Bien bonjour, nous sommes aujourd'hui dans le cadre du cycle de conférences sur le patrimoine et l'histoire de la Corse dans son environnement méditerranéen. Ce cycle qui est organisé par... le CCU et l'INEASEM. Donc aujourd'hui nous avons un sujet qui est extrêmement intéressant puisqu'il s'agit de l'Empire maritime catalan dans la géopolitique méditerranéenne du XIIIe au XVe siècle. C'est un sujet qui était peu étudié jusqu'à il y a encore quelques années et qui l'a été notamment par Philippe Colombagne, le conférencier de ce jour, qui est docteur en histoire médiévale et par ailleurs enseigneur à l'Université de Corse.
Donc l'approche aujourd'hui se veut originale, puisque au lieu de se centrer uniquement sur un espace, sur un territoire, Eh bien, il va s'agir de présenter en fait la Corse dans les dynamiques méditerranéennes. Et pour ce faire, on a donc réalisé une série de cartes spécifiques qui ont été spécialement faites pour cette conférence pour illustrer justement le propos qui est en fait celui d'une approche géopolitique de données historiques essentielles. Bien, bonjour à tous. Effectivement, je vous propose aujourd'hui de repartir dans les temps médiévaux, entre le XIIIe et le XVe siècle, sur une approche...
géopolitique et sur une approche transversale. L'idée est d'utiliser la combinaison des impérialismes méditerranéens qui ont pu se développer entre le XIIIe et le XVe siècle de façon à comprendre les grandes dynamiques. qui traverse l'ensemble du bassin méditerranéen, quelles que soient les rives considérées, entre à la fois des dynamiques d'affrontement, de tension, et des dynamiques de collaboration ou d'intégration entre ces impérialismes. Et effectivement, comme l'a dit Jean, si tous ces faits sont connus depuis longtemps, la manière d'aborder les dynamiques méditerranéennes et les impérialismes méditerranéens a évolué du fait d'une historiographie récente....
qui a eu tendance à être beaucoup plus transversale et à prendre en compte les relations entre ces impérialismes, sans forcément se limiter à des histoires de conflits, de guerres, d'opposition systématique, voire de guerres de civilisation, guerres de religion, de façon à montrer qu'il y a plusieurs dynamiques parallèles qui se développent. Et c'est à partir de l'étude de ces dynamiques croisées que l'on comprend comment évolue la situation en Méditerranée. Alors... Pourquoi la limite XIIIe, XVe ? Le XIIIe siècle, c'est le beau XIIIe siècle, c'est le siècle central du Moyen-Âge.
Il est intéressant parce qu'il découle, pour ce qui concerne en particulier les puissances occidentales, les puissances d'Europe occidentale, d'un autre siècle de grande expansion, au XIIe siècle, dans lequel se dessinent toute une série de nouveaux modèles politiques. Par exemple... La mise en place des grandes principautés, l'affirmation de nouveaux royaumes, le développement de nouveaux modèles politiques comme les communes italiennes. Et tout cela, finalement, se met en conjonction pour donner une culture et une géopolitique communes.
Jusqu'au XVe, parce que traditionnellement, le milieu du XVe, alors on ne va pas s'arrêter comme on pouvait le faire dans une historiographie plus ancienne, dire que 1453, c'est la fin du Moyen-Âge. Au contraire, l'idée est de montrer qu'effectivement, nous, nous nous arrêterons vers les années 1450. mais que la situation qui aboutit à 1450, la prise de Constantinople, ce genre de choses, est en fait là aussi la conjonction de plusieurs dynamiques croisées et qu'elle ouvre sur d'autres dynamiques qui sont à la fois les héritières et la conséquence de ce qui s'est passé jusqu'ici. Nous avons fait effectivement le choix dans cette conférence de suivre un fil rouge, parce que sinon vous vous doutez bien que c'est... C'est une approche qui est trop diverse. Ce fil rouge sera le développement de l'Empire maritime catalan.
Et effectivement, la couronne d'Aragon et la Catalogne, à partir de la fin du XIIe siècle et durant le XIIIe siècle, vont engager une vaste politique d'impérialisme méditerranéen qui va traverser, qui est un axe qui traverse... toute la période. Donc c'est arbitraire, on aurait pu prendre d'autres impérialismes, mais celui-ci était pratique, puisque au fur et à mesure que se développe cet empire maritime catalan en Méditerranée, ils entrent en contact avec des concurrents. ou des partenaires potentiels. Et donc ainsi se structure la géopolitique au fur et à mesure.
Et autre caractéristique, c'est que nous utiliserons comme point focal régulier la situation en Corse, puisque la Corse n'est évidemment pas étrangère à tout ce dynamisme. Elle s'intègre là-dedans, elle est revendiquée, elle est à la fois un espace, un territoire qui est revendiqué, et que cherche à contrôler les différentes puissances de Méditerranée, mais c'est aussi un territoire réactif avec des habitants, des structures politiques propres à l'île qui s'adaptent à l'environnement méditerranéen tel qu'il évolue au fur et à mesure. Donc voilà un peu les tendances générales de cette présentation. Alors partons pour cela du XIIIe siècle, du début du XIIIe siècle, la première moitié. Comme je vous l'ai dit, le XIIIe siècle...
La situation au XIIIe siècle découle de toute une série de dynamiques précédentes pour rappeler principalement en particulier l'expansion des royaumes chrétiens, des structures de Méditerranée occidentale, vers les croisades et la reconstitution d'itinéraires très réguliers et structurés avec l'Orient. D'autre part, vous avez aussi l'affirmation des modèles politiques, comme je vous l'ai dit précédemment. l'exemple de la couronne d'Aragon. Voilà sur la carte les différents territoires de la couronne d'Aragon. Ce que l'on appelle pendant le Moyen-Âge la couronne d'Aragon naît de l'union, au XIIe siècle, en 1137, de deux entités principales qui sont l'Aragon qui est la partie intérieure à l'Espagne, le royaume d'Aragon, et le comté de Barcelone et d'autres comtés associés qui sont la partie littorale.
A partir de cette union, au XIIe siècle... Les monarques aragonais successifs vont chercher à constituer un ensemble qui se développe vers le nord, dans un arc méditerranéen, qui tire depuis la Catalogne actuelle, quasiment dans son extension principale, jusqu'à la Provence et jusqu'à Nice. C'est-à-dire qui inclut une espèce d'union de territoires, un croissant, qui intègre la Catalogne, qui intègre Toulouse et le comté de Toulouse, et qui va jusqu'en Provence. C'est tout. C'est une région très intéressante de l'Europe du XIIe siècle et du XIIIe siècle, parce que c'est ce qu'on appelle l'Europe des comtés, ou l'Europe sans royaume, dans lequel se sont développées de puissantes principautés qui font l'objet d'alliances matrimoniales et d'alliances politiques avec les royaumes qui sont justement en train de se constituer.
Normalement, si on se place dans une stratégie politique, dans une vision des cadres politiques de l'époque, les rois d'Argentine... Aragon, en s'étendant vers le nord, donc vers Toulouse et vers la Provence, sont dans un premier temps dans ce qu'on appelle à l'époque la Francia Occidentalis, c'est-à-dire un royaume qui, en théorie, dépend de l'autorité des rois capétiens, à partir de 987 et à partir du moment où la dynastie capétienne arrive sur le trône. Or, à ce moment de l'histoire, les capétiens, même si formellement ils sont rois de ces régions-là, n'exercent pas de pouvoir direct sur les régions méditerranéennes.
Leur pouvoir... est beaucoup plus concentré sur le nord de la Loire, sur l'île de France actuelle, et c'est là que s'exerce dans un premier temps, pendant tout le XIIe et le début du XIIIe siècle, l'autorité de la jeune dynastie capétienne. Donc ça laisse, si vous voulez, le champ libre aux Aragonais qui peuvent tranquillement progresser dans une région qui en plus dispose d'une très grande cohérence culturelle, puisque entre le Catalan, Toulouse, la Provence... vous êtes dans un arc méridional où les gens parlent des langues proches et ont une culture tout à fait proche, qui est par contre différente de la culture que l'on va retrouver au nord de la Loire. Voilà la situation initiale.
A partir du début du XIIIe siècle, le rapport de force va changer et les Capétiens, qui se trouvaient jusqu'ici concentrés dans la partie la plus sombre de la carte, vont progressivement chercher à reprendre le contrôle de la partie la plus méridionale de leur royaume. Alors ça se fait très doucement, roi après roi. Donc les Capétiens se lancent dans cette politique d'abord parce qu'il y a la dynamique des croisades dont je vous ai parlé tout à l'heure.
Et il vaut mieux, quand on mène des croisades vers l'Orient, avoir une ouverture méditerranéenne. Sinon, la monarchie est dépendante d'autres puissances, d'autres structures politiques qui doivent leur fournir les infrastructures pour se déplacer en Méditerranée, ce qu'ils cherchent à éviter. D'autre part, il y a aussi chez les Capétiens la volonté de se déplacer.
de réduire les grandes principautés qui sont censées être leur vassaux mais qui sont souvent plus puissants que le roi lui-même, en particulier les Plantagenêts qui ont développé un vaste empire qui va de l'Anjou jusqu'à la Guyenne actuelle et le comté de Toulouse qui est lui aussi une sorte de principauté concurrente à son propre roi. Donc petit à petit, une volonté d'avancer. Ce qui va faciliter grandement... Le développement des ambitions capétiennes vers la Méditerranée, c'est le développement de mouvements hérétiques, les albijouas puis les cathares, qui se développent justement dans la zone Languedoc, Pyrénées, comté de Toulouse. Et jouant sur cette possibilité d'intervention, comme quoi la chrétienté serait menacée, les capétiens, qui ont des relations un peu complexes avec la papauté, mais qui souvent se veulent le bras, si vous voulez, de la papauté, qui légitime aussi leur pouvoir, vont utiliser ce prétexte religieux pour multiplier les implantations dans le Sud, pour s'intéresser de plus en plus aux affaires du Sud et, si nécessaire, attaquer leurs vassaux qui ne se soumettraient pas à l'autorité officiellement de Rome et donc du dogme chrétien.
catholique et aussi aux intérêts du roi. Donc, par exemple, la première croisade albigeoise est lancée en 1209, la conquête du comté de Toulouse a lieu en 1212 par le tristement célèbre dans le sud, Simon de Montfort, et petit à petit, en s'implantant là, les Capétiens, évidemment, remettent en cause l'expansionnisme aragonais que je vous ai présenté préalablement. Que font les grands vassaux, enfin, ou les grands princes du Sud, comme le prince de Toulouse, pardon, comme le comte de Toulouse, face à cette avancée capétienne ? Ils cherchent des alliances de l'autre côté, et du côté du roi d'Aragon.
Donc vous allez avoir une espèce d'alliance entre Toulouse, la Provence, les Aragonais, pour tenter de contrer l'avancée capétienne qui vient du Nord. Il se trouve qu'à ce moment-là, nous sommes en 1212, le roi d'Aragon vient de remporter une grande défaite. victoire en alliance avec le roi de castille et le roi de navarre contre les royaumes musulmans à la snavas des tolosa puisqu'il faut bien voir que l'aragon est aussi un royaume qui est tourné vers l'espagne et vers les dynamiques espagnoles et que donc l'aragon lutte sur deux fronts même s'il s'intéresse manifestement à ce moment là principalement à son front nord est Le roi d'Aragon se trouve à ce moment-là en position de force. Il est très prestigieux par sa victoire sur les musulmans. Il dispose d'une grande armée à disposition et il décide d'aider les Toulousains et de contrebalancer, militairement si nécessaire, l'avancée des Capétiens vers le sud.
Ça se joue par une bataille qui, malheureusement, va tourner au désavantage. des Catalans. C'est la bataille de Muret dans laquelle le roi Pierre II d'Aragon est tué au combat face aux troupes de Simon de Montfort et cette défaite des Arago-Catalo Toulousain face aux Capétiens. Enfin, Capétiens, c'est un peu tout le monde.
C'est plein de gens qui viennent du Nord. On ne dira pas français à ce moment-là. Ce sera un peu anachronique. Mais cette défaite de Muray face aux troupes capétiennes marque un frein dans l'avancée de l'Aragon vers le Nord.
Alors attention, il ne faut pas, dans ce genre d'histoire, ce qu'on a fait trop souvent, surévaluer l'Europe. de ces défaites militaires. C'est pas parce qu'on a perdu une bataille qu'on a perdu la guerre, selon la formule célèbre.
Pour autant, ça casse les dynamiques. Les armées médiévales ne sont pas des armées permanentes. Ce sont des armées qui viennent de levées féodales. Il faut rassembler les vassaux. Tous les vassaux tiennent...
compte de certains rapports de force les uns avec les autres. Donc quand il y en a un qui a gagné et l'autre qui a perdu, si vous voulez, le système qui avait permis la constitution d'une armée se défait chez le vainqueur. Et donc là, en plus, il se trouve que le roi est mort chez les Aragonais. un moment de faiblesse, d'instabilité. Le royaume d'Aragon n'est pas ruiné loin de là.
Mais les forces militaires ne sont plus aussi disponibles qu'elles le devraient. Dieu, manifestement, a favorisé ceux d'en face et pas eux, puisque la victoire est allée à Simon de Montfort. Et le roi étant mort, il faut attendre que le nouvel roi soit opérationnel, qu'il y ait une nouvelle structure qui se mette en place.
Et ça, évidemment, les Capétiens vont profiter de cette faiblesse momentanée. Donc, résultat, après, enfin... Je vais très vite, mais vous avez toute une série d'actions de la monarchie capétienne dans le Sud qui vont faire que l'implantation capétienne va se faire et ne sera plus sérieusement remise en cause à partir de là. Le coup est réussi.
Alors pour vous donner quelques dates, en 1234, le roi Louis IX, le futur Saint-Louis, épouse Marguerite de Provence, une alliance matrimoniale. En 1240, le même... Louis IX fait construire le port d'Aigues-Mortes qui est le premier port méditerranéen de la monarchie capétienne. Donc le port est toujours présent, c'est un modèle de construction et de ville neuve médiévale. Il y a bien des tentatives de révolte, mais 1242 par exemple, vous avez une révolte du comte de Toulouse qui tente de bloquer l'avancée capétienne.
Ça, Plus la croisade contre les cathares, la répression contre l'hérésie permet finalement au roi de France de prendre l'ascendant. Et à partir de là, c'est réglé. En 1244, le dernier château cathare, celui qui est réputé pour être le dernier château cathare, Montségur, tombe aux mains des croisés. Et en 1246, pour poser une date sur laquelle nous reviendrons, Charles d'Anjou, le frère du roi de France Louis IX, épouse Béatrice de Provence et récupère du même coup les comtés de Provence et de Fort-Calquier, auxquels il ajoutera plus.
plus tard le Piémont. Donc à partir de là, c'est réglé. Toute la zone méditerranéenne passe sous contrôle du Capétien.
Les Catalans conservent malgré tout des enclaves. Ils conservent la Cerdagne. Ils conservent Perpignan.
Ils conservent Montpellier, qui reste une enclave sous l'autorité du roi d'Aragon. Mais c'est perdu. Et cette expansion vers le nord est désormais arrêtée. Vous avez... La monarchie capétienne a réussi son coup sur son ouverture méditerranéenne.
puisqu'ils sont bloqués au nord alors là aussi j'insiste tout ça ne se fait pas d'un claquement de doigts ils ne le font pas de la façon aussi évidente que je la décris ici c'est à dire qu'ils ne décident pas, puisqu'on ne peut plus avancer au nord si c'est ça on va aller au sud ça prend du temps ils tiennent compte compte même des autres dynamiques autour d'elle et de la géopolitique locale, bloquées au nord, les Aragonais vont petit à petit se recentrer sur une autre possibilité d'expansion. c'est-à-dire vers le sud ou vers la Méditerranée. Pourquoi finalement ?
Parce que l'expansion n'est pas une fin en soi. Ils auraient pu dire on reste chez nous et on est très bien, c'est quand même déjà pas mal d'avoir la Catalogne et le Royaume d'Aragon. Eh bien parce que là aussi, il se passe des choses autour d'eux qui les intéressent. En particulier, la partie musulmane de l'Espagne, à l'Andalouse, qui jusqu'ici était constituée à une force unifiée, subit des crises internes.
qui fragilise considérablement les structures. L'ancien empire unifié d'Al-Andalus a implosé. Il est divisé en petites structures, des taïfas.
Et les Aragonais vont profiter de cette faiblesse pour aller prendre le contrôle vers le sud de monarchies musulmanes avec qui jusqu'ici ils étaient en relation plus ou moins normalisée. Et ils vont en profiter pour s'en emparer directement. Donc comme vous le voyez sur la carte, vous avez une double direction de conquête. Une. à partir de 1229 vers les Balears pour faire la conquête de ce royaume maritime dans les Balears et une autre à partir de 1238 vers Valence pour s'emparer de Valence Valence en plus qui est une ville importante déjà pour le royaume musulman est une ville importante et qui est une puissance commerciale.
Pourquoi cette expansion ? Pour plusieurs raisons. D'abord parce que le roi d'Aragon est motivé dans ses dynamiques d'expansion par la bourgeoisie catalane, qui a besoin, qui cherche des débouchés pour son activité.
Barcelone est un port, c'est un port commercial important. Il y a toute une bourgeoisie qui tire sa richesse du commerce. Et donc, eux cherchent des nouveaux débouchés, soit pour retrouver des matières premières, soit pour conquérir des marchés et diffuser leurs produits. Autre chose. Dans les royaumes ibériques, que ce soit l'Aragon, la Castille, la Navarre, les dynamiques de conquête face au royaume musulman sont un moyen très efficace de calmer la noblesse et d'offrir à la noblesse des possibilités d'enrichissement.
En allant faire la conquête de nouvelles terres, vous enrobez ça de tout un côté, guerre de religion, reconquête sur l'islam et ainsi de suite, qui n'est pas du tout systématique. Il faut bien voir que là aussi, si vous... vous faites le compte, les royaumes chrétiens se font autant la guerre entre eux qu'ils font la guerre avec les royaumes musulmans.
Et pareil pour les royaumes musulmans au sud de la péninsule. Donc attention là aussi au côté reconquista systémique ou choc de civilisation. On s'allie avec les gens avec qui on peut avoir des intérêts et puis on combat les ennemis communs qui peuvent se présenter face à vous.
La religion ne joue pas forcément. Mais ce genre de guerre de conquête, c'est aussi un moyen d'occuper la noblesse et de donner à la noblesse des nouvelles nouveaux fiefs, des nouveaux territoires, des nouvelles richesses. Éventuellement, d'engager des politiques de colonisation.
Dans une époque, à ce moment-là, on est au début du XIIIe, où la démographie augmente. Il y a plus de gens, donc il faut plus de terres. Et ça, les rois dragons en sont tout à fait conscients. Les Aragonais, c'est le règne de Jacques Ier qui va favoriser ça. Les Aragonais sont aussi des marchands qui commercent indifféremment avec des royaumes chrétiens ou avec des entités politiques chrétiennes et avec les royaumes musulmans.
Ils vont aussi très vite s'implanter sur la côte maghrébine. On va les retrouver, créer des liens réguliers commerciaux avec Bougie, avec l'EMTSEM, avec Ceuta, avec Tunis. Donc là aussi, pas de problème.
problème particulier de ce point de vue-là. Le problème, évidemment, c'est un peu l'histoire des dominos, c'est-à-dire que au fur et à mesure que les Aragonais avancent vers l'Est et s'impliquent en Méditerranée, ils se mettent obligatoirement en contact avec d'autres systèmes politiques et d'autres zones. Et en particulier, la zone tyrénienne.
Donc là, on s'approche, vous voyez petit à petit, qu'on passe d'un espace provençal... Provençal, langue d'océan Provençal, a un espace qui est plus italien. Attention, là aussi, nos frontières nationales du 19e, 20e siècle ne sont pas du tout opérantes pour comprendre la géopolitique du Moyen-Âge. Vous avez bien vu que le roi Dragon, lui, passe allègrement les Pyrénées.
Donc le côté, la frontière naturelle des Pyrénées, ça ne l'intéresse pas du tout. Ce n'est pas du tout dans leur manière de voir. Pas plus que les Alpes sont une autre frontière naturelle. Vous verrez qu'on parlera plus tard.
Je vous ai placé le personnage de Charles d'Anjou. Les Angevins. qui ont déjà la Provence, vont essayer d'aller croquer vers le Piémont en rattachant des territoires piémontais à leurs territoires provençaux.
Donc l'idée est plutôt non pas de tracer des lignes de frontières, mais plutôt de tenir des connecteurs, c'est-à-dire tenir des lignes, de tenir des endroits où on peut aller d'un espace à l'autre. Des ports, des cols, dans les montagnes, des passes. Ça, c'est intéressant. Ça, c'est ça qu'ils recherchent. Il faut bien voir aussi que nous ne sommes pas dans des États administrés.
C'est-à-dire que l'objectif, quand on vous dit le pouvoir catalan s'empare de ceci, fait cela, il ne cherche pas à conquérir au sens colonial du terme, comme on pourrait faire une conquête au XIXe siècle avec la colonisation, encore que la colonisation se faisait avec très peu d'hommes aussi. Mais il cherche à contrôler, il cherche à avoir un imperium, c'est-à-dire il cherche à avoir un certain nombre de territoires qui vont être placés sous l'autorité d'un seul et même chef qui sera ici le roi d'Arc. d'Aragon ou la commune de Gênes plus tard ou le roi de France.
Il n'y a pas de... Si on veut chercher, si on veut faire le paradoxe, si on veut chercher des paradoxes par exemple avec l'expansion capétienne, il y a peu de Français dans la zone de Français au sens culturel du terme, de gens qui viennent de l'île de France, au sud de la Loire. Il y a des représentants du pouvoir du roi, il y a effectivement des officiers, il y a des chevaliers. Simon de Montfort en est un.
Lui, il fait sa richesse en partant de très loin, un peu comme les croisés, comme... comme Gaudefroy de Bouillon, qui vont partir très loin. C'est un peu cette même logique-là.
Ne pas imaginer non plus des conquêtes avec des milliers d'hommes, un débarquement, une colonisation systématique. Ça peut avoir lieu, mais ça a lieu dans des espaces plus restreints. Dans l'espace tyrrhénien, on va dire, autour de la Corse et de la Sardaigne, l'Aragon était jusqu'ici peu présent, mais les puissances dominantes de cet espace au début du XIIIe siècle, ce sont les Pisans, talonnés par... leurs principaux challengers, qui sont les génois.
Donc vous avez des structures politiques totalement différentes. Vous avez deux cités-États, deux communes. Donc là, pas de rois, mais des oligarchies marchandes au pouvoir, des noblesses au pouvoir, qui est...
ont construit leur puissance et leur richesse sur la prise de contrôle des itinéraires maritimes méditerranéens. Là encore, les croisades les ont considérablement servis. Et il faut bien voir que ces cités-états qui sont toutes petites, c'est-à-dire qu'elles sont très peuplées mais qui ont des territoires extrêmement limités, fonctionnent là aussi comme des connecteurs. C'est-à-dire qu'ils se sont rendus indispensables à tout le monde parce qu'il n'y a que eux en Tyrrhénienne, les Génois, les Pisans.
Avant, il y avait les Amalphitains mais ils ont été rabaisés. baissé. Les génois et les pisans sont les seuls qui sont en capacité de fournir des flottes importantes pour se déplacer en Méditerranée.
Ce sont aussi les seuls, à cette échelle-là, qui connaissent les techniques de navigation et qui peuvent transporter par leur flotte de façon relativement sûre de la marchandise des hommes, des croisés s'il y a la guerre, de tout type en Méditerranée. Donc ils ont la technicité maritime. Et il se trouve que grâce à leur enrichissement rapide... et à leur ingéniosité, ce sont aussi les seuls qui disposent de très importantes mises de fond. Les Pisans, les Génois, les Vénitiens, on va en parler aussi, c'est la même logique pour Venise dans l'Adriatique, sont des gens qui très vite intègrent et développent des mécanismes qu'on appellerait nous des mécanismes capitalistes d'accumulation de l'argent et d'utilisation de l'argent, de prêts, de ventes et ainsi de suite.
Or il faut bien voir que la société médiévale est une société qui n'est pas très monétariste. On est sur des sociétés plutôt rurales. Alors ça ne veut pas dire que l'argent n'existe pas.
Mais quelqu'un qui a la maîtrise de l'argent et la maîtrise de la finance est indispensable. Ça veut dire que les Pisans, les Génois, beaucoup, les Florentins plus tard, les Vénitiens de leur côté, peuvent faire des mises de fond sur qui s'allie à eux et peuvent priver leurs ennemis des flottes, de l'argent et ainsi de suite, et les donner à d'autres. Donc, dans l'absolu, ils ne sont pas très puissants.
Ce n'est pas très spectaculaire, c'est-à-dire que Gênes, quand vous regardez Gênes maintenant, ce n'est pas forcément très impressionnant, et Pise encore moins, puisque Pise est une ville qui maintenant est une ville moyenne. Mais à l'époque, par cette spécificité, ils sont indispensables à tous, et ce sont donc des puissances très importantes. Comme vous le voyez sur la carte, ces deux puissances, Gênes et Pise, sont en concurrence et sont en tension, en conflit, parce qu'elles se disputent les mêmes itinéraires et le même espace, l'espace-té. iranien est limité, le contrôle du canal de Corse, le contrôle des bouches de Bonifacio, le contrôle des détroits ensuite est quelque chose d'essentiel pour eux parce que ça leur permet de se déplacer, de déplacer leurs navires et d'avoir des points d'appui pour les navires. Il faut aussi tenir compte du fait que la navigation a des contraintes, c'est-à-dire que les nefs de l'époque doivent être en capacité de relâcher, de s'abriter s'il y a besoin, les galères doivent régulièrement s'abriter.
s'arrêter pour refaire de l'eau, reposer la chiourme, ravitailler la galère. Donc il faut contrôler les îles, il faut contrôler les côtes parce qu'en les contrôlant, on assure la pérennité de son itinéraire commercial. D'où l'intérêt pour eux de contrôler les îles, de contrôler la Sardaigne, de contrôler la Corse, de contrôler la Sicile ou, pour Venise, de contrôler les îles de l'Adriatique.
ou de la mairie G. Contrôler, pas forcément conquérir ou pas forcément gouverner. L'essentiel, c'est qu'il y ait des relais. Des relais qui sont toujours dans des logiques à la fois politiques et commerciales.
Obtenir des relais sûrs, pouvoir faire relâcher... chez les bateaux, savoir que si on s'arrête dans ce territoire, on ne sera pas embêté, on a des fidèles, on a des hommes à soi, des amis, comme disent les textes médiévaux, et c'est ça qui leur importe, puisque à l'époque, par exemple, au XIIIe siècle, on est dans la période de la Corse pisane, là aussi, si on veut être un peu provoquant, il n'y a pas de pisans dans la Corse pisane, ils sont très peu présents. Les pisans sont là, évidemment, la Corse est sous l'autorité de la commune de Pise, mais ensuite, la Corse, comme la Sarmie, Sardaigne d'ailleurs qui est assez proche, il n'y a pas d'occupation pisane, de domination pisane, d'armée pisane régulière surveillant les Corses.
Simplement, les seigneurs corses se soumettent ou pas d'ailleurs à l'autorité de la commune et ils savent que... Tant qu'il reste soumis, ça se passera bien. S'il décide de renverser cette soumission, tout de suite il ne se passera rien, mais à un moment donné, il peut y avoir une démonstration de force très violente qui va venir. Donc, on se tient sur cet équilibre.
La logique est la même dans l'Adriatique avec Venise. Donc on est de l'autre côté de l'Italie. Venise a exactement la même logique, mais Venise a pour spécificité d'avoir tissé très tôt des liens avec l'Orient et en particulier avec l'Empire romain d'Orient et avec Constantinople, puisque Venise est une ancienne possession byzantine. les Vénitiens ont joué un coup extraordinaire en 1204 en réussissant à détourner une croisade, la quatrième, qui normalement aurait dû aller en Égypte, mais qui finalement s'est détournée a été détourné vers Constantinople.
Et le détournement de la croisade de Constantinople, c'est une histoire, c'est un coup tordu. C'est-à-dire que Venise avait préparé une flotte pour les chefs croisés. Je vous la fais rapide, mais ça vous donne une idée de comment ça marche.
Les chefs croisés n'étaient pas en capacité de payer la flotte qui devait les amener en Égypte. Les Vénitiens ont donc proposé un petit arrangement facile en disant que tant qu'il y avait une armée, ils considéraient que les croisés les payent si les croisés les aidaient. à faire la conquête de la ville de Zara, en Croatie. Bon, les croisés, ville chrétienne, mais rebelles aux Vénitiens.
Les croisés ont un peu rechigné, parce que le pape leur avait interdit d'attaquer des royaumes chrétiens, et puis finalement, ils y sont allés. Et il se trouve que là, il y a eu à ce moment-là une querelle dynastique dans l'Empire d'Orient, et un des prétendants au trône de Constantinople est allé demander de l'aide aux Vénitiens. Donc les Vénitiens lui ont fourni une aide militaire qu'ils avaient sous la main de la République.
la main puisqu'ils avaient une immense armée croisée qui attendait là. Donc l'armée s'est portée jusqu'à Constantinople, a repris la ville pour le compte du prétendant. Donc le prétendant c'est Alexis IV. Enfin bon, peu importe. Et vu qu'ensuite la situation à Constantinople a dégénéré, les Vénitiens et les croisés se sont emparés de Constantinople et ont disloqué l'Empire byzantin.
Ce qui est d'un point de vue géopolitique cataclysmique. C'est-à-dire que cet Empire byzantin qui était l'héritier de l'Empire romain, a l'Empire romain d'Orient, donc, a été divisé, comme l'avaient été les États latins d'Orient, a été divisé en plein de petites principautés. type royaume de Jérusalem, le comté des Dédans, il y a eu des duchés d'Athènes, des principautés de Morée et ainsi de suite.
Et les conquérants, si vous voulez, latins, se sont partagés cet empire et l'empire romain d'Orient est devenu l'empire latin d'Orient. Les Vénitiens, évidemment, qui sont de bons commerçants, ont profité pour prendre totalement le contrôle de tous les itinéraires commerciaux qui leur permettaient de récupérer de la richesse et de les connecter avec l'Orient, avec l'Empire d'Orient, avec la mer Noire et avec aussi les routes de la soie au-delà. Je vous renvoie à Marco Polo et tout ça.
Ça viendra un peu après. Donc vous voyez que ces républiques italiennes sont particulièrement impliquées à l'échelle de la Méditerranée. Pour autant, elles sont peut-être méditerranéennes, mais elles sont aussi italiennes. C'est-à-dire que Venise, Pise, Gênes sont des États qui vivent... Alors l'Italie, évidemment, à l'époque, c'est une situation...
C'est de la géographie, c'est pas de la... politique, il n'y a pas de pays qui s'appelle l'Italie, mais ils sont tous très impliqués dans un contexte très particulier qui est le contexte de l'Italie. Il se trouve que l'Italie, à ce moment-là... Pour simplifier à l'extrême, mais une des grandes problématiques qui traverse la vie politique italienne, c'est l'opposition entre l'autorité du pape, l'autorité pontificale et l'autorité de l'Empire.
Et les différents états italiens, et à l'intérieur des différents clans ou familles aristocratiques, se sont divisés en des parties, ceux qui sont plus ou moins favorables à l'Empereur. appelle les gibelins, et ceux qui sont favorables au pape, qui sont les guelfs. Vous avez ici à l'écran, sur la carte, un des royaumes importants, le seul royaume d'ailleurs d'Italie à ce moment-là, qui est le royaume dit royaume de Naples.
Je vous le place parce qu'on va en reparler et nous allons le suivre pendant un certain temps. Le royaume de Naples est une structure originale, puisque vous voyez que c'est un immense état qui englobe tout le sud de la botte italienne plus la Sicile. état qui a eu des vicissitudes diverses.
Il a d'abord appartenu à des mercenaires normands qui se sont emparés de ce royaume, qui étaient venus officiellement le reconquérir pour le compte du pape au XIe et au XIIe siècle, et qui finalement se sont emparés de cet immense état. Donc c'était la dynastie des Haute-Ville. Et ensuite, par le jeu des alliances entre les...
entre les familles royales européennes. Ce royaume normand de Sicile et de Naples, on l'appelle le royaume de Sicile, est passé sous l'autorité de la famille des Hohenstrasse. C'est-à-dire la famille ou des Stoffen, une famille germanique, mais implantée donc des deux côtés de l'Italie.
Ce qui donne, si on se reporte au contexte italien, une structure assez... complexe qui est la suivante le début du le début du 14e siècle est marqué pour ce qui est de cet affrontement par le règne d'un personnage tout à fait exceptionnel dans l'histoire de l'europe qui est l'empereur frédéric ii donc frédéric ii règne de 1215 à 1250 et l'empereur frédéric ii réussit alors ça va être il va être autant vous dire qu'il va avoir des relations très compliquées avec la papauté le plus souvent hostile et Et vous voyez en quoi la puissance de Frédéric II peut inquiéter la papauté. Vous avez au centre de l'Italie, centré autour de Rome, les territoires qui appartiennent en propre au pape. Et de l'autre côté, les territoires qui relèvent de l'autorité de l'empereur.
Puisque l'empereur, par fusion des héritages, il est à la fois empereur du Saint-Empire romain germanique, donc toute cette partie brune au nord, et il est aussi roi de Sicile, donc de toute la botte italienne, et de tout le sud de la botte italienne, ce qui est un danger. mortels pour, non pas le pape lui-même, parce qu'il n'est pas non plus question d'assassiner un pape tous les quatre matins, un empereur c'est plus possible, mais un pape c'est plus compliqué, mais surtout pour l'autonomie de l'Église par rapport au pouvoir séculier. Or, il se trouve que depuis le XIIe siècle, la ligne directrice politique de l'Église catholique, c'est ne dépendre d'aucun pouvoir séculier.
C'est-à-dire que l'Église, c'est la liberté de l'Église, la liberté séclésiée, et l'Église ne dépend d'aucun pouvoir, elle est supérieure à tous les pouvoirs séculiers. Et donc là, avec un empereur aussi puissant, l'équilibre serait renversé et ce serait l'inverse qui se produirait. Ce serait l'empereur qui serait dominant par rapport au pape et les papes ne veulent surtout pas que ça arrive.
Donc, cela va donner lieu à de très nombreux conflits complexes. Je vous montre juste un pour vous montrer comme ça peut être complexe. Voilà un petit zoom sur la situation italienne.
Nous sommes ici en 1241, au moment d'une bataille un peu oubliée, c'est bien dommage, qui est la bataille du Giglio. Alors la bataille du Giglio, cette accumulation ici de figurés vous montre bien que la situation est très complexe. Vous avez les flèches noires qui vous montrent la pression qu'exercent les gibelins et donc les territoires contrôlés par Frédéric II sur les territoires pontificaux.
Et... Vous avez les alliances que vont mener les différents camps pour tenter de soulager cette pression. Le pape décide de punir Frédéric II en convoquant un concile à Rome pour aller exclure, chasser l'empereur.
Enfin bref, il veut rassembler ses prélats à Rome. Il dispose pour cela du soutien de Gênes. Gênes, à l'époque, est une cité guelph. Ils ont beaucoup changé.
Ils ont pu être guelphs. Enfin bon, bref, là, ils sont guelphs. Pise, évidemment. Eux, ils sont gibelins.
Si Gênes est guelph. pise ce ragiblin et vice versa s'il y avait à changer. Une flotte génoise se met donc au service du pape et, partant de Nice, quelle drôle d'idée, cingle vers Rome qu'elle veut rejoindre.
C'est une flotte de guerre, mais c'est aussi une flotte de transport qui transporte tous les prélats fidèles au pape qui doivent se réunir en concile pour sanctionner Frédéric II à Rome. Frédéric II, quand il l'apprend, lève une flotte. Il envoie son fils Enzo, qui part avec une flotte sicilienne, c'est-à-dire napolitaine, auquel s'adjoigne évidemment la flotte pisane, parce que s'il y a une occasion de taper sur les Génois, les Pisans ne vont pas se mettre à côté, auquel s'adjoint encore, parce que sinon ce serait trop facile, des foirouchites génois, c'est-à-dire des Génois qui ne sont pas du parti guelph, qui se trouvent alors au pouvoir à Gênes. Vous voyez comme on peut mettre en interaction... différentes échelles de conflits sur une carte méditerranéenne.
L'amiral de la flotte, outre Enzo, qui est le fils de l'empereur, c'est Ansaldo d'Amare, qui est un génois, mais qui est fâché, qui est fourrouchite, donc qui a été chassé de Gênes et qui évidemment se venge sur le gouvernement guelph de Gênes. La bataille, alors la flotte génoise s'aperçoit bien qu'ils ne sont pas en condition optimale pour combattre et qu'ils sont... qui sont en danger s'ils rencontrent la flotte Pisane.
On leur donne la possibilité de longer la Corse pour contourner, mais l'amiral génois décide d'aller au combat. Et donc les deux flottes se rencontrent autour de l'îlot de Giglio, c'est-à-dire à côté de l'île de Montécriste. Et la bataille tourne à l'avantage des Pisan, enfin des Pisan, des impériaux, pardon, des Pisan plus Siciliens, plus, plus, plus, qui font prisonnier une grande partie de la flotte génoise, qui font prisonnier les... qui font prisonnier toute une série de prélats qui ne peuvent plus se réunir en concile, et qui, pour un temps en tout cas, renversent la situation du côté de l'Empereur. Petit ricochet du côté de la Corse, Ansaldo Damare, amiral de la flotte et récompensé par l'Empereur, va profiter de sa fortune à tous les sens du terme pour investir et s'installer dans le Cap Corse, où il va constituer la base...
de la seigneurie d'Amar qui va rester dans le cap durant toute notre période. Donc voilà à peu près, sans aller trop loin, les exemples de conflits que l'on peut rencontrer. A la mort de Frédéric II, nous sommes en 1250, les cartes vont être rebattues et on va passer à une nouvelle étape. Alors, la mort de Frédéric II, coup de chance pour le pape, laisse une situation compliquée pour l'héritage de Frédéric II, puisque Frédéric II a partagé son héritage entre son fils illégitime, Manfred, qui doit avoir le royaume de Sicile, et son fils légitime qui, lui, doit récupérer l'Empire.
On ne s'intéressera ici qu'à Manfred, parce que sinon on ne va pas y arriver. Le pape profite de la faiblesse momentanée du parti giblin, du fait de la mort de l'empereur, pour essayer de reprendre la main en Méditerranée, en Italie pardon, et il va se chercher un nouveau champion. Voyons voir, cherchons bien.
Quelle est la famille qui a... qui a dans les années 1250 le vent en poupe en Méditerranée, qui vient de s'installer pas loin de l'Italie, qui a des possessions en Piémont et qui est très ambitieux. Il se trouve que juste là, vous le voyez sur la carte, se trouve... se trouve Charles d'Anjou. Charles d'Anjou, on en a parlé tout à l'heure, c'est le frère, un des frères, du roi de France Louis IX, Saint Louis.
Et il vient de récupérer par mariage l'héritage du comté de Provence, auquel il adjoint des possessions piémontaises petit à petit. Lui, il vient de l'Anjou, vous voyez que de la région d'Angers, comme son nom l'indique. Et là, il dispose d'un nouveau territoire en Provence.
Là aussi, pour nous, ça nous paraît totalement absurde. Mais pour eux, ça ne pose aucun problème, puisqu'on peut très bien avoir domination sur plein de territoires communs. Le pape choisit donc Charles d'Anjou pour lui donner le royaume de Naples.
Alors de quel droit est-ce que le pape peut donner le royaume de Naples ? Parce qu'en théorie le royaume de Naples est possession pontificale et de même que la Corse et la Sardaigne et la Sicile. Et le pape de Sicile, je dis Naples mais j'anticipe en fait c'est le royaume de Sicile.
le pape peut disposer en théorie librement de ces grandes îles méditerranéennes qui sont officiellement sous son autorité. C'est aussi un acte de ce qu'on appelle le césaropapisme, c'est-à-dire que le pape se considère comme supérieur au souverain, que ce soit l'empereur... qui plus est un bâtard de l'empereur avec Manfred, ou encore les angevins, c'est-à-dire que le pape peut donner à qui il veut les terres qui sont sous son autorité. Donc c'est lui qui est supérieur à l'autorité des rois et de l'empereur.
Charles d'Anjou hésite un peu et puis il se dit que finalement c'est quand même beaucoup à jouer. Et il reçoit donc l'investiture, enfin le pape l'informe de tout ça en 1265. Charles d'Anjou avec des forces considérables, des chevaliers, des hommes... un soutien financier très important des banquiers italiens, intervient en Italie en 1266, descend à Rome. En 1266, il reçoit officiellement le titre de roi de Sicile par le pape, excusez du peu, et ensuite va faire la conquête de son nouveau royaume, que pour l'instant, il reste à conquérir, puisque vous aurez bien compris que dans le royaume en question, il y a Manfred qui n'a aucune envie d'être conquis.
Donc voilà la calata. descend en Italie de Charles d'Anjou. Charles d'Anjou va affronter les troupes de Manfred en 1266, c'est la même année, à la bataille de Benevento.
Benevent, vous l'avez sur la carte. Et là aussi, le sort de la bataille est favorable à Charles, d'autant plus favorable que Manfred est tué pendant les combats. C'est assez rare que les rois soient là. Il y en a quand même deux coups sur coup avec des batailles où les rois meurent. C'est encore une époque où les rois meurent en bataille.
Pour autant, ce n'est pas tous les jours. Là, il y a une erreur tactique. En fait, Manfred se trouve... bloqué autour d'un pont.
Il s'est replié pour tenir un pont avec quelques cavaliers. Il est pris en tenaille par les troupes de Charles d'Anjou qui arrivent à passer le pont et qui passent par un autre côté. Et comme Charles d'Anjou a dit, pas de prisonniers. C'est une bataille à mort.
On liquide tout le monde, dont Manfred, dont le roi. Ça arrive. Donc là aussi, parfait, il n'y a plus de roi.
Donc là, Charles termine la conquête et s'implante dans tout le sud de l'Italie. Alors il va y avoir une dernière tentative d'un des héritiers, Hohenstaufen, qui est Coradi. qui est le dernier héritier par l'empereur qui va tenter en 1268 d'aller prendre possession de son empire de son royaume de Sicile mais là aussi Charles qui est un très bon chef militaire va affronter Conradin, Conradino, en bataille. La bataille se joue en 1268 à Talia Côte, elle est localisée aussi sur la carte. Et alors cette fois, Conradino n'est pas tué pendant la bataille, il est fait prisonnier quelques temps après par traîtrise.
Il est ramené devant Charles d'Anjou qui le fait décapiter pour ce qui ne se fait jamais normalement, on ne décapite pas le roi d'autant que Conradino a 14 ans quand il est décapité. 14 ou 16 ? 14. Il n'est pas bien grand.
Et ça a beaucoup choqué à l'époque, mais... Mais vous voyez un peu le genre de bonhomme que peut être Charles d'Anjou, considérant qu'il est dans son droit. Je passe plus vite là-dessus.
Vous voyez que Charles d'Anjou ne va pas limiter ses ambitions seulement, si l'on peut dire, à l'Italie. Et le fait de contrôler l'Italie et la Sicile fait de lui, selon la formule, le maître des détroits. C'est-à-dire qu'il contrôle, en contrôlant le sud-est, sud de la Botte et la Sicile.
Il contrôle le détroit d'Otrante, donc en Adriatique. Il contrôle le détroit de Messines, entre la Sicile et le continent. Et il contrôle aussi la passe vers l'Ampédouza et tout ça, entre la Tunisie et la Sicile. Donc, qui veut aller de l'est à l'ouest de la Méditerranée dépend de Charles d'Anjou. D'autant que lui ne s'arrête pas là.
C'est-à-dire que lui... Tant qu'il y est, ça y est, il continue. Donc il se rêve roi d'un peu tout. Il va s'emparer, on la voit à peine sur la carte, mais il va se faire aussi proclamer roi d'Albanie en prenant le contrôle de la ville de Durazzo. C'est le tout petit point vert qui se trouve de l'autre côté du canal d'Otrante.
Alors petit, mais essentiel, parce qu'il contrôle les deux côtés du canal. Il va aussi chercher à prendre le contrôle de la Morée, de la principauté de Morée, c'est-à-dire la Grèce actuelle. Profitant en cela...
de la faiblesse de l'Empire byzantin. Parce qu'il se trouve que, dans les mêmes années, les prétendants au trône de Constantinople réussissent à reprendre le contrôle et à reconstituer un empire, je dis byzantin par facilité, un empire d'Orient, débarrassé ou à peu près débarrassé des principautés latines. Et Charles d'Anjou ne veut surtout pas ça et il se rêve comme nouvel empereur latin d'Orient.
Donc... Vous voyez des visées expansionnistes très larges. Et il tente aussi un coup qui ne va pas réussir lui, mais qui va marcher plus tard.
Il marie ses enfants aux héritiers du roi de Hongrie. Donc la Hongrie, c'est de l'autre côté. Et c'est de l'autre côté de l'Adriatique. Bon, alors, ça ne se réalise pas tout de suite.
Mais là aussi, il pose quelque chose qui réinterviendra plus tard. Problème. C'est-à-dire qu'en s'étendant trop, Charles en fait trop.
et il menace en particulier plein de gens il agace plein de gens déjà il fait très peur aux empereurs paléologues qui ont repris le pouvoir à Constantinople parce qu'ils viennent de reprendre le pouvoir ils n'ont pas envie de le lâcher pour Charles d'Anjou il l'inquiète beaucoup il inquiète aussi le pape parce que son champion est quand même un petit peu trop fort maintenant il inquiète les vénitiens qui se voient un peu bloqués par cette puissance montante dans la dréatique, il inquiète aussi les génois Et les Barcelonais. Alors, pourquoi ? Parce que la Sicile, à l'époque, est une terre à blé essentielle. Elle fournit du blé à un peu tout le monde. Et les Génois, comme les Barcelonais, se fournissent en blé en Sicile.
Ils se fournissent pour leur commerce. mais ils s'en fournissent aussi pour ravitailler leurs villes. Parce que la croissance démographique de ces villes, de Gênes comme de Barcelone, fait qu'elles ont absolument besoin d'un approvisionnement régulier en blé.
Et il faut aller chercher du blé partout pour ravitailler ces villes. ville. Pour Barcelone, c'est plus...
Barcelone a un arrière-pays, mais par contre, Gênes n'a pas d'arrière-pays et a systématiquement besoin de blé pour se ravitailler. Donc maintenant, s'il y a une puissance qui contrôle trop le marché du blé, ça va poser problème. Donc vous voyez qu'il y a un déséquilibre des puissances créé par les ambitions de Charles d'Anjou.
Charles d'Anjou profite aussi du vide laissé autour de lui, c'est-à-dire que... et qui va inquiéter... qui va inquiéter les autres puissances méditerranéennes. Il se trouve que l'Aragon, souvenez-vous, on les avait laissés avançant jusqu'au Balear.
Mais l'Aragon a un autre coup à jouer avec la Sicile. Il se trouve que le roi d'Aragon du moment, qui est Pierre III, a pour épouse Constance de Hohenstaufen. La fille de Manfred, la dernière héritière de l'empereur Frédéric II.
Ça veut donc dire que la femme du roi d'Aragon peut revendiquer, sous son titre, le royaume de Sicile. Et qu'un enfant qui naîtrait de cette union, et ils en ont déjà, sont potentiellement rois de Sicile, puisqu'ils descendent directement par les femmes de Frédéric II et de Manfred, même s'il est illégitime. Et donc, l'idée se fait jour que finalement, les Aragonais ont un coup à jouer en Sicile qui les arrangerait particulièrement. Ce coup, il se réalise en 1282, avec l'événement que l'on a retenu sous le nom de Vèpres Siciliennes. Les Vèpres Siciliennes, c'est initialement une révolte qui se joue à Paris.
Palerme, le jour des vêpres, qui est une révolte, alors, anti-française, c'est beaucoup dire, les gens qui sont en Sicile sont des franco-provençaux, quelque chose, on entendra par français tous les gens qui ne sont pas siciliens et qui sont venus avec Charles d'Anjou, qui lui est français, lui incontestablement. Les Siciliens, pour diverses raisons, que je ne développerai pas ici, acceptent mal la domination de Charles d'Anjou, et se révoltent. La révolte partant de Palerme gagne le reste de la Sicile, les gars, garnisons françaises ou les soutiens du roi de Naples du roi sont massacrés et fort opportunément, une flotte de guerre aragonaise qui en théorie devait partir quelque part faire la croisade, enfin faire une expédition bref, débarque en Sicile et apporte une aide militaire déterminante aux révoltés siciliens les angevins sont chassés de Sicile et se retrouvent cantonnés dans le royaume de Naples c'est une bascule très importante, puisque à partir de là s'engage une guerre séculaire, elle va durer 100 ans, un peu moins, entre d'un côté la dynastie angevine qui va chercher à récupérer la Sicile que leur ont pris les Aragonais, et de l'autre côté les Aragonais qui vont chercher à s'emparer du reste du royaume de Naples. Et là vous avez une longue ligne directrice qui va traverser toute notre période. D'autant que...
D'autant que ce conflit ouvert maintenant entre deux grosses puissances méditerranéennes, les Angevins d'un côté et les Aragonais de l'autre, va provoquer des extensions des conflits, va tendre encore plus la situation et accentuer les conflits dans la zone tyrannienne. On est en 1282, c'est les Vèpres siciliennes. En 1284, vous avez une grande bataille entre les Génois et les Pisans....
à la Méloria, donc toujours dans ces îlots pas très loin du canal de Corse, dans lequel les Génois détruisent la flotte pisane. Alors là aussi, on a souvent dit la Méloria, c'est la fin de la Corse pisane. C'est un peu comme Muray ou c'est un peu comme ces grandes batailles.
Ce n'est pas tant la fin de la flotte de la Corse pisane, c'est que la flotte est détruite, il y a des centaines de prisonniers et Pise, qui a déjà pris un peu de la descente, un peu la descendante, ne va pas réussir à reconstituer suffisamment vite son influence, alors que les génois, eux, sont en plein dynamisme. Ils ont plein de bateaux, ils ont des soldats, ils ont des sous, ils ont des réseaux. Et donc, ils vont petit à petit s'imposer dans la zone méditerranéenne. Pourquoi dans la zone, oui, méditerranéenne dans son ensemble ?
Pourquoi est-ce que Pise et Gênes sont repartis en guerre à ce moment-là ? Pour la Corse. Parce que...
Tiens, la revoilà. Il y a longtemps qu'on n'en avait pas parlé. Euh...
En Corse, à l'époque, un seigneur corse parmi d'autres, un des premiers qu'on connaît bien, donc Giudice de Chinarca, seigneur chinarquais et du Sud, tente, en jouant d'abord Gênes puis Pise, ça va être son erreur, de se constituer une seigneurie de Corse, une seigneurie unique de Corse. Et il se trouve que ce Giudice est aussi quelqu'un qui prend contact avec le roi d'Aragon, parce que Giudice se déclare manifestement, enfin on n'a pas... pas de déclaration officielle, évidemment, il n'a pas eu le bon goût de nous laisser des papiers, mais on le voit s'allier aussi avec le roi d'Aragon, qui à l'époque est plutôt pro-Giblin, c'est-à-dire que ce Djoudic, le seigneur corse qui part du Valin, va petit à petit, et quelqu'un qui connaît très bien les équilibres méditerranéens, et qui joue d'abord l'alliance avec Gênes, qui va ensuite aller chercher les Pisans, qui en allant chercher les Pisans va aussi chercher du côté du roi d'Aragon, qui à l'époque n'est pas encore placé là-dedans, et c'est ce basculement de la Corse de Giudice, qui était d'abord plutôt un pro-génois et qui bascule comme pro-pisan, qui va, dans un contexte exacerbé d'opposition, relancer la guerre entre les pisans et les génois et provoquer, ça c'était inattendu, la défaite des pisans et la victoire des génois.
Donc donner l'ascendant à Gênes sur l'espace tyrannien. Les génois en profitent d'ailleurs en 1289 pour lancer des expéditions militaires qui vont leur permettre de... alors ils ne vont pas tout à fait y arriver, c'est-à-dire qu'une première expédition qui réussit, dans la deuxième c'est Djoudjic qui réussit à les mettre en difficulté, mais enfin si vous voulez, sur le temps long et quel que soit l'héroïsme militaire de Djoudjic...
c'est les génois qui prennent la main en Corse. Mais qui prennent la main, qui vont petit à petit prendre la main. Mais vous allez voir que c'est plus compliqué qu'on ne le croit de prendre la main sur ces îles.
Pourquoi ? Parce que... Dans le même temps, le pape et les puissances qui s'opposent pour le contrôle dans la grande lutte qui consiste à contrôler le royaume de Naples-Sicile, le pape tente une médiation.
Alors vous voyez que les événements sont concomitants. La première médiation a lieu en 1295. En 1295, lors du traité d'Anagnes, donc Anagnes est une des résidences pontificales à côté de Rome, le pape Boniface VIII, grand pape de la... de la théocratie pontificale, grand partisan de l'autonomie de l'Église et de la puissance de l'Église sur les États séculiers, propose un accord dans lequel il propose au roi d'Aragon d'abandonner ses prétentions sur la Sicile en échange d'un nouveau royaume créé pour l'occasion, mais qui est un peu dans les tuyaux depuis une cinquantaine d'années, qui serait le royaume de Sardaigne et de Corse. Donc on créerait une entité Sardaigne plus Corse qui permettrait de compenser la perte de la Sicile. La bonne affaire.
Le roi d'Aragon... Jacques II à ce moment-là valide le roi d'Aragon valide cet accord mais l'accord ne règle pas la guerre la guerre reprend je vous passe parce qu'en fait le roi d'Aragon est censé il y a deux branches aragonaises Il y a une branche cadette qui est en Sicile et une branche aînée qui est en Aragon. Bon, je passe. La guerre reprend et elle se termine momentanément en 1302 lors du traité de Caltabellota.
qui aboutit à la situation telle que vous l'avez sur la carte et qui est très favorable aux Aragonais. Les Aragonais gardent la Sicile, mais c'est une branche cadette qui prend le contrôle de la Sicile. C'est-à-dire que le roi d'Aragon n'est pas roi de Sicile, mais c'est un cadet de la maison d'Aragon.
qui devient roi de Sicile. Les Angevins gardent Naples, bien dégoûtés de ne pas pouvoir reprendre la Sicile, mais pour l'instant ils vont garder Naples, qui devient le royaume de Naples, par opposition au royaume de Sicile. Là aussi il y a des histoires de noms, mais je passe ici. et le roi d'Aragon lui conserve malgré tout le royaume de Sardaigne et de Corse que lui a donné le pape, et pour lequel il a été investi en tant que vassal du pape en 1297. C'est pour cela que vous avez sur la carte la Sardaigne et la Corse qui sont intégrées dans cette orbe rosée, qui montre qu'en théorie la Sardaigne et la Corse font partie désormais des possessions du roi d'Aragon, du roi d'Aragon, de la couronne d'Aragon.
Aragon. Donc ça arrête les conflits, mais ça ne règle rien en fait à terme. Vous noterez au passage que la Corse qui était jusqu'ici pisane est maintenant passée à l'Aragon, c'est-à-dire que le pape a changé de champion, c'est-à-dire que les pisans qui avaient été la grande puissance du XIIe siècle...
Le pape prend acte qu'au XIIIe siècle, c'est fini, Pise est passé, et donc il joue un autre champion qui va être le roi d'Aragon. Ce qui est bien joué d'ailleurs, parce que le roi d'Aragon jusqu'ici, il était giblin, et là il réussit à le retourner, puisque comme il devient vassal du pape, il est censément... il doit être plutôt du côté des guelphs, du pape. Bon, ça ne va pas se passer comme ça, pas tout à fait, mais c'est des tentatives, des espèces de coups tordus.
Là aussi, toujours, c'est un peu la théorie des dominos. Si vous le prenez du point de vue de Gênes, qui vient de devenir la puissance dominante de la Tyrénienne, ça ne va pas du tout. Les Aragonais tiennent le canal de Corse, tiennent les routes, enfin, tiennent potentiellement, tiennent potentiellement le canal de Corse, tiennent potentiellement le...
détroit de Messines tiennent les routes commerciales vers l'ouest de la Méditerranée et tiennent les îles de Méditerranée. Donc, que va faire Gênes, en toute logique, à partir du XIVe siècle ? C'est tout faire pour casser l'influence aragonaise qui est en train de se dessiner en Méditerranée occidentale. Alors, il le casse tellement qu'en 1323, le roi d'Aragon, Jacques II, engage la conquête de la Sardaigne.
Donc là, la Sardaigne devient effectivement aragonaise. Alors, C'est plus compliqué que ça. C'est pour ça que sur la carte, vous voyez qu'il y a un peu des couleurs distinguées parce que vous voyez qu'il n'y a en fait qu'une partie de la Sardaigne qui devient aragonaise. L'autre partie correspond à l'Arboréa et l'Arboréa est une espèce de royaume indépendant sarde qui se place sous l'autorité du roi d'Aragon. Si je dis qu'il y avait un Sardes dans la Lime, enfin, dire qu'en théorie indépendant, les Sardes n'auraient pas dit ça.
Ils auraient dit c'est un royaume indépendant, qui, parce qu'il le veut bien, passe sous le contrôle des Aragonais. Et vous noterez aussi la petite tâche bleue dans le nord, qui correspond à Gênes. Puisque Gênes, pendant tout le XIIIe siècle, a mené une politique de prise de contrôle des espaces Sardes et Corses, même s'il n'y a pas de colonisation ou quoi que ce soit, et ils ont installé... un peu partout sur la côte occidentale de la Sardaigne et de la Corse, des points d'appui.
Le point d'appui en bleu, c'est des régions qui sont dominées par les Doria et vous avez aussi le Castel d'Or, enfin Castel Genovese et plus tard. Et vous avez sur la... façade occidentale de la Corse.
Bonifacio, évidemment, qui est le point d'appui fondamental des génois en Corse depuis le XIIe siècle, depuis la fin du XIIe, mais aussi des tentatives d'installation de points d'appui génois, de colonisation génoise en Corse, dans le golfe d'Ajaccio. Ajaccio avec Castel Lombard, ça c'était un peu avant, c'est en 1272, et à Calvi, dans les mêmes années, pour tenter toujours de tenir les itinéraires commerciaux. Donc là, la situation est déséquilibrée au profit des Aragonais au désavantage de Gênes, et donc Gênes va chercher à briser la menace aragonaise et l'influence aragonaise.
D'autant que les Aragonais ne s'arrêtent pas là, vous voyez que la carte depuis la Sicile, ça c'était pas du tout prévu au départ, mais vous avez une troupe de mercenaires aragonais, les Allemands. le Mogavert, qui, vous les voyez, ils sont en Grèce, qui prennent le contrôle du duché d'Athènes. Alors, oui, parce que entre-temps, là aussi, connectez tout, entre-temps, l'Empire d'Orient reconstitué a bien du mal à se reconstituer. Donc, l'Empereur d'Orient a fait appel à des mercenaires catalans pour lutter contre les autres latins, et les catalans leur font le coup des normands avec le pape.
C'est-à-dire que, comme il n'y a personne qui les arrête et qu'il n'y a pas d'armée en face, les terres qu'ils ont reconquêtes qui les gardent pour eux. Donc vous avez une principauté catalane, un État, c'est beaucoup dire, un État dirigé par des militaires catalans, qui se constitue en Grèce, de façon totalement inattendue, et qui, pour être sûr d'être bien protégé, se place sous l'autorité de la couronne, donc qui devient territoire sous autorité de la couronne. Donc vous voyez, les Catalans ont une espèce d'horizontale qui traverse la Méditerranée et qui est quand même assez favorable. Les Génois ne vont pas laisser faire ça, et en 1370, 151, après toute une série de tensions que je vous passe, la guerre ou une guerre ouverte éclate entre les génois et les aragonais. les Aragonais maintenant sont tout à fait au fait des dynamiques méditerranéennes.
Et pour lutter contre les Génois dans cette guerre, ils vont faire appel aux Vénitiens. C'est-à-dire que dans la guerre de 1351, vous avez Aragonais alliés à Venise contre Gênes. Pourquoi ?
Parce que Venise aussi ne veut pas que les Génois leur piquent les routes vers l'Orient qu'ils ont eu tant de mal à mettre en place. D'autant que les Génois, comme les Génois ont aidé à la reconstitution de la France, de l'Empire d'Orient. Ils ont maintenant récupéré des privilèges qui étaient jusqu'ici aux Vénitiens.
Et donc, là aussi, tous ces impérialismes s'entrecroisent ou se séparent pour donner des nouvelles ou des alliances de circonstances. Vous doutez bien que les liens fondamentaux entre l'Aragon et Venise sont circonstanciés. Mais en tout cas, on aboutit à ça. Alors, il ne faut pas imaginer... C'est intéressant parce que c'est une guerre globale.
Les Génois vont avoir à affronter les Vénitiens plutôt en Orient et les Catalans en Occident. Par exemple, pour vous donner une idée, en 1352, vous avez une grande bataille dans le Bosphore, la bataille du Bosphore, dans laquelle la flotte génoise affronte la flotte vénitienne et réussit à l'abattre. Et en 1353, vous avez une bataille au large d'Alguer, la bataille de Port-au-Comte, dans laquelle la flotte génoise affronte la flotte catalane. Et cette fois, les Génois sont battus. Donc c'est vraiment un combat...
des affrontements à l'échelle de la Méditerranée, à la fois pour contrôler des territoires très locaux, Algiers, Bonifacio, Castel-Lombard, qui sont des confettis, pour Castel-Lombard en tout cas, pour les autres, non ? Et de l'autre côté, des grandes dynamiques méditerranéennes qui vont bien au-delà de ces petits conflits. Et je vous avais dit que justement, les seigneurs corses, comme ailleurs d'ailleurs, les pouvoirs politiques corses vont chercher à s'associer à ça, ils sont obligés, du moins les seigneurs les plus en vue, de tenir compte de ces dynamiques pour gouverner eux-mêmes.
et dans la série Bien joué les génois les génois dans les années 1350 vont réussir un coup de maître en Corse qui est celui-ci en 1357, carte bien connue en 1357 éclate une révolte antiseignoriale en Corse jusque là ça peut arriver mais les génois vont apporter un soutien indéfectible aux partis populaires corse par populaires j'entends les gens qui veulent chasser les seigneurs du pouvoir et vont en profiter pour obtenir une dédition c'est à dire que les populaires de corse vont se placer sous la protection et l'autorité et la souveraineté de la république de gênes et transférer leur souveraineté à la commune enfin la république de gênes donc gênes qui jusqu'ici n'a aucun droit politique sur la corse ils ont des évêchés mais n'ont pas de droit politique va profiter de cette révolte de 1357-58 pour revendiquer des droits au nom de cette dédition. C'est-à-dire qu'à partir de 1358, les Génois vont installer un gouverneur en Corse, qui s'installe à Bigoulia, et ils vont dire à partir de ce moment, la Corse est terra del comune, elle appartient à la commune de Gênes et elle est gérée par un système communal. Alors qu'officiellement, la Corse fait partie du royaume de Sardaigne et de Corse que le pape a donné au roi d'Aragon. Donc vous allez avoir un affrontement de légitimité sur lequel les génois vont pouvoir s'appuyer et que les aragonais au contraire vont chercher à détruire par tous les moyens.
Enfin par tous les moyens, peut-être pas pour la Corse, mais en tout cas à remettre en cause. Le temps passe et il se passe aussi plein de choses en Méditerranée en cette deuxième moitié et cette fin du XIVe siècle. On n'en avait pas trop parlé jusqu'ici, mais on va retourner faire un tour vers l'Orient. Cette espèce de grande tâche colorée qui s'étend sur quasiment toute la Turquie actuelle et tous les Balkans actuels, vous signale une dynamique essentielle dans l'histoire de la Méditerranée.
Alors oui, c'est vrai, on est un peu loin de Djoudi Tchédotchinarc, mais vous allez voir que... Mais on va retoquer ça petit à petit. Cette dynamique avec ces flèches rouges qui s'étendent vers les Balkans, Ce sont les ottomans.
Les ottomans sont des turcomans, ce sont des turcs, musulmans évidemment, qui ont profité de l'épuisement de l'ancienne puissance turque, la dynastie Seljukide, pour progressivement prendre le... au contrôle de tout ce qui est la Turquie actuelle, qui est leur centre. Eux, ce sont des gens qui vivent...
Le centre de la principauté ottomane se trouve en Turquie actuelle, enfin, la Turquie vers la côte, on va dire. Et ils vont en profiter pour faire la conquête... En fait, déjà, pour s'emparer des détroits qui séparent la mer Noire de la mer Égée, donc les Dardanelles, le Bosphore et tout ça, et pour passer dans les Balkans.
Alors, paradoxalement, parce que souvent, on a l'impression que les Turcs font une poussée par l'Est et donc ils vont d'abord faire la conquête de la Turquie, puis ils vont s'emparer des zones européennes. C'est exactement l'inverse qui se passe. C'est-à-dire que ces Ottomans, qui sont des Turcs venus de l'actuelle Turquie, dirons-nous, vont s'emparer d'abord des Balkans. Ils vont constituer leur puissance militaire, leur première capitale, en faisant la conquête de la zone balkanique.
Le grand sultan conquérant, c'est Mourad Ier. Une des dates importantes pour l'histoire des Balkans, c'est 1389, la bataille de Kosovo, dans laquelle les Ottomans... Bon, tout le monde meurt. Le chef ottoman meurt, le chef serbe meurt. Mais bon, au final, c'est les Ottomans qui gagnent.
A partir de 1389, les ottomans prennent le contrôle de la zone balkanique, de ce qui est actuellement la Serbie, la Bulgarie, et ainsi de suite. Et ils remontent d'ailleurs vers la Hongrie. Tiens, je les ai oubliés les Hongrois, on en reparlera tout à l'heure.
Ils sont donc dans une dynamique tout à fait prometteuse. Ils écrasent successivement les interventions qui sont lancées par les Hongrois contre eux, Nikopolis, et ainsi de suite. Et ils ne sont arrêtés...
momentanément, j'anticipe un peu, que par le fait qu'alors qu'ils progressent vers l'Orient, ils subissent une attaque de Tamerlan. donc Tamerlan, ce sont les Mongols, qui, arrivant par l'Est, prennent Ankara et écrasent les Turcs en 1402. Et cette défaite à front renversé, si vous voulez, arrête momentanément l'expansion ottomane et sauve ce qui reste de l'Empire byzantin. Mais vous voyez qu'il n'en reste pas grand-chose.
Mais pour l'instant, ça va figer la situation jusqu'à 1453. Oui, allez, on va parler de Hongrois, attendez, quand même. Je vous le dis vite fait, vous voyez qu'il y a cette espèce de grand État constitué dans la Hongrie actuelle. Ce royaume, c'est le royaume angevin de Hongrie, puisque bien que battu en Sicile, les angevins vont conserver leur implantation en Albanie, avec une branche de la France.
enjevine qui s'appelle la branche des Douras et vont aussi obtenir par alliances successives le trône de Hongrie à partir de... bon c'est bien avant, je les ai zappés parce qu'il y avait beaucoup de trucs à dire, c'est en 1310. Donc le XIVe siècle est aussi le siècle dans lequel une dynastie enjevine s'installe en Hongrie et assure l'âge d'or du royaume médiéval de Hongrie. Vous avez une troisième branche qui est la branche des Tarentes aussi.
Alors ça c'est un des problèmes des Angevins parce qu'on les avait laissés un peu tranquilles ces Angevins, mais pendant ces époques-là, c'est-à-dire le milieu du XIVe siècle et maintenant la fin du XIVe et le début du XVe, Malheureusement pour eux, après le règne grandiose, le règne stabilisateur de Robert d'Anjou, donc Robert meurt en 1343, les Angevins vont se déchirer dans des luttes intestines entre les différentes branches de la famille. pour des histoires de succession. Un petit côté Game of Thrones. Donc, ils vont s'affronter entre eux et la puissance angevine va être considérablement diminuée par ces guerres de succession qui suivent la mort de Robert d'Anjou.
C'est pour ça que... On en parle moins maintenant. Une chose aussi caractéristique, c'est que les Angevins, petit à petit, vont devenir beaucoup plus un royaume italien et beaucoup moins méditerranéen.
C'est-à-dire qu'ils vont se couper de leurs anciennes racines françaises. Jusqu'à Robert, c'est-à-dire jusqu'au milieu du XIVe siècle, les Angevins conservent des liens très serrés avec les Capétiens de France. Et puis, à partir de la fin de la Reine Jeanne et à partir de la fin du XIVe et du XVe, ils vivent un peu leur vie de leur côté, sans forcément... avoir de liens autres que familiaux, enfin autres que généalogiques avec les Capétiens français qui, eux, de ce côté-là, on ne s'en préoccupe pas, mais sont en pleine guerre de cent ans avec leurs cousins anglais.
Mais on n'y reste pas. Il ne faut pas oublier aussi que cette période de la fin du 14e siècle, on est bien placé pour le savoir maintenant, est très profondément marquée par la peste. La peste arrive en 1348. Elle se diffuse progressivement dans toute la Méditerranée.
Donc il faut bien voir que tous les événements que l'on décrit, toutes les dynamiques que l'on a... approche, c'est dans une période de pandémie, moi aussi, on peut faire un référentiel, mais avec une pandémie ici qui liquide un tiers de la population européenne. Un tiers de la population européenne, ça veut dire un tiers de paysans en moins pour fournir de la nourriture, un tiers de soldats en moins, un tiers de rentrée fiscale en moins pour les États.
Donc il n'y a plus d'argent et il y a des guerres qui nécessitent beaucoup d'argent. Donc, c'est... Patrick Boucheron le dit, il dit ce qui est... La peste, en fait, on ne la voit pas. On peut...
J'aurais pu passer sur cette histoire de la Méditerranée. année, en zappant complètement la peste, en continuant de parler des Angevins, des Aragonais, des Duras, des machins. Pendant qu'on parle, je vais dire, dans ces années 1380, le temps d'Arrigo de la Roque, qui meurt d'ailleurs probablement de la peste, le temps de la révolte de 1357 et tout ça, le monde dans lequel vivent ces gens, c'est un monde pesteux.
C'est un monde dans lequel un tiers de la population disparaît, dans lequel il y a des résurgences de peste, dans lequel pendant que vous êtes en train de préparer une expédition, l'épidémie se déclare dans votre... ville, dans votre armée, et d'un coup, elle fauche un tiers de vos soldats, elle tue des gens et elle rend impossible le développement. Sachant que la guerre avec des soldats et des bandes de routiers, de soudards et de choses comme ça qui se déblassent un peu partout en Europe, dans la série Diffusion des maladies et non-respect des restes barrières, ça se place bien là.
En plus, la guerre et la circulation des troupes démultiplient les risques de peste. Donc il faut bien voir qu'on est dans un contexte économique très dégradé. Il y a une crise économique, il y a des difficultés, le royaume de Sicile, il est en guerre permanente, parce que, je voulais passer aussi, mais Robert le Sage, il a beau être, Robert d'Anjou dit le Sage, il a beau être sage, mais il maintient une pression permanente sur les Aragonais en Sicile, donc c'est la guerre tout le temps.
En Catalogne, il y a la guerre avec la Castille, parce que là aussi, il y a des, comment dit-on, des impérialismes affrontés et des dynamiques affrontées, donc c'est une période compliquée, on a longtemps dit que le XIVe siècle était un siècle noir, sombre, il y aurait Alors, il ne faut pas exagérer, mais c'est vrai que là, c'est dur. Les dernières années du XIVe siècle, quand la peste s'est bien développée partout et que ça s'agite de tous les côtés, c'est une période difficile de l'histoire de l'Orient, d'ailleurs, puisqu'ils sont touchés par la peste aussi. Pour en revenir à nos dynamiques aragonaises, alors il se trouve qu'on est donc à la fin du XIVe siècle. A la fin du XIVe siècle, le roi d'Aragon, l'Aragon a l'avantage d'avoir des rois extrêmement dynamiques à ce moment-là. Pierre IV d'abord et Martin Ier qui a...
arrive un peu après, mais pour la fin du siècle. Ce sont des rois qui tiennent coûte que coûte à maintenir la grande politique méditerranéenne de l'Aragon et qui vont vraiment chercher à prendre le contrôle de l'espace méditerranéen. de la Catalogne, ce qui va provoquer une crise économique. Enfin, ça, c'est un autre problème.
Comme je vous ai dit que les Angevins, après le règne, dans la deuxième moitié du XIVe, sont plutôt occupés par des querelles internes, là aussi, puisque les Angevins sont moins opérants, les Catalans, eux, le sont. Et donc, c'est une période, vous voyez qu'ici, la Sardaigne et la Corse repassent en rosée. C'est une période dans laquelle Gênes est en difficulté aussi. La peste est partie de Gênes.
Gênes, à l'époque, subit toute une série de... Ils subissent même une... Il passe sous domination étrangère du roi de France à la fin du XIVe siècle. C'est une période compliquée pour Gênes. Et les Aragonais, la couronne d'Aragon va exploiter cette faiblesse génoise pour essayer d'avancer le plus possible.
Comme par hasard, c'est le moment où, pour contrebalancer la constitution... de la Terra del Comune, les rois d'Aragon vont favoriser en Corse un parti seigneurial dont les représentants les plus prestigieux sont le comte Arrigo de la Roque, lieutenant du roi, et le comte Vincente Lodistria, lieutenant puis vice-roi du roi d'Aragon. et qui vont porter la dynamique aragonaise en Corse pendant toute la fin du XIVe et le début du XVe siècle, avec les rois, donc Pierre IV pour Arrigo de la Roque, et puis Martin d'Aragon pour Arrigo, dernière époque, et Vincente, la première époque. D'autant que Gênes, à l'époque, pour compliquer encore les choses, s'est engagé dans les années 1370 dans une... dans une guerre terrible contre les Vénitiens, qu'on a appelée la guerre de Chioggia.
Guerre de Chioggia parce qu'une des principales batailles se joue à Chioggia. Chioggia, c'est dans la lagune de Venise, c'est à l'entrée de la lagune. Et la guerre de Chioggia, c'est entre 1378 et 1380. Alors vous me direz encore une guerre de plus, ils en ont déjà fait plein, le Bosphore, le Giglio, le Chioggia.
Chioggia, c'était quand même compliqué parce que les deux puissances, donc des très grosses puissances, ils sont allés au bout de leurs limites. C'est-à-dire que... les historiens disent qu'on était à la limite de la guerre d'anéantissement.
C'est-à-dire que les Génois réussissent à s'emparer de Chioggia, donc ils sont aux portes de Venise, et ils mettent le siège devant Venise en disant on ne va pas laisser pierre sur pierre à Venise, on va détruire cette ville parce que ça suffit. Alors les Vénitiens mettent le paquet et réussissent, comme ils peuvent, à récupérer Chioggia et à desserrer l'étau génois, mais les deux sortent complètement épuisés. Donc cet épuisement démographique, politique...
militaires de Gênes dans cet affrontement tous azimuts mais ici avec Venise vous explique pourquoi comme ils sont épuisés ils n'ont pas cette capacité de réagir efficacement en tout cas dans un premier temps face aux aragonais et ça vous explique pourquoi les aragonais on le voit en poupe c'est le cas de le dire à ce moment là cette dynamique aragonaise pour la prise de contrôle de l'espace tyrannia trouve un premier un premier grand succès en 1409 en 1409 Le roi Martin Ier d'Aragon débarque en Sardaigne avec une armée énorme et écrase les armées rebelles, pour lui rebelles, pour les Sardes nationales, si l'on peut risquer le mot, qui s'opposaient encore à la domination. Donc en 1809, l'arboré a été battu militairement, sèchement, et à partir de là, les Aragonais reprennent la main en Sardaigne, ce qu'ils n'avaient pas réussi à faire parce que la Sardaigne était en épreuve. un état de rébellion quasi perpétuel, financé par Gênes depuis quasiment les années 1320. Coup de chance pour l'arboré et coup de malchance pour les Aragonais.
Il se trouve que l'héritier du trône, Martin le Jeune, roi de Sicile, meurt de maladie juste après la bataille de Saint-Loury. Vous avez ici la bataille de Saint-Loury qui est localisée. Vous voyez les flèches qui remontent par la Sardaigne vers la Corse. comme il se trouve que son père Martin Ier n'a pas d'autres enfants mâles il y a un problème de succession je vous signale au passage que puisque le fils est mort avant le père le père devient automatiquement roi d'Aragon, roi de Sardaigne roi de Corse, roi de Sicile donc la mort de Martin de Sicile marque aussi la fin de la de l'indépendance politique de la Sicile. Parce qu'à partir de là, la Sicile n'est plus un royaume, mais va devenir un vice-royaume de l'Aragon.
C'est-à-dire que les rois d'Aragon vont nommer en Sicile un vice-roi qui va gouverner pour le compte de la couronne d'Aragon. Donc, le très ancien royaume indépendant de Sicile, petit à petit, disparaît. Si vous voulez, intégré dans les possessions aragonaises.
Bon. Donc, pas de chance. Il va y avoir un petit trou d'air, si vous voulez, un petit creux dans les dynamiques aragonaises qui va se résoudre assez vite. Le roi Martin Ier meurt sans héritier. La dynastie qu'on appelle la dynastie des Comte-Rois de Barcelone disparaît.
Et elle est remplacée par une nouvelle dynastie de Castillans, les Trastamars, qui vont, après un petit temps de bascule, à partir de 1412, qui vont reprendre les dynamiques préalablement établies par les rois de la dynastie d'avant. Donc ça ne change rien en fait. Il y a un creux, il y a un moment entre les années 1409 et 1416 où l'absence de rois...
le fait qu'il y ait un nouveau roi qui arrive, qu'il faille reconstituer, ils sont un peu à l'arrêt. Et puis après, boum, ça repart. Et le roi qui redonne l'impulsion, c'est Alphonse V. Alphonse V, c'est le roi qui attaque Bonifacio.
Alphonse V, effectivement, termine le travail. engagé par son prédécesseur Martin Ier, il va en Sardaigne, il soumet définitivement la Sardaigne et, comme vous le savez, il intervient en Corse et il est à deux doigts de soumettre la Corse, qu'il soumet d'ailleurs quasi totalement, sauf Bonifacio, qui n'arrive pas à prendre. mais qu'il laisse sous l'autorité de son vice-roi, Vincente Lodistré.
Donc ce qu'il vous donne cette carte comme ça, c'est-à-dire que dans les années 1430, l'Aragon a quasiment réussi son coup, Gênes est renvoyé dans les cordes, et les Aragonais tiennent à peu près... toutes les îles. Alors, c'est bien mal connaître les Génois de croire qu'ils vont s'arrêter là.
D'autant que, en 1420, le roi d'Aragon se trouve en capacité de récupérer le royaume de Naples. C'est-à-dire que les énièmes querelles dynastiques des Angevins entre eux ont abouti au fait que la dernière reine, Jeanne II de Naples, n'a pas d'héritier mâle, ne peut plus en avoir parce qu'elle est trop âgée. Et donc, elle désigne un héritier non-Angevin.
qui est le roi qui est Alphonse V d'Aragon. Donc Alphonse V d'Aragon se trouve en capacité de tenir le royaume de Sardaigne et de Corse, toutes ses possessions continentales, et la Sicile, et de réunifier enfin la Sicile, de réunifier entièrement le royaume de Sicile. Donc alors autant vous dire qu'il y va, juste après le siège de Bonifacio en 1421, et là il s'engage dans la grande affaire de son règne, qui est, que vous avez ici, c'est-à-dire la reconquête du royaume de Naples. Et il va y arriver, puisque en 1442... Deux, le roi d'Aragon réussit à chasser les derniers prétendants angevins.
C'est René, le roi René, qui va se réfugier en Provence, dans les possessions historiques des angevins depuis le XIIIe siècle. Et le roi Alphonse V d'Aragon prend le contrôle de l'ensemble et reconstitue l'unité du royaume de Sicile, qui devient donc à partir de là le royaume des deux Siciles, la Sicile continentale et la Sicile insulaire. Donc pas mal.
Pas mal, mais là aussi, c'est mal connaître les génois. Les génois vont évidemment réagir à ça. Et vous voyez que la Corse, finalement, va réussir à reprendre pied en terre à Delcomune, donc dans le nord de la Corse, et les génois vont recommencer à grignoter l'influence aragonaise.
La mort d'Alphonse d'Aragon en 1458 va permettre aux génois de souffler un peu et de se remettre d'après. et de reprendre le contrôle de l'espace tyrannien. Les génois ont d'autant plus besoin de reprendre le contrôle de l'espace tyrannien qu'en Orient, vous n'êtes pas sans savoir, qu'en 1453, les Turcs, qui ont repris du poil de la bête, et le sultan Mehmed II, achèvent par les Balkans la conquête de ce qui restait de l'Empire d'Orient, c'est-à-dire la capitale, Constantinople, et Constantinople est prise en 1453. On a souvent tendance à considérer que...
1453, ça y est, les Turcs sont partout, misère de nous. Ils ont tout conquis, ils ont tout pris, ils ont tout bloqué, c'est fini. C'est vrai.
Le sultan Mehmed chasse les francs qui se trouvaient, ce qu'il appelle les francs, enfin, les occidentaux, qui se trouvaient encore possessionnés dans l'Empire. Donc, dehors, les Vénitiens, enfin, du moins, pas dehors, mais du moins, ils cherchent à les chasser le plus possible. Ceux qui restaient, des comtés, des duchés, des machins qui avaient plus ou moins... survécu, tout ça c'est terminé.
Mais, ça ne veut pas dire que les itinéraires commerciaux et que les liens commerciaux vont être rompus. Vous voyez sur la carte que Génois, donc les Génois perdent la mer Noire progressivement, du fait de la conquête des Ottomans, mais ça ne veut pas dire qu'ils vont arrêter les relations avec l'Empire Ottoman, loin de là. Simplement, ces relations vont être obligées d'être réorganisées. Et les Génois et les Vénitiens, alors qu'ils avaient l'habitude de traiter jusqu'ici avec...
avec un empire d'Orient très affaibli et des sultans ottomans en train de monter en puissance, mais qui, puisqu'ils cherchent à s'emparer du reste de l'empire, sont prêts à des alliances, se retrouvent maintenant face à un empire tout à fait cohérent qui peut discuter en position de force. Il y a toujours un empire, mais simplement il n'est plus bizantin, il n'est plus latin, il n'est plus ni latin, ni grec, ni bizantin. Mais il est ottoman. Mais ça n'empêche pas la reprise de la circulation des biens.
Vous voyez cette carte avec les flèches et les zones d'influence qui se dessinent. Là, on est après 1453 et les itinéraires commerciaux sont maintenus. Ils sont affaiblis. On pourrait dire en mode dégradé.
Mais il y a des ambassades auprès des Turcs à ce moment-là. Il y a des ambassades vénitiennes à Constantinople. Vous avez même des très beaux tableaux de Béline qui représentent des ambassades à Constantinople, des ambassades au Caire, à Alexandrie et ainsi de suite. Donc, les relations sont maintenues.
tenue. Et vous voyez que malgré tout, Venise en particulier, réussit à conserver des zones d'influence dans ce qui devient petit à petit la zone de l'Empire ottoman. Donc autour de Constantinople, autour de la Crète. et évidemment gardent le contrôle, pour l'instant en tout cas, de tout l'Adriatique, en attendant d'autres conquêtes ottomanes. Les génois, eux, conservent l'île de Kyo, c'est la petite zone bleue que vous avez en dessous du détroit du Bosphore et des Dardanelles, à Kyo, et évidemment reprennent progressivement le contrôle de l'espace tyrannien.
Cette avancée des Turcs, là je voulais... placé d'un côté un peu très commercial, on va dire très vu Gênes, Venise, les affaires continuent. Mais la fin de l'Empire romain d'Orient est aussi un choc très dur, enfin un choc moral pour les puissances occidentales. occidentale vous aurez bien noté qui jusqu'ici ces tripes entre eux sans aucune considération pour aller sauver l'empereur pourtant l'empereur est venu en italie les les églises d'orient les églises d'occident ont accepté de se réunir avec le en devenant des églises uniates. Enfin bref, il y a eu tout un travail diplomatique depuis Constantinople pour essayer de sauver ce qui pouvait l'être, mais on n'y arrive pas.
Et la prise de Constantinople provoque une espèce d'électrochoc qui fait que les puissances occidentales, les puissances qui s'affrontent en particulier en Italie, décident de convenir d'une paix générale, on est en 1454, qui est la paix de Lodi, dans laquelle toutes les puissances en guerre, les Vénitiens, les Milanais, le nouveau royaume de... de Naples devenus Aragonais, les Génois, les Follérentins, effectivement. Tout le monde s'arrête de se faire la guerre, un moment, pour, en théorie, préparer une grande expédition, une grande croisade pour aller retourner sauver l'Empire d'Orient. Ça n'aura pas lieu. Ce qui va se passer, c'est que les Turcs vont imposer leur pouvoir sur l'ancien Empire d'Orient et de nouvelles dynamiques vont se constituer.
Gênes, progressivement, va réussir à reconstituer sa zone d'influence sur la Tyre. irénienne. Les Aragonais qui ont quand même déjà Naples, la Sicile, la Sardaigne, les Baléares et qui maintenant se retrouvent puissance dominante de Méditerranée.
Je ne vais même pas chercher les logiques espagnoles parce qu'entre temps, le roi d'Aragon s'allie avec la reine de Castille. C'est le mariage de la Castille et de l'Aragon pour terminer la reconquête totale, la conquête de la péninsule ibérique. Et donc, à partir de ces années 1450, les dynamiques bougent. Ils se dessinent. d'autres logiques politiques, d'autres géopolitiques, une autre géopolitique méditerranéenne qui prend en compte ces nouveaux acteurs comme ici les Ottomans qui arrivent à l'Est et qui prend en compte une restructuration des forces née de l'époque précédente et qui va caractériser toute la fin du XVe siècle et bien au-delà le XVIe siècle, puisque là on va entrer petit à petit dans la logique des guerres d'Italie et dans le grand affrontement entre les grands royaumes.
et les grands États qui émergent entre la fin du XVe et le XVIe siècle. Mais ça, c'est une autre histoire et ce sera pour une autre fois. Je vous remercie. À partir de quel moment l'unité, pas officielle bien sûr, mais l'unité qu'il y a dans tout ce croissant qui part de la Catalogne jusqu'à la Toscane, à partir de quel moment on note une séparation ? À partir de quel moment toute cette unité se défait ?
Alors... Alors ça dépend de quelle unité on parle. D'un point de vue linguistique ou culturel, elle se maintient.
Les gens continuent de parler la langue et leurs us et coutumes sans tenir particulièrement compte des États qui les gouvernent. D'un point de vue politique, ce sont de toute façon des espaces dissociés puisqu'ils appartiennent soit au compte de Toulouse, soit au compte de Provence et ainsi de suite. On peut estimer que pour la période médiévale... C'est le fait que la Provence devienne angevine va quand même renforcer. Alors, on ne peut pas parler de francisation.
Ce n'est pas possible. À ce moment-là, ce serait totalement anachronique, mais va renforcer progressivement l'orientation de la Provence vers les possessions capétiennes. Et à l'inverse, ça va se faire à la fin du Moyen-Âge, à la fin du 15e siècle. le fait que la zone catalane elle va plutôt rester tournée du côté des Pyrénées. Donc ça va se jouer là-dessus.
Et c'est ensuite sous Louis XI et à partir du XVIe siècle que là, progressivement, avec l'apparition des états, habituellement on considère que l'apparition des états telles que nous les considérons nous, c'est fin du XVIe, début du XVIIe. avec le traité de Westphalie, enfin tout ça, dans lequel là on va commencer à dire là il y a des lignes frontières, vérité dans le deçà des Pyrénées, mensonge au-delà, etc. Donc pour notre période, ça se constitue petit à petit, donc les entités politiques restent distinguées, culturellement parlant non, puisque le provençal reste langue dominante jusqu'à très tard, enfin, il faudrait que Mistral... Alors merci tout d'abord pour l'intervention. La première question concernera uniquement l'Aragon et la Catalogne et on laissera un peu la Corse de côté.
Juste au nord de l'Italie, au XIIe siècle, le nord d'Italie connaît une urbanisation. une extension des cultures et tout ça, qui va pousser ensuite au système des communes, même si en Aragon et en Catalogne, ce système de gouvernement ne va pas être mis en place, est-ce que cette région connaît également un urbain ? Est-ce qu'il y a une hausse démographique ?
Alors oui, effectivement, la hausse démographique est générale et le phénomène d'urbanisation est général pour le XIIe siècle. Donc Barcelone, on le constate d'ailleurs sur tout l'espace méditerranéen dont nous parlions, et l'ancien espace urbanisé, puisqu'on est quand même sur une des parties les plus urbanisées de l'Europe, puisqu'on a hérité du réseau datant de l'Empire romain. Et on constate aussi cette reprise démographique pour... pour Barcelone, pour l'Aragon, pour Saragosse, en Aragon, et une concentration des activités en ville, qui rendent justement nécessaire le fait qu'il faille approvisionner ces villes, puisque une des caractéristiques fondamentales de l'urbain, c'est qu'il ne produit pas sa nourriture. Il faut une politique anonaire, comme à Rome, et ça va pousser déjà à une concentration des richesses, à une concentration des pouvoirs en ville.
Donc la ville devient un marché, un espace, un foyer de population. de plus en plus importants et un foyer de consommation. Donc oui, on retrouve le même système. Après, vous avez des communes qui vont se développer en Espagne, mais simplement en Espagne, la reprise en main par l'autorité monarchique, les différentes autorités monarchiques, la Castillane, la Navarraise, l'Aragonaise, ainsi de suite, vont limiter. Même si on n'est pas sur des modèles politiques, un peu comme le modèle capétien, c'est-à-dire que la monarchie aragonaise est une monarchie pactiste, qui doit tenir compte des pouvoirs des villes libres.
C'est-à-dire Barcelone, ce qu'on appelle en espagnol les fueros, donc les accords, les traités, enfin le nom m'échappe maintenant, les franchises et les coutumes, comme on dirait dans l'espace capétien. Et donc les grandes villes disposent comme ça d'une vaste autonomie dont le roi doit tenir compte, en particulier des métropoles importantes comme Barcelone et plus tard Valence. Après, dans le courant du XIVe siècle, il va y avoir un certain effacement, si l'on peut dire, de Barcelone qui va être touché par la crise économique et une montée en puissance de Valence. Donc à la fin du Moyen-Âge, à la fin de notre période, c'est plutôt Valence qui a le vent en poupe et Barcelone qui souffre un peu plus de plusieurs crises économiques successives. Donc maintenant, je vais m'intéresser plutôt à la Corse.
Pour ce qui est de Djouïtche et d'Iginar, on sait justement qu'il a une connaissance du monde méditerranéen, même s'il est plus proche de Gênes, il est même... fait chevalier, me semble. Est-ce qu'il y a eu des contacts avec, justement, Charles d'Anjou ?
Ce qui serait assez logique, on va dire, de par sa puissance en Méditerranée, et le fait aussi qu'il soit à la fois en Sicile et en Provence, la Corse étant au milieu. Alors, on n'a pas de document l'attestant, mais de contact entre les Angevins et Dioudiche. Mais, par contre, on a un passage de la chronique de Giovanni della Grossa. qui est très discutée et qui manifestement atteste d'une connaissance mutuelle, même si la chronique est écrite deux siècles après.
Puisqu'à un moment donné, dans l'histoire de Giovanni della Grossa, Giudice se trouve à Pise et Pise est attaqué par un roi français qui vient prendre possession de l'Italie, qui est le roi Charles, d'ailleurs, qu'il appelle Charles. Alors... Giudice affronte en combat singulier un chevalier français sous les murs de Pise.
La victoire de Giudice fait que l'armée lève le camp et Giudice sauve Pise. Peut-être un petit peu exagéré, mais d'autant que chronologiquement, ça ne colle pas. Enfin, il ne peut pas être là quand Charles d'Anjou est là. Mais manifestement, ça atteste déjà du prestige des Angevins, puisque Giovanni della Grossa, deux siècles après, juge nécessaire d'intégrer et de rattacher son héros fondateur qui est Giudice avec la geste des Angevins en Italie. Et il est tout à fait probable, effectivement, que Giudice ait pu participer en tant que noble au service.
de pisse, de gêne, enfin des combats au moment où les Angevins prennent le contrôle de l'Italie. Mais au-delà, on n'a pas de documents certains, la chancellerie Angevine ne nous informe pas qu'il y a des contacts avec la Corse. Ce qui laisse supposer qu'il y a pu y avoir des contacts, c'est que Charles d'Anjou, comme avant lui d'ailleurs Frédéric II, cherche à constituer un royaume en Sardaigne pour son fils. Pour Philippe de Tarente, pour Charles d'Anjou et pour Enzo.
Frédéric II. Et il est très probable que le royaume de Sardaigne ait aussi potentiellement intégré la Corse. Là aussi, on ne sait pas trop.
Ce qui les intéresse surtout, c'est la Sardaigne. Mais des documents connexes laissent supposer que les Corses sont aussi dans le jeu et s'intéressent à ces espèces de suzerainetés extérieures qui, par ricochet, remonteraient en Corse. Pour l'instant, on n'a pas des preuves exactes.
Mais qu'il y ait eu des contacts entre la féodalité corse et les Angevins, oui, forcément, puisque Giudice a envoyé une lettre au roi d'Aragon pour être sacré chevalier par le roi, lui, ça ne le gêne pas de se faire reconnaître chevalier par plein de gens. Donc, s'il a pris contact avec le roi d'Aragon, en tant que gibelin, il... Du moins, peut-être a-t-il eu des contacts, alors des contacts plutôt hostiles avec Charles d'Anjou, qui lui est guelph. Parce que, autant qu'on puisse le déterminer, Djoudic et le parti qui le suit, le parti de seigneur qui le suit, seraient plutôt des pro-giblins. Si tant est que ça veut dire quelque chose dans l'espace corse, mais...
Là aussi, c'est une piste de travail. Donc, si on trouve des documents, on vous dira ça. Est-ce qu'on peut dire qu'au moment où en Corse, chaque seigneur, chaque localité, je dirais, se proclame soit du côté pisan, aragonais, génois. Mais en fait, est-ce qu'on ne peut pas dire qu'à ce moment-là, personne ne dirige la Corse ?
C'est les Corses qui localement dirigent la Corse. Il n'y a pas de la Corse, telle partie est pisane, telle partie est génoise, telle partie est... aragonaises, en fait localement personne ne la dirige, c'est les seigneurs locaux qui dirigent localement le territoire.
Est-ce que c'est correct de dire ça ou est-ce que c'est un peu extrapolé ? Alors oui, c'est correct, on peut dire que au-delà de ces dédominations étrangères qui sont réelles, c'est-à-dire qu'il ne faut pas non plus nier le fait qu'il y a des seigneurs qui sont sous l'autorité de Pise, qui sont sous l'autorité de Gênes et le fait d'être de l'un ou de l'autre conditionne en partie le le comportement de ces seigneurs et éventuellement des liens commerciaux, des alliances, des liens diplomatiques à l'échelle des seigneurs, voire dans le pire des cas, des expéditions militaires qui vont concerner certains territoires ou d'autres, c'est-à-dire que des pisans ou des génois qui débarqueraient pour remettre un peu d'ordre ou pour s'en prendre aux adversaires. Pour autant, la réalité du pouvoir, jusqu'à l'arrivée de l'office de Saint-Georges, on va dire, ou alors à des moments très précis dans lesquels il y a une expédition. militaire et il y a une présence vraiment directe des génois ou des pisans dans l'île mais sur le temps long dans le dans la normalité de la société corse des 13e 14e 15e siècle la réalité du pouvoir c'est les seigneurs c'est à dire les gens ont à voir avant tout avec leur seigneur et le seigneur lui il est selon ses intérêts ou selon ses fidélités parce que pas non plus partisans de gêne ou partisans de partisans de piste mais oui c'est la réalité du pouvoir ce sont ce sont des seigneurs. Sauf à des moments particuliers.
On a vu du coup que le royaume d'Aragon, de par son extention méditerranéenne et ses politiques méditerranéennes, était des commerçants. J'aurais voulu savoir si en Corse, on a une attestation de ce commerce et s'il est vraiment important dans la vie insulaire. Et autre question ensuite, c'est au niveau du patrimoine. Comment on peut faire ressortir ce patrimoine catalan ?
Est-ce qu'on a des... des traces architecturales, par exemple, dans certaines églises ou ailleurs ? Alors, concernant les liens commerciaux, on manque de sources. Il y a énormément de sources disponibles à Barcelone, les archives commerciales qui se trouvent, mais elles n'ont pas été exploitées. Donc, il y a probablement des liens, mais on ne peut pas les sourcer pour l'instant.
Ce qu'on peut voir, mais à l'inverse, ça c'est les archéologues qui travaillent là-dessus, qui travaillent en particulier sur les découvertes de céramique sur les sites corses, c'est qu'on trouve de la... de la céramique venant soit de Valence, soit d'Espagne, enfin on va dire des circuits commerciaux catalans en Corse. Maintenant, c'est un vrai faux indice. C'est-à-dire qu'ils ont pu être amenés par tout autre marchand qu'un marchand catalan.
Donc ce serait à préciser, mais effectivement, il y a présence dans les circuits commerciaux de produits qui viennent de la zone catalane, de la Couronne d'Aragon. Par contre, on s'appelle... on aperçoit très nettement qu'à partir du XVème siècle, ces produits se raréfient et il y a une montée en puissance des produits italiens et en particulier des produits originaires de la zone d'influence de Gênes. Donc ça c'est une belle découverte que font les archéologues actuellement, ils travaillent pas mal dessus.
Et comme quoi les découvertes archéologiques démontrent que progressivement, c'est Gênes qui prend le contrôle des circuits commerciaux, enfin Gênes et on va dire l'espace italien est particulièrement Gênes. qui prend le contrôle des circuits commerciaux qui relient la Corse au continent, quel que soit le continent concerné. Mais c'est un beau champ d'études.
Mais là, il faut rentrer dans les archives catalanes et aller voir s'il y a des marchands qui venaient, etc. C'est peut-être pas... spectaculaire mais ça a probablement existé oui concernant les concernant des traces architectural ou artistique de la présence catalan en corse comme il n'y a pas eu vraiment de présence c'est difficile de le dire on cite souvent l'exemple le chef d'oeuvre qui est le maître de castelzard donc le tableau le retable du maître de castelzard qui se trouve au couvent de saint lucie de talan donc le maître de castelzard comme son nom l'indiqué vient de castelzard où il est de l'école Sardo-Aragonaise. Et donc on voit qu'il y a des liens. Un seigneur comme Rinuccio della Rocca peut faire l'acquisition de ce genre de tableau.
On avait aussi noté que le clocher de Bonifacio, le clocher de l'église de Bonifacio, de l'église Sainte-Marie de Bonifacio, a des influences qui sont manifestement des influences qui viennent de Sardaigne et donc d'une influence d'un art lui-même sardo-catalan. Mais on n'a pas en Corse... on n'a pas en Corse de traces architecturales équivalentes à celles de la Sardaigne, tout simplement parce qu'il n'y a pas eu de pouvoir réel catalan qui se soit installé en Corse.
Et le temps du règne de Vincente Lodistre, il est quand même resté une quinzaine d'années, mais il ne s'est pas lancé dans ce genre de réalisation, donc on les a perdus. Le château de Corté, lui, il n'a rien de catalan, de spécifique. Et l'escalier du roi d'Aragon, le fameux, lui, il n'est pas du roi d'Aragon.
Donc non, on n'a pas ça.