Dans cette vidéo, nous tenterons de comprendre qu'une croissance économique soutenable se heurte à des limites écologiques. L'épuisement des ressources, la pollution et le réchauffement climatique. Mais que l'innovation peut aider à reculer ces limites ? L'analyse des sources de la croissance nous a conduit jusqu'ici à ne considérer que l'apport du capital, du travail et de la productivité globale des facteurs à celle-ci.
Or, la croissance économique se nourrit également de ressources naturelles disponibles dans notre environnement. Depuis les années 1970, la réflexion ne cesse de se développer autour des apports de ce capital naturel à la croissance économique. C'est la publication du rapport Midos du Club de Rome en 1972 intitulé Les limites à la croissance dans un monde fini qui marque le point de départ de cette prise de conscience. Émerge alors l'idée selon laquelle il pourrait y avoir des limites écologiques à la croissance économique. Tout d'abord l'épuisement des ressources naturelles, mais également la pollution, et enfin le réchauffement climatique.
Si les ressources naturelles sont indispensables à la croissance économique énergie, matières premières, alimentation leur épuisement conduira alors à l'épuisement de la croissance économique. Parmi ces ressources naturelles on peut distinguer les ressources naturelles épuisables qui sont un stock fini de matière. Puser dans ce stock, c'est irrémédiablement l'épuiser.
Par exemple l'or, le charbon, le pétrole, les métaux rares. Mais il y a également des ressources naturelles renouvelables qui, quant à elles, ont une capacité propre de régénération. Leur stock n'est pas fini, il peut se renouveler. C'est le cas des forêts, des ressources halieutiques par exemple. Mais elles sont aussi épuisables si les prélèvements sur les stocks excèdent les capacités de renouvellement de ces ressources.
La pollution génère de nombreuses externalités négatives, c'est-à-dire des coûts qui ne sont pas supportés par les producteurs ou les consommateurs à l'origine de cette pollution. Elle engendre notamment des problèmes de santé qui entraînent des dépenses de soins, des arrêts de travail, des décès prématurés qui ont un coût important pour la société. Or, ce coût n'est pas supporté, ou fort peu, par les personnes qui polluent. Il s'agit donc bien d'une externalité négative. Cette pollution participe également à la réduction de la biodiversité.
D'un point de vue général, cette pollution dégrade notre qualité de vie et si les dépenses de santé contribuent à l'augmentation du PIB, il serait peut-être plus rationnel d'éviter d'avoir à les faire. Cette pollution concerne tout autant les sols, l'eau ou l'air. La croissance économique serait donc moindre si l'on pouvait comptabiliser ce coût que représente la pollution.
Cela réduirait la valeur ajoutée brute marchande, mais également non marchande. Des gaz naturellement présents dans l'atmosphère contribuent à rendre la température de la planète acceptable pour la vie grâce à leur effet de serre. Ils piègent dans l'atmosphère une partie des rayons solaires.
Les activités humaines de production, de consommation, génèrent des gaz, comme le CO2, qui viennent renforcer cet effet de serre. Cela provoque une augmentation des températures moyennes sur la planète. C'est ce que l'on appelle le réchauffement climatique. Tout l'écosystème s'en trouve bouleversé. La fonte des glaces, glaciers, calottes polaires, entraînent la montée du niveau des océans.
Des îles, pays, zones côtières disparaissent. Des phénomènes météo-extrêmes se produisent. Sécheresse, canicule, incendie... tempêtes, inondations, provoquant des dégâts matériels et humains considérables.
La biodiversité se réduit. De nombreuses espèces d'animaux, mais aussi de végétaux, disparaissent. De nombreux économistes s'accordent à dire aujourd'hui que si l'on poursuit dans cette voie, non seulement la croissance économique mondiale sera grandement amputée d'ici la fin du siècle, mais également que les dégâts occasionnés par ce réchauffement climatique représenteront des sommes... considérable, sans commune mesure, avec le coût que peut représenter une politique de transition écologique qui se ferait suffisamment ambitieuse pour limiter ce réchauffement.
Compte tenu de tous ces phénomènes, pourra-t-on continuer de produire de plus en plus indéfiniment ? C'est à partir de la fin des années 80, notamment avec le rapport Brundtland, Notre avenir à tous, publié en 1987, que la notion de développement durable ou soutenable trouvera sa définition la plus couramment acceptée. Le développement durable est un mode de développement qui répond aux besoins des générations présentes sans compromettre la capacité des générations futures de répondre au leur.
Deux courants d'économistes bien distincts vont alors s'opposer quant à la façon d'assurer la soutenabilité de la croissance économique. D'un côté les partisans de la soutenabilité dite faible, d'inspiration libérale, et de l'autre les partisans de la soutenabilité forte. Pour les tenants de la soutenabilité faible, la croissance économique est fonction d'un stock de capital global, naturel, physique, humain, social. Et ce qui compte pour asseoir un développement durable, c'est que ce stock global se maintienne. Dans ces conditions, peu importe si le stock de capital naturel se réduit, cela peut être compensé par l'augmentation d'autres formes de capital.
Les partisans de cette thèse... On pense même que le progrès technique peut aider à restaurer les dégâts environnementaux et donc la destruction du capital naturel. L'innovation peut compenser la perte de capital naturel en remplaçant par exemple les énergies fossiles par des énergies renouvelables, panneaux solaires, éoliennes.
Les limites environnementales à la croissance économique peuvent donc être dépassées grâce aux innovations. On peut produire autrement, être plus économe en ressources naturelles, innovation organisationnelle, privilégier des circuits courts en matière d'approvisionnement, innovation de commercialisation, ou bien trouver de nouvelles sources d'énergie, fusion nucléaire testée à cadarache en France, hydrogène, grâce aux innovations technologiques. Pour les tenants de la soutenabilité forte, S'il faut effectivement mêler toutes sortes de capitaux pour assurer la croissance, une telle substitution des capitaux n'est pas possible.
Le capital naturel est irremplaçable. Il faut le préserver car certains dégâts sont irréversibles. Lorsqu'une espèce animale ou végétale disparaît, le phénomène est définitif. On ne pourra pas non plus empêcher les conséquences catastrophiques du réchauffement climatique déjà acté.
Pour toutes ces raisons, il conviendrait de limiter la croissance, de produire autrement en respectant l'environnement. Certains vont même jusqu'à prôner la décroissance.