Le pétrole est une huile minérale. C’est le résultat de la transformation pendant des millions d’années de matières organiques en hydrocarbures. Généralement enfoui sous forme de gisement, il arrive tout de même que le pétrole apparaisse en surface, c’est pourquoi il est déjà connu depuis l’antiquité. Un peu partout dans le monde, il est utilisé en tant que matériaux d'étanchéité dans la construction ou encore à des fins médicales. Mais ce n’est qu’au milieu du 19ème siècle que sa consommation va exploser. L’Europe et le nord de l’Amérique sont en pleine révolution industrielle. Les besoins en énergie sont de plus en plus importants et sont principalement comblés par le charbon. Un peu partout on commence à s’intéresser au pétrole. Dans l’Empire russe, en Europe et en Amérique du Nord, les premiers forages modernes ont lieu. Aux États-Unis, cela provoque une ruée vers l’or noire, le pays devient le plus gros producteur au monde. Dans un premier temps, le pétrole distillé remplace les huiles de baleines dans l’éclairage. Il offre un meilleur pouvoir calorifique que le charbon et est plus facile à transporter que le gaz. Sa consommation explose à partir du début du XXème siècle, surtout dans le domaine des transports, avec le développement de l’automobile, la reconversion des moteurs de navires et le boom de l’aviation lors de la Première Guerre mondiale. Le pétrole brut, une fois extrait est distillé en raffinerie afin de séparer les hydrocarbures en fonction des besoins. Les molécules les plus légères s’évaporent jusqu’au sommet de la colonne de distillation où la température avoisine les 20 degrés. On y récolte les Gaz de Pétrole Liquéfiés, utilisés entre autre dans les briquets ou en cuisine. Entre 30 et 105°, on produit de l’essence pour voitures. Entre 105 et 160° on crée le Naphta qui est utilisé en pétrochimie et qui sert entre autre à produire des plastiques, des textiles synthétiques, des médicaments ou des produits cosmétiques. Entre 160 et 230° on obtient du kérosène pour l’aviation. Entre 230 et 425° on crée du Gazole pour voitures et pour le chauffage domestique. Enfin, le résidu, épais et riche en soufre est chauffé au delà des 450° pour former du fioul lourd utilisé par les navires et du bitume qui sert à la construction des routes. A ses débuts, le pétrole brut est transporté en barils d’une capacité d’un peu moins de 159 litres. Le baril devient alors l’unité qui défini le prix. Dans le monde, de plus en plus de gisements sont découverts. Notamment au Venezuela qui devient le deuxième pays producteur. Au Moyen-Orient où les britanniques sont implantés, des entreprises occidentales s’emparent du nouveau marché. Ces dernières, donnent une partie de leurs bénéfices aux pays locaux sous forme de royalties. Lors de la Seconde Guerre mondiale, la demande en pétrole explose, la ressource devient un enjeu international. Les États-Unis signent dès la fin de la guerre une alliance avec l’Arabie Saoudite. Ils assurent la sécurité du pays contre un accès privilégié au pétrole. Le fait que des compagnies occidentales dominent le marché est une des causes qui provoque des mouvements nationalistes dans les pays producteurs. En Arabie Saoudite, un accord est signé pour que le pays touche 50% des bénéfices du pétrole. En Iran, les négociations avec la compagnie britannique échouent. Le premier ministre nationalise alors le pétrole du pays. En réaction, Les États-Unis et le Royaume-Uni organisent secrètement un coup d'état. Le Premier Ministre est renversé, le Shah d’Iran reste au pouvoir et autorise ensuite l’exploitation du pétrole du pays par un consortium de compagnies occidentales. En URSS, la découverte de gisements de pétrole en Sibérie occidentale pousse le pays à investir dans l’exploitation de ce dernier. Le pétrole, abondant et bon marché dépasse le charbon pour devenir la première source d’énergie au monde. Jusqu’ici, son prix stagnait sous les 3 dollars le baril. Cinq grands pays producteurs décident de s’unir pour en tirer plus d’avantages. Ils créent l’OPEP, l’organisation des pays exportateurs de pétrole. Ensemble, ils veulent contrebalancer la domination des entreprises occidentales, augmenter le prix du pétrole et établir une politique commune. L’organisation sera progressivement rejointe par de nouvelles nations. En 1972, les États-Unis atteignent leur pic de production, le pays doit désormais importer du pétrole pour subvenir à ses besoins toujours plus importants. Alors que le Royaume-Uni se retire du Moyen-Orient, la sécurité dans la région est désormais assurée par l’Iran et l’Arabie Saoudite qui sont armés par les pays occidentaux. Après la guerre du Kippour qui oppose Israël à l’Égypte, la Syrie et la Jordanie, l’OPEP utilise pour la première fois le pétrole comme une arme politique. Un embargo sur le pétrole est imposé aux pays alliés d’Israël et la production est ralentie pour faire gonfler le prix du pétrole. C’est le premier choc pétrolier qui touche de plein fouet les pays industrialisés dont l’économie dépend désormais de l’or noir. Ceux-ci tentent alors de diminuer leur consommation et investissant dans des alternatives comme le nucléaire, l'hydraulique ou réinvestissent dans le charbon. Les compagnies pétrolières de leur côté explorent le monde à la recherche de nouveaux gisements. Des sources en mer, appelées offshores sont découvertes et sont exploitées, notamment en mer du Nord. L’URSS devient le plus grand pays producteur de pétrole au monde, alors qu’aux États-Unis, la production augmente avec l’exploitation du pétrole d’Alaska. En 1979, a lieu la révolution iranienne. Le régime du Shah est renversé et est remplacé par une république islamique qui met en place une politique anti-occidentale. La production de pétrole du pays chute, ce qui provoque le second choc pétrolier. Suite à des litiges frontaliers, la tension monte entre l’Iran et l’Irak au point que les deux pays entament 8 années de guerre. Dans le monde, la production de pétrole en dehors de l’OPEP a explosé et est désormais supérieure à la production des pays de l’OPEP. C’est maintenant l’offre et la demande qui définit le prix du baril et non plus l’OPEP qui y a perdu la main. Pour les pays industrialisés, la stabilité du Moyen Orient reste tout de même une priorité. Ainsi lorsque l’Iran et l’Irak se mettent à viser les installations pétrolières du Golfe persique, des centaines de navires militaires occidentaux interviennent pour assurer l’approvisionnement du pétrole. A la fin de la guerre, l’Irak est affaibli et surendetté auprès de l’Arabie Saoudite et du Koweït. Mais ayant reçu de grandes quantité de matériel militaire, le pays possède l’armée la plus puissante de la région. Il profite de cette situation pour envahir le Koweït après un litige frontalier. Une coalition internationale sous bannière de l’ONU et dirigée par les États-Unis intervient et neutralise l’armée irakienne. Cette fois les États-Unis s’implantent durablement dans la région en installant des bases militaires et en signant des accords de défense avec les monarchies du Golfe. Le pays impose une série d’embargos contre l’Iran et l’Irak qu’il considère comme des états voyous. L’Arabie Saoudite de son côté veut redevenir un acteur majeur du pétrole. Le pays qui possède les plus grandes réserves de pétrole connues au monde, inonde le marché pour devenir le plus gros producteur de brut. En Russie aussi de nouveaux investissements relancent l’industrie pétrolière. Le prix du baril étant bas, les exploitations offshores sont peu rentables, les compagnies pétrolières se retrouvent en difficulté. A partir de 1998 elles commencent à fusionner entre elles pour résister. Naissent alors 6 compagnies géantes qui deviendront parmi les plus riches et les plus influentes au monde. Au Moyen-Orient, la présence militaire des États-Unis commence à déranger. D’une part, les islamistes radicaux ne veulent pas de la présence sur leur sol d’un allié d’Israël. D’autre part, certains considèrent que les sanctions imposées à l’Irak et à l’Iran sont trop lourdes. Le 11 septembre 2001, les États-Unis sont la cible d’attentats terroristes sur leur territoire. 15 des 19 terroristes sont saoudiens, ce qui pose question. Pour limiter la dépendance au pétrole de ce dernier, de nouvelles sources sont activement recherchées. En Afrique, la production explose après la découverte d’importants gisements offshores au large du Golfe de Guinée. Au Moyen-Orient, les États-Unis envahissent l’Irak sous prétexte d’armes de destructions massives. Quelques années plus tard, le pétrole du pays sera à nouveau disponible sur le marché international L’Iran de son côté ouvre son marché aux nouvelles puissances montantes asiatiques, telles que la Chine et l’Inde. L’offre abondante de pétrole dans le monde stimule l’économie. La croissance explose, principalement dans les pays émergents. De plus, les traders de Wall Street spéculent sur l’or noir, poussant encore les prix à la hausse. Mais la crise financière de 2008 provoque une chute vertigineuse des prix. Au Venezuela, en quelques années, le pays découvre qu’il détient les plus grandes réserves de pétrole connues au monde, devant l’Arabie Saoudite. La demande mondiale en pétrole étant importante, le prix du baril repart à la hausse. L’exploitation des pétroles appelés “non conventionnels” devient rentable malgré la difficulté de pompage ou de traitement. Ainsi au Canada et au Venezuela, des compagnies pétrolières misent sur l’exploitation des énormes gisements de sable bitumineux. Ce bitume épais est situé près de la surface. Après avoir rasé la forêt, il est extrait puis est transformé avec des techniques plus coûteuses et polluantes. Alors que l’offshore assure désormais 30% de la production mondiale, les compagnies pétrolières tentent l’exploitation de gisements plus profonds. Dans le Golfe du Mexique, c’est en échouant à faire le forage le plus profond du monde qu’a lieu une des pires pollutions pétrolières. Aux Etats-Unis, l'amélioration des technologies permet désormais de pomper le pétrole de schiste dont les réserves semblent énormes. Ce pétrole est coincé entre différentes couches de roches solides. Un fluide est injecté à forte pression pour rompre cette roche et libérer l’or noir qui est ensuite pompé. Les nombreuses réserves découvertes aux États-Unis font exploser la production du pays. Le fait que le plus gros consommateur de pétrole au monde devienne un des plus gros producteur ne plaît pas à l’allié saoudien. Le pays veut alors rendre la production des pétroles non conventionnels trop cher en faisant chuter les prix. Pour ce faire l’Arabie Saoudite convainc l’OPEP d’inonder le marché de pétrole. Le prix du baril chute, ce qui rend la production peu, voire parfois pas rentable. Mais l’industrie pétrolière des États-Unis résiste et continue d’augmenter sa production. Le pétrole étant abondant et bon marché, la consommation mondiale continue d’augmenter et approche les 100 millions de barils par jour. Les deux tiers du pétrole sont utilisés dans les transports, l’industrie est le principal émetteur de CO2. Dans le secteur maritime, le fioul lourd utilisé par les navires émet 3500 fois plus de soufre que le gazole, provoquant d’importantes pollutions atmosphériques. Les États-Unis et l’Europe réagissent en créant des zones où la consommation de fioul lourd est interdite. Depuis le début de l'ère moderne du pétrole, de nombreuses marées noires ont provoqué de gros dégâts environnementaux. Le Golfe du Niger est probablement la région la plus touchée avec 60 années de marées noires passées sous silence. L’Arabie Saoudite subit sa propre politique et fait face depuis quelques années à un lourd déficit budgétaire. Les pays membres de l’OPEP sont contraints de faire appel à d’autres pays producteurs dont la Russie, le deuxième plus gros exportateur de brut au monde, pour tenter ensemble de faire remonter le prix du baril. Aux États-Unis, à l’inverse, le pays continue d’augmenter sa production afin de maintenir les prix bas et de soutenir la croissance et l’économie. Le pays redevient même le premier producteur au monde. Alors que les experts du GIEC tirent la sonnette d’alarme et appellent à diminuer drastiquement les émissions de CO2 pour limiter le réchauffement climatique, on aurait découvert suffisamment de pétrole pour tenir encore au moins 50 ans au rythme actuel. L’Arabie Saoudite parle désormais de diversifier ses investissements pour se préparer à l’après pétrole. L’Iran qui possède les 3èmes plus grandes réserves de pétrole connues au monde subit depuis 2018 des sanctions imposées par les États-Unis qui visent notamment à mettre son pétrole hors-jeu. Au Venezuela, l’économie est mise à mal par le prix trop bas du pétrole, le pays n’a jamais vraiment profité de ses énormes réserves. L’instabilité politique pourrait impacter ses exportations qui pour le moment profitent surtout à la Chine et à la Russie. Les compagnies pétrolières restent parmi les plus puissantes au monde. En 2017, cinq d’entre elles figuraient dans le top 10 des entreprises au plus gros chiffre d’affaire. L’Organisation Maritime Internationale vient d’imposer aux navires de diminuer drastiquement leurs émissions de soufre pour 2020, ce qui pourrait obliger le secteur à quitter le fioul lourd pour utiliser d’autres hydrocarbures, faisant gonfler la demande et donc le prix. Si le prix du baril augmente, on peut envisager que l’exploitation des pétroles non conventionnels reprenne de plus bel, avec probablement de gros enjeux en Arctique, ou la fonte de la banquise rend possible l’exploration de nouvelles zones potentiellement riches en pétrole.