Je m'appelle Marcus Junius Brutus, j'ai 40 ans, je suis magistrat à Rome. J'ai longuement hésité, mais maintenant c'est décidé. Dans un instant, je vais tuer un homme que j'aime et qui me considère comme son fils, Jules César. La scène que nous allons revivre est historique.
Nous sommes le 15 mars de l'an 44 avant notre ère à Rome. Rome vit alors une période ambivalente. D'un côté elle brille dans les domaines militaires et territoriaux, c'est d'une puissance en pleine expansion, maîtrisée 13 de vastes territoires qui vont de l'Espagne à l'Asie mineure et en passent de devenir un empire. Mais la République, elle, vacille. Le Sénat est affaibli en raison de la puissance d'un homme, Jules César.
Il cumule les fonctions les plus prestigieuses de Rome, il impose ses décisions et les sénateurs n'osent même plus exprimer leurs opinions. Ce matin-là, c'est donc le jour des Ides de Mars, un jour de fête dédié au dieu Mars, le dieu de la la guerre. est attendu à la curie de Pompée. C'est un lieu qui sert de réunion pour le Sénat romain, là où les sénateurs se rassemblent pour discuter et voter sur les affaires de l'État. Mais ce matin-là, une agitation particulière se fait sentir dans la cité.
Rome bascule dans l'inconnu. Et déjà, la nouvelle se propage. dans les rues.
Et toi Romain, tu étais à un spectacle de gladiateur juste à côté. As-tu vu quelque chose ? César assassiné ?
Vous me l'apprenez. Mais que va devenir Rome ? César assassiné. Cet événement tragique qui sidère ce Romain n'aurait pas dû avoir lieu si César avait écouté tous ceux qui pressentaient le drame.
Et c'est sans armée à ses côtés qu'il se rend au Sénat où l'attendent plus de 60 conjurés, 60 hommes qui ont comploté et qui sont prêts à le tuer. Écoutons Plutarque, le grand philosophe grec, l'un des plus fins analystes de la Rome antique qui raconte quelques décennies plus tard l'événement tragique. C'est alors qu'à l'intérieur, dans un grand tumulte, les sénateurs conjurés entourent César et percent son corps de toutes parts. Ceux qui n'étaient pas dans le complot furent saisis d'un frisson d'épouvante.
César, enveloppé de toutes parts, ne voit en face de lui, de quelques côtés qu'il se tourne, que des glaives acharnées à le frapper au visage et aux yeux. Ballotté, entre les mains de tous, il se débat comme un fauve. Lorsqu'il vit Brutus lever son épée nue, Il tira sa toge sur sa tête et se laissa tomber. Il se passe en effet quelque chose de spécial avec Brutus.
Brutus, le seul que finalement l'histoire retiendra de ce complot. Notamment en raison de ces mots de César, les derniers prononcés avant de périr, « Toi aussi, mon fils » . Avant de se demander pourquoi ils ont tué César, il est important, je crois, de s'arrêter sur la surprise que ces mots traduisent quand César voit Brutus lui asséner le coup fatal. « Toi aussi, mon fils. » Alors, tordons d'abord le coup à une idée fausse.
Non, Brutus n'est pas le fils de César. César le protégeait et l'aimait comme un fils. Parce que Brutus était le fils de Servilia, sa maîtresse de longue date. Il est surpris, César.
Mais pourtant... peu de temps avant, Brutus l'avait déjà trahi. C'était en 49 avant Jésus-Christ, 5 ans plus tôt, quand César avait franchi le fameux Rubicon, ce fleuve séparant la Gaule de l'Italie.
César était alors arrivé en vainqueur, et avec toute son armée à Rome. Et ça n'avait pas plu du tout à Pompée, l'homme fort de la cité à l'époque. S'en est-il suivi une guerre civile, entre 49 et 45. Une guerre impitoyable, durant laquelle Brutus... avait pris un temps le parti de Pompée face à son père de cœur, César.
Mais César lui pardonne parce qu'il l'aime comme un fils. Il va même ensuite l'aider dans sa carrière. César, qui promet à Brutus de faire de lui, à 42 ans, un consul, c'est la plus haute fonction de la République romaine. Bref, il croit en lui, le soutient et le porte vers le sommet. Jamais il n'aurait pu imaginer qu'un jour Brutus lui donne...
le coup fatal. Mais s'il est surpris, c'est aussi parce que Brutus porte très mal son nom. Les gens qui le connaissent bien disent de lui qu'il est un homme doux, un intellectuel qui mène une vie très tranquille. Il a la réputation d'être un homme vertueux.
La vertu, dans l'Antiquité romaine, c'est le courage, l'excellence et surtout la valeur morale. Il faut d'abord mesurer la puissance de César au moment de sa mort. Après une série de campagne Le militaire victorieuse et la défaite de tous ses ennemis, l'imperator comme on l'appelle alors, vient d'être nommé consul pour la cinquième fois.
Et surtout, en février 44, il est nommé dictateur à vie. Et les signes se multiplient de son intention de se faire couronner roi. La perspective du retour de la monarchie à Rome, et donc la fin de la République, ne plaît pas à tout le monde.
Une partie du Sénat et de l'opinion publique y est très hostile. Et même si, pour beaucoup, Bye ! Il y a un attachement à César, on en est inquiet. Brutus est connu pour être très attaché à la République, mais aussi, je vous l'ai raconté, à César.
Il vous l'a dit lui-même au début de cette vidéo, il a beaucoup hésité avant de faire partie des conjurés qui vont assassiner César. Cassius Longinus, son beau-frère, qui avait combattu jusqu'au bout aux côtés de Pompée contre César, sait qu'il a besoin de Brutus, d'une caution morale. Beaucoup de ses amis ont exigé que le chef de la conjuration soit Brutus ou personne. La pression sur Brutus... devient immense.
Tous les conjurés n'agiront pas par ce sentiment envers la République. Beaucoup haïssent vraiment César. Comment le peuple et l'armée va-t-elle réagir aux meurtres de César ?
Brutus a réussi à convaincre les autres conjurés de ne pas assassiner des proches de César, pour que leur acte apparaisse comme noble et moral. On ne veut pas tuer tous les hommes, mais un seul, celui qui peut tuer la République. Bien vite, ils doivent se rendre à l'évidence.
Rome ne voit pas en eux des libérateurs de la tyrannie, mais plutôt des criminels. Pire encore, des hommes forts se disent que la mort de César leur offre la chance à eux de diriger Rome. A leur guise, deux hommes en particulier, Lépide, qui dirige l'armée romaine, et Antoine, consul, fidèle allié de César, avec qui il a mené de grands combats, notamment en Gaule. Mais bientôt, ils devront compter sur un troisième homme. que personne n'avait vu venir.
Octave. Le peuple de Rome découvre en effet l'existence de ce jeune homme de 18 ans lorsque le 20 mars 44, 5 jours seulement après la mort de César, on fait la lecture du testament de Jules César. César désigne Octave comme son fils adoptif. On apprend aussi que par ce testament, César donne à la plèbe, au peuple de Rome, la disposition de ses jardins et à chaque Romain la somme de 75 drachmes C'est une belle somme, ces trois mois du salaire d'un soldat romain de l'époque.
Cette générosité, elle renforce la colère des Romains contre les conjurés. Brutus et Cassius sentent le vent tourner. Ils sont envoyés comme consuls loin de Rome. Le premier en Crète, le deuxième en Libye. Mais leurs jours sont comptés.
Les trois hommes, Octave, Lépide et Antoine, se réunissent pendant trois jours à Bologne. Trois jours... Pour en finir avec la République de Rome.
Trois jours pour sceller un accord, ce qu'on appelle le Triumvirate. Ils ont, tous les trois, les pleins pouvoirs, pour cinq ans. Officiellement pour rétablir la République, mais dans les faits, elle n'existe déjà plus. Ils se partagent le monde romain, à Antoine, l'Orient, à Lépide, l'Afrique, et à Octave, l'Italie et l'Occident.
L'un des buts, c'est de poursuivre les assassins de César, et en premier lieu, Brutus et Cassius. Et plus largement, tous les soutiens de la République. On affiche... la liste de ceux qui doivent mourir.
Et tout un chacun a le droit de tuer les proscrits, les conjurés, moyennant une récompense. En septembre et octobre 1942, les troupes d'Octave et d'Antoine fondent sur celles de Brutus et de Cassius. Les deux batailles finales ont lieu en Macédoine, à Philippe, lors de la première Cassius, croyant à tort que Brutus a été défait, se suicide. Lors de la seconde... Ben écoutons plus tard qu'à nouveau.
Quand Brutus vit que tout était perdu, il se retira dans un bois avec quelques amis. Là, il se jeta sur une épée et mourut. Il avait dit, « Vertu, tu n'étais qu'un vain mot, je t'ai servi et tu m'as trahi. » La mort de Brutus marque la fin d'une époque, la fin d'un idéal républicain.
Pour les triumvirs, César est vengé. Ironie de l'histoire. Brutus voulait sauver la République en assassinant un homme qui l'aimait tant.
Jules César, mais en 27, avant Jésus-Christ, soit 17 ans après l'assassinat de Jules César, Octave devient Auguste, premier empereur de Rome. La République devient un empire. Voilà, c'était la deuxième vidéo de cette nouvelle série historique et immersive de Brut. J'espère que l'histoire de Brutus et de la mort de César vous aura intéressé.
On a essayé de suivre au mieux vos commentaires. après le premier numéro pour améliorer encore ces sagas. N'hésitez pas, là encore, à nous dire ce que vous en avez pensé de cet épisode.
Vos retours sont ultra précieux. N'hésitez pas non plus à nous dire si vous aimeriez que l'on consacre une vidéo à l'un ou l'autre des grands moments de l'histoire qui vous passionnent. A très bientôt pour une nouvelle saga.