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Conséquences de la guerre en Ukraine

Générique Avec Lynn Riffaille, bonjour Lynn. Bonjour Pauline. On va continuer de parler bien sûr des conséquences de la guerre en Ukraine.

Bon, on s'intéresse en particulier avec vous aujourd'hui aux conséquences sur les prix de l'énergie, les cours du pétrole continuent de flamber. Oui, alors on l'avait déjà vu il y a moins d'une semaine avec le début de l'invasion russe de l'Ukraine, un prix du pétrole, un prix du baril qui avait dépassé les... 100 dollars.

On est désormais au-dessus de 110 dollars le baril avec ce conflit, cette guerre qui se poursuit. Le baril de Brun, qui est donc la référence en Europe, est en progression très forte. Plus de 5% de progression ces dernières heures.

Une progression de 10% moins d'une semaine. Donc, on l'a dit, au-dessus de 110 dollars le baril. Vous voyez, le 24 février, on avait dépassé cette barre symbolique des 100 dollars.

Et même le pétrole américain coté à la bourse de New York, le WTI, s'approche des 110 dollars le baril. Alors pourquoi cela ? Parce que la Russie est un acteur majeur du marché pétrolier mondial. Troisième producteur mondial derrière les Etats-Unis et l'Arabie Saoudite, deuxième exportateur mondial. Est-ce qu'on craint des problèmes d'approvisionnement sur le marché mondial ?

Un marché mondial déjà très tendu avec la reprise économique mondiale. On était déjà avant ce conflit face à des prix qui flambaient. Eh bien... Ils augmentent beaucoup plus parce qu'on a peur qu'il n'y ait plus assez de pétrole sur le marché mondial.

Et c'est dans ce contexte que se réunissent aujourd'hui les pays de l'OPEP+, qui regroupent les principaux pays exportateurs d'or noir. Oui, alors pour comprendre un peu le rôle de l'OPEP et de l'OPEP+, rappelons d'abord de quoi il s'agit. L'OPEP, c'est donc l'Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole.

Elle a été fondée, vous le voyez, en 1960 avec un but, réguler la production et le prix du brut du pétrole en instaurant des quotas. Alors au début, il y avait 5... pays fondateurs, parmi lesquels l'Arabie Saoudite, l'Irak, le Koweït, l'Iran et le Venezuela.

Et puis d'autres pays sont entrés dans ce cartel. Ils sont aujourd'hui 13 pays. Parmi eux, il y a par exemple le Qatar, les Émirats, l'Algérie ou encore le Nigeria et l'Angola. Puis en 2006, le cartel s'est associé à 10 autres pays pour constituer ce qu'on appelle l'OPEP+.

Alors, 10 nouveaux partenaires pour peser davantage sur le marché. mondial du pétrole et au premier rang de ses partenaires, il y a la Russie. Rappelons d'abord qu'au début de la pandémie de Covid-19, ces pays de l'OPEP+, ont agi sur le marché mondial du pétrole pour limiter l'effondrement des prix du brut. Souvenez-vous, à l'époque, on était en avril 2020, au tout début de la pandémie et des premiers confinements, avec un prix du baril américain qui était même tombé en territoire négatif. Alors les pays de l'OPEP+, s'étaient alors mis d'accord pour réduire la quantité d'hors noirs présentes sur le marché.

et donc pour limiter la baisse des prix. Une stratégie qui avait alors fait ses preuves, mais avec la reprise économique mondiale, il s'agissait de remettre du pétrole sur le marché pour éviter la flambée des prix. L'objectif, c'était qu'à partir de mai 2021, on rajoute tous les mois 400 000 barils par jour. Donc, ça, tous les mois. Mais le problème, c'est que l'offre a eu du mal à suivre face à une demande qui augmente rapidement et l'objectif n'est pas atteint.

Par exemple, entre décembre 2021 et janvier 2022, il y aurait seulement eu 64 000... barils par jour en plus sur le marché. C'est une grosse différence. On est loin du compte, ce qui explique cette situation tendue sur le marché mondial.

Et comment est-ce qu'on peut expliquer cette capacité d'action finalement limitée de l'OPEB Plus ? Alors, il y a plusieurs raisons à cela. Et d'abord, des infrastructures dans de nombreux pays qui ne suivent pas.

Avec la pandémie de Covid-19, beaucoup de pays n'ont pas pu investir comme ils le souhaitaient, faute de moyens, faute de capacités dans les infrastructures pétrolières. C'est par exemple le cas pour le Nigeria, l'Angola. Aujourd'hui, alors qu'il faut augmenter la production, de nombreux pays ne peuvent pas le faire.

Selon certains experts, s'il faut augmenter la production, de rares pays peuvent seulement le faire. C'est par exemple le cas de l'Arabie Saoudite, des Émirats Arabes Unis. Le problème, c'est qu'il y a des règles au sein de l'OPEP+, et c'est vrai que les pays doivent respecter leur quota.

Les pays qui peuvent produire plus ne sont pas censés produire davantage pour compenser la capacité de non-production d'autres pays. Et puis, également, à cela s'ajoute aussi le fait que peut-être que des prix élevés sont aussi une opportunité pour certains pays producteurs de pétrole. Parce qu'à partir de 2014, mi-2014, les prix mondiaux du pétrole s'étaient effondrés.

Cela avait eu un impact sur les budgets des pays producteurs de pétrole, notamment dans le Golfe, certains pays d'Afrique du Nord. Donc, ce serait aujourd'hui un moyen de se refaire une santé financière avec ces prix élevés. C'est peut-être une opportunité pour eux. Et puis, il y a des considérations géopolitiques parce qu'on l'a vu, la Russie...

est membre de l'OPEB+. Il y a eu des discussions en début de semaine entre les dirigeants d'Arabie Saoudite, des Émirats et le président russe. Donc s'il y a une stratégie, elle sera concertée. Et puis aujourd'hui, l'Iran, acteur majeur du marché pétrolier, il n'est pas sur le marché.

Le pétrole iranien n'est pas présent sur le marché. Cela a un impact donc aussi sur les prix. Il faudrait que ce pétrole revienne pour pouvoir remettre du pétrole sur le marché.

Et face à la capacité d'action limitée de l'OPEB+, les pays occidentaux veulent aussi puiser dans leur réserve stratégique. Dis-nous de ça rapidement. Oui, c'est ce qu'a dit notamment le président américain Joe Biden, qui a promis de puiser dans les réserves stratégiques, remettre près de 30 millions de barils par jour. Les autres pays aussi, au sein de l'AIE, l'Agence internationale de l'énergie, ont promis de suivre avec une capacité similaire. Près de 60 millions de barils par jour devraient revenir sur le marché.

Pas sûr pour le moment que cela suffise à limiter cette flambe et des prix que l'on observe. Merci. Merci beaucoup, Lynn. Et restez avec nous, c'était l'Info & Co.

Restez avec nous sur France 24. Dans un instant, dans quelques minutes, un nouveau journal à 8h. On va bien sûr continuer à parler de la situation en Ukraine de la guerre. On va retrouver nos correspondants, nos invités. A tout de suite. Musique