Bonjour à tous, on va poursuivre le cours de philosophie morale avec l'impératif catégorique d'Emmanuel Kant. Donc, selon lui, il existe des devoirs absolus, c'est-à-dire qui tirent leur valeur d'eux-mêmes. Ils ne dépendent que d'eux-mêmes pour exister. C'est pour ça qu'on dit qu'ils sont absolus. Et agir moralement, ce serait justement agir par respect de ces devoirs absolus.
Alors Kant, ce n'est pas le premier à postuler l'idée qu'il existerait des devoirs absolus. C'est même très ancien, on retrouve ça par exemple dans la Bible, on retrouve ça dans tout le monde. toutes les religions, il y aurait l'idée que Dieu, il a donné des règles morales, ne pas tuer, ne pas mentir, ne pas convoiter la femme du voisin, etc. Et que si je ne respecte pas ces règles, eh bien, quelque part, c'est à Dieu que je désobéis.
Alors bon, ça marche très bien, évidemment, ça fait très peur, alors surtout si vous croyez en Dieu, là, effectivement, vous dites, oh, l'attention. En revanche, si vous ne croyez pas en Dieu, du coup, vous vous en foutez complètement. Et puis, en termes de fondement, ça implique...
pour nous, si on veut vraiment fonder la morale, de démontrer l'existence de Dieu, ce qui va être relativement compliqué à faire très rapidement. Donc du coup, on va plutôt s'intéresser à la perspective kantienne, parce que même si lui il postule le devoir absolu, ce n'est pas parce que Dieu existe que Dieu nous dit « voilà, commençons le bien, là où est le bien, là où est le mal » . Lui pense que c'est dans la raison elle-même qu'on va trouver ses devoirs absolus. Donc si je respecte les devoirs absolus, du coup je respecte ma raison et puis je respecte la morale. Alors, il va faire très vite une distinction, parce que quand on dit qu'on doit faire son devoir, c'est qu'il y a des impératifs.
Mais Kant, il va distinguer plusieurs impératifs. Il va distinguer d'abord les impératifs hypothétiques, qui visent le bonheur, et puis les impératifs catégoriques, qui eux, visent le bien moral. Donc c'est très différent. Les impératifs hypothétiques, ils sont conditionnels.
Ils sont conditionnels, ils sont relatifs et ils sont particuliers. Alors pourquoi est-ce qu'ils sont conditionnels ? Mais parce qu'ils sont soumis à des conditions. C'est-à-dire que ce sont des impératifs qu'on va réaliser parce qu'il y a une condition qui va exiger qu'on le fasse.
Par exemple, si vous voulez vider votre lave-vaisselle, c'est parce que vous devez mettre la table, vous devez le ré-remplir. Donc vous allez vider le lave-vaisselle pour mettre la table. Donc c'est à la condition de mettre la table que vous devez vider le lave-vaisselle. Vous ne videz pas le lave-vaisselle juste pour le... plaisir ou juste parce que ce serait une espèce d'obligation morale, pas du tout.
Ça a de valeur que par rapport au fait que vous avez besoin de le faire. Bon, ils sont relatifs donc puisqu'ils dépendent d'une autre fin que de même, ils dépendent d'autre chose que de même, voilà. Et puis ils sont particuliers parce que si par exemple vous voulez être médecin, ben voilà, c'est un impératif pour vous que de faire une terminale scientifique pour pouvoir réaliser médecine dans les meilleures conditions, eh bien ça dépend que de vous.
Si vous voulez être professeur de littérature, alors dans ce cas-là, il aurait fallu plutôt que vous fassiez, l'impératif était plutôt de faire une série littéraire. Donc les impératifs du coup ils sont particuliers, ils dépendent de vos désirs, de ce que vous imaginez pouvoir être source de bonheur pour vous. Alors vous l'imaginez seulement parce que si vous vous trompez complètement, c'est pas être médecin qui vous rendra heureux, c'est toute autre chose.
Mais on sait pas exactement quels sont les ingrédients du bonheur, c'est un idéal de l'imagination dit Kant, c'est à dire que le contenu n'est pas déterminé clairement. Et donc on essaye plus ou moins d'agir en fonction de votre bonheur et donc ça nous donne des impératifs, des obligations, des impératifs qui sont hypothétiques parce qu'ils sont donc conditionnels, particuliers, relatifs. Au contraire, les impératifs catégoriques, eux, ils sont absolus.
Ils sont absolus, ils ne dépendent de rien d'autre que d'eux-mêmes. Ils ne sont pas conditionnés, c'est sans condition. Et puis, ils sont valables pour tous. Par exemple, ne pas mentir, c'est valable pour tout le monde.
C'est une loi morale, l'impératif catégorique. Ne pas mentir, c'est valable pour tout le monde, c'est valable en tout lieu, en tout temps. Enfin, c'est pas soumis à des conditions. Et puis, c'est pas relatif, d'accord ?
Ah ! Alors, pour savoir quels sont ses impératifs catégoriques, Kant va nous expliquer ce qu'il va les formuler, ses impératifs catégoriques. Mais en même temps, il le dit lui-même, un enfant de 5 ans sait très bien quels sont ses devoirs. Tout le monde sait quels sont ses devoirs moraux.
Par exemple, il dit à un enfant, il sait très bien qu'il ne doit pas mentir, qu'il ne doit pas voler, qu'il ne doit pas tuer, etc. Il le sait de lui-même, la raison lui ordonne de façon très simple. Et si vous avez un doute, à la limite, vous pourriez vérifier si ça correspond bien à ce que dit Kant, à savoir...
On va trouver une première formulation ici de l'impératif catégorique. « Agis toujours de telle sorte que la maxime de ton action puisse être érigée en loi universelle pour l'humanité. » Cette formulation de l'impératif catégorique... Elle dit que la maxime de ton action, c'est-à-dire le principe sur lequel se fonde ton action.
Par exemple, si tu mens à ta femme parce que tu l'as trompée. Bon, le principe ici, c'est que c'est le mensonge. Donc, est-ce que tu peux vouloir le mensonge pour tout le monde ?
La cante dit non, parce que ça n'a pas de sens. Ça n'a pas de sens parce que si tout le monde ment, eh bien, d'une certaine façon, personne ne croit personne, et du coup, personne ne peut mentir. Donc, il y a une contradiction. Le mensonge se détruirait de lui-même si jamais il était érigé en loi universelle pour l'humanité. Donc, je ne peux pas le vouloir parce que c'est con, en fait, parce que ce n'est pas logique.
parce que c'est pas possible, c'est contradictoire, vous voyez. Alors, si vous, vous vous dites, non, mais on va pas mentir parce que les conséquences sont mauvaises, donc on va faire une règle, c'est que ne pas mentir parce que, en général, ça n'apporte que du mal, ici, vous seriez pas dans l'impératif catégorie, puisque vous feriez de l'impératif catégorique un impératif hypothétique, puisque ce sont ici, du coup, les conditions, pardon, les conséquences du mensonge que vous craignez. Mais c'est le mensonge en lui-même qui est à redouter, nous dit Kant.
Voilà. Alors, on va trouver une deuxième formulation de l'impératif catégorique de Kant, qui dit qu'il faut toujours agir, évidemment, en considérant autrui comme une fin, et jamais simplement comme un moyen. Jamais simplement comme un moyen.
Alors, cette deuxième formulation, en fait, ne veut pas dire que c'est un autre impératif catégorique. C'est la même chose. C'est le même impératif, seulement il s'exprime différemment ici.
Si vous dites ça, vous dites que vous devez toujours considérer autrui comme une fin, c'est-à-dire comme quelqu'un qui a la possibilité de se donner à lui-même ses propres fins. Autrement dit... Un être qui aurait une liberté, une capacité à se définir.
Et Kant nous dit justement que s'il existe des lois morales, c'est parce qu'il existe des sujets moraux. Et il existe des sujets moraux parce qu'il y a des sujets qui sont capables d'agir moralement. Les êtres rationnels, comme vous et moi, qui sommes capables d'agir moralement.
Et du coup, autrui est un être rationnel qui peut agir moralement, et du coup qui m'oblige, il devient un centre d'obligation pour moi, c'est-à-dire que je dois le respecter, parce que justement lui aussi a cette capacité de me respecter, et que donc il a une dignité. Kant distingue, il dit, il y a des choses qui ont de la valeur, il y a des choses qui ont du prix, il y a des choses qui ont une dignité. Alors donc, votre voiture, elle a un prix, elle a un prix d'ailleurs économique, le vase que vous a donné votre grand-mère, il a un prix de sentiment, dit Kant. En revanche, votre grand-mère, elle, elle n'a pas de prix, elle a une dignité. Cette dignité, elle vient du fait que justement, c'est un individu, votre grand-mère, un être rationnel.
qui peut être justement un sujet moral. Et à partir de là, vous devez le respecter en tant que sujet moral, et elle-même aussi, évidemment. Et du coup, vous ne pouvez pas la traiter comme un moyen.
C'est-à-dire, ce n'est pas un objet. On peut déplacer une chaise, on ne peut pas déplacer sa grand-mère. Sauf si la grand-mère, elle est dans une chaise qui se pousse là. On ne peut pas déplacer un individu comme on déplace un être humain, tout simplement parce que ce n'est pas un objet. De la même façon, vous ne pouvez pas réduire et truire l'esclavage.
Il peut travailler pour vous, via le salariat par exemple, parce qu'il donne son assentiment. Vous respectez sa liberté, vous respectez qu'il ait une fin en soi, en lui proposant de travailler pour vous, il accepte ou il n'accepte pas. S'il l'accepte, il devient moyen, mais il reste toujours une fin puisqu'il l'a accepté.
Donc d'une certaine façon, ce qui est intéressant avec aussi la morale kantienne, c'est qu'elle reconnaît la liberté humaine. Non seulement de celui que vous respectez en tant qu'individu qui a une dignité, mais y compris de vous-même. Parce que ce que dit Kant, c'est que quand vous...
Vous vous cédez par exemple à des pulsions, à des passions, vous trompez votre femme par exemple avec Pen Up Cruise. On peut le comprendre, vous vous êtes laissé emballé, vos sentiments, les mobiles sensibles vont prendre le dessus sur la raison. Mais vous n'êtes pas à ce moment-là plus libre, vous avez juste cédé d'une certaine façon à vos impulsions, vous n'êtes pas plus libre. Rappelons-nous d'ailleurs de Rousseau qui disait qu'être libre c'est obéir à la loi que l'on s'est soi-même prescrite.
Kant, quelque part, il vous dit ça, il vous dit « Vous êtes bien plus libre quand vous obéissez à la loi morale, c'est-à-dire qui provient de votre raison, plutôt que quand vous cédez à vos passions, à vos désirs, qui sont ressentis de façon passive. » Donc, pour conclure sur cette idée, respecter les devoirs absolus, c'est respecter sa propre raison, c'est agir librement, de façon indépendante, de mobile, sensible, d'accord ? Et c'est donc à la fois respecter l'autre et se respecter soi-même en tant qu'être libre et rationnel.