Bienvenue dans un monde où votre corps va être réinventé. Laissez-vous faire, la science s'occupe de tout. Vous voulez une nouvelle paire de jambes ?
Vous souhaitez être plus fort, plus rapide, plus intelligent ? Pas de problème. Grâce au dernier... nanotechnologies et nouvelles avancées de la robotique vos capacités seront décuplées pour votre descendance choisissez vos options comme celle d'une voiture un enfant de sexe masculin brun aux yeux verts avec le QI d'Einstein Pas de soucis, tous vos gènes sont sous contrôle et soigneusement réorganisés dans des tubes à essai. Dorénavant, le hasard n'a plus sa place sur Terre.
Grâce aux stimulateurs cérébraux, aux puces électroniques sous votre peau et autres prothèses bioniques directement implantées dans le squelette, voici l'ère de l'humain augmenté. Fini les temps archaïques de l'homo sapiens tributaire de Dame Nature. Infrarouge est fier de vous présenter aujourd'hui, pour le meilleur et pour le pire, un homme presque parfait. Parfait. Un cyber-documentaire signé Cécile Dangean.
À suivre tout de suite. C'est un rêve vieux comme le monde, un fantasme qui n'était pas censé se réaliser un jour. Devenir plus beau, plus fort, plus intelligent, repousser les limites de la condition humaine. Aujourd'hui, les progrès de la science nous donnent les moyens de tutoyer ce rêve.
Nous avons toujours voulu être immortels, avoir toutes sortes de super pouvoirs. Mais aujourd'hui, cela devient vraiment plausible. Pour la première fois de notre histoire, nous avons la possibilité de modifier radicalement ce que seront nos enfants et nos petits-enfants.
Nous sommes la première espèce à prendre le contrôle de notre propre évolution. Pas dans un futur lointain de science-fiction, mais là, maintenant, sous nos yeux. Robotique, intelligence artificielle, nanotechnologie, génétique, ces nouvelles technologies nous promettent de réaliser un vieux fantasme, améliorer l'homme.
Nous voulons manipuler, nous voulons modifier, nous apprenons à nous changer nous-mêmes. En essayant de nous améliorer, allons-nous faire de nous des monstres ? Voyage à la recherche de cet homme du futur, hybride mi-homme mi-machine, humain génétiquement modifié, un homme presque parfait. Nous partons à Vienne, en Autriche, pour rencontrer Christian, le premier homme bionique d'Europe.
En 2005, victime d'un choc électrique de 20 000 volts, Christian doit se faire amputer des deux bras. Il décide de participer au programme de recherche du laboratoire de prothèse Autobock. Comment va ton bras depuis la dernière fois ?
Il fonctionne très bien. Parfait. Sans problème.
Il faudra cinq ans à une petite équipe pour mettre au point cette prothèse totalement inédite. Aujourd'hui, grâce à une puce capable d'effectuer plus de 500 millions de calculs à la seconde, le cerveau de Christian commande un bras à la fois artificiel et intelligent. Les signaux qui se forment dans le cerveau de Christian sont acheminés par les nerfs conducteurs jusqu'à la surface de la poitrine.
Là, ils sont saisis par des capteurs ultrasensibles qui transforment ces signaux en signaux de commande pour la prothèse. Ces machines intégrées sont le premier pas vers le cyborg. Cet être robotisé, aux performances améliorées, qui hante l'imaginaire de la science-fiction depuis les années 60. Christian lui-même espère que ses bras artificiels lui donneront bientôt... Quelques super pouvoirs. Je me réjouis déjà de pouvoir être un jour beaucoup plus fort, de porter des poids très lourds, comme Schwarzenegger dans Terminator.
Tout cela va être possible à l'avenir. J'ai hâte de voir ça. Sans la puissance de l'armée américaine, les prothèses intelligentes de Christian n'auraient peut-être jamais vu le jour. Son ambitieux programme intitulé Revolutionizing Prosthetics est une conséquence directe des guerres menées par les États-Unis en Irak et en Afghanistan.
Les militaires de retour du front, amputés des bras ou des jambes, se comptent aujourd'hui par centaines. L'objectif avoué est de leur permettre de retrouver leurs membres perdus. mais aussi de mettre au point des super soldats aux performances augmentées. Pour l'instant, les soldats doivent se contenter de cet exosquelette qui s'appelle Hulk, en référence à ce super-héros vert à la force surhumaine inventé dans les années 60. Cette structure robotique motorisée en titane permet aux soldats de porter 90 kg sans le moindre effort. Les soldats américains l'enfilent comme une armure pour combattre dans les montagnes afghanes.
L'armée est en règle générale le ferment essentiel des développements technoscientifiques. On peut dire que si on est naïf, qu'il s'agit là d'une espèce de... de philanthropie formidable.
Cela étant, si on est un peu moins naïf, on s'aperçoit que la limite entre ce qui soigne et ce qui augmente est perdue de plus en plus de vue. Et tout ce qui est mobilisé pour soigner, pour soulager la souffrance, est mis immédiatement au service d'un projet consistant à augmenter, à transformer, à remodeler et finalement à faire advenir autre chose que de l'humain. Caranata numéro 1, Roger, contact BDSI, contact soupape comme à l'heure 7, fermez les gaz.
Steve Austin, astronaute, un homme tout juste vivant. Je me souviens du début de cette série quand... Quand il disait Nous pouvons le reconstruire mon cœur battait.
Je me disais Yes ! Nous sommes capables de donner naissance au premier homme bio-ionique. Steve Austin deviendra cet homme. Il sera supérieur à ce qu'il était avant l'accident.
Le plus fort, le plus rapide, en un mot, le meilleur. Si vous m'aviez demandé quand j'avais 13 ans si je voulais des jambes en chair et en os, j'aurais dit oui absolument. Aujourd'hui, je ne sais pas. Les chevilles de mes prothèses ne sont pas celles dont j'aurais hérité génétiquement.
J'en suis sûre, elles sont bien mieux. Des pieds pédicurés en permanence ? C'est un gros plus.
Pas besoin de me raser ou de m'épiler, c'est fantastique. Cela aurait été de la science-fiction il y a 20 ans. Et maintenant, on y est. Athlète de haut niveau, mannequin pour Alexander McQueen, comédienne, Amy Mullins a été admise dans le club très sélect des 50 plus belles femmes du monde. Amputée des deux jambes à l'âge d'un an, elle s'est fabriquée autour de son handicap qui fait d'elle une femme.
pas comme les autres avec elle les prothèses sortent du domaine thérapeutique et font leur entrée dans la cosmétique les gens disent la pauvre elle n'a pas de jambes mais si j'ai douze paires de jambes j'ai une pièce entière pleine de jambes m A en croire Amy, nous irons bientôt faire les boutiques pour nous acheter des paires de jambes mieux que nature et conformes à celles que nous vendent déjà les magazines. Nous aurons des membres sous garantie, avec option. Comme toutes les prothèses que nous utilisons déjà, en avoir vraiment conscience nous sommes déjà dans l'ère de l'augmentation nous avons tous des prothèses ce sont nos téléphones portables nos ordinateurs Nous ne faisons plus rien sans tout ça.
Je ne sais pas si c'est vrai ou pas, mais il est probable que Pamela Anderson ait autant, si ce n'est plus, de prothèses que moi dans son corps. Et personne ne la traite d'handicapée. Jamais. La bonne nouvelle, c'est que plus personne ne me traite d'handicapée non plus.
Un jour, je suis allée à une fête très chic. Il y avait une fille qui me connaissait depuis des années avec ma taille normale. Elle est restée bouche bée. Qu'est-ce que t'es grande !
J'ai dit Je sais, c'était marrant, un peu comme porter des talons sur des talons. Mais ça m'amusait. Elle m'a dit Amy, c'est pas juste.
Et le truc dingue, c'est qu'elle le pensait. C'est pas juste que tu puisses changer de taille comme tu le souhaites. Que quelqu'un puisse envier le fait que j'ai des prothèses aujourd'hui. C'est un concept totalement nouveau.
L'amputation volontaire, je pense que ça arrivera. Sûrement dans le monde du sport. Les athlètes feront n'importe quoi pour avoir les meilleurs avantages possibles. C'était un ennemi pour jouer au waterpolo.
Ils m'ont dit que je ne ferais jamais le team. Et un homme sans pieds ne peut pas courir. Qu'est-ce que vous voulez me dire ?
Amy Mullins et Oscar Pistorius sont les pionniers d'une ère nouvelle. Une ère où un homme diminué devient un homme augmenté. Un jour, dans les milieux les plus compétitifs, les mannequins, les sportifs de haut niveau ou les militaires seront amenés à remplacer leurs bras, leurs oeils ou une partie de leur cerveau par un organe artificiel plus beau ou plus performant.
Maintenant, les technologies que nous développons sont dirigées vers l'intérieur de notre corps. Il ne s'agit plus de modifier notre environnement, mais de nous modifier nous-mêmes. C'est l'une des cinq ou six plus grandes révolutions de ces dernières dix mille années, selon comment on compte la naissance de Jésus-Christ. C'est un pas aussi important que la sédentarisation.
Nous avons eu l'avènement de la conscience, l'ère industrielle, l'ère de l'information, C'est un énorme défi. La question est de savoir comment nous allons rester humains au milieu de tout ça. L'évolution de nos technologies s'accélère de manière exponentielle.
À Grenoble, des chercheurs ont mis au point un procédé révolutionnaire implanté au cœur du cerveau. Mécanicien d'un nouvel homme hybride, le professeur Benhabid a créé le premier stimulateur cérébral. Des micro-électrodes implantées profondément dans le cerveau en modifient le fonctionnement.
En s'attaquant au cerveau, Une science de plus en plus invasive pénètre au plus intime de l'humain. Alors sur cette vidéo on voit un malade parkinsonien à stade préopératoire qui en est en train de faire des tests pour montrer à quel point il est handicapé. Il n'est pas capable de tenir debout tout seul.
Le voici après l'intervention, mais le stimulateur n'est pas en marche. On voit que la main droite tremble. Mon collègue vient mettre en marche le stimulateur et on va voir que ce tremblement de la main droite va s'arrêter immédiatement. On est en train de mettre en marche son stimulateur de l'autre côté.
Et à ce moment-là, le malade se débloque, il va bouger ses jambes, il va remettre ses mains en place, il relève la tête, il marche tout à fait normalement, il balance les bras, ce que ne font pas les parkinsoniens, il fait un pas de valse pour montrer à quel point il est agile de ses jambes. Le fait d'arrêter le simulateur vous ramène dans l'horreur identique, et quand on redémarre à nouveau, le miracle survient. Même si ces résultats extraordinaires restent à être confirmés dans la durée, cet implant a fait le tour du monde. 40 000 personnes en sont déjà équipées. La zone à stimuler est minuscule, de la taille d'un grain de riz, et les réglages sont effectués à cerveau ouvert sur les patients pendant une opération qui dure une dizaine d'heures.
Le principe de la stimulation est le même que le principe de la stimulation. La stimulation profonde consiste à envoyer des ondes haute fréquence dans les zones du cerveau qui dysfonctionnent, soit pour les activer, soit pour les inhiber. La stimulation fait disparaître les symptômes de la maladie, mais ne la guérit pas.
Finalement, nos systèmes neuronaux, ils ont toujours la même façon de ne pas aller bien. Ils se mettent à balbutier, à bégayer. Et la stimulation, tout ce qu'elle sait faire, c'est de venir secouer un petit peu tout ça et empêcher que ce bégayement persiste.
C'est exactement comme un brouillage radio. Alors à partir de ça, je ne vois pas comment on peut améliorer un fonctionnement normal. Parce que dans le type de stimulation qu'on utilise, on fait quelque chose de relativement grossier.
Grossier peut-être, mais efficace. Peu à peu, les chercheurs trouvent d'autres applications à ce stimulateur. Comme les ondes peuvent y aller.
Pour s'inhiber le désir de manger, il le teste actuellement pour traiter l'obésité. On l'utilise déjà pour soigner certaines dépressions graves ou des troubles obsessionnels compulsifs. Des électrodes peuvent désormais corriger notre comportement, normaliser nos intentions, modifier nos humeurs.
Et la preuve est faite qu'on peut implanter au cœur du cerveau une interface homme-machine. Victime de troubles obsessionnels compulsifs sévères résistant à toutes les thérapies traditionnelles, Nathalie a été implantée il y a moins d'un an. Insérée sous la clavicule, ce petit boîtier génère les ondes haute fréquence qui stimulent son cerveau en permanence.
C'est un psychiatre qui en ajuste régulièrement les paramètres. Aujourd'hui, il lui propose de regarder des images qu'il a prises d'elle avant qu'elle ne soit implantée. Donc on va regarder l'enregistrement qui concerne les tentatives de levée de table après votre petit déjeuner.
J'ai bu, je l'ai posé, j'ai toujours malgré tout l'impression de la boire dans la main. Donc il faut que je refasse le mouvement plusieurs fois pour être certaine de ne plus la boire dans la main. 2, 1, 2, il faut que je fasse 6 fois le truc pour pouvoir le poser d'un coup. C'est incroyable quand même. J'avais cette obsession dans ma tête, on me voyait dans mon regard.
Non mais c'est vrai, le docteur c'est drôle, ça c'est horrible. Si je vous donne un verre, est-ce que vous sauriez des difficultés à le prendre, à le rendre ? Non, pas.
Je me sens tout à fait normale, comme avant, comme en 2000, comme les années où j'étais pas malade. Je veux dire, non, non, bien sûr, je me sens pas du tout comme un cyborg. Non, non, non, non, réellement. Viens, on va faire des termes.
Le décryptage du cerveau avance à une vitesse phénoménale. Neurone après neurone, les zones du cerveau délivrent leur mystère. Ces images inédites, ultra-confidentielles, montrent une expérience menée sur un singe avec toutes les précautions d'usage.
Comme il s'agit de décoder les mécanismes de la marche, il a fallu apprendre au singe à marcher sur deux pattes comme un humain. Trois électrodes implantées dans son hypothalamus permettent d'enregistrer son activité neuronale lorsqu'il bouge les jambes. Ailleurs, on décode aussi la mémoire, le langage, le désir. La plupart de ces expériences sont déjà pratiquées sur des cobayes humains. C'est aux États-Unis que les scientifiques sont allés le plus loin.
Des chercheurs de Boston ont entreouvert la porte vers une médecine d'amélioration. Pour sortir ce tétraplégique de son isolement, ils l'ont doté d'une fonction surhumaine, déplacer des objets par la pensée. Cent électrodes aussi fines qu'un cheveu ont été implantées dans son cortex moteur.
Ces électrodes captent les signaux électriques émis par les neurones et les transmettent à un ordinateur. En quelques mois, Matthew Nagel a pu jouer à des jeux vidéo, allumer et éteindre la lumière, zapper sur sa télé, avant que le risque d'infection n'oblige à lui ôter son implant. Je vais ouvrir mon premier mail. Il dit bravo, vous faites un beau boulot. Maintenant je vais allumer la télé.
Elle est allumée. Je vais changer de chaîne. Là, j'ai changé. Je recommence. C'est difficile à traduire avec des mots.
J'utilise mon cerveau, je n'ai qu'à penser les choses. Je n'ai qu'à dire au curseur d'aller en haut à droite et je contrôle tout l'écran. C'est hallucinant.
Nous savons implanter des puces dans le cerveau pour le stimuler et nous savons capter les signaux qu'il émet pour agir. Un ordinateur directement embarqué dans le cerveau sera-t-il la prochaine étape ? Peut-on mettre un boîtier, un disque dur à l'intérieur du crâne pour enregistrer des informations et par exemple augmenter la mémoire ? Alors la réponse est oui et non. Oui, on sait mettre dans le crâne des boîtiers électroniques comportant des éléments pourvu qu'ils soient suffisamment petits.
Maintenant, est-ce que les informations qu'on acquiert sur ce disque dur... C'est une mémoire additionnelle, comme un disque dur externe, que je peux ensuite rebrancher. La réponse est non.
Pourquoi c'est non ? Parce que je ne sais pas où la rebrancher. Un simple problème de câblage nous séparerait d'un homme à la mémoire augmentée. Certains scientifiques prétendent que ce problème pourrait être résolu d'ici 5 à 10 ans.
Je sais que ça paraît fou, mais les fondateurs de Google parlent déjà sérieusement d'avoir Google directement dans le cerveau, avec un implant. La première fois qu'ils en ont parlé, on a pensé qu'ils plaisantaient. Mais non, ils sont sérieux. Un jour peut-être, nous serons aussi démunis sans un plan que nous le sommes aujourd'hui sans téléphone portable. Nos futurs employeurs exigeront de nous des cerveaux équipés des meilleurs logiciels.
En Europe, l'idée fait peur, mais de l'autre côté de la... l'Atlantique, la question ne se pose déjà plus. La question n'est pas de savoir si, mais comment et quand. Nous connectons déjà des neurones humains à des puces d'ordinateur.
Nous mettons déjà des implants dans les cerveaux humains. et nous améliorons tout ça à un rythme de croissance exponentiel. Il y a tellement d'argent à se faire que les capitaux vont affluer à un rythme très rapide et cela va jeter de l'huile sur le feu. Les améliorations vont aller de plus en plus vite.
Et lorsque cela arrivera quelque part dans le monde, les gens qui seront améliorés seront tellement avantagés que chacun se dira Est-ce que moi aussi je peux avoir ça ? Comme tous les transhumanistes, Rod prépare l'évolution des plus riches d'entre nous vers une espèce humaine technologiquement augmentée qui succédera à l'homo sapiens. Aujourd'hui c'est facile de distinguer l'humain de la machine, mais ça va vite devenir très flou. Vous allez commencer par des implants visuels et auditifs, Ensuite, vous allez avoir votre crise de la quarantaine, et au lieu d'acheter une voiture de sport, vous allez vous offrir un cœur d'athlète pour avoir de meilleures performances sportives. Ça va commencer comme ça, par de petites améliorations.
améliorations. Et soudain, vous allez réaliser que vous êtes devenu plus artificiel que naturel. On ne peut plus tracer une frontière bien définie entre l'humain et la machine. Nous allons évoluer et nous allons changer ce qui nous sert à nous relier au monde, c'est-à-dire notre corps. Et c'est une bonne chose, c'est l'évolution.
C'est simplement l'évolution artificielle. On enseigne ici à la crème des étudiants du monde que l'homme est une machine dont nous pourrons bientôt changer indéfiniment. définiment les pièces et que la mort est une maladie dont nos enfants guériront. Alors que nous comprenons ce qu'est le vieillissant, nous réalisons que c'est une calamité, une maladie. Petit à petit, nous considérons que ce que nous pensions inéluctable peut devenir un choix.
Certains ne le feront pas, très bien, personne n'y sera obligé. Mais ceux qui seront partants, qui vivront plus longtemps, qui réussiront mieux dans la vie, vont, comme Darwin l'a démontré, prendre le pas et remplacer ceux qui ont refusé de changer. Nous passons d'une période d'évolution par sélection naturelle à une évolution dirigée de manière intelligente.
Ce qu'il y a de radicalement nouveau, c'est la volonté de l'espèce humaine d'agir sur elle-même, de manière rationnelle, à partir d'un plan. Même si l'évolution a procédé par bricolage, sans plan préétabli justement, lorsque des êtres humains prétendent devenir les ingénieurs de cette histoire, il y a une sorte de démesure qui peut évidemment se retourner contre eux. On est en train de perdre toute naturalité dans notre espèce. Et au fond, la question c'est est-ce que l'espèce humaine, est-ce que les humains se sentent encore en prise avec la nature ou est-ce qu'ils croient qu'ils s'en sont totalement abstraits ?
Pour moi, c'est presque là le danger le plus grand. Si l'espèce humaine se sépare complètement de la nature, je pense qu'elle va à sa perte. À une heure de train de Londres, à l'université de Reading, la Silicon Valley britannique, un professeur de cybernétique en pleine santé a déjà commencé à transformer son propre corps.
Preuve que l'idéologie transhumaniste s'est déjà répandue de ce côté de l'Atlantique. Je ne veux pas rester un simple humain. Je veux pouvoir m'améliorer, devenir un homme augmenté, un cyborg. Oui, c'est ce que j'aimerais être.
La mutation de Kevin a débuté lorsqu'il s'est implanté une puce dans le bras pour commander la domotique de son labo. Il est devenu alors le premier cyborg volontaire au monde. Le premier implant que j'ai eu, c'est cette puce RFID, à identification par fréquence radio, que j'ai choisi d'insérer dans mon bras gauche de façon expérimentale. Elle permet à l'ordinateur de mon bâtiment... de m'identifier en permanence.
Quand je me déplace, les portes s'ouvrent, les lumières s'allument, et quand je passe devant la porte d'entrée, ça fait... Beaucoup d'animaux portent cet implant aujourd'hui, mais j'ai été le premier humain à l'avoir. On pourrait l'utiliser comme un passeport pour les humains.
J'adore être un cyborg. Quelques mois plus tard, Kevin décide d'aller plus loin. Il se fait implanter une deuxième puce dans le bras. Mais cette fois-ci, la puce est connectée directement à son propre système nerveux.
Son objectif ? Commander à distance une main robotisée. Deux heures et quart d'opération extrêmement délicate, endurée avec le sourire et sous l'œil des caméras.
Ça a pris six semaines pour apprendre à mon cerveau à reconnaître les nouvelles impulsions. Pour mesurer la force de ma main robotisée, c'était comme un sens du toucher supplémentaire, un nouveau sens. ...vaux sens que mon cerveau ne connaissait pas encore. Voici Mowgli.
Mowgli est un robot de recherche. Il a des caméras dans les yeux pour voir, des micros pour entendre, des sonars à ultra-violets. un radar dans le nez et des capteurs infrarouges, ici.
Si dans le futur nous pouvons avoir des humains qui n'ont pas 5 sens mais 20 ou plus, nous aurons une bien meilleure compréhension du monde. Voici une casquette de baseball ultrasonique. Elle est connectée à mon système nerveux via mon implant. Elle permet à mon cerveau de détecter les objets alentours grâce à des influx électriques.
Je peux l'utiliser pour me déplacer en détectant les objets. C'est une vraie forme d'amélioration que tout le monde peut avoir. Ce que je vais essayer de faire maintenant, c'est utiliser ceci pour marcher sans heurter quoi que ce soit. Il n'y a rien à droite, ce n'est pas à ma gauche, ce n'est pas à ma droite. C'est en face de moi, c'est la caméra.
Kevin jalouse secrètement les machines. Aujourd'hui, c'est à ce robot extincteur d'incendie qu'il confie son rêve d'un avenir meilleur. Bienvenue.
Tu as été très bien. Tu t'en sors bien mieux que moi, ça c'est sûr. Peut-être que dans le futur, quand nos corps devenus obèses nous empêcheront de nous déplacer, on se baladera dans de petits véhicules comme celui-ci, nos cerveaux contrôlant le monde autour de nous.
Nos corps ne servent qu'à promener nos cerveaux, peut-être à avoir des relations sexuelles ou deux, trois choses comme ça. Mais si nous pouvions nous débarrasser de nos corps, ce serait très utile. On va effectivement avoir deux espèces de corps. distinctes, les augmentés et les ordinaires ou les naturels. Et je sais à quel groupe je veux appartenir.
Je ne veux pas être dans le groupe de ces humains naturels et ennuyeux, aux capacités mentales limitées. Je veux être avec les intellectuels, les humains augmentés. D'une certaine manière, l'humanité est déjà fragmentée entre riches et pauvres qui n'ont pas le même accès à l'éducation, à la culture, aux soins médicaux, à la technologie. Mais ces classes sociales sont aujourd'hui plus ou moins perméables.
Demain, si la technologie est à l'intérieur de nos corps, l'humanité sera fragmentée en castes technologiques infranchissables. Ça pourrait créer... deux catégories, des individus supérieurs améliorés, des individus qui ne le seraient pas. On a parlé d'une fabrication d'un nouveau type de handicap, dans la mesure où c'est les gens normaux qui deviendraient handicapés, par rapport à ceux qui ont eu les moyens de posséder ces améliorations.
Cette perspective d'un monde dominé par certains d'entre nous, drogué, hérissé d'un plan, et possédant le pouvoir de fabriquer l'avenir de notre espèce, a de quoi nous mettre mal à l'aise. C'est quoi un humain supérieur ? Qu'est-ce qu'on va introduire dans l'humain ? Quand on a fait des vaches qui faisaient plus de lait, c'est qu'on voulait plus de lait.
Quand on a fait du maïs qui produisait 150 à l'hectare, c'est qu'on voulait bouffer du maïs. Et qu'est-ce qu'on veut faire de l'humain ? Ça c'est une question qui n'a pas de réponse. C'est vraiment effrayant. Vous regardez plus petit, plus léger, plus léger, plus léger, plus léger.
Et ça fonctionne. Il est très clair que cette volonté de normalisation de la matière humaine de la chair humaine accompagne une volonté de normalisation culturelle. On fait de l'homme compétitif, puisque c'est le mot-clé de notre époque.
Et moi, je suis terrorisé par cette idée-là, qui fait qu'il n'y aura plus rien aux marges, donc il n'y aura plus d'espoir de sortie. Qui fixera la norme de cet homme compétitif, au cerveau infaillible, au corps parfait et sans âge ? Les scientifiques ?
Les politiques ? Les militaires ou les marchands ? Alors que nous tentons de modéliser, standardiser, reproduire à volonté les processus biologiques, l'idéologie technicienne qui voit l'homme comme une machine gagne du terrain. L'application de cette vision industrielle de l'humain commence dès la naissance. Bonsoir, Monsieur le Président.
Comme vous pouvez le voir, les stages de boulot sont complets. Ils sont un voile d'individualité, subservient à notre autorité. Et très fréquemment, Monsieur le Président, ils sont stupides.
Les parfaits clients pour vos banques de demain. C'est celui-là ? J'ai l'impression que celui-là n'a pas tourné comme on l'attendait.
Oscar n'est pas né dans un utérus artificiel. Mais si ce prématuré, né après seulement six mois de grossesse, a pu survivre, c'est parce qu'il a pu passer les derniers mois de sa gestation dans cette couveuse qui remplace le ventre maternel. Demain, si les recherches continuent de progresser, nos bébés naîtront dans une machine. Un utérus artificiel assurera leur fabrication. Est-ce vraiment de la science-fiction ?
Pas tout à fait. Pour Henri Atlan, la fabrication d'un utérus artificiel est la continuité logique des techniques actuelles de procréation médicalement assistées. Les techniques existent déjà, qui permettent la fécondation in vitro, c'est-à-dire les tout premiers jours du développement en dehors du corps d'une femme, au laboratoire, et puis aussi à la fin, pour les grands prématurés.
Donc la question est de comment combler l'écart de 5 mois entre le commencement et la fin. Je ne vous dis pas que c'est facile, je pense pourtant que ça se fera. Nous sommes à Philadelphie, dans l'unité de soins intensifs de la maternité de Temple University.
C'est ici que Thomas Schaeffer a développé une technique permettant la survie des très grands prématurés. Pour cela, il a eu l'idée de leur faire respirer un liquide transportant de l'oxygène. Dans l'utérus, les fœtus grandissent dans un milieu liquide et leurs poumons sont donc remplis de liquide.
Malheureusement, les prématurés sont obligés de passer à la respiration gazeuse trop tôt. Donc, mon idée a été d'introduire un liquide synthétique dans leurs poumons immatures de manière à ce qu'ils ne se rétractent pas. Une fois que les poumons sont développés, on arrête de mettre du liquide à l'intérieur, il s'évapore et le nourrisson commence à respirer de l'air comme n'importe quel enfant.
Même si ce n'était pas sa destination première, le liquide inventé par le Dr Schaeffer a été utilisé pour réaliser la première véritable tentative d'utérus artificiel. A l'université Juntendo de Tokyo, le Dr Kuwabara a retiré prématurément des fœtus de chèvres du ventre de leur mère pour les placer dans un réservoir en plastique. Les chèvres ont atteint le terme de la gestation, mais n'ont vécu que quatre semaines après leur naissance.
Au Cornell Medical College de New York, un professeur d'endocrinologie s'est aventuré encore un peu plus loin dans les arcanes de nos ventres. En recréant de manière artificielle le tout début de la grossesse, Le Dr Liu a commencé à assembler les toutes premières pièces d'une machine à fabriquer les bébés. Hélène Liu a réussi à fabriquer une véritable ébauche utérus artificielle, c'est-à-dire une cavité en plastique recouverte par des cellules endométriales, c'est-à-dire par des cellules d'utérus féminin, et a réussi à faire s'implanter dans cette cavité des embryons humains.
mais qui étaient des embryons pathologiques dont on savait que de toutes les façons ils allaient mourir. Quand elle a publié ses résultats, ça a déclenché de tels scandales qu'elle a été obligée d'arrêter tout ça. Et elle a continué par contre à faire ça sur des souris.
Et elle a quand même réussi aussi à faire se développer dans ces cavités des petits sourisseaux jusqu'à à peu près la moitié de la gestation. Au départ, la scientifique voulait rendre leur fertilité à des femmes dont l'utérus fonctionnait mal. Comme beaucoup de scientifiques, elle pensait pouvoir contrôler la technologie qu'elle était en train de développer.
Mais comment contrôler l'usage d'une telle découverte ? Reproduire, mécaniser et à terme industrialiser un organe qui touche à une fonction aussi profondément humaine que la naissance est un sujet sensible. Trop sensible.
L'idée d'une machine qui puisse remplacer le ventre des femmes a créé une telle polémique qu'elle a reçu des menaces de mort. Il y a eu des débats terribles et elle a pris peur. La question du terrorisme artificiel a été débattue dans des colloques internationaux d'éthique biomédicale, avec les pour et les contre, évidemment.
intéressant parce qu'il y avait pas mal de gens qui étaient pour avec des arguments de toutes sortes paradoxalement des mouvements pro life protestants aux états unis étaient pour parce qu'ils imaginaient que ça permettrait d'éviter des avortements précisément puisque le les enfants non désirés pourraient être transférés dans l'utérus artificiel sans qu'il soit besoin de les avorter On est choqué quand on imagine que le reste artificiel, on oublie que nous sommes déjà embarqués dans ce processus. Et ce processus, c'est la dissociation entre procréation et sexualité. Ça voudra dire que la grande asymétrie qui existe aujourd'hui entre les hommes et les femmes pour ce qui concerne le fait de faire un bébé aura disparu, puisque la femme participera comme l'homme en fournissant une cellule. La femme sera celle qui fournit l'ovule, l'homme celui qui fournit le spermatozoïde, et puis c'est tout. Donc il y aura une symétrie qui n'a jamais existé dans toute l'histoire de l'humanité.
Selon un sondage internet, 55% des internautes ne voient aucun problème éthique à utiliser un utérus artificiel. Leur motivation ? éviter les désagréments de la grossesse et continuer à travailler. Quand il y en aura un, il y aura un marché, puisque ça correspondra au désir de celles qui voudront quand même le faire parce que ce sera plus confortable.
Et en plus, le marché sera suscité par les fabricants, comme c'est déjà le cas actuellement de tout un tas de médicaments dont l'utilisation est suscitée par les compagnies pharmaceutiques et donc qui créent le marché. C'est à Los Angeles qu'un tout nouveau marché a vu le jour. Ici, la fabrication de l'homme parfait commence dès la conception, en sélectionnant le meilleur des embryons. Une nouvelle industrie propose des bébés à la carte, toutes options, garanties à 100%. Mère porteuse sur catalogue, donneur de sperme ultra sélectionné, on vend ici au prix fort le patrimoine génétique de l'enfant parfait.
On peut maintenant choisir le sexe de son enfant et bien d'autres choses encore. Et voilà les incubateurs. Les embryons y sont exactement comme dans le ventre de leur mère. Vous avez combien de bébés là-dedans ?
40 bébés. En France, comme dans la plupart des pays du monde, choisir le sexe de son enfant est illégal. Mais un simple voyage à Los Angeles et quelques milliers de dollars permettent de contourner la loi.
En Chine, tout le monde veut un garçon. Au Canada, on préfère les filles. Au Mexique, les filles aussi.
plutôt les filles que les garçons, mais c'est presque 50-50. Selon les pays, le choix du sexe d'un enfant n'est pas une question anodine. En Chine, où des milliers de filles sont tuées à la naissance, 18 millions d'hommes adultes sont contraints de rester célibataires par manque de femmes en âge de se marier.
S'il était disponible, ce procédé pourrait avoir des effets dévastateurs. Mais heureusement, la question ne se pose pas encore. Pour l'instant, seuls ceux qui peuvent se le payer ont les enfants qu'ils désirent.
La technologie utilisée pour sélectionner les embryons s'appelle le diagnostic préimplantatoire. Ce diagnostic a été inventé pour éviter l'avortement à des couples porteurs de maladies génétiques graves qui ne souhaitent pas mettre au monde un enfant malade. Cette technique, détournée par les mercenaires de la procréation, a aussi permis de créer le marché de l'enfant sur mesure. Elisabeth et Peter sont en parfaite santé et déjà parents de deux enfants. Mais pour le troisième...
pas question de laisser sa chance à la nature. Donc vous êtes intéressé par la sélection du sexe ? Oui. Vous avez déjà deux enfants, en bonne santé, deux garçons ? Oui, on aimerait une petite fille en bonne santé.
Bien. Le procédé que nous utilisons implique une fertilisation in vitro. Le plus ici, c'est que nous avons une super équipe de généticiens qui vont pratiquer une biopédiatrie.
sur les embryons et étudier les caractères génétiques que l'on veut sélectionner. C'est pour les futures mamans. Pour les préparer.
Parce que deux semaines après, elles sont enceintes. Enfin, à 85%. Nous sommes un programme Rolls-Royce. Sur 7000 sélections, aucune erreur. Chacun de nos clients a eu ce qu'il voulait.
Après le gynéco, le conseiller financier. Les marketeurs californiens de la clinique ont tout prévu. Le pack bébé comprend les tarifs négociés sur les hôtels et les avions, avec bien sûr un plan de financement.
Tout compris le bébé de rêve. 24000 euros pour la sélection du sexe par diagnostic préimplantatoire nous avons un package total de 18 1490 dollars taxes comprises les médicaments ne sont jamais inclus dans nos notre pack. Pour ce type de prestations, ils vous coûteront environ 5 000 dollars de plus, mais ça n'a rien à voir avec nos honoraires.
Merci beaucoup. Merci. 30 000 dollars, c'est ce que ça va nous coûter. Et c'est beaucoup, beaucoup d'argent.
Et ça semble fou, une part de nous pense Non, je ne peux pas dépenser autant d'argent. Mais si vous pensez à votre vie entière et le fait que vous allez avoir une fille ou non, et combien vous allez dépenser pour chaque enfant, alors ça vaut peut-être le coup. C'est un prix fabuleux, moins cher qu'une voiture.
En fait, si vous êtes sûr de votre choix, c'est un investissement très raisonnable. Je ne pense pas que ce soit comme acheter une voiture. En un sens, c'est le bien de consommation ultime. C'est quelque chose que nous aurons pour toujours.
Si vous avez l'argent, je ne vois pas le problème. La question pour nous, c'est à quel point nous voulons une fille. Est-ce que nous voulons une fille à 30 000 dollars ?
Si vous payez 12 000 dollars ou plus pour un traitement pour choisir le sexe de votre enfant, quelle sorte de pression cela met-il sur lui ? Et si elle n'était pas une petite fille modèle ? Et s'il ne veut pas jouer au foot avec vous ?
Et si elle ne veut pas porter des robes roses ? Nous allons bientôt pouvoir choisir d'autres options pour nos enfants. Le Dr Steinberg a annoncé récemment qu'il pouvait sélectionner la couleur des yeux des enfants, la couleur de leurs cheveux, celle de leur peau. Immédiatement après cette annonce, la clinique a été inondée de demandes. Mais elle a suscité un tel tollé que l'offre a été retirée du site.
Hors caméra, le docteur avoue qu'on lui demande parfois de sélectionner des embryons qui feront des enfants grands, sportifs ou ayant l'oreille absolue. On ne le saura jamais, ce ne sont pas des informations publiques. personne ne les oblige à dire ce qu'ils testent.
On est à Hollywood. C'est la chirurgie esthétique. Si les gens n'aiment pas leur nez, ils le changent. Est-ce que je suis pour ? Totalement pour.
Si certains veulent une autre couleur d'yeux, je suis d'accord. Est-ce que je le ferais moi ? Oui, probablement.
Mais pas maintenant. C'est trop tôt. C'est incroyable.
C'est une technologie incroyable. Le Dr Steinberg est convaincu que le temps finira par lui donner raison. En Angleterre, des médecins ont déjà accepté d'éliminer les embryons d'un enfant qui aurait risqué de loucher.
L'horreur, elle est liée à l'introduction de la notion de choix rationnel. pour ce qui est d'avoir un enfant. C'est le choix rationnel que je mets en cause, moi.
C'est pas la commercialisation, c'est pas le... etc. C'est pas la technique, c'est le choix rationnel.
L'élimination du hasard, l'anti-hasard, c'est ça que je mets en cause. Il y a deux conditions de possibilité pour que la vie ait un sens. Premièrement, quelle est une fin ? Deuxièmement, qu'elle soit tissée de hasard.
Donc si on veut éliminer la faim et si on veut éliminer le hasard, on élimine tout simplement en même temps le sens de la vie. Et du même coup le sens de la mort et le sens de goût. Maîtriser le hasard de la naissance n'est pas une préoccupation récente. Vers 1870, Francis Galton, le cousin de Charles Darwin, fonde le génisme. Son objet est double, entraver la multiplication des inaptes et améliorer la race en favorisant la reproduction des plus aptes.
Pétri de bonnes intentions, ce mouvement se développe dès le début du XXe siècle. D'abord aux États-Unis, puis en Europe. En 1950, 33 États américains possèdent des lois eugénistes, comme la stérilisation des handicapés, des épileptiques, des malades mentaux, parfois même des alcooliques et des toxicomanes. Ces politiques sont abandonnées lorsque les Américains découvrent l'horreur des camps de concentration nazis.
Aujourd'hui on dispose de techniques qui permettent de faire de l'eugénisme d'une façon beaucoup moins traumatisante qu'avant, puisqu'on ne va pas stériliser les gens, d'une façon qui laisse les individus relativement libres de ce qu'ils décident, et donc toutes les conditions sont mises en place pour qu'on reprenne un eugénisme aussi fou que celui des années 30. Crise économique, besoin de créer des emplois, fascination pour le progrès technologique et mythe de l'homme nouveau, les conditions d'émergence du mouvement eugéniste des années 30 à 50 semblent à nouveau réunies. Mais aujourd'hui, la plupart des médecins considèrent que le tri des embryons est un eugénisme positif parce qu'il n'est pas imposé par un gouvernement, mais librement choisi par chacun. Beaucoup de gens se rassurent en disant que le nouvel eugénisme est libéral, il est librement consenti puisque les individus choisissent eux-mêmes de sélectionner ou non leurs embryons.
Ce qu'il ne faut pas oublier, c'est que, comme c'est montré dans le film Bienvenue à Gataca, eh bien, à partir du moment où les gens commence à choisir, ceux qui ne choisissent pas se retrouvent en difficulté et que donc en fait, on crée une espèce d'obligation de choix. Donc, ce n'est pas aussi vrai que ça en a l'air que les gens peuvent choisir ou non de trier leurs embryons. Si on l'autorise, ça deviendra plus ou moins obligatoire à moyen terme. Vous avez spécifié des yeux azuleux, des cheveux durs et de la peau claire.
J'ai pris la liberté d'évacuer les conditions préjudiciaires, comme la faiblessité, la myopie, l'alcoolisme, la susceptibilité à l'addiction, la propensité à la violence, l'obésité, etc. Nous n'avons pas besoin... Je veux dire, des maladies, oui, mais... C'est vrai, nous nous demandions... Simplement le meilleur de vous.
Vous pouvez concevoir naturellement une mille fois et jamais obtenir un résultat comme celui-là. Bienvenue à Gataca. Ça raconte vraiment comment on peut trier de l'humain pour des missions particulières et trier dans l'œuf.
Et je crois qu'un jour viendra où la société dira à ceux qui n'auront pas voulu choisir leurs enfants, alors vous vous débrouillez avec. Il n'y a pas de raison qu'on vous donne des congés maternités, des allocations familiales. Vous vous débrouillez.
Vous vous débrouillez, vous avez pris un risque, et très vite, il y aura une pression sociale très forte, si ce n'est une obligation, une pression, pour que les gens fassent des enfants utiles, normés, et qui devraient théoriquement être plus heureux que les autres. Je vous demande de bien vouloir accueillir à présent M. Michel Petrucciani.
Ça ne m'étonne pas que la société fasse des enfants à la carte parce qu'aujourd'hui, beaucoup de gens ne sont pas capables d'accepter la différence. C'est vrai que je suis complètement contre choisir des enfants à la carte. Après, moi je pense que c'est quelque chose de bien qu'on trouve des solutions pour des maladies génétiques.
Ça permettrait justement d'éviter à des enfants de souffrir et d'être malades et d'être toute leur vie quelqu'un de différent. Après c'est sûr qu'il y a des génies qui ont été différents et qui grâce à leur différence ont utilisé leur différence pour justement devenir quelque chose d'autre. Quelqu'un qui...
devenir des personnes qui sont extraordinaires, qui surpassent la normale en fait. J'aurais sûrement choisi d'être normal. Si j'avais eu le choix.
Mais je ne suis pas triste d'être comme je suis. Je ne voudrais pas faire subir à mes enfants ce que j'ai subi. Mais il faut être très prudent avec ce que je dis, parce que je ne connais pas encore assez la vie pour dire si, oui ou non, je voudrais un enfant comme moi.
Parce que je sais que mon père a voulu, mais lui connaissait la vie. Plus que moi, je la connais. Il a vécu ce que j'ai vécu et on a tiré les conclusions que je pourrais être son enfant même si j'étais comme je suis. Est-il souhaitable de réaliser ce rêve, vieux comme le monde, de faire de nous des hommes parfaits ?
On ne peut pas refuser aux paralysés de marcher à nouveau, à des parents atteints de maladies rares d'avoir des enfants sains. Mais alors que la médecine qui soigne se transforme en une médecine de sélection et d'amélioration, il est temps de questionner cet homme meilleur. Nous allons fabriquer des corps plus beaux qui nous permettront de vivre beaucoup plus longtemps et des cerveaux qui nous permettront de travailler plus. Mais au bénéfice de qui allons-nous nous infliger ces améliorations ? Pour plaire aux scientifiques qui font des découvertes fabuleuses ?
Parce que nos gouvernements sont prêts à tout pour gagner les emplois de demain. En supprimant le hasard de la vie, nous en éliminons le sens. Le risque ? C'est que la technologie ne nous rend pas meilleurs, mais simplement moins humains.