Il faut savoir qu'au milieu du XIXe siècle, Paris est une ville labyrinthique, à la fois pittoresque, avec des hôtels particuliers, mais surtout insalubre et dangereuse, faite de rues étroites, surpeuplées et où il est difficile de circuler. En somme, une capitale qui n'a pas beaucoup évolué depuis la Révolution française. Napoléon III, qui a vécu à Londres, trouve que Paris a tout à envier à sa rivale d'outre-Manche, métamorphosée par la révolution industrielle, avec ses grandes avenues, ses parcs et ses gares. Décidément, il est temps de moderniser la capitale française.
Son mot d'ordre ? Tout doit circuler. L'air, les gens, l'argent. Pour satisfaire ses ambitions, Napoléon III doit trouver un homme de poigne, capable de réaliser des travaux de grande ampleur.
Le baron Haussmann sera son homme. Un homme d'ordre. Il n'aime rien moins que la ligne droite, l'hygiène, l'autorité.
Sa mission ? Aérer, unifier, embellir la ville. Ce duo très efficace transforme Paris en un temps record. En moins de 20 ans, on perce 70 voies nouvelles, on crée ou élargit 9 ponts, on construit 40 000 immeubles, on creuse 585 km d'égout, on plante une vingtaine de squares, deux grands parcs, les Buttes-Chaumont et le parc Montsouris, et 80 000 arbres. d'alignement sans oublier le bois de Vincennes et le bois de Boulogne.
Question embellissement, tout doit s'aligner. Les corniches, les balcons, les façades. Et l'on unifie le mobilier urbain, les kiosques, les célèbres colonnes Maurice, les lampadaires, les bancs et même les grilles qui protègent la base des arbres.
Pour permettre une meilleure circulation, Haussmann réalise de nouveaux axes. Les Champs-Élysées, les boulevards Saint-Germain, Saint-Michel, Magenta, l'avenue Foch ou encore la rue de de Rivoli, le long desquels il fait courir des canalisations d'eau et un réseau d'égouts. Chaque percée ouvre sur un monument. On l'aura compris, un grand élan moderniste et hygiéniste conduit le projet de l'urbaniste. Mais certains dénoncent des objectifs sécuritaires moins avouables.
En effet, après les soulèvements de 1830 et de 1841, Ensuite, Haussmann doit s'assurer contre l'éventualité d'une nouvelle guerre civile et rendre impossible la construction de barricades dans les rues de Paris. Pour cela, il élargit les rues et trace des lignes droites entre les quartiers ouvriers et les casernes de pompiers. Pour réaliser ces grands travaux, Haussmann détruit. Et pas qu'un peu. Le Paris des XVIe et XVIIe siècles est quasiment rayé de la carte, au grand dam des défenseurs du patrimoine.
Même la maison natale du baron disparaît. Il subsiste aujourd'hui très peu de ce Paris d'avant, à l'image du Marais ou du Faubourg Saint-Germain. Pour gagner du temps, Haussmann profite d'une nouvelle loi qui permet l'expropriation pour utilité publique et hygiène.
obligeant une partie de la classe ouvrière à quitter le centre-ville, devenu trop cher pour la périphérie. Tout cela, bien sûr, a un coût exorbitant. Haussmann n'hésite pas à endetter lourdement la ville à coups d'emprunts et d'opérations immobilières douteuses, ce qui lui vaudra de tomber en disgrâce en 1870, juste avant la chute du Second Empire.
De nos jours, tous ces aspects problématiques sont tombés dans l'oubli. Les travaux d'Haussmann suscitent majoritairement l'admiration et attirent les touristes du monde entier.