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Analyse des critiques de M. Gervais

Bonjour à tous et bienvenue dans une seconde partie sur la conférence de Monsieur Gervais. Si vous voulez savoir qui je suis, qui est Monsieur Gervais ou pourquoi je fais ça, je vous renvoie vers l'introduction de la première partie et je pense qu'il est plus simple d'avoir vu celle-ci avant d'attaquer cette seconde vidéo. Personne n'a relevé de grosses erreurs dans la première vidéo donc je n'ai pas grand chose à ajouter. Je voudrais quand même préciser que je n'attaque pas du tout Monsieur Gervais sur son âge et je suis désolé si ça a été perçu comme ça. Je vais avoir la même approche que dans la première partie, vous présenter des éléments scientifiques vérifiables par tous.

et des explications qui vont venir en complément ou en opposition à ce que raconte M. Gervais. Dans cette seconde partie, je reprends la conférence de M. Gervais exactement où je l'avais laissé à la fin de la première partie. Alors, on dit les banquistes fondent… Vous avez vu tout à l'heure que c'est vrai qu'en suivant le cycle, il y a effectivement eu une décroissance de la banquise, mais depuis, on va dire une dizaine d'années, ce n'est pas du tout frappant.

Vous avez ici le volume... de banquise arctique tel qu'il est donné par les Danois, le bureau météorologique danois qui suivent ça de très près on voit les dernières années ça se trouve toujours à peu près dans la... même moyenne, ça ne se creuse pas et l'année en noir qui est reportée c'est cette année, en noir on était plutôt un peu au-dessus d'autres années où ça a été observé. Je vous montre ici l'évolution du volume de glace de la banquise arctique dont parle M. Gervais.

À la vue de cette figure, vous comprenez vite que la banquise arctique fond et que les propos de M. Gervais sont difficilement justifiables. Il y a une variabilité à tous ces phénomènes, il n'est donc pas anormal de voir des paliers sur quelques années. Mais je pense que la tendance est claire. En ne représentant que la période 2014-2018, M.

Gervais donne une vision trompeuse de cette question. Même si on prend le mode de représentation de M. Gervais, on voit bien que les dernières années sont bien en dessous de la moyenne sur les 4 dernières décennies. La fonte de la banquise arctique ne fait pas de doute. Si vous préférez regarder la surface de banquise plutôt que le volume, Le constat est le même.

Parallèlement, l'Antarctique, lui, a sa superficie de banquise qui augmente. Alors là, c'est contraire à tout ce que disent les modèles, bien évidemment. Aucun ne dit ça.

Depuis qu'on la mesure en 1979, il y a une augmentation régulière aux fluctuations près. Si on regarde les fluctuations, la dernière fluctuation, c'était en 2014. On a battu un record de superficie de banquise antarctique en 2014. On n'a jamais observé ça. Merci.

On a trouvé aussi cette année un froid de moins 98,6 degrés, ça ne nous réchauffe pas ça, mesuré dans l'Antarctique. Et c'est un petit peu logique tout ça, puisque vous voyez en rouge en bas, c'est la température autour de l'Antarctique et la tendance à une légère descente. Eh bien, ce que dit M. Gervais ici est tout à fait exact. La surface de la banquise Antarctique croît.

Et c'est vrai que l'année 2014 a été un peu plus long. un record. L'année 2017 en est également un mais de la superficie la plus faible cette fois-ci.

J'ai jeté un coup d'œil à 2018 qui a l'air entre 2016 et 2017. Ça remonte donc un peu. C'est exact que sur les dernières décennies, la tendance est à la hausse. C'est également exact que les modèles ne prévoient pas ça.

Ils prévoient une diminution de la banquise antarctique. Ils ne parviennent pas non plus à prévoir correctement l'évolution de la banquise arctique. Mais ce coup-ci, elles font plus vite que les modèles ne le prévoient.

En fait, la formation de la banquise dépend de nombreux paramètres et notamment de la circulation océanique, de la chaleur des océans, des vents dans la région et des précipitations. Pour la banquise antarctique, on peut ajouter l'impact de l'eau douce relâchée par la fonte du glacier de l'Antarctique et l'impact du trou dans la couche d'ozone qui est stationnaire au-dessus de l'Antarctique. C'est parce que le trou dans un couche d'ozone est important pour cette question que la concentration en ozone est présentée en parallèle de la température sur l'original de la figure qu'utilise M. Gervais.

M. Gervais a supprimé la mesure de l'ozone mais il a aussi rajouté une courbe de tendance qui pique un peu les yeux. François-Marie Bréon, le chercheur qui me file un coup de main pour ces vidéos, a récupéré les données et fait une régression linéaire. La tendance à la baisse est bien là mais elle est deux fois plus faite que celle trouvée par M.

Gervais. Et cette tendance à la baisse reste modeste pour une variation locale. Je ne sais pas comment M.

Gervais trace ces courbes de tendance mais à chaque fois que je vérifie quelque chose, je me rends compte qu'il y a un souci. La crédibilité qu'on peut attacher à un élément apporté par M. Gervais est décidément très faible. Cette légère tendance à la baisse semble dater des années 80, date de départ de la figure sélectionnée par M. Gervais et a été précédée par un réchauffement qui n'est pas encore compensé.

Mais il faut rester prudent avec les températures dans l'Antarctique qui sont incertaines. Il est également intéressant de souligner que les banquises arctiques et antarctiques sont très différentes. La banquise arctique ne fond que partiellement en été et se forme sur l'océan.

Il n'y a pas de terre au pôle Nord. A l'inverse, la banquise antarctique fond presque entièrement quand c'est l'été dans l'hémisphère Sud et se constitue autour d'une masse continentale, le continent antarctique qui occupe le pôle Sud. La répartition des masses continentales qui enserrent le pôle Nord mais isolent le pôle joue également un rôle extrêmement important dans la différence entre Arctique et Antarctique. Des mécanismes comme les circulations océaniques ou la chaleur des eaux de surface présentent des variabilités naturelles et beaucoup de ces mécanismes sont impactés par le changement climatique en cours.

Il est donc très difficile de comprendre exactement l'évolution de la banquise et c'est vrai qu'on a encore de grandes incertitudes à ce sujet. Les anglophones peuvent lire quelques articles qui vont un peu plus dans les détails et que je laisse en source. Cependant, l'extension de la banquise Antarctique n'implique pas grand chose au niveau global. Non seulement un refroidissement local n'est pas incompatible avec un réchauffement global de la même façon qu'une moyenne de classe peut augmenter avec un élève qui a de moins bonnes notes mais surtout les banquises ne jouent aucun rôle par exemple dans la montée du niveau des mers puisque c'est de la glace flottante. Ce qui joue un rôle, c'est la fonte des gros glaciers que l'on appelle des inlandes cisse qui se trouvent au niveau du Groenland et de l'Antarctique.

L'immense différence c'est qu'un inland cisse repose sur la terre donc la fonte d'un inland cisse, contrairement à la fonte d'une banquise, fait monter le niveau des eaux. Les masses de glace des îles Lansis sont maintenant obtenues avec des satellites gravimétriques qui les quantifient de façon très précise et dont les mesures ne sont pas contestées. Pour le Groenland, la tendance est claire. Le glacier perd chaque année des centaines de milliards de tonnes de glace.

Pour l'Antarctique, la tendance est également claire. L'Antarctique perd chaque année des dizaines de milliards de tonnes de glace. On peut noter que l'Est de l'Antarctique voit un peu de glace s'accumuler à cause d'une augmentation des précipitations dans cette région alors que l'essentiel des pertes est localisé dans l'Ouest de l'Antarctique. Alors, que nous dit le GIEC ? Je cite ce qui est dans le rapport AR5.

D'abord, il nous dit, voilà, la température dans la double décade 2080-2100, on va dire... en 2100 pour faire simple, elle sera comprise entre et Attendez, et ce n'est pas tout à fait pareil. Vous vous rendez compte de l'incertitude ? Il publie ça. là tranquillement entre 0,3 et 4,8 degrés, ça dépendra si on contrôle nos émissions ou pas.

Donc là c'est le moment où on reproche aux scientifiques de ne pas prédire les émissions futures de l'humanité. Et c'est vrai que parmi les nombreux outils des scientifiques, on ne trouve pas les boules de cristal. Mais ça tombe bien parce que les modèles sont là pour nous aider à choisir entre des scénarios d'émission.

Vu qu'on n'a pas de différentes planètes pour mener des expériences en taille réelle, on est obligé de se fier à notre compréhension de la physique pour savoir savoir ce qui pourrait se passer. Il y a donc différents modèles qui correspondent à différents scénarios sur les émissions futures de nos sociétés. Vu que le CO2 a un impact direct sur le climat, les émissions futures ont une importance. Les scientifiques peuvent estimer l'impact de ces émissions futures, voir juger des scénarios les plus probables mais en aucun cas prédire des émissions qui n'ont pas encore eu lieu. Ce n'est pas une question d'incertitude mais de scénario alternatif.

Si mon médecin m'explique que si j'arrête de manger et boire pendant un mois, je vais probablement mourir alors que si je m'alimente correctement, je vais vivre, est-ce que je dois arrêter de croire mon médecin parce que l'incertitude entre ces deux possibilités est énorme ? Vous conviendrez que ce serait une démarche un peu étrange. Mais ce qu'il oublie de dire, ça c'est dans le résumé à l'intention des décideurs, ce qu'il oublie de dire c'est que dans le cœur du rapport vous avez la figure en dessous où il est marqué que c'est les valeurs basses les plus probables.

Je vous invite à appuyer sur pause et à chercher vous-même ce qui ne va pas parce que c'est un des endroits les plus idiots ou malhonnêtes de toute cette conférence. Et je suis sûr que quelqu'un qui se concentre un peu peut vite trouver l'arnaque. Et oui, M. Gervais fait croire que cette barre noire concerne les valeurs de température des modèles en 2081-2100. Et il compare avec les valeurs pour cette période alors qu'il est spécifié même sur la figure qu'il montre que ce sont les valeurs les plus probables pour 2016-2035.

Il compare deux périodes de temps qui n'ont rien à voir. Qu'il soit sincère ou non ne change rien à l'énorme erreur de ce passage. Et des valeurs de température entre 1 et 2°C en 2035 ne sont pas du tout incompatibles avec les projections hautes en 2100. Tout dépend de ce que les sociétés humaines font entre.

Tout dépend de ce que nous faisons entre. D'ailleurs, on voit sur le graphique que les températures les plus probables en 2050 correspondent bien à celles du tableau pour 2046-2065. Enfin... plutôt aux valeurs les plus hautes en fait puisque nous continuons d'émettre beaucoup de gaz à effet de serre. Et M. Gervais fait croire qu'il y a marqué que les valeurs basses sont plus probables.

On peut difficilement produire un message plus faux. Et même les éléments qu'il a sélectionnés et qu'il présente le contredisent. Il y a du niveau quand même.

Alors ça c'est amusant parce que j'ai eu plusieurs versions de ce rapport de Giec. Le premier brouillon, le deuxième brouillon et la version finale. Et à chaque fois j'envoyais mon rapport et puis bon.

Et à la fin, la petite barre noire qui donne la probabilité si c'est plus chaud ou plus froid, la petite barre noire au début elle était beaucoup plus haute. fait en brouillant, il est descendu, il est descendu. Autrement dit, ça veut dire qu'ils ne croient pas eux-mêmes dans leur modèle.

C'est incroyable. C'est-à-dire que après relecture complète, il y a quand même beaucoup de rapporteurs qui ont dit, mais attendez, attendez, bon, et finalement, ils ont opté pour la valeur la même. la plus basse.

Les différents brouillons du rapport du GIEC sont accessibles. J'ai donc été rapidement vérifier les dires de M. Gervais. On voit que la première version de cette figure, plus simple, ne contient pas la petite barre noire, contrairement à ce que sous-entend M. Gervais.

Il est vrai que la petite barre noire est plus grande dans le second brouillon que dans la version finale, mais j'ai tout de même l'impression que M. Gervais donne une vision largement exagérée de cette évolution. J'ai été fouiller dans les commentaires des rélecteurs pour trouver la raison de cette évolution et il semblerait que les auteurs du chapitre n'aient pas reproduit la dernière figure soumise par les chercheurs.

Les auteurs du rapport du GIEC ont juste actualisé la figure qu'on leur a fournie. On voit que la version finale est plus récente, elle comporte plus d'années d'observation. L'évolution est donc une actualisation de la figure et de l'appréciation des modèles avec les données les plus récentes de l'époque.

L'interprétation que fait M. Gervais de ce changement est très discutable. Au passage, je vous signale que les brouillons successifs sont accessibles à tous, ainsi que les commentaires de tous les relecteurs et les réponses des auteurs.

Vous pouvez donc aller lire les commentaires de M. Gervais si vous en avez envie. Le processus complexe que constitue l'écriture du premier volume du rapport du GIEC, qui résume les connaissances scientifiques sur le sujet du changement climatique, est entièrement transparent. Alors autant en profiter ! En réalité, ce que disent les modèles du GIEC, c'est ça.

Vous voyez, c'est spaghetti de toutes les couleurs là. C'est extraordinaire, il n'y en a pas deux qui sont d'accord, déjà. Tous les modèles sont différents de ceux des autres.

Alors déjà, c'est un peu gênant. Alors, qui a raison ? Et surtout, vous avez donc en couleur les modèles, mais vous avez en noir les mesures.

C'est la figure qui est dans le rapport du GIEC. Et les mesures, justement, depuis 20 ans, elles ne bougent pas. Donc, c'est ce qu'il a retranscrit de cette...

de cette façon-là… Enfin, ça c'était vrai en 2012, période à laquelle la conférence de M. Gervais aurait été critiquable mais moins ridicule. Là, il vient encore de nous dire que les températures ne bougent pas alors que depuis 6 ans, elles ont beaucoup bougé.

Si je colle les données récentes sur ces graphiques, on obtient ceci. On voit que les températures ont augmenté et on voit aussi que les modèles des climatologues, contrairement à celui de M. Gervais, l'avaient bien prévu. On est en plein milieu de la figure rouge barrée qui indique l'intervalle probable pour les températures. en prenant en compte les modèles mais également les émissions probables par nos sociétés.

Du coup, on ne peut pas dire que les données invalident ces modèles. C'est faux. Au contraire, les données du monde réel sont venues augmenter la crédibilité qu'on peut attacher aux modèles des climatologues.

Par contre, on a vu dans la première partie que les données, la réalité, invalident le modèle de M. Gervais. C'est sûrement pour ça que M.

Gervais n'a pas ajouté les six dernières années. Et que fait M. Gervais quand les données récentes le contredisent ?

Il fait une conférence comme s'il était encore en 2012. Personne ne s'attend à une superposition exacte des modèles et c'est bizarre de faire passer ça pour une faiblesse. Pour regarder l'incertitude, il faut s'intéresser à un scénario donné comme RCP 2,6 en bleu ou RCP 8,5 en rouge. On considère que la moyenne des modèles est la trajectoire la plus probable.

Pour un scénario donné, on voit que l'incertitude reste importante, plus ou moins 1 degré autour de la moyenne en 2100 mais pas du tout 4 degrés comme le prétend M. Gervais. Cette incertitude vient notamment de la sensibilité climatique dont on parlera plus loin. Dans la première partie, M.

Gervais associait ensemble des publications sur des modèles qui n'avaient rien en commun. Ni la longueur des cycles, ni leur amplitude, ni les mécanismes physiques à l'œuvre, ni la tendance au long terme et ça ne le dérangeait pas. Mais l'existence de plusieurs modèles climatiques le dérange. Deux poids, deux mesures.

Pour être honnête, j'ai du mal à comprendre comment on ne peut pas considérer l'existence de plusieurs modèles climatiques comme une force. Modéliser le climat n'est pas aussi simple que de modéliser la trajectoire d'une balle. Même si on fixe un scénario d'émission, il y a des incertitudes et tous les modèles demandent de faire un certain nombre d'approximations. C'est pourquoi les modèles n'ont aucune raison de se superposer exactement.

La meilleure façon de quantifier l'incertitude associée au modèle est d'en développer plusieurs en faisant différents choix dans la modélisation. Il est incohérent de critiquer en même temps l'incertitude des modèles et l'existence de plusieurs d'entre eux. Et là je fais un point en particulier sur le dernier rapport, le SR 1.5 qui est sorti il y a un mois.

dans lequel, je l'ai laissé en anglais parce que c'est comme ça que c'est écrit, donc le réchauffement anthropique estimé s'accroît entre 0,1 et 0,3 degrés C par décennie. ça croît entre 0,1 et 0,3 degrés par décimité. C'est comme si, rapporté au poids d'une personne, on ne sait pas si c'est un poids de 33 kg ou si c'est un poids de 100 kg.

C'est le même rapport 3 entre les deux. Autrement dit, on ne sait pas s'il faut soigner la planète pour anorexie ou pour obésité. Une très mauvaise comparaison parce qu'avec le changement climatique, on parle d'une augmentation de la température et non de la température totale. Il faudrait donc faire une comparaison avec une augmentation de poids.

Par exemple, si tu continues à te gaver de chips et de sodas, tu vas prendre entre 1 et 3 kilos par mois. Pourquoi cette incertitude ? Parce que je ne connais pas exactement ton régime alimentaire ni la façon dont ton corps y répond.

Voilà une bien meilleure comparaison. et je ne vais pas plus développer parce que je pense que vous avez parfaitement compris l'importance de considérer une variation parce que c'est ce dont on parle avec la température. Ici, M. Gervais utilise une très mauvaise comparaison pour faire passer les scientifiques pour des imbéciles mais ça n'aurait pas fait rire une salle avec un peu plus d'esprit critique....

C'est une figure du rapport du GIEC, je suis content de vous montrer ce qui m'avait vraiment quand même interpellé à l'époque. Alors qu'est-ce qu'il dit cette figure ? Alors effectivement quand vous voyez, compris entre 0,1 et 0,3 degrés, si vous regardez l'abscisse, la partie basse de la figure, vous avez effectivement un certain nombre de dixièmes de degrés par décennie. Et vous voyez que 0,1 à 0,3, c'est ce que disent les modèles.

Tout ce qui est basé pour dire ce qu'il faut faire, c'est basé sur les modèles. Alors que la mesure qui est en rouge à côté n'est pas du tout d'accord avec les modèles. C'est quand même incroyable. On base tout sur finalement un climat virtuel, très au-dessus des observations, et on ne tient pas compte du climat réel, c'est-à-dire les mesures. La citation est bien issue du récent rapport SR 1.5.

mais la figure vient, elle, du cinquième rapport du GIEC. Le rapport SR 1.5 serait donc contredit par une figure du cinquième rapport du GIEC et non par sa propre figure. Ce qui serait d'ailleurs possible, vu que plusieurs années se sont écoulées entre les deux, les connaissances scientifiques sur un sujet peuvent avoir évolué sur cette période. Mais...

Voyons si ce que nous raconte M. Gervais ici est correct. Pour vérifier, allons à la source de la figure.

Jusque-là, vérifier les sources nous a plutôt bien réussi. Je conseille les plus curieux d'aller lire toute la box TS3 qui parle de la différence entre les modèles et les données pour différentes périodes. Tout ça est résumé dans la figure qu'utilise M. Gervais.

Enfin non, M. Gervais n'en utilise qu'une partie. La partie basse est à propos du forçage radiatif et on ne va pas s'y intéresser.

Par contre, la partie haute concerne la vitesse du réchauffement en degrés par décennie, ce dont parle M. Gervais. En rouge, on voit les observations et en gris les modèles. La figure a concerne la période 1998-2012 qui a vu une température plutôt stable. Les modèles surestiment donc le réchauffement sur cette période.

La figure b concerne la période 1984-1998, période pour laquelle les modèles ont sous-estimé le réchauffement. Enfin, la figure c montre la même chose mais pour les périodes 1951-2012. On voit que sur cette longue période, les modèles sont en accord avec les observations et une augmentation des températures d'un peu plus de 0,1 degrés par décennie.

M. Gervais a vu cette figure parce qu'il l'utilise et il a choisi de n'en montrer qu'une petite partie. Il a gardé la légende qui stipule bien la période concernée mais à aucun moment il ne l'évoque oralement.

Et surtout, il ne mentionne pas les autres parties de la figure qui montrent respectivement une période de réchauffement plus rapide que ce qu'avaient prévu les modèles et globalement, sur la période la plus longue, un accord entre les modèles et les observations. Franchement, on peut difficilement donner une interprétation plus mensongère de cette figure que ce qu'en fait M. Gervais. Allez, pour le plaisir, je vais vous repasser la bande-son de M. Gervais avec une slide un peu corrigée.

J'ai mis la figure petit c sur la slide parce que c'est cette figure qui compare l'évolution des modèles et des températures sur la plus longue période. C'est quand même incroyable ! On base tout sur finalement un climat virtuel, très exagéré, très au-dessus des observations... Et on ne tient pas compte du climat réel, c'est-à-dire les mesures. Ce qui soulève une question importante.

Est-ce qu'on peut se prémunir de ce type de manipulation ? Évidemment, on peut aller vérifier dans le rapport du GIEC, comme je l'ai fait, puisque comme le dit bien M. Gervais...

Tout ça vous pouvez aller le vérifier très facilement. Mais je sais d'expérience que les gens qui critiquent le GIEC ne l'ont en général pas lu et surtout c'est un document en anglais assez épais qui peut repousser. Heureusement, on peut également faire plus simple et ça va être le petit instant je peux parfois me débrouiller tout seul pour savoir si on se moque de moi ou non Une rapide recherche internet vous permet d'obtenir des courbes de température comme celle-ci sur laquelle vous voyez une tendance à la hausse très nette depuis les années 70. C'est vrai qu'on est passé d'une anomalie de à une anomalie de 1 degré en une cinquantaine d'années.

Et après une petite division, ça vous fait 0,2 degré par décennie. Un peu d'esprit critique et une recherche dans Google peut grandement vous aider à ne pas vous faire rouler dans la farine. Cette règle s'applique évidemment sur l'ensemble de cette conférence qui est un très bon exercice d'esprit critique.

Evidemment, si vous prenez la tendance sur quelques années, vous obtiendrez des résultats différents. Mais regarder une tendance sur une cinquantaine d'années donne des résultats plus robustes. Rien qu'avec ce petit exercice que tout le monde peut faire à la maison, vous comprenez qu'une valeur de 0,2 degré par décennie n'est absolument pas absurde en vous basant sur les mesures, sur les observations.

Vous comprenez en fait ce que M. Gervais semble ne pas réussir à comprendre. La limite de cet exercice, c'est qu'il faut partir d'un jeu de données fiable.

Dans le cas de la température, ça devrait être assez simple puisque les jeux de données sont accessibles à tous et j'ai rarement vu de jeux de données volontairement modifiés. Mais il faut faire attention aux données qu'on utilise. Le bon raisonnement sur des données modifiées, tronquées ou inadaptées peut vite amener à une mauvaise conclusion. Alors ça c'est extraordinaire. On parle toujours d'un consensus entre les scientifiques.

Comment ? Vous êtes climato-sceptiques ? Mais c'est pas possible, il y a un consensus de tous les scientifiques là-dessus. Il y a un consensus.

Eh ben regardez, ça se voit tout de suite. J'ai reporté, en fonction de l'année de publication... la sensibilité climatique qui est inscrite dans des revues internationales et comités de lecture. Alors effectivement, en 2001, il y en a un qui a publié 6 degrés, d'autres ont publié 3 degrés. Ensuite, il y a encore des valeurs.

Alors je précise, il y a deux types de valeurs. Il y a les rouges et les noirs. Les rouges, c'est la sensibilité climatique à l'équilibre. C'est-à-dire de combien serait l'échauffement de la Terre si le taux de CO2 doublait dans l'atmosphère ?

C'est toujours la même définition, mais une fois qu'on aura atteint l'équilibre. Quand est-ce qu'on aura atteint l'équilibre ? Dans plusieurs centaines d'années.

Parce que ça dépend de la dynamique des océans. Donc on calcule déjà une sensibilité climatique, à un moment on s'en fiche complètement, puisque ça sera plusieurs siècles plus tard. Alors je préfère la valeur de la sensibilité climatique qu'on appelle transitoire.

Parce que, elle, c'est au moment où le taux de CO2 double dans l'air. C'est beaucoup plus logique pour voir effectivement ce qui risquerait de se passer. Ok, ici, je vais devoir expliquer un point un peu technique pour compléter le propos de M.

Gervais. Si vous ne comprenez rien à la prochaine minute, ce n'est pas très grave pour le reste de la vidéo. Comme on l'a dit dans la première partie, le réchauffement induit par le CO2 n'est pas instantané. Du coup, si on doublait instantanément la concentration en CO2 et qu'on mesurait immédiatement la hausse de température résultante, on trouverait une sensibilité climatique transitoire égale à zéro parce que la température n'aurait pas du tout augmenté. Donc vous vous doutez qu'on ne fait pas ça.

Et pour vous expliquer comment on calcule les sensibilités climatiques, je vais utiliser ce graphique. Les quantifications y sont approximatives, c'est un exemple théorique. A l'année zéro, on commence à augmenter le taux de CO2 atmosphérique d'1% par an. Le forçage relatif associé, c'est-à-dire la puissance qu'ajoute l'effet de serre additionnel dû à l'excès de CO2, va donc croître linéairement.

Puisque la dépendance entre concentration en CO2 et forçage radiatif est logarithmique, une augmentation d'1% par an entraîne un doublement du taux de CO2 au bout de 70 ans. Arrivé là, on arrête toute... émissions. La sensibilité climatique transitoire est définie de façon très précise. C'est la température moyenne sur une période de 20 ans centrée sur le moment où le CO2 double dans une simulation où, comme ici, le CO2 augmentait de 1% par an.

La sensibilité climatique se calcule donc environ 80 ans après le début des premières émissions et rate une partie du réchauffement induit. par ces émissions. C'est important de comprendre que le CO2 additionnel se met immédiatement à chauffer la planète, comme le montre la courbe bleue, mais que la température met plusieurs décennies à augmenter et atteindre un nouvel équilibre.

La dernière fraction de la hausse de température se fait même plusieurs siècles après les premières émissions. Dans cet exemple théorique, la sensibilité climatique transitoire est autour de 1,6°C et la sensibilité climatique à l'équilibre autour de 2,5°C. C'est un exemple, la différence entre les deux peut même être plus importante, ça dépend des boucles de rétroaction dans le système climatique.

Je ne crois pas qu'une mesure soit plus importante que l'autre. Les deux ont leur utilité. C'est aussi une des raisons qui expliquent que la corrélation entre température et émission de gaz à effet de serre n'a pas de raison d'être parfaite. Bon, dans tous les cas, si on fait une régression linéaire sur ça, alors c'est ce qu'on appelle le consensus.

Donc vous voyez, ça va de 0 à 6 degrés. C'est un consensus, paraît-il. Bon, oui je veux bien, drôle de définition du consensus.

Bon, toujours est-il qu'effectivement les scientifiques continuent à travailler et que la tendance, vous voyez en particulier le GIEC pour la sensibilité à l'équilibre a dit entre 1,5 et 1,5, et 4,5, la moyenne c'est mais la plupart des valeurs qui ont été publiées depuis sont nettement en dessous et le GIEC n'a pas fait de rectificatif par rapport à son rapport à R5, au contraire on vient de le voir Il a repris les mêmes valeurs ici. Je ne sais plus où c'est. On l'avait vu tout à l'heure. Voilà.

Ici, il a repris les mêmes valeurs données par les modèles du rapport R5 sans tenir compte de tous les travaux qui ont été publiés depuis. Normalement, il est censé le faire dans le rapport R6 qui est prévu pour sortir en 2022. On verra. Mais pour l'instant, les scientifiques... majoritairement disent qu'on est nettement en dessous des valeurs du GIEC. Cette figure est très intéressante parce que, si c'est exact, ça implique que les recherches récentes montrent que les émissions de CO2 ne réchauffent que très peu le climat.

Ce qui serait une excellente nouvelle puisqu'on se débarrasserait d'un des plus gros problèmes qui se posent à ma génération. Malheureusement, que ce soit une bonne nouvelle ou non n'implique rien sur la véracité de cet élément. Et vous me connaissez, je suis scientifique donc sceptique par nature. Je me suis donc senti obligé de vérifier. si ce que nous raconte M.

Gervais est exact ? Eh bien non, pas du tout. Sur ce graphique, vous voyez la sensibilité climatique à l'équilibre, donc combien de degrés supplémentaires à l'équilibre après un doublement de la concentration en CO2.

Cette sensibilité climatique à l'équilibre est calculée par de nombreux chercheurs et de différentes manières. La sensibilité climatique peut être calculée avec des modèles, à partir des observations modernes ou des données qui concernent les climats passés, des données paléoclimatiques. Chaque point correspond à la valeur donnée par une étude et les barre aux incertitudes pour les études qui en donnent.

Ici, on regarde la sensibilité climatique à l'équilibre. La sensibilité climatique transitoire est plus basse, autour de et on a moins de valeur. Vous pouvez voir qu'il y a eu de très nombreuses études ces dernières années et que la tendance n'est pas du tout celle que montre M. Gervais.

On voit aussi que malgré les nombreuses recherches sur le sujet, les valeurs restent assez dispersées mais se concentrent maintenant entre 2 et On ne connaît pas avec certitude la valeur de la sensibilité climatique à l'équilibre, on connaît juste l'intervalle. Cette incertitude sur la sensibilité explique en partie la différence entre les modèles climatiques pour un scénario donné. A l'époque du cinquième rapport du GIEC, elles étaient plutôt concentrées entre 1,5 et 4,5 degrés et c'est l'intervalle que donnait le rapport. Une sensibilité climatique à l'équilibre inférieur à 2 degrés est aujourd'hui considérée comme improbable par la communauté scientifique.

J'avais commencé à regarder les astuces qu'utilisaient les chercheurs cités par Monsieur Gervais pour trouver de faibles valeurs de sensibilité mais ça aurait demandé toute une vidéo de thermodynamique. Alors on va faire simple. Notre connaissance du climat, les observations et les observations de la nature, nous permettent de comprendre actuelles ET les changements climatiques passés sont incompatibles avec les faibles valeurs de sensibilité climatique mises en avant par M. Gervais.

Et c'est pour ça que ces valeurs sont jugées extrêmement improbables par la communauté scientifique. Non seulement les articles trouvant une faible sensibilité climatique sont critiqués et considérés non crédibles mais, en plus, ça irait à l'encontre d'un grand nombre d'éléments scientifiques à notre disposition. La ligne au pointillé est la meilleure estimation qu'on ait de la sensibilité à partir des 142 études présentées ici.

On voit que la courbe en pointillés est toujours autour de Il n'y a donc aucune surprise à ce que le GIEC cite cette valeur médiane. On voit aussi qu'il n'y a aucune raison de rectifier ceci. Mais alors comment Gervais a-t-il fait pour donner une vision aussi faussée de cette question ?

La première réponse évidente, c'est qu'il oublie volontairement au nom plus d'une centaine d'études sur la question, plus des deux tiers. Mais il n'y a pas que ça et j'ai essayé de comprendre en faisant quelques recherches supplémentaires. J'ai d'abord cherché les différences entre les références de M.

Gervais et celles de la figure plus complète que je vous ai montrée avant qui ne s'intéressait qu'à la sensibilité climatique à l'équilibre. J'ai ensuite été voir les publications choisies par M. Gervais mais non reprises par la communauté scientifique spécialiste de cette question pour comprendre pourquoi ces études n'étaient pas citées. Allen et Hall, 2009, ne calcule pas de sensibilité climatique mais ne fait qu'utiliser la valeur consensuelle de l'époque pour un de ses modèles.

Il n'a aucune raison d'être sur cette figure. Spencer et Braswell 2010 ne calculent pas de sensibilité climatique et la seule valeur que donne le papier, c'est la sensibilité utilisée dans les modèles de l'époque, entre 1,9 et Donc ce papier ne devrait pas être non plus sur le graphique de M. Gervais.

Je vous laisse apprécier la façon dont M. Gervais a reporté ce papier. Oui, oui, un papier qui ne fait aucun calcul de sensibilité et ne fait que mentionner une sensibilité entre 1,9 et est reporté par M. Gervais à un peu plus de 1 degré.

C'est une très grosse erreur. Et on remarque également que contrairement à la figure que je vous ai montrée, M. Gervais ne reporte pas les incertitudes mais juste une valeur. Impossible de savoir comment il choisit cette valeur vu qu'elle est en dehors de l'intervalle donné par l'étude. Au passage, Alain Neol 2009 qui donne 2,8 degrés dans le texte est reporté à 3 degrés.

Du coup, je me suis demandé si les papiers qui étaient en commun entre ma source et la figure de M. Gervais étaient eux aussi mal reportés. Je n'ai fait qu'une recherche.

J'ai pris au hasard l'OL 2015. Ce qui donne une sensibilité transitoire de reportée en dessous de et une sensibilité à l'équilibre de reportée à Bon, là vous allez me dire que cette figure n'a aucun sens puisque l'indice P minuscule est utilisé deux fois dans la légende de cette figure, ce qui n'aide pas franchement à y voir clair. Une fois pour l'OL 2015 et une fois pour le papier de M. Gervais.

Mais le papier de M. Gervais donne En plus, vu que le P minuscule allait reporter pour 2016, On dirait bien que M. Gervais s'est planté en reportant son propre papier. À ce stade, je ne sais même pas s'il y a un seul truc de juste dans cette figure. Et je n'ai pas eu le courage de tout vérifier.

Au passage, je vous laisse apprécier le fait que M. Gervais trouve et publie une valeur de sensibilité de mais utilise dans la suite de la conférence. C'est à croire qu'il ne croit pas lui-même les trucs qu'il raconte.

Autant dit, ça veut dire qu'ils ne croient pas eux-mêmes. La liste que je viens de dresser n'est pas exhaustive. J'ai constaté davantage d'erreurs et je n'ai même pas tout vérifié.

Mais je pense que c'est suffisant pour démontrer que cette figure n'a aucune valeur et on ne va pas y passer la journée. J'essaye de rester calme et objectif et d'autres se seraient sans doute emportés. Mais il faut se rendre compte de la médiocrité de cette figure. Si on demandait à un élève de master de donner une représentation de l'évolution de la sensibilité climatique au fil du temps et qu'il manquait plus des deux tiers des papiers, Que des papiers sans rapport aient été utilisés, que des valeurs étaient mal reportées, que l'incertitude n'était pas représentée, qu'un indice revenait deux fois et que la multitude d'erreurs aboutit à une figure qui montre le contraire de ce qu'elle devrait, cette élève aurait zéro. Cette figure est soit une incroyable erreur, soit une manipulation grossière.

En tout cas, on ne peut pas du tout s'y fier. Et malgré tout ça, vous verrez probablement des gens en commentaire prendre la défense de ce travail. Le plus grave, c'est que c'est une figure publiée dans une revue à comité de lecture et on peut se demander sérieusement comment un article comme celui-ci a pu passer le processus de revue avec les erreurs manifestes que je vous ai montrées. Surtout que quand on raconte des trucs qui vont à l'encontre du consensus d'un milieu scientifique, le minimum est de bien vérifier ce qui est raconté.

En fait, je me suis pas mal creusé la tête sur cette question, savoir pourquoi certains articles climato-sceptiques arrivent à être publiés malgré des erreurs grossières. Et c'est ça qui est très intéressant. Et j'ai trouvé un article écrit par les éditeurs d'un journal scientifique qui explique comment une telle publication a pu avoir lieu dans leur journal.

Ça intéressera les scientifiques parmi vous et je le laisse dans les sources. Pour cette seconde partie de la conférence de M. Gervais, mes recherches m'ont plus appris sur les biais de publication que sur le climat.

J'attaque donc un travail publié de M. Gervais et je le fais avec des éléments factuels, sourcés, que tout le monde peut vérifier et que je vous invite à vérifier si vous voulez. Ces éléments remettent très sérieusement en cause ce que M.

Gervais prétend démontrer. En plus, il a un avis très tranché sur les erreurs dans les publications puisqu'un peu plus loin, il dit Si on change d'avis, il faut au moins rétracter si on considère qu'on a dit quelque chose qui n'était pas correct. Ce serait intéressant de voir s'il peut apporter une réponse aux erreurs que j'ai relevées et en particulier ce serait intéressant de comprendre comment une recherche bibliographique peut arriver à rater autant d'études scientifiques sur le sujet.

Mais peut-être n'ira-t-il juste les éléments factuels comme il le fait en disant que la température s'est stabilisée depuis 20 ans. Enfin, mais c'est peu probable, il pourrait aussi rétracter son article. Il s'avère, comme je le montre, qu'il est rempli d'erreurs factuelles vu que c'est ce que M.

Gervais pense juste quand on constate des erreurs dans un article. Je vais m'arrêter là dans le traitement que je fais de cette conférence. Un collègue vidéaste commande de nombreux passages que je n'ai pas couverts.

Que je ne traite pas le reste de la vidéo ne veut pas dire que ce n'est pas bourré d'erreurs. C'est juste un travail long et pas franchement agréable. Je vais donc m'arrêter là avec cette conférence et probablement avec M. Gervais.

Si quelqu'un lui accorde encore du crédit après mes deux vidéos, c'est que je ne peux, à mon avis, rien faire pour faire évoluer son opinion. Et ce n'est pas grave, chacun a le droit à son opinion. Je vais conclure sur le consensus scientifique qu'évoque M. Gervais. C'est ce qu'on appelle le consensus.

Donc vous voyez, ça va de 0 à 6 degrés. C'est un consensus, paraît-il. Bon, oui, je veux bien. Trôle de définition du consensus. Le consensus scientifique est la position majoritaire...

qui ressort de la littérature scientifique sur une question donnée. Un consensus scientifique ne veut pas dire l'unanimité et un consensus scientifique évolue dans le temps avec l'apport de nouveaux éléments scientifiques. Si on se pose la question du consensus scientifique sur la sensibilité climatique à l'équilibre, on regarde la littérature scientifique sur ce sujet. Et on constate que la majorité des études scientifiques se situe entre 1,5 et 4,5 degrés.

Les estimations les plus récentes donnent plutôt un intervalle entre 2 et 5 degrés. En un graphique, vous voyez une bonne représentation du consensus scientifique sur la question et de son évolution dans le temps. Ce serait faux de dire que la valeur de est consensuelle, c'est la valeur médiane en l'état de nos connaissances. Par contre, la très grande majorité des estimations est entre 1,5 et et on peut donc attacher une grande probabilité à l'idée que la sensibilité climatique à l'équilibre est dans cette gamme de température. On peut donc dire par exemple qu'il y a un consensus scientifique pour considérer comme une extrêmement improbables les valeurs inférieures à ou supérieures à puisque ce serait en contradiction avec l'essentiel des publications sur le sujet, avec l'essentiel de nos connaissances.

Évidemment, le consensus sur cette question gêne M. Gervais qui utilise une valeur de dans la suite de la conférence. Valeur qui contredit d'ailleurs ce qu'on a observé au cours du siècle passé, le climat réel. Et après toutes ces erreurs ou manipulations pour donner une vision faussée de cette question, il l'ironise en disant qu'il n'y a pas de consensus.

Au moins, c'est culotté. Au consensus de ses pairs, M. Gervais préfère un autre groupe de scientifiques, bien plus petit, dont il redonne un exemple à la toute fin de la conférence.

Je signale pour finir ce rapport Climate Change Reconsidered 2 qui est fait par un GIEC qu'il faudrait appeler GNGEC. NG pour non gouvernemental au lieu du I de NGEC. intergouvernemental et ça fait toute la différence c'est un rapport de 650 pages qui est sorti la semaine dernière Si vous le feuilletez vous verrez mon nom dedans j'ai aussi été relecteur critique de ce rapport mais celui-là il m'a réellement conquis il est très bien fait après vérification et contrairement à ce qui est écrit sur la slide ce rapport écrit par une trentaine de scientifiques et non une centaines. Un rappel que quand M. Gervais dit quelque chose, il faut toujours vérifier.

Bref, ce rapport est édité par le Heartland Institute, un think tank américain qui s'est illustré dans ses campagnes de désinformation, notamment pour nier l'impact du tabagisme passif au profit de fumeurs. de Philippe Maurice. Vu qu'on doit être d'accord sur les impacts du tabac, on peut les qualifier de professionnels de la désinformation.

Parmi les donateurs de ce think tank, il y a notamment eu Exxon Mobil, multinationale pétrolière et gazière qui a dépensé pas mal d'argent pour désinformer sur le climat pour des raisons assez évidentes. Pour lutter contre le changement climatique, il faudrait consommer moins de ressources fossiles. Donc les multinationales qui extraient ces ressources sont les premières à avoir un intérêt à vous embrouiller l'esprit sur ce sujet. Mais laissons M.

Gervais parler de ce qu'il y a dans le rapport. Et il mesure le coût bénéfique de la consommation de l'eau. bénéfice du CO2.

C'est axé justement sur les ressources fossiles. Ah bah tiens, quel curieux hasard ! Les fichettes de la désinformation sont quand même assez grossières non ? Mais il n'y a pas de scepticisme, pas de suspicion.

Là on ne voit pas les intérêts économiques ou politiques. En fait, M. Gervais semble critiquer tout ce qui ne va pas dans son sens mais ferme les yeux quand ça l'arrange. Il met sérieusement en doute les nombreux travaux de la majorité des scientifiques spécialistes du climat en les faisant passer pour des imbéciles mais boit comme du petit lait un rapport écrit sur l'initiative de professionnels de la désinformation payés par des multinationales pétrolières.

Ça manque peut-être un tout petit peu d'esprit critique. Les gens qui ont initié ce rapport sont très probablement malhonnêtes. Ils font ouvertement de la désinformation depuis des décennies en étant payés pour ça. Mais, et c'est un mot d'opinion, Je ne crois pas qu'on puisse dire la même chose de M. Gervais ou en tout cas, c'est impossible à démontrer.

Certes, il vient pour vendre son livre sur le sujet et le passage où il en fait la publicité est le seul que j'ai coupé dans la partie que j'ai traité mais le traité de manipulateur pour ça est un peu simple. Il pourrait chercher cher à vendre son livre justement parce qu'il est convaincu d'avoir raison. Tous les climato-sceptiques ne sont pas malhonnêtes.

Il fait énormément d'erreurs dans ce qu'il raconte pendant cette conférence mais ça ne veut pas dire qu'il n'est pas persuadé d'avoir raison. C'est vrai que ce serait intéressant de connaître ses motivations sur le sujet mais on ne les connaîtra probablement jamais donc évitons de faire des suppositions un peu abusives sur les motivations de M. Gervais.

Merci. Merci à tous d'avoir regardé cette seconde partie. J'ai reçu beaucoup de questions sur la figure que présente M. Gervais sur la sensibilité climatique et je comprends très bien ces questions.

Si la figure était exacte, elle aurait des conséquences importantes sur notre compréhension du climat. Je voulais donc y apporter une réponse appropriée et c'est principalement pour ça que j'ai traité cette seconde partie. J'espère que ça vous aura plu et que vous y aurez appris des choses.

Je voudrais également dire un grand merci à François-Marie Gréon qui est chercheur au laboratoire des sciences du climat et de l'environnement. Être relu par un expert de la question m'évite de dire des bêtises. Je remercie du fond du cœur tous ceux qui me financent sur Tipeee et Utip.

C'est grâce à vous que je peux produire ce contenu et rester indépendant. C'était le Réveilleur et à bientôt sur le net.