Ce livre porte sur ce qu'on appelle la drôle de guerre, c'est-à-dire effectivement la période qui s'étend de la déclaration de guerre, le 3 septembre 1939, jusqu'à l'offensive allemande contre la France le 10 mai 1940. Et j'ai vraiment voulu arrêter ce livre à la veille de... l'offensive allemande pour ne pas ensuite évoquer justement les événements militaires de mai-juin 1940 et pour vraiment focaliser sur cette période particulière. Ces six mois qui sont assez mal connus parce que justement peut-être l'expression drôle de guerre... a biaisé un petit peu la vision qu'on en a. L'adjectif drôle, on a l'impression parfois que finalement, ce n'était pas si grave, que c'était une période même où on s'amusait.
Et c'est une vision qui est véhiculée d'ailleurs par un certain nombre de documentaires où on voit les soldats en train de rigoler, où on voit des artistes de musical faire des tournées sur le front, etc. En réalité, cette guerre est drôle pour les gens de 1940, de 1939 à 1940, parce qu'ils l'analysent forcément à la dernière guerre qu'ils ont connue, et cette dernière guerre, c'est la Première Guerre mondiale, qui elle a été une véritable hécatombe, avec des grandes offensives dès les premières semaines de la guerre. Et plutôt que drôle de guerre, il faudrait dire, en fait, guerre bizarre, c'est peut-être ça la vraie expression, parce que pour les civils notamment, ça a été des mois vraiment très difficiles. Certaines catégories de pauvreté... Les Alsaciens lorrains doivent quitter leur logement pour être déménagés dans d'autres régions de France, notamment dans le sud-ouest.
Pour eux, c'est un véritable déracinement. Dans les grandes villes, beaucoup de gens craignent des attaques aériennes. Ces attaques n'auront jamais lieu, mais les gens vivent dans la crainte. Chacun a son masque à gaz à portée de main, on fait attention quand on part au travail de bien couper le gaz, l'électricité, etc. A partir de l'hiver 39-40...
on a un pic de mortalité qui se développe dans le pays parce que les restrictions commencent à s'aggraver, le rationnement devient de plus en plus sévère, et donc les gens commencent un petit peu à souffrir de la faim. Voilà, donc c'est une guerre bizarre parce qu'elle n'a rien à voir avec la dernière guerre, la guerre de 14-18, il n'y a pas de grande offensive, il n'y a pas de combat, mais ce n'est pas une période drôle parce que les gens ont vraiment souffert. Voilà, les civils, les soldats aussi, parce que si les soldats ne combattent pas, ils doivent travailler, faire des tranchées, faire de longues marches parfois de nuit dans le froid ou dans la neige l'hiver.
C'est vraiment une période difficile. C'est une période d'ailleurs qui a eu ses combats aussi, on les ignore un petit peu, mais combats sur mer, combats dans les airs, combats des corps francs aussi, ces petits groupes qui étaient chargés de mener des opérations commando dans les lignes ennemies pour essayer d'obtenir des renseignements ou d'affecter des gens. un petit peu le moral de l'adversaire, il y a quand même eu 1500 morts dans l'armée française entre septembre 1939 et mai 1940, ce qui finalement, évidemment, si on compare à la première guerre mondiale, c'est rien du tout, mais si on compare à d'autres conflits, notamment qui ont pu avoir lieu au XXe siècle, 1500 morts sur une période de six mois, ça reste quand même assez important.
Sous-titrage ST'501