, c'est ça ? Sicarios. C'est à cette époque-là que ce métier est né, malheureusement. Un nouveau métier. C'est le tueur, en fait, ici. Le tueur à gages. Qui était aussi... C'était les jeunes qui faisaient ça. C'était triste de voir des jeunes, des enfants qui travaillaient. Toi, tu n'es pas encore dans le cartel à cette époque. Tu es encore un jeune homme. Est-ce que tu passes près de la mort, même en étant pas encore dans le cartel ? C'est des séquences que j'ai vues autour de moi. Mais personnellement, si, je passais des moments, mais ça a été quand j'étais un peu plus âgé. Quand tu vas te faire prendre par un groupe armé, c'est à quel moment ? Alors là, j'ai l'avant-intérêt... d'années déjà. Mon frère, qui habite en Espagne, il vient nous rendre visite à la ville de Cali. Je suis très content de l'accueillir. Il m'a dit qu'on allait faire un petit tour pour manger quelque chose dans une petite colline qui est dans la ville de Cali. On a regardé toute la ville, c'est très beau. Et donc, on y va tous ensemble là-bas avec ma soeur, ma nièce, qui a à l'époque 8 ans, quelque chose comme ça. Et... Et on est avec mon cousin, je pense qu'on est peut-être cinq, comme ça, on est là. Et les groupes armés étaient très près de la ville de Cali. Parfois, ils descendaient dans certains lieux pour voir à qui ils pouvaient kidnapper, tuer, tout ça. Quel enfer ! C'est-à-dire qu'entre les cartels extérieurs, les gangsters, les gangs, tu pouvais mourir tout le temps ? C'était la totale quand même, oui. C'était très difficile, comme précision. Et là, on est partis, et à ce moment-là, on est en train de regarder la ville, on est là, tranquille, je n'imaginais pas que quelque chose allait nous arriver. Et à ce moment-là, on voit deux gars qui sortent derrière quelques arbustes, ils sont cagoulés, armés, jusqu'aux dents. Et là, ils nous disent, alors tous, mettez-vous là-bas, enlevez vos vêtements. Ils commencent à nous fouiller, et là, ils commencent à nous voler tout ce qu'on a. Mon beau-frère, mon frère. quand même, il avait ramené l'argent de l'Espagne. Donc, ils ont pris tout l'argent qu'il avait. Et à un moment donné, quand ils avaient fini avec nous, j'entends, je vois l'un des gars qui regarde à l'autre. Il dit, amène les gars d'un côté et les filles de l'autre côté. Donc là, je me dis, qu'est-ce qui se passe ? Et là, quand tu commences à nous faire séparer, je regarde de mon oeil comme ça et je vois que lui, il le fait à l'autre. Il a fait ce signe. Alors là, je comprends qu'il était en train de dire on va les tuer à tous. Alors là, à ce moment-là, je me suis dit bon Octavio, si tu ne fais pas quelque chose là, tu vas voir, tout le monde s'est fait tuer là. Et quelque part, je ne sais pas, j'ai pris de la force, de son courage. Et donc, je l'ai regardé comme je pue dans sa cagoule. On voyait juste au Cégep. Je lui ai dit, écoute, s'il te plaît, ne fais pas des choses que tu vas regretter. Il faut savoir que les Colombiens quand même au fond, au fond, ils ont des sentiments, des émotions, et puis après au fond, au fond, ils croient quand même en Dieu. Donc je suis allé dans ce sens-là parce que je commençais déjà à marcher dans la foi, je leur ai dit, écoute, ne salis pas ta vie avec des meurtres que tu vas faire. On t'a déjà tout donné, toi t'as déjà l'argent, et sache aussi que, moi je leur ai dit ça, il y a un Dieu qui peut tout juger. Donc il faut faire attention. c'est triste ce que tu vas faire, tu vas te salir, on n'a rien fait. Et là, je pense que j'ai réussi à le toucher, il m'a regardé, il a appelé son copain, il a dit partez. Il nous a laissé partir. C'est pour ça qu'on est partis, on est partis sans rien, comme ça. Mais bon, tu t'en fous. Oui, c'est ça. Même sans argent, sans t-shirt, c'est pas grave. Et on a porté plainte à la police la même soirée. Et la police... Il nous a dit, vous avez eu de la chance, parce qu'il y a dans ce secteur-là, il y a beaucoup de meurtre. Oh là là ! Mais ça devait être l'enfer à l'époque d'habiter là-bas ! Un jour, ta sœur, tu disais que vous étiez sept enfants, neuf à la maison avec tes parents, elle va revenir à la maison. Alors elle, elle avait fugué, elle avait quitté la maison quand toi... T'avais 18 ans, elle avait 20 ans, donc il y avait 12 ans d'écart en gros, t'avais 8 ans et 20. Pourquoi elle avait fugué déjà ? Parce que c'est un rapport avec la suite et ton arrière dans le cartel. Pourquoi elle avait fugué ta sœur ? Alors, je pense qu'elle est partie parce qu'elle voulait chercher quelque chose de nouveau pour sa vie, c'est donner une chance. Et puis après aussi parce que mon père était quand même très strict. Donc je pense qu'elle a fui un peu à tout ça. Il voulait se donner une autre chance dans sa vie aussi. Donc, elle est partie en recherchant une autre chance. Une autre vie. Elle va revenir avec un copain. Elle va être amoureuse d'un mec plus âgé qu'elle. Pas énormément, mais cinq ans de plus. Tu dis que sa vie avait changé. Qu'est-ce qui avait changé ? Effectivement, ce qu'elle cherchait, je pense qu'elle l'a trouvé. Parce que quand elle est revenue, elle est revenue différente. Elle est arrivée à la maison déjà avec une enfant, avec un bébé. Et puis après, au même temps, je l'ai vu qu'elle avait changé sa manière de s'habiller. Je regarde un peu dehors comme ça et elle arrive avec un gars qui est super bien habillé, avec une grosse voiture qui est garée là dehors. Et là petit à petit, je m'aperçois qu'elle a eu des choses qui ont changé dans sa vie, au niveau financier, au niveau de comment elle vivait. Elle gagne de l'argent mais tu ne sais pas comment. Voilà. Et tu remarques que ça va changer chez toi après aussi. Aussi, il y a un impact chez moi. Tu vois que tu es plus capable de faire des choses. que ton père change de train de vie. Qu'est-ce que tu vois chez tes parents ? Alors, je vois que mon père, pendant des années, il fait son pain comme un petit boulanger du village, du quartier. Il se débrouille. Il se débrouille, il fait son pain. Il a un vélo qu'il charge devant et derrière. Il fait son vélo, il va faire différents marchés pour vendre son pain. Mais du jour au lendemain, je vois que son vélo devient une grosse camionnette. Ah, petit lundi ! Oui, oui, là, je me dis, OK, mon père, au lieu d'avoir un vélo, il a maintenant un camion. Il louait un petit local pour faire son pain. Et d'un seul coup, je vois que son petit local commence à devenir... Maintenant, c'est une grosse boulangerie dans son quartier, dans lequel il y avait beaucoup de monde. Tu vois qu'il y a une évolution très rapide. Très rapide. Anormale. Ah oui, oui, oui. Tout ça s'est passé, je pense, en moins d'une année. Tu avais quel âge, toi ? À cette époque-là, je n'ai déjà... 12 ans. Tu comprends ou pas ? Pas trop. Plus ou moins, oui, pas trop. Et vous changez de maison ? Vous habitez ailleurs ? Aussi, quelque chose qui m'a beaucoup impacté, c'est ça. On était dans un des quartiers les plus pauvres de Cali. Et au bout de quelques mois, on passe à vivre dans une grosse ville dans un quartier très riche de la ville de Cali. Son mec, il est un petit peu plus âgé. Et un jour, il te dit viens avec moi. moi. Il te prend avec lui dans la voiture. Oui. Tu sais pas ce que tu vas faire. Et il t'emmène où ? Alors, là, c'est-à-dire que pendant tous ces changements qui sont là, je vois quand même qu'il y a des paquets de dollars dans la maison. Des paquets ? Ouais, des paquets de dollars. Des paquets d'argent ? Ouais. Je prenais de temps en temps un petit dollar par-ci, par-là, quand on sortait. Et un jour, il me dit, écoute, j'ai besoin de toi. Viens avec moi. pour faire une course. Donc moi, je viens avec lui, je monte dans sa voiture. On se gare dans son parking. Et là, je vois qu'il sort dessous de la chaise de sa voiture. Sous le siège ? Des paquets, oui, de son siège là. Et il part. Des paquets, tu vois pas ce que c'est ? Oui, moi, quand il part, je me tourne pour regarder encore. Il y avait d'autres paquets. Et là, je ouvre pour regarder. Et je vois... une poudre blanche. Ressent-tu que je n'ai pas goûté ? Mais à ce moment-là... Tu pensais que c'était de la farine ? C'est comme si ton père était boulanger. Je regarde, et du coup, il arrive, et je vois qu'il arrive avec d'autres paquets, mais là, il y a de l'argent. Donc, il sort de l'argent, et il me donne. Il me dit, tiens, pour avoir passé ce moment avec moi. Je lui dis, mais c'est quoi ça ? Qui est là ? Et donc, d'une manière très ironique, il me dit, Il me regarde et me dit C'était la farine. Alors, je n'arrive pas à capter tout de suite. Je dis C'est la farine ? Je voudrais bien devenir boulanger. Mais bon, quelques moments après, j'ai compris que c'était quelque chose de plus que la farine. Et donc, il commence à me ramener un petit peu dans ce milieu-là comme bouclier. Comme bouclier. En fait, c'est pour ça qu'il t'emmenait ? Oui. En enfant. Parce que quand il y a un enfant, il faut un... Et tu pars à l'enfant ? Je pense que ça donne beaucoup plus de confiance quand tu devais traverser certaines zones, voir... Quelqu'un qui est avec un enfant à côté, ça enlève tout un indice. Tu crois qu'il y a des tueurs, des cartels, qui peuvent ne pas tirer sur un enfant ? Oui. Ils peuvent quand même faire attention ? Oui, oui, oui, je crois, oui. Donc ils jouent un peu par rapport à ça. Waouh. En fait, c'est la première fois finalement que tu rentres dans ce milieu sans vraiment te rendre compte finalement. Qui était ton beau-frère ? Est-ce que tu apprends un peu ce qu'il fait ? Qui c'est ? Est-ce qu'il a un gros poste ? Oui, c'était quelqu'un qui... qui a commencé de tout en bas. C'est après que j'ai compris ça. Mais il était très discret. Il ne laissait pas voir ce qu'il faisait. C'était quelqu'un de très généreux aussi. Mais c'est vrai qu'il n'avait pas fait d'études. Donc, il a trouvé les moyens de commencer à rentrer dans ce milieu-là avec des petits boulots. C'est-à-dire ce qu'on appelle les deals. Mais vite fait, il a grimpé parce que c'était quelqu'un qui était très... Il décidait aller beaucoup plus loin. Donc, il a su... C'était quelqu'un de charismatique. Donc, il a su gagner la confiance. Et il a su gagner aussi... Il a fait preuve des valeurs. Parce qu'en ces milieux-là, il faut faire preuve des valeurs aussi. Il faut des valeurs pour être dans un cartel. Ah oui. Si tu veux monter. Oui, oui. C'est-à-dire de reconnaissance envers celui-dessus. Oui, oui. Il faut être fidèle. Il faut être fidèle. il faut être fidèle au bébé. Sinon tu meurs, non ? Surtout, il ne faut pas avoir peur de la mort. Donc du coup, tous ces éléments ont joué à ce que petit à petit, il a commencé à prendre de la position jusqu'au point qu'il est arrivé à devenir quelqu'un d'influent dans les cartels de Cali. Ça veut dire qu'à un moment donné, il ne touchait même pas la drogue. Je voyais qu'à la maison, les gens arrivaient, et c'est lui qui envoie. C'était dangereux ou pas ? Quand tu prenais la drogue, oui. Parce que malheureusement, il consommait aussi. Donc quand tu consommais, parfois il ne savait pas gérer ses émotions. Ah c'est vrai ? Oui. Mais tu l'as déjà vu tuer des gens, etc. ? Je l'ai vu punir, déjà. Jusqu'à où ? C'est une autre façon de le dire. C'était difficile parce que justement quand on faisait mal les choses et dans ce milieu-là parfois l'argent est tellement une espèce. ça se perd parfois les grammes de cocaïne ça se perd aussi donc du coup mon beau-frère il fallait qu'il tienne bien ses comptes et quand il y avait quelque chose qui manquait il trouvait la personne qui avait commis l'erreur Et parfois, il les enfermait là, derrière, dans une chambre. Et j'entendais qu'il y avait des coups, il y avait des punitions. Bon ! Autre époque, quand même. Oui, oui. C'est dans ce contexte que je grandis quand même. Mais il était quand même gentil avec toi, lui, oui ? Oui, il était très gentil avec nous. C'est ça, il était dur là-bas, mais avec vous, il était... Oui, c'est ça. C'était un peu, disons, paradoxal de son métier. Et cet homme, il vivait chez vous ? Vous habitez dans la même maison ? On vivait ensemble. C'est une grande ville. Lui, il habitait en bas avec ma soeur et ses enfants. Et nous, on habitait dans une étage. Qu'est-ce que tu as vu de plus luxueux que vous aviez et que les autres n'avaient pas à l'époque ? À l'époque, je me souviendrai toujours qu'il y avait des grosses camionnettes à Mitsubishi que dans la ville de Cali, avoir une camionnette comme ça, un camion comme ça, c'était du luxe. Donc du coup, lui, il y avait juste deux personnes de camion qui s'avait fait revenir des Etats-Unis. C'était lui ? Mon frère, il avait ça. Et dans la maison, t'avais des trucs de luxe ? Oui, il y avait toujours des belles bouteilles, surtout ça, très très très cher. Je dirais qu'il n'était pas tiré par les offres d'art, mais il avait toujours beaucoup d'argent dans les tiroirs. Vous aviez un frigidaire aussi, un frigo ? Ah oui ! À l'époque, ça m'a marqué parce que tant que jeune, avoir un frigidaire américain avec deux portes qui fait des glaçons, qui fait plein de choses. Vous aviez déjà dans les années... Oui. 80 ? 70-80 ? C'est déjà un frigo avec des glaçons ? Oui, oui. Ah ouais, c'était... Parce qu'il l'avait fait faire venir des Etats-Unis aussi, tout ça, donc voilà, on était quand même... En avance ? Oui, en avance. Les cadeaux qu'il faisait à mes soeurs pour l'anniversaire, c'était des motos. Donc voilà, offrir à l'époque, en années 90, Colombie-Cal, une ville des pauvres, comme cadeau d'anniversaire, une moto à une jeune fille, c'est... Oui, c'est pas normal. Ah non, non. Tu vas nous parler de comment tu es rentré. et ce que tu as vraiment fait après. Lui, tu sais, s'il a déjà dû tuer des gens, est-ce qu'on est obligé de tuer des gens pour monter dans le quintal ou tu peux juste rester sans tuer forcément des gens ? Il y a les deux. Je pense que les personnes qui, parfois, quelque part, veulent faire preuve qu'ils méritent une place, ils vont faire ça. Je ne pense pas que mon beau-frère était à ce point-là de mettre... La vie d'une personne pour avoir une position, elle n'était pas non plus jusqu'à ce point-là, mais il y avait des personnes qui n'hésitaient pas à le faire. Donc du coup, on pouvait voir les deux cas. Alors pour expliquer, parce que c'est pas l'histoire de France, donc tout le monde ne connaît pas bien, moi je ne connaissais pas exactement comment ça s'est passé, mais c'est au milieu des années 80, il y a eu des tensions entre les cartels. Ça commençait un peu à s'énerver, au début chacun à sa zone, chacun vend sa drogue, chacun exporte aussi. aux Etats-Unis, etc., sur différentes zones. Il y a celui de Medellin, dont je vous le disais avec Pablo Escobar, celui de Cali. Et en fait, ça va commencer à se bagarrer, cartel les uns contre les autres, ça va un peu exploser. Il y a Sébastien qui va venir à côté de toi, quelques instants. Il a pris les chiffres, il a bossé sur les chiffres, il a montré des graphiques pour qu'on se rende compte de l'ampleur, le nombre de gens qu'il y avait qui bossaient à l'intérieur et tout ce qui s'est passé, la quantité astronomique de... De drogue et après tu vas nous raconter ce que toi t'as vécu au cartel de Cali. C'est parti, on fait rentrer Sébastien. Allez, c'est bien arrivé, bienvenue. Merci. On a rajouté un siège. Ah oui, tu vas avoir une discussion en espagnol. Oui, comment ça ? Bien, bien, bien. Qui siempre bien. C'est bien. On va parler de Cali et de Medellín, les deux villes où il y a les principaux cartels dont je vous parlais juste avant. Qu'est-ce que t'as vu sur le cartel de Cali ? Qu'est-ce qu'on peut raconter ? Alors, je ne sais pas ce que vous en avez dit pour l'instant. Le mieux concerné pour l'instant, c'est Octavio. Ça fonctionne complètement différemment. Cali, on est sur un format de quatre dirigeants, quatre parrains, qui vont s'organiser, qui vont être dans la discussion, qui vont être très discrets. Ce qui va se passer comme business dans la ville va rester très secret. À l'inverse de Medellín, où ça va être vraiment folklore. qui vont être un peu vus par des voyous même par le cartel de Cali. Donc c'est deux ambiances complètement différentes. C'est plus sérieux le cartel de Cali ? C'est très sérieux, c'est très organisé. Ça veut vraiment rentrer dans la politique du pays interne. Ça veut tout gérer, ça veut contrôler les comptables, ça veut contrôler les économistes. Ça cherche à être partout. C'est là la force du cartel de Cali. La DEA, qui s'occupe de la gestion de la drogue et du contrôle de la drogue dans le pays, aux Etats-Unis, pardon, avait même dit que le cartel de Cali était sûrement la plus grande organisation criminelle du monde. à cette époque-là. Ah là là ! Donc c'était assez gigantesque. C'était gros. Ça représentait quelle part du trafic de drogue quand on sait que on va dire que 100% du trafic de cocaïne dans le monde c'était combien Cali ? C'est très simple. 90% de la cocaïne des Etats-Unis était envoyée par le cartel de Cali. Putain ! Et 80% de la cocaïne européenne donc pas juste en France européenne était celle du cartel de Cali. Oh la vache ! C'était le monde entier à quelque chose près aujourd'hui. L'argent, ça t'a rapporté ça ? C'était assez fou en termes de... les proprios, la famille, tu les as déjà vus ? La famille en soi, je n'ai pas pu les voir parce que c'était très bien... Cloisonné ? Cloisonné, oui. Pour pas que vous puissiez les voir, c'est incroyable. Ce qu'il dit, c'est vrai parce que même le club de foot, derrière ça, c'était les cartels aussi. Qui finançaient ? Oui. Putain, c'était un lobby en fait. Le club de foot, c'est un bon exemple, je trouve, parce qu'il s'appelle l'America des Cali, qui était un club qui perdait beaucoup pendant des années. Oui, perdait. Qui ne gagnaient pas de compétition Et puis un des frères Adorait le foot C'était des mecs très sains Ils ne se droguaient pas, ils ne fumaient pas Ils étaient très carrés, c'était des businessmen du cartel Et ils adoraient le foot C'est des businessmen de la drogue Pas toujours très sains mais eux avaient une hygiène de vie saine Leur passion c'était le foot par contre Ils ont dit on va investir dans le club de l'America de Cali Ce qu'ils ont fait, c'est qu'ils ont mis de l'argent dedans, et l'année où ils ont commencé à investir, le club est devenu champion. Et les cinq années qui ont suivi, le club est resté champion. Donc l'investissement a été massif. Après, dans quelle mesure ? Un peu comme le PSG, finalement. Un club qui est racheté par des gens qui ont des moyens, qui ne sont pas un cartel, et qui vont permettre de gagner parce qu'ils vont acheter des joueurs. C'est ça. Puis il faut juste, pour résumer le cartel de Cali, en termes d'implication dans la société, il gérait la compagnie de téléphone. C'est-à-dire que toutes les écoutes étaient possibles. Il gérait les taxis. Il y avait à peu près un milliard de dollars qui circulaient de pots de vin par le cartel de Cali. Ils pouvaient acheter, tout le monde et tout. Donc les contrôles à l'aéroport étaient faits par des gens qui étaient du cartel de Cali, ce qui fait qu'aucun mec des États-Unis ne pouvait rentrer sans être capté. Et les deux cartels s'entendaient bien ? Pendant très longtemps, il y avait eu une très bonne entente. C'était New York, par exemple, qui était une ville qui était visée par les cartels. Il y avait moyen de négocier puisque chacun se laissait des quartiers. Tout le monde se trouvait sa place, en fait. En réalité, c'était plutôt tranquille comme ambiance. Ils se respectaient. Il y a même des amitiés entre les patrons d'un cartel et de l'autre, des gens qui se connaissaient, ils avaient même créé une banque ensemble. Donc il y avait une banque qui s'est recevue à blanchir de l'argent, donc c'était une banque un peu à part, mais il y avait une entente réelle. Et c'est sur un événement très particulier qu'il va y avoir une scission. Une embrouille. Une embrouille. New York, assassinat d'un membre du cartel de Medellin, enfin un proche du cartel de Medellin, et c'est un membre du cartel de Cali qui le tue. À ce moment-là, le cartel de Medellin prend un peu ça à charge, et Escobar dit... On va tous vous tuer. Quartel de Cali a dit, tranquille, on protège nos gars, on arrête là, on va pas tuer la Colombie juste pour tes beaux yeux. Donc ça s'est pas fait. Mais ça a commencé à créer en tension, et puis ça a été à qui mettait le premier coup à l'autre. Et ça a commencé à ce moment-là la guerre entre les cartels. Fin 87, il arrive cet événement, et de 88 à 93, ça va être la guerre, ça va être un acharnement, ça va être des bains de sang, ça va être des assassins qui sont envoyés par Quartel de Cali, qui sont envoyés dans des cartons découpés par Escobar. Ça va être plein de choses comme ça, très violentes, qui vont arriver pendant des années. C'est ça qui lui a donné sa réputation ? A Escobar, plein de choses lui ont donné sa réputation. Une des choses qui lui a donné sa réputation à Escobar, c'est sa folie. Quand il a voulu rejoindre la politique, il a voulu se lancer en politique au début des années 80. En se disant que c'est pour moi, la présidence par la suite. Il a été visé par un député en lui disant, toi tu vas te extrader aux Etats-Unis. Puis un gars l'a exclu de son parti, donc il s'est retrouvé en dehors de la politique très rapidement. Il a fait assassiner le député qui a voulu son extradition. Il l'a fait assassiner. le chef du parti politique, qui plus tard a été candidat à l'action présidentielle, il a assassiné en plein meeting. Putain ! Ah oui, ça rigolait pas. Non, il est parti dans des folies meurtrières à tel point qu'un jour, il a voulu effondrer le bâtiment des renseignements colombiens dans lequel il y avait le FBI et la CIA. Putain ! 52 morts, plus de 1000 blessés. Avec un camion chargé d'une demi-tonne d'explosifs. Il a fait aussi tomber un avion, je crois, non ? Il a fait tomber un avion du successeur du futur président colombien qui a pris le relais. Plutôt que l'assassiner en meeting, il a fait tomber... Il n'en a rien à foutre de... Ah, waouh ! Plein de fois, c'était ça. C'était des guerres comme ça, où la population était marquée en permanence par ces affrontements. T'en parlais, tu disais que la Colombie, tout à l'heure, Octavio, c'était très violent. Est-ce que c'était plus violent qu'aujourd'hui, ou est-ce que c'est toujours très violent ? Ça va être très clair, j'ai un graphique à vous montrer, qui va être très clair pour tout le monde. Il est en espagnol, ce graphique. Ma copine, Boz, dans ces sujets-là d'Amérique latine, me l'a transmis, mais il est très compréhensible. Je vais vous montrer ça de suite. Ça explique un peu la violence qui était celle du cartel à l'époque et des cartels. Ça c'est le graphique de la Colombie, de la violence, des homicides en Colombie. On va le décrire pour vous tous qui nous écoutez en podcast audio. Il y a deux courbes qui sont lisibles, la courbe en bleu foncé, donc une courbe basse, qui correspond aux morts de Colombie, et la courbe rouge qui correspond aux morts à Medellín. Et la partie bleutée qui est là, bleu grisé, c'est l'espérance de vie de Pablo Escobar. Donc tant qu'il y a Escobar, il y a une montée en flèche des chiffres. C'est incroyable ! Ça correspond à 375 morts par tranche de 100 000 habitants. Ce qui correspond à 0,37% de la population de Medellin qui est tuée par les homicides liés au cartel. Quasiment 1% ? En fait, ça correspond à une personne sur 266. On a fait le calcul tout à l'heure avec Théo. Ça ne rigole pas ! Ce qu'ils faisaient, c'est qu'on faisait la capitale de l'homicide mondial à cette époque-là. Medellin ? Medellin, c'était fou ! C'était pire que Cali à l'époque, Octavio ? Vu que quand il y a eu les guerres entre les cartels, ça a pris beaucoup plus de l'ampleur aussi. À la fin, vous deviez avoir très peur de sortir entre 88 et 93, n'importe quoi. Oui, parce que je ne sais pas Sébastien si tu as vu, mais à un moment donné, dans la ville de Cali, il y avait des pharmacies qui étaient quelque part vissées par les cartes de Medellín, parce que ces pharmacies appartenaient à la famille Orejuela. Ils avaient acheté plein de pharmacies. Et donc, du coup, tu ne pouvais pas aller acheter un cachet. Si tu avais mal à la tête, parce que tu te fais exploser la tête, littéralement. Toutes les pharmacies des villes ont quasiment sauté, pour deux raisons. Effectivement, pour que la population se retrouve un petit peu sans médicaments, sans rien. Et deuxièmement, parce que les pharmacies, ça va blanchir l'argent. Donc, en sautant les pharmacies, tu faisais sauter l'argent. On va y revenir, mais Escobar, il est assassiné. Est-ce que le cartel du Cali devient plus puissant après ? Non. En fait, c'est ça aussi. Ce qui s'est créé, c'est qu'il y a une alliance entre les États-Unis, la CIA... Le cartel de Cali, l'état colombien, pour abattre Escobar, pour l'arrêter. Sauf que quand tout ça s'est passé, que Escobar était hors jeu, la prochaine cible de la CIA et de l'état colombien, c'était devenu le cartel de Cali. Donc ils ont fait descendre les uns après les autres les chefs qui ont été envoyés en prison, puis extradits aux États-Unis. Certains sont morts, un d'entre eux est mort. Ça s'est mal terminé pour le cartel de Cali aussi, et c'est le Mexique qui a pris le relais aujourd'hui. J'allais te demander justement si les cartels colombiens sont toujours puissants ou pas. Alors, ils sont toujours puissants, toujours présents, mais aujourd'hui, ceux qui sont même dans les articles cités comme étant le relais et les nouveaux narcotrafiquants, des états narcos quasiment, c'est le Mexique aujourd'hui. Le Mexique aujourd'hui, il y a 30-40 milliards qui circulent chaque année de beaucoup d'économies parallèles liées à la drogue. C'est absolument gigantesque. T'avais d'autres chiffres aussi à nous donner pour terminer ? T'avais essayé de prendre des chiffres précis ? Oui. Par exemple, aujourd'hui, il y a une force armée. Dans certains cartels mexicains qui correspondent à plus de 100 000 personnes. Il faut imaginer que les forces mexicaines armées aujourd'hui sont un peu plus de 200 000. Donc les membres du cartel, c'est quasiment un militaire pour deux personnes aujourd'hui. C'est gigantesque, c'est une force paramilitaire gigantesque. Et entre 2007 et 2010, en l'espace de trois ans, le Mexicain a vu le risque d'être assassiné multiplié par cinq et d'être enlevé par trois. Ça c'est des chiffres réels. L'économie du Mexique aujourd'hui est entièrement liée. C'est quasiment le premier employeur du pays aujourd'hui le cartel. Ça c'est le Guardian qui en parlait, le journal. Donc voilà le moment où la Colombie s'est un petit peu mise en retrait et le Mexique a pris le relais, c'est devenu un état narcos. Merci pour les chiffres. Avec plaisir. Voilà, Sébastien qui est venu, qui a essayé de donner de la précision sur le cartel. Et maintenant Octavio, tu vas nous raconter comment t'es rentré justement et ce que t'as dû faire. Allez voilà, Sébastien qui vient de repartir. Pour reprendre le cours Octavio de ton histoire, tu disais que tu as... Tu allais avec ton beau-frère au départ dans des sortes de missions, il allait déposer de la drogue, etc. C'était un peu le début de ton intégration dans le cartel de Cali. Comment est-ce que tes missions vont évoluer ? Comment est-ce que tu vas vraiment intégrer le cartel finalement ? Alors mon beau-frère, je pense qu'il ne voulait pas trop que je sois trop dedans, parce qu'il avait déjà l'un de mes frères qui était... Bien dedans avec lui, mais il était plus âgé que moi. Donc je pense qu'il voulait juste me filer un petit peu d'argent, aussi profiter du fait que j'étais jeune, comme on a parlé tout à l'heure. C'était juste ça. Mais je pense qu'intentionnellement, il n'était pas en train de m'ouvrir une voie pour que je sois dans ça. C'est plutôt moi qui ai commencé à prendre le goût de la facilité de l'argent. du pouvoir, de la reconnaissance des armes, parce qu'on avait des armes qu'on pouvait avoir. Toi aussi ? Oui. À quel âge ? Très jeune, 15 ans. 15 ans, j'avais des armes. Tu avais quoi ? Un pistolet, mon automatique. Tout le temps ? Pas tout le temps, mais parfois, quelque part, pour se faire remarquer, je sortais comme ça avec lui pour montrer à certains copains à moi. Mais quand on partait avec mon beau-frère, avec ma soeur, je l'emmenais aussi avec moi. Tu savais t'en servir ? Oui. T'avais déjà tiré ? Avec mon beau-frère, on avait l'habitude de s'arrêter dans certains terrains, mettre des bouteilles et tirer. Donc il va t'emmener sur quelle mission ? C'est toi qui va être un peu en demande ? Alors vu que l'effet d'avoir de l'argent facilement, ça m'a attiré. Ça t'a fait rêver ? Ça m'a fait rêver aussi. Tous ces changements qu'on a parlé tout à l'heure, qu'on a vus dans la maison. Donc ça a quand même marqué quelque chose, moi qui avais vécu dans le manque quand j'étais petit. Tu vas arrêter l'école ou pas ? Non, j'ai quand même continué. Vous êtes arrêté dans le cartel ? Je continue à faire mes études, mais à l'âge de 18 ans, je dois arrêter mes études. Et qu'est-ce que tu faisais concrètement pour le cartel ? Alors, le départ, je pense que le déclic, ça a été la mort de mon beau-frère. Parce que c'est à ce moment-là que je me dis, il y a une place qui reste, il y a quelque chose à faire. S'il a pu réussir, je vais le faire. Quelque part aussi, il y avait, dedans de moi, ce côté de me dire Je prends sa place aussi. Comment il est mort ? Comme Sébastien l'a expliqué tout à l'heure, qu'il y a eu cette guerre entre cartels, à un moment donné, c'était tellement fort que soit tu quittais le pays pour partir de ce milieu-là, pour fuir, soit tu restais, mais tu pourrais mourir. Donc mon beau-frère avait compris que c'était très délicat. Il avait déjà deux enfants, avec ma sœur, et toute la famille était en charge, mais il y avait un prix sur nos têtes. Ça, on le savait tous, à la maison. Sur toi aussi ? Surtout toi. la famille. Donc on nous avait déjà repéré. Donc mon beau-frère, il payait des personnes pour nous garder. Pour te protéger ? Pour nous protéger. Ils étaient toujours en train de faire des gardes du corps pour faire des rentres autour de la maison, dans les coins du quartier. Parce que c'était beaucoup de tension. Mais on ne pouvait pas continuer à vivre comme ça, mon beau-frère. Il savait qu'il ne pouvait pas continuer à vivre comme ça parce que à un moment donné... Il allait se faire tuer à un moment donné. Donc du coup, il s'est dit on va changer. on va partir dans un autre pays. La facilité, c'était un pays où on parle espagnol, donc il avait déjà aussi des contacts en Espagne avec un autre réseau du cartel qui était aussi en Espagne. Et donc il a décidé de quitter la Colombie, partir là-bas. Et au bout de quelques mois, nous on s'est dit ça y est c'est bon, il a trouvé la voie, c'est très bien, donc on pourra partir toute sa famille. Le rejoindre et aller avec lui ? C'était le but, oui. Il ouvrait la brèche. après vous arrivez quoi ? Oui, c'était notre objectif. Pour changer de vie ? Pour changer de vie. Et arrêter ça ? Complètement, comme on dit, tourner la page. Mais les choses se sont passées comme ça. Parce que quand tu quittes ce milieu-là, et surtout quand tu as des dettes, quand tu as des situations de guerre... Tu ne dis pas au cartel de Cali que tu t'en vas ? Oui. Donc du coup, on l'a suivi, et au bout de quelques mois, il a été tué. On ne sait pas vraiment en quel cirque. mais malheureusement il a fini en espagne ils ont retrouvé en espagne oui on sait pas si ça a été par vengeance d'avoir quitté les cartels des cali on sait pas si c'est l'autre qu'à tel mais on a peu d'indices par rapport à ça ce qui est triste c'est qu'il a laissé ma soeur avait ses deux enfants et puis après b nous quelque part on est resté un peu ce disons c'est lui qui quelque part qui mène et les chefs de dédouille de la famille. Il a été tué comment, là-bas, en Espagne ? Il y a plusieurs histoires différentes, donc on ne sait pas, vraiment. On ne sait pas ce qui s'est passé, mais ce qu'on sait, c'est qu'il a été tué. Ma soeur, Elle a essayé de chercher un peu, mais elle a laissé à un moment donné de côté ça, parce qu'elle savait que si elle allait chercher beaucoup plus, ce n'était pas bon pour elle ni pour ses enfants. Du coup, tu n'as pas eu le temps d'arriver en Espagne ? Voilà, donc du coup, on n'a pas eu le temps d'arriver en Espagne, c'est-à-dire que les choses sont restées là. Ma soeur, c'est la seule qui est partie. à cause du corps de mon beau-frère parce qu'il fallait qu'elle essaye de le rapatrier ou de voir qu'est-ce qu'elle devait faire finalement elle est restée en Espagne avec ses deux enfants. Tristement quand elle est partie ça m'a beaucoup marqué elle a dit à ses deux gamins Il était 4 ou 6 ans. Papa, il est parti faire un long voyage. On ne sait pas quand il va revenir. Il ne voulait pas... Pas lui dire. Oui, choquer ses enfants par rapport à ça. Mais quand il est arrivé là-bas, au bout de trois... 4, 5, 6 mois, les enfants, il est où papa ? Il est où papa ? À un moment donné, il a fallu qu'elles le disent. Que papa ne serait plus là. Donc voilà, c'est quand même... Ça fait partie aussi des conséquences de tout ce monde-là. La violence qu'il y a derrière. Comment ça se paye cher. Ça ne vaut pas le coup. Ça détruit des familles, ça détruit des vies. Et donc du coup, moi, à ce moment-là, à 18 ans, je décide par choix personnel de... de rentrer, de me faire un nom, de continuer comme mon beau-frère, je ne sais pas. Et du coup, je prends contact avec les personnes qui sont restées autour de moi. Et je dis à un intermédiaire qui pouvait compter sur moi, que j'étais disponible, que j'étais le marié, ma soeur était la personne qui pouvait compter sur moi. Et quand ils ont vu ça, ils se sont dit écoute, viens, on a des projets pour toi Et c'est là que je me suis retrouvé avec la première mission que j'avais. Ils ne m'ont pas facilité la tâche parce que la première mission, c'était d'aller directement dans les champs. Des champs de ? Des cocaïnes. Sur le coca, oui. Et pour aider de la première étape, c'est-à-dire le cultive de la feuille de coca jusqu'à la tâche. transformation dans la matière première, laboratoire artisanal, faire tous ces processus jusqu'à obtenir la drogue. Ça veut dire que c'est une mission dans laquelle je me suis engagé, pas juste une semaine, mais plusieurs mois. Tu étais responsable du champ ? On m'a dit qu'on avait besoin de quelqu'un avec qui on puisse faire confiance. Toi, on connaît ta famille, donc on sait que tu es un bon élément. Et tu fais gérer les laboratoires ? et tout de... Dans un premier temps, je devais d'abord rester dans la partie dans laquelle il y avait les champs de coca. Et puis après, si tout se passait bien là, je pouvais passer à l'autre étape. Ça, c'est gagner petit à petit la confiance. Il y avait des hommes armés autour des champs ? Il y avait des hommes qui gardaient les champs, donc armés, oui. Surtout parce qu'on était exposés à la guérilla aussi. Les guerrillers, c'est-à-dire qu'à l'époque, on a On avait l'MS-19, qui était une guerrilla très forte. Le lieu de travail, c'était... On va en parler. Tu as eu de la chance. D'ailleurs, comment tu es devenu pasteur ? Tu vas nous raconter après. Tu as eu vraiment une chance absolument inouïe qui, pour toi, est un signe de Dieu à ce moment-là. Tu vas nous raconter. Combien de cocaïne tu as déjà vu, toi ? Au même endroit. Je rigole parce que... À la maison, il y avait toujours de la cocaïne. Je pense que je l'ai vu chez nous, c'était plus ou moins 5, entre 5 et 10 kilos. Mais ailleurs, dans les lieux de travail, tout ça, des centaines de kilos. C'était énorme. Oui, c'était beaucoup. Ça représentait beaucoup d'argent. Beaucoup d'argent, oui. Beaucoup d'argent. À l'époque, un gramme de cocaïne coûtait 120 euros. 120 euros. C'était même plus cher avant ? Oui. Oui, oui, c'était plus cher avant. Est-ce que tu as déjà goûté ? Oui, oui, oui, oui. J'ai goûté. En fait, dans les lieux où on allait, il y avait un mélange de plusieurs drogues parce que parfois aussi, à côté, ils faisaient un peu de la rotine aussi. Donc il y avait ça aussi. Mais il y avait aussi de la marihuana. Donc il y avait... Il faisait toutes les drogues. Donc, oui, il y avait un cocktail de plusieurs choses là. Et du coup, certains se défoulaient dans ça. Moi, j'étais très jeune, je savais qu'il fallait que je fasse attention parce que j'avais vu l'exemple de mon beau-frère quand même. Il est tombé dans ça. Je ne voulais pas rentrer dans ça. Donc, je goûtais, mais je ne suis pas resté dans l'effet de devenir consommateur. Est-ce que tu as vu une narcosse, la série ? Sur Pablo Escobar. J'ai vu quelques épisodes, oui. Ah, t'as même pas regardé la série en entier ? Non, je l'ai pas regardée en entier, mais... Beaucoup de jeunes, parfois, quand ils savent que je suis Colombien, je raconte à mon témoignant, je me dis... Hé, est-ce que la série Narcos est vraie ? Ben justement, j'allais te demander, qu'est-ce que t'en penses, toi ? Honnêtement. Honnêtement, c'est vraiment pas loin de la réalité. Parce que les folies qu'il montre là, la folie... Même Sébastien, tout à l'heure, il a parlé de ça. La soif de pouvoir, ce que l'argent produit, c'est pour te raconter des histoires fous. À un moment donné, les Orejuelas, ils avaient acheté un hélicoptère et donc ils arrivaient dans des quartiers les plus pauvres de Cali. L'hélico il arrivait, il s'est positionné. En l'air ? Oui il arrivait, il s'est positionné dans son lieu. Et quelqu'un descendait avec des paquets de dollars à donner aux gens qui habitaient. Ça en avait tellement. Et en même temps, derrière ça, il y avait des choses de l'ordre de la folie parce qu'il pouvait dire à quelqu'un Est-ce que tu veux des dollars ? La personne, elle est pauvre, elle dit Oui, oui, oui. Alors, il fait un tour de tous les quartiers en courant nu. Il profitait aussi de... Il faisait faire n'importe quoi. Oui, aussi. Donc ça, ça devenait... Une folie. Quelque chose de maladie aussi. Donc la rageanne, elle donnait ce sentiment de tout pouvoir. Donc il faisait ça. Et bien, en Médéline, ce qui s'est passé aussi... Bon, Palosco a fait construire des maisons données aux pauvres. Et finalement, on le cachait aussi à lui. Ah oui, c'est ça. Il fallait qu'ils se mettent la population dans leur poche. Dans la série Narcos, il y a la Sienda. C'est quoi ? C'est une grosse maison, c'est une ferme, une hacienda. De Pablo Escobar, où il y a tous ces hommes armés autour, etc. J'imagine que le cartel de Cali devait avoir aussi des haciendas, des grosses fermes où ils habitaient. Est-ce que tu as déjà pu aller faire des soirées, faire des événements dans des haciendas du cartel de Cali ? Je suis allé dans une hacienda quand on a commencé la première mission dans laquelle on m'a donné. Donc, du coup, il a fallu que je aille pour qu'ils puissent me voir. Et... me dire les choses qu'il fallait faire. Donc je suis allé dans une grosse hacienda et là, je peux te dire que tu vois des choses que tu ne vois nulle part ailleurs. Par exemple, c'est le style de faire venir des groupes en Colombie, c'est la salsa. Qui chantent la salsa là, plein d'alcool, les grosses voitures, de la nourriture partout, dans toutes les tables. Voilà. C'est loupé. C'est l'opulence, quoi. Oui, c'est l'opulence. Là, on n'était pas encore comme l'hacienda de certains qui avaient même les poignées de porte énormes. Oh ! T'avais des hommes armés, tu voyais ? C'est comme ça, vraiment ? Oui. En soirée, t'avais des gars ? Ils sont toujours... Oui. Ils sont en train de toujours... C'est un monde dans lequel la mort, elle tourne. Donc, du coup, il faut que les gens soient prêts toujours pour ça. Ah oui ? Oui. Mais c'est paradoxal parce qu'en même temps, c'est comme... comme si tu étais tellement dedans que finalement, cette pression, tu la perds. Tu perds la notion de ça. Tu vois les armes, tu sais que c'est dangereux, mais finalement, tu es là. Et tu as vu un leader, tu as déjà rencontré des leaders, pas forcément la famille au Révolat, mais est-ce que tu as rencontré des leaders et à quoi ils ressemblaient ? Les plus gros chefs que tu as pu voir. Oui, oui, oui. Je rencontrais deux. Je rencontrais un des leaders du cartel de Cali et je savais On m'a montré de loin quand j'étais dans cette assiette. Ils m'ont dit, attention, regarde bien lui, parce que lui, c'est une personne très importante. Il y avait un autre espagnol. Parce qu'à ce moment-là, il commençait déjà à faire des points avec les Espagnols. Et c'était des personnes qui étaient toujours entourées avec des... Des gardes-cœurs. Des personnes très charismatiques. très souriantes, très généreuses, mais en même temps, on voyait que quand tu rentrais à parler ou à quelque part, rentrer un peu dans les personnes, c'était très autoritaire aussi. Donc, c'était des gens qui, aussi, on ne savait pas comment ils allaient réagir. C'était un peu flippant, ça fait peur. C'était très difficile de s'approcher parce que c'était des personnes qui, autant, ils pouvaient sourire avec toi, et te filer un peu d'argent, autant il pouvait demander à l'autre de te tuer, parce que ça lui faisait plaisir. C'est flippant ! Oui, oui, oui. Et ça montre aussi quelle valeur il avait à la vie. On entend plata o plomo c'est la phrase qu'on entend dans Narcos, chez Pablo Escobar. Est-ce que tu peux nous dire ce que ça veut dire ? Est-ce que tu l'as découvert ? déjà entendu et à quel moment ça s'utilisait. Cette expression, Plato Plombs, derrière ça, il y a vraiment une philosophie qui parle beaucoup par rapport à la vie des cartels, mais aussi du Colombien, de la personne colombienne. de mon époque. Parce que c'est cette loi dans laquelle tu fais rien sans que c'est payé. Sans être payé. Et l'expression plateau plomo, c'est derrière chaque chose, tu as une conséquence, tu dois le payer. Rien ne se fait de manière gratuite. Et on sait que dans ce milieu-là, ça fonctionne comme ça. Plateau plomo, ça te fait rappeler, attention, ta vie, ta vie, elle a aussi un prix. Donc, cette expression-là, elle renvoyait quelque part l'effet de se dire il n'y a rien qui est gratuit. Tout à l'heure, tu disais qu'au début, on t'avait confié un champ de Coca, où tu devais gérer pour l'instant le champ. Est-ce qu'après, tes missions évoluent, ça grossit ? Oui, ça évolue parce que tu montres que tu es capable déjà de gérer des personnes qui sont en train de travailler. travailler dans les champs, ça montre que tu as la capacité de confronter les circonstances même de la météo. Parce qu'il faut savoir que les choses qui se font dans la forêt colombienne, c'est lié toujours à une forêt qui est parfois tropicale, qui change. Tu dois aussi savoir gérer le moment dans lequel on est dans un lieu dans lequel à tout moment, soit il y a les guerrilleros qui peuvent arriver, soit l'armée. Donc tous ces impacts qui sont là, tu dois savoir les gérer. Ils te confient quoi après ? Donc du coup, une fois qu'ils voient que tout se vient passer, que la récolte se vient passer, alors là, on te met un peu dans son pédestal, tu sors de ce champ-là, et ce que tu fais, c'est plutôt commander les autres personnes qui sont dans l'intérieur, et puis après, tu commences maintenant à faire un pont entre les grands narcotrafiquants. Toi, tu l'as fait, ça ? Non, je ne suis pas arrivé jusqu'à là-bas. Toi, tu as fait juste l'étape intermédiaire ? J'ai fait l'étape intermédiaire. Tu étais mieux payé ? J'étais bien payé. C'était quoi, bien payé ? Bien payé, c'est par exemple, dans une semaine, gagner, je veux dire... L'équivalent en euros, tu vois. Alors, je ne sais pas le dire. Par rapport à... Tu vois, la monnaie, ça change, en fait. Oui, je dirais les SMIC. Donc, du coup, aujourd'hui, les SMIC... d'un Colombien, c'est 350 euros. À l'époque, je pense que c'était 150 euros, disons la moitié. Donc du coup, dans une semaine, je pouvais me faire 4 ou 5 SMIC. Oui, OK. C'est-à-dire qu'en France, tu te ferais 6, 7 000 euros, quoi. Dans une semaine. Par semaine, oui. Donc ça, tu montes, mais c'est plus risqué pour toi ? Tu es toujours armé quand tu es à ce poste-là ? Tu le sens que c'est plus risqué ? Oui. c'est beaucoup plus risqué, parce qu'au même temps, tu dois gérer des personnes qui travaillent dans les champs, et ces personnes viennent avec des histoires aussi souvent. Ceux qui travaillent dans les champs, là, ce sont des gens qui sont violents, qui viennent gagner. Ils gagnent un petit peu moins d'argent, parce que c'est les premières qui sont là. Et donc, du coup, il faut savoir gérer tout ça. Et donc, la violence, elle est là, à fleur des ponts. C'est qui la personne qui t'a permis d'avoir ce boulot ? Alors là, je vais le dire pour la première fois. parce que souvent, quand je parle de mon témoignage, je ne parle jamais de cet aspect-là. Pourquoi ? Parce que, aujourd'hui, je peux le dire parce que ma mère est décédée, mes parents ne sont plus là, mais je fais le choix de ne jamais dire ça parce que je ne voulais pas que ma mère soit blessée, parce que c'est sa sœur qui m'a fait le contact pour que je puisse rentrer dans ce milieu-là. Donc, elle ne savait pas que sa sœur... T'avais aidé à rentrer dans le cartel. Et qu'elle travaillait. avec c'est une chose de famille aussi wow ah oui donc tu as jamais voulu elle n'a jamais su non elle n'a jamais su sinon leur on aurait voulu oui je pense que l'on aurait voulu se prêter pour elle très difficile de savoir que c'est sa sorte qui avait entraîné son fils dans elle faisait quoi d'attentes elle était elle était la femme des délais des personnes qui travaillent dans les cartes T'as dit J'ai trouvé des amis qui m'aimaient, prêts à donner leur vie pour moi T'as ressenti cette famille vraiment dans un cartel ? C'est quelque chose qui... Il est présent. Ça veut dire que quand on rentre dans son cartel, il y a toujours ce côté fête, il y a toujours ce côté on peut tout faire, on a l'argent, on a le pouvoir, on a les armes, on est un peu capable de tout faire. Donc il y a quelque chose qui se crée. Mais du coup, dans ma jeunesse, ce côté émotionnel, je le pris profondément comme quelque chose de fraternal. Je me suis trouvé des frères. Je trouvais des vrais amis. Et du coup, on se voit et dans le moment où on s'est dit Tu sais, je serai toujours avec toi, ne t'inquiète pas. Parce qu'on parlait des possibilités. On se disait, on est là au milieu de la forêt. Est-ce que tu ne sais pas ce qu'on va faire si l'armée arrive ? Donc on s'est dit Oui, ils se tiennent dans tel poste, ne t'inquiète pas. On saura te protéger. On met les choses de côté, on sait où aller. Donc on trouve ses côtés, je suis prêt à mourir pour toi. Ah ouais. Et il y a un moment où l'armée, t'es dans le champ, va attaquer le champ dans lequel t'es. Tu penses que tu vas mourir. là oui comment tu t'en sors alors justement on est en pleine journée et à ce moment on entend des hélicoptères qui arrive sa sonne et là je vois que tout le monde commence à paniquer et du coup je me dis On doit se cacher, qu'est-ce qu'on doit faire ? Et là, mes amis, mes copains, ils me regardent, mais ils sont partis tous. Et moi, je commence à courir derrière sans savoir où y aller. Mais c'était des gens qui étaient déjà un peu dans la région, donc ils connaissaient où aller. Et moi, je venais d'arriver d'une grosse ville, donc je ne connaissais pas trop. Et finalement, je me suis senti... Abandonné. Abandonné, seul. Et quand on entend les hélicoptères qui arrivent, tu envisages juste de trouver une cachette, un lieu pour aller te... réfugié et j'ai cru tout ce que j'ai pu peu importe où je suis tombé un peu dans une espèce de falaise et je ne me suis pas fait mal parce que ce n'est pas non plus une grosse falaise mais quand même ça m'a aidé à me cacher un peu la chute Est-ce que l'armée t'aurait tué ? Ils seraient descendus ils nous auraient vu, ils auraient tiré ce qui s'est passé c'est que les lieux dans lesquels que l'on était, il y avait quand même pas mal de forêts, des arbres qui cachaient. Et je pense qu'ils ont envoyé, ils ont lâché une grenade dans un lieu où ils pensaient voir des feuilles de cocaïne. Mais là, à ce moment-là, il n'y avait personne. Donc du coup, ils ont quitté le lieu, ils sont partis. Parce que l'armée, quand elle venait, elle tirait sur tout le monde. Ah oui, oui. Vous savez que ça tirait de l'autre côté. Ah oui, c'est ça. Toi, tu n'as pas tiré sur l'armée ? Non, non, non. Non, il y avait d'autres personnes qui avaient les armes à ce moment-là. Et moi, ce que je fais, c'est que je suis resté là caché pendant quelques heures. On est ressortis tous. Et là, je regardais mes amis avec un autre regard. Tu savais que... Qu'ils n'étaient pas tellement vraiment tes amis. Oui, c'est ça. Donc ça, c'est l'une des choses qui m'a quand même commencé à me dire, est-ce que c'est ta place ? Est-ce que c'est bien un lieu dans lequel tu vas trouver vraiment des vraies amitiés. Et là, on va arriver sur ta plus grosse histoire. Oui. Celle qui va te faire changer de vie et pour laquelle tu vas devenir pasteur. Tu as vraiment passé près de la mort, mais d'une manière assez étonnante. Cette fois-ci, vous avez assez récolté ce jour-là. Il fallait transporter, en gros, de la drogue vers un labo artisanal, c'est ça ? Vous transportez des feuilles de coca. Oui. Et tu dis que c'est ta plus belle mission. Est-ce que tu peux expliquer ce qui t'arrive et comment tu vas t'en sortir ? Oui. Alors, quand on prend les feuilles de coca, elles doivent passer par un processus. Et dans ce processus de séchage, on les fait sécher. Elles doivent passer aussi par différents éléments chimiques. Il faut savoir que la cocaïne, elle est processée avec, je vais le dire comme ça, avec beaucoup de cochonnerie. Et c'est ça qui détruit les vies. vie. En soi, la feuille de coque, je voudrais dire ça quand même, c'est un élément que la nature a donné comme médicament bien utilisé. C'est quelque chose de bon. D'ailleurs, les indigènes de la Colombie l'utilisent pour le donner aux bêtes. Quand elles sont fatiguées, elles mâchent, ça les booste pour les douleurs. Mais après, dans ce processus, on la mélange avec beaucoup de choses qui sont nocives. On la coupe. Et donc, du coup, on avait déjà fait un peu cette étape-là. Cette première matière, première, qui était déjà là, on devait la ramener dans son laboratoire, qui était beaucoup plus travaillé avec... avec des bidons, avec tous les éléments chimiques qu'il fallait pour qu'elle soit proposée comme la drogue, comme la cocaïne. Donc on avait pas mal travaillé et on ramenait pas mal de cette matière. Donc cette mission... C'est des gros sacs. Des gros sacs, oui. Cette matière, pour nous, c'était quelque part un élément très précieux. et qui coûtait très cher déjà, au moment de ce processus, il coûte déjà très cher. Pour moi, le fait qu'on me dise, tu prends toute cette matière avec quelqu'un d'autre et tu la ramènes dans le laboratoire artisanal, c'était déjà une marque de confiance, c'était une réussite quelque part. comme si tu partais avec... Une promotion. Oui, et tu te disais, je arrive avec ce qu'on a réussi à construire, à faire. Et donc, je voyais déjà le bout pour me dire, dans quelques mois, je serai dans l'autre bout. du côté des chefs de cartel. Donc pour moi, c'était quelque part une réussite. Donc on part très tôt le matin, avec quelqu'un qui a déjà beaucoup plus d'expérience que moi, il a la quarantaine. Et en fait, quand on commence à marcher, au bout de peut-être une heure, on est fatigué, c'est lourd ce qu'on porte. Et là... Là, il me tape et me dit Octavio, fais ta dernière prière, on est morts Alors là, je ne comprends rien du tout. Mon premier geste, c'est de vouloir prendre mon arme. Et là, il me dit Non, non, non, ne touche pas, ne touche pas rien, ne touche pas Donc là, je ne comprends pas non plus pourquoi il ne m'a pas touché mon arme. S'il me dit qu'on va te détruire, notre réflexe, c'est d'essayer. Il te défend. Mais il avait beaucoup plus d'expérience, il savait que ces gestes-là pouvaient... Ah oui, les énerver ? Oui, nous faire finir. Parce qu'il avait déjà repéré, en fait, trois, quatre gars qui étaient au bord de la route, peut-être à 50 mètres, qui étaient déjà en train de nous visser. Et là, je ne sais pas pourquoi, je ne le savais pas vu. Et là, quand je regarde du côté gauche, je me dis, effectivement, il y a des guerrilleros qui sont là. Et donc, le bon geste, c'était rien. Guerrilleros qui voulaient quoi, en fait ? En fait, c'est quoi des guerriers roses ? Alors, c'est des groupes paramilitaires qui étaient en contre de la politique du pays. Un peu comme les Farc ? Voilà, c'était ça. D'accord, et qui peuvent tuer tout le monde dans la jungle ? Oui, c'est tout à fait ça. Donc, ces guerriers, leur lieu, leur terrain, c'est la forêt. Donc, ils se cachent là-bas, c'est là où ils ont leur lieu de vie, d'entraînement, tout ça là-bas. Et en même temps, c'est le lieu dans lequel ils sortent à la chasse. C'était facile d'aller repérer un lieu dans lequel ils sont en train de processer de la cocaïne ou de l'héroïne, aller à la chasse, tuer, prendre cette matière première, la revendre pour eux, c'est du pain. Vous aurez tué, pris le... C'est ça qui allait se passer. C'est pour ça que mon camarade m'a dit, fais ta dernière prière, parce qu'il savait qu'on allait mourir. Il savait déjà qu'on allait mourir. Toi, tu ne pouvais pas essayer de tirer et tout, non ? Non. Il m'a arrêté. Quand je voulais faire ça, il m'a dit arrête, ne fasse rien Je ne sais pas pourquoi il m'a dit ça, parce que finalement, on aurait pu quand même essayer, mais c'est là que je commençais à voir quelque chose de la providence de Dieu. Parce que lui, il aurait pu réagir parce qu'il était armé aussi. C'était un gars qui était dur à cuire, comme on dit. Mais il n'a pas réagi comme ça. Du coup, je vois ces gars qui sont là, armés, avec des belles armes. Et là je me dis, c'est vrai, c'est la fin. Je sens un froid sur moi, ma vie commence à défiler en question de secondes. Et en même temps, comme une petite lumière. d'espérance qui rentre dans mon cœur et je me dis, non. S'il y a quelqu'un là-bas en haut, je regarde un peu vers le haut, vers le ciel, et je dis, s'il y a quelqu'un là-bas en haut, c'est le moment que tu me fasses un signe. Je ne vais pas mourir. là, je suis trop jeune pour rester dans cette forêt, ma famille, mes parents, ils ne savent même pas où est son fils, leur fils, alors je ne vais pas mourir là, est-ce que tu, si il y a quelque chose là-haut, si tu existes, fais un signe, je vais au miracle. Et pendant que je... Je peux dire que c'est une prière peut-être, pendant que je pense à ça. On continue à marcher, je vois que mon collègue est tellement sous pression que son pantalon est tout mougé, il a fait pipi sur lui. Là je comprends que c'est grave la situation. Un gars comme lui qui a de l'expérience, qui a... ce qui se passe dans son corps. Ils ne vous parlent pas, les autres ? On ne parle pas, les autres sont en silence aussi. Et à ce moment-là, je vois qu'ils sont prêts vraiment à tirer. J'entends qu'ils vont tirer. Et là, j'essaie quand même de regarder pour voir ce qui se passe. Et les armes se sont enrayées. Toutes, alors je ne dis pas d'une seule, mais tous les gars qui étaient là, ils ne pouvaient pas tirer. Et c'est là où je me dis qu'il y a eu quelque chose d'extraordinaire qui s'est passé, je ne sais pas. À ce moment-là, je n'ai pas compris ce qui s'est passé. Mais en plus de ça, ils ne pouvaient pas. bouger, c'est comme si la situation les avait tellement surpris que finalement, ils sont restés pratiquement tétanisés. Ils ne pouvaient pas bouger non plus. Et là, nous, on continue. On continue à marcher, on passe à côté d'eux, on les laisse. Je me dis, par derrière, ils vont tirer. Ils ne se sont même pas approchés pour essayer de nous voler. Et là, l'incompréhension totale. Mais on est comme dans une espèce de boule avec mon collègue. On continue à marcher, on se dit rien du tout. On marche, on marche, on marche, on marche. Et au bout de peut-être 20 minutes, je ne peux pas compter le temps vraiment parce que c'est quelque chose qui se passe. tête mais au bout de peut-être 8 20 minutes il me regarde il pleure il me dit je croisais que je n'allais jamais voir ma fille que je n'allais jamais voir mon épouse qu'est ce qui s'est passé je le vis c'est un miracle c'est un miracle mais oui c'est un miracle octavio c'est un miracle son miracle il criait ça c'est un miracle et à la fin on s'est mis à rigoler c'est un miracle il a pleuré et on riait en train de pleurer on ne savait pas comment réagir mais quelque chose s'est passé Et là, j'ai compris que peut-être, il y avait quelqu'un dans le ciel qui était en train de me faire un clin d'œil pour me dire, écoute Octavio, ça, c'est pas ta voix, j'ai un autre plan pour toi. Et c'est à partir de là que tu vas vraiment croire en Dieu ? C'est à partir de là que je me suis posé des questions quand même, parce que je suis un homme de parole. Alors du coup, quand je le dis à lui, à cette force qui est là, je lui dis... Si tu me sors de cela, je vais te chercher et je vais changer de vie. C'est vraiment l'expression plate aux plombes. C'est-à-dire que je fais ça pas pour rien. C'était dans ma culture d'aller jusqu'au bout. Donc du coup, je savais que... dès qu'on finissait quelque part cette mission il fallait qu'il trouve les moyens de quitter ce monde-là ce milieu-là, et c'est ce que j'ai fait au bout de quelques jours j'ai pas pu tenir jusqu'au bout c'était plus fort que moi et on a quitté quelque part de manière un peu disons pas comme il faut, la mission donc on l'a quitté, je l'ai quitté pas tout seul, avec un autre gars qui voulait partir parce que c'était trop dangereux pour lui aussi on avait essayé de le tuer lors d'une soirée. Tout le monde avait consumé. Il s'est retrouvé dans une scène de violence. Il a dit que ce n'était pas pour lui. On a décidé de partir comme ça. Vous partez comment ? On part. On se rend compte que quelqu'un de responsable tombe malade. Il a besoin de l'emmener à l'hôpital. Là, j'entends qu'on va faire un voyage à l'hôpital. Je me suis dit, avec mon copain, c'est le moment. On est partis très tôt le matin, donc on peut partir avec eux, on peut les suivre. On ne pouvait pas leur dire qu'on allait partir. On peut les suivre pour qu'on puisse retrouver la voie pour partir. Et donc du coup, ce soir-là, on est partis, on les a suivis, et on est arrivés dans un petit village. Et là, dans ce petit village, les personnes qui sont parties avec les gars qui étaient malades se sont retrouvés l'un des responsables aussi du quartier. Et là, nous, on est arrivés dans ce lieu de surprise. On a pris l'argent, on a attaché les gars, on a pris tout son argent et on est parti avec. Vous avez pris beaucoup d'argent ? Disons qu'on est partis avec pour pouvoir vivre quelques mois tranquillement. T'avais pas eu peur de te faire tuer après quand t'as touché les mecs du cartel ? Oui mais comme je quittais la mission comme ça, j'avais pas de moyens donc il fallait que je... Je partais avec quelque chose, donc je me suis dit, de toute façon, si je quitte, si je n'ai pas d'argent, comment je vais faire pour rentrer à la maison ? Je ne peux pas arriver à les m'en vivre non plus. Ça, si jamais ils t'avaient attrapé, ils t'auraient tué, là ? Ah oui, oui, oui. Et heureusement que finalement, je suis resté caché pendant quelques mois à la maison. Ah wow ! Là, tu n'es pas parti de Colombie tout de suite ? Non. Alors que tu avais trahi le cartel ? Ils ne sont pas venus chez toi ? Non, parce qu'en attendant, mes parents avaient changé de maison aussi. Parce qu'ils savaient que suite à tout ce qui s'est passé avec mon beau-frère, il fallait qu'il bouge souvent dans la ville. Et là, on avait re-changé à nouveau de maison. Tu n'avais pas peur quand même ? Si. j'avais peur et j'avais peur surtout pour mes parents parce que je voulais pas qu'à cause de moi il les arrive quelque chose ah ouais j'avais aussi encore à la maison une petite soeur il s'amène vraiment j'avais vraiment peur et tu vas partir au bout de quoi de temps tu vas t'enfuir du pays alors je vais partir quand même quelques années après ça veut dire que là je suis plus ou moins quand je retrouve quelque part une vie normale j'ai plus ou moins la vingtaine là et je vais partir à l'âge de 27 ans, donc 7 ans après. Mais tu vas faire quoi pendant 7 ans ? Pendant ces 7 ans, je change de vie, c'est-à-dire que ce moment dans lequel j'ai vu la mort défiler, qui m'a presque touché, ça m'a beaucoup rapproché la foi, c'est-à-dire que je me suis posé beaucoup de questions, et là je me suis dit, comme je disais tout à l'heure, je vais le chercher à lui, à cette force qui est là, c'est comme ça que j'ai commencé à comprendre que oui, qu'il y a il y avait plus qu'une force, qu'il y avait un Dieu qu'on peut croire en lui et auquel Dieu pouvait aussi m'adresser pour que ma vie soit changée. Tu vas rentrer dans la religion tout en continuant un peu des activités illicites ? Alors, tristement, et malheureusement, oui, c'est vrai que quand j'ai commencé mes premiers pas d'engagement dans la foi, il y avait des choses que je faisais encore. Et je pense que le chemin de la foi, c'est quelque chose qui se construit quand on vient d'un milieu comme ça. Dieu commence à transformer nos vies. Moi, personnellement, je voulais quitter certaines choses, mais le passé, il était toujours prêt là. Donc oui, il y avait des choses, il y avait quelques deals. De drogue, tu veux dire ? Alors que tu n'étais pas pasteur encore. Non, non, non. Tu étais sur le chemin pour le devenir. Oui, oui, oui. Donc, il y a... Il y avait encore un frère qui était dans ce milieu-là, donc il faisait du deal aussi. Du coup, j'ai commencé mes premiers pas dans la foi et mon frère était là vraiment dedans. Ton frère a survécu ou pas ? Alors, mon frère, il a quand même payé quelques années de prison en Espagne parce qu'il a tenu tête, il a voulu continuer dans ce milieu-là. Et figure-toi qu'au bout de quelques temps, quand je t'ai déjà... pas ce tort, je lui ai dit arrête-toi, il faut que tu t'arrêtes parce que tu t'exposes beaucoup, mes parents étaient encore en vie, donc je lui ai dit ne fais pas souffrir mes parents, et puis après tu es jeune, tu vas foutre ta vie dans l'air parce que ça ne donne pas la joie, ça ne donne pas non plus l'assurance d'avoir une sécurité à niveau matériel. Donc il m'a dit tu sais quoi Octavio, prie pour moi une dernière fois et je vais faire mon dernier coup cette année. Je lui ai dit, moi je ne peux pas prier pour toi, pour que tu fasses quelque chose comme ça. Et donc du coup, il a continué. Trois mois après, la Guardia Civil, c'est-à-dire la Gendarmerie d'Espagne, l'ont pris. Et tout ce qu'il avait a été confisqué. Tout, tout, tout, tout ce qu'il avait. Il a pris combien de temps de prison ? Il devait prendre à moins d'une vingtaine d'années. Il devait être expatrié en Colombie. Extradé ? Extradé. rentrent plus en Espagne. Alors c'est là où il a eu vraiment, je pense, disons comme ça, de la chance, mais je crois que c'est Dieu qui a permis ça aussi dans sa vie, c'est que à force de se tenir bien en prison, ses 20 ans ont été réduits. Il a fait 5 années de prison ferme. Et au bout de la troisième année, on a mené un pasteur passer tous les jours pour apporter un petit message d'espérance. Et c'est là que mon beau-frère a rencontré la foi aussi. Il est devenu pasteur aussi ? Non, il n'est pas pasteur, mais il est très croyant, il est pratiquant. Toi, tu vas partir en 97, habiter en Espagne aussi. Vous partez habiter un peu comme ton beau-frère, avec ta sœur qui habite là-bas, avec ses enfants. Tu pars, tu vas faire quoi comme métier en Espagne au départ ? Alors, je quitte la Colombie. Avec peu de bagages, parce que j'ai un diplôme en poche, quand même j'avais réussi à faire quelques études, je voulais devenir prof de l'école. Et c'était très compliqué de faire l'équivalence, donc je laisse ça de côté. Et pour moi c'était tourner la page. Donc c'était vraiment Octavio, tu avais qu'une vie là-bas, tout est nouveau maintenant, alors reconstruis les choses. comme il faut reconstruire. Donc je me suis dit, peu importe si tu vas travailler, peindre des murs, si tu vas nettoyer, fais ça, commence comme il faut. Et donc c'est comme ça que j'ai commencé à travailler en Espagne. Et puis après aussi, comme Dieu est venu se révéler dans ma vie, je cherchais une église pour aller à l'église, pour me retrouver. Pour moi, c'était important la vie d'église. Donc je commençais à aller dans cette église. Et dans cette église, mon épouse... qui est française, elle est aussi croyante, donc elle est arrivée à Madrid pour faire un Erasmus Erasmus, ouais, c'est l'étude Ah oui, il change de... Et elle cherche une église et là on se retrouve dans cette petite église tous les deux, on se regarde T'as rencontré ta femme à l'église On tombe amoureux l'un de l'autre Et au bout d'une année, j'ai quitté l'Espagne. Je n'ai même pas eu le temps de m'installer en Espagne. T'as fort ! Et t'as suivi ta femme ? Vous êtes parti la visiter où ? Je l'ai suivi parce que je vis aussi là un Seigneur de la part des yeux. On est parti... Ses parents habitent en Guadeloupe. Donc, on est partis en Guadeloupe. On a vécu quelques temps là-bas. On s'est mariés en Guadeloupe dans l'année 98, où la France est devenue championne. Et là, à ce moment-là, j'avais vraiment changé. de vie. Et je sentais vraiment cet appel de pouvoir servir. Pour moi, c'était me racheter. À cause de tout ce que j'avais fait avec la cocaïne, beaucoup de jeunes sont morts avec des overdoses en consommant de la drogue. Beaucoup de violence, beaucoup de meurtres. Il fallait que mes mains puissent servir. Il y a beaucoup de morts avec la cocaïne. On ne l'a pas dit dans l'émission, mais on le sait. Il faisait bien de leur dire, évidemment, mais ça tue beaucoup de gens. Il y en a plein qui tuent. Et qui tuent des gens en profondeur. prenant le volant et en tuant des gens qui n'ont rien demandé aussi en face, c'est vrai, évidemment. Oui, tout à fait. Dans tes yeux, ça t'horrifie encore, cette période de ta vie. Oui, tout à fait, parce qu'il y avait une question qu'on m'a posée, c'est peut-être quoi la pire chose que tu as fait, et en fait, moi, je pense que l'une des pires choses que j'ai pu faire, c'est d'induire les jeunes à consommer de la cocaïne, parce que c'est destructeur, ça. C'est un cycle que la personne a. c'est très difficile de le quitter et ça détruit. Tu t'es pardonné ? Oui, j'ai réussi à comprendre d'abord que Dieu m'avait pardonné. Et au moment où j'ai compris que Dieu m'avait pardonné, je me suis pardonné moi-même aussi. Et c'est pour ça qu'après je me suis dit aussi, ok, maintenant mes mains vont faire quelque chose de bon, vont peut-être servir mon prochain. Et je pense que j'ai trouvé dans cette vocation de pasteur, cette manière de pouvoir servir mon prochain. Tu es pasteur près d'Annecy, c'est ça, à Chambéry ? À Chambéry, oui. Pour ceux qui... qu'ils connaissent, c'est la montagne. C'est le début de la montagne. C'est très beau, oui. C'est très beau. Est-ce que parfois tu as peur que les gens te retrouvent du cartel ou c'est fini ? Il y a des choses qui m'ont passé, qui m'arrivent parfois, c'est que je n'ai pas peur de ça parce que c'est déjà du passé. J'ai quitté tout ce monde-là, donc c'est du passé, il n'y a pas de contact. Mais par contre, ce qui me fait rigoler, c'est qu'une fois, on a déménagé avec mon épouse dans une ville au sud. et je sais pas comment les gens ont su que j'étais colombien, et certains venaient frapper pour me dire si j'avais de la blanche. C'est vrai ? Oui ! Des colombiens ! Et donc, je leur disais, oui, oui, j'ai quelque chose de la blanche, mais je prenais la Bible, je leur disais, regardez les feuilles qui sont de la blanche, là, il y a un bon message pour vous. Et là, je leur ai amené le message de la foi, de l'espérance. Je leur ai dit, non, rentrez pas dans ça, c'est pas vous. Les gens qui viennent à l'église te voir, ils savent ou pas ? Non, certains ne savent pas, mais il y a des fois dans lesquelles je raconte mon témoignage, donc les gens sont parfois surpris. Et en même temps, je pense que ça booste leur foi, parce que ça montre combien Dieu peut changer, et faire quelque chose de moche, quelque chose de différent pour sa gloire. Pour refaire le bilan, pour terminer en deux trois questions, bilan sur ta vie, quel événement t'a le plus marqué ? Ce qui m'a le plus marqué, c'est plusieurs choses qui se sont passées autour de moi. Quand je vois la violence dans laquelle je grandis, ça m'a quand même traumatisé. ça je n'étais pas dans le déni parce que j'ai compris et ça je l'ai découvert quand je suis venu en France parce que quand je suis venu en France il y avait des reflets que j'avais Je suis avec mon épouse en train de prendre des boissons dans son lieu. Quelqu'un s'approche pour demander l'heure. Et de suite, je me mets en mode, attention, on va te faire du mal, donc presque agressif. Et mon épouse, regardez, calmez-toi, tu n'es pas en Colombie. Donc là, petit à petit, j'ai compris qu'il y avait des traumatismes. Oui, ce qu'on appelle les syndromes post-traumatiques. Oui. C'était encore sur la défensive. Oui, parce qu'en Colombie, tout cet ensemble de violences, le matin, quand je sortais de chez moi, je savais qu'il fallait que je sorte avec une arme, soit je sortais, je me disais que je vais rentrer. Donc c'est un peu la mentalité comme ça. Est-ce que tu as conservé un ami dans le cartel ? Je conservais un ami jusqu'à il y a une dizaine d'années. Mais c'était plutôt du fait de lui dire, sors de là, sors de là, ça ne va rien t'apporter, regarde tous ces malheurs qu'il s'apporte autour de toi. Et un jour, il m'a dit, je vais quand même tenter quelque chose. C'est quelqu'un d'élevé. qui avait un peu de lâche. Il avait 60 ans. Il m'a dit écoute, je vais essayer de faire un dernier coup. Il avait un petit problème dans ses genoux. Il a fait remplir sa chaise roulante le touillot plein de cocaïne. Il est parti à la Colombie, comme ça, à Madrid. Et dans l'aéroport, on l'a repéré. et c'est interdit prison Donc, oui. Putain. De quoi tu es le moins fier de ta vie ? D'avoir mis ma confiance dans l'argent, dans le pouvoir. Et d'avoir, oui, avoir induit beaucoup de personnes dans ce milieu-là. Quelle est la pire chose que tu as fait en être humain ? Disons que pour moi l'une des pires des choses que j'ai pu faire quand je pense à mon passé c'est faciliter parfois la violence c'est des choses que par exemple par des questions de... quand tu as quelque chose contre quelqu'un et tu sais que tu as derrière toi un gars qui a le pouvoir d'agir je lui disais est-ce que tu peux t'en occuper de lui ? Donc ça pour moi c'était vraiment avec beaucoup de honte. Je le vis ça après parce que je me dis tu as profité de ta position. Pour envoyer des gars faire du mal à d'autres personnes. Et pas tuer parce que ça je l'ai pas fait. Tu n'as jamais tué quelqu'un ? Non, non, ça grâce à Dieu je ne suis pas arrivé jusqu'à là. T'as fait peur ? Mais voilà. Mais t'as fait mal ? Pour faire mal, il faut faire... Ça c'est des choses dont on n'est pas fier, mais en même temps je m'en sers de cette histoire, parce qu'aujourd'hui beaucoup de jeunes, beaucoup de personnes sont dans un milieu comme ça. Et ils essaient de gagner une place, de se faire respecter, de trouver un peu un renommé en faisant des choses comme ça. Donc du coup j'utilise cette histoire qui est un peu difficile pour dire écoute non. Tu peux te construire une vie d'une autre manière avec Dieu, avec les valeurs de la foi. Et pour moi c'est le plus important aujourd'hui ça. C'est ce que tu dis à des jeunes qui ont envie de faire de l'argent seul en fait ? Oui, oui, oui. Toujours d'ailleurs il y a certains parents qui parfois viennent me dire voir quand les gens arrivent à l'église, il y a des enfants qui essayent de faire des petites choses comme ça, des petits boulots, ils me disent ah j'aimerais bien que tu prennes rendez-vous avec mon fils pour que tu puisses lui donner quelques conseils Et je le fais. Franchement, c'est beau de voir que ces jeunes, derrière ça, finalement, il y a de la souffrance, il y a la reconnaissance, beaucoup de choses qui sont besoin. Ils ont juste besoin de repères, de modèles, de personnes qui leur montrent le bon chemin. Dernière question, quel conseil t'aurais aimé qu'on te donne plus jeune ? Je pense que j'aurais aimé avoir quelqu'un qui... Qui me donne comme une image d'un modèle de papa qui peut me dire fais attention avec ça, ne prends pas les choses à la légère. Tu sais comme quand l'enfant va toucher la bougie, on lui dit non ne la touche pas ça, ça brûle. Je pense que c'est ça qui m'a manqué. Et parfois les jeunes, ils prennent, quand un papa ou maman va discipliner, ils le prennent à mal ça, ils me laissent pas faire. Et en fait je pense que c'est un moyen de protection. Je pense que moi ça m'a manqué aussi. C'est ta fille qui t'a inscrit ? inscrite pour l'émission, qui a envoyé un mail qui nous a écrit en disant, tiens, moi je suis l'émission, mon père a un parcours assez atypique, il était au cartel de Cali, puis pasteur, ça serait intéressant, et t'as dit, il faut que t'ailles dans l'émission, c'est elle qui t'a parlé, donc merci. Je crois que tes enfants connaissent aussi l'émission. Oui, il y a moi. Si vous voulez faire comme Octavio et venir, ou si vous savez que quelqu'un dans votre famille, ou un ami a un parcours exceptionnel, a une vie exceptionnelle, a vécu quelque chose d'incroyable, de par son métier ou de ses loisirs ou dans la vie de tous les jours, il a vécu quelque chose, vous pouvez vous inscrire, envoyer un e-mail avec votre numéro de téléphone sur l'adresse qui s'affiche là, contact.telgenregroupe.fr. Vous pouvez m'envoyer 3-4 petites anecdotes aussi pour essayer de bien comprendre la situation. Merci beaucoup Octavio. Avec grand plaisir. C'était un plaisir de te recevoir ici. T'es venu de Chambéry en train là ? Oui. T'avais un aller-retour ? Un TGV, aller-retour, mais ça se passe bien. Merci à toi d'être venu. J'espère que vous avez aimé l'émission. Merci à tous ceux qui ont préparé cette interview, qui ont bossé sur la prépa, sur les anecdotes, sur les chiffres comme Sébastien tout à l'heure. On se retrouve tous les mercredis, vendredis et dimanches. On fait trois interviews par semaine. En tout cas, merci d'être de plus en plus nombreux. Continuez de vous abonner si vous allez bien sur notre chaîne YouTube. vous êtes environ 100 000 à arriver tous les mois à vous abonner donc merci beaucoup d'être si nombreux pareil sur les podcasts audio de faire de légendes premier podcast de france sur spotify on est numéro un sur apple podcast aussi sur deezer et sur google podcast j'ai vu donc merci mille fois pour tout ça merci à toute l'équipe je vous embrasse et à la prochaine vidéo ciao tout le monde Générique