Bonjour à tous, aujourd'hui je vais essayer de vous donner quelques clés afin de comprendre une œuvre d'art visuelle. Pour cela je vais utiliser l'exemple d'un tableau très connu, "Le radeau de la méduse" de Géricault. Celui-ci sera en quelque sorte notre fil d'Ariane. Nous allons donc essayer de comprendre comment on peut se mettre dans un état particulier devant une œuvre d'art. Depuis la préhistoire, nous pouvons constater que l'artiste a toujours eu pour but de faire passer un message. Cela implique donc que pour pouvoir comprendre l'art, il nous faut tout d'abord aborder la notion de communication. Toute forme de communication implique : un émetteur, un message, un code, un moyen, un récepteur, un contexte et une fonction. Pour comprendre ce tableau, il nous faut donc agir méthodiquement. Tout d'abord, nous allons dresser une sorte de fiche d'identification de l'œuvre. Reprécisons qui a peint ce tableau, Théodore Géricault, est né en 1791 à Rouen et mort en 1824 à Paris. Nous avons déjà dans ces informations quelques indices, nous connaissons approximativement la période dans laquelle le peintre évolue mais surtout le lieu, la France. Cette œuvre se nomme "Le radeau de la méduse". Il est daté de 1818 à 1819, là nous allons tenter de comprendre pourquoi ce titre, et la date va nous aider. Si l'on cherche "radeau de la méduse" avec la date approximative 1800, nous allons très vite tomber sur un événement très marquant de cette époque, le naufrage de la frégate française La Méduse. Intéressons nous donc à ce fait divers. En 1816, La Méduse, frégate de la marine française s'échoue, à son bord 400 hommes, les survivants de ce naufrage construisent un radeau, durant 13 jours ils tenteront de survivre. De nombreux hommes sont morts d'autres afin de ne pas périr par la fin eurent recours au cannibalisme. Enfin, un bateau finit par les secourir il ne restera de ce drame que dix survivants. Bon cette recherche aura été fructueuse, elle nous apporte l'explication du nom et un éclairage supplémentaire sur le contexte. Regardons à présent ses dimensions, 4 mètres 19 par 7 m 16, ce titan est aujourd'hui exposée au Louvre, sa grande taille nous apprend encore une chose : l'artiste voulait cette œuvre frappante, inratable, du moins pour le spectateur, il voulait aussi un espace gigantesque afin de pouvoir traiter avec précision tous les éléments de celui-ci. Enfin, on recherche les techniques employées lors de sa réalisation et son genre, c'est une huile sur toile dans le genre romantisme. Nous avons donc le moyen et le code ainsi nous nous apercevons qu'il ne nous manque plus pour avoir toutes les cartes en main que : le message, la fonction et le récepteur. Cette question nous pouvons cependant y répondre, le récepteur est le spectateur de 1819. Continuons alors nos recherches sur le contexte propre à la réalisation de ce chef-d'œuvre. Notre ami Théodore décide d'étudier cet événement qui défraie la chronique, il interroge des survivants et ira même jusqu'à étudier le cadavre d'autres marins à la morgue. Son étude va durer trois ans, à partir de là il va nous falloir décrire ce que l'on voit sur cette toile d'une manière scolaire, nous pouvons observer que trois plans sont présents dans ce tableau : au premier plan, nous voyons le radeau, des hommes, dont certains qui font des signes et des cadavres. Au second plan, nous trouvons la mer à perte de vue. Enfin au troisième plan, à peine visible, un minuscule bateau au loin et surtout un ciel lourd de nuages foncés. On remarque aussi assez aisément que le radeau occupe une place centrale dans le tableau, sur le radeau les hommes sont représentés comme une construction pyramidale, plus précisément en deux pyramides. Pour la première on voit un mât qui représente le point culminant et en bas de celui-ci, des cadavres et quelques rares hommes en vie. Pour la deuxième des hommes vivants forment la base et c'est un homme noir levant un morceau d'étoffe qui culmine en haut de cette construction. Nous venons à l'instant de faire ce que l'on appelle, une lecture descriptive, nous avons donc tous les éléments à présent pour passer à la lecture dite connotative, c'est à dire ce que l'on comprend. Si certains éléments ont un sens propre qui ne peuvent être compris d'une autre manière, ce que nous nous apprêtons à faire à présent est propre à chacun ce que je vois, peut-être que d'autres le verront différemment, ce n'est pas grave ! Parfois, l'artiste donne sa version de l'œuvre il est donc intéressant de se renseigner afin de pouvoir comparer ce que nous avons ressenti et ce qu'il a souhaité nous faire ressentir. Pour moi les deux pyramides représentent chacune une valeur : la première, le désespoir, la mort symbolisée par le mât qui forme une croix, cette image se confirme avec la vue de cet empilement de cadavres à son pied et les chairs verdâtre des autres membres de l'équipage. La seconde pyramide nous montre quant à elle l'espoir, la vie, l'homme au foulard rouge et blanc porte cet espoir et est porté par tous les hommes à ses pieds. Nous avons pu remarquer précédemment que dans la première pyramide un homme tient son fils dans ses bras, cette représentation est une métaphore de la tragédie qui a lieu devant nos yeux, si nous ne l'avons toujours pas compris Géricault nous l'a peint, carrément, face à ce tableau et malgré sa taille, nous avons l'étonnante sensation d'être cloîtré, à l'étroit, étonnant lorsque l'on pense à l'immensité de la mer, beaucoup moins lorsque l'on pense aux passagers du radeau. Pour moi ce tableau est une véritable représentation de la souffrance, de l'expression des névroses humaine et surtout de la mort. Le travail remarquable du peintre sur les détails des visages, des muscles, des couleurs est absolument extraordinaire, pour avoir eu la chance de le contempler en face, je peux vous assurer que l'on sent minuscule ! C'est assez terrifiant. Pour la petite anecdote l'homme que l'on voit face contre terre n'est autre qu'Eugène Delacroix qui servit de modèle à Géricault. De nombreuses théories sur la signification du tableau ont circulées et circulent toujours. Un grand nombre de celles-ci ont été démenties par le peintre lui-même à l'époque. A mon sens ce tableau est surtout un des piliers du mouvement romantisme et l'une des oeuvres représentant le mieux la douleur, la souffrance, la mort et à la fois l'espoir de jours meilleurs. Voilà vous avez maintenant toutes les cartes en main pour comprendre l'art visuel. Cette méthode d'analyse s'adapte pour tous les contenus visuels que ce soit peinture, photographie, sculpture. Sur ces belles paroles je vous invite à me dire en commentaire ce que vous avez pensé de ce tableau, de ce peintre ou de cette vidéo. Mettez un pouce bleu et abonnez-vous si vous auriez préféré un tableau plus grand.