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Les Secrets des Machines Hydrauliques de l'Antiquité

Mes chers camarades, bien le bonjour ! Vous  avez entendu dire que la taille de la fusée   Ariane dépendait de la largeur d’un cul de  cheval ? C’est un fake qui a pas mal tourné,   comme quoi la largeur du cheval permet  de mesurer des voies romaines antiques,   qui deviennent des routes médiévales, des  tunnels modernes étroits, par lesquels on   transporte les pièces de fusée… Donc en gros  ouep, fesse de cheval = taille de réacteur,   direction la lune ! Sauf que c’est absolument  faux : les chevaux, routes, tunnels et fusées   ont toujours varié en taille, donc c’est  un gros cliché, et pas très malin en plus ! Par contre, moi je connais une machine fabuleuse,  capable de transformer l’énergie mécanique   en énergie hydraulique, qui date vraiment de  l’Antiquité. Elle permet de démarrer un avion,   de refroidir une centrale nucléaire, ou simplement  de tourner un volant de voiture, ce qui fait qu’on   la retrouve partout autour de nous ! Cette  technologie de pointe, on l’appelle la pompe   hydraulique, et elle remonte aux savants grecs  d’Alexandrie. Alors aujourd’hui on va plonger   -admirez le jeu de mot- dans les mécaniques des  fluides de l’Antiquité, et vous allez halluciner ! Mais avant de nous plonger dans le sujet,  je voulais vous parler d’un truc qui fera   plaisir à tous les amateurs de science fiction,  de BD et de puzzles. Vous le savez sans doute,   on a lancé une marque de Puzzle autour des mythes  et des légendes : Callisto ! Chaque puzzle est   réalisé par des illustrateurs talentueux que l’on  rémunère au mieux et qui touchent des droits sur   chaque boîte vendue. On commence à avoir pas  mal de visuel que vous pouvez retrouver sur   callisto-editions.com et on a reçu il y a pas si  longtemps un coup de fil improbable. La famille du   célèbre Moebius nous ont contacté parce qu’ils  trouvaient les puzzles tellement cool qu’ils   avaient envie qu’on vous propose des visuels de  leur père en puzzle ! Pour ceux qui ne connaissent   pas, Moebius, de son vrai nom Jean Giraud, c’est  un grand nom de la science-fiction et un des   dessinateurs francophones majeurs du XXe siècle.  Fondateur de la maison d’édition Les Humanoïdes   associés, éditrice du célèbre magazine Métal  Hurlant, Moebius a participé à la conception   graphique de films comme Alien ou Tron. Il est  également l’auteur d'œuvres majeures comme les BD   Blueberry, Le Monde d’Edena, Le Garage Hermétique,  L’Incal et Arzak. Dites vous bien que Moebius est   une influence revendiquée de Miyazaki pour  certaines de ses œuvres et réciproquement,   c’est juste fou qu’on ai pu faire ce feat avec les  puzzles. Dans son œuvre, on retrouve une grande   inspiration de la mythologie grecque, dont une  superbe illustration de l’histoire du fil d’Ariane   à l’aquarelle et aux encres de couleurs, réalisée  en 2005 . On vous la propose donc sur le site   en plus d’une autre magnifique illustration du  Starwatcher, un des personnages phare de Moebius.   Je vous laisse découvrir ces deux nouveaux puzzles  et les autres sur callisto-éditions.com . Et   maintenant, on reprend l’épisode ! En -323, Alexandre Le Grand meurt. Aussitôt,   son fidèle officier Ptolémée devient le satrape  de toute l’Egypte. Et pour asseoir son autorité   sa nouvelle dynastie des Lagides, va fonder en  -331 la grande ville d’Alexandrie. Selon Strabon,   ce “comptoir du monde” devient un  haut lieu de pouvoir commercial,   politique et scientifique. Non  seulement Alexandrie remplace   l’ancienne capitale de Memphis, mais  en plus elle compte supplanter Athènes. D’ailleurs un ancien Athénien et disciple  d’Aristote, Démétrios de Phalères, participe   à son rayonnement scientifique en construisant le  Museîon [muzéionne], le “palais des Muses”, et qui   donnera plus tard le mot “musée”. Ce palais  gigantesque abrite une université, une académie   et la fameuse bibliothèque d’Alexandrie, qui  va tellement se développer que sous Jules César   elle comptera plus de 700.000 volumes ! A partir  de Ptolémée II Philadelphe, ces livres venus de   partout sont traduits en Grecs, et servent  aux savants pour toutes sortes de sciences   Et comme le but d’Alexandrie reste d’innover et  de perfectionner les techniques, on n’hésite pas   non plus à étudier des disciplines marginales, qui  ne font pas encore partie de la science reconnue.   Tout un groupe de savants, qu’on appellera plus  tard “l'École alexandrine des mécaniciens”,   s’intéresse donc à la physique mécanique,  l’hydrostatique, l’hydrodynamique, l’optique,   la poliorcétique (ça c’est l’art d’assiéger des  villes) et enfin, bien sûr, les pneumatiques. Et c’est ça qui nous intéresse : à  l’époque, la “pneuma” ça déclenche   des passions ! ça fait déjà très longtemps que  les ingénieurs et les philosophes se prennent   la tête sur le grand débat : qu’est-ce  que l’air ? Et qu’est-ce que le vide ? Pour les ingénieurs, la pneuma, qui veut  dire “le souffle”, ça désigne un ensemble   de machines qui font le vide dans un récipient :  en vidant l’air, elles font entrer un autre corps   à l’intérieur du récipient. Sauf que pour les  philosophes, c’est tout l’inverse ! La pneuma,   c’est une force cosmique. L’air n’est d’ailleurs  pas considéré comme un corps, mais plutôt comme un   concept détaché de toute réalité matérielle.  Avec le temps, et à force d’observation,   la science des pneumatiques finit heureusement par  prendre le dessus sur les concepts philosophiques. En plus, ces nouvelles réflexions permettent  aux savants de l’époque d’adapter des théories   déjà anciennes. Les machines hydrauliques, en  particulier les systèmes d’élévations d’eau,   siphons, pompes et conduites  forcées, sont améliorées. Mais surtout, des grands principes physiques  sont compris et exposés, les mêmes qui plus   tard serviront de base à la fameuse branche  scientifique de la “Mécanique des fluides”   de notre 19e siècle ! Une vraie révolution,  qui a sa liste “révolutionnaires” célèbres ! Tout d’abord, il y a un certain Ctésibios  [ktézibiosse]. Connu indirectement par une   série de textes postérieurs, ce contemporain  d’Archimède, actif au début du 3e siècle   avant notre ère, était le fils d’un barbier  à Alexandrie. Ultra intelligent, hyper actif,   ses travaux d’ingénieur étaient apparemment  ce qu’il préférait dans la vie. En créant   certaines machines hydrauliques, il aurait  été le précurseur de l’école de mécaniciens.   On aura l’occasion de parler de sa plus  importante invention, la pompe à piston,   mais il y a aussi l’hydraulis, ou “orgue  hydraulique”, qui est le plus ancien instrument   de musique à clavier. Les archéologues en ont  retrouvé un à Dion, au pied du Mont Olympe,   qui avait 24 tuyaux. L’eau pousse l’air  dans ces tuyaux, qui émettent alors un   son à volume constant, comme si on jouait  une longue note sur un instrument à vent. Après Ctésibios, Philon de Byzance reprend  ses théories. Vivant à la même époque,   c’était peut-être un de ses élèves directs.  Une partie de son ouvrage Méchanikè Syntaxis   comprenait tout un livre sur la “Pneumatica”,  qui nous est parvenu par des manuscrits latins   et arabes plus tardifs. Il y réaffirme que l’air  est bien un corps, qui n’est pas vide mais occupe   un espace, puisque par exemple il empêche l’eau  de rentrer dans une amphore renversée à l’envers. Ça, on l’a tous fait au moins une fois dans le  bain ! Et à partir de ça Philon s’amuse, décrivant   les principes, de technologies existantes…ou  parfois complètement mystérieuses pour nous ! Il y a bien sûr des fontaines à eau, mais  aussi le fameux tour de magie du verre qu’on   boit sans le renverser, ou encore des lavabos  avec flotteur, des robinets à double issue,   des oiseaux en bronze qui sifflent  un chant mélodieux, et bien sûr des   siphons. Toutes ces technologies reposent sur  le remplacement de l’air par l’eau, et toutes   sont appliquées soit pour le divertissement  soit pour des usages beaucoup plus vitaux… C’est particulièrement le cas du siphon de  la ville de Pergame, en Turquie actuelle ! La particularité de Pergame, c’est  sa position sur un plateau très haut,   situé à 335 m au-dessus de la plaine de Kailos  [kélos]. Forcément, le ravitaillement en eau   de la ville est assez compliqué : on ne peut  passer que par des sources situées au Nord,   et les ingénieurs de la ville construisent  donc un réseau de canalisations emboîtées   de plus de 40 km de long, depuis les sources du  Madragag jusqu’à un réservoir. Une fois stockée,   l’eau doit encore grimper 200m de dénivelé  jusqu’à la cité. Les Grecs mettent alors   au point un siphon qui fait remonter l’eau  par pression d’air, et le tour est joué ! Plus tard, les aqueducs remplaceront ce type de  mécanisme, mais ces savoirs à l’application bien   pratique continuent d’être théorisés durant toute  l’antiquité. Au 1er siècle par exemple, Héron   d’Alexandrie consacre une partie de son œuvre  aux pneumatiques. Les dessins qui accompagnent   ses descriptions permettent de bien saisir le  principe physique de chacune de ses expériences. Et l’une des plus anciennes  images représente justement   la fameuse pompe hydraulique  à piston : alors comme promis,   on va en parler un peu plus en détail !

Les auteurs Grecs et Latins utilisaient   différents mots pour désigner cette  machine. On parle d’Organum pneumaticum.   Mais au moment où l’eau s'élève, la pompe  produit un petit sifflement assez drôle,   qui fait “ssssifff’ !”. On en a donc tiré une  onomatopée, un mot qui a la même sonorité : sipho,   ou sipo. Dans tous les cas, organum ou sifo,  on parle bien du même truc : la pompe à piston. Le principe de base est assez simple : deux  pistons sont encastrés chacun dans leur cylindre.   Chaque piston a deux clapets, un à l’entrée et  un à la sortie. Soit ils laissent entrer l’eau,   soit ils la refoulent. Mais ils s’ouvrent et se  ferment à sens unique, en fonction du mouvement   du piston. Donc quand les pistons se lèvent, ils  font entrer l’eau. Mais quand ils s’abaissent,   l’eau est pressée, la pression monte à l’intérieur  du cylindre, ce qui la pousse violemment dans un   tuyau de décharge, puis dans un tuyau de sortie  placé au milieu de la pompe. Vitruve précise   que ces tuyaux de décharge se rejoignent dans  une chambre centrale unique, à couverture en   forme d’entonnoir. Et voilà : on vient de faire  bouger l’eau, avec une machine toute simple ! Héron d’Alexandrie décrit une pompe identique,  mais avec une autre chambre intermédiaire au   centre, pour empêcher tout retour de l’eau  en arrière. Beaucoup plus fonctionnelle,   cette pompe pouvait servir pour  bien des usages quotidiens,   et c’est pour ça que les archéologues  en ont retrouvé plusieurs ! En tout,   on en a retrouvé une vingtaine en France,  en Allemagne, en Italie et en Espagne. Elles   datent toutes de l’époque impériale, donc  pas avant le 1er siècle avant notre ère. Mais seulement 6 de ces 19 pompes correspondent  exactement aux descriptions textuelles :   forcément, à côté du modèle théorique, il y  a plein de variantes adaptées aux besoins ! D’ailleurs comme le bronze coûte assez  cher, la plupart sont construites en   bois. Finalement les vestiges archéologiques  complètent assez bien les textes historiques,   et comme ça on a une vraie idée complète de  la technologie du passé. Et puis on comprend   leur fonctionnement, leur taille  réelle et leurs usages concrets.   Et faut reconnaître qu’elles sont  très utiles dans beaucoup de cas ! Tout d’abord, il y a les mines : c’est  dans une mine du sud-ouest de l’Espagne,   à Valverde [valverdé], que les archéologues en  ont retrouvé une en 1889. Cette pompe de Sotiel   Coronado - à ne pas confondre avec la Croix  de Coronado d’Indiana Jones - est composée   de nombreuses pièces en bronze, dont une lance  de jet est parfaitement conservée. Conservée au   Musée Archéologique National de Madrid, cette  lance permet de diriger l’eau à droite et à   gauche dans les tuyaux latéraux et en même temps  elle assure un mouvement de rotation sur 360°,   un peu comme un arrosoir automatique.  Apparemment, elle servait à rafraîchir   et approvisionner en eau les esclaves entassés  au fond du puits de mine. A moins qu’elle serve   plutôt à refroidir et fragiliser des  pierres chauffées au contact du feu ? Et puis les pompes à piston sont aussi  bien pratiques à bord des navires,   même si les textes anciens en parlent assez peu. Il y a quand-même Cicéron, au 1er siècle avant  notre ère, qui raconte qu’un navire qui prenait   l’eau a bien été sauvé du naufrage par une pompe  hydraulique qui a entièrement asséché sa cale. Et   à Saint-Gervais, une épave antique découverte  en 1978 contenait bien une pompe à chapelet,   c’est-à-dire à manivelle. Toute  en bois, elle était placée dans la   partie la plus basse du navire, là où  l’eau infiltrée descendait forcément. Par la suite, on se rend compte que  ce type de pompes était assez courant,   puisque les archéologues ont en aussi  retrouvé dans des épaves à Marseille,   Port-Vendres [porvandre], Ullastres  [ouillastre] en Espagne, et jusque dans   les bateaux de Caligula, découverts au fond  du lac volcanique de Némi, à 25 km de Rome. Le plus impressionnant, c’est que ce genre  d'engins restera toujours utilisé jusqu’aux   navires du 18ème siècle, comme par exemple  le Centaure, un vaisseau de la marine royale   français construit à Toulon en 1756 et  qui a fait naufrage en 1782 près d’Arles. Bon, j’aurais peut-être dû commencer par  ça tellement c’est évident : forcément,   les pompes antiques sont aussi  beaucoup utilisées dans les puits ! Souvent en bois et placées tout au fond du puits,  elles font remonter l'eau à la surface : à en   croire Pline l’Ancien, et surtout vu la quantité  phénoménale de découvertes archéologiques,   c’est une habitude qui s’est largement  diffusée dans tout le monde gréco-romain. Par exemple, en 1975 à Lyon, lorsqu’on  veut construire la première ligne du métro,   on met à jour tout un riche quartier  résidentiel gallo-romain des premier et   second siècle de notre ère. A la hauteur  du carrefour de la rue Sainte-Hélène,   on découvre les vestiges d’un petit puits maçonné,  avec sa traditionnelle pompe à piston en bois.   Complètement immergé en profondeur, on pouvait  heureusement l’activer grâce à des bielles,   reliées à un balancier en surface. Il n’y  avait donc qu’à faire jouer ce balancier,   pour tranquillement remplir des  seaux d’eau, direction la domus ! En fait, c’est vraiment l’ancêtre des  fontaines à eau qu’on trouve encore dans   les jardins et les aires de jeux des villes  d’aujourd’hui. Et encore plus incroyable,   ça concerne aussi nos brumisateurs ! En latin, les spartiones [sparsionaisse] désignent  l’action de pulvériser de l’eau odorante sur une   foule. C’est comme ça qu’à l’aide d’une petite  mais puissante pompe hydraulique, les spectateurs   au théâtre ou à l’amphithéâtre sont rafraîchis et  parfumés. Et ça, on connaît tous : un spectacle   ou une cérémonie qui s’éternise en plein cagnard,  qui n’a pas rêvé d’un petit coup de brumisateur ? Mais pour mettre la bonne humeur à une  foule de romain, il faut une pompe qui   soit un vrai petit bijou parfaitement rôdé  ! En effet, si le jet d’eau est irrégulier,   si la pression tombe à zéro, on obtient  des grosses gouttes épaisses de parfum,   ce qui est assez insupportable. Héron  d’Alexandrie explique donc que ces pompes   ont toujours un réservoir intermédiaire,  qui permet un jet continu. On en utilise   aussi pour injecter des sirops sucrés dans  les ruches, afin de nourrir les abeilles ! Au passage, ce genre de mécanismes luxueux  impressionne les invités : Plutarque décrit comme   un certain Othon a épaté ses convives, avec une  pompe aux “tuyaux d’or et d’argent qui lancèrent   de tous les côtés à la fois des essences comme si  c’eut été de l’eau et en inondèrent les convives”. Et vu le prix des parfums, il n’y a pas  que les métaux précieux qui ont coûté un   bras à “Othon-j’ai-gagné-à-l’euromillion” ! Et à   l’inverse, il y a la pompe qui est tout  sauf du luxe, car elle remplit un besoin   absolument vital pour la cité antique :  celle qui lutte contre les incendies ! Les feux urbains sont très répandus, vu que  la grande majorité des habitations restent en   bois. Pensons au terrible incendie de Rome du  18 juillet 64, sous le règne Néron : on compte   plusieurs milliers de morts et 200.000 sans-abris  ! Comparé aux seaux d’eau jetés rapidement sur un   foyer mortel, les pompes ont un sacré avantage,  grâce à leur jet puissant, constant et continu ! C’est encore Héron d’Alexandrie qui décrit  ce type de pompes, et pour une fois son texte   respecte bien les principes physiques pour un  usage bien réel. Les textes et les épigraphies   citant ses machines sont aussi assez nombreux.  Il faut dire qu’au moins dès Auguste, la cité   de Rome est dotée d’un corps de spécialistes du  feu. Membres de la cohorte des vigiles de nuit,   ces hommes se déplaçaient dans la ville équipée de  pompes à pistons mobiles pour prévenir de risques   d’incendies. Comme ils manient le siphon,  on les appelle les siphonarii. Après tout,   chez nous ceux qui manient la pompe  sont bien les “pompiers”. Logique ! Ces soldats du feu si courageux et efficaces  sont bientôt enviés dans tout le monde antique.  Pour lutter contre les risques d’incendie dans  la Turquie actuelle, on tente de prendre des   dispositions similaires : au premier siècle Pline  le jeune propose d’amener 150 de ces pompiers   en Bithynie, et en l’an 155 la ville de Smyrne  importe de nombreuses pompes pour lutter contre   un redoutable feu. Même des empereurs comme  Trajan apprennent à redouter les siphonarii,   qui ont une excellente réputation, et forment déjà  une puissante corporation ouvrière syndiquée ! Ça forcément, quand on a un rôle  clef pour sauver des vies, voire   des quartiers tout entier de la ville,  ça pèse dans la balance ! Et pourtant,   bizarrement, la technologie des  pompes n’a pas duré si longtemps. A la fin de l’empire Romain, plus aucun  texte n’en parle. Mais à la Renaissance,   l’intérêt pour l’époque antique contribue  à une nouvelle période d’inspiration pour   les techniques du passé. A Sienne,  l’ingénieur et mathématicien Mariano   di Jacopo, surnommé Taccola , se présente  lui-même comme “l’Archimède de Sienne”. Dans son De machinis [dé makinisse], il présente  une large gamme d’appareils dont la fameuse pompe   à piston de l’antiquité. Il aurait d’ailleurs  repris les dessins et descriptions de Vitruve.   Cette publication incita d’autres gens  à s’intéresser à ces machines anciennes,   jusqu’à les remettre complètement au goût  du jour pour des usages du quotidien. Petit à petit, depuis Augsbourg au 16e siècle,  les pompes servant en particulier à éteindre   les incendies sont réintroduites un  peu partout en Europe. En Hollande,   Michel de Saint-Martin, prêtre français,  raconte en 1667 qu’il a vu un compagnie,   les Maîtres du feu, manœuvrer des pompes à piston. C’est probablement depuis la Hollande que Louis  XIV achète une douzaine de pompes à piston pour   prévenir d’incendies à Versailles et Paris. Mais  ça ne suffit pas, car près de l’Hôtel Dieu un   feu détruit toutes les maisons construites sur  le “Petit Pont”. François Dumouriez du Perrier   est alors nommé Directeur général des pompes  à incendies de la ville de Paris, et comme les   risques d’incendies sont de plus en plus nombreux,  les nouvelles pompes sont acheminées un peu   partout dans la ville. Leurs gardiens, les “gardes  pompes”, deviendront les “pompiers” avec le temps. Comme quoi, tout autour de nous, il existe  des engins dont l’histoire remonte à une   période beaucoup plus éloignée qu’on ne croit  ! Bien sûr qu’on a fait des progrès depuis,   mais fondamentalement, on a rarement des  technologies entièrement nouvelles de A à   Z. C’est par étapes que le progrès et l’Histoire  s’écrivent. Merci à Arnaud Bertrand, sinologue,   enseignant à l’Institut Catholique de Paris,  qui avait hâte de nous faire découvrir ces   histoires de machines hydrauliques ! Et  merci à vous tous qui soutenez la chaîne,   n’hésitez pas à dire si d’autres machines du  passé vous intéressent, et à ponctuer ça avec   un like et un partage, ça aide vraiment ! A  très bientôt pour un nouvel épisode, salut.