Merci d'avoir regardé On est tous contents ce soir de recevoir Jean-Pierre Bibring dans le cadre de nos mardis de l'espace des sciences qu'il a déjà honoré à trois reprises. Mais le dernier rendez-vous remonte à loin. C'était en 2013. Pas de ma faute. Si, si, si quand même. Je dois le dire parce que vous savez, la programmation, ce n'est pas toujours facile. Et pour les joindre, ces messieurs, ces dames, ces messieurs-dames, ce n'est pas toujours facile. La dernière fois qu'on s'est vu, c'était dans une circonstance triste. C'était à l'enterrement de notre cher. Ami Hubert Reeves, et c'est là que j'ai demandé si vous aviez changé de numéro de téléphone. Il m'a dit non. Je dis c'est bizarre. Donc il est là ce soir, on est content. C'est bien, c'est le principal. Jean-Pierre Bibring est astrophysicien à l'Institut d'astrophysique spatiale, l'IAS d'Orsay. un travail de recherche qu'il cumulait d'ailleurs avec un travail de professeur pendant pas mal d'années à l'université Paris Sud. Jean-Pierre est un des grands spécialistes de l'exploration du système solaire, responsable et ou coordinateur scientifique de nombreuses missions spatiales, soutenu par le CNES, en coopération avec plusieurs des agences spatiales internationales, la NASA, l'ESA, JAXA, alors JAXA c'est le Japon, et Roscosmos. L'agence spatiale, qui est une agence spatiale maintenant, des Russes. Il fait suite à ce qu'ils avaient du temps de l'Union soviétique, ils n'avaient pas vraiment d'agence spatiale, ils avaient un gros laboratoire qui s'appelait Liki, mais par lequel effectivement non seulement ils coordonnaient la science spatiale soviétique et russe ensuite, mais ils faisaient des relations internationales. On a travaillé beaucoup avec eux jusqu'à il y a deux ans, à vrai dire, plus de deux ans, puisqu'on avait une mission avec eux qui s'appelle ExoMars, où on devait partir en 2022, c'est-à-dire quelques semaines en fait, après l'invasion de l'Ukraine. C'était annulé. Donc on essaye toujours maintenant de refabriquer une mission ExoMars qui va repartir en 2028. En principe, il faut que ça parte en 2028, mais il faut refaire tout ce qui était russe sur une base non russe. Donc on essaye de le faire sur une base européenne qui, pour certains des sous-systèmes, n'est pas possible. Et donc on a demandé aux Américains de suppléer ce qu'ils ont dit qu'ils feraient, mais qui n'est pas encore réellement complètement accepté. Donc il y a encore beaucoup de... de points d'interrogation sur cette mission, ce qui serait dommage parce que c'est une superbe mission. Juste une question, est-ce que les élections vont influer sur ce choix ? Oui, mais on ne sait pas dans quel sens. D'accord. Je pensais en savoir plus. Mais personne ne le sait. Non, mais je veux dire, est-ce qu'il y en a un qui est plus pour la... Non, on ne peut pas savoir. Actuellement, c'est le Congrès américain. Aux États-Unis, c'est le Congrès qui a beaucoup de pouvoir, beaucoup plus que le président, quelque part, pour les budgets, etc. Il décide de faire ou de ne pas faire le Congrès. Et qu'est-ce que le Congrès va décider sur la coopération internationale en matière scientifique, en matière spatiale ? Personne ne le sait. D'accord. Alors, Jean-Pierre Bibring a en particulier contribué au développement d'instruments spatiaux sur les missions Phobos. Ça, c'était avec l'URSS, Mars Express avec l'ESA, Cassini avec la NASA, Hayabusa avec le Japon et Rosetta Philae avec l'ESA. Et puis donc, il y a ce projet ExoMars qu'on espère qu'il verra le jour. puisqu'il y a eu beaucoup de rebondissements, des retards pour des raisons diverses. Je reviens juste deux minutes sur la mission Rosetta-Philae, parce que quelle aventure quand même, quelle aventure extraordinaire. Rosetta qui, après dix ans de vol, a largué le robot Philae sur la comète Chury, et cela à 500 millions de kilomètres de la Terre. J'imagine que ça a été une mission mais riche en, je ne sais pas, en angoisse, en excitation, en peur, en déception et... Et en résultat. Et en résultat, une réussite. Je ne sais pas ce que je vais dire en vrai dire, mais j'en parlerai peut-être un petit peu tout à l'heure, mais c'est vrai que c'est une incroyable aventure que... La chance, vraiment une chance d'en être, elle a démarré bien avant le lancement. Il faut voir que cette mission-là, au total c'est 30 ans, 30 ans de sa vie qu'on passe sur une mission comme ça. Heureusement on ne fait pas que ça, enfin heureusement ou pas heureusement d'ailleurs, mais on l'a démarré longtemps avant et c'est la première fois qu'on se posait la question d'aller se poser sur une comète. Il faut voir que, pourquoi c'était tellement spectaculaire pour nous surtout, c'est que quand on a... On a convaincu les agents spatials d'aller se poser sur une comète. On ne savait pas ce qu'était une comète, ce à quoi elle ressemblerait, comment se poser sur un objet dont vous ignorez tout, de la nature, etc. Et on a réussi à convaincre les gens, on l'a fait, mais il fallait fabriquer quelque chose pour se poser sur un objet dont on n'avait pas idée. Est-ce qu'on allait s'enfoncer, est-ce qu'on allait rebondir, est-ce qu'on allait glisser, etc. Et la technologie de l'époque, c'est la fin des années 80, le début des années 90, C'était ahurissant de comparer à ce qu'on a maintenant. On a posé un engin qui fait 100 kg. Dans un environnement où il faisait typiquement moins 150 degrés Celsius, il fallait qu'au moins l'électronique, avec 40 kg d'électronique au centre, soit réchauffée jusqu'à moins 50, ce qui peut paraître froid, mais c'est quand même presque 100 degrés de plus que la température ambiante. Donc vous avez 40 kg à réchauffer de 100 degrés. avec une puissance totale qui est à peu près la moitié de la petite lampe que vous avez dans un réfrigérateur. Vous voyez la petite lampe à l'intérieur, vous avez 12 watts, nous on avait la moitié de ça. Avec la moitié de ça, il fallait faire le réchauffement dont je vous parle, faire travailler 10 instruments, dont une foreuse qui était supposée être capable de transpercer du béton sur 30 cm, on avait 2 watts pour ça, etc. Donc c'est ça qui est incroyable. Il fallait que chaque photon qui arrive, etc., qu'on profite de tout. Et on n'avait que 4-5 ans pour développer ça. Donc le résultat, c'était qu'on n'était pas tout sûr que ça allait fonctionner, ce truc. C'était ahurissant. Il y a beaucoup de points d'interrogation. Mes excuses. Je viens de tout petit peu la crève. Et finalement, ce qui est merveilleux, c'est qu'on a réussi à peu près à faire tout ce qu'on souhaitait. y compris se poser sur un objet dont on avait eu l'accord de tout le monde qu'on ne se larguerait pas à plus d'un rayon, c'est-à-dire typiquement un kilomètre au-dessus du noyau. Le noyau cométaire, c'est tout petit. On devait se larguer à un kilomètre. Donc si vous êtes un kilomètre au-dessus d'un truc qui fait plusieurs kilomètres, vous n'allez pas le louper. Mais pour des raisons que... Six heures en chute libre. Oui, mais justement, parce que ce n'était pas un kilomètre. C'est qu'ils nous ont dit quelques jours avant, on a oublié de vous le dire, mais ce n'est pas un kilomètre, ça sera 25 kilomètres. Et donc on s'est mis... Je disais 1 km 6 heures, ça fait beaucoup. On était à 25 km d'altitude, pour avoir un truc comme ça, et la descente était supposée parfaitement passive, si vous êtes juste au-dessus, vous n'avez pas besoin de guider le truc, vous posez point. Et donc là on était à 25 km d'altitude, avec une descente parfaitement passive aussi, il fallait être sûr que de là-haut, quand vous allez larguer votre bazar, il va se poser sur le bazar en question, et si possible en plus, là vous avez choisi de le poser. Et il a fait deux rebonds. Il a fait des rebonds, mais d'abord, il a quand même réussi à viser juste. Et ça, c'est quelque chose d'incroyable. Il s'était resté dix ans dans le froid, en dessous de moins 100 degrés. Il avait trois vis sans fin, pour ceux qui savent ce que c'est qu'une vis sans fin. Gelée à moins 100 degrés. On ne pouvait pas les tester avant, parce que vous ne pouvez tester pas un truc qui ne marche qu'une seule fois. Il fallait que l'orbiteur soit dans la bonne direction. A un degré près, si on loupait de un degré la précision, on passait à côté. Comme il n'y a pas de gravité, on loupait l'objet. Bref, toutes ces émotions, c'est alors effectivement pendant six heures de descente en chute libre, qui sont vraiment une chute libre. Et après, ce qui est merveilleux au niveau de la... Puis je m'arrête là. Il y avait un signal qui devait être donné au moment où le truc allait se poser. Donc on sait que ça s'est posé. Il faut attendre parce que tout ça, ça se passait à 20 minutes de transmission de l'information. et on voit le signal. Donc on était super heureux, ça se passait à l'ESA, le centre de commande de toutes les missions de l'ESA, à Darmstadt, en Allemagne. Donc on sable tout ça, puis moi j'étais responsable aussi des caméras qui faisaient le premier panorama, qui devait être la première image qu'on prend. Donc je monte vite, et il y avait d'ailleurs M. Churyumov qui était là, on a bu avec M. Churyumov, puisque Chury, c'est Churyumov-Garacimenko. Et je vais voir les premières images qui sont arrivées, elles sont effectivement arrivées, elles étaient toutes bougées. Je me suis dit, ça c'est flou. Toutes floues, mais pas floues parce qu'il y a de la brume. Non, bougées, au sens d'une image bougée. Je me dis, c'est quand même étrange, parce que c'est une image qui a été prise après le truc, et elles sont toutes bougées. Bon, donc rapidement, on a compris qu'on n'était pas au sol. C'est qu'on avait été au sol, mais qu'on n'était plus au sol. On avait quitté le noyau, mais on n'avait aucun moyen de savoir à quelle vitesse on avait quitté. Et comme il y a très peu de gravité, il faut une petite pichenette, et vous quittez le noyau, tout simplement. comme ordre de grandeur, on s'est posé avec 1 mètre par seconde de vitesse, qui est à peu près ce que vous avez quand vous larguez un truc sur Terre à cette altitude. Si on était reparti avec... plus que quelques dizaines de centimètres par seconde, on quittait le noyau définitivement. Donc on est resté, après ces images-là, dans l'ignorance de ce qu'on allait devenir. Il fallait savoir ce qu'on allait faire après, parce que ou bien on allait quitter le noyau, ou bien peut-être qu'on pourrait retomber sur le noyau, mais dans un endroit où on ne serait pas en visibilité de l'orbiteur qui était au-dessus, on ne le saurait jamais, on ne le saurait jamais si on était dessus ou pas. On a passé la nuit à refaire une séquence, je me souviens, j'avais fait toute la séquence, supposons qu'on se repose, qu'est-ce qu'on va faire ? Donc on a renvoyé à Rosetta. Une séquence d'observation, tu fais ceci et cela, etc. Si tu arrives à envoyer tout ça à Philae pour qu'il le fasse. Et le lendemain matin, à 6h30 du matin, heure à laquelle on devait recevoir les données, on a reçu une image fixe, incroyable, que je vais vous montrer tout à l'heure. Donc il y a eu beaucoup d'émotions, mais c'est rien à côté de ce que ça a permis de faire après avec les données dont je vais vous parler tout à l'heure. D'accord. Alors à l'instar de notre grand ami Hubert Rives, dont on parlait tout à l'heure, vous êtes aussi engagé sur le plan écologique. Oui, dans le sens plutôt, je dirais, noble du terme. Je ne suis pas chercheur en écologie, mais comme je vais peut-être le dire aussi tout à l'heure, si j'ai le temps d'aller jusqu'au bout, je me connais, donc ce n'est pas sûr. Oui, on va voir. Donc, je peux déjà vous le dire. Je pense qu'une grande partie de ce que l'on fait dans mon domaine, exploration du système solaire, y compris dans sa dérivée qui consiste à dire qu'il y a une telle diversité, que la Terre est unique et probablement la vie l'est, ça... Un retour immédiat et très important, je crois, sur ce qu'il faut faire par rapport aux défis que l'on a devant nous dans ce siècle. Et quand je dis nous, ce n'est pas de nous qu'il s'agit, c'est les plus jeunes de l'audience ici. Je pense que tout ce que l'on trouve directement impacte l'activité citoyenne, sociale et sociétale. Alors deux livres, il y a eu Mars, planète bleue, qui est paru chez Odile Jacob en 2009, et puis le dernier qui est paru en 2022, toujours chez Odile Jacob, qui s'intitule Seul dans l'univers. Je précise tout de suite qu'il n'y a pas de point d'interrogation, ça va déjà dire quelque chose. des livres dans l'actualité de notre conférencier. Merci beaucoup à Jean-Pierre d'être au centre de l'expérience. Et puis je salue les 260 spectateurs qui viennent de nous rejoindre sur Youtube. Vous allez passer une très très bonne soirée. On se retrouve pour les questions dans quelques minutes. Bonne soirée à tous. sans transition comme on dit merci énormément à Maët et l'ensemble des gens de De ce lieu merveilleux où j'ai été effectivement un certain nombre de fois, j'ai suivi ça. C'est extraordinaire de penser qu'il y a des gens qui dévient leur activité, dédie leur activité, à promouvoir la recherche des autres qui est tellement essentielle à mon avis pour le développement social. Et il n'y en a pas assez qui le font, et il n'y a surtout pas assez au niveau même gouvernemental, de gens qui prennent la mesure de ce que veut dire favoriser le développement et la recherche et de la science, et que des gens comme Maët et tous les gens de... de reines ici qui le font, n'a pas de mots pour les remercier et surtout leur dire un énorme bravo. Je vais parler un petit peu de cette question-là de seuls dans l'univers. J'ai quand même fait quelque chose aujourd'hui, j'ai mis un point d'exclamation, parce que je savais qu'on me demanderait pourquoi il n'y a pas de point d'interrogation. Là, s'il y a un point d'exclamation, c'est pire quand même, ne pas mettre de point d'interrogation. Et j'espère que vous allez voir au cours du temps pourquoi j'étais amené à écrire un livre là-dessus alors que je ne suis pas biologiste et que... Il me semble que ça fait partie des réalités dont il faut prendre conscience à un moment donné, qu'on le veuille ou pas. Et je pense que tout le monde le veut. Mais je vais en parler un petit peu pendant quelques minutes. En général, je sais que cette question-là, elle irrite un peu. parce que tout ce temps qu'on est, on a grandi dans un contexte culturel qui est issu de millénaires de monothéisme, qui ont imposé des dogmes pendant très longtemps sur ce que c'est que la Terre, ce que c'est que la vie, ce que c'est que l'origine de l'un et de l'autre, etc. Et quoi qu'on trouve, il faut qu'on arrive à s'extraire de ces dogmes à un moment donné quand ils sont bloquants, quand ils empêchent d'aller plus loin dans la compréhension des choses. C'est exactement la situation dans laquelle je me suis trouvé. Et c'est ça que je vais vous faire partager. Alors, c'est des travaux un petit peu compliqués qui font que je mets ici mes coordonnées, surtout parce que je sais que, quelle que soit votre vigilance, vous aurez des questions plus tard. N'hésitez pas à me les envoyer à ce moment-là par mail. En général, je fais tout pour y répondre. Vous allez voir, comme Maëtte l'a dit et redit, qu'il faut que je m'arrête quasiment tout de suite, là, quelques minutes, je vais déjà donner les conclusions. Mais les conclusions d'une manière très succincte, pour que vous voyez un petit peu, c'est pour ça que c'est le plan en même temps, comment vont se dérouler, ce que je souhaiterais être, les différentes parties de ce que je vais dire. Et vous allez voir arriver ce que je considérais d'être des vrais changements de paradigme. C'est-à-dire que... Sur ces questions-là, on est amené à prendre conscience du fait qu'on est en train de changer des manières de penser et de différents niveaux. J'en parlais uniquement là aujourd'hui du point de vue des chercheurs en astrophysique qui ont fait ça. Le premier changement de paradigme, c'est ce qu'on appelle la pluralité des mondes. Je vais revenir là-dessus pour ceux qui n'ont pas entendu parler de ça, même si tout le monde baigne dans la pluralité des mondes, comme Doug. La pluralité des mondes est actuellement en train d'évoluer vers quelque chose qui est beaucoup plus... pertinent, à vrai dire, qui est la diversité des mondes. La pluralité des mondes veut dire qu'essentiellement, tant qu'on n'avait pas le choix, on pouvait extrapoler, parce qu'on ne connaissait qu'un objet, la Terre, ou un système, le système solaire, on pouvait extrapoler ce qu'on imaginait. à d'autres objets, parce que c'est notre mode de pensée. Il y a plein d'autres sociétés qui ne font pas ça, qui n'extrapolent pas la connaissance qu'ils ont d'un truc à l'ensemble. Mais nous, on le fait systématiquement. Quand vous avez un enfant, vous allez regarder à qui il ressemble, à parents, etc. Nous, on aime les ressemblances. Eh bien, pour le monde des planètes et pour le vivant, on a exactement la même idée, parce qu'on est à peu près convaincus que la vie sur Terre a démarré dans de l'eau. Il faut qu'il y ait de l'eau pour de la vie. Et à l'inverse, s'il y a de la vie, c'est qu'il y a eu de l'eau. Et les deux sont intimement liés. Donc comment est-ce qu'on cherche s'il y a de la vie ailleurs ? On regarde d'abord s'il y a de l'eau ailleurs. Et ça a été comme ça, continuellement, jusqu'à aujourd'hui. Puis pareil pour plein d'autres choses. Pour le système solaire aussi, j'ai eu l'occasion de le dire, on a des planètes autour du Soleil. Ça fait un bon moment qu'on sait qu'il y a pas mal de planètes autour de la plupart des étoiles qui nous entourent. Mais, vous verrez, je leur dirai, mais je peux l'avoir dit deux fois, ce qui est très fort avec la découverte des exoplanètes, c'est qu'il n'y a pas un seul système que l'on observe qui ressemble au système solaire. C'est que la même diversité qu'on a dans le système solaire se retrouve à l'échelle des systèmes. Et c'est simplement parce qu'avant, on extrapolait. Pour l'instant, on n'a pas la capacité d'extrapoler au-delà de ça, parce qu'on n'a pas été voir s'il y a d'autres univers, etc. Mais on considère que ceux dans lesquels on est, s'il y en a d'autres, ils seront comme le nôtre. Et c'est ça qui est... De mon point de vue, un des paradigmes qui est en train de changer, c'est de penser qu'on ne peut pas extrapoler et que cette impossibilité d'extrapoler va se généraliser beaucoup plus loin. Et puis il y a un deuxième paradigme. qui est qu'il ne suffit pas, et c'est ça, on s'en est rendu compte assez rapidement, d'observer la diversité. L'exploration du système solaire, je vais vous en donner quelques exemples, c'est elle qui a construit cette idée de la diversité, parce qu'avant qu'on propose que Mars, Vénus, les planètes, les autres, sont comme ci ou comme ça, on n'avait pas de moyens de le savoir, parce qu'au télescope c'est très difficile d'en se rendre compte, donc on proposait que ce soit les mêmes choses, jusqu'au jour où il y a eu l'exploration planétaire, on a été voir sur place. Et là, ça a été vraiment très troublant, qu'il n'y a rien qui ressemble à ce qu'on imaginait. On pourrait se dire que l'observation de la diversité se suffirait à elle-même, il n'y en a pas deux qui se ressemblent. Non, parce que c'est deux sur un petit échantillonnage. Si vous en avez dix différents dans notre système, ça ne veut pas dire que dans un autre système vous n'allez pas retrouver au moins une pareille. Donc ce n'est pas parce qu'il y a la diversité chez nous que vous pouvez dire facilement qu'il n'y a pas de terre ailleurs. Et les gens qui cherchent des exotères, c'est un peu ça qu'ils disent. Pour ça, il faut aller plus loin, c'est-à-dire qu'il faut qu'on comprenne l'origine de la diversité, quels sont les processus qui rendent compte de la diversité. Et c'est par les processus qu'on va se rendre compte qu'avoir des processus semblables ailleurs, ça devient, du point de vue probabiliste, absolument impossible. Donc là, j'ai mis d'une phrase ce qui va être résumé après, enfin le résumé de ce que je vais essayer de vous montrer. L'idée de base là-dessus, c'est que... Dans cette histoire d'extrapolation, il y avait cette idée, sur laquelle je reviendrai aussi, que le déterminisme des lois physiques est fondamental. Et c'est vrai que si je prends une balle et que je la lance, eh bien, depuis les lois de Newton, on sait calculer les trajectoires. Donc vous pouvez dire, si je connais le point de départ, x, y, z, si je connais les vitesses au départ, je peux retracer les trajectoires. C'est ça le déterminisme absolu. On a toujours pensé que, parce que les mêmes lois opèrent à toutes les échelles, et la physique a montré ça depuis les quatre siècles, depuis que ça existe, Eh bien, ce qui a causé les planètes telles qu'elles sont doit aussi exister ailleurs, parce que les mêmes causes produisent les mêmes effets. Et on va s'apercevoir que ce n'est pas vrai. Et en fait, chacun en fait déjà pratique de ça. Chacun d'entre nous ici a une vie dont on sait très bien qu'il y a eu un déterminisme de démarrage. Selon que vous êtes né dans la banlieue est ou ouest de Rennes, ça ne doit pas être pareil. Mais ce n'est pas ça qui va faire votre devenir. Votre devenir, c'est ça. plus tout le reste. Tout le reste, c'est un bouquin que vous avez lu, une personne que vous avez rencontrée, un film génial, une conférence, je ne vous ai dit pas, etc. Donc, c'est les événements eux-mêmes qui, à un moment donné, vont effectivement prendre un jour très important. Donc, on a beau en avoir fait la pratique, aujourd'hui, on commence à regarder, en particulier pour la Terre, la séquence de ce qui a réellement produit la Terre telle qu'elle est, qu'on comprend que cette séquence-là, il est impossible qu'elle ait eu lieu plus d'une fois. dans notre galaxie et probablement dans l'univers. Donc voilà, c'est ça que je mets ici. Il y a cette contingence, comme je dis, c'est-à-dire le côté aléatoire, le hasard, on peut dire, on reparlera de ça si on a le temps, qui va jouer, qui va être moteur dans l'évolution. A tel point que, c'est ça que je mets ici. Quand vous prenez, on va voir tout à l'heure par exemple, que le fait que la Terre a été percutée par un objet à un moment donné, qui s'appelle Théa, très tôt dans son histoire, a été essentiel sur l'essentiel de ce que vous vivez. Le fait qu'il y ait de l'eau sur Terre, le fait que la Lune est comme ça, que le climat est pérenne et tout ça, ça on le doit presque entièrement aux caractéristiques de cet impact. Mais si dans cet impact-là, l'impacteur, ou bien il avait loupé un tout petit peu ça, s'il voulait d'abord un... l'angle, au lieu d'être comme ça, était un petit peu différent. Ou bien si vous aviez un rapport de masse différent, etc., vous n'auriez rien de commun, on ne serait pas là pour en parler. En d'autres termes, il y a une incroyable sensibilité des effets de tous ces événements aux paramètres qui les ont guidés. Et c'est ça qui a été troublant pour beaucoup de gens. Parce que s'il y a une telle sensibilité, si vous dites que pour la physique, il y a quatre lois fondamentales avec des rapports d'intensité des choses, si vous avez exactement ce chiffre-là, vous avez... Le système tel qu'il est aujourd'hui, si vous changez un tout petit quelque chose, vous n'y êtes plus et on n'est plus là. Donc il y a des gens qui ont immédiatement dit, si c'est comme ça, c'est que quelqu'un l'a voulu. Et donc le grand dessin EIN, il est entièrement écrit dans ce déterminisme des lois de la physique. Et c'est très compliqué de s'en extraire pour essayer de comprendre qu'est-ce qui fait que la sensibilité est tellement élevée et qu'on puisse en parler quand même. En d'autres termes, vous le verrez à la fin, on est sur un des chemins d'évolution, mais les autres existent aussi. simplement on ne les considère pas de la même manière que le nôtre, parce que nous on est dedans ici, et on met des priorités et des hiérarchies dedans. Bref, ça c'est le deuxième... Le plus important, il y a des propriétés particulières de la Terre qui sont uniques parce qu'elles résultent d'une séquence très particulière d'événements. Et le dernier point sur lequel j'aimerais avoir le temps d'arriver, c'est de se dire, parmi ces propriétés, et c'est ce qui actuellement pour moi en tout cas est le plus difficile à me convaincre et à convaincre sur tous les gens, d'abord à en prendre la mesure moi-même, c'est de dire, le vivant, ce qu'on appelle le vivant, ce que nous sommes là, mais ce qu'est le vivant dans toute la biosphère, Ce n'est pas quelque chose de générique qui existe partout et qui pourrait prendre des formes particulières chaque fois qu'on a un objet différent. En d'autres termes, le vivant, ce n'est pas la forme particulière à la Terre d'une forme de vie qui existerait partout, mais le vivant est la forme particulière d'une évolution de la chimie, de la chimie du carbone, de la chimie organique. qui est directement et intimement lié à l'évolution de la Terre. En d'autres termes, ce qu'on appelle le vivant, je reviendrai un peu là-dessus, quand on essaye de définir ce qu'on appelle le vivant, qui est quelque chose qui unirait tout ce que l'on appelle le vivant dans les végétaux, les champignons et les... et toutes les bestioles qui existent, on va s'apercevoir que ça, c'est quelque chose qui résulte d'une succession de chaînes de réactions tout à fait particulières. Et il n'y a pas de principe de vie, on va le voir. Il y a cet ensemble-là qui va donner une évolution de la chimie organique très particulière qu'on appelle le vivant, qu'on peut définir par là, qui ne correspond pas aux définitions du vivant que vous avez où que ce soit, dans Wikipédia comme dans tous les bouquins d'ailleurs. Mais à mon avis, à tort, et je tâcherai d'expliquer pourquoi c'est à tort, et pourquoi il serait temps d'essayer de changer tout ça. Et c'est ça qui fait que le vivant est unique, et qui est ce qu'il y avait dans le titre de ce que je veux dire aujourd'hui. Et là où j'aimerais arriver aussi, c'est donc, une fois qu'on a dit tout ça, et alors, so what ? Qu'est-ce que ça change de penser qu'on est seul ou qu'on ne l'est pas ? Est-ce que ça change quelque chose ? Est-ce que ça change quelque chose dans nos vies ? Est-ce que ça devrait changer quelque chose dans nos vies ou pas ? Et c'est de ça que j'aimerais avoir le temps de discuter dans quelques minutes. Voilà, donc, un bref rappel maintenant de voir comment... Donc tout ça c'est pour que vous preniez la mesure de ce que je vais essayer de raconter, mais vous voyez qu'à chaque moment, comme c'est des changements de paradigme, ça vaut la peine d'essayer de regarder comment ils se sont figés à un moment donné, qu'est-ce qui fait qu'on pense ça, tous autant qu'on est. Très souvent je fais un vote avant, je peux encore le faire mais j'en ai déjà dit trop. qui pense qu'il y a de la vie ailleurs que sur Terre ? Levez la main. Bon, je ne vais pas compter, mais vous avez bien compris que je referai le même vote à la fin, et qu'on verra comme ça, si ça avait le coup, qu'on soit invité ici. Ce que je dis ici, c'est que... On ne va pas jeter la pierre ni aux gens de l'Antiquité, ni aux gens qui n'ont été, dans leur vision, en particulier de la Terre et du vivant, influencés que par des approches dogmatiques, parce qu'il n'y avait pas d'autre moyen. J'avais des petits dessins que j'ai virés quand même pour faire plus bref, mais la différence entre une approche dogmatique et une approche scientifique, qu'on essaye d'induire maintenant sur tous les modes de réflexion, c'est que le dogme, par définition, c'est quelque chose qu'on... qu'on affirme sans preuve. On n'a pas besoin de démontrer un dogme. Le dogme, il n'y a pas de validation. Si on vous dit que ça a été créé comme si, que c'était il y a 4000 ans, on vous le dit, c'est comme ça. Mais il n'y a aucun moyen de le valider, et il n'y avait pas la nécessité de le valider dans une approche dogmatique. L'approche scientifique... entre l'observation et la représentation vous en faites il ya plein de choses qui interviennent mais le principe même c'est pas tout ce qu'il ya là ce qui peut dire de la théologie vous pouvez dire ce que vous voulez le ciel est bleu voilà pourquoi c'est la seule chose qui va fera la différence c'est dans une approche scientifique une fois que vous avez une certaine représentation d'ici j'ai raison Alors vous faites une prédiction observationnelle, si j'ai raison, on devrait observer si je fais telle ou telle chose. Vous allez faire la mesure et vous verrez à ce moment-là si ça infirme ou si ça confirme. Il faut qu'il y ait des boucles en permanence de validation de toutes les hypothèses que vous utilisez pour finaliser une certaine représentation, c'est-à-dire une certaine réalité interprétée. Et donc, pour l'essentiel, vous allez voir arriver ici, ce qu'on appelle la Terre, ce qu'on appelle une planète d'ailleurs en général, et le vivant en particulier. C'était des représentations parfaitement dogmatiques parce qu'il n'y avait tout simplement pas de moyens de validation. Lorsque dans l'Antiquité, ils disaient qu'il y avait une différence entre une pierre et un arbre, on ne va pas leur jeter la pierre parce que la pierre, ça paraît éternel, l'arbre, tous les printemps, il y a des feuilles qui arrivent, il y a bien une différence. Et donc, ils ont un mot d'ailleurs, les Grecs, pour le vivant, c'est le même mot qu'aujourd'hui, la vie, c'est ça que ça voulait dire, ça voulait dire que ça change, ça se renouvelle. Il n'y avait pas de propriété du vivant derrière. Après, il y a eu l'âme, il y a eu tout ce que vous voulez, mais la distinction entre l'inerte et le vivant, qui était une distinction binaire, elle ne se voulait pas scientifique, elle partait d'un ressenti d'évidence, comme je disais. Donc, c'est ça qui va être le cœur de ce sur quoi on va s'appuyer. Le problème de l'approche scientifique, c'est qu'à partir du moment où vous allez commencer à essayer de valider des choses, eh bien, bien sûr, vous allez arriver à des informations et pas qu'à des confirmations. Et donc, vous allez avoir des remises en cause très sérieuses de paradigmes. Il y en a pour lesquelles ça ne pose pas trop de problèmes. Quand on a, au bout d'un certain temps, abouti à l'idée que la Terre est unique, et qu'on a fait d'ailleurs un film, peut-être certains d'entre vous l'ont vu, il est passé deux, trois fois sur la 5. Il s'appelait, je crois, c'était il y a 4, 5 ans. Et si la Terre était unique, on a fait... Un film qui durait plus d'une heure, je pense, qui montrait un petit peu tout le faisceau d'expérience qui pouvait montrer à quel point ce qui est devenu la Terre, y compris la technique des plaques, la flotte et tout ça, c'est une succession de choses dont on n'a aucune chance de trouver l'équivalent ailleurs. Et donc à partir du moment où on raffine la compréhension de l'objet, on s'aperçoit qu'on change même l'appellation de l'objet. Si la Terre c'est un objet d'une certaine taille et d'une certaine distance de l'étoile, il y en a autant que vous voulez dans l'espace. Mais si la Terre c'est un objet qui a vécu tellement de choses, qui rend compte du fait qu'on est ensemble aujourd'hui pour discuter de ça dans cette pièce, vous allez apercevoir que pour arriver à ça, il faut un confluent de choses qui est non transposable tout simplement. Donc c'est ça qui fait qu'à un moment donné on est amené à remettre en question des paradigmes importants. Tant qu'il s'agissait de la Terre ça va, pour le vivant vous allez voir c'est un peu plus compliqué. Et là, j'ai repris la phrase de Rovelli dans son dernier bouquin sur les trous blancs. C'est plus difficile d'apprendre que de désapprendre. C'est-à-dire qu'effectivement, le poids idéologique de ce qui était déjà construit, qu'il faut à un moment donné remettre en question, ce n'est peut-être pas ce qu'il voulait dire. J'ai pris la phrase, je ne connais pas ce monsieur. Mais en tout cas, moi, c'est ce que je comprends dans cette phrase. Et donc... Cette idée que je dis, cette remise en question des paradigmes, c'est vraiment ça qui va parcourir les quelques minutes de mon intervention là ce soir. Et je cite ici deux personnes tout de suite qui sont Épicure, que vous allez voir dans un instant, et par l'Antiquité, et Giordano Bruno. Et vous allez voir que ces gens-là, ils ont fait un travail considérable. mais surtout pour Giordano Bruno, à tel point que tous les gens qui ont voté là tout à l'heure positivement, ils sont encore entièrement dans ce que Giordano Bruno a proposé quelque part, au prix de sa vie, comme vous le savez probablement. Et donc, ce que je vous dis, c'est que l'approche scientifique, elle a la capacité de s'extraire de ce bagage dogmatique, avec ce principe que je vous ai dit, mais c'est extrêmement laborieux de faire ça, parce qu'on s'oppose à soi-même, à des modes de pensée. Alors, Première chose, quand on observe, vous allez voir, les planètes et les exoplanètes, ce qui frappe, c'est qu'elles ne sont pas pareilles, c'est qu'elles sont toutes différentes. Et donc c'est cette diversité qui devient le nouveau paradigme, il n'y en a pas deux qui se ressemblent, à charge, comme je vous ai dit, après, d'essayer de comprendre pourquoi c'est comme ça. Donc c'est ce premier paradigme change, pluralité devient diversité des mondes. Épicure, et c'est ça que je vais dire tout de suite, ça c'est le moins important, je vais en sauter un petit peu. Il a écrit, on a perdu à peu près tous les écrits d'Épicure, même les gens qui se recommandent d'Épicure maintenant, ils n'ont pas la richesse de tout ce qu'il avait pu dire, ce monsieur qui est remarquable. Il a vécu le IVe siècle avant Jésus-Christ, donc ça date. Il a écrit deux petits livres, deux lettres qui ont été ramassées dans un petit bouquin, vous voyez là, qu'on peut acheter dans tous les kiosques de gare. C'est extraordinaire. Je vous conseille de lire la lettre à Hérodote. Le Hérodote en question, c'est un de ses disciples, ce n'était pas le Hérodote historien qui vivait un siècle avant. Et il dit, là j'ai recopié simplement, j'ai fait une photo d'une de ses pages. Et il dit cette chose incroyable. Il part de l'idée que l'univers est infini, ce qui en soi est un truc incroyable, parce qu'à l'œil nu, on ne voit pas plus que 1500 petits points dans l'espace. Et à partir de ces 1500, il dit qu'il y en a un nombre infini. Très bien. Il postule que l'univers est infini, qu'il n'y a pas de limite. Et il dit que si l'univers est infini, alors il y a nécessairement un nombre infini de mondes comme le nôtre. Et dit-il aussi, juste en dessous, un nombre infini de mondes différents, ce qui est une très belle définition de l'infini. Ça, c'était sa vision. Et je dois dire que c'est lui, on peut dire, c'est peut-être pas lui le premier, c'est lui le premier dont on a la trace, qui a proposé cette pluralité des mondes comme un truc structurant la pensée. Il a été très contredit en Grèce d'abord, et puis bien sûr, surtout par les monothéismes qui ont eux imposé une toute autre lecture de l'histoire, puisque la Terre tout d'un coup, elle était non pas... exemplaire, mais elle était unique, centrale et immobile. Cette chose-là, comme je marque ici, ça reposait sur des ressentis d'évitance. Donc c'était purement dogmatique, il n'y a rien qui démontrait que la Terre était au centre de l'univers, il n'y a rien qui démontrait qu'elle était immobile, mais on le ressent. Aujourd'hui, vous ne sentez pas le mouvement. Et si je vous dis que toutes les secondes, entre deux tacs, vous avez fait 30 km dans la course autour du Soleil, vous vous dites, il va se tomber quelque part. Ben non, si vous gardez la trajectoire de la Terre autour du Soleil, vous divisez par... 465 jours et par le nombre de secondes en un jour vous tombez sur 30 km Vous faites 30 km à chaque seconde. On ne le ressent pas. Pourquoi ? Parce que peu de temps après, il y a des gens qui ont... Et par rapport au centre de la galaxie, c'est 200 même. Pourquoi ? Parce qu'on a compris, peu de temps après, et c'est Giordano Bruno le premier qui a fabriqué cette fameuse expérience. Il est sur un bateau, il y a un mât, il fait tomber une pomme, lui aussi, du haut du mât. Elle tombe le long du mât. Le bateau se met en mouvement à vitesse constante. Il largue la pomme et elle tombe toujours le long du mât. Et pourtant, tout est en mouvement. En d'autres termes, quand vous avez un mouvement de translation uniforme, c'est le principe dit de l'inertie, vous ne sentez pas le mouvement. Donc si on ne ressent pas le mouvement, ce n'est pas qu'on ne bouge pas, ça ne veut rien dire bouger ou ne pas bouger, c'est simplement qu'on bouge à vitesse constante. Eh bien, ces ressentis-là, ils sont très forts. Quand vous êtes le soir et que vous regardez le ciel, vous dites vous ne bougez pas, la Terre est immobile, et vous voyez tout qui tourne autour de vous. C'est-à-dire que la Terre est centrale, ça part d'une bonne idée quelque part. Il a fallu beaucoup de temps pour savoir que dans un univers quel qu'il soit, il n'y a pas de centre, bien sûr. Mais c'était ça l'idée là-dessus. Ce qui a vraiment changé les choses, c'est 1543. 1543, c'est l'année de la mort de Copernic. Et c'est l'année de sa mort qu'il a publié ce fameux texte fondateur où il dit, voilà un petit peu ce qu'on pensait avant, la Terre est au centre et tout tourne autour. Et Copernic se dit, moi je ne peux pas expliquer le mouvement pourtant vu à l'œil nu des différentes planètes, en particulier de Mars, si tout ça tourne autour de la Terre. La seule possibilité, c'est que tout tourne autour du Soleil. Alors tout le reste il avait gardé, il avait gardé que toutes les étoiles étaient à la même distance, parce qu'on n'avait pas de moyens de les mesurer, qu'au-delà de cette sphère qu'on appelait la sphère des fixes, il y avait un espace entièrement illuminé qui était l'espace de Dieu, donc l'espace des planètes était fini dans l'espace, il n'était pas infini, il était fini. Et bon, certes, mais il a proposé cette chose absolument incroyable que... Les trois principes, la Terre centrale, immobile et unique, soient la donnée fondamentale. Or, la Terre est en mouvement. Et si la Terre est en mouvement, bien sûr, immédiatement, la Terre retrouve son statut de planète. Parce que je rappelle que planète, ça veut dire un astre qui se déplace, en grec. Et pourquoi on parle des planètes ? Parce que dans un référentiel fixe des étoiles, de nuit en nuit, les planètes apparaissent ou se déplacent. Il y a des nuits avec lune et des nuits sans lune, des nuits avec Jupiter, des nuits sans Jupiter, etc. Elles sont en mouvement. Du jour où la Terre était fixe, ce n'est pas une planète. Là, tout d'un coup, elle redevient planète. Et la personne qui a été essentielle pour ce que je vais dire après, c'est ce monsieur Giordano Bruno. Je sais que ceux qui me connaissent en ont marre parce que j'en parle à chaque fois, mais je trouve scandaleux qu'on n'en parle pas plus, à vrai dire. C'est un mec qui était tellement ésotérique qu'on a toutes les raisons d'accumuler les raisons qu'on peut avoir de le trouver scandaleux. Il était probablement scandaleux, mais il a dit des choses incroyables. Il est né juste après 1943, juste après la mort de Copernic et la publication de ce texte. Il était prêtre lui-même, il était né à Naples, et non pas en Pologne, à Torun, comme Copernic. Et qu'est-ce qu'il a dit ? Il a dit par rapport à Copernic deux ou trois choses essentielles. La première chose qu'il dit... Sans citer Épicure d'ailleurs, dans ce que moi j'en ai lu mais tout est traduit, donc en principe on a bien lu, il reprend l'idée que l'univers est infini. Et en même temps il dit lui-même, je ne suis pas un scientifique, je le pense comme ça, ça ne sera jamais démontré. Donc c'est ça qui a toujours été ambigu avec Giordano Bruno. Il dit, je pense que l'univers est infini. Première chose, donc il y a un nombre infini d'étoiles. Deuxième chose, les étoiles et le soleil sont de même nature. Les étoiles sont des soleils, le soleil est une étoile. Ça, on n'a pas le temps d'en parler, mais vous imaginez un petit peu ce qu'il faut pour proposer un truc comme ça. Que ce soleil énorme-là, qui a une fonction très particulière, soit de même nature que les autres. Et la troisième chose, bien sûr, qu'il rajoute, c'est que comme il est copernicien de naissance, on peut dire, il dit, s'il y a un nombre infini d'étoiles, donc de soleil, il y a un nombre infini de planètes. Et s'il y a un nombre infini de planètes... on retombe dans la pluralité des mondes. Sans citer Épicure, il revient à cette idée qu'il y a forcément des mondes comme le nôtre. Je ne vous dis pas qu'il a été rapidement escomunier, ce monsieur. Il en a profité pour faire un tour du côté des luthériens et des calvinistes pour voir un peu ce qui se passait, puisque c'était en plein bon moment. Il y est resté un petit moment, il s'est aussi fait excommunier là-bas, il a tourné comme il a pu. Il a fini par trouver asile en clandestin à Venise comme précepteur d'un gamin qui était le fils d'un riche monsieur, qui s'appelait Motsenigo. Il y a toujours le palais de Motsenigo sur le Grand Canal, juste en face de Cap Foscari, de l'Université de Venise, si vous connaissez. Et en En 1593, il n'était pas bien vu, le monsieur, il a été dénoncé, arrêté par l'Inquisition de Venise. On lui a demandé d'abjurer toutes ses bêtises, et il a dit oui, je peux. Bon, il faut dire qu'il en avait beaucoup, parce qu'en plus de ça, il avait que la Vierge n'était pas Vierge, que ceci, enfin, il en avait mis une tartine. Et puis finalement, il dit non, non, non. Donc on l'envoie à Rome, six procès d'Inquisition à Rome. où il s'aperçoit qu'il est prêt à abjurer tout, sauf une chose, c'est ça qui est incroyable, sauf une chose. Ce qu'il ne voulait pas abjurer, c'est l'infinité de l'univers et la pluralité des mondes. Il dit que c'est impossible qu'il n'y ait pas des mondes comme le nôtre. Et pour ça, on lui dit non, tu vires ça, sinon tu y passes. Et bien, il a dit, c'est comme ça, je récupère tout le reste aussi. Et il a eu une vie tragique, une mort tragique, comme vous le savez, en 1600, c'est-à-dire 33 ans avant le procès de Galilée, le 17 février, il a été... brûlé vif sur la place qui s'appelle le Campo dei Fiori, la place des fleurs à Rome. Il y a une statue de lui au centre, les gens ne savent pas que c'était son bûcher cet endroit-là. C'est une mort atroce en plus, enfin bon. Voilà, donc on se battait pour les idées à l'époque. Donc, on sort avec ce truc-là, on est en 1600, juste au moment où Galilée arrive, avec l'inertie, tout ça, Newton derrière, et la physique qui commence. Eh bien, c'est ça que je mets maintenant ici. Les quatre siècles qui ont suivi, c'est-à-dire jusqu'à aujourd'hui, quelque part, elles ont donné une assise scientifique à ce que proposait Giordano Bruno. Et vous allez voir, j'en veux pas mal à la physique interprétée comme ça. Parce que qu'est-ce qu'elle dit, la physique ? Elle dit... Avec quatre lois fondamentales, quatre forces fondamentales, elle n'a pas dit ça au début, il n'y avait que la gravité, puis après il y a la force électromagnétique, la force statique et électromagnétique, puis après la force, l'interaction forte et faible, nucléaire, mais peu importe, elle dit avec quatre interactions fondamentales, on explique tout ce qui se passe dans l'univers, tel qu'on peut l'expliquer aujourd'hui, de l'infiniment petit à l'infiniment grand. C'est les mêmes quatre lois. Et donc immédiatement, si c'est le cas, comme les mêmes causes produisent les mêmes effets, on peut très bien accepter la pluralité des mondes. Parce que la pluralité des mondes, elle dit rien d'autre que ça. Si les mêmes causes fabriquent les mêmes effets, le déterminisme peut fonctionner. Du point de vue de la physique, la pluralité des mondes est acceptable. C'est d'autant plus scandaleux que la physique a progressivement su que ça n'a pas de sens de parler de même cause. On n'a jamais de cause strictement équivalente, il n'y a jamais de situation qui sont strictement les mêmes. Il y a toujours un petit écart. C'est Poincaré en 1902, ça fait plus d'un siècle quand même, qui a théorisé la notion de chaos sur cette base-là, en disant qu'un petit écart des conditions initiales rapidement peut diverger et devenir imprédictible. Donc le fait qu'il y ait un tout petit écart est suffisamment important pour pouvoir dire que tout ce qu'on dit sur le déterminisme ne colle pas. Et quoi que vous fassiez, quoi que vous pensiez, etc., il y a toujours un désaccord entre deux situations, vous pensez les mêmes. Tout à l'heure je faisais une règle de trois si j'ai le temps pour vous montrer pourquoi on est tous différents sur cette planète, mais il suffit d'un tout petit écart dans le code génétique pour que rapidement ça se propage et qu'on devienne tous différents, ce qui est la richesse en fait des choses. Donc même quand on dit que la physique impose le déterminisme, c'est pas vraiment vrai, parce que la physique accepte aussi les notions d'écart en condition initiale, mais ça on l'oublie. On garde uniquement l'idée du déterminisme et de Newton. Et comme je le dis, on me l'a rappelé tout à l'heure dans le bouquin dont je... Maëtte a parlé tout à l'heure et que je vous parlerai peut-être aussi, vous pouvez faire dix fois de suite un tir de pénalty, il sera toujours différent parce qu'il suffit que le doigt comme ci, le machin, un peu d'herbe comme ci ou comme ça, vous changez quoi que ce soit, les conditions sont telles qu'à un moment donné ça ne va pas marcher, un petit coup de vent qui est un peu différent, etc. Donc il n'y a pas ça et pourtant ce dogme-là, il est resté permanent jusqu'à aujourd'hui, la preuve, le vote tout à l'heure. Et donc... À partir du moment où il y a ce dogme de la théorie de l'évolution là-dessus, c'est très difficile de s'extraire de la notion de dessin. Et c'est ça que je mets là-dessus. Un peu partout, et vous l'avez encore là, et des grands amis, dont M. Maët a fait allusion tout à l'heure, l'ont théorisé même, l'évolution suivrait un chemin, et c'est à peu près dit partout, mais à mon avis à tort. de complexification croissante. On part du simple et on va vers le compliqué. Au démarrage du Big Bang, il y avait des particules élémentaires, puis des atomes, puis des molécules, puis des molécules organiques. Et il y a une flèche comme ça, qui indique une direction de l'évolution. qu'on appelle en général du sein vers le complexe, mais il y en a plein d'autres qui proposent d'autres choses. Et là déjà, il y a un truc qui ne me plaît pas, c'est que le principe, en tout cas à partir du vivant, et on va le voir en fait même avant, de mettre une flèche est erroné. Ce que Darwin a montré, ça fait quand même depuis 1859, ça fait quand même un an, c'est que justement ce qui fait l'évolution, la vie elle ne cherche pas à fabriquer deux yeux, deux oreilles, un rein, etc. Non, c'est l'adaptation progressive. qui se fait dans une grande richesse de variété à cause des erreurs de codage et décodage, qui fait qu'à un moment donné, c'est le contexte qui va favoriser telle ou telle chose par rapport à la prédation, par rapport à tout ça. C'est quelque chose qui commence à être enseigné quand même en France. On ne peut pas dire que les gens ne savent pas ça. Ils devraient le savoir en tout cas. S'il n'y avait pas eu le soulèvement de l'Afrique orientale, on ne serait pas là non plus, parce que le passage aux bipèdes qui sont devenus les humains s'est opéré aussi pour des raisons environnementales, etc. Donc, cette idée d'une flèche... est fondamentalement erroné. Si vous regardez pour les biologistes tout le débat qu'il y avait entre Lamarck et Darwin, Lamarck lui-même était pour l'adaptation, mais il maintenait une flèche. Et Darwin s'y est opposé pour cette raison-là, en disant non, il n'y a rien a priori qui va forcer. La vie n'a pas de but, la vie n'a pas d'objectif de fabriquer ça plutôt que ça. Et quand on dit encore la manière que l'on a souvent, même sur les ondes, de parler un petit peu de la capacité de telle ou telle espèce ou organe pour ça, c'est le fruit de l'évolution qui, elle, est une adaptation progressive liée au contexte. Donc déjà, je n'aime pas ça. Mais cette idée en plus que j'ai mis là, mais qui n'est pas importante, c'est que cette histoire d'aller de l'ordre vers le désordre, vers l'ordre structuré. C'est vrai que quand vous voyez comment une planète se construit, comment la vie s'est construite, c'était tout le grand débat au 19e siècle, où le deuxième principe de la thermodynamique, Boltzmann et tout ça, disait qu'on ne peut aller que de l'ordre vers le désordre. Si vous envoyez une bagnole contre un arbre, ça fait un tas de ferrailles. Si vous envoyez un tas de ferrailles contre un arbre, ça ne fait pas une bagnole. Ça, c'est le deuxième principe de la thermodynamique. Il a raison ce principe, mais c'est parce qu'on parle de système isolé. La vie n'est pas un système isolé. Le principe du vivant, justement, et c'est la difficulté majeure que j'ai avec toutes les définitions du vivant, on dit toujours auto-organisation, auto-catalyse, auto-machin, auto-truc. Le propre du vivant, c'est qu'il n'est justement pas autonome, il n'arrête pas de piéger des ingrédients, de l'oxygène, du CO2, des trucs et des machins. Si vous coupez tout ça, ça s'appelle la mort, ça ne s'appelle pas la vie. Donc, il y a quelque chose de fondamentalement erroné. Et vous savez bien que s'il y a de la vie qui se construit sur Terre, c'est parce qu'on récupère des photons sur l'air, qu'on renvoie sous forme de photons infrarouges, Pour un photon solaire qu'on fabrique, on fabrique 20 photons. Donc on augmente le nombre de particules de l'univers, c'est-à-dire l'entropie de l'univers augmente, et c'est ça qui force l'univers à aller vers un désordre absolu avec une température qui est de 3°K, 2,7°K maintenant. Donc on ne peut pas isoler le fait que localement, vous avez de l'ordre qui se construit dans un monde qui, globalement, va vers, probablement, c'est pour ça que j'ai dû le mettre, l'entropie est sauve, parce que l'entropie de l'univers a toutes les raisons de rester constante. Bon, donc... L'évolution, elle a ça, et donc ce que les gens ont fait, beaucoup de gens, c'est qu'ils mettent en plus la vie là-dedans. On met la vie comme une des étapes, si possible générique, c'est-à-dire les mêmes causes produisant les mêmes effets, il va y avoir de la vie par là, et en général, depuis la fin du 19e siècle, on met bien sûr l'homme au-dessus. L'homme avait perdu à peu près toutes ses qualités, il a fallu en retrouver une, il est au sommet de l'évolution. et comme vous le savez, non seulement c'est l'homme qui, mais c'est certains hommes plus que d'autres, parce qu'on sortait quand même de deux siècles d'esclavage, plus le canadienisme, etc. Donc ce genre de truc est très historiquement, et je dirais presque idéologiquement, marqué. Donc faire ça, ce n'est pas une bonne chose. Donc dire que le vivant est un produit générique d'une complexité croissante, c'est mauvais, mais c'est ça qui permet l'extrapolation. Si c'est générique, ce qu'on a ici, on peut le dire ailleurs, puisqu'à nouveau, ce que j'ai dit tout à l'heure, même cause, même effet. et donc la pluralité des mondes est sauve. Et bien c'est ça qui dominait tout le monde scientifique, et pas que le monde scientifique, quand l'ère spatiale a démarré. Donc c'était un... Je vais passer un petit peu tout ça parce que j'avais pris quelques exemples pour vous montrer à quel point les premières explorations spatiales, qui ont démarré surtout avec le programme lunaire Apollo et tout ça, elles se sont nourries de ce truc-là. Vous vous souvenez, en 68, pour ceux qui ne savent pas, mais bon, je n'ai pas le temps de tout raconter, on en parlera éventuellement après, les Américains ont été forcés de faire une mission vers la Lune avec trois astronautes dedans. Ils n'avaient pas encore le moyen de se poser dessus, mais ils voulaient être au moins les premiers, parce que c'était après Gagarin, après tout ça, il fallait qu'ils fassent au moins une première. Ils ont décidé que ce soit trois Américains qui feraient le tour de la Lune et revenir, parce qu'ils pensaient que les Soviétiques étaient sur le point de le faire. Et il y a cette idée, il y a cette photo absolument extraordinaire, emblématique, où on voit un lieu de Terre. Mais pour moi, ce n'est pas ça la plus importante. Une des plus importantes, c'est celle-là, qui est la première photo faite dans l'espace par l'homme, par ces mêmes trois personnes qui ont quitté suffisamment l'attraction terrestre pour voir la Terre globalement, comme une boule. Et c'est la première, je dirais, justification. du fait que la Terre est une planète banale, elle est comme les autres. Bref, ce que Copernic avait proposé est justifié ici. Aujourd'hui, quand on regarde cette image, on ne dit pas la même chose, bien sûr. Mais regardez, si vous avez la possibilité de regarder ce que les journaux titraient à la fin 68, début 69 à propos de ça, vous verrez que c'était ça. La Terre banale, parce qu'effectivement, elle est ronde, comme tout le monde. Non seulement aujourd'hui, il y en a qui contestent qu'elle soit ronde, mais surtout, plus personne ne voit là-dedans. Ce qu'il faut voir là-dedans, ce qu'il faut voir maintenant, c'est que la Terre ne ressemble à aucun autre objet. Mais on n'avait pas les objets, on ne savait pas que la couverture océanique, il n'y en a que sur Terre, que la couverture des nuages est très particulière, etc. Mais peut-être le plus intéressant, c'est ce qui s'est passé quelques années après, en 1976. Donc c'est moins la préhistoire, c'est 4 juillet 1976. C'est la première très grosse mission américaine, il y en a eu deux pour préparer ça. Ils voulaient se poser le 4 juillet 1976 pour fêter le 200e anniversaire. de la création des États-Unis, c'est-à-dire l'extraction du carcan, le 4 juillet 1776, de l'Empire britannique. Et donc pour fêter ça, ils ont dit on va se poser sur Mars, mais contrairement à ce que beaucoup de gens disent maintenant, ce n'était pas pour savoir s'il y a de la vie sur Mars. On était tellement convaincus qu'il y a de la vie sur Mars, que le but des expériences qui étaient à bord, c'est non pas de savoir s'il y a de la vie, mais de caractériser le métabolisme de la vie martienne. C'était l'étape suivante. Et les trois expériences qu'il y a dedans, Je n'ai pas le temps de vous le raconter. Elles sont extraordinaires. C'est pour ça que l'image qui suit ici, je l'aime bien parce que vous voyez le bras manipulateur qui a déjà été prendre de la poussière, qui l'a mis dans trois creusets comme ça et avec des ingrédients qui sont donnés. Dans un, la poussière récupère de l'oxygène pour savoir si elle va récupérer de l'oxygène et recracher du CO2 comme nos plantes ou à l'inverse, prendre du CO2 comme nos mammifères ou au contraire, récupérer du CO2 et recracher de l'oxygène. C'était ça les trois expériences. Et bien sûr, on connaît le résultat. Aucune n'avait besoin. du vivant pour être expliqué et interprété. Il suffisait que ce soit un vol, un truc très occident. Donc ça, c'était 1976. Donc vous voyez, c'est à la fin des années 1970 que la pluralité des mondes, ça commençait à branler dans le manche un petit peu, ce truc-là. Après, ils se sont posés la question, les Américains, de dire où est-ce qu'il faudrait alors aller, puisqu'il n'y a pas d'eau sur Mars, tel qu'on le voit aujourd'hui. Ils ont toujours pensé qu'il y en a eu dans le passé, mais au moins là, il n'y en a pas. Où est-ce qu'aujourd'hui, il y a de l'eau ailleurs que sur Terre, dans le système solaire ? Et il y avait... Un seul objet qui permettait de penser qu'il en avait, et cet objet c'était Titan. Je n'ai pas le temps non plus d'aller dans les détails, et puis ce n'est pas le plus important, mais Titan au télescope montrait qu'il y avait une atmosphère dans laquelle on ne détectait qu'une seule espèce du méthane CH4. Et tout le monde pensait, enfin tout le monde, certains pensaient qu'il y avait plus de 90% de méthane. Et les gens se disaient, s'il y a plus de 90% de méthane, comme c'est un gaz à effet de serre, la température va monter, alors que c'est bien sûr beaucoup plus loin du Soleil que n'est la Terre, mais s'il y a un truc qui bloque tout le rayonnement infrarouge, La température va monter, l'eau sera liquide, de l'eau liquide et du carbone dans du méthane, banco. C'est comme ça que la NASA a fait passer au Congrès américain, les missions qui s'appelaient avant le Grand Tour et qui sont devenues les missions Voyager, les deux, qui sont parties en 1977, pour aller... L'objectif unique, c'était non pas même d'aller sur Saturne, parce que Titan, c'est le plus gros satellite de Saturne, mais en s'approchant de Saturne, de faire un survol rapproché de Titan. Je me souviens avoir vu les diapos qu'ils avaient proposés, présentés au Congrès, On voyait Dégézer quasiment un dauphin qui saute sur Titan, parce que c'était ça qu'ils étaient convaincus de vouloir trouver en tout cas. Bon, et on connaît la réponse, il n'y avait rien à voir, parce qu'il y a un brouillard à couper au couteau, c'est l'azote moléculaire qui domine dans l'atmosphère, et l'azote, comme on le sait, ce n'est pas un gaz à effet de serre, donc il fait moins de 100 degrés, il n'y a pas de liquide, etc. C'est un tas d'autres intérêts, Titan, mais pas celui-là. Et donc, c'était le deuxième grand... impulsion contre ce dogme et là les gens commencent à se dire peut-être à la regarder de plus près et c'est donc à partir des années 80 donc c'est quand même de plus en plus récent qu'on a systématiquement à regarder les autres objets pour essayer de regarder à quoi il ressemble et est ce que dans quelle mesure ça s'éloigne ou pas de ce que l'on pense et la seule image que je vais vous montrer enfin couple d'image c'est sur une observation qu'a fait voyager sur son chemin pour aller rapidement là bas il fallait qu'il fasse un survol rapproché de toutes les autres planètes il y avait un alignement intéressant et donc dans Jupiter. Et donc, pour la première fois, les centres voyageurs ont fait deux, parce qu'ils étaient deux, sur vol rapproché de Jupiter. Alors, je vous rappelle que Jupiter, là vous avez Venise, vous avez compris que j'adore Venise, vous êtes devant le Palais des Doges, et à droite, en haut à droite, c'est le vrai dessin. C'est un copie du vrai dessin que Galilée a fait avec la lunette qu'il venait d'avoir en 1610, nuit après nuit, le grand rond c'est Jupiter, et il montre que l'Orient est occident, donc vous voyez gauche droite, et il voit que la première nuit il y a deux étoiles à gauche et à droite, la deuxième elles se sont déplacées, la troisième il n'y en a plus qu'une, après un et deux, etc. Tout d'un coup... Galilée montre qu'il y a quatre objets autour qui tournent. Alors ça peut paraître bête, mais à l'époque, il n'y a que Galilée qui venait de dire que le Soleil était le centre du mouvement. Et là, tout d'un coup, qu'est-ce qu'il trouve Galilée ? Que le Soleil n'est pas le seul centre du mouvement. Que le mouvement, c'est un processus parfaitement universel, puisque ça tourne aussi autour de Jupiter. Et c'est ça qui a donné naissance à ce que Newton, quelques années après, a proposé dans sa théorie universelle de la gravitation. Donc ça a été une découverte très importante. Mais on ne découvrait les satellites galiléens, comme on les appelle aujourd'hui, que par leur mouvement. De cette observation-là jusqu'à... Celle-là, c'est-à-dire lorsque les sondes voyageurs sont passées près de Jupiter, on n'a à peu près fait aucun progrès sur ce qu'étaient ces objets. On avait leur mouvement, mais on n'avait rien de plus. Alors ça, c'est une image que j'aime beaucoup, qui est une image faite avec des vraies images, des quatre satellites galiléens, à la même échelle relative par rapport à Jupiter, mais bien sûr, on les a toutes mises au même endroit pour pouvoir les voir sur la même photo. Donc ils ne sont pas comme ça dans l'espace, mais ils ont cette disposition de masse relative dans l'espace. Ils ont des noms qui sont ici. Et ce qui est absolument incroyable, c'est que tout d'un coup on découvre quatre objets. Il n'y a pas plus semblable pour ces quatre objets. Ils ont le même âge, fait du même matériau, au même point de l'univers. C'est vraiment la communauté corneillenne d'origine. J'ai pas le temps non plus, mais quand on a commencé à comprendre ce que sont ces objets, celui en bas à droite, c'est l'objet le plus volcanique du système solaire. Chaque point à la surface est recouvert par de la lave à l'échelle de quelques milliers d'années. C'est en permanence. C'est ça qui donne les couleurs, c'est des oxydes de soufre de différentes compositions. En haut à gauche, c'est Callisto, qui est un objet tellement cratérisé que si vous avez un agrandissement de ça, vous ne savez pas si c'est la Lune ou Mars ou quoi. Europe, là-bas, le blanc, il n'y a pas un cratère d'impact, et pourtant c'est que de la glace, avec des serraques et des crevasses. Et Ganymède, c'est un peu un mélange de tout ça. Qu'est-ce qu'il fait ? que quatre objets qui ont tellement de communalités soient tellement différents. Et donc c'est ça que je mets ici. Il y a une incroyable diversité de ces quatre objets-là, et que ça pour moi c'est exemplaire de ce qu'on a progressivement découvert dans tout le système solaire. On ne peut pas comprendre l'évolution des objets qu'avec des lois de la gravité toutes bêtes, et avec du déterminisme simple. Il faut prendre en compte énormément d'autres choses, sinon vous ne comprenez pas pourquoi ces quatre objets sont devenus comme ça. L'exploration spatiale a progressivement mis en évidence cette diversité. Je vais aller loin rapidement. À ce moment-là, on est revenu vers la Terre. On se dit que la Terre, quand on regarde, est-ce qu'elle est vraiment banale ? Les océans que l'on a, à partir des années 80-90, on savait qu'on n'en trouverait nulle part ailleurs dans l'islam solaire. C'est la seule planète aujourd'hui à avoir de l'eau et qui peut-être, dans toute son histoire, a eu de l'eau. Et nulle part ailleurs, il y en a eu, probablement. La couverture en nuages, c'est aussi quelque chose dont on n'a pas le temps de parler, mais on a déjà dû vous en parler pas mal de fois ici. La couverture en nuages, c'est à peu près du 50-50 pour la Terre. Et c'est complètement stationnaire. On a l'impression que ça va, ça vient. Aujourd'hui, il a fait beau, il y a des moments où il a plu. On a l'impression que... Un cumulus renvoie 50% de la lumière qu'il reçoit. Si vous augmentez de 10% la couverture en cumulus, vous supprimez 5% d'énergie en dessous. C'est considérable. On peut dire que sur des longues périodes, pas à l'échelle de la minute, de l'heure, de la semaine, la couverture en nuages est strictement stationnaire. C'est la seule planète comme ça. Vénus, c'est 100% de nuages, tellement opaques que si vous étiez à la surface de Vénus, ça ne veut pas dire que le Soleil existe. Et les autres planètes, c'est à peu près 0%. Qu'est-ce qui fait que sur Terre, c'est à peu près 40-60, 50-50 ? Qu'est-ce qui fait cela ? Quel est le processus ? Eh bien, vous savez qu'on ne connaît toujours pas la réponse à cette question. Parce que c'est très difficile de fabriquer un nuage, contrairement à ce qu'on pense. Il ne suffit pas d'avoir de l'eau qui passe à 0°C pour se condenser. Il faut des germes de nucléation. Et selon ce germe de nucléation, dont vous n'êtes toujours pas ce qu'il se... Ça peut être des particules de rayons cosmiques, ça peut être des débris cométaires dans la stratosphère, ça peut être un tas de choses. Et bien selon ça, vous allez avoir sur un cumul sur un stratus, il va ou il ne va pas pleuvoir, etc. Et c'est absolument critique parce qu'avec l'augmentation de la température actuellement que l'augmentation du CO2 provoque, il y a aussi une évaporation de plus en plus grande. Et si l'évaporation augmente linéairement, évidemment, l'eau c'est aussi un gaz à effet de serre. Donc on ne peut que dériver encore plus. Le seul espoir, si on peut dire, de ralentir la progression, c'est qu'une fraction de l'eau qui s'évapore se condense en nuages. Parce que le nuage d'une part c'est... à effet de serre aussi, ça bloque le rayonnement infrarouge, mais ça renvoie dans l'espace une partie du rayonnement qu'il reçoit. On ne connaît toujours pas la réponse, et c'est pour ça que vous voyez souvent apparaître des programmes spatiaux pour essayer de comprendre ça. Couverture atmosphérique, on voit maintenant, par exemple sur cette photo de droite que j'aime bien, mais il y en a des milliers pareils, est-ce que je peux ? Non, je ne peux pas. Bon, ce n'est pas ça que je voulais faire. La fine... La fine couche à la limite du noir là-haut, qui fait à peu près 10 km, c'est notre atmosphère. Notre atmosphère, telle qu'on la voit là, à la limite entre l'océan et le ciel qui est tout noir, elle ne fait que 10 km, elle a des propriétés absolument incroyables qui font qu'on est là, qui résultent elles-mêmes d'une évolution de la biosphère elle-même, comme vous savez, par la teneur en oxygène. On n'imagine pas à quel point... C'est le résultat aussi très complexe d'une évolution par un grand nombre de bifurcations dans l'évolution. Pourquoi les cyanobactéries à un moment donné ont donné ça plutôt que ça, etc. C'est absolument incroyable et on en a un résumé ici. Elles sont réellement uniques dans ce que je suis en train de dire. Et la seule question est, quelle est-elle ? Dans l'espace et dans le temps. Est-ce que dans l'espace, il y a d'autres objets pareils ou pas ? Est-ce que ça a un sens de le penser même ? Et dans le temps, est-ce que notre atmosphère a toujours été comme ça ? Et on sait, on connaît la réponse. Notre atmosphère s'est construite dans le temps. Il y a deux milliards d'années, il n'y avait pas d'oxygène pareil, etc. Il n'y avait pas d'ozone et la vie était essentiellement dans les océans. Elle ne pouvait pas sortir des océans parce que l'UV bloquait tout le monde, etc. Donc l'évolution de la biosphère est directement liée à cette évolution-là. Et bien sûr, la question aussi pour le monde vivant, comme je l'ai dit tout à l'heure, qu'on va se poser dans quelques moments, est-ce que ce n'est pas une des propriétés ici ? Et en même temps, et je vais terminer bientôt cette partie-là, en même temps qu'on essaie de découvrir ça, en même temps qu'il y a une grande diversité dans le système solaire, et je vous ai dit que ça fait, on va dire, 20 à 30 ans qu'on commence à les décrypter, à les déchiffrer, eh bien au même moment, puisque c'est en 1995 qu'il y a eu la première découverte d'une exoplanète, on est en train de découvrir le fait qu'autour de la plupart, pour ne pas dire toutes les planètes, toutes les étoiles autour de nous, ont des planètes. Et ça, bien sûr, c'est une idée qui est très ancienne, il y a très longtemps que des gens ont proposé ça, Mais ça n'a pas d'intérêt tant que ça n'a pas été validé à nouveau. C'est ce que je vous ai dit pas mal de fois. Et surtout, tout le monde ne le pensait pas. Il y a des gens qui pensaient que les planètes avaient des moyens très particuliers d'être par éjection d'un morceau de soleil ici et là, qui n'avaient pas tout le même âge et tout ça. Donc, c'est une validation qui était très compliquée à faire, que Keyer et Mellos ont faite en 1995, en France, le Président de Haute-Provence. Et bien sûr, ils ont eu grâce à ça le Nobel. Mais ce que je mets ici... C'est plutôt pour minimiser ce truc, c'est que le plus important de mon point de vue, en tout cas sur ce que je raconte ce soir, c'est que non seulement on valide le fait qu'il y a autant de planètes que d'étoiles et peut-être plus, donc il y en a des milliards, mais il n'y en a pas deux qui correspondent à l'idée qu'on devait se faire. L'extrapolation des planètes dans le système solaire à partir de la Terre se retrouve maintenant dans l'extrapolation du système solaire par rapport aux autres systèmes. On s'aperçoit que le système solaire, avec les planètes géantes, en particulier Jupiter et Saturne, on ne retrouve jamais la même chose. Entre autres, il y a pas mal de choses qui montrent la différence, je n'ai pas le temps d'en parler non plus, mais il y a beaucoup de planètes géantes, des Jupiters, mais qui sont tièdes ou chaudes parce qu'elles sont tellement proches de leur étoile Avec l'idée qu'on se fait de la fabrication de ces planètes-là, qui ont besoin d'un énorme noyau pour accréter le gaz, mais très vite avant que le gaz soit viré, ça ne peut se faire que loin, parce que loin il fait froid, et si c'est froid, tous les constituants gazeux de la cavité étaient sous forme de glace, et donc il y avait de la glace, d'eau, de CO2, de NH3, etc., qui ont pu rapidement faire un noyau pour grossir. Au centre de Jupiter, il y a un noyau qui doit faire 15 ou 20 fois la masse de la Terre, mais qui agrossit extrêmement vite pour accréter du gaz, et c'est pour ça que ce sont des planètes gazeuses. Mais ça ne peut se faire que loin. Or, on en trouve tout près de l'étoile. La première planète qui a été trouvée, qui est un peu moins massive que Jupiter, mais beaucoup plus que Saturne, elle est dix fois plus près de son étoile que ne l'est Mercure du Soleil. Vous imaginez un peu la température, il n'y a pas une glace qui tient le coup là. Et donc, c'est comme ça qu'est née l'idée que les planètes que l'on voit ne sont pas là où elles se sont formées. Elles se sont formées quelque part, mais entre-temps, elles se sont déplacées, elles ont migré. Et toutes les idées sur le fait que la gravité s'est réglée comme du papier à musique, une fois que c'est comme ça, c'est pour toujours, c'est bien sûr totalement erroné, à cause des affaires chaotiques dont je vous ai parlé tout à l'heure, mais à cause de toutes les interactions gravitationnelles qui sont prises en compte maintenant bien plus proprement. Ce que je dis ici, c'est que la première étape a été franchie il y a quelque temps, où on met en évidence par l'observation la diversité. Mais maintenant, parce que justement ce changement de paradigme est important, la deuxième chose, c'est ce que j'ai marqué là-dessus, pour convaincre, soi-même se convaincre et arriver à la conclusion qu'il ne peut pas y avoir des choses équivalentes ailleurs, il n'y a pas d'autres planètes comme la Terre, il n'y a pas d'autres propriétés comme les propriétés de la Terre ailleurs, l'ensemble des... Et bien pour ça, il faut qu'on arrive à comprendre ce que sont ces causes de la diversité, qu'est-ce qui fabrique cette diversité. Et c'est uniquement en déroulant les causes qu'on va comprendre que pour aboutir à ces effets-là, il faut une telle succession par bifurcation successive d'événements que la probabilité de retrouver l'ensemble dans le bon ordre en plus au cours du temps n'a plus de sens. Et je donnerai quelques exemples. Voilà, donc c'est ici que je dis le deuxième principe, c'est le résultat de tout ce qu'on essaie de comprendre. par rapport aux causes. La première, c'est que, je vous l'ai dit tout à l'heure, ce ne sont pas les lois, c'est les choses qui relèvent du hasard, comme on dit, mais on peut discuter bien sûr de ce que veut dire le hasard, le hasard peut très bien être déterministe, qui vont influer sur l'évolution autant que le déterminisme de naissance, si je puis dire. Ça c'est sûr. Et à chaque moment, on le voit bien pour le darwinisme dans ce que j'appelle les bifurcations contextuelles, il y a toujours à chaque époque donné, quand il y a un choc, un choc de deux objets. Des chocs il y en a partout, il y en a eu tout le temps, il y en aura tout le temps. Mais c'est les caractéristiques de ce choc qui vont être essentielles pour la suite. Et c'est là que je vais revenir un petit peu plus tard. Et c'est chaque forme particulière prise par chacun de ces événements ou de ces processus qui va être un des ingrédients de la diversité. Et donc c'est ça qui la rend compte d'une telle variété, une infinité peut-être, de possibilités, que ça donne cette idée que la diversité aboutit à l'unicité de chacun d'entre nous. Alors ici, je mets quelques exemples que j'aime bien. Alors, je n'ai pas le droit de la représenter, de la reproduire, parce que ça, c'est piqué sur Wikipédia, donc je ne connais pas les auteurs de toutes ces images. Mais vous voyez ce que j'ai voulu mettre ici. C'est quelques résultats de quelques milliards d'années d'évolution. Et on dit qu'on a une prodigieuse diversité. Tout le monde est d'accord avec ça. Et je ne vais pas détailler une personne ou un animal particulier ici. Mais ce que je veux marquer ici, c'est que tous ces objets-là, dans leur diversité, comme nous tous ici, on n'est fait que de quatre particules. Quatre particules, deux quarks, U et D, un électron et un antineutrino. Nous ne sommes faits que de ces quatre particules. Et ça, c'est bien pour vous montrer que ce n'est pas... On a toujours pensé que les particules étaient... Il suffit de comprendre les particules pour comprendre la matière. Non. C'est bien sûr utile, mais la diversité ici, vous ne pouvez pas la rendre compte en rendant compte uniquement par le découpage en particules. Donc c'est ce que je mets ici. Il faut qu'il y ait, pour comprendre ça, le couplage qu'il y a entre le déterminé de démarrage, le fait que ce soit ces deux quarks-là plutôt que d'autres quarks, ça va donner bien sûr quelque chose de très important pour l'évolution. Si dans un autre type d'univers, au lieu d'avoir ces deux quarks-là, il y en a d'autres, ça donnera des choses complètement différentes. Donc certaines de ces images ne seront pas les mêmes, et peut-être toutes d'ailleurs. Mais ça ne suffit pas. Ce qui suffit, c'est de comprendre après quels sont les processus, les lois, les interactions et les événements qui, à un moment donné, vont favoriser telle ou telle chose. Mais c'est vrai en cosmologie depuis le Big Bang, avec la fameuse inflation, etc., jusqu'à ce qui se passe dans le système solaire. Voilà ce que je voulais mettre ici. Les mêmes causes pourraient produire les mêmes événements, sauf qu'il n'y a jamais les mêmes causes. Chaque forme particulière, singulière, dans un contexte particulier, va contribuer à la diversité qu'on observe. Les gens qui m'ont dit que penser que nous sommes seuls dans l'océan cosmique, c'est une absurdité, et ça a été publié par des revues célèbres, je ne peux pas être d'accord avec. Je quitte ça. Pour dire, le grand carré du milieu, c'est un exemple. Ce que je veux dire, c'est que dans le langage courant, des milliards ou des milliards de milliards, quand on dit il y a des milliards d'eux, c'est l'infini. On utilise ça pour dire il y en a tellement que c'est innombrable. Et donc, à partir du moment où on vous dit il y a des milliards de planètes dans la galaxie ou des milliards de galaxies dans l'univers, des milliards de milliards, ça y est, on est retourné dans Épicure ou dans Giordano Bruno, il y en a une telle infinité que forcément c'est absurde de penser qu'on est seul. Et on est obligé de prendre cette objection qui tient la route si on n'y fait pas attention. Est-ce qu'on connaît des cas où on peut mesurer réellement des probabilités et affirmer que les probabilités de tel ou tel événement ne sont pas commensurables avec le nombre de candidats possibles ? Il y en a un qui est simple, c'est celui que j'ai mis ici, le nombre d'humains sur Terre. Si vous prenez un couple, je ne parle pas des 7 milliards que l'on est, un couple, et vous dites pour chacun des membres de ce couple qui va faire un enfant, quelle est la probabilité ? qu'il fabrique dans l'œuf qui va être fécondé le même ensemble génétique que dans son propre patrimoine, c'est-à-dire les 23 chromosomes. C'est facile à calculer, puisque pour chacun d'entre eux, il y a une chance sur deux, ça fait 2 puissance 23. Et comme c'est un couple, ça fait 2 puissance 46. Chaque fois qu'un couple fait quelque chose, vous pouvez dire que l'être qui va naître, si vous en voulez deux pareils, il faut qu'il fasse un nombre d'enfants qui est l'inverse de 2 puissance 46. Pas l'inverse si c'est ça. La probabilité c'est l'inverse de ça. 2 puissance 46 c'est 70 000 milliards de cas. Il faut faire 70 000 milliards d'enfants par couple pour en avoir deux pareils. Donc vous voyez que le fait qu'on soit tous différents n'est pas vraiment un problème. On n'a pas besoin de faire le calcul pour s'en apercevoir. Mais il y a une bonne raison de penser. C'est ce que je mets ici. Il faut que chacun engendre 10 000 fois plus d'enfants que le nombre d'humains. pour avoir une chance quelconque d'en avoir deux pareils. Donc vous voyez que ça ne veut rien dire que des milliards, deux milliards, c'est incommensurable, et donc forcément il y a de la vie ailleurs. Ce n'est pas un argument scientifique de mon point de vue. Et quand on essaie de regarder pour chacun des événements, et je vais en prendre un ou deux simplement là, qu'est-ce qui a pu se passer, vous apercevez qu'on arrive à ces probabilités tellement faibles. Alors d'habitude je prends trois exemples. un sur à gauche les instabilités gravitationnelles, un à droite sur les collisions, et un tout droit sur la chimie organique. Comme je n'ai pas le temps de tout faire, j'ai décidé de ne pas faire celle-là. Pourtant, je l'aime bien, c'est peut-être ma favorite, mais je le fais à chaque fois. Elle est dans le livre, et puis je le dis surtout. La fameuse migration planétaire, je vais simplement d'un mot. On est tous nés avec l'idée que les planètes ont toujours été où elles sont, les quatre planètes internes dans le centre, les planètes externes à l'extérieur. Et puis tout d'un coup, il y a un monsieur qui s'appelle Morbidelli à Nice, qui s'est dit qu'il y a un truc étrange quand même. On bossait beaucoup ensemble, moi je bossais beaucoup sur Mars à l'époque, qui est que quand vous regardez l'évolution de la taille des particules des planètes quand vous partez du Soleil, Mercure, Vénus, la Terre et Mars, elles augmentent progressivement, ce qui est normal. Sauf que Mars est dix fois moins massif que la Terre. Ça chute tout d'un coup. L'essentiel des gens, en voyant ça, ils ont dit c'est comme ça, c'est comme ça Eux, ils se sont dit ça représente quelque chose Et la seule possibilité qu'ils avaient d'expliquer ça, c'est de dire que les quatre planètes internes, au lieu de se mettre de sacrété dans un disque qui représente tout le disque... autoplanétaire, ça s'est fait dans un disque très confiné. Typiquement, pour arriver à ça, il faut que l'essentiel de la masse soit à peu près à l'intérieur de ce qu'est aujourd'hui la distance Terre-Soleil. On dit, mais comment est-ce que vous faites pour fabriquer un truc qui avait de la matière partout, comment vous faites pour ramener tout ça au centre ? Et ils ont trouvé une idée qui est absolument géniale, je trouve. Cela dit, il y a d'autres explications possibles, mais elle est vraiment très bonne parce qu'elle donne bien l'idée que je veux défendre après. C'est que Jupiter, quand il s'est formé, je vous l'ai dit, Jupiter s'est formé très loin, forcément, comme toutes les planètes géantes. Et puis Jupiter, comme toutes les autres planètes, a commencé à migrer aussi, en spiralant comme ça, en descendant, en se rapprochant du Soleil. Et au fur et à mesure que ça se rapproche du Soleil, ça vide, en fait, une grande partie du disque. Et puis si Jupiter avait continué sa course beaucoup plus vers le Soleil, on ne serait pas là, parce qu'il aurait tout vidé et on ne serait pas là. Pourquoi on est là ? C'est parce qu'il se trouve dans ce modèle-là, et encore une fois, ce n'est pas forcément le bon, mais dans ce modèle-là, ils disent, il y a une deuxième planète qui était en train de se former, qui s'appelle Saturne, un peu plus loin. Elle a mis du temps pour avoir la capacité de migrer, et tout d'un coup, elle a migré, mais très vite. Très vite parce que Jupiter avait déjà vidé tout ça. Et à un moment donné, elle s'est rapprochée de Jupiter et elle faisait deux tours autour du Soleil quand Jupiter en faisait trois. Ce qu'on appelle une résonance en physique, où quand systématiquement vous retrouvez toujours la même configuration, les deux se figent dans un système unique et une propriété augmente. En général, quand vous tournez votre poste de radio ou votre télé pour avoir une chaîne donnée, vous accordez par résonance la fréquence de réception avec la fréquence d'émission. Et à ce moment-là, c'est l'amplitude qui augmente. Là, c'est la même chose. Et ils ont montré que... Si vous faites ça, à ce moment-là, le système se bloque et va continuer sa vie comme un seul ensemble. Et c'est à ce moment-là le rapport de masse entre Saturne et Jupiter qui va jouer. Si Saturne avait été un petit peu moins massif qu'il n'était, il n'aurait pas empêché Jupiter de continuer, on n'aurait pas été là. Si Saturne avait été plus massif, les deux auraient aussi été vers le centre. Le rapport de masse de Jupiter et Saturne à ce moment-là, qui est parfaitement contingent, ça dépend de la manière dont le protodisque était, etc. Le rapport de masse fait qu'à ce moment-là, le système, au lieu de migrer vers l'intérieur, migre vers l'extérieur et laisse un disque très confiné au centre, et eux, ils se repartent à peu près là où ils sont maintenant. Et c'est à l'intérieur de ça que vous avez quatre planètes qui se sont formées, qui sont Mercure, Vénus, la Terre, etc. C'est extraordinaire comme compréhension du côté stochastique des choses, parce que ça vous montre que si vous changez un tout petit quelque chose, vous avez une toute autre réalité après qui apparaît. Bien sûr, il y aurait pu y avoir d'autres planètes internes, mais ça ne serait pas la nôtre. La Terre, ça ne peut pas être au même endroit, il n'y aurait pas la flotte qu'il y a, etc. Alors, ça, c'est ce que les gens de Nice, parce qu'il était à Nice... Pourquoi je le mets au passé ? Parce que Morbidelli vient d'être nommé professeur au Collège de France, depuis quelques mois, là, et il vient d'inaugurer sa chaire. Sa chaire s'appelle Formation planétaire de la Terre aux exoplanètes Et il a fait, entre autres, sa... Sa lecture inaugurale sur le terme déterminisme et stochasticité. Donc vous voyez un petit peu à quoi je fais allusion, exactement sur ce dont je vous parle aujourd'hui. Et tout ça est parfaitement accessible parce que au Collège de France, tout est accessible sur site. Si vous allez sur le site du Collège de France, vous tapez Morbidelli, vous allez le trouver. Et le prochain cours, le sixième de la série, c'est lundi prochain, 16h45. Donc vous pouvez avoir le dernier, c'est sur la migration planétaire. Donc voilà, ça m'évite d'en dire plus là-dessus. Non pas que ce n'est pas important, au contraire c'est très important, mais vous avez le spécialiste qui va vous en parler. Alors, je vais parler un tout petit peu des impacts géants. C'est quoi les affaires d'impact géant ? C'est que dans les premières phases, il y a eu peut-être quelques dizaines de protoplanètes qui se sont retrouvées, après ce que je viens de vous dire, au centre de la cavité solaire. Mais c'était tellement turbulent qu'il y avait énormément de chocs. Mais des chocs dans ces objets-là, c'est ce qu'on appelle des impacts géants, parce que la plupart ont disparu d'ailleurs. C'est pour ça qu'on n'a que quatre planètes. Est-ce qu'on pensait que la prototaire a reçu un impact d'un objet qu'on appelle Théia, qui est... de masse pense au moins égal dixième de sa propre masse comme mars aujourd'hui soul un énorme objet qui lui rentrait dedans mais dans une une géométrie très particulière, dans un rapport de masse très particulier, avec un angle d'impact très particulier, qui était celui de cette collision-là. Et par ces propriétés-là, ça induit énormément de propriétés de la Terre elle-même. Et c'est ça que je veux montrer. C'est comment, il y en a eu énormément d'événements, mais comment cet événement-là en particulier a influé d'une manière catastrophique, si je puis dire. Non pas que ça a toujours été des catastrophes, mais je veux dire, par le choc qui lui est d'ordre catastrophique, ça a créé des conditions très particulières de l'évolution. Je les ai mis après avec les points rouges ici. D'abord, ça a créé un disque de matière autour. Mais les caractéristiques de cet impact ont fait que ce disque était de grande... L'essentiel n'a pas quitté la planète, ça dépendait de la vitesse d'éjection, donc de l'angle, etc. C'est resté sous forme d'un disque autour de la Terre, qui était pour l'essentiel des propriétés de la Terre externe, plus une grande partie du matériau qui venait de l'impacteur, sauf le noyau qui a dû immédiatement rentrer dans le noyau de la Terre. Ce disque était tellement grand, tellement massif, qu'un objet s'est réaccrété dedans, c'est la Lune. Ça avait été proposé bien avant ce modèle-là, à la fin des années 1970, pour rendre compte de l'origine de la Lune. Pas le temps de vous en causer, mais c'est une belle histoire aussi. Il se trouve qu'il y a plein de lunes qui sont formées comme ça, maintenant on est à peu près convaincus, et qu'il y a des lunes à peu près partout dans le système solaire. Mais notre système Terre-Lune a une particularité énorme et très forte. C'est que le rapport de masse entre la Lune et la Terre est très élevé. C'est le plus élevé de tous. Tout à l'heure, on a vu les lunes de Jupiter par rapport à Jupiter. Les lunes sont grandes, mais Jupiter est mille fois plus grand. Donc les lunes n'ont aucun effet gravitationnel sur Jupiter. Mars a deux petites lunes, Phobos et Demos. peut-être formé aussi par un impact. En tout cas, c'est ce qu'on pense, enfin moi, et on essaye de faire des expériences pour voir si c'est vrai, pour voir dans quelle mesure des impacts très différents ont pu faire des choses comme ça. Eh bien, cette Lune, parce qu'elle a une grande masse, elle a eu des effets très importants sur l'évolution de la Terre. Une d'entre elles est symbolisée ici, j'en ai moi-même déjà parlé, parce que c'est une chose qui a été observée, prédite par un astronome français qui s'appelle Jacques Lascar à l'Observatoire de Paris. Il a publié ça en 1993, donc vous voyez, ça fait 30 ans déjà, ça n'a pas été vraiment reconnu. Vous savez que la Terre tourne sur elle-même autour d'un axe, en 24 heures, autour d'un axe incliné de 23 degrés par rapport à la perpendiculaire au plan qu'elle fait dans sa rotation autour du Soleil. C'est ça qu'on appelle l'obliquité. On peut se demander pourquoi ces 23 degrés, plutôt que 42 ou je ne sais pas quoi, C'est l'histoire de collision qui a fait ça. Mais ce qui est important, ce n'est pas ça. C'est que cet angle de 23 degrés, il reste égal à 23 degrés, à un degré près, sur des milliards d'années. Et ça, c'est essentiel, parce que cet angle-là, c'est lui qui fait l'insolation, donc c'est lui qui fait le climat sur la Terre, dans les différents endroits de la Terre. Si vous changez un petit... Supposez que l'obliquité, au lieu de 23 degrés, elle passe à 0 ou à 90, c'est-à-dire qu'à un moment donné, les pôles sont en direction du Soleil. Ça va faire des grands changements climatiques, ça n'a rien à voir avec les changements qu'on a maintenant, même avec l'obliquité qui tourne comme ça par la précession. Donc vous voyez que la stabilisation qui est due à la Lune, c'est ça qu'a montré Jacques Lascar, à cette valeur-là, a été essentielle et est essentielle dans la stabilité du climat terrestre. Il y a des petits écarts à cause de la précession sur une période de 26 000 ans dû au fait que la Terre autour du Soleil n'est pas strictement sphérique. pas sphérique mais circulaire, c'est une ellipse, une petite excentricité, donc il y a des moments où on est plus loin, des moments où on est plus près, ça change tous les 12-13 000 ans, donc ça fait des petits écarts, c'est ce qu'on appelle les glaciations, mais ça fait des écarts de température de 4-5 degrés, ce qui n'a rien à voir si l'obliquité se mettait à changer. Voilà un des écarts, je peux le mettre après je pense ici, et puis il y a eu plein d'autres choses, il y a eu un échéant de magma, la Terre est montée à plusieurs milliers de degrés, et là il y a un truc que je ne vous ai pas montré tout à l'heure, mais... Dans le modèle de formation des planètes internes, il y a toujours eu un grand point d'interrogation. C'est que si les planètes se sont formées internes avec le matériau du centre, très proche de l'étoile, il n'y avait pas de glace. Je lui ai dit, s'il n'y avait pas de glace, d'où vient la flotte que l'on boit ? Et il y a toujours, moi j'ai toujours une émotion quand je bois de l'eau, non seulement parce que c'est bon l'eau, mais c'est parce que c'est des grains de comètes. Et les grains de comètes, si j'ai le temps je vous le dirai après, on s'est aperçu qu'en fait dans les comètes il y a beaucoup moins d'eau qu'on ne pensait. Mais il y en a quand même. La preuve c'est qu'elle n'est que de comètes. Cette eau est à l'origine de toute l'eau qu'on a dans les systèmes solaires, et en particulier dans nos océans. Mais comment elle est venue là ? Une fois que la planète est fermée, elle n'est pas finie en rajoutant de l'eau, avec une grande pluie. Non, c'est pendant la crétion du centre, qu'il y a des grains qui venaient de l'extérieur, qui sont tombés, de même qu'il y avait des grains de l'intérieur qui venaient de l'extérieur, qui ont reconstitué les astéroïdes. Donc, il y a eu en permanence des flux de particules, comme ça. Et à la fin de ce grand bombardement initial, qui a duré quelques millions d'années, il y avait des petits grains qui venaient des comèdes. Si j'ai le temps, je vous montrerai. Il y avait là-dedans un petit peu d'eau, mais il y avait aussi beaucoup de matière organique. Et là-dessus, il y a l'énorme impact de Théia, 4-5 000 degrés. Qu'est-ce que fait l'eau là-dedans ? Intuitivement, vous allez dire que si ça chauffe comme ça, l'eau se barre. C'est le contraire qui se passe. L'eau adore le magma, elle reste piégée dedans. C'est quand le magma s'est refroidi qu'en se contractant, une partie de l'eau est montée en surface. et en surface, elle a trouvé des conditions de pression et de température thermodynamiques suite à l'impact, qui était au-dessus de ce qu'on appelle le point triple de l'eau. et en dessous de ce qu'on appelle le point critique, c'est-à-dire que l'eau pouvait être stable à l'état liquide. Et c'est comme ça que nos océans sont formés. Et c'est pour ça qu'il n'y en a que sur Terre, en fait. Et donc, nos océans se sont formés très tôt dans l'histoire. Si bien que tout ce qui a besoin d'eau pour se former, y compris ce qu'on appelle le vivant, ça a pu apparaître très tôt après l'origine de la Terre, la formation de la Terre. Contrairement à ce qu'on dit sur la transition AD1-Arche 1, il y a 3,7 milliards d'années, il n'y a aucune raison de postuler ça. C'est le syndrome du réverbère. On dit ça parce qu'on n'a rien de plus vieux, mais ça ne veut pas dire qu'il n'y avait rien avant. Donc, il y a beaucoup de choses qui sont en train de se revisiter par rapport à ces affaires-là, y compris l'origine de l'eau sur Terre. Mais pas seulement, parce que toute l'eau n'est pas arrivée en surface, il y a à peu près 5 km équivalents, mais il y a peut-être 10 fois plus qui est resté dans ce qui est devenu le manteau supérieur. Et donc, les roches du manteau ont été suffisamment hydratées pour avoir un degré de viscosité qui a entraîné une tectonique de plaque très particulière. Pourquoi sur Terre, on a 10 grandes plaques plutôt qu'une ou des milliers ? C'est en fonction d'un tas de choses, dont le degré d'hydratation qui provient. de la manière très particulière que l'eau a pu remonter en particulier après cet impact-là, dû au magma, etc., qui se refroidit. Donc, si vous mettez ça tout bout à bout, vous apercevez qu'une grande partie de ce qui a fait la Terre telle qu'on l'est, elle est directement liée aux paramètres très fins qui ont... fabriquer l'impact que la Terre a reçu avec Théia à ce moment-là. Donc, les effets découlent de manière critique des paramètres, et surtout, ils ont influencé ensuite, d'une manière critique, l'évolution de la Terre et de sa biosphère. Bon, pour Mars, je laisse tomber. Et donc... J'ai dit ici, un rien aurait tout changé. Et ce que je mets ici, c'est parce que chaque fois que j'y pense, je me dis que je devrais le dire aussi. Pour les moins jeunes de la salle, vous avez peut-être vu un film qui date maintenant d'un certain temps, qui s'appelle Smoking, non Smoking, de René, avec Azéma et Arditi. Film remarquable, dont le titre dit bien, c'est tiré d'une pièce de théâtre anglaise, et qui dit, voilà, on prend un couple. Il y en a un qui fume, l'autre pas. Et puis à un moment donné, on dit finalement, ce n'est pas toi qui fumes, c'est l'autre. Au lieu de mettre ta cendre ici, tu la mets ici, etc. Et tu aperçois que chaque fois qu'il y a quelque chose de différent, l'évolution va être complètement différente après. Et c'est ça que veut dire le smoking, non smoking. C'est qu'il y a une succession d'événements qui, en fonction d'un petit quelque chose qui paraît anodin, va complètement fabriquer une évolution différente. C'est pour ça que si un jour vous voyez ce film, courez-y, ça vous rappellera ça. Donc, grande sensibilité des effets aux paramètres. Et donc... L'idée, c'est la chose suivante maintenant. La Terre, c'est donc une construction absolument unique. Je vous l'ai dit. La Terre, c'est une construction unique, mais elle se révèle unique parce qu'on est capable maintenant de la caractériser beaucoup mieux qu'avant. Tant qu'on n'avait pas les moyens de mesurer des choses sur la Terre finement, on n'avait pas de raison de faire la différence avec les autres objets. Maintenant, on peut. Et donc maintenant, la question c'est... Est-ce que le vivant ne serait pas l'une des propriétés tellement particulières de la Terre que la Terre a accumulée au cours de son évolution, comme caractéristique de son évolution ? Bien sûr, ça serait opposé à ce que je mets là-haut. Est-ce que le vivant serait plutôt un produit générique de l'évolution, ce que je vous ai montré tout à l'heure ? qui irait par complexité croissante ou pas d'ailleurs, mais qui permettrait aux vivants d'émerger ailleurs. Et donc c'est de ça dont je vais parler maintenant, et c'est ça le troisième changement de paradigme dont je voulais parler aujourd'hui, sur cette question du vivant, qui pourrait n'être que la propriété très particulière de l'évolution de la chimie organique sur Terre. Alors, ça s'oppose donc à ce que j'aime bien ailleurs, mais vous voyez que si on veut trouver de la vie ailleurs, ça suppose que non seulement c'est quelque chose de générique, mais que si vous voulez que ça se fasse ailleurs, dans un autre contexte, avec d'autres ingrédients, c'est-à-dire qu'il faut bien qu'il y ait quelque chose en commun. Sinon, vous n'avez pas de raison d'appeler ça le vivant, ce que je pense d'ailleurs. Mais si vous appelez ça le vivant, c'est qu'il y a quelque chose en commun, d'où l'idée qu'il faut définir quelque chose, que vous appellerez le vivant, et que ça, ça se trouve aussi là-bas. J'ai déjà fait allusion au fait que les définitions du vivant telles qu'on les trouve maintenant me paraissent pour l'essentiel erronées. En faisant pour mon bouquin, j'essaie de regarder quels peuvent être, en discutant avec plein de biologistes, y compris notre ami Pierre-Henri qui était là la semaine dernière, de qu'est-ce qu'on peut... caractérisé comme, et là-dessus on est complètement d'accord, comme propriété intrinsèque du vivant. Et l'idée c'est que, le vivant vous avez bien vu, la double hélice, la lérène qui coupe, etc. Donc il y avait un codage d'abord, puis un décodage, puis ensuite un recodage par traduction du code dans des fonctionnalités. Et ces fonctionnalités qui peuvent ensuite avoir une hérédité. Et ça c'est effectivement quelque chose qu'on ne trouve pas dans la matière dite inerte. Quand vous avez une étoile et des planètes, Quand ils vont terminer leur évolution, ça va devenir de la poussière, d'étoiles, et puis ça va redonner étoiles et planètes. Donc un cycle de reproduction, que ce soit auto ou pas reproduction, ça n'a rien de vivant. Mais ce qui est vrai, c'est que quand la planète Terre va disparaître comme planète et va devenir quelque chose qui va se retrouver dans un autre système, et éventuellement donner de nouvelles planètes, ça ne va pas donner la Terre. Il n'y aura pas du gazon à chaque carrefour. Il n'y aura pas tout le reste de l'évolution. Donc effectivement... Toutes les définitions qu'on trouve du vivant sont à mon avis erronées parce qu'on les trouve dans des systèmes dits non vivants, inertes, mais la propriété du vivant, que je ne parle pas comme ça, c'est une propriété qui est très difficile à imaginer à partir d'autres ingrédients. Et c'est ça qui est rigolo. Donc c'est cette notion de principe de vie... Il y aurait quelque chose qu'on pourrait définir. Hubert Rives le disait toujours, c'est pour ça qu'il a baptisé son dernier bouquin comme ça, La cureur de vivre. Il dit, il y a un truc que tu ne pourras pas m'expliquer, il disait toujours, comment ça se fait que chaque fois que tu as quelqu'un qui veut protéger ses enfants, il veut vivre, il va se battre, etc. J'ai dit non, ce n'est pas une propriété du vivant, c'est que dans l'évolution darwinienne, ceux qui ont subsisté, c'est ceux qui ont eu la capacité de se battre pour gagner. Et ça donne effectivement que toutes les espèces qui sont là, ils se battent pour gagner. Bref. Donc. C'est ce que je mets ici. Tous les principes, les réversibilités, etc., ça ne marche pas pour ce truc-là. Il y en a d'autres. Et donc, ce que je veux maintenant dire dans le dernier paragraphe qui arrive ici, c'est quelque chose qui est ici. Si vous voulez avoir cette hérédité, à partir du fonctionnement biologique, vous êtes obligés de voir que dans la chaîne d'évolution organique, vous arrivez à des molécules très particulières. en particulier le ribosome, qui lui a fabriqué réellement l'hérédité des fonctionnalités. Mais quand vous réfléchissez après à la chaîne de réaction qu'il faut pour faire ça, qu'est-ce qu'il faut en amont de ça pour arriver à fabriquer ça, vous apercevez qu'il ne suffit pas, on dit toujours, au lieu des quatre bases azotées que vous avez ici, ATC, ATC, GC, vous en prenez d'autres, etc. Oui, bien sûr, vous pouvez faire. Mais si vous faites ça, vous n'aurez aucune des propriétés que vous considérez être les propriétés du vivant lui-même. Donc... comme je sens que l'heure doit tourner vite, non ? Elle est même passée. Donc, je dis la chose suivante. Ce qui bloque actuellement, c'est qu'on reste à une définition du vivant par opposition binaire avec le non-vivant. Et ce que je dis ici, en fait, je le pense de toute opposition binaire, on a un mal de chien à s'extirper de la volonté d'avoir toujours deux camps, le bien, le mal, le beau, le pas beau, le normal, l'anormal, et tout ce que vous voulez. Et dans les conflits politiques, c'est toujours la même chose. Je pense qu'il y a des réalités, parce que ça masque essentiellement la complexité des situations. Je ne dis pas qu'il n'y a pas toujours un agresseur, un agressiste, c'est pas ça que je suis en train de dire, bien sûr, mais il faut faire attention à ça. Et le problème du vivant et du non-vivant, à nouveau, Je vous l'ai dit tout à l'heure à propos de l'Antiquité, ça avait un sens un certain temps, parce qu'il n'y avait pas la science derrière, mais maintenant qu'on sait, on devrait quand même accepter que ce ne sont pas les deux choses forcément, nécessairement à considérer comme bons concepts. Et donc, on a un problème majeur avec cette dualité-là, et je le mets ici, unification et binarité, c'est ce qui ne me plaît pas. Alors, pourquoi est-ce qu'il y a un problème avec ça ? Parce que, à cause des principes... Mais surtout parce que, je passe plus vite là maintenant, le problème majeur sur lequel je veux insister là, c'est que si vous n'avez que deux mondes, l'inerte et le vivant, et que vous voulez qu'à un moment donné, le vivant apparaisse, ça veut dire que ce principe de vie, dans l'évolution, il naisse d'un monde qui ne l'avait pas. Donc à un moment donné, vous devez avoir l'émergence d'une propriété que vous allez appeler la propriété du vivant. Mais cette émergence, spontanée ou pas d'ailleurs, ça rappelle vraiment la génération spontanée contre laquelle Pasteur s'est battu longtemps. Il y a toujours quelque chose avant. Ce n'est pas vrai qu'il y a tout d'un coup une étape dans l'évolution dont on pouvait dire à partir de ça c'est de la vie, avant ce n'était pas de la vie. Ça ne veut rien dire. Il y a un exemple pour lequel on peut en parler simplement, c'est pour l'homme. Il n'y a pas très longtemps, Je pense à Rennes comme à Toulouse et à Paris. Il y avait dans les bâtiments de biologie, des bâtiments d'abord de biologie animale et végétale, ce qui n'a pas grand sens, et puis on parlait de l'origine de la vie et l'origine de l'homme. Il y avait des bâtiments où on parlait de l'origine de l'homme. Mais il n'y a pas un jour où il y avait l'homme et qu'avant il n'y avait pas l'homme. On sait bien que c'est un continuum de transformation qui ont donné à un moment donné, non pas un homme, mais des choses qui sont devenues progressivement à ce que nous sommes. Mais avant il y avait et après il y aura, etc. Donc c'est ça le plus important parce que je pense que pour le vivant, c'est exactement la même chose. Donc c'est ça que je vais mettre ici. Je le dis pour l'origine de l'homme ici. Et maintenant, je dis la seule possibilité pour se raccrocher pour le vivant à quelque chose qui correspond à la réalité, et c'est ce sur quoi je travaille maintenant au niveau astrophysique, c'est de se dire, ce qui compte, ce n'est pas de déterminer une origine. Et quand vous y réfléchissez, chaque fois que vous parlez d'une origine, qui est quasiment une naissance, vous faites référence à quelque chose qui est en fait biaisé. Dans la plupart des cas, ce n'est pas grave. Mais même la naissance d'un individu. Par convention, c'est l'expulsion du ventre de la mère. C'est une convention. Mais on sait qu'il y avait quelque chose avant. Mais cet avant, il y avait aussi quelque chose avant cet avant. Parce que les chromosomes, ils ne sont pas nés dans le fœtus. Ils étaient là avant, et avant, avant, etc. Et donc, on peut repousser les étapes qui permettent de définir quelque chose que vous appellerez le vivant. Et quand on fait ça, vous apercevez qu'il n'y a plus moyen d'avoir une étape qui vous permettra de dire, ça c'est du biotique, et à partir de là, c'est du vivant. Il n'y a pas ça. Et il n'y a pas en particulier des molécules prébiotiques, comme on le dit beaucoup et trop, parce qu'une molécule prébiotique, c'est-à-dire que si vous avez cette molécule-là, elle va donner naissance à du biotique. Non ! Dans une chaîne, il y avait une molécule avant une autre. Mais il ne faut pas l'appeler prébiotique. Il y avait une molécule avant les autres. Quand vous faites A plus B dans le C plus D, le C supposait qu'il y ait A plus B. Mais quel est le C qui va être caractéristique du vivant ou de l'homme, etc. Et bien c'est ça que je pense que... Et là ce que je cite, c'est un livre de ce monsieur François Julien. Je vous conseille, si vous avez l'occasion un jour, d'acheter son petit livre. Il s'appelle Les transformations silencieuses ou après avoir travaillé sur la philosophie grecque, et donc la nôtre et la philosophie chinoise, il s'est dit, il y a vraiment une différence énorme. Chez nous, à chaque question, il y a une réponse. On n'accepte pas qu'une question n'ouvre pas sur une réponse. Ce qui est complètement faux en science. Une bonne question ne débouche pas sur une réponse, mais débouche sur le fait que la question a été mal posée. On a de nouvelles questions, etc. Donc on en sait de plus en plus, mais on augmente l'éventail des sujets de recherche. Ce qui est une bonne chose, parce qu'on en sait, grâce à ça, beaucoup plus. On ne clôt pas quelque chose. Ce n'est pas un puzzle. parce que le cadre augmente plus vite que le temps que vous mettez à remplir. Donc, ce qu'il a montré, c'est que... En Chine, puisqu'il parle surtout de ça, mais en Chine depuis l'Antiquité, c'est un livre très érudit, même s'il est tout petit et très accessible. Il dit qu'on ne va pas de A vers B, ce qui compte c'est le continuum qui caractérise les transformations ici. Parce que c'est grâce à ça qu'on voit les transformations, il n'y a pas un début des transformations et une fin des transformations. Il y a un continuum de transformation. Et je pense réellement que ce qui se passe ici, c'est vraiment ça. Donc ce que je mets ici en bas, c'est qu'en fait ce continuum de transformation pour le vivant... Il ne démarre pas dans les océans terrestres. Il démarre dans la chimie organique, des grains eux-mêmes, qui étaient là avant même que la Terre n'existe, avant même que les océans n'existent, et qui avaient déjà des particularités. Avec du carbone, de l'hydrogène, vous faites toujours du CO, CO2, HCO, tout ce que vous voulez. Ça c'est vrai, ça c'est partout. Mais en plus... En fonction du contexte, vous allez fabriquer un peu plus de ceci, un peu plus de cela, un truc avec une chiralité, une géométrie un peu particulière. Ici, un groupement qui va prendre un petit peu d'ammonium, etc. Ça peut être des éléments très peu abondants, mais ce sont ces éléments-là qui vont s'avérer critiques dans l'évolution après, quand ces grains-là vont tomber. Ce que j'ai mis après, quelque part ici, ça c'est si j'ai le temps. quand ils vont tomber après dans les océans de la Terre. Pourquoi ? Parce que les océans de la Terre, ce n'est pas uniquement de l'eau. On parle toujours de l'eau comme un truc habitable, mais l'eau, ce n'est pas habitable. Si vous mettez un poisson rouge dans un aquarium, il y a de l'eau, il crève. Ce qui compte, c'est ce qu'il y a dans l'eau. Ce qu'il y a dans l'eau de la Terre du démarrage, on ne le sait pas. C'est bien ça la difficulté, on ne sait pas ce qu'il y avait là-dedans. Mais il y avait des catalyseurs, des cations, tout un tas de choses qui provenaient du lessivage des continents de l'époque, qui ont fait en sorte que sur ces grains qui arrivaient, avec des petites contingences particulières, ça a donné naissance à un certain nombre de choses. Par exemple, il y a eu une polymérisation qui a créé déjà des membranes pour se protéger contre l'eau. Parce que l'eau, c'est très destructeur, c'est dilu-tout, et si vous mettez trop de flotte, vous ne fabriquez plus rien. Donc il faut... qu'il y ait des contingences d'avant et des particularités de l'évolution. Et une fois que vous avez commencé à faire votre chimie, ça n'a pas cessé d'évoluer. On parle toujours que pendant 2 milliards d'années, il n'y avait que des bactéries sur Terre. Mais on utilise d'abord un mot bactéries le même qu'il y a aujourd'hui. Rien ne vous dit que c'était les mêmes qu'aujourd'hui. C'est un nom générique, mais qui ne représente pas du tout, surtout, la multiplicité des formes qui ont évolué elles-mêmes en fonction d'un tas de choses, simplement comme on ne sait pas. Mais c'est comme pour l'homme. S'il y a eu, maintenant, on remonte l'homme à des choses qu'on a trouvées il y a plusieurs millions d'années, puis après il y a Neandertal, il y a 400 000, et qu'est-ce qui s'est passé entre les deux ? Il n'y a rien eu. Il y a eu énormément d'évolutions, simplement on n'en a pas la trace encore, parce que c'est compliqué de remonter à des choses qui ont disparu, etc. Donc voilà, ça c'était pour dire que... A la fois la notion d'habitabilité et la notion qui permet de comprendre le continuum d'évolution, c'est quelque chose sur lequel on fait beaucoup de choses. Alors je reviens un petit peu en arrière ici, justement, pour vous dire pourquoi, je ne sais pas où ça commence, ça commence là, pourquoi ce qu'on a fait avec Rosetta et Philae, d'une part, et ce qu'on a fait, ce qu'on fait actuellement avec Hayabusa et Osiris Rex, ça va dans ce sens-là. Rosetta, Avec Churyumog et Arasimenko en haut, et Philae ici, c'est la première fois qu'on allait voir un noyau cométaire de près. Et ce qui était très troublant pour moi, avec tous les gens autour, c'est que chaque fois qu'on trouvait quelque chose, ils se disaient Ah mais c'est génial, on trouve la même chose qu'il y a dans le nuage interstellaire, truc machin J'ai dit oui, mais ce n'est pas ça qui est important. On se doute bien qu'avec du carbone, vous allez faire des petites molécules qu'il y a partout. Mais ce n'est pas ça. On n'est pas là pour retrouver la même chose qu'il y a partout. On est là pour voir s'il n'y a pas des choses différentes. Et la première chose différente qu'on a vue, c'est ce que j'ai mis, je crois, ça c'est parce que c'est trop beau, ça c'est notre première grande image de 6h30 du matin le lendemain, qui était quand même assez spectaculaire et qui a un pied de notre landeur ici. On s'aperçoit que ce truc-là, en fait, c'est tout noir. Ce truc-là, si on le mettait tel que l'image nous était rapportée, on ne voit rien. 98% d'absorption, c'est vraiment noir. Mais quand vous dilatez l'échelle sur l'image, on voit apparaître des contrastes là-bas. Mais en fait, tout ce que vous voyez là, c'est de la matière organique. Ce sont des grains faits de CHOEN. Il n'y a pas de glace. Il y a quelques grains de glace dedans. Mais un noyau cométaire, et c'est ça la force, c'est un objet qui a tellement évolué du point de vue de la chimie organique qu'il en a accrété des objets de grande dimension, qui ont été le cœur de ça. Et c'est ça qui est tombé dans les océans primordiaux de la Terre. Et ce qu'on fait avec Hayabusa, parce qu'on n'a pas pu faire de retour d'échantillons, ce n'était pas prévu pour ça, bien sûr, Philae, c'est d'essayer de récupérer des échantillons du même matériau qu'avait le noyau de la comète. qui avait le même âge, si on peut dire, très ancien, mais qui revenait sur Terre. Hayabusa, c'est une mission que les Japonais ont faite, où ils se sont posés sur ce qu'on appelle un astéroïde carboné. Ils ont choisi un peu, enfin on est avec eux d'ailleurs, mais on peut dire un peu au hasard, on ne savait pas que ça serait si fructueux en fait. C'est l'objet le plus vieux qu'on pouvait imaginer dans les astéroïdes. Il s'est formé très très loin dans la cavité solaire, au-delà de ce qu'on appelle la ligne des glaces, de H2O, CO2 et NH3, pour ceux qui savent ce que ça veut dire. On a trouvé dedans, et ça c'est en train d'être publié, donc je ne suis pas censé vous en parler, des composés qui sont absolument importants, parce que ces composés-là ont la particularité qu'une fois que vous les mettez dans une certaine eau, alors ils libèrent des composants, qui sont les composants qu'on retrouve entre autres dans l'ADN. Vous savez, dans l'image que je montrais tout à l'heure, elle est loin, donc je ne sais pas si je vais la retrouver, mais voilà. Ce que vous avez comme S, c'est du sucre, P, c'est du phosphore, et en jaune, c'est des bases azotées. Des sucres, bon, la question est de savoir pourquoi ces sucres-là, ils n'ont que 5 atomes de carbone et pas plus. Qu'est-ce qui fait qu'il y a une sélection là-dessus ? Les bases azotées, pourquoi il n'y a que ces 4-là qui ont été sélectionnées ? Pourquoi avec tout ça, on a fait des acides aminés, il n'y en a que 20, total, alors qu'il y a des centaines qui ont été trouvées sur Terre ? Ensuite, le P, c'est le phosphore, avec des phosphates. Les phosphates sont essentiels. Ça a toujours été un problème. D'où viennent les phosphates ? Comment est-ce qu'on peut fabriquer des phosphates ? Pourquoi ? Parce que tous les phosphates qu'on trouve dans la matière extraterrestre, ce sont des grains de phosphates qu'on appelle de l'apatite. Ce sont des phosphates de calcium qui, en la particularité, quand vous le mettez dans l'eau, ne se dissout pas. C'est du roc. Et donc, on a trouvé dans Ryugu, qui est l'objet qu'on a analysé avec Hayabusa, un processus qui a fabriqué les phosphates, qui ont justement la particularité de se dissoudre facilement dans l'eau, et qui ont pu être ceux qui, se greffant sur les composés carbonés ici, ont donné naissance à une famille très particulière de composés carbonés, qui est devenue le cœur du code génétique, c'est-à-dire de la membrane de l'ADN. Donc, vous voyez comment on est convaincu qu'il y a un cheminement par continuum de contingence, et une fois qu'on aura fait toute cette première étape, on va essayer de comprendre Comment ces grains-là, mis dans une eau particulière, l'eau des océans terrestres, a pu continuer à évoluer vers ce que l'on est devenu ? Et là, c'est une étape compliquée, parce qu'on n'a rien sur Terre qui permet de remonter à cette époque. Mais on a un avantage, c'est que les mêmes grains sont tombés sur Mars, parce qu'ils sont tombés partout. Et sur Mars, il y avait à un moment donné, c'est ce qu'on a montré il y a 20 ans, il y a eu de l'eau dans très peu d'endroits, mais il y a de l'eau qui était là, qui a fabriqué des minéraux particuliers dans des argiles, et qui ont probablement... garder leur signature organique de l'époque. Et en regardant ce que cette matière organique est devenue, on a une chance de comprendre, par opposition, parce qu'elle ne sera pas devenue de l'ADN, qu'est-ce qu'il a fallu dans les océans terrestres pour conduire l'évolution organique, qui sur Mars n'a pas conduit à ce que nous sommes, mais qui sur Terre a conduit à ce que nous sommes. Donc il y a tout un cheminement comme ça, qui j'espère va donner plus de cœur et de corps à notre affaire. Donc... Je passe là-dessus pour terminer, pour faire plaisir à Mike. Voilà. Et pour dire, bon, l'évolution vers le vivant, j'en ai seulement à apparaître. Pour nous, le vivant, c'est donc la forme particulière de l'évolution de la chimie organique adaptée à la Terre. Ce n'est pas le vivant adapté à la Terre. Le vivant est une forme particulière de l'évolution de la chimie organique. Et c'est tout ça que je dis là, je l'ai tellement dit. Et donc, le vivant, il est terrestre par essence. Et comme la Terre, dans ses particularités, ne peut pas ne pas être unique, le vivant est unique aussi. Voilà. Alors, je termine avec un diagramme. Ça, c'est celui que je vous ai montré tout à l'heure. Voilà par quoi il faudrait le remplacer. Sauf que celui-là, c'est un diagramme 2D. C'est très difficile sur un truc 2D de montrer la multiplicité infinie des trucs. Ce que je veux montrer là-dessus, c'est qu'à chaque moment des bifurcations, vous avez, là j'en ai montré 4-5, mais vous avez des milliers, des millions de bifurcations possibles qui, elles, vont dépendre ensuite dans le choix de telle ou telle branche du contexte. Et c'est le contexte qui va décider si vous allez être là-dessus ou là-dessus ou là-dessus. Nous, on est sur celui-là. Et à partir du moment où on est sur celui-ci, on a postulé qu'il n'y a que celui-là qui existe, et que les autres n'existent pas. Mais les autres, ils existent. Simplement, on n'a pas encore été capable d'identifier ce qui a permis aux particules élémentaires d'arriver là. Mais vous voyez que je démarre même au Big Bang. Le Big Bang, c'est un nom générique dont on a peut-être... On aurait raison de penser qu'il y a plusieurs types de Big Bang possibles, qu'on est sur l'un d'entre eux, mais rien ne dit que dans l'évolution des particules élémentaires initiales, ça va forcément aboutir aux particules élémentaires que l'on connaît, c'est-à-dire protons, électrons, etc., avec les quarks qu'on connaît, etc. On peut très bien concevoir qu'il n'y a pas la même inflation, qu'il peut y avoir plein d'autres choses, etc. Bref, il faut travailler sur ce genre de diagramme. Darwin nous a aidé à faire le dernier paquet là-haut. Il a montré que pour le vivant, c'est ça qui se passe, il n'y a pas de flèche, il y a une grande diversité. Mais il y a possibilité, en fait, maintenant, je pense, de repartir à tout ça avant. C'est ce que je mets ici. L'avantage, c'est que je crois que tout ça est enregistré. Vous pourrez relire tout ça si vous amusez. Je marque ici l'avantage de ce genre de diagramme. Et je termine. Ici, je laisse tomber la notion de dépassement. C'est pour vous dire un peu ce que je disais tout à l'heure, que probablement la notion de vivant nous fait arriver à un mur, le mur de l'origine. Et donc, le et alors je pense que ça sera pour une autre fois. Voilà, je le laisserai quand même comme ça et on pourra en parler plus tard. Ça c'est le bouquin dans lequel il y a tout sauf le et alors d'ailleurs. Merci beaucoup. J'ai vraiment l'impression d'être la mère fouettard. Je salue quand même les 850 internautes qui nous ont rejoints au fil de la conférence de Jean-Pierre Vibry. Merci Jean-Pierre pour cette belle conférence. Alors, je ne sais pas si vous avez encore des questions à poser, s'il y a encore des choses qui vous taraudent. Oui, je vois. Donc, on va donner le micro. Ils ne sont pas là ? Ah, alors Pierre descend. Il y a un micro à donner ici. qui j'ai de l'autre côté Lucas tu as quelqu'un aussi qui demande le micro vers le bas alors tu descends un petit peu parce que à droite il y a des gens qui demandent bon Pierre t'as donné ton micro à quelqu'un je vous laisse reconnaître la personne qui va poser la première question je ne me présente pas oui c'est André Dédé Dédé L'évolution des molécules, etc., qui se sont formées dans l'univers, on trouve beaucoup d'acides, etc., des sucres et autres produits, peut-être même azotés, etc., qui ont contribué sur certaines comètes à former certaines molécules, etc., qui ont ensemencé la Terre et peut-être d'autres planètes, ou dans d'autres... autour de d'autres étoiles, le même phénomène a dû se produire, peut-être sur les parties liquides de ces nouvelles exoplanètes aussi. Alors l'évolution des connaissances fera peut-être que, on distinguerait peut-être... par l'évolution des connaissances, une formation peut-être animale, végétale, bactérienne, etc., en germe au moins, peut-être, sur certaines exoplanètes. Il veut y croire, André. Oui, oui. Je réponds tout de suite ou quelqu'un... Oui, oui, on va répondre tout de suite et puis on va passer le micro à madame. Merci, monsieur André, que je ne connais pas, mais maintenant j'ai fait connaissance. Oui, bien sûr. Il n'y a pas de cas où on ne me demande pas des choses comme ça. Après, ce n'est pas pour banaliser ce que vous dites, mais c'est vrai que ma première réaction, c'est de se dire, quand je fais ce genre de propos, quand je tiens ce genre de propos, les gens essayent, je parle d'essayer de trouver tous les contre-arguments. C'est ce qui pourrait faire que ce que je suis en train de dire ne tient pas la route. Et je comprends pourquoi, je crois que je l'ai expliqué. Ce avec quoi, ce que vous dites est vrai, c'est-à-dire qu'il y a partout tous les ingrédients qu'ils font pour faire tout un tas de composés avec du carbone, avec de l'azote, avec tout ce que vous voulez. Tout ce que vous dites est vrai. Que les comètes en ont récupéré un grand nombre, très vraisemblablement. Le problème majeur que l'on a avec tout ça, c'est de dire que c'est ça qui a donné naissance à ce dont on parle après, quand on parle du vivant. Parce qu'effectivement, toute l'idée de trouver le vivant ailleurs, c'est de dire les ingrédients sont partout les mêmes, il y a des molécules partout, même si ce n'est pas tout à fait les mêmes partout, il y en a suffisamment pour qu'on retrouve ailleurs ce qui a été à la source de toutes les expériences qui sont faites depuis les années 50, avec ce qu'on a appelé les expériences de Miller-Yuret. Ce sont des gens qui ont essayé de prendre dans un flacon tous les ingrédients qu'ils pouvaient penser trouver. mettre de l'énergie dedans, des éclairs, n'importe quoi, pour regarder si on arrive à fabriquer quelque chose qui ressemble à une trace de ce qui est nécessaire pour comprendre ce que je viens de dire. Et ça ne marche pas. Pourquoi ? Parce que l'essentiel des réactions qu'on prend, c'est des réactions qui ne vont pas se sélectionner comme il faut. Les vins acides aminés, tout ça, je n'ai pas parlé de la chiralité, mais vous savez qu'on est homo-chiral, et ça, qu'est-ce qui fait que chaque fois que vous faites une réaction, la chiralité, c'est qu'il y a de la géométrie dans les... Dans les réactions, un composé au lieu de se matricier, mais là, comme les mains qui sont gauche-droite, et bien, chaque fois que vous faites une réaction, vous faites autant de gauche que de droite. La vie ne travaille pas comme ça. La vie, c'est que de la gauche et jamais de la droite. Etc. Pour les acides aminés, c'est le contraire pour les sucres. Dès qu'on essaye de rentrer dans ce qui va faire ça, c'est-à-dire ce qui est caractéristique de ce que la vie est capable de faire, si je puis dire, ou en tout cas fait. ...de son évolution, de particularité. On s'aperçoit que ce n'est pas avec les espèces qu'on retrouve fabriquées partout. Donc je n'ai pas dit qu'ailleurs il n'y a pas de chimie, de même que je n'ai pas dit qu'il n'y a que la Terre ou il n'y a pas la Terre, il y a des planètes partout. Je dis simplement que si on veut... Et je ne dis pas que la Terre est mieux que ceci ou moins bien que cela, il n'y a pas de hiérarchie. Mars a ses caractéristiques, la Terre a ses caractéristiques. Je dis simplement que les caractéristiques de Mars et de la Terre sont suffisamment différentes pour qu'on essaie de comprendre l'origine et que quand on voit l'origine, on s'aperçoit qu'effectivement ça tient compte d'un tas de phénomènes auxquels on ne pense pas au démarrage, mais qui vont expliquer la diversité et non pas le fait que ces choses-là se ressemblent. Voilà, c'est ça que je voulais dire. Et bien pour la chimie organique, c'est la même chose. L'histoire de la terraformation dont je parle un petit peu, etc. est basée entièrement là-dessus. Pourquoi Elon Musk dit que le jour où la Terre sera invivable, on ira sur Mars ? C'est parce que d'abord c'est un luxe insolent, parce que qui va aller là-haut ? Mais surtout c'est un manque de pertinence scientifique ahurissante. La vie est intimement adaptée à ce que la Terre est devenue, et ça Darwin l'a montré depuis longtemps quand même. Penser qu'on peut refaire les mêmes conditions sur Mars qui pendant 4 milliards d'années a vécu, si je puis dire, a évolué différemment, c'est une aberration. On pourra aller sur Mars, je pense qu'on n'ira pas, mais on peut aller sur Mars. Mais on vivra dans des bidons d'air terrestre avec des nourritures terrestres. Et on ne va pas faire des nourritures martiennes. Donc voilà. On va prendre une autre question. Madame, la mère fouettard a encore frappé. Non, non, mais tu arrives, heureusement. Bonsoir, merci vraiment pour cette conférence. À un moment, vous citez Nathalie Cabrol qui est venue ici faire une conférence aussi et il me semble que vous critiquez son point de vue. Moi, je trouve qu'elle est tout à fait de votre avis lorsqu'elle vous insistait sur la diversité. Elle dit, il me semble, que l'environnement... engendre la vie autant que la vie engendre l'environnement, que les influences sont réciproques, et que donc à partir du moment où on cherche la vie ailleurs que sur Terre, ça ne peut être que la vie telle qu'on ne la connaît pas. Et dans ce cas, on est un peu dans l'inconnu, j'aimerais savoir ce que vous en pensez. Il y a aussi le concept de l'homme. Il y a des questions sur internet. C'est très pertinent comme question. Je connais bien Nathalie Cabrol, j'ai fait plusieurs débats avec elle. On se retrouve toujours sur ces questions-là. Au début, la diversité, elle n'en parlait pas. C'est vrai que maintenant, elle met la diversité en haut du panier, mais ça n'empêche que... Cette idée qu'on ne sait pas de choses et qu'on peut concevoir qu'il y a de la vie sous d'autres formes ailleurs, ce que vous dites quelque part et ce qu'elle dit effectivement, c'est ce que j'ai essayé, mais pas bien apparemment, de démontrer comme le biais. Cette idée qu'on peut faire du vivant ailleurs avec d'autres ingrédients, d'autres environnements, etc. voudrait dire qu'il y a quelque chose qui se reconnaît dans un principe de vie. ...que ni Nathalie Cabrol, ni personne que j'ai rencontrée n'est capable de défendre. Mais pas par ignorance. C'est parce qu'on essaye de meubler de la science contemporaine, la biologie. des concepts qui n'en avaient pas besoin, qui sont en essence là. Dans certains cas, ce n'est pas très grave. Quand Darwin fait sa théorie, il ne connaissait pas les gènes. Mais sa conception de l'adaptation a très bien accepté l'idée que ce qui est à l'origine de la diversification est effectivement le désordre qu'il peut y avoir dans l'arbre nucléique. Donc ça, ça marche très bien. Mais cette idée que par ignorance des choses, ce qu'on dit là, c'est simplement mais qu'un jour on va trouver non. Ce que j'essaie de montrer, c'est que... Le principe de vie auquel on se raccroche pour dire que, bien sûr qu'on va trouver de la chimie ailleurs, c'est exactement comme pour les planètes. On va regarder les planètes, on va regarder les systèmes et on va trouver des choses avec des étoiles et des planètes. Je ne dis pas le contraire. Ce que je dis, c'est qu'aucun d'entre eux ne ressemblera au système solaire, comme c'est le cas maintenant. Aucun d'entre eux ne permettra à une planète comme la Terre d'arriver, ou une planète comme Mars d'arriver, ou comme Vénus d'arriver. Ce sera d'autres objets. Et on n'accepte pas cette notion-là comme une richesse en soi, que ça va être quelque chose de différent. Eh bien, cette diversité fait que, si vous voulez essayer de trouver un concept unificateur à ce que vous appellerez le vivant, vous n'y arriverez pas. Et c'est dommage, je n'ai pas pu venir. La semaine dernière, pendant que Pierre-Henri était là, parce que Pierre-Henri qui lui a quand même le label de biologiste, il vous aurait expliqué avec de meilleurs mots que moi, pourquoi c'est fondamentalement ça qui se passe. C'est un problème de revenir à une définition du vivant qui permet de voir de la vie partout. Mais ce n'est pas très intéressant. C'est comme si vous disiez, et je termine là, le soleil quand il n'y aura plus d'hydrogène au centre, il va mourir. Si un objet comme le soleil meurt et vit, il n'y a pas plus inerte que le soleil. Ça veut bien dire que la notion de vivant est quand même un peu caduque. C'est exactement ça la difficulté. Alors c'est vrai que j'accélère un petit peu. Alors il y a plein de questions sur Internet. Je pense que vous aurez l'occasion d'y répondre à d'autres moments. On va reprendre encore une question ici. Si vous voulez avoir le temps d'aller discuter avec Jean-Pierre Bibring, feuilletez son livre de moi. Je vous l'écoute. qu'on en parle un peu, et je voulais remercier Priscilla et Bruno, qui sont les responsables de notre planétarium ici, de l'avoir lu aussi, comme je l'ai lu, et de m'avoir un peu aidée. Mais c'est un livre très accessible, et on apprend beaucoup plus de choses encore que celles qu'on a apprises ce soir. Et on va quand même prendre la question d'Oscar pour finir, parce qu'Oscar, c'est un habitué aussi de nos conférences, et c'est sans doute le... Pas le plus jeune, parce que j'ai entendu un bébé quelque part. Mais lui, il ne va pas poser de questions, je ne crois pas. Vas-y, Oscar. Je voulais savoir, vu que vous parliez d'une collision entre Théia et la Terre, est-ce qu'elle aurait vraiment existé ? Ou on n'est pas sûr qu'elle ait été... Alors, il n'y a jamais de certitude en science. Cette collision-là, elle a été proposée avant d'avoir été validée par plein d'autres choses. Merci. Elle a été proposée en 1975, après l'émission Apollo, quand on a ramené des échantillons lunaires. A l'époque, il y avait trois modèles possibles, qui dataient souvent du XIXe siècle, sur l'origine de la Lune. D'où vient la Lune ? Il y avait plusieurs modèles qui existaient, un bout de la Terre, un bout de ceci. On a les échantillons qui reviennent, on analyse les échantillons pour savoir lequel des trois modèles est le bon, et on s'aperçoit qu'il n'y en a aucun qui va. Il faut en inventer un quatrième. Et celui qui a été proposé à l'époque, c'est de dire que la Lune provient d'un impact que la Terre aurait reçu. Donc ça c'est le point de départ. On a fait ça indépendamment de toute l'évolution du système solaire, etc. Et ensuite, assez longtemps après, ça date de plus de dix ans plus tard, en travaillant sur toutes les collisions qu'il y a eu dans le système solaire, les gens ont réalisé que c'est impossible. Il n'y a pas eu des collisions importantes des proto-planètes entre elles. On s'est aperçu que pour la Terre, c'est certainement ce qui s'est passé, parce que ça répond à ce moment-là à énormément d'interrogations qu'on s'est faites. Je t'en ai parlé un petit peu aujourd'hui à propos de l'eau, mais il y a énormément de choses qui collent avec ça. Et plus que cela, on s'aperçoit maintenant qu'un grand nombre de phénomènes dans le système solaire est le résultat de collisions semblables. que les objets ont eu alors qu'on ne les a même pas proposés. Par exemple Mars. Mars a une grande dichotomie, les terrains du Nord c'est comme une grande cuvette par rapport au Sud. Et bien on pense que cette cuvette c'est le résultat d'un choc qu'il a pu y avoir. D'où sont nés Phobos et Demos d'ailleurs aussi. Mais la géométrie de cet impact était tellement différente que ça donnait deux petites lunes. Phobos fait 25 km, c'est tout petit comparé à ce qu'est la Lune par rapport à la Terre. Donc... On est encore dans la phase où ça colle bien. Il y a d'autres mesures qui montrent qu'effectivement, une grande partie des propriétés de la Lune provient de la Terre, dans ce qu'on appelle les rapports isotopiques, on reviendra à ça plus tard. Donc il y a beaucoup de propriétés du matériau lunaire dont on peut dire qu'il vient de la Terre, mais il n'y a pas 36 manières en fait pour ce matériau d'arriver dans ce qui est devenu la Lune. Et le disque, c'est probablement ce qui fonctionne le mieux. Je ne sais pas si ça te plaît. Je ne sais pas si ça te plaît. Un petit peu différent. Et je voudrais encore remercier chaleureusement Jean-Pierre Bibring pour sa conférence, pour sa venue. Et je vous conseille la lecture de ce livre dont on n'a pas beaucoup parlé, mais que vous allez pouvoir feuilleter là-haut, à l'étage au-dessus. Merci, bonne soirée. Merci à toute l'équipe qui travaille avec moi. Merci à Olivier qui m'aide à préparer ces conférences. Bonne soirée à tous.